Disclaimer : Rien à moi, tout à JKR et je ne touche pas d'argent donc pas de poursuites merci.

Merci à Mirabelle P (si, aussi pour ce chapitre.).

Chapitre 5 : Avant Noël.

L'oncle Vernon tint parole. Le lendemain, Harry se réveilla à son heure habituelle, mais sa porte était toujours fermée. Il entendit les bruits habituels de son oncle et sa tante vacant à leurs occupations matinales. Les aiguilles du vieux réveil sur la table de nuit progressaient lentement. Finalement, dix minutes avant le moment où il aurait normalement dû prendre son bus, Harry n'y tint plus.

" Laissez-moi sortir ! cria-t-il à travers la porte close. Si je ne suis pas au collège, ils s'en rendront forcément compte ! Ils vont se poser des questions, les gens vont parler !" Mais ils ne prirent même pas la peine de lui répondre. Le coeur gros, il regarda l'heure fatidique arriver, puis passer. Puis l'heure à laquelle les cours commençaient... Vers neuf heures, il entendit le pas de sa tante dans le couloir. Elle s'arrêta une clé tourna dans la serrure, et il eut un moment d'espoir. Peut-être Pétunia allait-elle l'emmener, finalement, peut-être avait-elle changé d'avis... S'il ne manquait qu'une heure, ce ne serait pas si grave ...

Mais cet espoir fut vite anéanti. La tante Pétunia n'avait aucune intention de le laisser retourner à l'école. Elle le prit sèchement par l'épaule et le conduisit jusqu'à la salle de bains.

" Lave-toi, ordonna-t-elle. Tu as dix minutes." Lorsqu'il referma la porte, Harry eut un instant la tentation de fuir, d'aller au collège malgré l'interdiction. Mais il ignorait où sa tante se trouvait. Elle pouvait très bien monter la garde devant la porte. Et il n'osait même pas penser aux conséquences si jamais il faisait cela. Aussi prit-il une douche brûlante et s'habilla-t-il dans le temps imparti, sans prendre la peine de se coiffer. A quoi bon s'il devait rester dans sa chambre ?

Lorsqu'il sortit de la salle de bains, il trouva sa tante en train de faire le ménage dans l'escalier. Une manière de s'assurer qu'il ne prendrait pas la fuite, et il fut soulagé de ne pas avoir essayé. Elle le ramena dans sa chambre, où l'attendait un plateau de nourriture. Il mangea sans appétit, et passa le reste de la journée à essayer de travailler pour ne pas penser, et à contempler les aiguilles du vieux réveil.

Au cours des jours qui suivirent, la vie de Harry se limita à cette routine. Tous les matins, mû par l'habitude et par un espoir insensé, Harry faisait sonner son réveil à l'heure habituelle. Mais tous les matins, quand il se levait, il trouvait la porte fermée. Après le départ de son oncle, sa tante l'autorisait à se rendre à la salle de bains, et lui donnait à manger. Elle lui rapportait généralement un plateau vers le soir. Avant le retour de son mari. Et Harry tournait comme un lion en cage. Il avait tenté de parler à sa tante, mais jamais elle ne lui avait donné les réponses qu'il attendait. Et le fait qu'il manque l'école ne semblait pas beaucoup la perturber.

" On a envoyé un mot pour dire que tu étais malade, répliqua-t-elle vertement alors qu'il tentait pour la énième fois d'aborder le sujet.

- Ca veut dire que je vais pouvoir y retourner ? demanda-t-il, plein d'espoir.

- Nous n'avons pas encore décidé ce que nous allions faire de toi. Aère un peu cette pièce, c'est une horreur, ajouta Pétunia en le poussant dans sa chambre, coupant court à toute tentative de conversation.

Le week-end arriva puis passa. Harry s'ennuyait tant qu'il avait lu ses livres de cours, et certains de la bibliothèque de Dudley. Il avait plus ou moins l'espoir que son oncle déciderait de le renvoyer en cours le lundi, mais cet espoir fut déçu.

Il y avait maintenant une semaine que Harry était enfermé, et il ne voyait aucun changement, aucun indice que son oncle pourrait le laisser sortir. Il commençait à redouter d'avoir à passer sa vie dans cette chambre. L'inaction lui pesait, il n'arrivait plus à tenir en place. Plusieurs fois, déjà, il s'était mis à sautiller dans la chambre pour évacuer son trop plein d'énergie. Son poignet avait dégonflé depuis qu'il était au repos, ou peut-être était-ce un effet de la pommade appliquée par le professeur de sport. Il ne pouvait toujours pas s'en servir, mais ce n'était pas un gros handicap, il n'en avait pas besoin. Au moins, il n'avait plus mal.

Le deuxième week-end ne fut guère différent du premier. Harry se mit alors à échaffauder des plans d'évasion. Il allait fuir cette maison et ne jamais revenir. Il lui suffirait de passer devant sa tante au moment où celle-ci ouvrirait la porte de sa chambre. Elle ne l'attraperait jamais, il était beaucoup trop rapide.

Le lundi matin, lorsque son réveil sonna, il ne se donna même pas la peine d'aller regarder si la porte était ouverte. Il s'habilla, et s'assit sur son lit pour attendre la venue de Pétunia. Il ne voyait pas plus loin que sa fuite. Dans un sac, il avait rassemblé les lettres de sa mère. Pas de vêtements de rechange, pas d'équipement de survie, pas de nourriture. Il n'avait rien de tout cela. Rien qu'il ait envie d'emmener, en tous cas, concernant les vêtements. Il n'avait pas non plus d'argent, et nulle part où aller. Ces pensées avaient à peine traversé son esprit. Tout ce qui comptait était de quitter cette chambre.

Il sursauta cependant quand la clé tourna dans la serrure bien avant l'heure habituelle de venue de la tante Pétunia. Il se leva d'un bond, prêt à bondir dès que la porte s'ouvrirait. Mais son élan fut coupé net quand il réalisa que ce n'était pas la tante Pétunia mais l'oncle Vernon qui se tenait dans l'embrasure. Ce qui rendait son plan beaucoup plus difficile à réaliser.

" La punition est levée, gronda-t-il, comme si ces mots lui coûtaient. Tu as vingt minutes pour attraper ton bus et ne t'avise pas de le manquer. Et fais très attention, la prochaine fois je ne serai pas aussi indulgent. Au prochain écart, c'est le centre d'éducation de Saint Brutus pour toi, mon garçon.

- Oui, oncle Vernon," répondit Harry, incapable de cacher l'immense sourire qui lui montait aux lèvres.

Vingt minutes plus tard, le sac sur le dos, il montait dans le bus en compagnie de ses camarades. Il fut surpris et touché lorsque tous ceux qui le connaissaient vinrent lui demander de ses nouvelles.

Comme d'habitude, il était en avance. Lorsqu'il se rendit au bureau des Préfets pour y donner le mot d'excuse que lui avait écrit l'oncle Vernon, il tomba sur Nicolas.

" Tiens, Harry ! s'exclama le préfet en chef, en prenant le papier. C'est Liz qui va être contente que tu sois de retour. Elle était très inquiète pour toi. Elle s'était fait des histoires comme quoi tu n'étais pas malade, et je ne sais plus quoi.

- Pourquoi ? demanda Harry, soudain inquiet. Pourvu que Liz n'ait pas raconté partout la tentative d'enlèvement et toutes les questions qu'il se posait sur ses parents !

- Oh, je ne sais plus trop. On a tellement l'habitude de l'entendre raconter des histoires que je n'écoute plus vraiment. Mes parents non plus, d'ailleurs." Il apposa un tampon en bas du papier.

" Parfait, tout est en ordre. Tu peux aller en cours." Avec une bourrade amicale, Nicolas le reconduisit à l'extérieur du bureau. Harry se dirigea alors vers la salle d'anglais, pour son premier cours de la journée. Il vint prendre sa place habituelle près de Will. Lorsque celui-ci l'aperçut, il se leva d'un bond.

" Harry ! s'exclama-t-il. Tu vas bien ?

- Oui, répondit Harry, un peu surpris par la violence de cette réaction. Etait-il possible que Will se soit inquiété à ce point pour lui ?

- Je commençais à croire que tu ne reviendrais pas ! Qu'est-ce qui t'est arrivé ?

- Plus tard, d'accord ? répondit Harry sèchement en voyant Nadia s'approcher.

- Ca va Harry ? demanda-t-elle. Tu as été absent drôlement longtemps !

