Disclaimer : Tout ceci n'est pas à moi mais à Mme Rowling. Je ne suis pas encore folle au point de croire que j'ai inventé Harry et ses amis !

Merci à Mirabelle P d'avoir corrigé ce chapitre, malgré des problèmes plus graves.

Chapitre 6 : Godric.

"Joyeux Noël !"

Harry sursauta et se réveilla. Par la fenêtre, il pouvait apercevoir un ciel d'un bleu profond, tel qu'on en voit uniquement en hiver et qui présage d'une journée froide.Il faisait grand jour et il devait être tard.

" Harry, as-tu l'intention de passer la journée au lit mon garçon ? reprit la voix de Mrs Figgs, avec un dynamisme que le garçon ne lui connaissait pas. Dépêche-toi nous allons être en retard !"

En retard ?

" Où ça ? demanda-t-il d'une voix ensomeillée, en se levant et en mettant ses lunettes.

- À l'église, bien sûr. Où veux-tu que nous allions un jour de Noël ?

- Mais la messe n'est-elle pas à minuit ?

- Il y en a une à minuit, mais c'est du spectacle. C'est grand- guignolesque. Les vrais croyants vont à celle de sept heures, mais tu dormais tellement bien... J'ai décidé que nous irions à onze heures. Le temps que nous y allions, cela te laisse une demi-heure pour te préparer. "

Résigné, Harry sortit du lit et s'habilla. Ils sortirent dans le froid qui était vif bien qu'il soit près de dix heures trente. Pour une fois, Harry était plutôt content de porter un vieil anorak qui avait appartenu à Dudley : le vêtement était bien assez large pour lui permettre de passer plusieurs pulls en dessous. Il n'était pas trop gelé lorsqu'ils arrivèrent à l'église. Il était déjà allé à la messe de minuit avec les Dursley, et dut admettre que, malheureusement, Mrs Figgs avait raison. Ce à quoi elle le fit assister ne ressemblait en rien à ce qu'il connaissait. Pendant près d'une heure, il s'ennuya comme rarement dans sa vie.

Lorsqu'ils rentrèrent enfin, la ville commençait à s'animer. Des enfants emmitoufflés jusqu'aux oreilles sortaient étrenner les nouveaux vélos ou patins à roulettes qu'ils avaient reçus. Mrs Figgs s'arrêta plusieurs fois pour faire la conversation avec des femmes du voisinage. La plupart connaissaient déjà Harry, et ne lui prétèrent pas grande attention.

Lorsqu'ils rentrèrent enfin, l'heure du déjeuner était passée depuis longtemps. Mrs Figgs prépara rapidement des sandwichs qu'ils mangèrent à la cuisine. Harry eut du mal à finir le sien qui était beaucoup trop sec. Après le repas, il chercha un prétexte pour remonter dans sa chambre. Mais sa baby-sitter ne l'entendait pas de cette oreille. Elle le fit s'asseoir au salon et se mit à raccomoder ce qui ressemblait à une vieille écharpe rouge et or.

"Alors, Harry, remarqua-t-elle sans lever les yeux de son ouvrage, nous n'avons pas beaucoup eu le temps de parler depuis que tu es ici. Et cela fait longtemps que tu n'étais pas venu. Dis-moi un peu, qu'est-ce que tu penses de ta nouvelle école ? Ça te plait le collège ?

- Oui, répondit Harry avec réserve. ''

C'était la vérité : il adorait le collège et attendait la rentrée avec impatience, mais il lui semblait bizarre de parler de cela avec la vieille femme, alors qu'il avait entendu la veille qu'elle pensait clairement que sa place n'était pas à Little Whiming. Étrange aussi de lui raconter sa vie alors qu'il était visible qu'elle en savait plus que lui.

" Tu es bon élève ? reprit Mrs Figgs, essayant d'établir une conversation. Tes professeurs sont contents de toi ?

- Ca va, dit Harry. Je crois. Ils ne se plaignent pas. Mais ils nous ont donné plein de travail pendant les vacances et je devrais peut-être m'y mettre.

- Maintenant ? Mais, Harry, c'est Noël !"

Noël ? Bien sûr, il savait que c'était Noël. Mais quelque chose lui revint soudain en mémoire.

" J'avais complètement oublié, s'écria-t-il en se levant brusquement. Les Dursley m'ont donné quelque chose pour vous."

Il monta dans sa chambre et en redescendit avec le paquet que lui avait confié sa tante.

" Joyeux Noël, dit-il en le tendant à sa baby-sitter.

- Merci, dit celle-ci en commençant à détacher le papier.''

Harry retourna s'asseoir dans son fauteuil pendant que la femme déballait la boite de chocolats. Elle lui en offrit un qu'il dégusta lentement. Il n'avait pas souvent l'occasion d'en manger. Lorsqu'ils furent tous les deux servis, Mrs Figgs posa la boite sur la table basse. Puis elle regarda Harry avec attention.

" J'attendais depuis ce matin que tu te décides à penser aux cadeaux, dit- elle, mais j'aurais imaginé qu'à onze ans tu te serais plus intéressé à ceux que tu reçois qu'à celui que m'offrent les Dursley. Tu n'es donc pas intéressé par ce que tu reçois ?

- C'est que... Je ne pensais pas avoir de cadeaux chez vous, dit Harry.''

Ou plutôt, il savait parfaitement ce qu'était le cadeau que lui offraient les Dursley, et, effectivement, cela ne l'intéressait pas particulièrement. De plus, même s'il s'était attendu à autre chose, il était plutôt mal élevé de poser la question.

" Bien sûr que si tu as des cadeaux, s'écria la vieille femme d'une voix haut perchée. Les Dursley t'ont envoyé ça."

Elle lui lança un petit paquet parallelepipédique envelopé de papier d'aluminium qui devait contenir, vu sa forme, le paquet de mouchoirs promis. Harry l'ouvrit sans enthousiasme et le tendit à Mrs Figgs pour qu'elle en prenne un, comme elle l'avait fait quelques instants plus tôt avec la boite de chocolats. Après que la vieille femme s'est mouchée bruyamment, Harry glissa le paquet dans sa poche et alla mettre le papier à la poubelle, puis revint s'asseoir et reprit sa lecture. Il sursauta quand Mrs Figgs l'interpela.

" Ne sois donc pas si pressé ! s'exclama-t-elle. Tu n'aimes donc pas les cadeaux ? Ce n'est pas fini ! J'ai aussi quelque chose pour toi.

- Vraiment ?

- Bien sûr. Seulement, je ne l'ai pas emballé parce qu'il n'aurait sûrement pas apprécié. Attends un instant."

Elle sortit et revint quelques instants plus tard portant dans ses mains une petite chose qui poussait des cris plaintifs. Lorsqu'elle arriva tout près de lui, elle écarta les mains et il put voir le petit chaton tigré au museau aplati.

" Joyeux Noël, dit Mrs Figgs en le lui tendant.

- Merci, répondit Harry d'une voix étranglée. Même s'il savait que Mrs Figgs avait suffisamment de chats, et qu'il faudrait bien qu'elle trouve des acquéreurs pour les petits, donc que ce don devait plutôt la débarrasser, c'était la première fois de sa vie qu'on lui faisait un vrai cadeau. Ou du moins, un cadeau qui lui faisait plaisir. Le chaton avait arrêté de couiner quand Harry l'avait pris. Il s'était roulé en boule au creux de ses mains et ronronnait doucement.

'' Il va falloir que tu lui trouves un nom, dit Mrs Figgs. ''

Mais Harry redescendit soudain sur terre et secoua la tête.

" Je suis désolé, dit-il, mais je ne peux pas le garder. J'aurais aimé, vraiment, mais ce n'est pas possible.

- Et pourquoi ?

- Les Dursley ne voudront jamais.

- Oh, tu crois ? Ta tante m'a pourtant toujours affirmé qu'elle adorait les chats. Je lui parlerai."

Quelque chose dans la voix de la vieille femme , bien qu'elle ait parlé avec chaleur, donnait à Harry l'impression d'un rire contenu. Comme si Mrs Figgs savait parfaitement que, bien que Pétunia se soit toujours exclamée de sa voix sucrée qu'elle adorait les chats quand elle venait dans cette maison, en réalité elle les détestait, et les traitait régulièrement de sacs à puces. Et comme si la vieille femme se réjouissait à l'avance à l'idée d'utiliser contre elle l'hypocrisie de sa voisine. Harry ne put s'empêcher de sourire lui aussi à cette idée, qu'il n'aurait probablement pas eue s'il n'avait pas surpris la conversation dans le salon cette nuit là.

" Merci, répéta-t-il, cette fois avec un entousiasme non feint.

