Disclaimer : comme d'hab : rien à moi, tout à JKR, etc, etc

Merci à Mirabelle P pour la relecture.

Chapitre 7 : chocogrenouilles, vacances et cauchemars.

Le dimanche après-midi, après avoir passé la matinée à retourner le jardin pour la tante Pétunia, Harry s'assis sur son lit. Son chat sur les genoux, il examina ce qu'il avait trouvé dans la malle du grenier. Les images dans la pochette bougeaient. Les personnages sur les photos lui adressaient de grands signes. Sur les légendes, il pouvait lire des noms avec des biographies. Au dos des cartes était écrit en lettres fluorescentes : Sorcières et Sorciers célèbres. Chocogrenouille.

Célèbres ? Harry n'avait jamais entendu parler de la plupart des personnages dont la tête, revêtue d'un chapeau pointu, ornait les cartes. Ah, si, Merlin. Mais Merlin était une légende, non ? Il continua de regarder les cartes de sorciers aux noms étranges, et l'une retint son attention : Albus Dumbledore. C'était l'homme que les gens de son rêve voulaient tuer, celui qu'il avait entendu parler à Mrs Figgs. Il portait une longue barbe blanche. Des lunettes dorées en demi-lune posées sur un nez crochu recouvraient ses yeux d'un bleu éclatant. La carte le présentait comme un très grand sorcier, qui avait combattu des mages noirs. Ainsi, il existait des mages noirs ? Ceux qui le pourchassaient appartenaient-ils à cette catégorie ?

Il continua d'examiner les cartes un moment, en se demandant où sa mère, car il ne faisait aucun doute que ceci lui avait appartenu, avait bien pu trouver cela. Les mouvements des personnages étaient fascinants. C'était très probablement de la magie. Il se demanda ce que dirait l'oncle Vernon s'il lui montrait cela. Lui qui détestait entendre parler du surnaturel, sauf pour clamer haut et fort que tout cela n'existait pas, il aurait probablement une attaque. Naturellement, Harry n'était pas assez stupide pour tenter l'expérience. En s'attardant sur cette pensée, il réalisa soudain que les Dursley connaissaient l'existence de la magie. Cela faisait parti de ce qu'ils lui cachaient depuis toujours. Ils ne voulaient pas que leur neveu en ait connaissance, mais ils savaient.

Mettant de côté les cartes imagées, Harry prit les feuilles de papier épais sur lesquelles il avait reconnu l'écriture de sa mère. Il prit un feuillet au hasard. On aurait dit les cours de chimie d'un élève appliqué, ou une recette de cuisine. Le titre, écrit lisiblement en haut et au milieu, avait été encadré avec soin : les potions calmantes. Suivaient une liste d'ingrédients, tous plus farfelus les uns que les autres, et le mode de préparation d'une mixture qui semblait extrêmement compliquée. Quelques semaines plus tôt, Harry aurait pensé qu'il s'agissait d'une farce, de ce genre de bêtises qu'écrivent les collégiens quand ils s'ennuient en cours. Mais après tout ce qu'il avait appris, il se dit qu'il pouvait tout à fait s'agir d'une vraie potion magique. Il feuilleta rapidement le reste des papiers. D'autres recettes du même genre suivaient. Il trouva également des cours traitant de révoltes de gobelins et de sortilèges de durcissement. Mais à part le titre, il ne comprenait pas grand-chose. Si l'école où étaient allés ses parents, et où lui n'avait pas eu le droit d'aller était réellement une école de magie, il semblait que ce ne soit pas pour autant une partie de plaisir.

Las d'essayer de comprendre les écrits de sa mère, il regarda les livres qu'il avait ramenés. Il ouvrit le "guide de la métamorphose à l'usage des débutants", imaginant que cela devait être à sa portée. Il passa rapidement sur la préface et l'introduction, qui insistaient sur le sérieux de la discipline, et les risques que pouvait présenter la métamorphose si elle était pratiquée de manière incorrecte sur un être humain, pour en arriver aux chapitres qui expliquaient comment transformer des objets. Il voulait voir s'il était réellement ce que le livre et les cartes appelaient un sorcier, s'il pouvait réellement faire de la magie. S'il y parvenait, c'était que tout cela était vraiment réel. Il avait encore du mal à y croire, malgré tout ce qu'il avait lu, tout ce qu'il avait vu et entendu. S'il était vraiment un sorcier... Ce devait être fantastique. Nerveusement, il reprit sa lecture.

L'un des exercices les plus simples de la pratique de la métamorphose, et qui est généralement le premier enseigné aux débutants, consiste à transformer une allumette en aiguille. Cette pratique, qui a l'avantage d'être absolument sans danger, n'est pas aussi évidente qu'il n'y paraît. Posez l'allumette bien à plat sur une table. Concentrez-vous sur l'image de l'aguille que vous voulez lui substituer, puis pointer votre baguette dessus en prononçant la formule...

Harry interrompit sa lecture. Sa baguette ? Il n'avait pas de baguette. Qu'est-ce que c'était que cela ? Faisaient-ils allusion à une baguette magique ? Dans ce cas, il ne pouvait pas tester la formule. Il lut rapidement le reste de la page, puis les suivantes. Systématiquement, la pratique de la métamorphose nécessitait une baguette. Il essaya de prononcer quelques formules, mais sans aucun résultat. Il referma le livre et en prit un autre, qui traitait de sortilèges. Cela lui parut plus simple que la métamorphose, les avertissements étaient moins nombreux, mais, là encore, une baguette était à chaque fois nécessaire. Il ne se rappelait pas avoir vu quoi que ce soit qui ressemblât à une baguette magique dans la malle du grenier. Profondément déçu, il se résigna à s'en tenir à la théorie, provisoirement, il l'espérait. Même ainsi, les livres étaient passionnants. Ce n'est que vers deux heures du matin que Harry releva la tête suffisament longtemps pour s'apercevoir qu'il était si tard, et qu'il était fatigué. Son sommeil cette nuit là fut peuplé de rêves où il changeait les Dursley en cochons en les pointant avec le manche de la bêche de la tante Pétunia.

" Attends, tu ne peux pas faire de magie même si tu es un sorcier parce que tu n'as pas de baguette magique ? s'écria Will, incrédule, en éclatant de rire. Les trois amis s'étaient réunis dans le coin de la cour où Simon avait amené Harry quelques jours plus tôt.

- Arrête de rire, répondit Harry, vexé. Je pensais que tu croyais à ces histoires. Si tu penses que je suis fou et si tu t'es moqué de moi pendant tout ce temps, dit le franchement, parce qu'autrement je ne vois vraiment pas ce qu'il y a de drôle.

- Non, je te crois, fit son ami en essayant à grand-peine de reprendre son sérieux. C'est juste que, dit comme ça, c'est vraiment étrange.

