Disclaimer : Harry Potter ne m'appartient pas, il est à JKR, et je ne
touche donc aucun argent quand je m'amuse avec.
Merci beaucoup à Mélaïnas pour le beta-reading.
Chapitre 3 : Les lettres.
L'avantage de la rencontre entre Deborah March et les Dursley fut que ces derniers oublièrent de punir Harry pour son retard. Par contre, ils n'apprécièrent pas du tout qu'il pose des questions. Dès qu'ils arrivèrent à Privet Drive, l'oncle Vernon l'envoya dans sa chambre où il resta enfermé pour le reste du week-end. Bien sûr, cela ne changeait pas vraiment d'un week-end normal pour Harry, qui avait l'habitude de passer son temps libre dans sa chambre, surtout que le temps avait brusquement changé le samedi soir et qu'il pleuvait à seaux. Sauf que d'ordinaire, c'était de sa propre volonté que Harry restait dans sa chambre, et qu'il pouvait en sortir à sa guise pour les repas, pour aller à la salle de bains, ou simplement pour se dégourdir les jambes. Et surtout que, cette fois là, Harry n'avait aucune envie de passer la journée à faire ses devoirs. Il ne pouvait penser qu'à ses parents. Qu'aux mystères qui les entouraient, et dont il savait que les Dursley possédaient la clé. Une clé qu'ils ne lui donneraient jamais, et pour la première fois de sa vie le garçon se surprit à détester sa famille. Il ne les avait jamais vraiment aimés, bien sûr, mais jamais il ne leur en avait voulu à ce point. Qu'ils ne l'aiment pas, ce n'était pas vraiment de leur faute, et puis c'était quelque chose qui lui était tellement naturel qu'il n'y attachait plus grande importance. Petit, il en avait souffert, mais à l'époque, c'était à lui-même qu'il en voulait, puisque c'était forcément de sa faute s'ils ne l'aimaient pas. Les punitions, les vieux vêtements, le placard, et toutes les autres petites injustices dont ils l'avaient accablé, il les avait supportés en acceptant le fait qu'en tant qu'orphelin, il n'avait pas de droits. Après tout, personne ne lui avait jamais laissé entendre qu'il pourrait en être autrement. Mais le fait qu'ils lui cachent tout ce qui concernait ses parents, ça, il ne pouvait pas l'accepter. Il avait le droit de savoir qui ils étaient, qui il était, lui. Sa personnalité, ses origines lui appartenaient, et ils n'avaient pas le droit de lui enlever ça. Et, seul dans sa chambre pendant cette longue fin de week-end, suçant les bonbons que Liz lui avait donnés avant qu'il ne parte, Harry était bien obligé de taire sa colère et sa frustration. Ou du moins d'essayer. Car l'oncle Vernon avait à peine refermé la porte sur son neveu, le samedi soir, que la vieille télévision de Dudley, qui ne marchait plus depuis longtemps, se mit à fumer et explosa. Heureusement son oncle crut que Harry, de colère, donnait des coups de poings dans les murs, et il se contenta de le réprimander vertement à travers la porte close. Harry n'osait pas imaginer ce qui se serait passé si Vernon avait découvert le téléviseur.
Harry ouvrit la fenêtre pour évacuer la fumée, puis il ramassa les morceaux de verre et de métal qui avaient volé dans la pièce, et les remit dans l'appareil. Heureusement, le boîtier avait volé mais sans trop souffrir. Il le réajusta approximativement sur la télévision. Personne n'irait regarder de trop près, l'appareil était déjà hors service, de toute façon.
Après avoir rendu à sa chambre un aspect présentable, le garçon s'assit à son bureau. Il savait que les Dursley auraient affirmé que c'était de sa faute si le téléviseur avait explosé. Pourtant, lui savait qu'il n'y était pour rien. Il ne pouvait nier cependant que les événements de ce type étaient nombreux autour de lui. Il avait appris que ce genre de choses arrivait également à sa mère. Était-ce vraiment lié à quelque chose de particulier qu'ils auraient eu en eux ? Pourtant, c'était impossible de faire ainsi exploser des objets... Tout comme c'était impossible de se retrouver sur le toit d'une école, ou de faire rétrécir un pull. Ou repousser ses cheveux en une nuit. Alors ? Avait-il simplement trop d'imagination ? Ou avait-il en lui une force, quelque chose qui permettait cela ? Juste avant que le téléviseur n'explose, il s'était senti complètement hors de lui. Et il avait eu envie de faire quelque chose comme ça, de frapper les murs ou les vieux jouets de Dudley... Peut-être le téléviseur avait-il explosé parce que, sans le faire exprès, il lui en avait donné l'ordre ? Après tout, ces étranges événements lui avaient toujours causé des ennuis, mais l'avaient aidé en même temps. S'il n'avait pas fait repousser ses cheveux, il aurait eu à subir les plaisanteries de ses camarades. De même s'il avait mis le pull orange, ou l'uniforme tel qu'il était avant le premier septembre. On aurait dit qu'il était capable d'influer sur les objets, de leur faire faire des choses... C'était complètement fou, mais pas tellement plus étrange que ces événements qui se produisaient autour de lui. Mais si tel était le cas, il devait éviter de se mettre en colère et de faire exploser des choses. Si l'oncle Vernon s'en apercevait, il aurait de gros ennuis.
Cette résolution de rester calme ne fit pas taire ses interrogations, cependant. Plus que jamais, Harry voulait savoir. Il savait que, quoi qu'il fasse, les Dursley ne lui diraient rien. Ils lui avaient bien fait comprendre qu'il était hors de question qu'il retourne chez les March, et il doutait qu'ils le laissent retourner un jour chez un de ses camarades de classe, après ce qui s'était passé cette première fois. Même si les chances de retomber sur quelqu'un qui avait connu sa mère étaient minimes. Et comme si ces pensées n'étaient pas déjà suffisament sombres, sa cicatrice le brûla sourdement toute la journée de dimanche. Ce qui était bien sûr désagréable. Mais qui surtout l'inquiétait terriblement. Encore un mystère... Et, pour cela aussi sa famille lui manquait. Quelqu'un à qui il aurait pu confier ses problèmes. Une mère, ou du moins l'idée qu'il se faisait d'une mère, ne repousse pas son enfant quand il vient la voir en disant qu'il a mal au front, ou mal à une cicatrice. Sa tante... Sa tante, au mieux, se moquerait de lui. Plus vraisemblablement l'enverrait dans sa chambre sans dîner pour lui apprendre à dire des bêtises...
Finalement, heure après heure, cet interminable dimanche finit par passer, et Harry finit par se retrouver, le lundi matin, devant les grilles du collège. Il avait peu dormi : il avait réalisé à dix heures la veille qu'il avait des devoirs à faire. Aussi, adossé à un poteau, essayait-il de récupérer un peu de sommeil et de ne pas penser à ce qui l'avait tracassé tout le week-end, quand une voix joyeuse le réveilla.
"Eh, Harry ! Coucou, le week-end est fini !
- Salut, Will.
- Ben dis donc, t'as l'air de super bonne humeur ce matin. C'était si terrible que ça chez Liz ? Je t'aurais bien dit de pas y aller, mais je crois pas que tu m'aurais écouté. T'inquiète pas, rien ne t'oblige à recommencer. Allez, vas-y, raconte !
- Tu veux bien ne pas être aussi joyeux ce matin, s'il te plait ?
- Faut que je le sois pour deux, c'est pour ça! " Will plissa les yeux en regardant Harry, puis reprit d'un ton à peine moins enthousiaste : "Ça va vraiment pas, toi ! Je sais bien qu'on a deux heures de Thomson en perspective, mais quand même, c'est pas une raison pour te mettre dans cet état ! T'es pas malade, au moins ?
- Non, ça va", répondit Harry. Il se rendait compte qu'il devait à son ami de faire un effort, il n'était pas responsable de l'attitude des Dursley, et de tout ce qui clochait dans la vie de Harry. " Je suppose que j'ai juste chopé un sale virus qui circule au collège, et auquel j'étais insensible jusqu'à maintenant.
- Ah oui ? Et c'est quoi ? La crise de flemmingite aiguë chronique du lundi matin ?
- Non, répondit Harry en baillant. La crise de mincejenaipasfaitmesdevoirite du dimanche soir.
- Ben dis donc, heureusement que tout le monde ne réagit pas comme toi ! Mais bon, d'un autre côté c'est bien de voir que tu es humain. Je veux dire, que, à force que tu aies toujours tes devoirs faits impeccablement, et souvent en avance, certains commençaient à se poser des questions. En attendant, on ferait bien d'y aller, sinon Thomson va nous piquer une crise de colérite aiguë."
Alors qu'ils rentraient dans le bâtiment, Harry se sentait le cœur soudain plus léger. Quelques instants d'amitié pouvaient signifier beaucoup quand on avait grandi dans un total isolement.
Le mardi, Charles avait ramené une balle de tennis, et à la récréation Harry, Will, et un autre garçon du nom de Stephen, se regroupèrent autour de lui pour jouer à la balle au mur. Jeu qui, comme son nom l'indiquait, consistait à lancer la balle contre un mur, et s'arranger pour que les autres ne la rattrapent pas. Au début, Harry était un peu réticent. Il n'avait jamais joué à ce genre de jeux, et craignait de s'y montrer particulièrement mauvais. Mais ne trouvant pas de bonne excuse pour refuser, il avait été bien obligé de suivre le mouvement. Charles avait la balle.
" Très bien, dit-il. Voyons si vous pouvez rattraper ça..." Il lança la balle de toutes ses forces dans un coin du mur qu'ils avaient défini comme l'espace de jeu. Harry regarda la petit boule jaune fuser, et se précipita immédiatement dans la direction qu'elle avait prise. Quelques instants plus tard, son poing se refermait autour de la balle.
" Wouah ! Harry ! s'exclama Charles. T'es sûr que t'as jamais joué ? Tu ne serais pas gardien de but dans une équipe de foot, par hasard ?
- Non.
- Tu devrais. T'as de sacrés réflexes. Vas-y, à toi de lancer." Harry envoya la balle contre le mur. Son tir n'avait ni la précision, ni la force du précédent, et Stephen l'intercepta sans problème. Il renvoya la balle de toutes ses forces, malheureusement en visant mal. La balle rebondit sur le mur en dehors de l'espace délimité, et s'enfuit sur le côté, de sorte qu'aucun des garçons ne pouvait la rattraper. Elle finit par atterrir au milieu d'un groupe de filles plus âgées qui l'attrapèrent mais la jetèrent ensuite au sol avec dégoût, leur jetant des regards meurtriers.
" Oups ! fit Stephen. Bon, je vais chercher la balle." Il s'éloigna en courant. Harry vit l'une des filles lui lancer au visage des paroles qui ne devaient pas être très agréables, parce que le garçon devint aussi rouge qu'une tomate. Les trois autres échangèrent un regard et sourirent en voyant leur camarade revenir vers eux en rentrant la tête dans les épaules, et ils se préparèrent à reprendre leur partie. Harry s'aperçut soudain d'une présence derrière lui.
" Harry, je peux te parler ?" Il se retourna, reconnaissant la voix de Liz. Ils ne s'étaient pas parlé depuis l'anniversaire, et Harry se demandait si la fillette lui en voulait de ce qui s'était passé. Elle n'avait pu manqué d'entendre les éclats de voix, et il savait qu'il n'avait pas été très disponible envers elle, alors que c'était sa fête.
" Oui, bien sûr, répondit-il. Continuez sans moi ! ajouta-t-il en direction des garçons qui reprenaient le jeu. Tous lui lancèrent un regard étonné.
" Tu ne peux pas arrêter maintenant, Harry ! protesta Charles. Je suis sûr que je peux faire un tir que tu ne rattraperas pas !
- C'est vrai, renchérit Will. On a maths après la pause, vous aurez tout le temps de parler !" Mais la fille ne sembla pas impressionnée, et tira Harry par le bras. A son air sérieux, il comprit qu'il ferait mieux de la suivre.
" Qu'est-ce qu'il y a demanda-t-il
- Ma mère m'a donné ça pour toi, dit-elle en lui tendant une grosse pochette cartonnée. Et elle m'a chargée aussi de te dire qu'elle s'excuse pour t'avoir créé des ennuis avec ton oncle et ta tante.
- Ce serait plutôt à moi de m'excuser, répondit Harry. Je suis désolé d'avoir créé des problèmes à ton anniversaire. Rien de tout cela ne serait arrivé si j'avais pensé à regarder l'heure."
Elle haussa les épaules : " Ça a mis un peu d'animation. Ta famille a vraiment pas l'air commode, dis donc.
- Et ils ne le sont pas." Harry, désireux de changer le sujet de la conversation, désigna la pochette qu'il avait en main. "Qu'est-ce qu'il y a là-dedans ? demanda-t-il.
- Les lettres de ta mère.
- Les lettres..." Harry serra un peu plus fort la pochette bleue, et la fixa du regard, incapable de détourner les yeux.
- Ma mère a dit que c'était normal que tu les aies, continua Liz. Que c'était ce que ta mère aurait voulu. Elle a fait des photocopies, pour elle, tu peux les garder. Juste... évite que ton oncle et ta tante tombent dessus, ce serait dommage qu'elles finissent brûlées.
- Ta mère t'a raconté ? demanda Harry, arrivant enfin à détourner les yeux de la pochette, et à regarder le visage de Liz.
- Qu'elle avait connu ta mère ? Oui, bien sûr.
- Et le reste ?
- Quel reste ? Je savais déjà que tu étais orphelin, tout le monde le sait. De quoi tu parles ?
- De la raison qui a mis mon oncle dans cette rage.
- Ah, ça... Difficile de faire autrement, étant donné que tout le voisinage a dû l'entendre crier... Mais je n'ai pas compris grand-chose. D'ailleurs, maman non plus n'a pas compris pourquoi il s'énervait comme ça. Je veux dire, ok, ta tante détestait ta mère. Ton oncle aussi, on dirait. Mais ce n'est pas une raison pour ce mettre dans cet état simplement parce que quelqu'un l'a connue ! D'après ma mère, tout est lié à cette mystérieuse école. Ta famille t'en a parlé, à toi ?
- Non, répondit Harry. Ils savent, mais ils refusent de me dire ce que c'était. En fait, ils ont toujours refusé de me parler de mes parents. Ta mère a été la première à le faire." Sa voix était chargée de rancœur lorsqu'il prononça les dernières phrases.
- Tu sais ce que je crois ? fit son amie d'une voix de conspiratrice. Ce n'était pas un collège. Sinon, pourquoi faire autant de secrets ?
- Mais alors, qu'est-ce que c'était ? Ma mère avait l'âge d'entrer en sixième quand elle est partie là-bas !
- Je ne sais pas ! Si, attends ! Imagine, peut-être qu'en fait ta mère n'est pas vraiment la sœur de ta tante !
- Liz, protesta Harry, c'est stupide ce que tu dis là !
- Non, écoute ! Peut-être qu'en fait elle était l'héritière d'un riche royaume, ou quelque chose comme ça. Et tes grands-parents l'auraient fait passer pour leur fille pour la protéger ! Et quand elle a eu onze ans, ils ont bien dû lui révéler la vérité pour commencer à lui apprendre à ce comporter comme une princesse. Alors ils l'ont envoyée dans une école spéciale. C'est pour ça que ta tante est jalouse : parce qu'elle, elle n'a jamais été princesse."
Harry rit, mais se prit malgré lui au jeu de Liz. "Et mon père ? demanda-t- il. C'était un prince, lui aussi ?
- Forcément ! Enfin, peut-être pas un prince, mais un grand seigneur ! Sinon, comment aurait-il pu épouser ta mère ? Et ça veut dire que tu es un prince aussi, Harry ! Tu te rends compte ?