- Il aura juste six semaines quand tu repartiras chez toi, tu pourras l'emmener. En attendant, tu devrais le remettre à sa place. J'entends miauler Myrza, je crois qu'elle le cherche."

Harry alla rendre le chaton à sa mère. Si la chatte parut en effet soulagée de retrouver son petit, celui-ci protesta légèrement lorsque son nouveau maître le déposa à terre. Du moins Harry eut cette impression. Et cela lui fit chaud au cœur.

Lorsqu'il revint dans le salon, Mrs Figgs avait repris son raccomodage. Harry s'assit dans un fauteuil près du feu. Il ne voulait pas remonter tout de suite dans sa chambre, pas alors qu'elle venait de lui faire le premier véritable cadeau de Noël de sa vie. Il lui devait au moins de lui tenir compagnie un moment, comme elle semblait le désirer. Mais la vieille femme travaillait en silence, et au bout d'un moment Harry commença à trouver cela pesant.

" Mrs Figgs ? demanda-t-il soudain.

- Oui, répondit sa baby sitter sans lever les yeux de son ouvrage.

- Depuis combien de temps vivez-vous ici ?"

Il avait l'espoir que, comme la mère de Liz, elle aurait connu sa mère enfant, et qu'il pourrait la questionner. De ce qu'il avait entendu pendant la nuit, il avait déduit que Mrs Figgs, qu'elle ait connu ou non ses parents, savait ce qu'il voulait savoir à leur sujet, mais il ne pouvait pas avouer qu'il avait surpris la conversation .

- Dix ans, dit la vieille femme. Il y a dix ans que j'habite ici.

- Oh."

Elle n'avait pas pu connaître sa mère. Dix ans plus tôt, celle-ci était déjà partie depuis longtemps, déjà morte. C'était l'époque où Harry lui- même arrivait à Privet Drive. Il en fit la remarque.

'' En effet, répondit Mrs Figgs, qui arrêta un instant son raccomodage pour le regarder dans les yeux. Lorsque j'ai appris le malheur qui avait frappé ta famille, je me suis précipitée pour offrir mon aide à Pétunia. Je ne la connaissais pas à l'époque, mais elle a eu l'air ravie de pouvoir s'appuyer un peu sur quelqu'un. Je t'ai beaucoup gardé les premières années, avant que tu ailles à l'époque. Je crois qu'entre toi et ton cousin, ta pauvre tante ne savait plus où donner de la tête. Et puis, au début, elle a dû être choquée, bien sûr, ce qui n'arrangeait en rien la situation.

- Je ne m'en souviens pas, dit Harry d'un ton songeur.

- Bien sûr, tu n'avais pas trois ans."

Il y eut un silence étrange, puis Mrs Figgs demanda brusquement :

" Dis-moi, Harry, est-ce que tu fais souvent des cauchemars ?

- De temps en temps."

Harry était surpris par la question, et cela dut s'entendre dans sa voix, car sa baby-sitter s'empressa de s'éxpliquer.

" Je me demandais cela parce qu'il m'a semblé t'entendre crier cette nuit. Mais quand je suis venue dans ta chambre tu dormais paisiblement. Tu ne te rappelles pas d'un rêve que tu aurais fait ?''

Harry hésita un instant avant de répondre :

"Si. J'ai fait un cauchemar cette nuit. Enfin, je crois que c'était un cauchemar."

Il raconta le rêve qu'il avait fait, mentionnant les douleurs de sa cicatrice. Si ces phénomènes étaient associés au mystère de ses parents, et si la vieille femme en connaissait les clés, il espérait qu'elle aurait une réaction, que, volontairement ou non, elle lui en apprendrait davantage. Mais bien qu'elle ne semblât pas considérer, comme l'avait fait l'oncle Vernon, que la douleur de sa cicatrice était le fruit de son imagination, et qu'elle manifestât un intérêt que Harry n'aurait pas attendu pour un simple cauchemar, elle ne sembla pas disposée à lui apprendre quoi que ce soit. Elle posa cependant plusieurs questions. Lorsque Harry révéla que la chose, dont il avait oublié le nom, voulait le tuer ainsi qu'un certain Dumbledore, qu'il ne connaissait pas, elle haussa un sourcil. Il lui demanda si elle avait déjà entendu ce nom, mais elle ne répondit pas. A la place, elle continua de le questionner.

" Cet homme dont tu ne te rapelles pas le nom, celui qui aidait " la chose", tu pourrais me le décrire ?"

Harry fouilla ses souvenirs.

"Non, dit-il enfin.

- Dommage.

- Pourquoi ? Ce n'était qu'un rêve, non ?

- Je n'en sais rien, Harry. Probablement, oui. Je suis curieuse, c'est tout."

Harry secoua la tête. Il se demanda s'il aurait cru la vieille femme s'il n'avait pas entendu la conversation la veille au soir, et se dit qu'il aurait eu probablement de gros soupçons. Cette conversation - en fait, tout ce qui s'était passé dans la journée à l'exception de la visite à l'église - ne correspondait pas du tout à l'image que donnait la vieille femme. Il insista :

" Vous savez qui est Dumbledore ? L'autre homme que la chose voulait tuer ?

- Pourquoi le saurai-je ?"

Le regard qui posait sur lui était pénétrant et vaguement effrayé, loin de son habituelle rigidité un peu folle.

'' C'est peut-être quelqu'un de célèbre. Ou quelqu'un que je connais mais dont je ne me rappelle pas. Pourquoi irais-je rêver d'un inconnu ?

- Comment sais-tu que ce n'est pas qu'un nom inventé par ton esprit ? Et comment peux-tu être sûr que c'est bien précisément le nom que tu as entendu dans ton rêve, que tu ne te trompes pas, si c'était la première fois que tu l'entendais ?"

Harry haussa les épaules.

" Vous savez que j'ai raison, n'est-ce pas ?

- Qu'est-ce que tu veux dire ?"

Le visage de la vieille femme avait pâli, et Harry décida de se lancer. Mrs Figgs était loin d'être aussi redoutble que son oncle ou sa tante, après tout, il ne risquait pas grand-chose. Il sentit une vague de chaleur lui monter au visage lorsqu'il dit :

" Je sais que vous le connaissez. Vous lui avez parlé hier soir."

La vieille femme répondit d'une voix sèche, semblable à celle qu'il lui connaissait :

" On ne t'a jamais appris que c'était mal d'écouter aux portes ? Ainsi tu faisais semblant de dormir lorsque je suis venue te voir ?

- Je n'avais pas envie de parler. Et je suis descendu parce que j'avais soif. Je suis rester écouter parce que... parce que...

- Parce que tu es curieux, trancha Mrs Figgs.''

De nouveau, elle était différente. Plus proche de la femme qu'il avait entendue pendant la nuit. Moins folle, moins vieille, et beaucoup plus sympathique.

" Je peux comprendre. Et qu'est-ce que tu as entendu d'autre ? A part le nom de la personne à qui je parlais ?

- Vous parliez de moi. De magie... accidentelle, c'est ça ? Et de pouvoirs que j'aurais eus. Et d'une école appelée Poudlard, où j'aurais dû aller. Vous disiez que j'étais en danger aussi.

- Tout ça, vraiment ? Et tu y crois ?"

Harry hocha la tête :

" Je m'en doutais. Vous l'avez dit vous même, c'était normal que je me pose des questions.

- Exact. Tu as vraiment l'oreille fine. Mais si tu as si bien écouté, tu dois savoir aussi que je ne peux rien te dire. L'heure n'est pas venue pour toi de savoir.

- Mais c'est ridicule !

- C'est comme ça, Harry.

- Mais dites-moi au moins, c'est vrai que j'ai des pouvoirs ? Pourquoi je fais ce que vous appelez de la magie accidentelle ?

- Je ne peux rien te dire, Harry, je te le répète. Dumbledore risque déjà de ne pas être très content d'apprendre que tu as entendu notre conversation. Il a tellement insisté...

- Je sais, j'ai entendu. J'ai aussi entendu..."

Il s'interrompit et frissona légèrement.

" Est ce que je suis réellement en danger ?"

La vieille femme soupira.

" Je crois que je peux répondre à cela, dit-elle finalement. Oui, comme tu t'en doutes probablement après ce qui s'est passé au début du mois devant ton collège, il y a des gens qui te veulent du mal. Mais tu es protégé, alors tu n'as pas trop de raison de t'inquiéter, d'accord ? Tu sais, hier soir j'étais un peu énervée à cause de ce qui s'est passé avec l'échelle. Ce qui est stupide, parce que cela n'avait rien à voir avec ces gens, mais je dois t'avouer que tu m'as fait peur. Essaie d'oublier ce que tu as entendu hier. J'espère que tu sauras tout très prochainement, mais en attendant essaie juste de t'amuser comme les autres garçons de ton âge. Même si je sais que ce n'est pas toujours très facile pour toi chez les Dursley.