- Tu trouves ? fit Liz. Moi je trouve ça fascinant. Bien mieux que dans les livres. Dis, Harry, ajouta-t-elle en arrachant une branche d'un saule pleureur et en commençant à la dépouiller de ses feuilles, comment crois-tu que les sorciers fabriquent des baguettes magiques ?

- Je ne sais pas. Pourquoi ?

- Peut-être s'agit-il simplement de morceaux de bois dans la main d'un sorcier, non ? J'ai lu ça je ne sais plus où. Mais bien sûr, ce livre n'avait peut-être pas été écrit par un vrai sorcier. Tiens, ajouta-t-elle en lui tendant la branche de saule, essaie."

Se sentant parfaitement ridicule, et conforté dans cette impression par les gloussements qui provenaient de Will, Harry s'empara du morceau de bois. "Lumos" marmonna-t-il, essayant de reproduire la formule pour faire briller l'extrémité d'une baguette qu'il avait trouvée la veille dans le livre de sortilèges. Rien ne se produisit. Jetant la baguette, il haussa les épaules.

"Ça ne marchera pas, dit-il. Je le sens. Et puis cette branche est complètement tordue. Les sorciers ont besoin de baguettes droites pour pouvoir les pointer sur quelque chose. Peut-être qu'il faut un bois spécial, je n'en sais rien on n'en parle pas dans les livres.

- Et tu es vraiment sûr que celle de ta mère ne se trouvait pas dans ses affaires ? demanda Will, qui semblait être parvenu à réfréner ses éclats de rire.

- Oui. Il y avait surtout des livres de débutant, là-dedans. Elle devait n'y mettre que les affaires dont elle n'avait plus besoin. D'ailleurs, elle n'est jamais revenue au 4, Privet Drive après sa dernière année d'école, or elle devait avoir sa baguette magique avec elle à ce moment là, non ?

- Mais elle pouvait en avoir plusieurs. Ce serait stupide de n'en avoir qu'une. Imagine si tu la perds !

- Même dans ce cas, pourquoi aurait-elle mis au grenier une baguette magique qui marchait parfaitement ? Moi, à sa place, j'en aurais gardé un maximum, j'en aurais mis dans toutes les pièces de la maison. Surtout que, même après l'école, si elle avait tellement peur de ces gens, cela devait la rassurer de pouvoir faire de la magie, non ? D'être sûre de ne jamais être prise par surprise sans baguette ?

- Tu crois que l'on peut se battre avec de la magie ? demanda Will.

- Probablement. Juste avant d'éteindre, hier soir, je suis tombé sur un livre qui s'appelait "Combattre les forces du mal." Je n'ai pas eu le temps de le lire, mais le titre est plutôt évocateur. Et sur ces cartes que j'ai trouvées, il y avait plusieurs sorciers décrits comme ayant combattu des mages noirs. Et certains décrits comme des mages noirs, également.

- Quelles cartes ? demanda Liz.

- Les cartes des chocogrenouilles, répondit Harry.''

Ses amis le regardèrent avec des yeux ronds, et il ouvrit la bouche pour expliquer ce que c'était mais se rappela soudain qu'il les avait apportées au collège, justement pour les montrer aux deux autres. Ce qu'il fit, riant à leurs expressions surprises quand les personnages se mirent à leur faire des signes.

" C'est vraiment bizarre, commenta Will. J'ai l'impression de devenir fou.

- Aucun risque, répondit Harry. Tu l'as toujours été.

- Ces images me font un peu peur, fit Liz en les rendant à leur propriétaire. Surtout celui-ci."

Elle désignait un sorcier du nom de Grindelwald, décrit comme un mage noir.

'' On dirait qu'il va sortir de sa carte pour tous nous tuer, comme dans les films d'horreur. Ou certains livres. Souvent, les trucs retrouvés dans les greniers paraissent cools au départ, mais après ils se révèlent extrêmement dangereux. Surtout que là il s'agissait d'un grenier fermé à clé et...

- Tu veux nous faire faire des cauchemars, c'est ça ? coupa Will. Allez, calme-toi un peu, ces trucs ne sont absolument pas dangereux. C'était dans les affaires d'école de la mère de Harry ! N'est-ce pas, Harry ?

- Oui, répondit celui-ci. ''

Il ne jugea pas bon de préciser que c'était justement depuis qu'elle était allée dans cette école que sa mère avait commencé à avoir peur, et qu'elle avait finit par mourir quelques années après l'avoir quittée, dans un curieux accident de voiture. Lui aussi avait peur, par moments. Pas des cartes, du moins pas jusqu'à la remarque de Liz, mais de la magie en général, de ce mage noir qui, paraît-il, voulait sa peau. Il n'avait pas insisté sur cet aspect de la conversation qu'il avait surprise quand il en avait parlé à ses amis, pour ne pas les effrayer, mais il y pensait souvent. Chaque fois qu'il croisait un inconnu, quelqu'un qui semblait ne pas avoir sa place dans un collège, ou dans le quartier tranquille où il habitait, il se raidissait. Et cette peur était particulièrement tenace quand sa cicatrice lui faisait mal, ce qui était le cas ce jour là dans la cour, et qui arrivait de plus en plus souvent. Il y avait des moments où tout était terriblement normal, où il lui semblait presque avoir rêvé ce qu'il avait appris au cours des mois précédents. Des moments où il se sentait simplement un garçon de onze ans comme les autres, ou presque, comme il l'avait toujours été. Mais il avait également des moments où une espèce de panique le prenait, l'impression d'être piégé dans quelque chose qui le dépassait. Il était confronté à un danger qu'il ne pouvait pas percevoir, protégé par des gens qu'il n'avait jamais vu, sauf la fois où l'homme qui semblait le détester l'avait sorti de la voiture. Il avait l'impression, peut-être pas si éloignée de la vérité, que son sort dépendait d'une partie qui se disputait sans lui, et dont le résultat pouvait être sa mort ou sa survie. Et s'il avait tellement envie d'en savoir plus, c'était aussi pour pouvoir connaître le danger qui le menaçait, pour pouvoir se défendre au cas où les gens qui le protégeaient se laissaient déborder par leurs ennemis, au cas où ils auraient un moment de faiblesse. Comment pouvait-il obéir aux instructions de Mrs Figgs et continuer comme si de rien n'était alors qu'il était en danger et devait se reposer sur une protection invisible ? Aussi, lorsque Will lui dit qu'il devait être soulagé de savoir enfin la vérité sur ses parents, Harry répondit plutôt sèchement qu'il y avait encore beaucoup trop de choses qu'il ignorait. Ce en quoi Liz l'approuva.