- J'ai été malade, mais ça va mieux, répondit Harry. Son oncle lui avait clairement fait comprendre qu'il valait mieux qu'il s'en tienne à cette version, du moins en dehors de ses amis. Little Whinning n'était pas une si grande ville, tout pouvait revenir aux oreilles des Dursley.

- Qu'est-ce que tu as eu ? demanda la fille.

- Oh... une mauvaise grippe, dit Harry, se rappelant quelques mots qu'il avait lu sur le billet écrit par l'oncle Vernon.

- C'est pas drôle, dit la fille.

- On voit que tu as été malade, commenta une de ses amie en les rejoignant. Nadia, tu peux venir voir ? Meg a ramené des photos de son petit chiot !"

L'une à la suite de l'autre, les deux filles s'éloignèrent. Will les regarda et sourit d'un air moqueur, puis il demanda à Harry :

" Tu as appris quelque chose de nouveau ? Je veux dire sur ton mystère...

- Non, répondit brièvement celui-ci.

Au ton sec de Harry, le visage de Will se crispa, et son expression perdit sa jovialité. "Ok, reprit-il d'une voix grave. Je comprends tout à fait que tu m'en veuilles, Harry. Je m'excuse, d'accord ? Mais je ne pouvais pas savoir. Crie un bon coup si ça te fait plasir, je comprendrai parfaitement, mais ne commence pas à me faire la gueule.

- Mais de quoi tu parles ? demanda Harry, stupéfait. Je ne fais pas la tête ! C'est juste que je n'ai vraiment rien appris de nouveau cette semaine, et que pour ta précédente question, j'avais vu Nadia arriver et je préfère que tout le monde ne soit pas au courant de ce qui m'est arrivé. Pourquoi devrais-je te faire la tête, au fait ?

- C'est de ma faute, tout ça. Tu as eu des problèmes avec ta famille, n'est- ce pas ? Et c'est moi qui t'ai dit de lui parler.

- Tu ne connaissais pas les Dursley. Je t'en ai peut-être un peu voulu, au début, mais en fait c'est moi qui ai pris la décision de leur parler. En plus, ça n'a pas vraiment été horrible, tu sais. Ce que je t'ai dit ce jour là l'est encore aujourd'hui : les Dursley ne m'ont jamais frappé.

- Il y a autre chose que je dois te dire, Harry. Comme il y avait plus d'une semaine que tu ne donnais plus de nouvelles, et après ce qui s'était passé, j'ai...

- Plus tard, Will, chuchota Harry en désigant leur professeur d'anglais qui venait d'entrer dans la salle. Le silence s'était fait autour d'eux, et Harry n'avait pas envie de prendre une nouvelle retenue dès sa première journée de retour après son absence. Avant que Will ait eu le temps de répondre, le professeur Thomson aperçut Harry.

" Je vois que nous avons un revenant, dit-elle. Potter, vous passerez me voir à la fin de l'heure. Miss Marcxh, dépêchez-vous d'aller vous asseoir, vous êtes en retard. Maintenant je veux deux volontaires pour lire l'extrait de Hamlet que vous aviez à préparer. Et ne lisez pas comme si vous aviez une gentille conversation avec votre voisin, ajouta-t-elle en désignant deux mains levées. Harry écouta distraitement le cours. Il n'était pas vraiment inquiet, pour une fois, d'être retenu à la fin de l'heure. Il se doutait que cela avait à voir avec son absence, il avait toujours son mot dans son sac. Will avait promis de lui apporter ses cours, pour qu'il rattrappe ce qu'il avait manqué, et il avait déjà étudié à peu près toutes les matières dans les livres, alors qu'il s'ennuyait seul dans sa chambre, donc il ne voyait pas ce que Thomson pourrait lui reprocher. Son poignet droit était suffisamment remis pour qu'il puisse écrire sans trop de problème, ce qui lui évitait les questions à ce sujet.

A la fin du cours, son mot à la main, il s'approcha du bureau du professeur. Elle y jeta à peine un coup d'oeuil avant de se tourner vers son élève et de le regarder dans les yeux.

" Y aurait-il quelque chose que vous voudriez me dire, Potter ?" Il se sentit rougir sous le regard perçant.

" Non, Madame.

- Ne trouvez-vous pas étrange que votre maladie se soit déclenchée le lendemain de cet enlèvement ?

- Si, mais c'est juste une coïncidence.

- Bien sûr. Potter, vous savez qu'en cas de problème vous pouvez toujours venir me voir, n'est-ce pas ?

- Oui, madame. Mais je n'ai pas de problème, assura Harry.

- Dans ce cas je ne vous retiens pas. Il y a une interrogation au prochain cours, donc essayez d'avoir rattrapé votre retard d'ici là.

- Oui, Madame. Au revoir." Harry ramassa ses affaires à la hâte et prit le chemin de la salle d'histoire, la matière préférée d'à peu près tout le monde dans la classe. Le cours commençait quand il arriva.

- Mr Potter ! s'exclama le professeur. Dépêchez-vous de prendre place ! N'attirez pas sur vous la colère de Zeus par votre retard !"

Après une heure ponctuée de nombreux éclats de rire, Les élèves descendirent dans la cour pour la récréation. Harry et Will furent rapidement rejoints par Liz, et tous les trois s'isolèrent dans un coin de la cour. Harry fronça les sourcils, surpris : d'ordinaire, plus ses deux mais étaient loin l'un de l'autre, mieux ils se portaient. Il se garda cependant de leur en faire la remarque, de peur de réveiller les vielles rancunes. Mais Liz et Will semblaient être devenus amis pendant son absence. Harry raconta ce qui s'était passé quand il avait tenté de faire parler son oncle et sa tante. Les deux autres exprimèrent leur indignation.

" Ce sont des monstres ! s'écria Liz. Pas des humains ! Je suis sûre qu'ils sont possédés !

- Je n'essaierai plus jamais de te pousser à leur parler, promis, dit Will. Tu aurais le droit d'appeler le numéro d'enfance maltraitée !

- Ca va, fit Harry d'un ton calmant. Ils ne sont pas si terribles. C'est une question d'habitude. Ils ont tout de même fini pas me laisser sortir. Ils finissent toujours par le faire. Et ils m'ont donné à manger. Mais ils ne sont pas prêts de me dire la vérité. Ils ont peur. Ma tante a failli tomber dans les pommes quand je lui ai raconté que j'avais failli être enlevé.

- Harry, dit Liz, il faut qu'on t'avoue quelque chose. On était extrêmement inquiets pour toi la semaine dernière. Will avait même tellement peur qu'il te soit arrivé malheur par sa faute qu'il a accepté de me parler.

- Seulement parce que j'avais peur que tu ne te mettes à pleurer au milieu d'un cours, rétorqua le garçon. Ou que tu ne racontes cette histoire à tout le monde. Je connais les filles.

- Peu importe, intervint Harry de peur que la conversation ne dégénère. C'est beaucoup mieux comme ça. Je veux dire quand vous vous parlez.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire, continua Liz. On était si inquiets pour toi qu'on a été voir Thomson. Et on lui a raconté... pour ton oncle qui déteste tout ce qui sort de l'ordinaire, comment il t'enfermait dans le placard sans rien à manger, et tout... Que tu ne voulais pas qu'ils sachent ce qui t'était arrivé à cause de ça.

- Quoi ? Mais ça va m'attirer encore plus d'ennui avec oncle Vernon et Tante Pétunia si jamais ils l'apprennent !

- On a fait ça pour toi ! Quand tu n'es pas venu, on savait bien que tu n'étais pas malade ! On imaginait qu'ils t'avaient frappé, mis à la porte, dans le froid... ou n'importe quoi !

- Ok, admit Harry, résigné. Je peux comprendre. "En fait, non seulement il comprenait parfaitement, mais il ne pouvait pas leur en vouloir. Ils s'étaient fait du soucis pour lui, ils tenaient à lui... " Qu'est-ce qu'elle a dit ? demanda-t-il.

- Qu'elle téléphonerait chez toi si tu n'étais pas rentré aujourd'hui. Je crois qu'elle aussi se faisait du souci." Harry hocha la tête. Cela expliquait les questions posées par le professeur un peu plus tôt. Il espérait simplement que l'histoire en resterait là. Il ne pouvait pas se permettre d'autres problèmes avec les Dursley.

" Le pire, dit Harry, c'est que je n'en sais toujours pas beaucoup plus sur mes parents.