- Mais vous disiez...

- N'insiste pas. Juste, si tu as l'impression d'un danger, tu sais où me trouver. Puisqu'il semble que tu m'aies démasqué. Je n'ai pas le pouvoir de te protéger mais je connais les gens qui le peuvent. Oh, et surtout, quoi qu'il arrive, ne dis pas aux Durlsey que je suis liée à tout cela."

Le ton de cette dernière réplique indiquait clairement que la conversation était terminée, et Harry, conditionné par dix ans de vie chez les Dursley, ne protesta pas. Le lendemain, Mrs Figgs ramena la conversation sur ce sujet pour lui demander des précisions sur les douleurs de sa cicatrice, et sur d'autres rêves du même genres qu'il aurait fait. Harry expliqua qu'il y en avait sûrement d'autres, mais qu'il ne s'en souvenait pas. A l'exception de cet échange de quelques minutes, ils n'eurent pas d'autres conversations sur ce thème pendant le reste du temps que Harry passa dans la maison de la vieille femme. Le garcon tenta pourtant à plusieurs reprises d'obtenir des réponses, mais Mrs Figgs s'arrangea toujours pour éviter d'y répondre.

Finalement, le jour où les Dursley devaient venir chercher Harry arriva. Celui-ci était prêt à partir, refaire son sac ne lui ayant pas pris plus de cinq minutes. Un peu avant l'heure prévue, il descendit ses affaires dans l'entrée. Puis il se rendit dans la cuisine, là où avait été installé le panier de Myrza et ses petits. Il caressa doucement la tête de quatre des petits et de la mère, pour leur dire au revoir, puis il prit le quatrième chaton entre ses mains.

" Toi, tu viens avec moi, murmura-t-il. Enfin, si Mrs Figgs arrive à convaincre mon oncle et ma tante, ce qui n'est pas encore gagné.

- Tu pourrais avoir un peu plus confiance en moi."

Il n'avait pas entendu la vieille femme arriver derrière lui.

" Je t'ai dit que tu pourrais le garder. Tu as décidé d'un nom ?

- Godric.

- Godric ? répéta Mrs Figgs d'un ton étranglé. Comme dans..."

Elle s'interrompit brusquement et se mit une main sur la bouche.

'' Comme dans Godric's Hollow, compléta Harry. C'est là qu'habitaient mes parents. Ou du moins c'est ce que m'ont dit les Dursley."

Sa gardienne hocha la tête, et une expression de compréhension se peignit sur son visage qui se détendit. Harry eut la très nette impression que ce n'était pas à cela qu'elle avait pensé.

L'oncle Vernon et la tante Pétunia se présentèrent tous les deux à la porte pour venir chercher leur neveu. Ils apportaient à Mrs Figgs un bouquet de fleurs pour la remercier, en plus de la boite de chocolats donnée précédemment. Celle-ci chargea le garçon d'aller mettre les fleurs dans un vase. Lorsqu'il revint, la tante Pétunia avait les lèvres pincées en un sourire forcé. L'oncle Vernon dit d'un ton sec :

" Prends tes affaires et ton animal, mon garçon, Dudley nous attend à la maison."

Harry ne sut jamais comment Mrs Figgs les avait convaincus, mais lorsqu'il vint lui dire au revoir, au lieu de se contenter de quelques phrases polies comme il en avait l'habitude, il l'étreignit chaleureusement, ce qui lui arracha un sourire.

" Merci, en profita-t-il pour murmurer.

- De rien, répondit sa gardienne en se penchant pour lui rendre son étreinte. Prends soin de toi, Harry."

Le garçon hocha la tête, puis, maintenant son chaton contre sa poitrine avec une main, et tenant sa valise de l'autre, il suivit sa famille. L'oncle Vernon attendit qu'il soient arrivés au 4, Privet Drive et qu'ils aient refermé la porte derrière eux, à l'abris des oreilles indiscrètes du voisinage, pour exploser.

" Un chaton, et puis quoi encore ? Dès demain, nous irons le rendre en disant que Dudley est allergique aux poils de chats. Il est hors de question que je nourrisse cette bestiole. Pétunia, quelle idée tu as eu de prétendre que tu trouvais ces animaux adorables !

- Je ne pouvais pas savoir qu'elle essayerait de s'en débarrasser en lui en donnant un ! Ce n'est pas pour qu'elle lui fasse des cadeaux que nous le lui laissons. Et puis, comment penser que quelqu'un puisse avoir envie de lui offrir quelque chose !

- Comme tu dis, Pétunia, elle voulait probablement s'en débarrasser. Après tout, on ne peut pas dire qu'il soit beau. On dirait même qu'il est un peu difforme. Peut-être n'est-il pas utile de le rendre, après tout. J'irai le noyer demain, et nous dirons qu'il s'est sauvé. Ce sera un bon débarras pour tout le monde. Inutile de garder en vie des êtres parasites."

Le coup d'oeil qu'il lança à son neveu indiquait clairement qu'il ne faisait pas référence qu'au chaton. Harry serra Godric contre lui.

" C'est à moi qu'elle l'a donné, remarqua-t-il courageusement. Et je veux le garder."

Son oncle éclata d'un rire tonitruant.

"Tu veux le garder, hein ? Et avec quoi le nourriras-tu, ton chat ? Avec des aliments pris dans "ma" cuisine, mon garçon ? J'estime que nous accomplissons déjà une bonne action en te nourrissant, toi. Il est hors de question que nous déboursions un sou de plus. Et ta tante a déjà bien assez de travail sans avoir en plus à ramasser les saletés d'un animal.

- Je pourrais travailler après l'école pour lui acheter de quoi manger. Et il ne fera pas de dégats, Mrs Figgs dit que tous ses chats sont bien dressés.

- Travailler après l'école ? S'étouffa à moitié l'oncle Vernon. Et traîner dehors jusqu'à pas d'heure ?

- Que diraient les voisins ? approuva la tante Pétunia. Nous vivons dans un quartier respectable.

- C'est complètement exclu, conclut l'oncle Vernon. Tu dois rentrer immédiatement à la maison après le collège. La question est réglée. Ce soir, nous mettrons cette chose dans le placard sous l'escalier, et demain je m'en occuperai. Tu iras voir Mrs Figgs pour t'excuser de l'avoir perdu, et j'espère que tu seras poli.

- Elle saura que c'est un mensonge, dit Harry, en s'efforçant d'avoir l'air calme.''

Il savait que s'il montrait sa panique, s'il cessait de raisonner pour crier ou supplier, son oncle aurait gagné.

"Elle m'a dit l'autre jour qu'il n'y avait aucun risque, que quand les petits chats se sauvaient c'étaient pour retourner dans la maison de leur mère, et que celle de Godric habitait suffisamment près. S'il se sauvait, il irait droit chez Mrs Figgs qui le ramènerait.

- Qu'est-ce que c'est que ces âneries ? grinça Vernon.

- Vernon, ne serait-il pas plus simple de rendre cette bête à Mrs Figgs plutôt que de faire comme tu dis ? Si jamais quelqu'un nous voyait, si les gens se mettaient à jaser...

- D'accord, Pétunia, si tu préfères..."

À ce moment, Dudley descendit l'escalier de son pas pesant. Il semblait s'être encore élargi pendant son séjour aux Etats-Unis. Ses cheveux blonds étaient recouverts d'une casquette rouge à l'éffigie d'une équipe de baseball.

" Hello, cousin ! s'écria-t-il d'un ton mielleux. Tu as passé un bon Noël ? Il était bon le pudding aux choux ?"

Avant que Harry ait eu le temps de répondre, son cousin avait aperçu le chaton dans ses bras.

" Oh ! s'écria-t-il. C'est à toi, Harry ? J'ai toujours eu envie d'un animal. Un vrai, pas comme cette perruche inutile que m'avait offerte tante Marge ! Un chien aurait bien sûr été l'idéal, les chats sont ridiculement petits, et les chiens impressionnent. Je me verrais bien avec un gros chien genre pitbull. Mais les chats sont pas mal pour s'amuser avec. Pierce en a un, il lui apprend des numéros de cirque. Je suis sûr que je pourrais lui apprendre plein de trucs. Et puis, s'il n'apprend pas assez vite, on peut toujours s'en servir autrement . Pour se défouler. Donne-le-moi, et tu pourras regarder si tu veux.