- Oui. Ca veut dire que tu dois m'obéir.
- Harry ! Je parlais sérieusement ! Mais..."
Une profonde ride de réflexion marqua soudain le visage de la fillette.
" Dis, comment sont morts tes parents ?
- Accident de voiture.
- Bien sûr ! Quelqu'un a dû trafiquer leur voiture. Quelqu'un devait bien être après eux pour que ta mère soit obligée de se cacher comme ça ! Ce n'est pas possible autrement. Mais alors, ça veut dire... Peut-être qu'ils sont toujours après toi !
- Personne n'est après moi, Liz. Et puis, si Pétunia n'était pas vraiment ma tante, pourquoi serais-je allé vivre chez les Dursley ?
- Parce que tu bénéficiais de la fausse identité de ta mère !
- S'ils avaient retrouvé ma mère, alors ils connaissaient ses deux identités. Ça va sonner dans cinq minutes, on devrait peut-être y aller."
Liz se mordit la lèvre, affichant un air de concentration intense.
" Tu as raison, dit-elle finalement en prenant le chemin de leurs casiers, sans sembler se soucier d'être en retard. Mais peut-être qu'ils avaient une autre raison. Peut-être que tu n'es plus en danger, mais qu'ils préfèrent que tu ne saches pas encore qui tu es... Peut-être qu'il n'y a plus personne pour tenir l'école où sont allés tes parents, peut-être que tous les partisans de ta famille sont morts. Et comme tu étais un bébé, ils n'ont pas eu le courage de te tuer aussi. Ils se sont dit que ton oncle et ta tante ne te révéleraient jamais ta véritable identité, alors ils ont jugé qu'ils pouvaient tout aussi bien te laisser vivre en te confiant à eux. Si tu ne sais pas qui tu es, tu n'es pas une menace pour eux !"
Harry pressa le pas, sans répondre. Il savait que Liz avait tendance à se laisser entraîner par son imagination, que son histoire était incroyable. Pourtant, il ne pouvait pas s'empêcher de repenser à ce jour, où, dans un supermarché, un homme s'était incliné devant lui. À ces gens étranges qui semblaient parfois le reconnaître... Il se demanda un instant comment la fillette aurait réagit s'il lui en avait parlé... Liz s'était remise à parler, indifférente à son silence.
" Je me demande d'où tu pourrais venir. Tu n'as pas le type asiatique, ni arabe, pourtant c'est de là que viennent les princesses pourchassées, en général. On devrait peut-être aller voir à la bibliothèque, s'il n'y aurait pas les héritiers d'un royaume qui auraient disparu.
- Ca m'étonnerait qu'on trouve quelque chose. Dépêche-toi de prendre tes affaires, dit impatiemment Harry en refermant son casier, ça va sonner."
Liz consulta sa montre et se dépêcha d'ouvrir son propre casier. Puis, au moment où elle le refermait, elle poussa une exclamation.
" Qu'y a-t-il ? demanda Harry.
- Peut-être que tu descends des tsars ! Toute la famille est sensée avoir été assassinée au début du siècle, mais certains disent qu'il y a eu des survivants ! Imagine, tu es peut-être l'héritier du trône de Russie !"
Avant que Harry ait pu mettre en avant le fait qu'il n'avait aucune envie de diriger la Russie, la cloche sonna. Les deux enfants se mirent à courir en direction de leur salle de classe. Lorsqu'ils l'atteignirent, le professeur Smith avait déjà commencé son cours. Les habituels avions et boulettes de papier volaient dans la classe, au milieu du brouhaha qu'essayait vainement de couvrir la voix du professeur. Celle-ci ne remarqua même pas les deux retardataires. Harry alla s'asseoir à côté de Will, qui lui avait gardé une place.
" Ben dis donc, remarqua le garçon aux yeux noirs, elle en avait des choses à te dire !"
Son visage prit une expression moqueuse.
" Dis, ajouta-t-il, entre vous deux, c'est purement platonique, n'est-ce pas ?
- Oh, non! Tu ne vas pas te mettre à croire que...
- Non." Will éclata de rire. " C'était juste pour voir ta réaction. Qu'est- ce qu'il y a dans cette pochette ?"
Harry réalisa qu'il tenait toujours la pochette bleue, contenant les lettres de sa mère serrée contre lui. Il la mit dans son sac, il voulait attendre d'être seul, dans sa chambre, pour examiner son contenu. Puis il se tourna vers Will.
" Des lettres de ma mère, répondit-il."
Après tout, il n'était pas juste que Liz en sache plus sur lui que Will, qui était son meilleur ami. Aussi raconta-t-il ce qui s'était passé à l'anniversaire de Liz. Et puis, parce que ça lui faisait du bien de se confier, il lui raconta aussi tout ce qu'il savait, ou plutôt tout ce qu'il ne savait pas, concernant ses parents. Ce que les Dursley disaient depuis toujours, les lettres qui étaient arrivées pendant l'été, et dont il sentait le lien avec toute cette histoire. Will l'écouta en silence. Puis il se mit à rire.
" C'est vraiment l'histoire la plus tordue que j'ai jamais entendue ! s'exclama-t-il.
- Je sais que c'est un peu étrange. Mais...
- Je n'ai pas dit que je ne te croyais pas. Parce que, si, je te crois. Mais c'est quand même une histoire tordue.
- Tu veux entendre une histoire vraiment tordue ?
- Vas-y...
- Très bien. Alors écoute les conclusions de Liz." Et il lui raconta la conversation qu'il venait d'avoir avec la fille aux cheveux blonds. À sa grande surprise, Will se contenta de sourire.
" Compte tenu de ce que tu as déjà raconté, ça tiendrait presque debout... fit-il d'un ton amusé. Fais voir ces lettres, on en saura peut-être plus !
- Non, dit Harry. Si elles avaient contenu quelque chose, la mère de Liz l'aurait su. Or elle ne savait rien.
- Mais elle ne cherchait rien de particulier quand elle les a lues. Toi, tu...
- Non", répéta fermement Harry. Ces lettres étaient quelque chose entre sa mère et lui. Il ne voulait pas les partager avec qui que ce soit, pas même Will. Du moins, pas tout de suite. L'autre garçon, semblant comprendre ce besoin d'intimité, n'insista pas. Le sujet ne fut plus abordé, mais, tout au long de l'après-midi, Harry plongea régulièrement la main dans son sac, pour sentir le carton sous ses doigts, comme si même la pochette cartonnée avait déjà contenu un peu de sa mère.
Jamais il n'aurait cru qu'il serait un jour aussi impatient de voir la journée se terminer, de retrouver sa chambre de Privet Drive. Et lorsque les cours prirent fin, il fut l'un des premiers dehors.
" Tu sais, dit Will, ton bus n'arrivera pas plus vite si tu cours pour aller le prendre." Harry ralentit. Un garçon un peu plus vieux qu'eux, qui avait, tout comme Will, des yeux noirs et d'épais cheveux bruns, arriva derrière eux. Harry reconnut Simon, le frère de Will, qu'il avait déjà rencontré une fois ou deux.
" Will, s'exclama-t-il. J'avais peur que tu sois déjà parti !
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien. J'ai juste oublié de dire à maman que je bossais ce soir. Tu lui diras de pas s'inquiéter ?
- Okay. C'est quoi ce soir ?
- Les courses de la vielle Burton. Bon pourboire en perspective. À tout à l'heure. Salut, Harry."
Sur ce, l'adolescent s'éloigna aussi vite qu'il était venu. Harry jeta un coup d'œil interrogateur à Will. Celui-ci haussa les épaules. Mais, à la grande surprise de Harry, il se mit à parler. Comme s'il estimait que les révélations de Harry, plus tôt dans la journée, exigeaient les siennes en retour.
" Simon fait des petits boulots après les cours, certains soirs. Pour gagner de l'argent. Au début, je crois que ça devait être pour lui, pour son argent de poche. Mais en fait, je crois qu'il le donne à maman. Parce qu'on mange beaucoup mieux depuis qu'il travaille."
Harry hocha simplement la tête. Il n'y avait rien à répondre à cela. Il avait toujours su que la famille de Will était pauvre, il ignorait juste à quel point. Ils passèrent les grilles du collège. À quelques mètres de l'arrêt de bus de Harry, ils s'arrêtèrent.
" On n'a jamais été riche, continua Will, mais depuis quelques mois, c'est pire. L'entreprise où travaillait ma mère a fermé, et elle n'a pas retrouvé de travail.
- Et ton père ?" Harry regretta d'avoir posé cette question au moment même où les mots franchirent ses lèvres. Will baissa les yeux, et Harry tenta de rattraper le coup. "Non, je suis désolé. Oublie que j'ai dis ça.
- C'est un peu difficile, tu ne crois pas ? Mon père, je ne l'ai pas connu. On a au moins ça en commun. Sauf que le mien, il est en prison pour meurtre. Depuis bientôt dix ans. Un soir, il avait un peu trop bu. Un type l'a cherché, ils se sont battus, et l'autre est mort.
- Oh... Je suis désolé...
- Tu sais, ce n'est pas si dur que ça. Je ne l'ai jamais vu qu'en photo, ma mère ne veut pas qu'on y aille. Elle y va, deux fois par mois, mais seule. En fait, tant que ma mère travaillait, on s'en sortait plutôt bien. Maintenant, c'est dur, mais on ne meurt pas encore de faim. C'est juste que je n'aime pas en parler. Parce qu'il y a des imbéciles partout.
- Je ne dirai rien, l'assura Harry.
- Je sais. Ça serait pas ton bus qui arrive ?" Regardant dans la direction qu'il indiquait, Harry constata qu'il avait raison, et courut en direction de l'arrêt.
Lorsqu'il arriva à Privet Drive, sa tante lui sauta dessus. Les feuilles mortes dans le jardin avaient besoin d'être ramassées, puisqu'il s'était arrangé pour ne pas pouvoir le faire pendant le week-end. Elle recevait un groupe d'amies le lendemain, et tout devait être impeccable. Et Harry n'eut que le temps de déposer dans sa chambre son sac, et la précieuse pochette qu'il contenait, avant de retourner dehors. Le soir arrivait rapidement en ce début du mois d'octobre, et lorsque sa tante fut enfin satisfaite et l'autorisa à rentrer dans la maison, Harry avait les doigts engourdis par le froid. Ce ne fut qu'après le dîner qu'il put enfin retourner dans sa chambre. Fermant soigneusement la porte, il s'empara de son sac et sortit la précieuse pochette. Puis il s'allongea sur son lit, et commença à faire glisser doucement les élastiques.
La pochette contenait une douzaine de feuillets. Ils étaient faits dans une matière que Harry ne parvenait pas à reconnaître. Plus épaisse que du papier, pourtant c'était souple et doux. Les mots avaient été tracés à l'encre violette. Une écriture, claire, facile à lire. Les lettres penchaient un peu vers la droite. L'écriture de sa mère. Si différente des tracés pointus et nerveux de la tante Pétunia. Et il sut tout de suite laquelle il préférait. L'épaisseur variable des lettres sur les feuillets semblait indiquer qu'elles avaient été écrites avec une plume. Un moment, Harry se demanda pourquoi sa mère avait utilisé une plume et de l'encre violette, au lieu de prendre, comme tout le monde, un stylo bleu ou noir. Mais c'était joli. Les lettres s'échelonnaient de 1978 à 1981. Harry prit la plus ancienne, poussa les autres sur le côté, et se mit à lire.
Godric's Hollow, le 02 07 1978
Chère Deb,
Ca y est, j'ai mon diplôme ! Il y a deux jours que j'ai quitté l'école. Définitivement. Et je n'ai pas non plus l'intention de retourner à Little Whiming. D'ailleurs, je sais que je ne serais pas la bienvenue. Je ne suis même pas sûre que Pétunia me laisserait pénétrer dans la maison. Ne serait- ce que pour récupérer mes affaires... Ça n'a pas vraiment d'importance, je n'ai pas envie de retourner là-bas maintenant que papa et maman n'y sont plus, et qu'elle s'y est installée avec cet idiot de Vernon !
D'accord, d'accord, je te vois venir avec tes "Ta sœur n'est pas comme tu l'imagines, je suis sûre qu'elle aussi souffre de cette situation.". Je sais que tu es pour la paix dans les familles. Mais ce n'est pas comme si Pétunia et moi formions encore une famille... Cependant, j'ai dit que j'arrêtais avec ce sujet. Ce n'est pas pour cela que je t'écris. En fait, j'ai une grande nouvelle à t'annoncer : je vais me marier !!!!!!!! James a demandé ma main lors de la fête de fin d'année ! Je suis si heureuse, Deb ! Il est si... Bon, je t'ai déjà tout dit sur lui l'année dernière, mais j'aimerais tant que tu le connaisses ! Quand nous serons installés, il faudra que tu viennes nous voir !
Pour l'instant, je vis chez ses parents. Je les adore tous les deux. Le mariage aura lieu fin septembre. Il faut absolument que tu viennes ! Et le petit Nicolas aussi. Il doit avoir beaucoup grandi cette année... Vous me manquez tous les trois. Mais je n'ai pas le courage de revenir. Revenir à Little Whiming en sachant que je ne peux pas aller à la maison, que papa et maman ne seront pas là pour m'accueillir, c'est au-dessus de mes forces. Voilà que je me remets à pleurnicher... Je n'ai jamais été aussi heureuse, mais pourtant ils me manquent encore. Ils me manquent tant ! Ça me fait mal de penser que ce ne sera pas papa qui m'accompagnera à l'autel. Il aurait été si fier, si heureux ! Tu te rappelles l'expression qu'ils avaient au mariage de Pétunia ? Pourquoi a-t-il fallu qu'ils prennent ce fichu avion ? Tu n'imagines pas combien de fois je me suis posée cette question au cours des six derniers mois. Quel besoin avaient-ils d'aller jouer les bons samaritains en Afrique ? Si James n'avait pas été là, je ne sais pas ce que je serais devenue.
Je suis impatiente d'avoir de tes nouvelles. Pour me répondre, tu peux adresser le courrier chez Mr et Mme Potter, Goldwing's Hall, Godric's Hollow.
Amitiés,
Lily.
Harry reposa la lettre. Si la maison où il vivait avait été autrefois celle de ses grands-parents, celle de sa mère... Cette chambre avait peut-être été la sienne autrefois... Pétunia était l'aînée, il aurait été logique qu'elle ait la grande chambre, celle qu'occupait maintenant Dudley, ce qui laissait à sa mère la pièce où se trouvait Harry, ou peut-être celle qui servait de chambre d'amis. La tante Pétunia parlait rarement de la mort de ses parents, mais Harry avait déjà entendu l'histoire, cependant. La mission humanitaire en Afrique qui avait mal tourné. Ses grands-parents étaient des héros, contrairement à ses parents qui avaient bêtement fini dans un accident de voiture. La tante Marge ne s'était pas gênée pour le lui rappeler lors de son dernier séjour. Il prit une autre lettre et se mit à lire. Lily racontait son mariage, disait à quel point elle était désolée que son amie n'ait pas pu venir. La quatrième lettre était tachée de larmes.
Godric's Hollow, le 22 11 1978
Chère Deb,
Les parents de James sont morts il y a deux jours ! Je n'en peux plus, Deb, quand tout cela va-t-il s'arrêter ? Tous ces morts ! Certains jours, je me dis que je n'aurais jamais dû quitter la maison... Peut-être que Pétunia avait raison, que je n'aurais jamais dû aller dans cette école... Bien sûr, j'y ai été heureuse, mais est-ce que ça en valait la peine ? Oh, tu ne dois rien comprendre à ce que je raconte, ça n'a pas de sens, n'est-ce pas ? Mais je me sens tellement mal ! Je ne les connaissais pas depuis si longtemps, mais ils étaient devenus ma seconde famille. Ou ma troisième, si on compte la tienne.