- Qu'est-ce que tu comptes faire demanda Will.

- Je ne sais pas, mais je ne pense pas que la solution va me tomber toute seule dans les bras si je ne fais rien, et j'ai toujours envie de savoir. Les Dursley ne diront rien. Peut-être que je peux trouver un moyen de les forcer à parler.

- Et s'ils s'en aperçoivent ? demanda Liz. Tu vas encore avoir de gros ennuis !

- Peut-être que tu devrais essayer de trouver d'autres gens qui les auraient connus, suggéra Will. Il doit bien en avoir.

- Tu pourrais reparler de tout ça avec ma mère, suggéra Liz.

- Ce n'est pas vraiment à ça que je pensais, répondit le garçon. Ta mère n'en sait pas plus que nous. Mais il y a forcément des gens qui les ont connus plus tard, et qui doivent savoir.

- Bien sur qu'il y en avait, remarqua Harry. Mais ces gens là, je n'ai aucun moyen de les retrouver.

- Peut-être que si. Après tout, tu as leur adresse. D'après ce que tu as dit des lettres de ta mère, Godric's Hollow est loin d'être une grande ville. Et il reste probablement des tas de gens qui ont connu tes parents.

- Will tu es génial !

- Je sais." Harry n'en revenait pas de ne pas avoir pensé à cela lui-même.

- Je vais regarder dans l'annuaire, dit-il. Pour trouver des numéros de téléphone à Grodric's Hollow. Il y a juste un petit problème : je n'aurai jamais le droit d'utiliser le téléphone.

- Je peux appeler pour toi, si tu veux, suggéra Liz.

- Non. C'est à moi de le faire.

- Dans ce cas viens à la maison un soir après l'école. Tu pourras appeler de là-bas. Du moins quand maman aura fait réinstaller le téléphone. Après Noël, je suppose."

Un peu frustré mais content malgré tout d'avoir une ouverture, un horizon à l'orée duquel se profilaient des réponses, Harry accepta la proposition.

Quelques jours avant le début des vacances une épaisse couche de neige était tombée sur Little Whiming, et Harry avait quelque peu oublié ses préoccupations pour profiter avec les autres d'interminables batailles. L'esprit de Noël s'était répandu sur le collège, à l'entrée duquel un énorme sapin avait été installé. Dans beaucoup de cours, les professeurs avaient relâché la pression. Mme Leroy, leur professeur de français, leur apprenait des chants de Noël dans sa langue. Le professeur de maths avait complètement renoncé à les faire travailler, ce qui, bien sûr, ne changeait pas tellement de ce qui se passait habituellement dans ce cours. La veille des vacances avait lieu le dernier cours de sport du trimestre. Harry, qui n'était pas encore tout à fait au bout de sa dispense de trois semaines, n'y assistait pas.

Emmitoufflé du mieux qu'il le pouvait dans un vieux manteau, le garçon marchait lentement dans la cour enneigée. Il réalisait qu'il profitait là de ses derniers instants de liberté. Et que très probablement Noël serait fini pour lui le lendemain, quand il quitterait l'école. Tous ses camarades étaient excités à l'idée des vacances et des cadeaux, et ils essayaient de ne pas trop refroidir leur ardeur en mentionnant ce que seraient ses vacances à lui. En fait, il avait tout fait pour ne pas y penser. Pétunia avait réservé trois places dans un safari au Kenya. Harry, lui, avait sa place réservée chez Mrs Figgs. Dix jours.

Harry s'agenouilla et ramassa un peu de neige dans sa main nue, la regardant fondre avec mélancolie, les cristaux devenant de plus en plus petits jusqu'à perdre le forme et finalement disparaître. L'eau glacée lui coula entre les doigts. Il s'efforça de penser à autre chose. Il lui restait encore une journée de cours, et le repas de Noël de la cantine. Rien de vraiment extraordinaire, d'après les aînés, mais ils auraient droit à un petit sachet de papillotes en chocolats. Et puis, peut-être ne serait- ce pas si terrible d'aller chez Mrs Figgs... Au moins, elle ne le détestait pas. Ou du moins, elle ne le montrait pas comme les Dursley. Il pensait mourir d'ennui à chaque fois qu'il allait chez elle, mais elle était comme ça avec tout le monde. Il se demanda si sa vielle baby sitter fêtait Noël. Sans doute pas. A moins qu'elle n'achète un cadeau à chacun de ses chats... Il sourit tout seul en imaginant le sapin avec tous les petits paquets en dessous, avec des étiquettes : Pompom, Patounet, Mistigri, et les autres. Et les chats ouvrant les emballages en les lacérant de leurs griffes.

Au dessus de sa tête, des nuages s'amoncelaient. Il allait de nouveau neiger. Harry se hâta de regagner l'intérieur du bâtiment. Il s'arrêta un moment dans le hall. Des groupes d'élèves le traversaient, d'autres s'y étaient arrêtés pour bavarder. Il n'avait nulle envie de rejoindre la salle de permanence. Il aurait largement le tempsde finir ses devoirs pendant les vacances. Peut-être pourrait-il se rendre à la bibliothèque. Il avait entendu dire qu'exceptionnellement, pour Noël, on leur laissait emprunter des BD. Ca pourrait toujours l'occuper un petit moment.

Il allait sortir du hall quand son attention fut attirée par un garçon en train de tripoter un cadenas. Cela n'avait rien d'exceptionnel, sauf que le casier sur lequel la tête brune du garçon était penchée était situé au milieu de ceux de la classe de Harry, et que tous ses camarades étaient en cours. Il s'approcha. Le garçon n'avait pas la clé du cadenas qu'il essayait d'ouvrir, il utilisait à la place ce qui ressemblait à un morceau de fil de fer.

Alors que Harry n'était plus qu'à deux mètres, le cadenas céda brusquement et s'ouvrit. Le garçon ne perdit pas de temps pour sortir le sac qui s'y trouvait et passer en revue les autres affaires. Harry se demandait s'il devait intervenir ou aller chercher quelqu'un quand le garçon sentit sa présence et se tourna vers lui. Ce n'est qu'alors que Harry le reconnut.

" Simon ! s'écria-t-il. Qu'est-ce que tu fais là ?

- Ca ne te regarde pas, répondit sèchement le frère de Will. Ne devrais-tu pas être en cours avec le reste de ta classe ?"

Harry haussa les épaules. "J'ai une dispense. Pourquoi as-tu ouvert ce casier ?

- Je pensais que c'était celui de Will. J'ai oublié mes clés de la maison, et je n'ai plus cours aujourd'hui.

- Le casier de Will est là-bas, et tu as été y chercher des affaires assez souvent. Ca fait longtemps que tu t'amuses à ce genre de jeux ?"

Ce fut au tour de Simon de hausser les épaules. " Tu vas me dénoncer ? demanda-t-il.

- Pourquoi ? demanda Harry, sans répondre. Pourquoi tu as fais ça ? C'était toi qui volait depuis l'année dernière ? C'est toi qui as pris le collier de Suzie ?

- Et si c'était moi ? Qu'est-ce que tu ferais ? " Harry remit les affaires que Simon avait sorties dans le casier et referma le cadenas. S'il dénonçait Simon, celui-ci serait très probablement renvoyé. Il était peu probable que Will accepte de lui reparler un jour s'il était responsable du renvoi de son frère et du scandale qui allait frapper toute sa famille. Mais s'il ne disait rien, ne se rendait-il pas complice ?

" Pourquoi ? demanda-t-il à nouveau.

- Est-ce que tu sais ce que c'est de ne jamais avoir un sou en poche ? explosa Simon. Ce que c'est de voir tes amis arriver avec de nouveaux vêtements, de nouveaux disques, alors que toi tu n'as droit à rien, d'accepter leurs bonbons sans jamais pouvoir leur en rendre ? Ce que j'ai pris, je l'ai pris à des gosses qui n'en avaient pas besoin, qui avaient tout ce qu'ils pourraient désirer. Et j'en ai donné la plus grande partie à ma mère pour que nous puissions manger.

- Je croyais que l'argent te venait des petits boulots que tu faisais après les cours...

- Il fallait bien que je justifie le fait que je ramenais de l'argent. Mais personne n'a de travail à confier à un garçon de treize ans, crois moi. Juste des courses pour des vielles dames. Mais c'est mal payé. Bien sûr, tout ça pour toi c'est du bla-bla. Je sais que tu es un gosse de riches, je sais quel genre de baraques ils ont à Privet Drive. J'ai des clientes dans ce quartier. Alors dénonce-moi si ça peut te faire plaisir, mais ne cherche pas à comprendre.