'Je n'ai pas le souvenir que quiconque t'ai dit quoi que ce soit quand tu me tapais dessus, pensa Harry '

Mais à la place il dit :

" Comme tu le disais au début de ta phrase, Godric est à moi.

- Donne cette bête à Dudley, Harry, dit dûrement l'oncle Vernon.

- Non, répondit Harry.''

Il sentait l'animal trembler contre sa poitrine, comme s'il devinait les intentions hostiles à son égard. Il caressa la petite tête pour le rassurer.

'' La petite fille s'est trouvé une poupée vivante ? railla Dudley. Tu vas lui mettre des vêtements ? ''

L'oncle Vernon eut un rire gras.

" Ce n'est pas à toi que ça arriverait, hein, fils ? S'il ne veut pas te la donner, prends-lui cette bête de force. Et si elle perd quelques poils au passage ce n'est pas bien grave, non ?

- Si, intervint la tante Pétunia. Je sais que tu ne ferais pas de mal à une mouche, Duddy, mais des fois, tu n'as pas conscience de ta force, et je ne voudrais pas que cet animal soit blessé. Demain, nous le ramènerons à Mrs Figgs, et il ne faut pas qu'elle puisse dire que nous l'avons maltraité."

Harry n'aurait jamais pensé que sa tante avait ainsi conscience de la brutalité de Dudley, même si elle ne l 'avait pas mentionnée en ces termes.

" De plus, continua-t-elle, je ne voudrais pas que tu t'habitues à cet animal, Pour que tu ne sois pas triste quand nous devrons le rendre."

Cette dernière phrase était beaucoup plus proche de ce que Harry aurait attendu de sa tante.

" Le rendre ? demanda Dudley, étonné. Je croyais que la vieille folle l'avait donné à Harry.

- C'est vrai, confirma ce dernier.

- Mais nous ne voulons pas d'animal dans cette maison, ajouta sèchement l'oncle Vernon.

- Mais je ne veux pas que vous le rendiez ! fit Dudley d'une voix plaintive. J'aurais à peine le temps de m'amuser en une nuit !

- C'est mon chat, remarqua Harry. Et je ne veux pas que tu le tortures.

- Je comprends, mon petit agneau, dit la tante Pétunia à Dudley, comme si elle n'avait pas entendu la réplique de son neveu. Mais tu ne pourras pas l'emmener à Smeltings, et maman n'a pas envie d'avoir un chat à nourrir, et des saletés à nettoyer.

- C'est le chat de Harry, fit Dudley avec un sourire narquois. Il peut bien partager sa nourriture avec lui. Vous dites toujours qu'il mange trop. Et il pourra aussi nettoyer ses saletés. N'est-ce pas cousin ?

- Oui, dit Harry, qui n'aurait jamais pensé être un jour en accord avec Dudley.''

Il savait que c'était peut-être sa seule chance de garder Godric, même si lui n'avait jamais trouvé qu'il avait trop à manger, bien au contraire. Il n'avait aucune envie de voir Dudley toucher son chaton, il savait qu'il lui ferait certainement du mal, mais Dudley allait bientôt repartir pour Smeltings, et, connaissant son cousin, il aurait sûrement oublié le chat à ses prochaines vacances. Et alors, il serait beaucoup plus difficile de se débarrasser du chaton, qui n'en serait plus un.

'' Pétunia, fit pensivement Vernon, qu'en penses-tu ?

- Je ne veux pas voir cet animal ailleurs que dans sa chambre ou dans le jardin. Et je n'achèterai pas de boites ou de paquets de croquettes.

- Très bien, fit Vernon, dans ce cas d'accord. Dudley, tu peux le prendre."

Dudley s'avança de Harry, les bras tendus vers le chaton.

" Viens minou, minauda-t-il. Viens faire un tour avec moi. Je vais t'apprendre des tas de tours. Tu seras un chat de cirque, tu verras."

Harry fit un pas en arrière.

" C'est mon chat, vous l'avez admis. Et je ne veux pas qu'il aille avec Dudley.

- Ne sois pas égoïste, gronda l'oncle Vernon. Prête ta bestiole à ton cousin et monte dans ta chambre."

Harry tenta de résister mais le coup de poing que Dudley lui mit entre les côtes lui fit déserrer les bras. Le chaton, s'aggrippa à son pull quand il le lâcha, et monta sur son épaule. Dudley s'en empara tandis que Harry tentait de reprendre sa respiration. Le petit animal terrorisé tenta de s'accrocher de toute la force de ses griffes minuscules au garçon qu'il connaissait, mais la main qui l'avait saisi était bien trop forte, et il ne réussit qu'à arracher les fils du chandail usé que portait Harry. Avec un sourire éclatant en direction de son fils, Vernon attrapa son neveu par la peau du cou et le jeta dans le placard sous l'escalier. Comme s'il avait oublié que ce n'était plus sa chambre.

A l'heure du dîner, les Dursley semblèrent se rappeler de son existence. Ils envoyèrent Dudley le libérer du placard. Son cousin eut la gentillesse de l'informer, un grand sourire aux lèvres, qu'il avait utilisé la totalité du repas de Harry en appâts pour entraîner le chaton. Harry espérait que Godric n'avait pas tout mangé, il ne voulait pas que son chat devienne à l'image de Dudley.

" Il est fantastique, s'écria le gros garçon. Ça compense sa laideur."

Harry n'eut pas l'occasion de protester, car Dudley continuait déjà.

" Il est monté sur les tabourets du premier coup, et passé dans le cerceau, également. Piers a mis des mois à obtenir ça du sien, et encore il n'obéit que s'il a été affamé pendant deux jours et que Piers met de la nourriture derrière. Au fait, je lui ai trouvé un nom. Il s'appelle Tiger. C'est cool, non ?

- Il a déjà un nom, s'emporta Harry. Il s'appelle Godric.

- Godric ? s'esclaffa Dudley. D'où sors-tu ce nom ridicule ?

- Ça ne te regarde pas. C'est mon chat, et je ne suis pas assez prétentieux pour l'appeler Tiger.

- Ce n'est pas prétentieux, c'est ambitieux. Godric, ça ne veux rien dire, c'est nul. Tu peux l'appeler comme tu veux, mais à partir de maintenant, son nom, c'est Tiger. Je l'ai dit à papa et maman, ils m'ont dit que c'était une très bonne idée."

Harry secoua la tête, et décida de ne plus argumenter. Ça n'en valait pas la peine. L'oncle Vernon et la Tante Pétunia étaient, comme toujours, du côté de leur fils, et il ne tenait pas à provoquer une nouvelle dispute. Il avait déjà passé suffisament de temps dans le placard.

" Où est-il ? demanda-t-il à la place.

- Dans ma chambre, répondit Dudley. Tu peux le prendre pendant que je vais manger."

Les deux cousins montèrent les escaliers. Une fois qu'ils furent sur le palier, Harry put entendre des gémissements plaintifs en provenance de la chambre de son cousin. Celui-ci ouvrit la porte.

" Tiger, appela-t-il en tendant les mains. Viens ici immédiatement."

Les miaulements s'arrêtèrent instantanément et une boule de poils jaillit de la pièce. Mais, ignorant les bras tendus de Dudley, le chaton vint s'asseoir aux pieds de Harry. Celui-ci le saisit, et il sentit le petit animal se peletonner contre sa poitrine.

Dudley leur jeta un regard acide :

" Je viendrai le récupérer tout à l'heure, dit-il. Et ce serait bien que tu viennes nettoyer les saletés qu'il a fait dans ma chambre, pendant que je suis en bas. Tu es responsable de lui, après tout."

Il fit une grimace et descendit l'escalier à toute vitesse. Harry soupira. Godric sur l'épaule, il pénétra dans la chambre. Ce n'était qu'un fatras inextricable d'anneaux de caoutchouc et de petits trépieds que Dudley avait découpés dans du carton. Et, au milieu, se trouvaient des restes de nourriture. Apparemment, son cousin avait utilisé un unique morceau de rôti froid pour appâter le chaton, ce qui semblait ne pas avoir été très efficace : la viande était à peine mordillée. Il lui avait également donné un peu de lait. Le reste de la nourriture, il l'avait probablement gardé pour lui. Harry ne pensait pas que Godric ait pu avaler les deux beignets dont la présence était révélée par les papiers gras. Dudley avait dû profiter de la situation pour faire ce qu'il avait toujours tenté de faire : s'empiffrer encore un peu plus au dépend des rations de Harry. Celui-ci posa son chat sur le sol, mit les restes et les papiers salis dans un sac poubelle et mit le fatras de Dudley sur le côté. Puis, suivi du chaton, il se dirigea vers sa chambre.