" Ce que tu viens de trouver ne peut pas constituer la fin de l'histoire, dit-elle, d'un ton très sérieux. Ce serait frustrant que cela se termine comme cela. Tu ne sais pas utiliser ta magie. Les gens qui ont essayé de t'enlever sont toujours là, quelque part."

Apparemment, le fait qu'il n'ait pas insisté ne lui avait pas fait oublier cet aspect.

" Mrs Thomson l'a dit en cours, il y a quelque temps. Une fin est la plupart du temps une situation stable. Sauf dans certains cas où ça se finit en queue de poisson, mais dans ce cas les éléments qui ont perturbé avant ont été résolus, et ce sont de nouveaux qui apparaissent.

- Je croyais que tu n'écoutais pas en cours, remarqua Will.

- Ce cours était intéressant.

- De toute façon, ce que tu dis est stupide. Nous ne sommes pas dans une histoire, je croyais que tu l'avais compris.

- J'espère quand même que ça ne va pas s'arrêter là. Et je suis sûre que Harry non plus n'a pas envie que cela se finisse ici. Il veut en savoir plus, n'est-ce pas Harry ?

- Je ne sais pas ce que je veux, rétorqua Harry, de plus en plus agacé. Il avait l'impression que ses deux amis, chacun à leur manière, ne comprenaient pas le sérieux de la situation. Et est-ce que vous croyez vraiment que cela à une quelconque importance ce que je veux ? Je n'ai pas demandé à ce que mes parents soient tués. Je n'ai pas demandé à être un sorcier, et surtout pas un sorcier à qui personne ne s'est donné la peine de dire la vérité et qui ne peut pas faire de magie. Je n'ai pas demandé à avoir des gens qui cherchent à me tuer et d'autres qui me protègent, pour une raison que je ne connais même pas ! J'en ai assez !"

La sonnerie retentit alors qu'il finissait de crier, et sans un regard derrière lui, Harry se dirigea à grands pas vers le collège. Il remarqua à peine les regards curieux que lui jetaient les autres étudiants alors qu'il passait devant eux. Son éclat n'était pas passé inaperçu. Mais sa colère ne dura pas. Alors qu'il entrait dans la salle de Mrs Smith, le professeur de mathématiques, il réalisa que rien de tout cela n'était la faute de ses amis. Dans toute cette situation, ils étaient les seuls qui aient réellement cherché à l'aider, sans lui cacher quoi que ce soit. Et s'ils ne prenaient pas cela autant au sérieux que lui, pouvait-il vraiment le leur reprocher ? C'était sa vie, pas la leur. De plus, quand on avait tenté de l'enlever, ils avaient été réellement inquiets. Ils savaient que ce n'était pas un jeu. Ils avaient essayé de le pousser à demander de l'aide, quand son oncle l'avait enfermé, ils s'étaient inquiétés au point d'aller trouver Thomson. Simplement, tout cela était nouveau pour eux, encore plus que pour lui avait toujours su qu'on lui cachait quelque chose. Et ils prenaient les événements comme ils le pouvaient : Liz, comme si tout cela n'était qu'une fiction, Will avec un certain détachement. Et ils n'avaient pas entendu la conversation entre Mrs Figgs et Dumbledore, ils n'en savaient que ce que Harry leur en avait dit. Ils ne pouvaient pas partager son anxiété.

Dès la fin du cours de maths, Harry alla voir ses amis pour s'excuser de s'être emporté. Ils lui affirmèrent que cela n'avait pas d'importance, et s'excusèrent eux aussi de ne pas l'avoir pris suffisament au sérieux. Puis, rapidement, ils oublièrent l'incident.

Quelques jours plus tard, Will était resté avec Harry alors qu'il attendait le bus.

" Tu ne viens plus jamais à la maison le soir, remarqua-t-il. Ma mère me demandait ce que tu devenais, l'autre jour, et si nous étions fâchés.

- Je dois rentrer directement chez les Dursley, répondit Harry. Quand ils voulaient se débarrasser de Godric sous prétexte qu'il coûtait trop cher, j'ai suggéré que je pourrais travailler pour gagner de quoi le nourrir après l'école. Ma tante a failli manquer d'air en pensant à ce que diraient les voisins si je me mettais à travailler si jeune, qu'ils m'utilisaient comme un esclave ou quelque chose comme ça. Bien sûr, le fait que je fais tout le travail de la maison, ça ne compte pas puisque les voisins ne le savent pas... Ils ont aussi pensé que j'irais traîner n'importe où et que ça ferait jaser. Bref, pour s'assurer que je ne le ferai pas, mon oncle Vernon a collé mon emploi du temps sur la porte d'entrée et je suis obligé de rentrer par le premier bus.

- Mais tu n'as qu'à leur dire que tu viens chez moi !

- Ils s'en fichent. Ils ne me croiraient pas.

- J'avais pensé que tu pourrais venir à la maison pendant les vacances de Pâques, ma mère est d'accord, mais, ça non plus, ils ne voudront pas, n'est- ce pas ?

- Après ce qui s'est passé chez Liz, ça m'étonnerait, fit Harry d'un ton amer. ''

Il aurait pourtant donné n'importe quoi pour que cela soit possible. Passer les vacances chez Will, ce devait être formidable. Et il était également touché que Patricia Pickard, qui le connaissait à peine, ait pensé à demander de ses nouvelles.

" Peut-être si ma mère leur téléphonait, suggéra Will alors que le bus arrivait. Si on pouvait les persuader que ma famille n'avait jamais entendu parler de la tienne avant le début de l'année... Ils ne peuvent pas te garder enfermé dans ta chambre toute ta vie, si ?

- Ils y sont plutôt bien parvenus jusqu'à présent, soupira Harry. Mais tu diras à ta mère que j'apprécie sa proposition."

Ajustant son sac sur son dos, il monta dans le bus.

Avec l'arrivée du mois de mars vint un radoucissement sensible. Partout, la végétation reprenait et la ville sentait bon le printemps. Harry était tenté de s'attarder, le soir, mais il savait que le temps passé à flâner serait chèrement payé. D'autant plus que le retour des beaux jours signifiait également, pour lui, le retour du jardinage. La pelouse poussait, il fallait retourner la terre pour que la tante Pétunia puisse planter ses fleurs, et tailler les rosiers. Il ne se plaignait pas. Entre ses travaux à l'extérieur, ses devoirs qu'il continuait à faire le mieux possible, et les livres de sa mère qu'il avait entrepris d'apprendre, il ne lui restait pas beaucoup de temps pour penser à ces mystérieux ennemis qui le guettaient. Pas beaucoup de temps pour avoir peur. Certains jour, il arrivait à oublier complètement la menace, il se sentait presque normal. En dehors du fait qu'il étudiait la magie tous les soirs avec le plus grand sérieux.