- Ce n'est pas parce que je vis là-bas que je suis comme eux. Je sais ce que sais que de ne pas avoir d'argent ou d'avoir faim. Et je n'ai pas l'intention de te dénoncer." Il ignorait ce qui lui avait fait dire cela, il n'avait pas encore pris de décision, mais il sut en prononçant ces paroles qu'il n'avait jamais eu l'intention de dénoncer le frère de Will. Celui continua de le toiser avec mépris, mais une lueur d'espoir s'afficha dans son regard.

- Vraiment ? demanda-t-il.

- Oui. Si tu arrêtes ça.

Simon s'adoucit brusquement, et soupira. "De toute façon, j'avais l'intention d'arrêter après aujourd'hui, dit-il. Maintenant que maman a retrouvé un travail, je n'ai plus besoin de lui donner ce que je gagne le soir. C'est même elle qui va me donner de l'argent de poche. Mais je ne voudrais pas qu'elle apprenne ça. Will non plus, d'ailleurs.

- Je ne dirai rien, réaffirma Harry. A Will non plus." Simon hocha la tête et referma sêchement le casier, puis fit s'éloigna à grandes enjambées. Poussé par une idée soudaine, Harry se lança à sa poursuite.

" Eh, Simon !" appela-t-il. Le frère de Will se retourna vers lui.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il.

- J'ai... un service à te demander.

- Un service ? en échange de ton silence, c'est ça ?

- Non, s'empressa de répondre Harry, en se demandant pourquoi le caractère de Simon était si différent de celui de son frère. Je veux dire, si tu refuses, je ne dirai rien quand même ! C'est juste... Est-ce que tu pourrais m'apprendre ?

- T'apprendre ? T'apprendre quoi ?" La voix était teintée d'impatience.

" A forcer les cadenas." Une expression de surprise se peignit sur le visage de Simon, qui resta cependant méfiant, et il eut un demi-sourire.

" Alors c'est ça, hein ? Tu veux que j'arrête pour pouvoir prendre ma place ! Peut-être que tu te dis que comme les vols durent depuis l'année dernière, personne ne soupçonnera un première année ?

- Bien sûr que non ! Je ne vais rien faire d'illégal !

- Ah oui ? et pourquoi tu as besoin de savoir forcer les cadenas ?

- C'est personnel.

- Ben voyons ! T'as rien trouvé de mieux ?

- Eh, Harry, Simon !" Un grand sourire aux lèvres, Will accourait vers eux. Il se figea cependant en percevant la tension entre son frère et son ami. "Euh... Qu'est-ce qui se passe ici ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.

- Rien, répondirent d'une même voix Harry et Will en échangeant un regard. On parlait, c'est tout, ajouta Simon.

- Qu'est-ce que tu fais là, au fait ? demanda Harry. Il reste encore dix minutes de cours.

- Kingsley nous a lâchés en avance. Cadeau de Noël.

- Bon, je vais vous laisser, fit Simon. A ce soir, Will." Il fila en direction d'un groupe de jeunes. Will regarda Harry d'un air interrogateur.

" Qu'est-ce qu'il a ? demanda-t-il. De quoi vous parliez ?

- Oh, de rien. En fait, on s'est juste dit bonjour comme ça, en se croisant.

- Ah bon ? on aurait dit que vous vous disputiez.

- A propos de quoi aurait-on pu se disputer, je le connais à peine, ton frère. Et si on allait manger ?" Si Will remarqua le brusque changement de sujet imposé par Harry, il ne le mentionna pas. L'arrivée de Liz acheva de détendre l'atmosphère et tous trois prirent la direction du réfectoire.

Les derniers jours d'école passèrent à une vitesse folle, et bientôt Harry reprit le bus pour rentrer chez les Dursley, pour la dernère fois avant deux longues semaines. Au numéro 4, Privet Drive, le sapin de Noël en plastique ( car la tante Pétunia détestait les épines laissées par les vrais ) qui trônait habituellement dans le salon n'avait pas été installé. Tout avait été arrangé : Dudley devait arriver de Smeltings le lendemain. Ses parents et lui s'envoleraient pour le Kenya le lundi, et y resteraient dix jours. La tante Pétunia avait déjà commencé le ménage qu'elle faisait toujours avant de quitter la maison quand Harry arriva le vendredi soir, et il fut rapidement réquisitionné pour le lavage de tous les carreaux du pavillon. Il était dix heures passées quand sa tante se déclara enfin satisfaite, et que Harry put regagner sa chambre.

" On n'aurait pas pu rêver mieux comme première soirée de vacances", marmonna-t-il pour lui-même en refermant la porte. Et il pensa que la suite ne serait guère mieux. L'estomac noué, il se déshabilla et se coucha. En cet instant, comme souvent, il aurait donné n'importe quoi pour être comme les autres. Pour pouvoir se réjouir des vacances, de la venue de Noël... Mais il savait ce souhait irréalisable. Ca n'était pas la peine de s'attarder sur cette pensée. Inutile de se faire du mal. Il faisait froid dans la chambre, dont le radiateur avait été cassé par une crise de colère de Dudley quelques années auparavant, et jamais remplacé. Harry ramena sur lui le drap et les couvertures, et s'enroula dedans comme il pouvait, puis éteignit la lumière. Mais un long moment s'écoula avant qu'il ne parvienne à s'endormir.

Le lendemain ne fut pour Harry qu'une longue suite de corvées à faire pour sa tante. Puis, vers la fin de l'après-midi, l'oncle Vernon partit à la gare, et revint en compagnie de son fils. Le collège n'avait pas beaucoup changé Dudley : il était toujours aussi grand, toujours aussi blond, toujours aussi large. Sa mère se jeta sur lui en larmes et l'embrassa longuement. Pour le retour du fils prodigue, la tante Pétunia avait préparé un dîner de gala, et rapidement tous se retrouvèrent dans le salon. En guise de salut, Dudley fit une grimace à Harry, et il lui dit d'un ton railleur :

" Quel dommage que tu ne puisses pas partir avec nous, cousin ! J'espère que tu passeras de bonnes vacances chez Mrs Figgs !"

Harry jugea préférable de ne pas répondre à la provocation. Même s'il savait qu'il n'aurait droit qu'à une petite part, les effluves en provenance de la cuisine sentaient trop bon pour qu'il prenne le risque d'être privé de dîner.

Mais alors que tous les quatre se retrouvaient dans la salle à manger, le garçon aux cheveux noirs regretta de ne pas être monté directement dans sa chambre. Tant pis pour le ragoût et le pudding. Dudley passa tout son temps, quand il n'était pas occupé à s'empiffrer, à parler de Smeltings. Comment les profs étaient injustes, comment ils trouvaient toujours le moyen de s'en prendre à lui, et comment lui, avec sa bande de copains, avait décidé de ne plus se laisser faire. Ses parents l'écoutaient avec une expression admirative. Puis la conversation dévia sur le voyage des Dursley. Tout ce qu'ils allaient faire, tout ce qu'ils allaient voir. Et Dudley regardait régulièrement Harry en souriant, comme pour lui dire : "Et tout ce que tu ne vas pas faire."

Vers huit heures trente, un jeu télévisé que Dudley tenait absolument à voir termina le repas. Naturellement la Tante Pétunia recruta Harry pour débarrasser la table. Et, finalement, quand la cuisine et la salle à manger furent propres, et quand le générique de fin du jeu retentit dans le salon, l'oncle Vernon envoya tout le monde au lit. L'avion partait à midi et ils devaient être en forme pour profiter du voyage.

Lorsque Harry descendit pour le petit déjeuner le lendemain, cependant, rien ne laissait présager d'un départ immédiat. Le calme régnait dans la cuisine. L'oncle Vernon, tranquillement installé devant une tasse de café, lisait son journal pendant que la tante Pétunia faisait cuire des oeufs. Bien sûr, on pouvait compter sur les Dursley pour ne pas être pris dans la vague de panique du dernier moment. Leurs valises devaient être finies depuis bien longtemps. Lorsqu'il se glissa à sa place, son oncle leva les yeux.

" Toi, grinça-t-il, il est temps que nous ayons une petite conversation. Tu vas me faire le plaisir de te conduire correctement chez Mrs Figgs. Tu sais qu'elle est âgée. Je te donnerai tout à l'heure un paquet de chocolats à lui remettre le jour de Noël. Et ne t'avise surtout pas de les garder pour toi, je te jure que je le saurais.