Après quelques séances de son dressage improvisé, Dudley se lassa du chaton. Harry put alors de nouveau manger à tdable avec les Dursley. Il se privait de lait le matin, pour le donner à son animal, et lui gardait de petits morceaux de viande quand on lui en donnait. Ce régime semblait profiter à Godric qui, s'il ne devenait pas énorme comme Harry l'avait craint, semblait en excellente santé, et grandissait à vue d'oeil. Les premiers jours, lorsque Dudley essayait de le dresser aux numéros de cirque, il les exécutaient docilement. Mais le soir où le gros garçon voulut faire dormir le chaton dans sa chambre, Harry fut réveillé peu après minuit par de petits grattements contre la porte de la sienne. Entre les deux cousins, Godric savait toujours vers qui il manifestait sa préférence, et Harry se disait que, déjà chez Mrs Figgs, c'était lui que l'animal avait choisi comme maître, et comme famille, et que ce sentiment continuait d'exister maintenant qu'ils étaient revenus chez les Dursley. Après que Dudley se fut lassé du chaton, celui-ci passa la plus grande partie de ses journées dans la chambre de Harry. L'enfermement ne semblait pas lui peser. Deux fois par jour, le garçon le descendait dans le jardin, où régnait un froid soleil hivernal, et il s'amusait de voir l'animal explorer prudemment un massif de fleurs, reniffler, avancer prudemment une patte, et parfois revenir en courant vers son maître en poussant de petits cris. Il n'avait pas deux mois et c'était encore un bébé, à la fois curieux et craintif.

Enfin, après quelques jours de cette nouvelle routine, la fin des vacances arriva. Le premier dimanche de janvier, Dudley reprit le train pour Smeltings, et le lendemain, Harry retournait au collège. Il était heureux de retrouver ses amis, même si la pensée de laisser Godric enfermé toute la journée dans sa chambre l'inquiétait un peu. Il n'était descendu du bus que depuis quelques instants lorsque Will arriva. Il portait un manteau flambant neuf sur son uniforme. Son visage mince semblait plus rempli qu'à l'ordinaire, ses yeux brillaient et ses lèvres étaient ouvertes sur un large sourire.

" Salut, fit Harry. Tu as passé de bonnes vacances ?

- Géniales ! répondit l'autre garçon. Tu ne peux pas savoir à quel point ça change d'avoir un peu d'argent. Bien sûr, maman est moins souvent à la maison, mais quand elle est là elle est dix fois plus cool. Et puis, on a eu de super cadeaux à Noël, et tellement de chocolats que j'en ai été malade. Je n'arrive pas à me rappeler la dernière fois que je me suis autant amusé. Et toi ?

- Oh, ça a été, répondit Harry d'une voix neutre. ''

Il été content pour Will, mais souffrait de savoir que lui ne connaîtrait probablement jamais de vraies vacances heureuses dans sa famille.

'' C'est vrai ? Alors ta voisine n'était pas aussi terrible que tu le craignais ?

- Pas vraiment."

Harry jeta un coup d'oeil autour de lui. Ils étaient au milieu de la cour, des élèves couraient dans tous les sens. " J'aurai des tas de trucs à te raconter, mais on va attendre d'être un peu plus tranquilles, d'accord ? Et peut-être aussi que Liz soit là.

'' Oh ! Ca concerne tes parents et toutes ces choses bizarres ?

- Oui. Et c'est plutôt difficile à croire.

- Ca t'amuse de faire monter le suspens ?"

Harry haussa les épaules.

" Le cours commence dans cinq minutes, de toutes façons, on n'a pas le temps.

- Ca t'arrange, hein ? Ok, je te pardonne si tu mets ton exercice de grammaire entre nous deux pour que je puisse répondre si Thomson m'interroge. Je ne me suis rappelé qu'hier soir qu'on avait des devoirs.

- D'accord, dit Harry, alors qu'ils prenaient la direction de leur salle d'anglais. Ce n'était pas comme si c'était un gros sacrifice, je fais toujours ça."

Will sourit.

" Alors, demanda Harry, c'était quoi tout ces supers cadeaux que tu as eus à Noël ?

- Des vêtements."

Le garçon désigna son blouson.

" Et ma mère nous a offert une console de jeux, à Simon et moi. Depuis le temps qu'on en réclamait une !

- C'est cool, dit Harry.

- Tu pourras l'essayer si tu viens chez moi, un soir. Et toi ? Tu as eu quelque chose, ou est-ce que ton oncle et ta tante on été aussi nuls que d'habitude ?

- Ils m'ont offert un paquet de mouchoirs en papier, fit Harry en entrant dans la salle de cours. Mais j'ai eu un vrai cadeau. De Mrs Figgs.

- C'est vrai ? Et c'est quoi ?

- Un chaton. Il s'appelle Godric."

A ce moment-là, Liz se précipita à sa place devant eux. Quelques instants plus tard, le professeur Thomson arrivait, et le cours commença.

A la récréation de dix heures, les deux garçons firent signe à leur amie de les rejoindre, et tous trois s'isolèrent dans un coin de la cour. Harry raconta aux autres tout ce qui s'était passé pendant son séjour chez Mrs Figgs, sa chute de l'échelle, son rêve, la conversation qu'il avait surprise et celle qu'il avait eue, ensuite, avec sa vieille baby sitter.

" C'est ridicule, dit Will. Elle sait que tu sais qu'elle sait tout, mais elle refuse de te dire quoi que ce soit ?

- Elle a dit qu'elle n'avait pas le droit. J'ai entendu ce Dumbledore lui dire qu'il avait promis aux Durlsey de ne rien dire, sinon ils me mettraient à la porte. Et il ne voulait pas que cela arrive, mais je n'ai pas bien compris pourquoi. Mrs Figgs non plus, je crois. Mais elle ne m'en a pas reparlé, elle a juste dit qu'elle ne pouvait pas me parler. Que j'étais bien protégé et que je ferais mieux d'oublier tout cela. Mais la veille, elle n'avait pas l'air si sûre.

- On a déjà tenté de t'enlever une fois, c'est donc que tu n'es pas si bien protégé.

- Harry a été sauvé, remarqua Liz. Ces mystérieux protecteurs ont agi à temps. Ça fait un mois qu'on a établi leur existence grâce à ça. Mais on ne sait toujours pas ce que veulent ces gens."

Souvent, lors de leurs discussions interminables dans la cour, Harry était surpris par Liz. Il se demandait toujours comment cela se faisait qu'elle ait de si mauvais résultats en classe. Elle faisait généralement d'excellentes suggestions, et parvenait fréquemment à établir des liens qui échappaient à Harry ou à Will. Et quand elle le voulait, elle pouvait être parfaitement ancrée dans la réalité.

" Je me demande ce qu'elle voulait dire par cette histoire de magie accidentelle. Je veux dire, c'est vrai que toutes ces choses bizarres qui arrivent, ça ressemble à de la magie... Et si tu étais un mage, Harry ?

- Euh... Liz, fit Will avec une grimace en direction de Harry, excuse-moi mais la sorcellerie, ça n'existe pas.

- Ah oui ? Et les vitres qui disparaissent dans les zoos, ça existe d'après toi ? Et Harry a entendu parler de "pouvoirs" qu'il aurait, non ?

- Si, répondit Harry. Ils ont aussi dit que si j'en prenais conscience, je pourrais m'amuser avec. Le problème, c'est que je ne vois absolument pas comment.

- N'as-tu aucune idée de ce qui se passe au moment où ces choses arrivent ?

- Si. Je crois que ces choses arrivent quand je ressens une émotion particulièrement forte. Pendant les vacances, quand je me suis disputé avec ma famille, j'ai eu un moment l'impression que j'allais tout faire exploser. J'ai essayé de me calmer, et cette impression a disparu.

- C'est déjà un début de contrôle, tu ne crois pas ?

- Peut-être. Mais c'est plus facile de s'empêcher de s'énerver que de s'y forcer, non ? Et je savais très bien que les Dursley m'auraient tué si j'avais encore fait de la magie accidentelle.

- Vas-y, fit Will. Essaie de te mettre en colère, maintenant, et change Liz en crapaud.

- Je ne sais pas comment. Il ne suffit pas que je sois en colère. Et puis, je n'ai jamais changé personne en crapaud.

- Ouhou, Harry, je plaisantais ! Bien sûr que tu ne peux pas !

- Qu'est-ce que tu en sais ? demanda Liz. Si Harry peut transformer ses vêtements, pourquoi pas aussi quelqu'un d'autre ? Mais c'est peut-être trop compliqué. Essaie quelque chose que tu as déjà fait souvent.