Le printemps précoce faisait également le bonheur de Godric. Le chaton avait en effet découvert que le lierre qui recouvrait le mur, sous la fenêtre de Harry, lui fournissait une échelle des plus pratiques pour aller et venir librement entre la chambre de son maître et le jardin. Le garçon faisait attention à ne jamais fermer sa fenêtre quand il était au collège, et il retrouvait souvent le son animal en train de se dorer au soleil. Rapidement, avec une intelligence que Harry n'aurait jamais cru possible de la part d'un chat, Godric apprit également où se trouvait l'arrêt du bus de son maître, et il venait l'attendre le soir lorsqu'il rentrait du collège. Lorsque le jeune garçon se trouvait au 4, Privet Drive ou dans les environs, le chat ne le lâchait pas, sauf lorsqu'il se trouvait dans la maison, ailleurs que dans sa chambre. Le chaton semblait avoir compris que ces pièces lui étaient interdites.

Comme pour celles de Noël, Harry voyait arriver les vacances de Pâques avec une horreur croissante. Certains jours, la proposition de Will lui revenait en mémoire, et il se prenait à rêver au bon temps qu'il aurait pu prendre avec son ami, mais il ne pouvait se résoudre à demander la permission aux Dursley. Il connaissait d'avance leur réponse, et savait qu'ils ne seraient sûrement pas ravis de l'entendre poser la question. Un événement qui se produisit au milieu du mois de mars le poussa cependant à revenir sur cette sage prudence.

Ce matin là, Nicolas, avec un enthousiasme qu'on lui voyait rarement et qui seyait assez mal à son insigne de préfet en chef, se précipita sur sa sœur alors que les trois première année s'apprêtaient à aller manger.

" Je l'ai eu ! s'écria le jeune homme, un grand sourire au lèvres. Vas-y, Lizzie, dis-moi où tu veux aller, je t'y emmène !

- C'est vrai ? demanda la fillette. Tu as ton permis ? C'est génial !

- Ouais. Qu'est-ce que tu dirais d'une petite virée ? On pourrait emmener tes amis, ajouta-t-il en regardant Harry et Will. Qu'en pensez-vous les garçons ?"

Will avait acquiescé avec enthousiasme, et commencé à énuméré les endroits qu'il avait toujours eu envie de voir, Harry s'était contenté de féliciter le frère de Liz. Celle-ci, lorsque le jeune homme s'était éloigné pour fêter l'événement avec ses amis, s'était rapprochée des deux garçons et avait dit d'une voix calme :

" Je sais où Nick va pouvoir nous emmener. Harry, tu n'auras peut-être pas d'autre possibilité.

- Où ? avait demandé Harry, intrigué.

- A Godric's Hollow. Vous vous souvenez, l'homme que nous avons eu au téléphone a dit qu'il voulait nous voir pour parler. Et puis tu pourrais voir la maison de tes parents... Ce doit être ta maison, maintenant, tu en as hérité, non ?

- Je ne crois pas, répondit Harry. Les Dursley ont toujours affirmé que je n'avais hérité de rien.

- Peu importe. Si c'est loin, on pourrait peut-être profiter des vacances de Pâques pour y aller, non ? Nick a toujours dit que le jour où il aurait son permis de conduire, il m'emmènerait où je voudrais, avec qui je voudrais, et je sais qu'il tiendra parole, même si c'est loin. Alors, qu'est-ce que vous en pensez ?

- J'aurais adoré aller là-bas, répondit Harry en essayant de masquer le dépit qu'il ressentait. Mais ce n'est pas possible. Les Dursley ne me laisseront jamais.

- Ils n'ont pas besoin de le savoir, remarqua Will.

- Ils ne font pas tellement attention à moi, mais je crois quand même qu'ils le remarqueraient si je m'absentais toute une journée. Surtout que Dudley est là pendant les vacances, et qu'il s'arrange généralement pour savoir où je suis. Des fois qu'il aurait envie d'un punching-ball, ajouta-t- il, plaisantant à moitié.

- Si tu venais passer les vacances chez moi, ils ne sauraient pas que tu es parti pour la journée."

C'était la première fois depuis sa proposition initiale que Will reparlait de son invitation. Harry n'était pas plus convaincu que précédemment de ses chances d'obtenir la permission d'y aller, mais la perspective d'une visite à Godric's Hollow était une puissante motivation, et il finit par tomber d'accord avec son ami : il ne risquait pas grand-chose à demander. Il accepta également que Will demande à sa mère d'appeler les Dursley, le garçon assurait en effet que celle-ci saurait les convaincre.

Le soir, une fois de plus, Harry tenta de rassembler son courage pour parler à son oncle. Celui-ci l'ignorait superbement depuis plusieurs mois, ce qui convenait parfaitement au garçon, que l'idée de perturber cette situation était loin d'enchanter. Mais la perspective de deux semaines chez Will, et d'une visite à Godric's Hollow, était suffisante pour maintenir sa détermination. Ce soir-là, en arrivant à la maison, il découvrit que son bulletin trimestriel, ainsi que celui de Dudley, étaient arrivés pendant la journée. Il ne savait pas si le fait que les deux arrivent en même temps était un bon signe : si les Dursley étaient trop préoccupés par les prouesses de leur fils, ils ne se préoccuperaient sûrement pas de ce qu'avait fait Harry. D'un autre côté, s'il leur prenait l'idée de faire des comparaisons, il était sûr que cela ne tournerait pas très bien pour lui, même s'il avait de bien meilleures notes que son cousin. Et c'est ce qui semblait se passer. Au dîner, l'oncle Vernon et la tante Pétunia ne parlèrent que des bulletins qu'ils venaient de recevoir. Apparemment, les notes de Dudley étaient catastrophiques, et ses professeurs se plaignaient de son comportement. La tante Pétunia se plaignit de ce que son fils était un pauvre petit agneau incompris, que, déjà à l'école primaire, ses professeurs tyrannisaient. Quant à l'oncle Vernon, il semblait plutôt fier.

" C'est bien, déclara-t-il d'un ton fier. Dudley se comporte comme un homme, pas comme une omelette. Il n'hésite pas à s'opposer à ses professeurs, et ne se laisse pas marcher sur les pieds par ses camarades. Pas comme lui."

Il jeta un regard mauvais à Harry.

" Excellent élève, intelligent et travailleur, cita-t-il ironiquement. Très bon travail, beaucoup de sérieux... Cela pue le chouchou, tu passes tout ton temps à aller voir tes professeurs, à leur faire des compliments et à leur lécher les bottes, n'est-ce pas mon garçon ?

- Non, répondit Harry.''