Il faut que je sois forte, pourtant. Je n'ai pas le droit de montrer à quel point je suis désemparée. James a besoin de moi. Il a tous ses amis autour de lui, bien sûr, mais Sirius doit être à peu près aussi malheureux que nous. Sirius a changé dernièrement... Non, nous avons tous changé. Tant de choses se sont produites depuis que nous avons quitté l'école ! Je n'arrive pas à croire que ça ne fait que quelques mois. Je commençais à croire que James et ses amis ne mûriraient jamais, eh bien c'est fait. Et s'il restait encore une part d'enfance en eux, je suppose qu'Il l'a assassinée en même temps que Henry et Dorah Potter. Remarque, c'est peut-être mieux ainsi. Ils ont accéléré la formation de James, à cause de tous les morts qu'il y a eu dernièrement. Il va commencer à travailler au début de l'année prochaine. J'ai si peur pour lui ! Pourquoi a-t-il fallu qu'il suive les traces de son père ? Les Potter n'ont-ils pas déjà payé un tribut assez élevé à la lutte contre le mal ?
Harry interrompit sa lecture un instant. De qui sa mère pouvait-elle bien parler ? Ses grands-parents paternels avaient donc été assassinés ? Mais qui était ce Il ? La suite de la lettre ne l'éclaira pas davantage.
Voilà que je continue de délirer, n'est-ce pas ? Je suis si fatiguée, Deb ! Dire que je n'ai que dix-huit ans ! Pourquoi n'ai-je pas l'impression d'avoir la vie devant moi ? Je voudrais pouvoir retomber en enfance ! Avoir de nouveau cinq ans, et courir me cacher derrière toi parce que Pétunia est en colère contre moi... Tu te rappelles ? J'ai envie de te voir, Deb, tu es ce qui me reste qui se rapproche le plus d'une famille... Même si je te vois si peu ! Bien sûr, il y a le foyer que nous formons avec James. Mais James n'a eu droit qu'à une semaine de répit, pour la mort de ses parents, après il devra repartir. C'est le meilleur de sa promotion, ils ont besoin de lui. Je peux le comprendre, il n'empêche que c'est terriblement injuste. Lui aussi a besoin de faire son deuil. Mais l'accélération de la formation s'accompagne d'un stage intensif. Tout le mois de décembre. Je ne suis même pas sûre qu'ils le laissent passer Noël avec moi. Mais peut-être est-ce moins dur pour lui. Il est tellement occupé là-bas, qu'il n'a pas vraiment le temps de penser. Et Sirius est avec lui. Il n'est pas vraiment seul. Moi, je n'arrive plus vraiment à me concentrer sur mes études. C'est le comble... Lily Evans qui n'arrive plus à travailler ! Je crois que personne ne l'aurait cru au collège.
Réponds-moi vite, s'il te plaît. J'espère que tu trouveras une date pour qu'on puisse se voir après le départ de James.
Fais attention à toi.
Lily.
Le cœur de Harry se serra en lisant les phrases de sa mère. Elle semblait si malheureuse ! Il prit la lettre suivant, espérant que les choses s'étaient améliorées rapidement.
Godric's Hollow, le 20 12 1978
Chère Deb,
Tu ne peux pas savoir à quel point cette semaine chez toi m'a fait du bien. Je crois que j'avais vraiment besoin de vacances. J'aurais cru que revenir à Little Whiming serait difficile, mais cela ne m'a rien fait. Et cette plongée dans le passé m'a fait comprendre à quel point j'étais attachée à ma nouvelle vie. Même si c'est parfois difficile. Si je n'étais pas partie, je n'aurais jamais rencontré James. Je n'aurais jamais rencontré aucune des personnes merveilleuses qui vivent à nos côtés.
James rentre la veille de Noël. Nous pourrons passer les fêtes ensemble. Ils lui ont même accordé la semaine entre Noël et Nouvel An, une semaine de vacances avant de commencer à travailler. Et même quand il travaillera, il rentrera ici tous les soirs. Je vais inviter tous nos amis du collège pour le nouvel an. Ce sera une surprise pour lui. C'est dans les moments les plus noirs qu'on a le plus besoin de s'amuser, non ?
J'ai repris mes études, avec plus d'acharnement que jamais. Je sais que je peux être utile. Ça ne sert à rien de se morfondre, j'aurais au moins appris ça.
Encore merci pour tout,
Lily.
Harry était à la fois soulagé, et intrigué. Qu'est-ce que sa mère ne disait pas ? À lire ses deux dernières lettres, on avait presque l'impression qu'elle était en guerre. Une guerre dont elle ne pouvait pas parler. Ses lettres laissaient penser que son père était policier, comme l'avait dit la mère de Liz. Était-ce cela la guerre à laquelle sa mère faisait allusion ? Et était-ce les malfaiteurs qu'ils combattaient qui avaient tué les parents de James. Pourquoi Lily n'était-elle pas plus précise dans ses lettres ?
Les lettres suivantes étaient dans le même genre. Sa mère parlait de sa vie, elle se plaignait de ne pas voir assez son père, elle parlait de ses études, aussi, mais en restant toujours dans le vague. Harry n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle avait bien pu faire. Elle ne reparlait plus de ce qui l'avait tant tourmentée.
Puis, une lettre retint son attention.
Godric's Hollow, le 20 01 1980,
Chère Deborah,
Tu ne vas pas le croire : je suis enceinte ! Je vais avoir un bébé ! Moi, maman, tu te rends compte ? J'ai vraiment du mal à réaliser ! Et James ! La tête qu'il a fait quand je lui ai annoncé la nouvelle ! Il est persuadé que ce sera un garçon. Ne serait-ce pas plutôt à moi de sentir ce genre de choses ? En tous cas, depuis qu'il sait que je suis enceinte, il est aux petits soins. Il rentre plus tôt le soir, il prévient mes moindres désirs, il me traite comme s'il avait peur que je casse à tout instant... Pourtant, ça ne se voit pas encore. Je me demande comment il sera quand j'en serai à mon neuvième mois et que j'aurai un ventre gros comme un ballon de football. Remarque, au rythme auquel il va, il aura sûrement fait une crise cardiaque bien avant. Je crois que je vais inviter sa bande de copains à la maison. Ils sauront peut-être me le déstresser un peu.
J'ai appris que Pétunia aussi attendait un enfant. Par tante Helen, la sœur de maman. Je ne me rappelle plus si tu la connais. Bref, son bébé sera un peu plus âgé que le mien, il devrait naître vers la fin du mois de mai. Ils seront cousins, ils auront le même âge, mais je me demande s'ils se connaîtront un jour... Je pense beaucoup plus à mes parents et à Pétunia, dernièrement. Il paraît que c'est normal. En tous cas, j'ai écrit à ma sœur. Je serais très étonnée si ma lettre ne rejoignait pas directement la cheminée, mais au moins j'aurais essayé. J'espère que tu es fière de moi, toi qui essaie toujours de nous rabibocher.
Je n'ai pas beaucoup de temps pour écrire : je suis très occupée depuis quelques mois, je remplace un professeur de mon ancien collège qui s'est blessé. Mais je pense très fort à toi, à vous tous. Au fait, est-ce que Nikkie a aimé le ski ?
A très bientôt, j'espère.
Lily.
Dans les lettres suivantes, Lily parlait surtout du bébé à venir. De sa surprise et de sa joie en apprenant que Deborah, elle aussi, était enceinte. Elle parlait aussi du plaisir qu'elle éprouvait à retrouver le collège. D'une virée à Londres au cours de laquelle elle avait retrouvé sa vieille baby-sitter et où elles avaient écumé le rayon naissance des magasins. Et, finalement, Harry en arriva au moment de sa naissance. La lettre était un peu froissée, et l'écriture un peu moins ferme que d'habitude.
Godric's Hollow, le 02 08 1980
Chère Deb,
J'ai le plaisir de t'annoncer une grande nouvelle : Harry est né ! Il y a maintenant deux jours. Trois kilos deux, cinquante et un centimètres, et c'est le plus beau bébé qui ait jamais existé. Non, je n'exagère pas. On voit qu'il sera le portrait de son père : il a déjà une épaisse couche de cheveux noirs qui ne tiennent pas en place, il a les traits de James, et il crie aussi fort que lui ! Et le papa est complètement sous le charme, lui aussi. Il a obtenu une semaine de congé, ce qui est tout à fait exceptionnel, et il est aux petits soins pour le bébé, et pour moi. Je n'ai pas le droit de quitter mon lit. Ce qui ne me dérange pas, d'ailleurs, puisque nous avons mis le berceau juste à côté. Pour l'instant, il est en bas avec ses amis, mais je sens qu'il ne va pas tarder à monter...
Sirius était là à peine quelques heures après la naissance. Nous l'avons désigné pour être le parrain de Harry. Ni James ni moi ne sommes particulièrement religieux, comme tu le sais, mais c'est rassurant de savoir que, s'il devait nous arriver quelque chose, il y aura quelqu'un pour prendre soin de Harry. Sirius a promis de le faire, et je sais qu'il tiendra parole. C'est comme un frère pour James, et lui aussi a déjà été envoûté par Harry. Non que nous ayons l'intention de l'abandonner, bien sûr, mais... on ne sait jamais, et j'ai l'impression que le monde devient de plus en plus sombre ces derniers temps. Je ne veux pas que mon bébé se retrouve seul là dedans.
Un petit cri en provenance du berceau. On dirait qu'il se réveille... Ça y est, James se rue déjà dans l'escalier. Je ne savais pas qu'il avait d'aussi bonnes oreilles. D'habitude, quand il est avec ses amis, une bombe dans la rue ne réussit pas à le ramener dans le monde réel.
...
Après un bon repas (pour Harry), et après l'avoir changé et remis dans son lit, je reprends ma plume. Harry s'est déjà rendormi. James a essayé de me faire dormir aussi, mais je n'ai pas deux jours, et, accouchement ou non, je ne peux pas dormir toute la journée. Et, non, James, tu n'as pas besoin d'écrire ma lettre à ma place. Je suis parfaitement capable de tenir une plume, merci.
Ouf, il a fini par redescendre. C'est agréable d'être dorlotée, mais quand même, il y va un peu fort .Il n'empêche, ça fait plaisir de le voir comme ça. Je crois qu'il a réussi à oublier un peu tous les gros méchants de ce monde. Harry n'a que quelques heures, mais il réalise déjà des miracles. Il doit tenir de moi. Tu te rappelles comment tu m'appelais quand j'étais petite ? Miss Miracle, à cause de toutes ces choses bizarres qui arrivaient. Harry est comme moi. C'est un Mr Miracle. Ou peut-être que c'est un miracle, simplement. Le simple fait qu'il existe.
Je pourrais continuer des heures à parler de lui. Mais et toi, alors ? Comment vas-tu ? Est-ce que ta fille bouge toujours autant ? Est-ce que vous avez enfin choisi un prénom ? Plus que deux mois, n'est-ce pas ? C'est merveilleux de penser que toi aussi tu vas connaître un pareil bonheur. Oh, mais bien sûr, tu sais déjà ce que c'est ! Comment Nick prend-il l'arrivée prochaine de sa petite sœur ? Ça doit être une sacrée promotion pour lui d'accéder au rang de grand frère.
J'espère que nous aurons bientôt l'occasion de nous revoir. Je penserai très fort à toi vers le début du mois d'octobre.
Amitiés,
Lily ( et Harry, qui dort toujours, et James, dont j'entends de nouveau le pas dans l'escalier.
Harry avait la gorge nouée en terminant cette lettre. Il pensait à ce qu'aurait pu être sa vie si ses parents avaient vécu. En même temps, le passage au sujet de son parrain le laissait perplexe. Pourquoi avait-il finalement atterri chez les Dursley alors que ses parents avaient semblé si désireux que cela n'arrive pas ? Qu'était devenu le dénommé Sirius ? Est-ce que son père et sa mère s'étaient trompés, est-ce qu'il avait trahi sa promesse ? Est-ce qu'il était mort lui-aussi ? Peut-être les lettres suivantes allaient-elles lui en apprendre davantage là-dessus, se dit-il en reprenant sa lecture. Mais les dernières lettres de Lily lui étaient presque entièrement consacrées. Ses premiers sourires, ses premières bêtises, ses premiers pas. Comment il faisait le bonheur de ses parents. Il y avait beaucoup d'allusions à Liz, aussi, comme en réponse à des choses que sa mère aurait dites dans les lettres qu'elle envoyait elle aussi à son amie. On sentait cependant que Lily était anxieuse, mais elle n'exprimait pas directement ses craintes. Jusqu'à sa dernière lettre. C'était la plus courte de toutes, et l'écriture était tremblante. Et, pour Harry, ce fut aussi la plus dure à lire. Celle qui fit exploser son cœur déjà ému par le reste de la correspondance, celle qui saccada sa respiration, celle sur laquelle ses doigts se serrèrent si fort qu'ils y laissèrent des marques.
Godric's Hollow, 31 10 1981,
Deb,
Écrire est la seule chose qui m'empêche de devenir folle aujourd'hui. Il y a tant de choses que je voudrais te dire, que j'aurais dû te dire il y a des années... Je n'ai jamais osé, par peur de ta réaction... Pétunia m'a conditionnée, je suppose... C'est trop tard, maintenant. J'ai peur, Deb. Une peur terrible, une peur qui me serre le ventre, qui me noue la gorge. Je peux à peine écrire. James dit que tout se passera bien, qu'il ne nous arrivera rien. Je prie pour qu'il ait raison. J'ai un mauvais pressentiment. Harry semble se rendre compte de quelque chose, lui aussi. Il s'agrippe à moi et hurle si je le pose. Ce n'est pas dans ses habitudes. Quoi qu'il arrive, je le protégerai. Je ferai tout pour qu'il ne lui arrive rien. J'imagine que tu ne comprends rien à tout cela, une fois de plus. Je n'ai pas le temps de t'expliquer, maintenant. Je te jure que je te dirai tout la prochaine fois que nous nous verrons, si nous nous revoyons un jour. Je veux juste que tu saches que, quoi qu'il arrive, même si tu n'entends plus jamais parler de moi, je te serai éternellement reconnaissante pour tout ce que tu as fait pour moi. Tu as toujours été là pour me soutenir, même quand ce n'était que par des lettres, sans jamais t'énerver à propos de tout ce que je t'ai toujours caché.
Merci pour tout,
Lily.
Harry mit longtemps avant de pouvoir détacher son regard de la missive. Sa mère avait-elle réellement su qu'elle allait mourir ? Mais pourquoi ? Est- ce qu'il était vrai que les gens avaient des pressentiments à l'approche de leur mort ? Et lui aussi, apparemment... Était-ce seulement de cela que parlait sa mère ? Est-ce que c'était un autre de ces dons étranges qu'il avait héritées d'elle ? Mais il semblait y avoir autre chose derrière. Sa mère semblait redouter de terribles événements. Qui ne pouvaient pas être un simple accident de voiture, que impossible à prévoir. Est-ce que l'histoire de Liz était finalement vraie ? Ses parents avaient-ils été assassinés, leur voiture trafiquée pour qu'ils aient cet accident ? Tout au long des lettres de sa mère, on retrouvait cette angoisse. Elle avait peur de quelqu'un. C'était ces mêmes gens, semblait-il, qui avait tué ses grands- parents paternels. Et que son père combattait avec tant d'acharnement. Mais quel était le lien avec cette mystérieuse école, qui semblait avoir tant d'importance pour eux ? Est-ce que cette école préparait spécialement à combattre ces ennemis ? Mais, dans ce cas, pourquoi étaient-il allés chercher sa mère, qui n'avait aucun lien avec eux ? Et si c'était vraiment une école de préparation au combat, à un certain type de combat, sa mère aurait été impliquée plus activement à sa sortie. De plus, si ce genre de choses existait, il y en aurait des traces quelque part, non ? Pourquoi garder tout cela secret ?