- Oui, Oncle Vernon, répondit Harry, à qui l'idée de voler les chocolats n'avait même pas traversé l'esprit. Je lui donnerai.

- Bien. Et naturellement, il est hors de question que la moindre petite chose étrange se produise quand tu es chez elle.

- Naturellement.

- J'imagine que ta valise est prête ?

- Presque, oncle Vernon.

- Comment-ça, presque ? Tu comptes sur ta tante pour te la faire ?

- Non, répondit Harry. Mais je n'ai pas de valise." Son oncle le regarda comme si c'était de sa faute, comme si le fait de ne pas avoir de valise constituait un crime, puis il renifla et fit signe à son neveu de le suivre. Il monta au premier étage, et se dirigea vers sa chambre. Ayant demandé à Harry de l'attendre sur le pallier, il entra. Le garçon l'entendit monter l'escalier qui menait au grenier, et le redescendre quelques minutes plus tard. Il sortit de la chambre muni d'un vieux sac de voyage qui sentait le moisi.

" Tiens, fit-il en le lui jetant. C'est tout ce qui reste. Tu ne vas pas loin, ça devrais te suffire. Dépêche-toi, tu as vingt-cinq minutes. Oh, et n'oublie pas de prendre des vieux vêtements. Si tu mets de la peinture sur les nouveaux, ne compte pas sur moi pour t'en racheter."

Harry hocha la tête. Ce n'était pas comme si il avait des vêtements qui ne soient pas vieux, ou comme si, peinture ou pas, il était déjà arrivé à son oncle de lui acheter des vêtements. Le sac était petit, mais largement suffisant pour ce qu'il avait à y mettre. Dix minutes plus tard, il y avait jeté en vrac quelques affaires. Il prit son cartable dans lequel il avait mis ses livres de classe et ses cours, ainsi que quelques romans empruntés à la collection de Dudley, qu'il commençait malheureusement à épuiser, et redescendit au rez-de-chaussée. Des valises s'entassaient dans l'entrée, probablement les bagage des Dursley. Au salon, il entendait Dudley pousser des cris pour obtenir l'autorisation d'emmener sa console de jeux. Harry esquissa un sourire, posa ses affaires le plus loin possible de celles des Dursley, et s'adossa à un mur. Quelques instant plus tard, sa tante surgit.

" Es-tu prêt ? demanda-t-elle sêchement.

- Oui, Tante Pétunia.

- Tiens, dit-elle en lui tendant une grosse boite enveloppée de papier cadeau. C'est pour le Noël de Mrs Figgs. Maintenant prends tes affaires et viens." Harry obéit docilement. Sa tante fronça le nez lorsqu'il s'approcha d'elle avec sur le dos le sac de voyage prêté par l'oncle Vernon, mais elle ne dit rien. Ils firent à pieds, en silence, les quelques centaines de mètres les séparant de la maison de la vieille dame, et Pétunia sonna à la porte, qui s'ouvrit presque aussitôt.

" Oh, bonjour Pétunia ! s'écria Mrs Figgs. Comme c'est gentil à Vernon et toi de me confier Harry ! Oh, et, Harry, qu'est-ce que tu as grandi depuis la dernière fois que je t'ai vu ! Comme Myrza, tu te rappelles ?

- Oui," répondit Harry. Myrza était une petite chatte que Mrs Figgs venait d'adopter la dernière fois que Harry était allé la voir.

" Eh bien elle a eu des petits le mois dernier. Cinq petits chatons mignons comme tout ! Tu vas les adorer ! Pétunia, tu ne veux pas entrer les voir ?

- Non, merci, Arabella. Il faut que je file, notre avion part à midi. Merci beaucup de vous occuper de Harry. Et toi, ajouta-t-elle en direction de son neveu, la touche mielleuse complètement disparue de sa voix, sois sage. Fais tout ce que Mrs Figgs te dira, et pas de bizarreries.

- Oui, Tante Pétunia, dit Harry. Bonnes vacances." Mais cet effort pour se montrer poli fut perdu, sa tante s'éloignant déjà. Harry suivit Mrs Figgs à l'intérieur, trébuchant sur un chat gris qu'il n'avait pas vu et manquant tomber. La chambre dans laquelle la femme lui fit déposer ses affaires était de la même taille que celle qu'il avait chez les Dursley. Les murs étaient recouverts d'un papier peint à grosses fleurs roses. Un lit recouvert d'un dessus de lit côtelé, rose également, et un bureau en bois qui devait dater de plus de vingt ans, constituaient l'essentiel du mobilier.

" Au moins, pensa Harry en déposant ses affaires, ça ne sent pas trop le chou."

Il passa le reste de la matinée dans le salon de la vieille dame, qui avait une apparence aussi vieillote que la pièce dans laquelle elle l'avait installée, à regarder les albums de photos de chats. Après un déjeuner constitué de viande dure et de choux à l'eau, il commença à chercher un prétexte pour monter lire dans sa chambre. Mais Mrs Figgs avait d'autres projets pour lui.

" Ton oncle et ta tante m'ont dit que tu adorais les travaux manuels, et que ça ne te dérangerait pas tu tout de faire quelques travaux pour moi, dit-elle."

Harry avait presque oublié ce point. Il acquiesça. La vieille femme sourit et le prit par le bras.

" Il faut changer le papier peint du salon, dit-elle en le ramenant dans la pièce. Et repeindre le plafond." Harry hocha de nouveau la tête. Il savait qu'il s'attirerait des ennuis sans fin avec son oncle et sa tante s'il avouait qu'il n'avait jamais fait cela, et si cela leur revenait aux oreilles.

" Si tu t'y mets maintenant, tu devrais avoir fini pour Noël, reprit Mrs Figgs. Ce serait agréable de passer la journée dans une pièce propre, non ?

- D'accord", dit Harry." Il prit la raclette qu'elle lui tendait.

Les jours suivants, le jeune garçon consacra presque tout son temps aux travaux dans le salon. Mrs Figgs était là de temps à autre, un chat sur les genoux, et lui faisait la conversation pendant qu'il travaillait. Et à chaque fois qu'il entamait une nouvelle étape, elle lui expliquait comment faire, et lui faisait une démonstration. Harry se demandait pourquoi elle ne pouvait pas faire ses travaux elle-même, puisqu'elle semblait s'y connaître parfaitement, mais il ne lui posa pas la question. Elle était peut-être trop vieille pour monter sur une échelle... quoi qu'il en soit il était bien content d'avoir ses conseils. La pièce était petite, et il ne mit pas longtemps à nettoyer et repeindre le plafond. L'ancien papier peint était si vieux qu'il partit tout seul, et, le mardi soir, Harry n'avait plus qu'à coller le nouveau. Après quoi il aurait fini ses corvées des vacances. Il était un peu étonné d'en avoir fini si tôt. D'après ce que lui avait dit les Dursley, il avait pensé en avoir pour toutes les vacances. Il n'était pas sûr d'être content d'en avoir fini, il redoutait, après cela, d'être contraint de passer ses journées dans la pièce refaite, en compagnie de sa baby-sitter. Pour l'instant, il n'avait pas eu besoin de regarder les photos de ses chats une seule fois, et s'en portait très bien.

Par contre, il s'était pris d'affection pour les petits de Myrza. Il y en avait cinq. Ils n'avaient pas encore de noms. Deux d'entre eux étaient aussi noirs que leur mère. Harry avait du mal à les différencier. Il y en avait un noir et blanc, et le quatrième était noir avec des taches brunes et blanches. D'après Mrs Figgs, le fait que ce chaton ait trois couleurs signifiait que c'était une femelle. Le dernier petit, qui était aussi le plus chétif, le plus fragile, avait, étrangement, un pelage tigré. En regardant les quatre autres, Harry aurait cru que le père avait une fourrure blanche ou brune, peut-être les deux. Mais ce dernier chaton le faisait douter. Mrs Figgs, à qui il avait posé la question, lui avait répondu qu'il était fort possible que les petits chatons aient des pères différents. Et il ne faisait aucun doute que ce dernier n'était que le demi frère des autres. Il n'y avait pas que par le pelage qu'il était différent. Son museau était aplati, ses yeux d'un vert plus brillant que ceux de sa mère ou des autres petits. Peut-être à cause de cela, Harry avait l'impression que les autres le tenaient à l'écart. Qu'il était toujours le dernier à pouvoir têter, le dernier que sa mère nettoyait, celui qui dormait le plus loin d'elle. D'une certaine manière, il lui semblait que ce petit chaton était traité par sa famille comme lui par les Dursley.