A part le jour où on avait tenté de l'enlever, il n'avait jamais échangé un mot avec un professeur, sauf bien sûr s'ils l'interrogeaient en cours. Mais il savait que c'était inutile de mentionner cela : son oncle ne le croirait pas.

" Je les connais, les gens comme toi, ajouta l'oncle Vernon. Et je te préviens tout de suite qu'il est hors de question que cela continue. "

Harry commença à protester, à affirmer que c'était impossible, mais son oncle leva la main pour le faire taire. A ce moment, le téléphone sonna et Pétunia alla répondre. Quelques instants plus tard, elle appela son mari, et Harry resta seul dans la cuisine. Il en profita pour prendre un peu plus de pâtes dans le plat, il en restait trop pour que les Dursley le remarquent, et il était de plus en plus rare qu'il mange à sa faim depuis qu'il avait son chat et devait partager avec lui.

Plusieurs minutes s'écoulèrent avant que son oncle et sa tante ne reviennent dans la pièce. Lorsqu'ils réapparurent enfin, son oncle avait l'air furieux, et il s'adressa à Harry.

" On m'a appelé à ton sujet, mon garçon, commença-t-il, comme si ce fait même provenait d'un crime impardonnable que Harry avait commis. Une femme. La mère d'un de tes camarades de classe.

- Ah ? fit Harry d'un air faussement détaché.''

Si Mrs Pickard n'avait pas dit à son oncle qu'il savait qu'elle devait appeler, ce n'était pas lui qui allait le lui apprendre. Il avait dans l'idée que Vernon n'apprécierait pas de ne pas avoir été prévenu.

'' Elle dit que son fils a des problèmes à l'école, reprit son oncle, et pensait que, comme tu es bon élève, ou suffisament roublard pour passer comme tel, tu pourrais peut-être l'aider. Qu'est-ce que tu en penses ?

- L'aider comment ? demanda Harry, sans montrer qu'il en savait plus que ce que croyait son oncle.

- L'aider en lui faisant revoir ses cours, bien sûr, répondit Vernon d'un ton impatient. Pour un premier de classe, tu es plutôt lent à la détente, mon garçon. Elle propose que tu ailles chez eux pendant les vacances de Pâques pour remettre son fils, un certain William, au niveau. Ce qui signifie qu'ils s'occuperaient de toi pendant toutes les vacances, et elle propose de te donner un peu d'argent pour te payer s'ils sont contents de toi. Qu'est-ce que tu en penses ?''

Harry haussa les épaules. Il savait que se montrer enthousiaste était le meilleur moyen de convaincre son oncle de ne pas l'envoyer là-bas. Aussi demanda-t-il d'une voix plutôt ennuyée :

" Je passerais toutes les vacances à travailler ?

- Exactement, fit son oncle, triomphant. Je crois que c'est une assez bonne idée. Peut-être que cela t'apprendra à jouer les premiers de classe, non ? Et puis, Dudley sera sûrement très content de récupérer sa deuxième chambre pendant quinze jours. Je la rappellerai demain pour dire que c'est d'accord. Et ce n'est pas la peine de te bercer d'illusions, mon garçon, cette femme a l'air extrêmement sévère."

Alors qu'il se levait pour faire la vaisselle, Harry dut lutter contre une envie de rire presque incontrôlable. Il ignorait ce que Will avait dû raconter à sa mère pour la faire passer pour une mère un peu dure, le genre qui faisait travailler ses enfants toutes les vacances avec un répétiteur si leurs notes n'étaient pas suffisament bonnes, mais l'idée de son ami - car c'était l'idée de Will, il n'avait aucun doute là-dessus - était excellente. Et les Dursley avaient marché à fond. Harry parvenait à peine à croire son bonheur : non seulement il allait passer les vacances chez Will, non seulement il ferait le voyage à Godric's Hollow, mais en plus il n'avait pas eu à affronter son oncle pour obtenir la permission : celui-ci était persuadé que la décision qu'il avait prise ennuyait Harry. Pourtant, même si cela n'avait pas été Will mais un autre de ses camarades de classe, n'importe lequel, le garçon aurait été heureux d'aller passer les vacances chez lui plutôt que chez les Dursley, même si cela signifiait travailler toute la journée et même s'il avait eu une mère sévère à supporter. Mais cela, Vernon n'en avait aucune idée. Il n'avait jamais pris la peine d'essayer d'imaginer ce que pouvait bien ressentir ou penser son neveu, et, même s'il l'avait fait, il aurait sans doute été très loin de la réalité. Les dernières semaines de cours s'écoulèrent comme dans un rêve. Même l'horrible interrogation surprise que leur posa Both la veille des vacances ne parvint pas à assombrir l'humeur de Harry. Non que cela l'ait beaucoup dérangé d'ailleurs : après tout, les Dursley lui avaient fait comprendre qu'ils voulaient qu'il ait de mauvaises notes.

Et finalement arriva le jour tant attendu. Will avait fait savoir à Harry qu'ils passeraient le chercher le dimanche en fin d'après-midi. Et après un long week-end passé en compagnie de son oncle, sa tante, et son cousin, lequel paraissait ravi d'être débarrassé de lui pour les vacances, une fois de plus, le garçon aux cheveux noirs se retrouva dans le salon à attendre le coup de sonnette qui annoncerait sa libération. Le vieux sac de voyage qu'il avait déjà utilisé quelques mois plus tôt, lorsqu'il était allé chez Mrs Figgs, avait été rempli de vêtement et de livres et posé dans l'entrée. Il avait pris les livres et autres papiers qu'il avait de sa mère, et que Will n'avait jamais eu l'occasion d'examiner en détail, et ses livres de classe, puisqu'il s'agissait là de la raison officielle de son séjour chez les Pickard. Le reste de la famille attendait avec lui. Vernon affirmait que lui et Pétunia avaient quelques détails à préciser avec la mère de son ami, Dudley était resté pour " voir à quoi pouvaient bien ressembler les idiots qui fréquentaient le collège de leur quartier parce que personne ne se souciait de les envoyer dans une pension correcte." Harry n'avait jamais compris la propension des Dursley à toujours vouloir tout savoir de lui, à vouloir régenter ses fréquentations et tout ce qui faisait sa vie, alors qu'ils se moquaient parfaitement de ce qui pouvait lui arriver. Mais il était bien trop impatient et excité, bien qu'il s'arrangeât pour le cacher, pour réfléchir à cette question ce jour là. Rien n'aurait pu entacher sa bonne humeur, pas même la douleur sourde de sa cicatrice, qui persistait depuis maintenant des mois.