Une fois de plus, Harry se heurtait à un mur. Et une fois de plus, il avait la certitude que son oncle et sa tante avaient la réponse aux questions qu'il se posait. Après tout, ils savaient que, quoi qu'aient fait ses parents, c'était risqué. Du moins si les lettres qu'il avait reçues avaient un rapport avec tout cela, et il en était persuadé. Ils avaient dit, en refusant ce quoi que ce soit qu'on leur proposait, ou plutôt qu'on lui proposait, à lui, que c'était trop dangereux. Et il se demanda si leur but était réellement de le protéger. Il avait toujours pensé qu'ils se moquaient complètement de ce qui pouvait lui arriver. Mais peut-être était- ce seulement eux qu'ils voulaient protéger... Mais pourquoi avait-il atterri là ? Nul part n'était mentionné qu'il était arrivé quelque chose à ce fameux Sirius. Ce parrain qui aurait dû le prendre chez lui. Il savait pourtant que ses parents étaient morts le soir de Halloween. Son oncle avait dit un jour qu'ils avaient sans doute bu un coup de trop pour le célébrer, et que c'était comme ça que c'était arrivé. Ce qui signifiait... le soir où sa mère avait écrit cette dernière lettre. Et il pensait qu'à ce moment, Sirius était encore désigné pour s'occuper de lui. Ce qui laissait peu de temps pour que quelque chose lui arrive. À moins que son parrain ne se soit trouvé dans la voiture, lui aussi... Il avait toujours pensé qu'ils n'étaient que trois dans la voiture au moment de l'accident, mais si ça n'avait pas été le cas ?
Tant de questions tournaient et retournaient dans sa tête... Et, en arrière plan, il revoyait sans cesse cette fameuse nuit. Du moins, ce dont il se souvenait. La lumière verte si intense, la brûlure au front... Et il lui semblait entendre un rire sinistre... Probablement son imagination, à la pensée que quelqu'un avait provoqué tout cela... Harry frissonna. Remettant les lettres avec soin dans la pochette qu'il posa par terre, il se glissa sous sa couverture pour essayer de retrouver un peu de chaleur. De se protéger, à la fois contre ce qu'il venait de découvrir, et contre tout ce qu'il ignorait et qui le hantait. Et contre ces mystérieux ennemis, aussi, qui étaient peut-être encore là, dehors. Les aiguilles du vieux réveil indiquaient deux heures du matin lorsqu'il finit par s'endormir.
Ce furent les cris perçants de la tante Pétunia qui le réveillèrent. Et il lui sembla que ça faisait un moment qu'elle s'égosillait.
" Debout, fainéant ! Tu crois donc que je n'ai que ça à faire ?
- J'arrive, tante Pétunia, finit-il par trouver le courage de grogner. "
Il fit basculer ses jambes hors du lit avec peine, prit ses affaires et se dirigea vers la salle de bains. Dix minutes plus tard, lavé et habillé, il descendait dans la cuisine, acceptant sans discuter de surveiller le bacon.
" Tu n'oublieras pas de sortir les poubelles avant de partir, lui rappela sa tante.
- Oui, tante Pétunia."
L'oncle Vernon descendit à ce moment là, prenant sur la table le journal du jour dans lequel il se plongea. Harry cuisina les oeufs en silence, mais les questions étaient toujours aussi aiguës que la veille. Et, finalement, en amenant le plat sur la table, il se hasarda à demander, comme si la question n'avait que peu d'importance :
" Tante Pétunia, est-ce que j'ai un parrain ?"
Sa tante brisa le toast qu'elle était en train de beurrer, et son oncle leva brusquement les yeux de son journal.
" Combien de fois faudra-t-il te répéter de ne pas poser de questions ? demanda-t-elle, l'air menaçant. Et d'abord, pourquoi poser une telle question ?
- C'est juste..." Il réfléchit à toute vitesse. " C'est pour l'école, mentit-il. On fait un genre de sondage, une étude, c'est pour les cours d'instruction civique.
- Qu'est-ce qu'ils ne vont pas inventer dans ces collèges publics, gronda l'oncle Vernon d'un ton méprisant. Ils feraient mieux de mettre un peu de bon sens et de discipline dans la tête de ces garnements, au lieu de faire ces études à la noix. Et, non, mon garçon, tu n'as pas de parrain. Réfléchis un peu, nous ne t'avons pas pris avec nous par plaisir, mais parce que personne d'autre n'était disposé à le faire. Maintenant dépêche- toi de ranger cette cuisine et de filer d'ici !"
Harry jugea préférable de ne pas insister. Son oncle et sa tante ne lui en apprendraient pas plus, par contre ils risquaient de s'énerver rapidement. Sachant que ce qu'avait dit son oncle était sûrement vrai, cela signifiait qu'ils n'avaient jamais entendu parler de Sirius. Donc que celui-ci ne s'était jamais manifesté à la mort de James et Lily.
Plus tard, au collège, Harry résuma pour Will ce qu'il avait appris. L'autre garçon, à son grand soulagement, ne mit pas sa parole en doute, même s'il ouvrit de grands yeux. Qui s'agrandirent encore quand Harry lui raconta ce qu'avaient dit les Dursley. Will savait que son ami et sa famille ne s'entendaient pas bien, il n'avait jamais vraiment réalisé à quel point. C'était quelque chose dont Harry n'aimait pas vraiment parler. De plus, il y était tellement habitué que certains jours cela lui semblait presque normal.
- Tu sais, commenta Will. Je crois vraiment que Liz a raison. Bon, peut- être pas dans les détails, mais quand même. Son histoire cadre parfaitement avec le contenu étrange de ces lettres.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Tu dis que ta mère semblait avoir peur, dans sa dernière lettre mais aussi dans d'autres avant. Peut-être qu'elle avait une intuition particulièrement forte, mais et si elle avait su pertinemment, et depuis des années, que quelqu'un était à sa poursuite ?
- Ce sont ceux que mon père pourchassait dans son travail qui étaient à sa poursuite. Ceux qui ont tué mes grands-parents. Cette histoire de princes, c'est n'importe quoi. Pourquoi auraient-ils envoyé mon père dans ces missions dangereuses qui faisaient peur à ma mère s'il avait été quelqu'un d'aussi important ?
- Un prince, ou un roi, se doit d'être à la tête de ses armées. Et peut- être que ton père n'était pas si important, peut-être que c'était juste ta mère...
- Je croyais que tu n'aimais pas Liz, alors pourquoi tu t'obstines à défendre son histoire ?
- Nous n'avons pas de meilleure explication. Et puis, ce serait génial, non ? Et je croyais que toi, tu l'aimais bien, cette fille. Alors pourquoi tu refuses d'admettre ce qu'elle a dit ?
- Mais parce que c'est complètement fou ! Moi un prince ? Liz, elle est bien gentille, mais elle est toujours dans la lune ou dans un livre ! Alors ça ne m'étonne pas qu'elle invente des histoires comme ça. Mais dans la réalité, ça ne marche pas comme ça. En plus, d'après la mère de Liz, ma mère était le portrait de sa propre mère.
- Bien sûr, cette histoire de prince, c'est stupide. C'est une histoire de fille. Mais tes parents devaient avoir quelque chose d'extraordinaire.
- Mes parents, peut-être. Mais pas moi. Pas moi, Will. J'ai passé la plus grande partie de ma vie à espérer qu'il y avait encore quelque part quelqu'un pour qui j'étais important. Quelqu'un qui allait venir me chercher. Mais personne n'est jamais venu.
- Pourtant, ces "ils" dont parlaient ton oncle et ta tante, ils existent réellement, non ? Il y a bien des gens qui ont envoyé ces lettres, qui te les ont envoyées à toi, et non à ta famille.
- Je sais bien, mais... Tout cela n'a pas de sens. J'ai retourné tout ça dans ma tête toute la nuit, et c'est la seule conclusion que j'en ai tiré.
- Il y a forcément une explication ! Torture ton oncle et ta tante jusqu'à ce qu'ils te disent la vérité !
- Bien sûr. Tu crois vraiment que si je connaissais le moyen d'avoir le dessus sur mon oncle et ma tante je les aurais laissé me traiter comme ça pendant dix ans ?
- Non. Mais avoue que ce n'est pas l'envie de faire ça qui te manque.
- Ok. J'en ai envie." Harry se mit à rire, son amertume soudain envolée. " Je les vois bien attachés sur des chaises, et moi avec le fer à repasser de ma tante. "Vous allez me dire qui étaient vraiment mes parents ?". Non, je ne peux vraiment pas faire ça, Will. En tous cas pas maintenant. Il vaudrait beaucoup mieux que j'attende le retour de Dudley. Je suis sûr que lui aussi apprécierait une petite séance de torture.
- Si tu le dis... On va trouver une autre solution. Attends une minute..." Will redevint sérieux. " Il n'y aurait pas un grenier dans ta maison ?
- Si, je crois..." répondit Harry. Tante Pétunia disait souvent de vieilles affaires qu'elle allait les monter au grenier. Les cahiers de Dudley, à la fin de chaque année scolaire, par exemple. Le vieux lit de camp dans lequel Harry dormait à l'époque où il était dans le placard. Mais il ne se rappelait pas y être jamais allé. " Mais je ne sais pas où il est, dit-il doucement.
- Tu ne sais pas ? Allons, tu dois quand-même bien connaître ta maison, non ? S'il y a un grenier, il y a forcément une porte, une trappe, ou quelque chose qui permette d'y entrer.
- Je crois que l'entrée est dans la chambre de mon oncle et ma tante. Mais je n'ai pas le droit d'y aller.
- Si ta mère a vécu dans cette maison, il y a peut-être encore des objets qui lui ont appartenu au grenier. Des trucs qui pourraient dater de l'époque où elle était élève dans ce collège, le nom de ses amis, peut-être des adresses !
- Tu crois qu'on pourrait retrouver quelqu'un qui la connaissait à cette époque, tu veux dire ?
- Ca vaut le coup d'essayer, non ?
- Mon oncle et ma tante vont me tuer s'ils s'aperçoivent que je suis rentré dans leur chambre", dit Harry. Mais il savait déjà qu'il allait le faire. Il ne pouvait pas laisser passer sa chance si vraiment il pouvait trouver des renseignements sur ce mystère qui entourait ses parents.
L'occasion qu'il attendait se présenta quelques jours plus tard, sous la forme d'une émission de télévision qui passionna les deux adultes. Harry les avait entendus en parler pendant le dîner, et savait qu'il était peu probable qu'ils quittent le salon pendant les deux heures que devait durer le programme. Après le repas, Harry, comme à son habitude, se retira dans sa chambre. Mais une demi-heure plus tard, après le début supposé de l'émission il en sortit silencieusement. Il entendait le son de la télévision au rez-de-chaussée, signe que son oncle et sa tante devaient être au salon, pourtant il fit le moins de bruit possible en ouvrant la porte de sa chambre, en traversant le pallier. Et, finalement, doucement, il fut devant la porte de la chambre de ses oncle et tante. Il l'ouvrit doucement, et pénétra dans la pièce. Il n'y était que rarement entré. La chambre était impeccablement rangée, comme le reste de la maison, le lit fait au carré. Il reconnaissait la touche méticuleuse de sa tante. Aux murs étaient accrochées des photos de Dudley. Mais il n'était pas là pour visiter la pièce. S'il se rappelait correctement... Oui, dans un coin de la pièce se trouvait un escalier de bois, qui menait à une trappe.
Harry commença prudemment à gravir les marches. Lorsque la trappe fut à portée de main, il essaya de l'ouvrir. Mais sans y parvenir. Regardant de plus près le panneau, il remarqua ce qu'il aurait dû voir depuis le sol s'il avait fait plus attention. La trappe était fermée par un cadenas. Il ne pouvait pas rentrer.
Redescendant de l'échelle, il se mit à fouiller dans les tiroirs du bureau pour essayer de trouver la clé, mais elle ne s'y trouvait pas. Ce qui ne le surprit pas. Harry savait que l'oncle Vernon gardait la plupart des clés de la maison dans sa poche. Après avoir fouillé sans résultat la chambre pendant un long moment, Harry se résigna à quitter la pièce et retourner dans sa chambre, déçu, et en même temps plein d'espoir. Si son oncle et sa tante avaient jugé nécessaire de fermer le grenier à clé, c'était qu'il y avait dedans des choses qu'ils ne voulaient pas que l'on découvre. Ni lui, ni Dudley, qui avait naturellement un accès libre à la chambre de ses parents. Et ce quelque chose pourrait bien être, pour Harry, la solution du mystère. S'il trouvait un moyen d'y avoir accès. La télévision marchait toujours au rez-de-chaussée quand le jeune garçon rejoignit sa propre chambre.
Merci d'avoir lu encore ce chapitre. Merci aussi aux reviewers du précédent.
Tiffany Shin : Il a pas fini d'en apprendre, des choses. Merci pour ta review.
Céline S : Oups ! Désolée, je ne voulais vexer personne ! J'avoue que je ne connais strictement rien au basket, mais j'entend répéter tout le temps que je devrais en faire parce que je suis grande, alors j'ai fini par assimiler que c'était un sport de grand. C'est vrai que j'aurais dû choisir quelque chose d'autre, et ne pas faire ainsi dans les idées reçues. Excuse moi ( pour tous les basketteurs de petite taille ). Et merci beaucoup pour tes reviews.
Alixe : Merci.
Izabel : Merci pour ta review. Contente que tu aimes la baby-sitter. Là, ça commence à se démêler un peu, non ?
Hannange : Ca y est, tu l'as eu le chapitre.
LeDjiNn : Merci beaucoup. Contente que ça continue à te plaire. J'adore écrire des enguelades, et si ça plaît aussi aux lecteurs... Et Harry a pas fini d'apprendre des trucs sur ses parents, même s'il est pas prêt de tout comprendre.
Dega : Pour ton problème de sautillement, tu devrais peut-être aller faire un footing, et revenir après. Sinon, tiens ton portable avec une main et tape de l'autre, il devrait accompagner tes sauts. En tous cas, si tu sautilles d'impatience depuis deux semaines, tu dois avoir de sacrés mollets. Merci pour ta review, et merci d'aimer.
Crys : La voila, la suite. Merci pour la review.
Rose Potter1 : Salut ! Merci beaucoup pour tes reviews, et pour avoir modifier le "tite" qui m'aurait vexée à un point que tu n'imagines même pas ( C'est vrai, quoi, je fais plus d'un mètre quatre vingt, j'estime avoir le droit d'être qualifiée de grande. Comment ça même si je suis grande j'ai encore une tête démesurément enflée ?). Tu veux connaître le plan de Dumbledore pour faire revenir Harry dans le monde des sorciers ? Il en a un ? Ah, tant mieux. Mon histoire devrait faire une dizaine de chapitres, peut- être un peu plus.
Csame : Merci beaucoup pour tes reviews. Ca fait plaisir de voir que tu aimes aussi cette fic, et surtout la scène entre les Dursley et la mère de Liz que j'ai beaucoup aimé écrire. Harry n'est pas dans un collège chétien, puisque c'est public. Et j'ai pensé que pour la même raison ça pouvait être mixte. D'autant plus, que, comme tu le dis, c'aurait été triste de n'avoir que des garçons.