Le mercredi était également la veille de Noël. A huit heures du matin, Harry était de retour au salon. Mrs Figgs avait tenté de l'entraîner dans une conversation sur les mérites comparés des siamois et des persans au petit déjeuner, et il n'avait trouvé comme prétexte pour s'échapper que son envie de finir le papier peint avant Noël. Après lui avoir montré comment faire, la vieille femme le laissa seul. Un peu avant midi, il était juché sur l'échelle pour coller un morceau de papier au dessus de la porte, lorsque celle-ci s'ouvrit.

Harry n'avait pas entendu Mrs Figgs approcher. Lorsque la porte vint frapper violemment l'échelle bancale, il était debout, les bras en l'air, et ne put rien faire pour tenter de rééquilibrer ce sur quoi il était juché, et sentit l'échelle partir en arrière.

Harry poussa un cri. Il tombait de plus en plus vite, toujours accroché à l'échelle qui se trouvait maintenant au dessus de lui. Il ferma les yeux au moment de toucher le sol, attendant le choc.

Mais il n'y eut pas de choc. Le garçon sentit qu'il s'enfonçait dans quelque chose de doux, comme les tapis épais qu'ils utilisaient en cours de sport. Mais lorsqu'il ouvrit les yeux, il se trouvait sur le plancher du salon de Mrs Figgs. Dont le bois était aussi dur qu'à l'ordinaire. La lourde échelle lui était tombé dessus et pesait sur sa poitrine. Avant qu'il n'ait eu le temps de faire le moindre mouvement, Mrs Figgs était sur lui.

" Harry ! s'écria-t-elle, l'air paniqué. Ca va, tu n'as rien ?

- Je vais bien, répondit le garçon en faisant glisser l'échelle sur le côté.

- C'est incroyable ! Tu aurais pu te tuer ! Te rompre le cou ! Qu'est-ce que j'aurais dit à ton oncle et ta tante ?

- Ils auraient été si heureux qu'ils ne vous auraient sûrement pas demandé d'explications, remarqua Harry sans réfléchir.

- Ne dis pas de bêtises !" Elle lui tendit la main pour l'aider à se relever. Une fois debout, Harry tapa plusieurs fois du pied par terre, comme pour vérifier la solidité du plancher. Bien évidemment, sa chaussure ne s'enfonça pas dans le bois. Alors ? Avait-il rêvé cette impression de douceur ? Mais s'il était vraiment tombé directement sur le plancher, il aurait dû se faire mal. Pas forcément se rompre les os, mais au moins avoir des bleus dans le dos qu'il sentirait. Or il se sentait parfaitement bien. Mis à part que ses jambes tremblaient légèrement, ce qui était probablement dû à la frayeur qu'il avait eu. Une pensée le frappa soudain. Le fait qu'il soit indemne était-il dû à un autre des phénomènes étranges qui se produisaient sans cesse autour de lui ? Il regarda Mrs Figgs avec attention. Si quelque chose de bizarre s'était produit, elle n'avait apparemment rien remarqué. Au moins, elle n'en parlerait pas aux Dursley.

Après le déjeuner, Harry se remit au travail. Il était près de cinq heures quand il termina enfin. Il monta ensuite prendre une douche et mettre des vêtements propres, en se demandant comment ils allaient bien pouvoir faire pour remettre les meubles en place. C'était un sujet que Mrs Figgs n'avait pas abordé. Tout était déjà enlevé quand Harry était arrivé, il ignorait par qui. Mais le mobilier de sa baby sitter était ancien, massif, et il était petit et maigre pour son âge. Et ce n'était pas la vieille femme qui aiderait à porter la lourde commode ou le canapé trois places.

Pourtant, le problème ne se posa pas. Lorsqu'il redescendit une demi-heure plus tard, le salon avait retrouvé son organisation habituelle. Et Mistigri était confortablement installé dans un fauteuil. Il ne put s'empêcher de demander à Mrs Figgs comment elle avait fait.

" J'ai demandé de l'aide à des voisins, évidemment, répondit-elle. Nous n'aurions pas pu le faire à nous deux, et ça ne leur a pas pris très longtemps. Merci beaucoup pour ton aide, Harry. Je n'aurais jamais cru que tu irais aussi vite.

Pour Noël, Mrs Figgs avait cuisiné un repas spécial, qui, à la grande surprise de Harry, se révéla bon. Il se demanda si sa baby-sitter était vraiment capable de cuisiner et si elle avait fait exprès, jusque là, de lui servir des repas à peine mangeables, ou si elle avait tout acheté chez un traiteur. Après le repas, il l'aida à faire la vaisselle, puis il alla passer un peu de temps avec les chatons. Puis il tint compagnie à la vieille femme dans le salon nouvellement refait, qui sentait encore un peu la peinture, et pas encore le chou. Il était encore tôt quand Harry, fatigué par sa journée de travail, monta dans sa chambre. Il se coucha en pensant que le lendemain serait le jour de Noël. Et qu'il n'aurait sûrement pas plus de cadeaux que les Noëls précédents...

Pourtant, cette pensée ne le déprimait pas vraiment. Il avait l'habitude. Et il était plutôt soulagé. Ses vacances se passaient mieux qu'il ne l'avait espéré. Finalement, quand elle n'était pas branchée sur les chats, Mrs Figgs était tout à fait acceptable comme compagnie. On aurait même dit qu'elle avait de l'affection pour lui, même si elle l'avait fait travaillé comme un esclave pendant ces quelques jours. Mais il ne chercha pas à approfondir la question. Fourbu, il s'endormit.

Il rêva qu'il était dans une pièce éclairée par des bougies. Un jeune homme qui tenait à la main une timbale en argent s'approchait de ce qui ressemblait à un trône richement décoré dans lequel se tenait une créature... Harry ne pouvait dire exactement ce que c'était. Tout ce qu'il savait, c'est que c'était horrible. A moitié humain, à moitié... autre chose. Et il ne pouvait pas supporter de la regarder.

" Voilà, Maître, dit le jeune homme en tendant le gobelet à la créature. L'élixir.

- Bien, bien, répondit la créature. Sa voix était trop aïgue pour appartenir à un homme, pourtant elle n'avait le timbre d'une voix de femme, ou d'enfant. Ce soir, je vais enfin atteindre mon but... La vie éternelle. Et tous ceux qui m'ont cru mort, ceux qui ont douté de moi, vont payer."

La chose leva le gobelet, et utilisa ce qui lui servait de bouche pour en absorber le contenu. Harry frissonna et ferma les yeux, redoutant ce qui allait se passer. Lorsqu'il les rouvrit, la créature avait disparu. A sa place se tenait un homme, grand et maigre. Son visage était mince, et plat, un peu comme la face d'un serpent. Mais ce qui frappait le plus, c'était ses yeux. Ils étaient rouges. Brûlant d'une flamme infernale, pleins de haine et de cruauté. Une vive douleur traversa la cicatrice de Harry et il dut détourner le regard.

L'homme aux yeux rouges se leva. " Approche", ordonna-t-il à son serviteur.

Celui-ci fit un pas en avant et s'agenouilla aux pieds de son maître.

" Tu m'as bien servi, reprit ce dernier, et ta récompense viendra, crois- moi. Ensemble, quand tous mes autres serviteurs m'auront rejoint, nous allons accomplir de grandes choses. Ceux qui me seront fidèles n'auront plus à craindre ni la mort, ni la pauvreté. Mes ennemis sauront enfin à qui ils ont affaire. A commencer par Dumbledore. Et Harry Potter. Nous montreront au monde que le garçon qui a survécu n'est pas le héros qu'ils s'imaginent. Mais c'est Noël ce soir, et nous nous devons de faire au monde un cadeau, n'est pas Ray ?

- Oui, maître, fit le jeune homme en baissant la tête.

- Relève-toi Ray. Nous avons du travail. Ce soir, je veux que ma marque illumine le ciel de tout le pays, que tous fêtent ma renaissance." Il brandit un morceau de bois.

"Morsmodre !" s'écria-t-il d'une voix forte. Une épaisse fumée verte sortit de son instrument et s'engouffra par tous les orifices, quittant la pièce. L'homme aux yeux rouges se mit à rire. Un rire que Harry aurait reconnu entre mille, c'était celui qu'il croyait avoir entendu le soir de la mort de ses parents. Il hurla, et se retrouva soudain, tremblant et couvert de sueur, dans le vieux lit de la chambre d'amis de Mrs Figgs. Sa cicatrice le brûlait atrocement.