Lorsqu'enfin la sonnerie de la porte d'entrée se fit entendre, Harry se leva d'un bond, pour aller ouvrir. Will et sa mère, une petite femme maigre qui avait la peau et les cheveux très bruns, comme ses fils, et qui semblait remplie d'une énergie inépuisable, se tenaient devant la porte, ainsi que Simon, ce qui l'étonna légèrement. Il n'aurait jamais pensé que le troisième année accompagnerait son frère et sa mère. Avant qu'il ait eu le temps de prononcer le moindre mot, son oncle était derrière lui. Il jeta un coup d'œil méprisant à la vieille Fiat de la mère de Will. Il avait tendance à juger les gens d'après la marque de leur voiture, et les Pickard devaient être relégués tout en bas de sa pyramide de l'estime. En même temps, il paraissait satisfait. Harry savait qu'il s'y était attendu, puisque, évidemment, ces gens n'avaient pas les moyens de payer à leur fils une école convenable, ni un bon professeur particulier, et en étaient réduits à demander l'aide de Harry. D'un autre côté, s'ils étaient honnêtes, ils pouvaient peut-être constituer de bonnes fréquentations pour Harry qui, évidemment, ne pourrait jamais prétendre fréquenter la bonne société. Le garçon, qui avait surpris une conversation entre son oncle et sa tante, qui parlaient de cela, se demandait ce que penseraient les Dursley s'ils savaient que le père de Will était en prison.

"Entrez, dit l'oncle Vernon en regardant les vêtements des Pickard, cherchant visiblement quelle réflexion désagréable il pourrait faire après leur départ.''

Mais les amis de Harry étaient vêtus de neuf, d'habits achetés depuis que leur mère avait retrouvé du travail. La tante Pétunia ne fit aucun geste pour leur prendre leurs manteaux, ce qui était un signe certain qu'elle n'allait pas les retenir longtemps. Elle fit cependant un effort pour se montrer aimable.

" Alors ainsi vous aller vous occuper de Harry pendant les vacances, dit- elle avec un sourire forcé en direction de la mère de Will. C'est ce garçon là, ajouta-t-elle en montrant Will de la tête, qui vous pose des problèmes scolaires ?

- Oui, répondit Mrs Pickard, avec un sourire forcé. Will est un bon garçon, ajouta-t-elle en passant une main dans les cheveux de son fils qui se dégagea, mais il n'est pas très sérieux avec ses cours. Son frère est bien pareil, d'ailleurs. Pourtant, ce sont des garçons intelligents.

- Comme c'est dommage de gâcher ainsi leurs capacités, fit Pétunia avec un rictus qui, pour Harry, était très significatif du fait que sa tante se forçait à faire la conversation et se moquait complètement des résultats de Will ou Simon. Heureusement, nous n'avons aucun problème avec Dudley. Il a parfois de petits ennuis, mais pas plus que les autres jeunes de son âge, et ils sont tellement sévères dans ces pensionnats !

- Vous avez bien de la chance, soupira son interlocutrice. Et vous devez être fière de Harry, également. Ses professeurs, lorsque je suis allée les voir pour Will, m'en ont tous dit le plus grand bien. C'est l'un d'eux qui a suggéré que j'invite Harry à la maison pour aider Will à travailler. Comme ils sont amis, je me suis dit que c'était une bonne idée."

À ses mots, l'oncle Vernon jeta à Harry un regard chargé de soupçons, comme s'il commençait à entrevoir la vérité.

" J'ignorais qu'ils étaient amis, remarqua-t-il d'un ton sec.

- Vous voulez dire que Harry ne vous a jamais parlé de Will ? s'étonna Mrs Pickard.

- Euh... Maman, nous devrions peut-être y aller, fit remarquer son plus jeune fils.''

Harry lui fut reconnaissant d'avoir senti le danger et d'être intervenu si vite.

" Nous devons encore passer chercher Vince et nous sommes en retard.

- Ah oui, c'est vrai. Encore merci de nous confier Harry, dit-elle aux Dursley, excusez-nous de ne pas pouvoir rester plus longtemps.

- C'est courageux de votre part de vous en occuper, grogna l'oncle Vernon.''

Il lança un regard féroce à son neveu.

" Eh bien, mon garçon, qu'est-ce que tu attends ? Dépêche-toi de prendre tes affaires et ton sac à puces !"

Vernon se retourna vers Mrs Pickard.

" Comme je vous l'ai dit au téléphone, reprit-il, il emmène sa bestiole avec lui. Elle est nourrie sur ses rations. Ah, oui, mon neveu a tendance à trop manger, alors n'hésitez pas à le restreindre. Ou à sévire s'il n'accomplit pas ses devoirs ou s'il se montre insolent. Voyez-vous, nous avons les yeux ouverts, nous savons que sous ses airs de petit garçon sage il peut être terriblement grossier.

- Ne vous inquiétez-pas, répondit la mère de Will avec un sourire crispé. J'élève deux garnements, je pense qu'il n'y aura pas de problèmes avec Harry. Bon, venez les garçons, Vince doit nous attendre. Désolée de vous quitter ainsi, Mr et Mme Dursley. J'ai été ravie de faire votre connaissance.

- Nous ne vous retenons pas, répondit Pétunia.

- Dépêche-toi un peu, mon garçon, ajouta Vernon en direction de Harry.''

Quelques instants plus tard, ce dernier, qui avait du mal à croire à sa chance, était installé à l'arrière de la voiture des Pickard. Après un détour pour prendre Vincent, un ami de Simon, ils arrivèrent à l'appartement.

" Vince, Harry, allez poser vos affaires, dit la mère de Will. Simon, Will, vous venez m'aider. On va dîner dans quelques minutes."

Ses fils grognèrent mais se dirigèrent vers la cuisine. Harry alla poser son sac dans la chambre de son ami et les rejoignit. Mrs Pickard le regarda comme si elle ne l'avait pas encore vu ce jour-là.

"Ah, au fait, Harry, dit-elle, soit le bienvenu. Tes petites visites du soir nous ont manqué, tu sais."

Elle hésita un moment, comme si elle voulait ajouter quelque chose mais craignait sa réaction.

'' C'est gentil à vous de m'accueillir, madame, dit Harry comme elle ne se décidait pas. ''

La mère de Will sourit.

'' Tu peux m'appeler Mary, remarqua-t-elle. Je ne suis pas si vieille que cela. Et, c'est vrai, je suis contente que tu sois là, mais j'aurais préféré ne pas avoir à jouer ce petit jeu avec tes oncle et tante. Je n'ai d'ailleurs pas compris pourquoi les garçons ne voulaient pas que je leur demande simplement si tu pouvais venir chez nous passer un peu de temps avec Will. Ceci dit, c'est parfaitement vrai qu'il aurait bien besoin que ses notes remontent un peu, donc il ne vous est pas interdit de travailler, n'est-ce pas ?

- D'accord."