- C'est à chaque fois différent. L'autre jour, quand je suis tombé, je ne sais même pas exactement ce qui s'est passé, si ce n'est que j'aurais dû me rompre les os et que ça n'est pas arrivé. Et que Mrs Figgs a appelé cela de la magie accidentelle."

La fin de la récréation les empêcha de poursuivre leur conversation. Mais pendant le déjeuner, Liz plaça son verre en face de Harry.

" Vas-y, dit-elle. Fais de la magie dessus. Fais le glisser, et tomber de la table, ou fais-le exploser, comme ça.

- Je ne peux pas, répondit Harry. C'est impossible. Et puis comme ça, devant tout le monde ? Je ne veux pas qu'ils sachent tous.

- Personne ne fera attention. Essaie juste de te concentrer, imagine que c'est ton cousin, ou quelque chose comme ça.

- Imagine que c'est ton cousin et qu'il est en train de torturer ton chat, renchérit Will.''

Harry finit par céder devant l'insistance de ses amis. Jetant un coup d'oeil autour de lui, il constata qu'effectivement les collégiens étaient tous trop occupés pour remarquer ce qu'il faisait. Même si le bruit du verre qui se brisait attirait leur attention, ce qui ne manquerait pas d'arriver, ils pourraient toujours faire croire à une maladresse. Et l'insistance de ses amis avait presque fini par le convaincre qu'il pouvait y arriver. Repoussant son assiette, il se concentra sur le verre, essayant d'imaginer ce qu'il ressentait quand Dudley s'en prenait à lui, ce qu'il ressentirait s'il s'en prenait à Godric. Il revit son cousin mentant sur lui à ses parents pour le faire punir, comme il l'avait fait si souvent pendant leur enfance, et sentit la rage monter en lui. Mais quand il se focalisa sur le verre, rien ne se produisit. Une douleur sourde entre les yeux, il finit par abandonner.

Ce jour là, et les suivants, Harry garda une grande partie de la viande qu'on lui donna à la cantine pour Godric. Will et Liz se relayaient pour lui apporter du papier aluminium. Le chaton s'était habitué sans mal à passer la journée seul dans la chambre de Harry. Du moins, Pétunia ne s'était jamais plainte de l'entendre pleurer, ce qui, pour Harry, aurait été synonyme de gros ennuis. Par contre, le soir, l'animal était agité et joueur. Son plus grand plaisir semblait être de jouer avec le stylo de son maître quand celui-ci faisait ses devoirs. Harry le descendait dans le jardin tous les matins et tous les soirs, et le remontait un peu plus tard. Jamais il n'eut à le chercher, le chaton se précipitait toujours en apercevant son maître. Certains de ses camarades de classe, notament Meg, une fille dont les parents possédaient cinq chats et autant de chiens, lui firent remarquer que ce n'était pas un comportement normal pour un chat. Harry s'en moquait. C'était comme cela que se comportait son chat, et il n'allait pas s'en plaindre.

De plus, il avait d'autre sujets de préoccupation que l'attitude, normale ou non, de Godric. Après plusieurs tentatives infructueuses, Will et Liz avaient cessé d'insister sans cesse pour qu'il tente de faire de la magie. Il n'avait rien appris sur ses parents, ou sur ses mystérieux pouvoirs, depuis ce jour chez Mrs Figgs. Un jour de la mi-janvier, il se rendit chez Will après les cours, malgré les menaces que lui avait fait l'oncle Vernon s'il ne rentrait pas directement, pour tenter d'appeler Godric's Hollow. Ce fut le maire en personne qui lui répondit, le village étant trop petit pour que d'autres personnes s'occupent du secrétariat. Il se rappelait de Harry, expliqua-t-il, et du drame de ses parents, mais refusa de donner plus d'explication par téléphone. A la place, il invita le garçon à se rendre sur place. Harry soupira en raccrochant. Il avait à peu près autant de chance de trouver quelqu'un pour l'emmener à Godric's Hollow que Dudley de remporter un concours de beauté. Au début du mois de Février, il eut de nouveau l'occasion d'en savoir plus.

Lorsque Harry et ses amis arrivèrent à la cantine, ce jour là, celle-ci était pleine. Après qu'ils aient tourné pendant plusieurs minutes, Will finit par dénicher trois places à côté d'un groupe de jeunes comportant son frère. Harry se fit immédiatement la réflexion que les amis de Simon n'avaient pas l'air particulièrement sympathiques. Leurs visages arboraient l'expression brutale et renfrognée de ceux qui, à quinze ans à peine, ont déjà acquis l'indifférence et le cynisme que confère parfois une vie difficile. Ils avaient l'air bien plus agés que Simon, mais celui-ci ne détonnait pas dans le groupe. Quand les première années s'assirent, l'un des adolescents lança :

" Eh, les mioches, allez voir ailleurs. Ces places sont réservées.

- Laisse-les, Kevin, intervint Simon. C'est mon petit frère et ses copains.

- Désolé, fit l'autre. Je pensais juste que c'était une bonne occasion de s'amuser." Les trois première années s'assirent sans rencontrer d'autres problèmes. Harry échangea un regard étrange avec Simon. Il ne l'avait pas revu depuis la conversation qu'ils avait eue après qu'il l'ait surpris à forcer un cadenas, et avait eu l'impression que le jeune homme ne l'appréciait pas beaucoup plus, même depuis qu'il lui avait sauvé la mise. Cependant, il avait tenu sa promesse : il n'y avait plus eu de vol depuis les vacances de Noël. Deux conversations séparées se rétablirent bientôt entre les deux groupes d'élèves. Avant de commencer à manger, Harry découpa un gros morceau du steak haché qu'on leur avait servi ce jour là, et le mit dans du papier alu et dans un sac plastique pour Godric. Lorsqu'il releva les yeux après avoir placé le tout dans son sac de cours, il vit le regard de Simon fixé sur lui. Les autres troisième années semblaient ne rien avoir remarqué, trop occupés qu'ils étaient à dire du mal de Both. Fuyant le regard du frère de Will, Harry continua de parler avec ses amis, comme s'il n'avait rien fait de particulier. Comme s'il était normal d'emporter avec soi une partie de son repas de midi. Il se demandait ce que pouvait bien penser Simon. Lors de leur précédente rencontre, il lui avait semblé sur la défensive, aggressif parce qu'il ne savait pas comment agir autrement. Harry ignorait s'il l'avait cru quand il avait expliqué que ce n'était pas parce qu'il avait grandi à Privet Drive qu'il avait été gâté. Il n'y attachait pas beaucoup d'importance, d'ailleurs. Vivre avec les Dursley lui avait appris à ne pas attacher d'importance à ce que les autres pouvaient penser de lui. Pourtant, le regard perçant que posa sur lui Simon après qu'il eut fait disparaître le morceau de viande, l'impression que le jeune homme cherchait à entendre ce que disaient son frère et ses amis, tout cela le mettait mal à l'aise. Il avait l'impression d'être jugé, et ne comprenait pas pourquoi.

Ses soupçons se confirmèrent lorsque, le lendemain, Will remarqua d'un ton anodin :

" Tu sais, Simon m'a posé plein de questions sur toi, hier soir. Il t'a vu cacher le morceau de viande, ça l'a intrigué.

- Qu'est-ce que tu lui as dit ?

- La vérité. Que c'était pour ton chat. Mais ça ne l'a pas complètement satisfait, il en est arrivé à poser des questions sur les Dursley, pourquoi ils ne le nourrissaient pas eux-même, pourquoi ils ne t'avaient pas envoyé dans une école privée, avec tous les sous qu'ils devaient avoir... Tu sais, ajouta Will d'un ton gêné, mon frère a des idées un peu spéciales, sur les gens qui vivent dans ton quartier. Il pense que les gens qui ont de l'argent...

- Je sais, coupa Harry, ne t'en fais pas. Qu'est-ce que tu lui as dit ?

- Je... Je lui ai dit que ta famille ne t'aimait pas, je lui ai dit pour la manière dont ils te traitent.

- Quoi ? Mais...

- Je sais que tu n'aimes pas qu'on en parle, que tu ne veux pas que ça se sache. Mais il insistait et... Je n'ai jamais su mentir à mon frère.

- Tu lui as tout dit ? Et tu lui as dit pourquoi ?

- Non. Il n'a pas posé la question. De toutes façon, je crois que si je lui avais dit pourquoi, si je lui avais vraiment tout expliqué ce que nous savons, il m'aurait envoyé à l'asile, non ?"

Harry ne répondit pas.

" Tu m'en veux ? demanda Will, l'air inquiet.

- Non, répondit Harry. C'est juste que, comme tu l'as dit, je préfère que cela ne se sache pas. D'un autre côté, ce n'est pas comme si Simon allait parler aux Durlsey. Il n'y a pas vraiment de risque. Et puis, je ne lui parle jamais. Ça ne changera sûrement pas grand-chose qu'il sache."