Il secoua la tête pour essayer de s'éclaircir un peu les idées. Jamais il n'avait fait un rêve aussi réel. Mais qu'est-ce que cela signifiait ? Qui étaient ces gens ? Il était sûr de ne jamais les avoir vus de sa vie, alors pourquoi rêvait-il d'eux ? Et pourquoi avait-il si mal à sa cicatrice ? Il porta la main à son front. La douleur n'était plus aussi forte que quand il s'était réveillé, mais elle était toujours là, lancinante.

L'homme aux yeux rouges avait parlé de lui. Il l'avait appelé " Le garçon qui a survécu". A quoi avait-il survécu ? Et qui le considérait comme un héros ?

" Attends une minute, se dit Harry. Ce n'était qu'un rêve. Rien de tout cela n'est réel." Entendant des pas approcher, il se recoucha à la hâte et ferma les yeux. Il n'avait pas envie de parler. Sa porte s'ouvrit avec un léger grincement, et le bruit feutré des pantouffles de Mrs Figgs sur la moquette parvint à ses oreilles. Il resta allongé, se forçant à respirer calmement et à garder les yeux clos. Il entendit la vieille femme venir près de lui, l'observer un instant, puis ressortir, fermant la porte le plus doucement possible. Dès que les pas s'éloignèrent, Harry se redressa, parfaitement réveillé. Il alluma la lampe de chevet et regarda sa montre. Il était à peine minuit. Il n'avait pas dormi bien longtemps. Des extraits de son rêve tourbillonnaient dans sa tête. Ce rire. Ce rire qu'il associait à la mort de ses parents... La voix sinistre qui prononçait des mots qu'il ne comprenait pas, et la fumée verte qui emplissait la pièce et s'échappait par la cheminée... Les paroles de l'homme aux yeux rouges, qui commençaient à s'effacer... Pourquoi rêvait-il ainsi de gens qu'il n'a avait jamais vu ? Et pourquoi sa cicatrice s'était-elle ainsi mise à lui faire mal ?

Incapable de tenir en place, Harry se leva et enfila ses pantoufles. Sa porte grinça légèrement lorsqu'il l'ouvrit. En prenant soin de faire le moins de bruit possible, il descendit l'escalier et se dirigea vers la cuisine, avec l'intention de se servir un verre d'eau. Mais il stoppa en entendant des voix en provenance du salon. Lorsque Mrs Figgs était passé dans sa chambre un peu plus tôt, il avait supposé que, pour une raison ou une autre, elle faisait une ronde avant d'aller se coucher. Ou peut-être, et cette pensée était loin de l'enchanter, l'avait-elle entendu crier. Mais jamais il n'aurait imaginé que la vieille femme puisse venir s'assurer qu'il dormait avant de recevoir des gens en pleine nuit. Ou y avait-il des voleurs dans la maison ? Non, c'était la voix de Mrs Figgs... Qui pouvait- elle voir à cette heure là ? personne ne lui rendait jamais visite dans la journée...

Incapable de réfréner sa curiosité, Harry s'approcha pour entendre ce qui se disait. Puis il colla son oeil au trou de la serrure. Sa vieille baby sitter lui tournait le dos, sa tête dépassant à peine d'un fauteuil. Elle semblait installée confortablement devant un feu de cheminée. Il n'y avait pas de siège visible en face d'elle. Si elle avait un interlocuteur, celui- ci devait être assis par terre devant le feu. Harry en tous cas ne pouvait pas le voir. Peut-être Mrs Figgs utilisait-elle simplement le haut-parleur de son téléphone, mais elle ne semblait pas tenir de combiné. Toujours est- il que Harry pouvait entendre une voix d'homme, à la fois calme et assurée, répondre à celle de la vieille femme. Il retint sa respiration en s'apercevant qu'ils parlaient de lui.

" Je sais que vous ne pouvez pas le protéger, Arabella ! J'ai des gens qui s'en chargent ! Il est bien autant en sécurité à Little Whining qu'ailleurs.

- Mais il aurait pu se tuer tout à l'heure !

- Allons, d'après ce que vous m'avez dit c'était un simple accident. Et il va bien, non ?

- Grâce à de la magie accidentelle, oui. Mais il n'est pas stupide, encore un ou deux accidents comme ça, et il comprendra. Il en a eu de plus en plus, et de plus en plus puissants depuis quelque temps. Et il n'est pas complètement stupide, vous savez ! Ne croyez-vous pas que nous devrions lui dire avant qu'il ne découvre tout tout seul ? Ou peut-être préférez-vous qu'il prenne conscience de ses pouvoirs sans personne pour lui dire quoi en faire ? Qu'il s'amuse avec en présence de moldus ?

- Nous n'en sommes pas là, n'est-ce pas ? Il y a un monde entre la conscience des pouvoirs et leur utilisation. Le moment venu, nous aviserons mais pour l'instant nous nous devons de respecter ma promesse aux Dursley.

- Votre... professeur, pourquoi avez-vous fait une promesse à ces gens là ?

- Ce sont ses tuteurs légaux. S'ils ne voulaient pas que nous lui disions la vérité, ils avaient le droit de nous en empêcher. Et sachant tout ce qui s'est passé depuis septembre, je dois dire que je suis plutôt content que Harry ne soit pas venu. Il n'y a plus guère de doutes, Arabella. C'est lui qui a la Pierre. Il est de retour, et il a déjà commencé à rassembler ses partisans. Vous connaissez bien l'une de ses premières cibles.

- Mais justement ! Dumbledore, vous êtes le seul à pouvoir le protéger ! Vous êtes le seul qui ait jamais fait peur à Voldemort ! Pourquoi le laisser à ma garde alors que vous pourriez le faire venir à Poudlard ?

- Parce qu'il y a un traître à Poudlard. Et parce que Harry est mieux protégé dans sa famille que partout ailleurs. Je vous ai dit que j'avais fait une promesse aux Dursley. Il y a une raison. Ce n'est pas sans mal que je me suis résigné à retarder l'entrée de ce garçon à Poudlard. Mais son oncle m'a donné en échange de cette promesse celle que, quoi qu'il arrive, la maison de Privet Drive resterait son foyer jusqu'à ses dix-sept ans. Il avait menacé de le mettre à la porte si nous disions quoi que ce soit à Harry.

- Mais pourquoi avez vous cédé ? Pourquoi ne pas simplement leur avoir demandé de le mettre à la porte ? Ce n'est pas comme si Harry était heureux là-bas ! Bien au contraire ! Ils m'ont confié son cadeau de Noël pour que je le lui remette demain, et savez-vous ce que c'est ? Un paquet de mouchoirs en papier ! Et Pétunia m'a confié qu'ils craignaient qu'on ne leur fasse payer un supplément de bagages à cause de tous les paquets qu'ils emmenaient pour leur fils ! En plus, je suis obligée de jouer la vieille folle et de l'ennuyer à mourir pendant toutes les vacances.

- Qu'avez-vous contre les vieilles folles, Arabella ? Je suis un vieux fou, et j'en suis fier.

- Là n'est pas la question. Il n'est pas juste qu'il soit coincé ici quand il pourrait être à Poudlard. Retirez sa garde à son oncle. Ce n'est pas bien compliqué.

- Je ne le peux pas. D'abord parce que, légalement, je n'en ai pas le droit. Et surtout parce que cette maison et ses occupants représentent sa plus grande protection. Dans le climat actuel, je ne suis pas sûr que même en le gardant auprès de moi vingt-quatre heures sur vingt-quatre je puisse le garder en vie longtemps s'il devait en être privé. Croyez le, je suis réellement navré que Harry ne puisse pas venir étudier à Poudlard. Je suis parfaitement conscient que c'est son droit, et que ce droit est bafoué. Mais nous n'avons pas d'autre solution. Cette situation ne durera pas éternellement. Vous n'avez pas eu de problèmes depuis notre dernière conversation ?

- Vous savez bien que non. Je vous aurais prévenu immédiatement.

- Restez sur vos gardes. J'ai des gens autour de lui en permanence quand il est hors de la maison, mais je crois que quelque chose se prépare. Mis à part cette unique fois, nous n'avons pas vu de trace des mangemorts dans les parages, mais je sais qu'ils ne l'ont pas oublié.