Merci beaucoup à Mélaïnas pour le beta-reading.
Chapitre 3 : Les lettres.
L'avantage de la rencontre entre Deborah March et les Dursley fut que ces derniers oublièrent de punir Harry pour son retard. Par contre, ils n'apprécièrent pas du tout qu'il pose des questions. Dès qu'ils arrivèrent à Privet Drive, l'oncle Vernon l'envoya dans sa chambre où il resta enfermé pour le reste du week-end. Bien sûr, cela ne changeait pas vraiment d'un week-end normal pour Harry, qui avait l'habitude de passer son temps libre dans sa chambre, surtout que le temps avait brusquement changé le samedi soir et qu'il pleuvait à seaux. Sauf que d'ordinaire, c'était de sa propre volonté que Harry restait dans sa chambre, et qu'il pouvait en sortir à sa guise pour les repas, pour aller à la salle de bains, ou simplement pour se dégourdir les jambes. Et surtout que, cette fois là, Harry n'avait aucune envie de passer la journée à faire ses devoirs. Il ne pouvait penser qu'à ses parents. Qu'aux mystères qui les entouraient, et dont il savait que les Dursley possédaient la clé. Une clé qu'ils ne lui donneraient jamais, et pour la première fois de sa vie le garçon se surprit à détester sa famille. Il ne les avait jamais vraiment aimés, bien sûr, mais jamais il ne leur en avait voulu à ce point. Qu'ils ne l'aiment pas, ce n'était pas vraiment de leur faute, et puis c'était quelque chose qui lui était tellement naturel qu'il n'y attachait plus grande importance. Petit, il en avait souffert, mais à l'époque, c'était à lui-même qu'il en voulait, puisque c'était forcément de sa faute s'ils ne l'aimaient pas. Les punitions, les vieux vêtements, le placard, et toutes les autres petites injustices dont ils l'avaient accablé, il les avait supportés en acceptant le fait qu'en tant qu'orphelin, il n'avait pas de droits. Après tout, personne ne lui avait jamais laissé entendre qu'il pourrait en être autrement. Mais le fait qu'ils lui cachent tout ce qui concernait ses parents, ça, il ne pouvait pas l'accepter. Il avait le droit de savoir qui ils étaient, qui il était, lui. Sa personnalité, ses origines lui appartenaient, et ils n'avaient pas le droit de lui enlever ça. Et, seul dans sa chambre pendant cette longue fin de week-end, suçant les bonbons que Liz lui avait donnés avant qu'il ne parte, Harry était bien obligé de taire sa colère et sa frustration. Ou du moins d'essayer. Car l'oncle Vernon avait à peine refermé la porte sur son neveu, le samedi soir, que la vieille télévision de Dudley, qui ne marchait plus depuis longtemps, se mit à fumer et explosa. Heureusement son oncle crut que Harry, de colère, donnait des coups de poings dans les murs, et il se contenta de le réprimander vertement à travers la porte close. Harry n'osait pas imaginer ce qui se serait passé si Vernon avait découvert le téléviseur.
Harry ouvrit la fenêtre pour évacuer la fumée, puis il ramassa les morceaux de verre et de métal qui avaient volé dans la pièce, et les remit dans l'appareil. Heureusement, le boîtier avait volé mais sans trop souffrir. Il le réajusta approximativement sur la télévision. Personne n'irait regarder de trop près, l'appareil était déjà hors service, de toute façon.
Après avoir rendu à sa chambre un aspect présentable, le garçon s'assit à son bureau. Il savait que les Dursley auraient affirmé que c'était de sa faute si le téléviseur avait explosé. Pourtant, lui savait qu'il n'y était pour rien. Il ne pouvait nier cependant que les événements de ce type étaient nombreux autour de lui. Il avait appris que ce genre de choses arrivait également à sa mère. Était-ce vraiment lié à quelque chose de particulier qu'ils auraient eu en eux ? Pourtant, c'était impossible de faire ainsi exploser des objets... Tout comme c'était impossible de se retrouver sur le toit d'une école, ou de faire rétrécir un pull. Ou repousser ses cheveux en une nuit. Alors ? Avait-il simplement trop d'imagination ? Ou avait-il en lui une force, quelque chose qui permettait cela ? Juste avant que le téléviseur n'explose, il s'était senti complètement hors de lui. Et il avait eu envie de faire quelque chose comme ça, de frapper les murs ou les vieux jouets de Dudley... Peut-être le téléviseur avait-il explosé parce que, sans le faire exprès, il lui en avait donné l'ordre ? Après tout, ces étranges événements lui avaient toujours causé des ennuis, mais l'avaient aidé en même temps. S'il n'avait pas fait repousser ses cheveux, il aurait eu à subir les plaisanteries de ses camarades. De même s'il avait mis le pull orange, ou l'uniforme tel qu'il était avant le premier septembre. On aurait dit qu'il était capable d'influer sur les objets, de leur faire faire des choses... C'était complètement fou, mais pas tellement plus étrange que ces événements qui se produisaient autour de lui. Mais si tel était le cas, il devait éviter de se mettre en colère et de faire exploser des choses. Si l'oncle Vernon s'en apercevait, il aurait de gros ennuis.
Cette résolution de rester calme ne fit pas taire ses interrogations, cependant. Plus que jamais, Harry voulait savoir. Il savait que, quoi qu'il fasse, les Dursley ne lui diraient rien. Ils lui avaient bien fait comprendre qu'il était hors de question qu'il retourne chez les March, et il doutait qu'ils le laissent retourner un jour chez un de ses camarades de classe, après ce qui s'était passé cette première fois. Même si les chances de retomber sur quelqu'un qui avait connu sa mère étaient minimes. Et comme si ces pensées n'étaient pas déjà suffisament sombres, sa cicatrice le brûla sourdement toute la journée de dimanche. Ce qui était bien sûr désagréable. Mais qui surtout l'inquiétait terriblement. Encore un mystère... Et, pour cela aussi sa famille lui manquait. Quelqu'un à qui il aurait pu confier ses problèmes. Une mère, ou du moins l'idée qu'il se faisait d'une mère, ne repousse pas son enfant quand il vient la voir en disant qu'il a mal au front, ou mal à une cicatrice. Sa tante... Sa tante, au mieux, se moquerait de lui. Plus vraisemblablement l'enverrait dans sa chambre sans dîner pour lui apprendre à dire des bêtises...
Finalement, heure après heure, cet interminable dimanche finit par passer, et Harry finit par se retrouver, le lundi matin, devant les grilles du collège. Il avait peu dormi : il avait réalisé à dix heures la veille qu'il avait des devoirs à faire. Aussi, adossé à un poteau, essayait-il de récupérer un peu de sommeil et de ne pas penser à ce qui l'avait tracassé tout le week-end, quand une voix joyeuse le réveilla.
"Eh, Harry ! Coucou, le week-end est fini !
- Salut, Will.
- Ben dis donc, t'as l'air de super bonne humeur ce matin. C'était si terrible que ça chez Liz ? Je t'aurais bien dit de pas y aller, mais je crois pas que tu m'aurais écouté. T'inquiète pas, rien ne t'oblige à recommencer. Allez, vas-y, raconte !
- Tu veux bien ne pas être aussi joyeux ce matin, s'il te plait ?
- Faut que je le sois pour deux, c'est pour ça! " Will plissa les yeux en regardant Harry, puis reprit d'un ton à peine moins enthousiaste : "Ça va vraiment pas, toi ! Je sais bien qu'on a deux heures de Thomson en perspective, mais quand même, c'est pas une raison pour te mettre dans cet état ! T'es pas malade, au moins ?
- Non, ça va", répondit Harry. Il se rendait compte qu'il devait à son ami de faire un effort, il n'était pas responsable de l'attitude des Dursley, et de tout ce qui clochait dans la vie de Harry. " Je suppose que j'ai juste chopé un sale virus qui circule au collège, et auquel j'étais insensible jusqu'à maintenant.
- Ah oui ? Et c'est quoi ? La crise de flemmingite aiguë chronique du lundi matin ?
- Non, répondit Harry en baillant. La crise de mincejenaipasfaitmesdevoirite du dimanche soir.
- Ben dis donc, heureusement que tout le monde ne réagit pas comme toi ! Mais bon, d'un autre côté c'est bien de voir que tu es humain. Je veux dire, que, à force que tu aies toujours tes devoirs faits impeccablement, et souvent en avance, certains commençaient à se poser des questions. En attendant, on ferait bien d'y aller, sinon Thomson va nous piquer une crise de colérite aiguë."
Alors qu'ils rentraient dans le bâtiment, Harry se sentait le cœur soudain plus léger. Quelques instants d'amitié pouvaient signifier beaucoup quand on avait grandi dans un total isolement.
Le mardi, Charles avait ramené une balle de tennis, et à la récréation Harry, Will, et un autre garçon du nom de Stephen, se regroupèrent autour de lui pour jouer à la balle au mur. Jeu qui, comme son nom l'indiquait, consistait à lancer la balle contre un mur, et s'arranger pour que les autres ne la rattrapent pas. Au début, Harry était un peu réticent. Il n'avait jamais joué à ce genre de jeux, et craignait de s'y montrer particulièrement mauvais. Mais ne trouvant pas de bonne excuse pour refuser, il avait été bien obligé de suivre le mouvement. Charles avait la balle.
" Très bien, dit-il. Voyons si vous pouvez rattraper ça..." Il lança la balle de toutes ses forces dans un coin du mur qu'ils avaient défini comme l'espace de jeu. Harry regarda la petit boule jaune fuser, et se précipita immédiatement dans la direction qu'elle avait prise. Quelques instants plus tard, son poing se refermait autour de la balle.
" Wouah ! Harry ! s'exclama Charles. T'es sûr que t'as jamais joué ? Tu ne serais pas gardien de but dans une équipe de foot, par hasard ?
- Non.
- Tu devrais. T'as de sacrés réflexes. Vas-y, à toi de lancer." Harry envoya la balle contre le mur. Son tir n'avait ni la précision, ni la force du précédent, et Stephen l'intercepta sans problème. Il renvoya la balle de toutes ses forces, malheureusement en visant mal. La balle rebondit sur le mur en dehors de l'espace délimité, et s'enfuit sur le côté, de sorte qu'aucun des garçons ne pouvait la rattraper. Elle finit par atterrir au milieu d'un groupe de filles plus âgées qui l'attrapèrent mais la jetèrent ensuite au sol avec dégoût, leur jetant des regards meurtriers.
" Oups ! fit Stephen. Bon, je vais chercher la balle." Il s'éloigna en courant. Harry vit l'une des filles lui lancer au visage des paroles qui ne devaient pas être très agréables, parce que le garçon devint aussi rouge qu'une tomate. Les trois autres échangèrent un regard et sourirent en voyant leur camarade revenir vers eux en rentrant la tête dans les épaules, et ils se préparèrent à reprendre leur partie. Harry s'aperçut soudain d'une présence derrière lui.
" Harry, je peux te parler ?" Il se retourna, reconnaissant la voix de Liz. Ils ne s'étaient pas parlé depuis l'anniversaire, et Harry se demandait si la fillette lui en voulait de ce qui s'était passé. Elle n'avait pu manqué d'entendre les éclats de voix, et il savait qu'il n'avait pas été très disponible envers elle, alors que c'était sa fête.
" Oui, bien sûr, répondit-il. Continuez sans moi ! ajouta-t-il en direction des garçons qui reprenaient le jeu. Tous lui lancèrent un regard étonné.
" Tu ne peux pas arrêter maintenant, Harry ! protesta Charles. Je suis sûr que je peux faire un tir que tu ne rattraperas pas !
- C'est vrai, renchérit Will. On a maths après la pause, vous aurez tout le temps de parler !" Mais la fille ne sembla pas impressionnée, et tira Harry par le bras. A son air sérieux, il comprit qu'il ferait mieux de la suivre.
" Qu'est-ce qu'il y a demanda-t-il
- Ma mère m'a donné ça pour toi, dit-elle en lui tendant une grosse pochette cartonnée. Et elle m'a chargée aussi de te dire qu'elle s'excuse pour t'avoir créé des ennuis avec ton oncle et ta tante.
- Ce serait plutôt à moi de m'excuser, répondit Harry. Je suis désolé d'avoir créé des problèmes à ton anniversaire. Rien de tout cela ne serait arrivé si j'avais pensé à regarder l'heure."
Elle haussa les épaules : " Ça a mis un peu d'animation. Ta famille a vraiment pas l'air commode, dis donc.
- Et ils ne le sont pas." Harry, désireux de changer le sujet de la conversation, désigna la pochette qu'il avait en main. "Qu'est-ce qu'il y a là-dedans ? demanda-t-il.
- Les lettres de ta mère.
- Les lettres..." Harry serra un peu plus fort la pochette bleue, et la fixa du regard, incapable de détourner les yeux.
- Ma mère a dit que c'était normal que tu les aies, continua Liz. Que c'était ce que ta mère aurait voulu. Elle a fait des photocopies, pour elle, tu peux les garder. Juste... évite que ton oncle et ta tante tombent dessus, ce serait dommage qu'elles finissent brûlées.
- Ta mère t'a raconté ? demanda Harry, arrivant enfin à détourner les yeux de la pochette, et à regarder le visage de Liz.
- Qu'elle avait connu ta mère ? Oui, bien sûr.
- Et le reste ?
- Quel reste ? Je savais déjà que tu étais orphelin, tout le monde le sait. De quoi tu parles ?
- De la raison qui a mis mon oncle dans cette rage.
- Ah, ça... Difficile de faire autrement, étant donné que tout le voisinage a dû l'entendre crier... Mais je n'ai pas compris grand-chose. D'ailleurs, maman non plus n'a pas compris pourquoi il s'énervait comme ça. Je veux dire, ok, ta tante détestait ta mère. Ton oncle aussi, on dirait. Mais ce n'est pas une raison pour ce mettre dans cet état simplement parce que quelqu'un l'a connue ! D'après ma mère, tout est lié à cette mystérieuse école. Ta famille t'en a parlé, à toi ?
- Non, répondit Harry. Ils savent, mais ils refusent de me dire ce que c'était. En fait, ils ont toujours refusé de me parler de mes parents. Ta mère a été la première à le faire." Sa voix était chargée de rancœur lorsqu'il prononça les dernières phrases.
- Tu sais ce que je crois ? fit son amie d'une voix de conspiratrice. Ce n'était pas un collège. Sinon, pourquoi faire autant de secrets ?
- Mais alors, qu'est-ce que c'était ? Ma mère avait l'âge d'entrer en sixième quand elle est partie là-bas !
- Je ne sais pas ! Si, attends ! Imagine, peut-être qu'en fait ta mère n'est pas vraiment la sœur de ta tante !
- Liz, protesta Harry, c'est stupide ce que tu dis là !
- Non, écoute ! Peut-être qu'en fait elle était l'héritière d'un riche royaume, ou quelque chose comme ça. Et tes grands-parents l'auraient fait passer pour leur fille pour la protéger ! Et quand elle a eu onze ans, ils ont bien dû lui révéler la vérité pour commencer à lui apprendre à ce comporter comme une princesse. Alors ils l'ont envoyée dans une école spéciale. C'est pour ça que ta tante est jalouse : parce qu'elle, elle n'a jamais été princesse."
Harry rit, mais se prit malgré lui au jeu de Liz. "Et mon père ? demanda-t- il. C'était un prince, lui aussi ?
- Forcément ! Enfin, peut-être pas un prince, mais un grand seigneur ! Sinon, comment aurait-il pu épouser ta mère ? Et ça veut dire que tu es un prince aussi, Harry ! Tu te rends compte ?