Harry se trompait. L'après-midi même, alors qu'il sortait de son cours de maths pour la pause, Simon l'aborda.

" Viens par ici, Harry, murmura-t-il en l'entraînant loin des première années, et en s'assurant que son frère ne le voyait pas. J'ai à te parler."

Harry n'était pas trop entousiaste, mais il le suivit quand même, un peu parce qu'il était curieux de savoir ce que Simon avait à dire, beaucoup parce que l'autre garçon, qui était plus grand et plus fort, l'entraînait de telle manière qu'il aurait eu beaucoup de mal à se dégager. Le frère de Will le conduisit jusqu'à un coin reculé de la cour, caché par des monticules de terre. Des mégots de cigarettes trainaient par terre, au milieu de différents papiers de friandises.

" Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Harry d'un ton sec, un peu énervé par cet "enlèvement".

- D'abord, je voudrais m'excuser, commença Simon d'un ton qui ne contenait pas son habituelle arrogance. Pour ce que je t'ai dit l'autre jour, quand tu m'as surpris en train de forcer le casier. Et te remercier de ne pas m'avoir dénoncé.

- Je t'avais dit que je ne le ferais pas si tu ne recommençais pas.

- Je sais. Mais j'ai été odieux avec toi. Je veux dire, Will m'a parlé de ta famille.

- Je sais. Je n'ai pas envie de parler de ça. Les Dursley ne sont pas si horribles que Will semble le penser."

Ce n'était pas tout à fait vrai, mais Harry avait l'habitude, depuis qu'il était tout petit, de défendre sa famille. Cela lui avait bien souvent évité des ennuis.

'' Il pourraient difficilement l'être, tu n'as pas idée de ce qu'il m'a raconté. Mais je croyais que tu étais un enfant gâté, et je m'aperçois que ce n'est pas vrai. Bref, ce n'est pas pour parler de cela que je t'ai fait venir ici. C'est juste que je me suis soudain souvenu que nous n'avions pas terminé notre conversation, l'autre jour.Tu voulais que je t'apprenne à forcer les cadenas, tu te souviens ? ''

Harry hocha la tête.

" Je vais le faire, dit Simon. Je vais te montrer. J'imagine que je te dois bien ça. Mais promets-moi de ne pas faire les même conneries que moi. Même si tu as besoin d'argent pour nourrir ton chat.

- Promis, dit Harry. Ça n'a rien à voir avec ça."

Le frère de Will sortit de la poche de sa veste un cadenas qu'il ferma, et un morceau de fil de fer, et lui montra comment faire. Lorsque la cloche sonna, Harry commençait à comprendre la technique, et Simon lui assura qu'avec un peu d'entrainement il y arriverait sans mal. Et, en effet, après une soirée passée dans sa chambre à ouvrir le cadenas de son casier qu'il avait rapporté avec lui, il parvenait à le forcer en à peine quelques secondes. Il n'attendait plus que l'occasion de se glisser sans être vu dans la chambre de son oncle et sa tante.

Cette occasion se présenta le week-end suivant. Le samedi soir, des collègues de l'oncle Vernon étaient invités à dîner, et Harry fut bien entendu prié de ne pas se montrer et de rester dans sa chambre. Ce qui ne le dérangeait pas, au contraire il préférait rester seul avec Godric que d'avoir à supporter la conversation des amis de ses oncle et tante, généralement ennuyante au possible. Seule l'odeur alléchante des plats préparés par Pétunia lui faisait envie, surtout lorsqu'il repensait aux misérables tranches de pain et de fromage qu'il avait eues pour dîner.

Godric miaula, et se frotta contre ses jambes. Lui aussi avait faim. Harry n'avait trouvé que peu d'aliments comestibles pour lui dans la journée. Il avait toujours du mal le week-end. Les Dursley ne lui facilitaient pas la tâche, même s'ils l'autorisaient à mettre de côté sa nourriture pour la donner au chaton. Le morceau de viande qu'ils lui avait attribué à midi était si petit que Harry avait préféré ne pas l'entamer, mais même ainsi il n'avait pas suffi à nourrir Godric.

Le jeune garçon se dit qu'il pourrait toujours donner plus de lait au chaton le lendemain matin, les Dursley lui en donnaient un bol complet. Repoussant Godric qui essayait de monter sur ses jambes, il entrouvrit la porte le plus silencieusement possible pour écouter les bruits qui montaient du rez-de chaussée. Il entendit le petit rire haut-perché de la tante Pétunia, bientôt rejoint par d'autres timbres. Des voix parlaient, souvent toutes en même temps. Puis, ensemble, elles se taisaient quelques instants avant de repartir, s'emmelant, se séparant quand l'une d'elle réussissait à s'imposer aux autres, à les réduire au silence. Parfois, les rires reprenaient. Les adultes semblaient bien s'amuser. S'il ne faisait pas trop de bruit, ils ne se préoccuperaient sûrement pas de lui.

Glissant sur ses chaussons trop grands, Harry s'avança sur le palier et ouvrit la porte de la chambre de son oncle et sa tante, comme il l'avait fait quelques mois plus tôt. Rien n'avait changé dans la pièce, l'escabeau de bois menait toujours à la trappe dans le plafond. Harry escalada les marches, une à une. Lorsqu'il fut près de l'ouverture, il sortit le morceau de fil de fer que lui avait donné Simon, et l'introduisit dans le cadenas. Celui-ci était rouillé, et Harry eut du mal à l'ouvrir, mais au bout de quelques minutes il céda avec avec un grincement. Le cœur battant, le jeune garçon le retira, puis il ouvrit la trappe et grimpa dans le grenier.

Il n'y avait pas de lumière, autre que celle qui provenait de la chambre des Dursley, et Harry mit un certain temps à s'habituer à la pénombre. Lorsqu'il put enfin distinguer quelque chose, il regarda curieusement autour de lui. Si elle était très basse de plafond, la pièce était assez grande, et encombrée de muliples valises, cartons, et autres objets hétéroclites. Contrairement au reste de la maison, le ménage ne semblait pas y être fait très souvent. Une couche de poussière reouvrait tout, plus ou moins épaisse selon les endroits. Près de la trappe, elle était mince, voire inexistante par endroits. Harry ouvrit un carton, qui était rempli de cahiers, de classeurs et de livres. Il reconnut l'écriture de Dudley. Si des affaires avaient appartenu à sa mère, elles devaient se trouver plus au fond. Et la poussière au dessus devait être très épaisse, personne n'y ayant touché depuis au moins dix ans. Car il supposait que si son oncle ou sa tante était tombé sur un objet de Lily, celui-ci aurait été instantanément détruit. Il se dirigea vers le fond de la pièce. Pourquoi Pétunia, d'ordinaire si méticuleuse, ne faisait-elle jamais le ménage dans cette pièce ?

Harry commença à examiner les objets qui se trouvaient autour de lui. Un cheval à bascule en bois à qui il manquait une patte cotoyait un sac de golf, un abat jour représentant un panier de fruits, que Harry ne se souvenait pas avoir jamais vu dans la maison, diverses peluches. Dans un carton, le garçon trouva de vieux vêtements, une robe blanche à dentelles et un smoking noir. Sans doute provenaient-ils du mariage de son oncle et sa tante. Celui d'à côté contenait des livres pour enfant, qui devaient dater de vingt ou trente ans. Harry était en train de le refermer quand une malle attira son attention. Enorme, couverte comme tout le reste d'une épaisse couche de poussière, elle semblait moins sombre que le reste de la pièce. On aurait dit qu'elle produisait de la lumière, pas suffisament pour briller mais assez pour appararaître clairement.

S'approchant, le garçon passa son bras sur la malle et souffla dessus pour essayer de faire partir la poussière, créant un épais nuage blanc. Il toussa quand la fine poudre lui entra dans le nez. Lorsque le nuage fut dissipé, Harry put lire, gravé sur une plaque de métal, juste sous la moignée de la malle : "Lily Evans, Poudlard." Il sut qu'il avait trouvé ce qu'il était venu chercher. Son cœur fit un bond dans sa poitrine, et, le souffle court, il ouvrit la malle.