- Je reste sur le qui-vive, Dumbledore, soupira Mrs Figgs. Mais je ne peux pas le suivre partout, et mes informateurs sont parfois un peu distraits. Ce serait mieux si Harry lui-même était au courant et sur ses gardes.

- Nous ne pouvons rien lui dire, Arabella. Quoi qu'il arrive, nous ne pouvons rien lui dire. Mais d'après ce que vous et d'autres sources m'avez dit, je crois que Harry sait qu'un danger rode autour de lui. Il sait qu'il doit faire attention." Après avoir prononcé ces paroles d'un ton lourd de sens, la voix stoppa un instant, et Harry se demanda si son propriétaire savait qu'il était là... Non, c'était impossible.

" Si vous le dites, marmonna Mrs Figgs. Vous avez probablement raison. Bonsoir, Dumbledore, et joyeux Noël.

- Joyeux Noël à vous aussi, Arabella."

Il y eut un craquement. A travers le trou de la serrure, Harry vit Mrs Figgs se lever pour éteindre le feu qui brûlait dans la cheminée. Oubliant la raison pour laquelle il était descendu, il s'empressa de remonter dans sa chambre. Il se glissa entre ses draps, mais n'avait aucune envie de dormir. Il pensait à la conversation qu'il venait d'entendre. Il avait envie d'en parler à quelqu'un, mais il lui faudrait pour cela attendre la rentrée. Liz serait sûrement très excitée. Cela correspondait plus ou moins à un schéma qu'elle avait mis au point juste avant les vacances, dans lequel lui et sa mère détenaient les derniers pouvoirs magiques, et où des méchants voulaient s'emparer d'eux à cause de cela. Ce scénario avait remplacé l'histoire de la princesse russe quand Harry lui avait décrit les phénomènes bizarres qui se produisaient autour de lui, et le fait que cela arrivait aussi à sa mère. Will serait sans doute aussi stupéfait que Harry l'était. Qu'avait dit Mrs Figgs à propos de ce qui lui était arrivé plus tôt dans la journée ? Elle avait parlé de magie accidentelle. Mais d'après ce qu'elle avait dit, cela ne se limitait pas à cela. Elle avait aussi parlé de ses pouvoirs. Harry avait-il réellement des pouvoirs ? Etait-il le seul, ainsi que le pansait Liz ? Probablement pas. Pas si Poudlard était un établissement réservé à ceux qui avaient ce genre de facultés... Mais ce n'était pas sûr. Peut-être que les autres élèves de Poudlard étaient encore différents. Si Liz avait raison et que le fait qu'il soit magique était la raison pour laquelle ses parents avaient été tués, alors tous les élèves de l'école couraient le même risque que lui. Mais, naturellement, c'était un grand si. Devait-il faire savoir à Mrs Figgs qu'il avait entendu sa conversation, exiger des explications ? Pourquoi avait-il la certitude qu'il n'en obtiendrait pas ? L'homme lui avait interdit de dire quoi que ce soit, et il avait l'impression qu'on ne désobéissait pas facilement à cet homme là. A ce... Dumbledore. Pourquoi ce nom lui disait-il quelque chose ? Il lui semblait l'avoir entendu tout récemment. Pourtant, il était sûr que ce n'était pas Mrs Figgs qui avait parlé de lui, or il n'avait vu qu'elle ces derniers jours. A moins que... Brutalement, Harry se souvint. Son rêve. La créature avait prononcé ce nom. Mais comment aurait-il pu en rêver s'il ne l'avait jamais entendu avant ? Ses rêves avaient-il aussi quelque chose de particulier en plus de faire brûler sa cicatrice ? Auraient-ils un sens, un peu comme des rêves prémonitoire, ou quelque chose que des voyants interpréteraient ? Mais quel sens ? Quelle était la symbolique de cette chose qu'il avait vue ? Toute la nuit, Harry tourna et retourna ces questions dans sa tête. Ce n'est que vers cinq heures du matin qu'il finit par s'endormir. Son sommeil fut peuplé de rires sinistres et de visions de Mrs Figgs changeant la famille Dursley en grenouilles.

Un gros merci à tous les lecteurs ainsi qu'aux reviewers.

Skara : Salut, retoi. Désolée, cette fois tu auras dû attendre. Le mystérieux sauveur... ben il est pas si mystérieux que ça, apparemment. Pour Mickael... Ah bon, on ne connais pas son nom ? C'est un simple oubli, n'essaie pas de l'analyser. Quant à la suite... tu verras bien ( enfin, si tu lis ça c'est que tu en as déjà vu une partie). J'espère quand même que tu as dormi un peu depuis la dernière fois, parce que je ne veux pas avoir ta mort sur la conscience.

Celine S : Les profs, ça a pas cours tout le temps ( Enfin, pour ceux de Poudlard qui n'ont qu'une maison à la fois et toutes les années, genre Mc Gonagall ou DCFM, ça fait quand même minimum 28 heures s'il n'en ont qu'une avec chaque classe, or ils en ont probablement plusieurs et je me suis toujours demandée comment ils casaient ça.. mais ça ne regarde absolument pas cette histoire). Et ne t'inquiète plus si les chapitres mettent longtemps à venir (oups, ça a encore été le cas pour celui-là...), c'est dû à de petits problèmes de temps et d'ordinateur, mais j'ai bien l'intention de finir cette fic.

4rine : La voila, la suite. J'espère qu'elle t'aura plu.

Crys : Merci. Bon, tu auras dû attendre la suite, mais tu l'as eue, finalement.

Toujours quelqu'un fidèle au poste ( ouf ! c'est jamais très sympa quand quelqu'un n'est pas fidèle) : Contente que tu aies aimé le chap 4, j'espère que le 5 t'aura plu aussi. Pour ton hypothèse, tu as presque tout bon (à un détail près). Et, oui, on verra d'autres sorciers, mais ni Sirius, ni Remus, ni Pettigrew. Par contre, pour Dumbledore, je n'ai plus besoin de te répondre, et il est fort possible aussi que Harry rencontre Ron et Hermione ( mais pas encore sûr).

Jo_hp5 : Tant mieux si tu as adoré ! Bon, d'accord, tu t'étais trompée mais c'était juste une erreur de timing ( c'est pour le chapitre 6). Et pour ta nouvelle supposition, là je crains que ce ne soit exact... Merci pour ta review !

Alixe : Merci pour ces compliments. Un mystère, où ça ?

Seleme59 : Contente que tu aimes. Merci pour ta review.

Izabel : Ok, tu as trouvé. Comment il a pu se trouver là ? Ben, j'imagine qu'il doit quand même sortir de temps en temps. Est ce que ce chapitre a répondu à tes questions ? Et, au fait, ça veut dire quoi eNtuk ? ( je suis un peu idiote par moments, et je comprends rien au jargon internet...)

Marie : Full bon ? Tant mieux !

Csame : Qui sait, en effet ? (bon, tout le monde sait, maintenant... quoique non, vu que sa visite à Mrs Figgs n'est pas terminée, il pourrait encore apprendre des bouts de vérité). Le mystérieux homme qui a tenté d'enlever Harry ? Non, ce n'est pas Lucius Malefoy. Et pour le sauveur... Je crois déceler une pointe d'ironie. Non ?

Vert : Ah ! on parle d'un mangemort ! Dans ce cas, c'est un mangemort qui conduit une voiture, je ne vois pas d'autre explication. Dur sauf vacherie de ma part ? Ca veut dire quoi, ça ? Et puis je croyais qui tu avais compris que j'étais sadique, alors pourquoi ne serais-je pas vache aussi ? D'ailleurs, pour ce qui est de martyriser Harry... J'ai bien essayé de ne pas le faire dans cette fic, si, j'ai vraiment essayé. Pendant trois chapitres. Mais j'y arrive pas ! C'est trop dur ! C'est comme une drogue ! Et je suis retombée dedans. Et comme il y a un phénomène d'accoutumance, t'as raison ça va empirer. En fait, je crois que je suis psychopathe, et que c'est ça ou découper les gens en morceaux. Il faut que j'aie quelqu'un à torturer...

Dega : Merci. Mais finalement, je crois que c'est mieux si Will est un pur moldu. En tous cas, je ne te remercie pas pour tes microbes, vraiment, non ! T'as vu, t'as contaminé Harry, maintenant ! Il sautille tout seul dans sa chambre ! Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire d'un Harry sauteur, moi ?