- Oui. Ca veut dire que tu dois m'obéir.
- Harry ! Je parlais sérieusement ! Mais..."
Une profonde ride de réflexion marqua soudain le visage de la fillette.
" Dis, comment sont morts tes parents ?
- Accident de voiture.
- Bien sûr ! Quelqu'un a dû trafiquer leur voiture. Quelqu'un devait bien être après eux pour que ta mère soit obligée de se cacher comme ça ! Ce n'est pas possible autrement. Mais alors, ça veut dire... Peut-être qu'ils sont toujours après toi !
- Personne n'est après moi, Liz. Et puis, si Pétunia n'était pas vraiment ma tante, pourquoi serais-je allé vivre chez les Dursley ?
- Parce que tu bénéficiais de la fausse identité de ta mère !
- S'ils avaient retrouvé ma mère, alors ils connaissaient ses deux identités. Ça va sonner dans cinq minutes, on devrait peut-être y aller."
Liz se mordit la lèvre, affichant un air de concentration intense.
" Tu as raison, dit-elle finalement en prenant le chemin de leurs casiers, sans sembler se soucier d'être en retard. Mais peut-être qu'ils avaient une autre raison. Peut-être que tu n'es plus en danger, mais qu'ils préfèrent que tu ne saches pas encore qui tu es... Peut-être qu'il n'y a plus personne pour tenir l'école où sont allés tes parents, peut-être que tous les partisans de ta famille sont morts. Et comme tu étais un bébé, ils n'ont pas eu le courage de te tuer aussi. Ils se sont dit que ton oncle et ta tante ne te révéleraient jamais ta véritable identité, alors ils ont jugé qu'ils pouvaient tout aussi bien te laisser vivre en te confiant à eux. Si tu ne sais pas qui tu es, tu n'es pas une menace pour eux !"
Harry pressa le pas, sans répondre. Il savait que Liz avait tendance à se laisser entraîner par son imagination, que son histoire était incroyable. Pourtant, il ne pouvait pas s'empêcher de repenser à ce jour, où, dans un supermarché, un homme s'était incliné devant lui. À ces gens étranges qui semblaient parfois le reconnaître... Il se demanda un instant comment la fillette aurait réagit s'il lui en avait parlé... Liz s'était remise à parler, indifférente à son silence.
" Je me demande d'où tu pourrais venir. Tu n'as pas le type asiatique, ni arabe, pourtant c'est de là que viennent les princesses pourchassées, en général. On devrait peut-être aller voir à la bibliothèque, s'il n'y aurait pas les héritiers d'un royaume qui auraient disparu.
- Ca m'étonnerait qu'on trouve quelque chose. Dépêche-toi de prendre tes affaires, dit impatiemment Harry en refermant son casier, ça va sonner."
Liz consulta sa montre et se dépêcha d'ouvrir son propre casier. Puis, au moment où elle le refermait, elle poussa une exclamation.
" Qu'y a-t-il ? demanda Harry.
- Peut-être que tu descends des tsars ! Toute la famille est sensée avoir été assassinée au début du siècle, mais certains disent qu'il y a eu des survivants ! Imagine, tu es peut-être l'héritier du trône de Russie !"
Avant que Harry ait pu mettre en avant le fait qu'il n'avait aucune envie de diriger la Russie, la cloche sonna. Les deux enfants se mirent à courir en direction de leur salle de classe. Lorsqu'ils l'atteignirent, le professeur Smith avait déjà commencé son cours. Les habituels avions et boulettes de papier volaient dans la classe, au milieu du brouhaha qu'essayait vainement de couvrir la voix du professeur. Celle-ci ne remarqua même pas les deux retardataires. Harry alla s'asseoir à côté de Will, qui lui avait gardé une place.
" Ben dis donc, remarqua le garçon aux yeux noirs, elle en avait des choses à te dire !"
Son visage prit une expression moqueuse.
" Dis, ajouta-t-il, entre vous deux, c'est purement platonique, n'est-ce pas ?
- Oh, non! Tu ne vas pas te mettre à croire que...
- Non." Will éclata de rire. " C'était juste pour voir ta réaction. Qu'est- ce qu'il y a dans cette pochette ?"
Harry réalisa qu'il tenait toujours la pochette bleue, contenant les lettres de sa mère serrée contre lui. Il la mit dans son sac, il voulait attendre d'être seul, dans sa chambre, pour examiner son contenu. Puis il se tourna vers Will.
" Des lettres de ma mère, répondit-il."
Après tout, il n'était pas juste que Liz en sache plus sur lui que Will, qui était son meilleur ami. Aussi raconta-t-il ce qui s'était passé à l'anniversaire de Liz. Et puis, parce que ça lui faisait du bien de se confier, il lui raconta aussi tout ce qu'il savait, ou plutôt tout ce qu'il ne savait pas, concernant ses parents. Ce que les Dursley disaient depuis toujours, les lettres qui étaient arrivées pendant l'été, et dont il sentait le lien avec toute cette histoire. Will l'écouta en silence. Puis il se mit à rire.
" C'est vraiment l'histoire la plus tordue que j'ai jamais entendue ! s'exclama-t-il.
- Je sais que c'est un peu étrange. Mais...
- Je n'ai pas dit que je ne te croyais pas. Parce que, si, je te crois. Mais c'est quand même une histoire tordue.
- Tu veux entendre une histoire vraiment tordue ?
- Vas-y...
- Très bien. Alors écoute les conclusions de Liz." Et il lui raconta la conversation qu'il venait d'avoir avec la fille aux cheveux blonds. À sa grande surprise, Will se contenta de sourire.
" Compte tenu de ce que tu as déjà raconté, ça tiendrait presque debout... fit-il d'un ton amusé. Fais voir ces lettres, on en saura peut-être plus !
- Non, dit Harry. Si elles avaient contenu quelque chose, la mère de Liz l'aurait su. Or elle ne savait rien.
- Mais elle ne cherchait rien de particulier quand elle les a lues. Toi, tu...
- Non", répéta fermement Harry. Ces lettres étaient quelque chose entre sa mère et lui. Il ne voulait pas les partager avec qui que ce soit, pas même Will. Du moins, pas tout de suite. L'autre garçon, semblant comprendre ce besoin d'intimité, n'insista pas. Le sujet ne fut plus abordé, mais, tout au long de l'après-midi, Harry plongea régulièrement la main dans son sac, pour sentir le carton sous ses doigts, comme si même la pochette cartonnée avait déjà contenu un peu de sa mère.
Jamais il n'aurait cru qu'il serait un jour aussi impatient de voir la journée se terminer, de retrouver sa chambre de Privet Drive. Et lorsque les cours prirent fin, il fut l'un des premiers dehors.
" Tu sais, dit Will, ton bus n'arrivera pas plus vite si tu cours pour aller le prendre." Harry ralentit. Un garçon un peu plus vieux qu'eux, qui avait, tout comme Will, des yeux noirs et d'épais cheveux bruns, arriva derrière eux. Harry reconnut Simon, le frère de Will, qu'il avait déjà rencontré une fois ou deux.
" Will, s'exclama-t-il. J'avais peur que tu sois déjà parti !
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien. J'ai juste oublié de dire à maman que je bossais ce soir. Tu lui diras de pas s'inquiéter ?
- Okay. C'est quoi ce soir ?
- Les courses de la vielle Burton. Bon pourboire en perspective. À tout à l'heure. Salut, Harry."
Sur ce, l'adolescent s'éloigna aussi vite qu'il était venu. Harry jeta un coup d'œil interrogateur à Will. Celui-ci haussa les épaules. Mais, à la grande surprise de Harry, il se mit à parler. Comme s'il estimait que les révélations de Harry, plus tôt dans la journée, exigeaient les siennes en retour.
" Simon fait des petits boulots après les cours, certains soirs. Pour gagner de l'argent. Au début, je crois que ça devait être pour lui, pour son argent de poche. Mais en fait, je crois qu'il le donne à maman. Parce qu'on mange beaucoup mieux depuis qu'il travaille."
Harry hocha simplement la tête. Il n'y avait rien à répondre à cela. Il avait toujours su que la famille de Will était pauvre, il ignorait juste à quel point. Ils passèrent les grilles du collège. À quelques mètres de l'arrêt de bus de Harry, ils s'arrêtèrent.
" On n'a jamais été riche, continua Will, mais depuis quelques mois, c'est pire. L'entreprise où travaillait ma mère a fermé, et elle n'a pas retrouvé de travail.
- Et ton père ?" Harry regretta d'avoir posé cette question au moment même où les mots franchirent ses lèvres. Will baissa les yeux, et Harry tenta de rattraper le coup. "Non, je suis désolé. Oublie que j'ai dis ça.
- C'est un peu difficile, tu ne crois pas ? Mon père, je ne l'ai pas connu. On a au moins ça en commun. Sauf que le mien, il est en prison pour meurtre. Depuis bientôt dix ans. Un soir, il avait un peu trop bu. Un type l'a cherché, ils se sont battus, et l'autre est mort.
- Oh... Je suis désolé...
- Tu sais, ce n'est pas si dur que ça. Je ne l'ai jamais vu qu'en photo, ma mère ne veut pas qu'on y aille. Elle y va, deux fois par mois, mais seule. En fait, tant que ma mère travaillait, on s'en sortait plutôt bien. Maintenant, c'est dur, mais on ne meurt pas encore de faim. C'est juste que je n'aime pas en parler. Parce qu'il y a des imbéciles partout.
- Je ne dirai rien, l'assura Harry.
- Je sais. Ça serait pas ton bus qui arrive ?" Regardant dans la direction qu'il indiquait, Harry constata qu'il avait raison, et courut en direction de l'arrêt.
Lorsqu'il arriva à Privet Drive, sa tante lui sauta dessus. Les feuilles mortes dans le jardin avaient besoin d'être ramassées, puisqu'il s'était arrangé pour ne pas pouvoir le faire pendant le week-end. Elle recevait un groupe d'amies le lendemain, et tout devait être impeccable. Et Harry n'eut que le temps de déposer dans sa chambre son sac, et la précieuse pochette qu'il contenait, avant de retourner dehors. Le soir arrivait rapidement en ce début du mois d'octobre, et lorsque sa tante fut enfin satisfaite et l'autorisa à rentrer dans la maison, Harry avait les doigts engourdis par le froid. Ce ne fut qu'après le dîner qu'il put enfin retourner dans sa chambre. Fermant soigneusement la porte, il s'empara de son sac et sortit la précieuse pochette. Puis il s'allongea sur son lit, et commença à faire glisser doucement les élastiques.
La pochette contenait une douzaine de feuillets. Ils étaient faits dans une matière que Harry ne parvenait pas à reconnaître. Plus épaisse que du papier, pourtant c'était souple et doux. Les mots avaient été tracés à l'encre violette. Une écriture, claire, facile à lire. Les lettres penchaient un peu vers la droite. L'écriture de sa mère. Si différente des tracés pointus et nerveux de la tante Pétunia. Et il sut tout de suite laquelle il préférait. L'épaisseur variable des lettres sur les feuillets semblait indiquer qu'elles avaient été écrites avec une plume. Un moment, Harry se demanda pourquoi sa mère avait utilisé une plume et de l'encre violette, au lieu de prendre, comme tout le monde, un stylo bleu ou noir. Mais c'était joli. Les lettres s'échelonnaient de 1978 à 1981. Harry prit la plus ancienne, poussa les autres sur le côté, et se mit à lire.
Godric's Hollow, le 02 07 1978
Chère Deb,
Ca y est, j'ai mon diplôme ! Il y a deux jours que j'ai quitté l'école. Définitivement. Et je n'ai pas non plus l'intention de retourner à Little Whiming. D'ailleurs, je sais que je ne serais pas la bienvenue. Je ne suis même pas sûre que Pétunia me laisserait pénétrer dans la maison. Ne serait- ce que pour récupérer mes affaires... Ça n'a pas vraiment d'importance, je n'ai pas envie de retourner là-bas maintenant que papa et maman n'y sont plus, et qu'elle s'y est installée avec cet idiot de Vernon !
D'accord, d'accord, je te vois venir avec tes "Ta sœur n'est pas comme tu l'imagines, je suis sûre qu'elle aussi souffre de cette situation.". Je sais que tu es pour la paix dans les familles. Mais ce n'est pas comme si Pétunia et moi formions encore une famille... Cependant, j'ai dit que j'arrêtais avec ce sujet. Ce n'est pas pour cela que je t'écris. En fait, j'ai une grande nouvelle à t'annoncer : je vais me marier !!!!!!!! James a demandé ma main lors de la fête de fin d'année ! Je suis si heureuse, Deb ! Il est si... Bon, je t'ai déjà tout dit sur lui l'année dernière, mais j'aimerais tant que tu le connaisses ! Quand nous serons installés, il faudra que tu viennes nous voir !
Pour l'instant, je vis chez ses parents. Je les adore tous les deux. Le mariage aura lieu fin septembre. Il faut absolument que tu viennes ! Et le petit Nicolas aussi. Il doit avoir beaucoup grandi cette année... Vous me manquez tous les trois. Mais je n'ai pas le courage de revenir. Revenir à Little Whiming en sachant que je ne peux pas aller à la maison, que papa et maman ne seront pas là pour m'accueillir, c'est au-dessus de mes forces. Voilà que je me remets à pleurnicher... Je n'ai jamais été aussi heureuse, mais pourtant ils me manquent encore. Ils me manquent tant ! Ça me fait mal de penser que ce ne sera pas papa qui m'accompagnera à l'autel. Il aurait été si fier, si heureux ! Tu te rappelles l'expression qu'ils avaient au mariage de Pétunia ? Pourquoi a-t-il fallu qu'ils prennent ce fichu avion ? Tu n'imagines pas combien de fois je me suis posée cette question au cours des six derniers mois. Quel besoin avaient-ils d'aller jouer les bons samaritains en Afrique ? Si James n'avait pas été là, je ne sais pas ce que je serais devenue.
Je suis impatiente d'avoir de tes nouvelles. Pour me répondre, tu peux adresser le courrier chez Mr et Mme Potter, Goldwing's Hall, Godric's Hollow.
Amitiés,
Lily.
Harry reposa la lettre. Si la maison où il vivait avait été autrefois celle de ses grands-parents, celle de sa mère... Cette chambre avait peut-être été la sienne autrefois... Pétunia était l'aînée, il aurait été logique qu'elle ait la grande chambre, celle qu'occupait maintenant Dudley, ce qui laissait à sa mère la pièce où se trouvait Harry, ou peut-être celle qui servait de chambre d'amis. La tante Pétunia parlait rarement de la mort de ses parents, mais Harry avait déjà entendu l'histoire, cependant. La mission humanitaire en Afrique qui avait mal tourné. Ses grands-parents étaient des héros, contrairement à ses parents qui avaient bêtement fini dans un accident de voiture. La tante Marge ne s'était pas gênée pour le lui rappeler lors de son dernier séjour. Il prit une autre lettre et se mit à lire. Lily racontait son mariage, disait à quel point elle était désolée que son amie n'ait pas pu venir. La quatrième lettre était tachée de larmes.
Godric's Hollow, le 22 11 1978
Chère Deb,
Les parents de James sont morts il y a deux jours ! Je n'en peux plus, Deb, quand tout cela va-t-il s'arrêter ? Tous ces morts ! Certains jours, je me dis que je n'aurais jamais dû quitter la maison... Peut-être que Pétunia avait raison, que je n'aurais jamais dû aller dans cette école... Bien sûr, j'y ai été heureuse, mais est-ce que ça en valait la peine ? Oh, tu ne dois rien comprendre à ce que je raconte, ça n'a pas de sens, n'est-ce pas ? Mais je me sens tellement mal ! Je ne les connaissais pas depuis si longtemps, mais ils étaient devenus ma seconde famille. Ou ma troisième, si on compte la tienne.