Harry aurait accepté n'importe quoi. Travailler en compagnie de Will, de toute façon, c'était complètement différent de travailler tout seul dans sa chambre à Privet Drive, ça tournait toujours au jeu, il n'était pas rare que cela finisse par une grosse crise de fou rire. Son ami, par contre, qui avait entendu la conversation, fit la grimace.

" Maman, protesta-t-il, c'est les vacances !

- Peut-être, mais moi je me sentirai beaucoup moins coupable d'avoir trompé l'oncle et la tante de Harry si vous travaillez. J'ai encore du mal à croire ce que vous m'avez fait faire. Et n'oublie pas ce que tu m'as promis.

- Mais maman, ils ne l'auraient jamais laissé partir autrement ! Ils ne veulent même plus le laisser venir à la maison après l'école ! Ils sont complètement fous !

- Will, présente tes excuses à Harry. Et ne parle plus comme ça de sa famille. Ils ont peut-être des méthodes d'éducation différentes de ce que tu connais, mais ça ne les empêche pas d'être de bons parents, n'est-ce pas, Harry ?"

Ce dernier fit un geste qui pouvait être interprété comme un oui ou comme un non. La question de Mrs Pickard ressemblait à ces questions rhétoriques dont la réponse est évidemment oui. Pourtant, il lui semblait déceler derrière une certaine inquiétude qui démentait la certitude affichée. Harry savait qu'il aurait dû répondre oui dans tous les cas, il ne voulait pas compliquer la situation en en révélant trop à la mère de Will, mais il ne voulait pas non plus avoir l'air de désavouer son ami. Qui continuait d'ailleurs de s'opposer à sa mère comme si Harry n'avait pas été là :

" Ce ne sont pas ses parents, je te l'ai déjà dit cent fois, s'énervait Will. Ses parents sont morts, il y a dix ans dans un accident de voiture !

- Ça suffit, maintenant, Will, coupa Mary d'une voix tranchante. Arrête avec ça, ne le lance pas à la figure de Harry comme si cela ne le touchait pas. J'ai fait ce que tu voulais, alors maintenant tu vas me faire le plaisir de te taire. Et tu travailleras pendant les vacances pour remonter tes notes, que cela te plaise ou non. Je croyais que nous étions d'accord. Si Harry ne veut pas t'aider, ou si tu refuses son aide, c'est votre problème. Mets la salade sur la table et on mange."

Will attrapa la salade d'un geste rageur mais ne dit rien. Harry le suivit, et fut soulagé de voir que son ami retrouvait très vite sa bonne humeur. Non que cela le surprit, Will ne restait jamais maussade bien longtemps. Et il savait qu'il ne s'était pas réellement énervé à cause des devoirs de vacances, le ton qu'il avait en en parlant au début étant plus celui d'une boutade, mais plus probablement parce que sa mère avait défendu les Dursley. Ce par quoi Harry était touché.

Les premiers jours de vacances furent le paradis pour Harry. Il découvrait tout à la fois : la vie de famille, dont il avait toujours été tenu à l'écart chez les Dursley, l'amitié, la sensation d'être à sa place, et les vacances. De vraies vacances où il pouvait se lever à l'heure qui lui plaisait et faire ce qu'il voulait, à l'exception des deux heures passées à travailler avec Will tous les matins, et qu'il ne considérait pas vraiment comme une corvée. Après cela, les deux garçons passaient leur temps à jouer avec la console reçue à Noël par les Pickard, à se promener dans le voisinage, et à parler de tout et de rien, principalement de sorcellerie, des parents de Harry et de la visite à Godric's Hollow qui était prévue pour le samedi d'avant la rentrée. Will avait beaucoup ri en lisant les livres de magie. Harry en avait été un peu frustré au départ, mais il savait que ce n'était pas vraiment de la moquerie. Il savait que son ami le croyait, mais il était obligé d'admettre que tout cela ressemblait à une énorme plaisanterie.

Le week-end qui marquait le milieu des vacances, Harry se réveilla le samedi matin pour découvrir que Will était déjà levé. Ce qui n'était pas très fréquent, son ami étant d'habitude plutôt difficile à tirer du lit. Lorsqu'il rejoignit la cuisine, il trouva les deux frères attablés devant un petit déjeuner. Tous les deux étaient silencieux, et leurs visages semblaient plus sombres qu'à l'accoutumée. Harry se mit immédiatement à craindre que quelque chose de grave ne soit arrivé. Il demanda à Will où était sa mère.

"Partie voir papa, répondit celui-ci d'un ton laconique.''

Il n'insista pas davantage, mais comprit que c'était là la raison de l'humeur des deux frères. Will parlait si peu de son père, que, la plupart du temps, Harry oubliait que son ami avait lui aussi sa part de secrets et de problèmes. Cependant, il n'avait pas tellement l'air de vouloir que l'on s'apitoie sur son sort, car il s'efforça d'entamer une conversation avec Harry, commentant joyeusement le fait que, sa mère n'étant pas là, ils n'auraient pas besoin de passer la matinée à faire semblant de travailler. Mais il était évident que le cœur n'y était pas. Simon, qui était lui aussi censé passer quelques heures à travailler tous les jours, n'intervint pas dans la conversation, se contentant de fixer d'un air absent la place où aurait du se trouver sa mère pendant tout le repas, qui fut particulièrement rapide. Il joignit ensuite son frère et Harry, et ils firent un tournoi de foot sur la console. Mais jamais leur jeu n'avait été aussi silencieux. Harry, pour la première fois depuis le début des vacances, se sentait réellement étranger à la famille, loin des pensées qui assaillaient les deux frères et les rapprochaient. En même temps, il était gêné de s'immiscer ainsi entre eux et de ne rien pouvoir faire pour les aider. Ce fut finalement alors qu'ils avalaient des sandwichs pour le déjeuner que Simon explosa.

" Elle pourrait quand-même nous laisser aller avec elle ! C'est notre père, mince ! C'est aussi pour nous qu'il a fait cela, ce n'est pas juste que nous ne puissions pas le voir !

- On a déjà parlé de ça des dizaines de fois, répondit Will d'une voix terne. Moi aussi j'ai envie de le voir, mais elle dit qu'il n'a pas envie qu'on le voit comme ça.

- Je sais parfaitement ce qu'elle dit. Ou ce qu'il dit, si tu préfères. Mais je préfère le voir comme ça que ne pas le voir du tout. Qu'est-ce qu'ils croient ? Que ça va me choquer ? Je sais parfaitement qu'il est en prison, et je vais avoir quatorze ans le mois prochain ! Je ne suis plus un enfant !

- Ca ne sert à rien de t'exciter contre moi, rétorqua Will. Mais le voir ne le fera pas revenir plus vite.