L'intérieur était plein de livres et de cet étrange papier dont était fait les lettres que sa mère avait écrites à Déborah March. Ouvrant une petite boite en bois qui s'y trouvait, Harry découvrit également des plumes et des flacons de verre vides, qui avaient dû contenir de l'encre. Il prit un livre. Il faisait trop sombre pour qu'il puisse lire, mais il réussit à déchiffrer le titre : "Guide de la métamorphose à l'usage des débutants". Quelques mois plus tôt, cette appelation l'aurait fait rire, mais maintenant il ne savait pas trop quoi en penser. Si c'était sérieux... sa mère avait eu les mêmes "accidents" que lui. Oui, bien sûr. Le but de cette mystérieuse école où elle était allée, où son père était allé, et où les Dursley n'avaient pas voulu qu'il aille, était d'apprendre à se servir de sa magie. Est-ce que ce livre lui permettrait d'en faire autant ? Etait-ce réellement possible ? Will et Liz avaient-ils eu raison de lui dire qu'il pouvait y arriver ? Malgré son impatience de se plonger dedans, Harry mit le livre de côté. Il voulait examiner le reste de la valise. Il regarda les rouleaux de ce qui ressemblait à du papier. Ils étaient recouverts d'écritures, mais il faisait trop sombre pour pouvoir les lire. Lorsqu'il souleva une pochette, plein d'images s'en échappèrent. Il les ramassa et les posa sur le livre. Il fit de même avec ce qui ressemblait à des photos, de plus en plus pressé de revenir à la lumière pour étudier tout cela. Mais il n'avait aucune idée du temps qui avait pu s'écouler depuis qu'il était là, et voulait prendre le plus possible du contenu de la malle avant de sortir, par crainte de ne pouvoir revenir avant le départ des invités de son oncle et sa tante.

Après avoir pris plusieurs livres, et des écrits de sa mère, il en fit une pile, referma la malle en se promettant de revenir, se releva lentement et se dirigea vers la trappe. La lumière l'éblouit une instant quand il descendit dans la chambre de son oncle et sa tante. Il descendit prudemment l'escabeau, et posa ce qu'il avait trouvé par terre avant de remonter pour fermer le cadenas. Lorsqu'il se glissa sur le palier, il entendit des voix en provenance du rez-de-chaussée. Tendant l'oreille, il entendit une voix de femme remercier la tante Pétunia pour son délicieux repas, et celle-ci minauder que cela avait été un plaisir. Les invités s'en allaient. Harry frissona en pensant que, s'il était resté cinq minutes de plus au grenier, il aurait pu être découvert. Sur la pointe des pieds, il regagna sa chambre, et cacha ses trouvailles au milieu de ses affaires d'école.

Ouf, un de plus. Et encore un peu plus longtemps entre deux chapitres... (rougit). En tous cas, contente de voir que les délais ne vous empêchent pas de suivre. Merci à tous les lecteurs, et voici les réponses au reviews :

Alixe : Merci pour ta review. J'espère que tu auras aussi aimé ce chapitre.

Onarluca ( ou Artemis ?) : La voilà, la suite ( un peu tard, je sais...)

Crys : Là encore, tu auras dû attendre. En effet, on s'approche de plus en plus de la vérité... mais il faut croire que Harry est un peu long à la détente, il lui faut un peu de temps pour tout comprendre.

Dega : T'en fait pas pour Harry, il en a vu d'autres, même si c'était mortel il trouverait le moyen de survivre. Et en ce moment il va plutôt bien ça va sans doute pas durer). Et, non, le chaton de Mrs Figgs n'est pas le futur Pattenrond. Il n'est pas roux ( enfin je crois).

Didi : un jour peut-être. Contente que ça te plaise.

Cholera : Merci pour tous tes compliments !

Izabel : Ok, merci pour ces éclaircissements, je me sens moins bête. Et, oui, en effet, je suppose que dans cet univers Hagrid n'était pas à Gringots à temps. Après il y était allé juste à ce moment là parce qu'il accompagnait Harry...

Pug de Crydée : Contente que tu aimes. Pour Voldie, ne t'inquiète pas pendant encore un petit moment il ne va pas trop perturber la vie de Harry, juste un peu ses nuits.

Johp5 : Alors, qu'est-ce que tu penses du grenier ? Est-ce que tu l'imaginais comme ça ?

...... quelqu'un ......... ( et tu noteras que j'ai respecté le nombre de points...): Merci pour ta review. Mais si tu commences à me remercier de répondre, là je crois qu'on est pas sortis de l'auberge. En tous cas ça me fait plaisir que tu aimes cette fic, même si je suis sûr qu'il y en a plein d'autres tout aussi intéressantes en ce moment.

Celine.s : Euh... non, l'action n'est pas encore pour ce chapitre, désolée, mais il risque de ne pas y en avoir beaucoup avant le chap 9 (enfin, pas de Voldie, et tous cas, parce qu'au 8 Harry bouge un peu.) J'espère que tu auras aimé quand même.

Callista : Oups... Alors j'ai converti une âme innocente à ff.net ? Je devrais avoir honte... Mais le pire est que je prends un plaisir perverse à savoir que mes fics t'ont plu ! Et à espérer que tu auras aimé ce chapitre... Non, je ne dois pas dire des choses pareilles ! Fuis avant qu'il ne soit trop tard, fais-toi désintoxiquer, c'est la pire des drogues !

Sarah30 : Contente que ça te plaise. Et Harry va rapidement découvrir une partie importante de la vérité, mais pour le reste il devra attendre le dernier chapitre. Quand au sauveur, il se pourrait en effet que tu aies raison.

Skara : Pour dormir, essaie le tilleul. En fait, c'est uniquement pour toi que j'espace à ce point les chapitres : si tu mets une semaine à t'en remettre, et si je publiais toutes les semaines, tu pourrais tomber gravement malade. Comme ça, au moins, tu as du temps pour vraiment récupérer ( et tu t'arrangeras avec les autres lecteurs, d'accord ?). Je ne devrais pas te féliciter de te faire du mal comme ça en venant lire, mais merci quand même pour ta review.

Godric2 : Merci pour l'avalanche de reviews sur toutes mes fics. Malheureusement, personne n'a écrit de suite à Un Enfant si Particulier, et j'ai abandonné l'idée que j'avais pour en faire une à Quand tout recommence. Mais tes petits mots m'ont vraiment fait plaisir. Et pour cette fic-ci... J'espère que tu apprendras à ne pas être trop impatient, ça n'avance pas vite.

Wynzar : Oups... Je commence à devenir cramoisie derrière mon écran, et je crois que les gens autour se posent des questions... Pour ton information, je suis une fille ( c'est fou le nombre de gens qui se posent la question, pourtant je croyais mon pen name assez clair).Ok, je ne me vexerai pas si je n'ai pas beaucoup de reviews de ta part, ne t'inquiète pas. J'espère cependant que tu repasseras par ici un jour. Merci pour tes encouragements.

Cyci : En effet, je ne l'ai pas vue la première fois. Tu en connais d'autres des fics où les Dursley maintiennent Harry en dehors de la magie ? Parce que j'ai beaucoup de mal à en trouver. Si tu en connaissais des bonnes, ça m'intéresserait d'avoir les références. J'ai passé beaucoup de temps à en chercher avant de me résigner à en écrire une. Contente que tu apprécies mon sadisme, ça rassure. Pour tes questions « stupides »(tous les points que j'ai oublié de reprendre... on peut dire que tu es observatrice) : Harry a fait sa retenue, en semaine ( ça marchait comme ça dans mon ancien collège ). Il a reçu son bulletin, mais on parlera plus de celui du deuxième trimestre. Pour le grenier, tu as la réponse et Harry restera dans le monde moldu jusqu'au bout de la fic ou presque, mais comprendre pas mal de choses avant. Voilà, je crois que c'est tout. Merci pour ta review.

La fourmi : Contente que tu aimes, désolée pour l'attente.

Vert : Ouf ! un instant, j'ai cru que tu t'inquiétais pour moi, ou pour les gens que je découperais, et tu aurais baissé dans mon estime. Mais si tu ne te soucie que de l'avancée de la fic, tout va bien. Mais rectificatif : je n'ai jamais essayé de tué Harry, mort il ne m'amuserait plus du tout : comment je ferais pour le faire souffrir ? Dumbledore a à mon avis beaucoup plus le don de voyance que Trelawney, même si chez lui ça passe par l'esprit et les deux yeux, pas un troisième. Mais bon, ce serait aussi le meilleur professeur de Défense possible, et il s'obstine à engager des incapables ... Il n'a pas le temps de tout faire. Merci pour ta review.

M4r13 : C'est sur que vu la vitesse à laquelle tu as lu mes autres fics, ça va te changer de devoir attendre pour celle-là... Réfrène ton impatience, je ne suis pas vraiment rapide en ce moment. Mais un gros merci pour toutes tes reviews. J'espère que tu as trouvé Gabriel Knight et que tu t'amuses bien !

Ouf, je suis arrivée au bout ! Encore merci à tous et à la prochaine !