Il faut que je sois forte, pourtant. Je n'ai pas le droit de montrer à quel point je suis désemparée. James a besoin de moi. Il a tous ses amis autour de lui, bien sûr, mais Sirius doit être à peu près aussi malheureux que nous. Sirius a changé dernièrement... Non, nous avons tous changé. Tant de choses se sont produites depuis que nous avons quitté l'école ! Je n'arrive pas à croire que ça ne fait que quelques mois. Je commençais à croire que James et ses amis ne mûriraient jamais, eh bien c'est fait. Et s'il restait encore une part d'enfance en eux, je suppose qu'Il l'a assassinée en même temps que Henry et Dorah Potter. Remarque, c'est peut-être mieux ainsi. Ils ont accéléré la formation de James, à cause de tous les morts qu'il y a eu dernièrement. Il va commencer à travailler au début de l'année prochaine. J'ai si peur pour lui ! Pourquoi a-t-il fallu qu'il suive les traces de son père ? Les Potter n'ont-ils pas déjà payé un tribut assez élevé à la lutte contre le mal ?
Harry interrompit sa lecture un instant. De qui sa mère pouvait-elle bien parler ? Ses grands-parents paternels avaient donc été assassinés ? Mais qui était ce Il ? La suite de la lettre ne l'éclaira pas davantage.
Voilà que je continue de délirer, n'est-ce pas ? Je suis si fatiguée, Deb ! Dire que je n'ai que dix-huit ans ! Pourquoi n'ai-je pas l'impression d'avoir la vie devant moi ? Je voudrais pouvoir retomber en enfance ! Avoir de nouveau cinq ans, et courir me cacher derrière toi parce que Pétunia est en colère contre moi... Tu te rappelles ? J'ai envie de te voir, Deb, tu es ce qui me reste qui se rapproche le plus d'une famille... Même si je te vois si peu ! Bien sûr, il y a le foyer que nous formons avec James. Mais James n'a eu droit qu'à une semaine de répit, pour la mort de ses parents, après il devra repartir. C'est le meilleur de sa promotion, ils ont besoin de lui. Je peux le comprendre, il n'empêche que c'est terriblement injuste. Lui aussi a besoin de faire son deuil. Mais l'accélération de la formation s'accompagne d'un stage intensif. Tout le mois de décembre. Je ne suis même pas sûre qu'ils le laissent passer Noël avec moi. Mais peut-être est-ce moins dur pour lui. Il est tellement occupé là-bas, qu'il n'a pas vraiment le temps de penser. Et Sirius est avec lui. Il n'est pas vraiment seul. Moi, je n'arrive plus vraiment à me concentrer sur mes études. C'est le comble... Lily Evans qui n'arrive plus à travailler ! Je crois que personne ne l'aurait cru au collège.
Réponds-moi vite, s'il te plaît. J'espère que tu trouveras une date pour qu'on puisse se voir après le départ de James.
Fais attention à toi.
Lily.
Le cœur de Harry se serra en lisant les phrases de sa mère. Elle semblait si malheureuse ! Il prit la lettre suivant, espérant que les choses s'étaient améliorées rapidement.
Godric's Hollow, le 20 12 1978
Chère Deb,
Tu ne peux pas savoir à quel point cette semaine chez toi m'a fait du bien. Je crois que j'avais vraiment besoin de vacances. J'aurais cru que revenir à Little Whiming serait difficile, mais cela ne m'a rien fait. Et cette plongée dans le passé m'a fait comprendre à quel point j'étais attachée à ma nouvelle vie. Même si c'est parfois difficile. Si je n'étais pas partie, je n'aurais jamais rencontré James. Je n'aurais jamais rencontré aucune des personnes merveilleuses qui vivent à nos côtés.
James rentre la veille de Noël. Nous pourrons passer les fêtes ensemble. Ils lui ont même accordé la semaine entre Noël et Nouvel An, une semaine de vacances avant de commencer à travailler. Et même quand il travaillera, il rentrera ici tous les soirs. Je vais inviter tous nos amis du collège pour le nouvel an. Ce sera une surprise pour lui. C'est dans les moments les plus noirs qu'on a le plus besoin de s'amuser, non ?
J'ai repris mes études, avec plus d'acharnement que jamais. Je sais que je peux être utile. Ça ne sert à rien de se morfondre, j'aurais au moins appris ça.
Encore merci pour tout,
Lily.
Harry était à la fois soulagé, et intrigué. Qu'est-ce que sa mère ne disait pas ? À lire ses deux dernières lettres, on avait presque l'impression qu'elle était en guerre. Une guerre dont elle ne pouvait pas parler. Ses lettres laissaient penser que son père était policier, comme l'avait dit la mère de Liz. Était-ce cela la guerre à laquelle sa mère faisait allusion ? Et était-ce les malfaiteurs qu'ils combattaient qui avaient tué les parents de James. Pourquoi Lily n'était-elle pas plus précise dans ses lettres ?
Les lettres suivantes étaient dans le même genre. Sa mère parlait de sa vie, elle se plaignait de ne pas voir assez son père, elle parlait de ses études, aussi, mais en restant toujours dans le vague. Harry n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle avait bien pu faire. Elle ne reparlait plus de ce qui l'avait tant tourmentée.
Puis, une lettre retint son attention.
Godric's Hollow, le 20 01 1980,
Chère Deborah,
Tu ne vas pas le croire : je suis enceinte ! Je vais avoir un bébé ! Moi, maman, tu te rends compte ? J'ai vraiment du mal à réaliser ! Et James ! La tête qu'il a fait quand je lui ai annoncé la nouvelle ! Il est persuadé que ce sera un garçon. Ne serait-ce pas plutôt à moi de sentir ce genre de choses ? En tous cas, depuis qu'il sait que je suis enceinte, il est aux petits soins. Il rentre plus tôt le soir, il prévient mes moindres désirs, il me traite comme s'il avait peur que je casse à tout instant... Pourtant, ça ne se voit pas encore. Je me demande comment il sera quand j'en serai à mon neuvième mois et que j'aurai un ventre gros comme un ballon de football. Remarque, au rythme auquel il va, il aura sûrement fait une crise cardiaque bien avant. Je crois que je vais inviter sa bande de copains à la maison. Ils sauront peut-être me le déstresser un peu.
J'ai appris que Pétunia aussi attendait un enfant. Par tante Helen, la sœur de maman. Je ne me rappelle plus si tu la connais. Bref, son bébé sera un peu plus âgé que le mien, il devrait naître vers la fin du mois de mai. Ils seront cousins, ils auront le même âge, mais je me demande s'ils se connaîtront un jour... Je pense beaucoup plus à mes parents et à Pétunia, dernièrement. Il paraît que c'est normal. En tous cas, j'ai écrit à ma sœur. Je serais très étonnée si ma lettre ne rejoignait pas directement la cheminée, mais au moins j'aurais essayé. J'espère que tu es fière de moi, toi qui essaie toujours de nous rabibocher.
Je n'ai pas beaucoup de temps pour écrire : je suis très occupée depuis quelques mois, je remplace un professeur de mon ancien collège qui s'est blessé. Mais je pense très fort à toi, à vous tous. Au fait, est-ce que Nikkie a aimé le ski ?
A très bientôt, j'espère.
Lily.
Dans les lettres suivantes, Lily parlait surtout du bébé à venir. De sa surprise et de sa joie en apprenant que Deborah, elle aussi, était enceinte. Elle parlait aussi du plaisir qu'elle éprouvait à retrouver le collège. D'une virée à Londres au cours de laquelle elle avait retrouvé sa vieille baby-sitter et où elles avaient écumé le rayon naissance des magasins. Et, finalement, Harry en arriva au moment de sa naissance. La lettre était un peu froissée, et l'écriture un peu moins ferme que d'habitude.
Godric's Hollow, le 02 08 1980
Chère Deb,
J'ai le plaisir de t'annoncer une grande nouvelle : Harry est né ! Il y a maintenant deux jours. Trois kilos deux, cinquante et un centimètres, et c'est le plus beau bébé qui ait jamais existé. Non, je n'exagère pas. On voit qu'il sera le portrait de son père : il a déjà une épaisse couche de cheveux noirs qui ne tiennent pas en place, il a les traits de James, et il crie aussi fort que lui ! Et le papa est complètement sous le charme, lui aussi. Il a obtenu une semaine de congé, ce qui est tout à fait exceptionnel, et il est aux petits soins pour le bébé, et pour moi. Je n'ai pas le droit de quitter mon lit. Ce qui ne me dérange pas, d'ailleurs, puisque nous avons mis le berceau juste à côté. Pour l'instant, il est en bas avec ses amis, mais je sens qu'il ne va pas tarder à monter...
Sirius était là à peine quelques heures après la naissance. Nous l'avons désigné pour être le parrain de Harry. Ni James ni moi ne sommes particulièrement religieux, comme tu le sais, mais c'est rassurant de savoir que, s'il devait nous arriver quelque chose, il y aura quelqu'un pour prendre soin de Harry. Sirius a promis de le faire, et je sais qu'il tiendra parole. C'est comme un frère pour James, et lui aussi a déjà été envoûté par Harry. Non que nous ayons l'intention de l'abandonner, bien sûr, mais... on ne sait jamais, et j'ai l'impression que le monde devient de plus en plus sombre ces derniers temps. Je ne veux pas que mon bébé se retrouve seul là dedans.
Un petit cri en provenance du berceau. On dirait qu'il se réveille... Ça y est, James se rue déjà dans l'escalier. Je ne savais pas qu'il avait d'aussi bonnes oreilles. D'habitude, quand il est avec ses amis, une bombe dans la rue ne réussit pas à le ramener dans le monde réel.
...
Après un bon repas (pour Harry), et après l'avoir changé et remis dans son lit, je reprends ma plume. Harry s'est déjà rendormi. James a essayé de me faire dormir aussi, mais je n'ai pas deux jours, et, accouchement ou non, je ne peux pas dormir toute la journée. Et, non, James, tu n'as pas besoin d'écrire ma lettre à ma place. Je suis parfaitement capable de tenir une plume, merci.
Ouf, il a fini par redescendre. C'est agréable d'être dorlotée, mais quand même, il y va un peu fort .Il n'empêche, ça fait plaisir de le voir comme ça. Je crois qu'il a réussi à oublier un peu tous les gros méchants de ce monde. Harry n'a que quelques heures, mais il réalise déjà des miracles. Il doit tenir de moi. Tu te rappelles comment tu m'appelais quand j'étais petite ? Miss Miracle, à cause de toutes ces choses bizarres qui arrivaient. Harry est comme moi. C'est un Mr Miracle. Ou peut-être que c'est un miracle, simplement. Le simple fait qu'il existe.
Je pourrais continuer des heures à parler de lui. Mais et toi, alors ? Comment vas-tu ? Est-ce que ta fille bouge toujours autant ? Est-ce que vous avez enfin choisi un prénom ? Plus que deux mois, n'est-ce pas ? C'est merveilleux de penser que toi aussi tu vas connaître un pareil bonheur. Oh, mais bien sûr, tu sais déjà ce que c'est ! Comment Nick prend-il l'arrivée prochaine de sa petite sœur ? Ça doit être une sacrée promotion pour lui d'accéder au rang de grand frère.
J'espère que nous aurons bientôt l'occasion de nous revoir. Je penserai très fort à toi vers le début du mois d'octobre.
Amitiés,
Lily ( et Harry, qui dort toujours, et James, dont j'entends de nouveau le pas dans l'escalier.
Harry avait la gorge nouée en terminant cette lettre. Il pensait à ce qu'aurait pu être sa vie si ses parents avaient vécu. En même temps, le passage au sujet de son parrain le laissait perplexe. Pourquoi avait-il finalement atterri chez les Dursley alors que ses parents avaient semblé si désireux que cela n'arrive pas ? Qu'était devenu le dénommé Sirius ? Est-ce que son père et sa mère s'étaient trompés, est-ce qu'il avait trahi sa promesse ? Est-ce qu'il était mort lui-aussi ? Peut-être les lettres suivantes allaient-elles lui en apprendre davantage là-dessus, se dit-il en reprenant sa lecture. Mais les dernières lettres de Lily lui étaient presque entièrement consacrées. Ses premiers sourires, ses premières bêtises, ses premiers pas. Comment il faisait le bonheur de ses parents. Il y avait beaucoup d'allusions à Liz, aussi, comme en réponse à des choses que sa mère aurait dites dans les lettres qu'elle envoyait elle aussi à son amie. On sentait cependant que Lily était anxieuse, mais elle n'exprimait pas directement ses craintes. Jusqu'à sa dernière lettre. C'était la plus courte de toutes, et l'écriture était tremblante. Et, pour Harry, ce fut aussi la plus dure à lire. Celle qui fit exploser son cœur déjà ému par le reste de la correspondance, celle qui saccada sa respiration, celle sur laquelle ses doigts se serrèrent si fort qu'ils y laissèrent des marques.
Godric's Hollow, 31 10 1981,
Deb,
Écrire est la seule chose qui m'empêche de devenir folle aujourd'hui. Il y a tant de choses que je voudrais te dire, que j'aurais dû te dire il y a des années... Je n'ai jamais osé, par peur de ta réaction... Pétunia m'a conditionnée, je suppose... C'est trop tard, maintenant. J'ai peur, Deb. Une peur terrible, une peur qui me serre le ventre, qui me noue la gorge. Je peux à peine écrire. James dit que tout se passera bien, qu'il ne nous arrivera rien. Je prie pour qu'il ait raison. J'ai un mauvais pressentiment. Harry semble se rendre compte de quelque chose, lui aussi. Il s'agrippe à moi et hurle si je le pose. Ce n'est pas dans ses habitudes. Quoi qu'il arrive, je le protégerai. Je ferai tout pour qu'il ne lui arrive rien. J'imagine que tu ne comprends rien à tout cela, une fois de plus. Je n'ai pas le temps de t'expliquer, maintenant. Je te jure que je te dirai tout la prochaine fois que nous nous verrons, si nous nous revoyons un jour. Je veux juste que tu saches que, quoi qu'il arrive, même si tu n'entends plus jamais parler de moi, je te serai éternellement reconnaissante pour tout ce que tu as fait pour moi. Tu as toujours été là pour me soutenir, même quand ce n'était que par des lettres, sans jamais t'énerver à propos de tout ce que je t'ai toujours caché.
Merci pour tout,
Lily.
Harry mit longtemps avant de pouvoir détacher son regard de la missive. Sa mère avait-elle réellement su qu'elle allait mourir ? Mais pourquoi ? Est- ce qu'il était vrai que les gens avaient des pressentiments à l'approche de leur mort ? Et lui aussi, apparemment... Était-ce seulement de cela que parlait sa mère ? Est-ce que c'était un autre de ces dons étranges qu'il avait héritées d'elle ? Mais il semblait y avoir autre chose derrière. Sa mère semblait redouter de terribles événements. Qui ne pouvaient pas être un simple accident de voiture, que impossible à prévoir. Est-ce que l'histoire de Liz était finalement vraie ? Ses parents avaient-ils été assassinés, leur voiture trafiquée pour qu'ils aient cet accident ? Tout au long des lettres de sa mère, on retrouvait cette angoisse. Elle avait peur de quelqu'un. C'était ces mêmes gens, semblait-il, qui avait tué ses grands- parents paternels. Et que son père combattait avec tant d'acharnement. Mais quel était le lien avec cette mystérieuse école, qui semblait avoir tant d'importance pour eux ? Est-ce que cette école préparait spécialement à combattre ces ennemis ? Mais, dans ce cas, pourquoi étaient-il allés chercher sa mère, qui n'avait aucun lien avec eux ? Et si c'était vraiment une école de préparation au combat, à un certain type de combat, sa mère aurait été impliquée plus activement à sa sortie. De plus, si ce genre de choses existait, il y en aurait des traces quelque part, non ? Pourquoi garder tout cela secret ?
Une fois de plus, Harry se heurtait à un mur. Et une fois de plus, il avait la certitude que son oncle et sa tante avaient la réponse aux questions qu'il se posait. Après tout, ils savaient que, quoi qu'aient fait ses parents, c'était risqué. Du moins si les lettres qu'il avait reçues avaient un rapport avec tout cela, et il en était persuadé. Ils avaient dit, en refusant ce quoi que ce soit qu'on leur proposait, ou plutôt qu'on lui proposait, à lui, que c'était trop dangereux. Et il se demanda si leur but était réellement de le protéger. Il avait toujours pensé qu'ils se moquaient complètement de ce qui pouvait lui arriver. Mais peut-être était- ce seulement eux qu'ils voulaient protéger... Mais pourquoi avait-il atterri là ? Nul part n'était mentionné qu'il était arrivé quelque chose à ce fameux Sirius. Ce parrain qui aurait dû le prendre chez lui. Il savait pourtant que ses parents étaient morts le soir de Halloween. Son oncle avait dit un jour qu'ils avaient sans doute bu un coup de trop pour le célébrer, et que c'était comme ça que c'était arrivé. Ce qui signifiait... le soir où sa mère avait écrit cette dernière lettre. Et il pensait qu'à ce moment, Sirius était encore désigné pour s'occuper de lui. Ce qui laissait peu de temps pour que quelque chose lui arrive. À moins que son parrain ne se soit trouvé dans la voiture, lui aussi... Il avait toujours pensé qu'ils n'étaient que trois dans la voiture au moment de l'accident, mais si ça n'avait pas été le cas ?
Tant de questions tournaient et retournaient dans sa tête... Et, en arrière plan, il revoyait sans cesse cette fameuse nuit. Du moins, ce dont il se souvenait. La lumière verte si intense, la brûlure au front... Et il lui semblait entendre un rire sinistre... Probablement son imagination, à la pensée que quelqu'un avait provoqué tout cela... Harry frissonna. Remettant les lettres avec soin dans la pochette qu'il posa par terre, il se glissa sous sa couverture pour essayer de retrouver un peu de chaleur. De se protéger, à la fois contre ce qu'il venait de découvrir, et contre tout ce qu'il ignorait et qui le hantait. Et contre ces mystérieux ennemis, aussi, qui étaient peut-être encore là, dehors. Les aiguilles du vieux réveil indiquaient deux heures du matin lorsqu'il finit par s'endormir.
Ce furent les cris perçants de la tante Pétunia qui le réveillèrent. Et il lui sembla que ça faisait un moment qu'elle s'égosillait.
" Debout, fainéant ! Tu crois donc que je n'ai que ça à faire ?
- J'arrive, tante Pétunia, finit-il par trouver le courage de grogner. "
Il fit basculer ses jambes hors du lit avec peine, prit ses affaires et se dirigea vers la salle de bains. Dix minutes plus tard, lavé et habillé, il descendait dans la cuisine, acceptant sans discuter de surveiller le bacon.
" Tu n'oublieras pas de sortir les poubelles avant de partir, lui rappela sa tante.
- Oui, tante Pétunia."
L'oncle Vernon descendit à ce moment là, prenant sur la table le journal du jour dans lequel il se plongea. Harry cuisina les oeufs en silence, mais les questions étaient toujours aussi aiguës que la veille. Et, finalement, en amenant le plat sur la table, il se hasarda à demander, comme si la question n'avait que peu d'importance :
" Tante Pétunia, est-ce que j'ai un parrain ?"
Sa tante brisa le toast qu'elle était en train de beurrer, et son oncle leva brusquement les yeux de son journal.
" Combien de fois faudra-t-il te répéter de ne pas poser de questions ? demanda-t-elle, l'air menaçant. Et d'abord, pourquoi poser une telle question ?
- C'est juste..." Il réfléchit à toute vitesse. " C'est pour l'école, mentit-il. On fait un genre de sondage, une étude, c'est pour les cours d'instruction civique.
- Qu'est-ce qu'ils ne vont pas inventer dans ces collèges publics, gronda l'oncle Vernon d'un ton méprisant. Ils feraient mieux de mettre un peu de bon sens et de discipline dans la tête de ces garnements, au lieu de faire ces études à la noix. Et, non, mon garçon, tu n'as pas de parrain. Réfléchis un peu, nous ne t'avons pas pris avec nous par plaisir, mais parce que personne d'autre n'était disposé à le faire. Maintenant dépêche- toi de ranger cette cuisine et de filer d'ici !"
Harry jugea préférable de ne pas insister. Son oncle et sa tante ne lui en apprendraient pas plus, par contre ils risquaient de s'énerver rapidement. Sachant que ce qu'avait dit son oncle était sûrement vrai, cela signifiait qu'ils n'avaient jamais entendu parler de Sirius. Donc que celui-ci ne s'était jamais manifesté à la mort de James et Lily.
Plus tard, au collège, Harry résuma pour Will ce qu'il avait appris. L'autre garçon, à son grand soulagement, ne mit pas sa parole en doute, même s'il ouvrit de grands yeux. Qui s'agrandirent encore quand Harry lui raconta ce qu'avaient dit les Dursley. Will savait que son ami et sa famille ne s'entendaient pas bien, il n'avait jamais vraiment réalisé à quel point. C'était quelque chose dont Harry n'aimait pas vraiment parler. De plus, il y était tellement habitué que certains jours cela lui semblait presque normal.
- Tu sais, commenta Will. Je crois vraiment que Liz a raison. Bon, peut- être pas dans les détails, mais quand même. Son histoire cadre parfaitement avec le contenu étrange de ces lettres.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Tu dis que ta mère semblait avoir peur, dans sa dernière lettre mais aussi dans d'autres avant. Peut-être qu'elle avait une intuition particulièrement forte, mais et si elle avait su pertinemment, et depuis des années, que quelqu'un était à sa poursuite ?
- Ce sont ceux que mon père pourchassait dans son travail qui étaient à sa poursuite. Ceux qui ont tué mes grands-parents. Cette histoire de princes, c'est n'importe quoi. Pourquoi auraient-ils envoyé mon père dans ces missions dangereuses qui faisaient peur à ma mère s'il avait été quelqu'un d'aussi important ?
- Un prince, ou un roi, se doit d'être à la tête de ses armées. Et peut- être que ton père n'était pas si important, peut-être que c'était juste ta mère...
- Je croyais que tu n'aimais pas Liz, alors pourquoi tu t'obstines à défendre son histoire ?
- Nous n'avons pas de meilleure explication. Et puis, ce serait génial, non ? Et je croyais que toi, tu l'aimais bien, cette fille. Alors pourquoi tu refuses d'admettre ce qu'elle a dit ?
- Mais parce que c'est complètement fou ! Moi un prince ? Liz, elle est bien gentille, mais elle est toujours dans la lune ou dans un livre ! Alors ça ne m'étonne pas qu'elle invente des histoires comme ça. Mais dans la réalité, ça ne marche pas comme ça. En plus, d'après la mère de Liz, ma mère était le portrait de sa propre mère.
- Bien sûr, cette histoire de prince, c'est stupide. C'est une histoire de fille. Mais tes parents devaient avoir quelque chose d'extraordinaire.
- Mes parents, peut-être. Mais pas moi. Pas moi, Will. J'ai passé la plus grande partie de ma vie à espérer qu'il y avait encore quelque part quelqu'un pour qui j'étais important. Quelqu'un qui allait venir me chercher. Mais personne n'est jamais venu.
- Pourtant, ces "ils" dont parlaient ton oncle et ta tante, ils existent réellement, non ? Il y a bien des gens qui ont envoyé ces lettres, qui te les ont envoyées à toi, et non à ta famille.
- Je sais bien, mais... Tout cela n'a pas de sens. J'ai retourné tout ça dans ma tête toute la nuit, et c'est la seule conclusion que j'en ai tiré.
- Il y a forcément une explication ! Torture ton oncle et ta tante jusqu'à ce qu'ils te disent la vérité !
- Bien sûr. Tu crois vraiment que si je connaissais le moyen d'avoir le dessus sur mon oncle et ma tante je les aurais laissé me traiter comme ça pendant dix ans ?
- Non. Mais avoue que ce n'est pas l'envie de faire ça qui te manque.
- Ok. J'en ai envie." Harry se mit à rire, son amertume soudain envolée. " Je les vois bien attachés sur des chaises, et moi avec le fer à repasser de ma tante. "Vous allez me dire qui étaient vraiment mes parents ?". Non, je ne peux vraiment pas faire ça, Will. En tous cas pas maintenant. Il vaudrait beaucoup mieux que j'attende le retour de Dudley. Je suis sûr que lui aussi apprécierait une petite séance de torture.
- Si tu le dis... On va trouver une autre solution. Attends une minute..." Will redevint sérieux. " Il n'y aurait pas un grenier dans ta maison ?
- Si, je crois..." répondit Harry. Tante Pétunia disait souvent de vieilles affaires qu'elle allait les monter au grenier. Les cahiers de Dudley, à la fin de chaque année scolaire, par exemple. Le vieux lit de camp dans lequel Harry dormait à l'époque où il était dans le placard. Mais il ne se rappelait pas y être jamais allé. " Mais je ne sais pas où il est, dit-il doucement.
- Tu ne sais pas ? Allons, tu dois quand-même bien connaître ta maison, non ? S'il y a un grenier, il y a forcément une porte, une trappe, ou quelque chose qui permette d'y entrer.
- Je crois que l'entrée est dans la chambre de mon oncle et ma tante. Mais je n'ai pas le droit d'y aller.
- Si ta mère a vécu dans cette maison, il y a peut-être encore des objets qui lui ont appartenu au grenier. Des trucs qui pourraient dater de l'époque où elle était élève dans ce collège, le nom de ses amis, peut-être des adresses !
- Tu crois qu'on pourrait retrouver quelqu'un qui la connaissait à cette époque, tu veux dire ?
- Ca vaut le coup d'essayer, non ?
- Mon oncle et ma tante vont me tuer s'ils s'aperçoivent que je suis rentré dans leur chambre", dit Harry. Mais il savait déjà qu'il allait le faire. Il ne pouvait pas laisser passer sa chance si vraiment il pouvait trouver des renseignements sur ce mystère qui entourait ses parents.
L'occasion qu'il attendait se présenta quelques jours plus tard, sous la forme d'une émission de télévision qui passionna les deux adultes. Harry les avait entendus en parler pendant le dîner, et savait qu'il était peu probable qu'ils quittent le salon pendant les deux heures que devait durer le programme. Après le repas, Harry, comme à son habitude, se retira dans sa chambre. Mais une demi-heure plus tard, après le début supposé de l'émission il en sortit silencieusement. Il entendait le son de la télévision au rez-de-chaussée, signe que son oncle et sa tante devaient être au salon, pourtant il fit le moins de bruit possible en ouvrant la porte de sa chambre, en traversant le pallier. Et, finalement, doucement, il fut devant la porte de la chambre de ses oncle et tante. Il l'ouvrit doucement, et pénétra dans la pièce. Il n'y était que rarement entré. La chambre était impeccablement rangée, comme le reste de la maison, le lit fait au carré. Il reconnaissait la touche méticuleuse de sa tante. Aux murs étaient accrochées des photos de Dudley. Mais il n'était pas là pour visiter la pièce. S'il se rappelait correctement... Oui, dans un coin de la pièce se trouvait un escalier de bois, qui menait à une trappe.
Harry commença prudemment à gravir les marches. Lorsque la trappe fut à portée de main, il essaya de l'ouvrir. Mais sans y parvenir. Regardant de plus près le panneau, il remarqua ce qu'il aurait dû voir depuis le sol s'il avait fait plus attention. La trappe était fermée par un cadenas. Il ne pouvait pas rentrer.
Redescendant de l'échelle, il se mit à fouiller dans les tiroirs du bureau pour essayer de trouver la clé, mais elle ne s'y trouvait pas. Ce qui ne le surprit pas. Harry savait que l'oncle Vernon gardait la plupart des clés de la maison dans sa poche. Après avoir fouillé sans résultat la chambre pendant un long moment, Harry se résigna à quitter la pièce et retourner dans sa chambre, déçu, et en même temps plein d'espoir. Si son oncle et sa tante avaient jugé nécessaire de fermer le grenier à clé, c'était qu'il y avait dedans des choses qu'ils ne voulaient pas que l'on découvre. Ni lui, ni Dudley, qui avait naturellement un accès libre à la chambre de ses parents. Et ce quelque chose pourrait bien être, pour Harry, la solution du mystère. S'il trouvait un moyen d'y avoir accès. La télévision marchait toujours au rez-de-chaussée quand le jeune garçon rejoignit sa propre chambre.
Merci d'avoir lu encore ce chapitre. Merci aussi aux reviewers du précédent.
Tiffany Shin : Il a pas fini d'en apprendre, des choses. Merci pour ta review.
Céline S : Oups ! Désolée, je ne voulais vexer personne ! J'avoue que je ne connais strictement rien au basket, mais j'entend répéter tout le temps que je devrais en faire parce que je suis grande, alors j'ai fini par assimiler que c'était un sport de grand. C'est vrai que j'aurais dû choisir quelque chose d'autre, et ne pas faire ainsi dans les idées reçues. Excuse moi ( pour tous les basketteurs de petite taille ). Et merci beaucoup pour tes reviews.
Alixe : Merci.
Izabel : Merci pour ta review. Contente que tu aimes la baby-sitter. Là, ça commence à se démêler un peu, non ?
Hannange : Ca y est, tu l'as eu le chapitre.
LeDjiNn : Merci beaucoup. Contente que ça continue à te plaire. J'adore écrire des enguelades, et si ça plaît aussi aux lecteurs... Et Harry a pas fini d'apprendre des trucs sur ses parents, même s'il est pas prêt de tout comprendre.
Dega : Pour ton problème de sautillement, tu devrais peut-être aller faire un footing, et revenir après. Sinon, tiens ton portable avec une main et tape de l'autre, il devrait accompagner tes sauts. En tous cas, si tu sautilles d'impatience depuis deux semaines, tu dois avoir de sacrés mollets. Merci pour ta review, et merci d'aimer.
Crys : La voila, la suite. Merci pour la review.
Rose Potter1 : Salut ! Merci beaucoup pour tes reviews, et pour avoir modifier le "tite" qui m'aurait vexée à un point que tu n'imagines même pas ( C'est vrai, quoi, je fais plus d'un mètre quatre vingt, j'estime avoir le droit d'être qualifiée de grande. Comment ça même si je suis grande j'ai encore une tête démesurément enflée ?). Tu veux connaître le plan de Dumbledore pour faire revenir Harry dans le monde des sorciers ? Il en a un ? Ah, tant mieux. Mon histoire devrait faire une dizaine de chapitres, peut- être un peu plus.
Csame : Merci beaucoup pour tes reviews. Ca fait plaisir de voir que tu aimes aussi cette fic, et surtout la scène entre les Dursley et la mère de Liz que j'ai beaucoup aimé écrire. Harry n'est pas dans un collège chétien, puisque c'est public. Et j'ai pensé que pour la même raison ça pouvait être mixte. D'autant plus, que, comme tu le dis, c'aurait été triste de n'avoir que des garçons.