- Je sais bien. Mais il me manque, c'est si difficile à comprendre ? Tu ne te souviens peut-être pas de lui, tu étais trop jeune, mais pas moi. Je m'en souviens parfaitement et j'ai envie de le revoir. Je n'ai pas envie d'attendre encore des années qu'ils le relâchent.

- Maman a dit l'autre jour que ça ne serait peut être pas si long. Et qu'est-ce que tu crois ? Moi aussi j'en ai assez ! Justement parce que je ne le connais pas ! Je ne l'ai jamais vu qu'en photo, je ne connais même pas le son de sa voix !

- Je sais, répondit Simon, sa colère soudain retombée. Il a une belle voix... Enfin, il avait une belle voix, il y a huit ans. Si seulement ils pouvaient le laisser sortir ! Il n'a jamais eu l'intention de faire du mal à qui que ce soit, et il ne se saoulait pas souvent. En plus, c'est l'autre qui l'a attaqué. C'est dégueulasse."

Son regard se posa soudain sur Harry et il se secoua. Les lamentations ne correspondaient pas à l'image qu'il voulait en général donner de lui en public.

" Qu'est-ce que vous diriez d'une partie de foot, pour de vrai ? proposa-t- il. Pour une fois qu'il fait beau !"

Les deux autres acceptèrent. Il se trouva que c'était une bonne idée. Bien sûr, à trois, ils ne pouvaient pas faire de jeu très intéressant, mais ils retrouvèrent d'autres garçons sur le terrain vague qui se trouvait tout près de l'immeuble où habitaient les Pickard. Lorsqu'ils revinrent à l'appartement, Mary était rentrée. Elle embrassa ses fils, et, bien que plutôt rétifs à ce genre de démonstrations, ils se laissèrent faire. Harry comprit que la famille avait besoin de se retrouver, et, prétextant un petit mal de tête, il prit Godric avec lui et retourna dans la chambre de Will.

Le lendemain était le jour de Pâques, et les Pickard semblaient avoir oublié leur émotion de la veille. Harry, comme les deux autres garçons, reçut un oeuf de la taille d'un oeuf de dinosaure, entièrement rempli de chocolats. Il devait y en avoir plus que ce qu'il en avait mangé dans toute sa vie. Non qu'il en ait mangé beaucoup au cours de sa vie : les Dursley ne s'étaient jamais préoccupés de le nourrir correctement, alors lui donner du chocolat(

Comme on était dimanche, Harry et Will furent dispensés de travail scolaire ce jour là, ainsi que le lendemain qui était férié. Le beau temps se maintenait, et ils passèrent la plus grande partie de ces journées dehors. Le visage de Harry avait pris des couleurs qu'il n'avait jamais eues chez les Dursley, sa silhouette semblait moins maigre qu'à l'ordinaire, sa figure plus pleine, avait remarqué Mary sur un ton qui révélait à la fois de la satisfaction, et une certaine amertume. Sans doute réalisait-elle que ce que lui avait raconté Will reposait sur un fond de vérité. À la suite de cette remarque, Harry ressentit une inquiétude fugace : Les Dursley n'allaient-ils pas faire la même observation, et en conclure que les vacances de leur neveu n'avaient pas été aussi studieuses qu'on le leur avait laissé entendre ? Mais il chassa bien vite cette pensée. Jamais son oncle et sa tante ne remarqueraient qu'il avait bonne mine, ce serait presque lui faire un compliment. Et surtout, il lui restait encore une semaine de vacances, et il n'allait pas la gâcher en pensant à sa famille.

Lorsqu'il se coucha le lundi soir, il avait le ventre délicieusement plein, et il se sentait heureux comme jamais après les jours qu'il venait de passer. Pourtant, ses rêves cette nuit là furent tout sauf agréables, comme si la main invisible qui régissait sa vie avait voulu lui rappeler, que, même au cours de ces semaines de vacances, l'insouciance et le bonheur n'étaient pas pour lui.

Il était de nouveau dans la grande salle dont il avait déjà rêvé à Noël. Cette fois, cependant, le trône majestueux qu'il avait vu alors n'était plus occupé par une chose informe mais par un homme, grand et mince, avec un visage reptilien et des yeux rouges, dont la seule vision suffisait à faire remonter des frissons dans le dos de Harry. Agenouillé auprès de son maître se trouvait le même jeune homme qu'il avait vu alors, qui avait l'air encore plus terrorisé que la première fois. Son chef ne semblait pas du tout content de lui.

« Que t'avais-je dis la semaine dernière, Ray ? Tu devais faire tomber les barrières de protection de Potter. Comment se fait-il qu'elles soient encore en place ?

- C'est que... Maître, on me surveille, on me...

- Suffit, tu m'avais pourtant affirmé avoir gagné la confiance du vieux fou ! Je ne veux plus entendre tes excuses stupides. Je veux ce garçon, et je le veux avant la fin de l'année. Nous ne pouvons pas nous emparer de lui tant que ces stupides alarmes sont en place, c'est beaucoup trop risqué. Je sais que le ministère ne se doute de rien, et si Dumbledore soupçonnait quelque chose, nul doute qu'il l'aurait dit à Fudge. Personne ne te surveille. Je veux pratiquer ce rituel avant de commencer à faire réellement parler de moi, je ne peux pas prendre le risque qu'ils reprennent la Pierre avant cela.

- Mais la marque, Maître, ce que nous avons fait à Noël...

- ... n'était fait que pour prévenir de mon retour les Mangemorts. Les autres s'imaginent qu'il ne s'agit que d'un fou se prenant pour moi. Ne prétends pas le contraire.

- Pourtant, argumenta le jeune homme d'une voix à peine audible, dès que j'essaie de m'approcher des barrières, il y a ce professeur de potions qui surgit ! Même la fois où j'ai fait entrer ce troll pour détourner l'attention de tout le monde, il était là, à me surveiller !

- Rogue se méfie de toi ? Je reconnais bien là Severus. »

De nouveau retentit ce rire froid qui retournait les entrailles de Harry.

« Qui que ce soit d'autre, je t'aurais recommandé de t'en débarrasser, mais ses potions me sont bien trop précieuses. Mais il doit bien y avoir des moments où il a autre chose à faire ?

- Bien sûr mais... Il n'y a pas que lui. Il y a aussi ces deux petits fouineurs. Toujours en train de mettre leurs sales nez là où ils ne devraient pas. Ils se doutent que quelqu'un cherche à entrer dans ce couloir, même s'ils ne savent pas exactement ce qui se trouve dedans. Ils pensent que c'est Rogue qui va faire le coup, parce qu'ils sont souvent tombés sur lui dans le coin, quand il me surveillait, moi, mais ils ne sont pas stupides, et ils pourraient comprendre...

- Si je me souviens bien, ces deux fouineurs, ils sont en première année, n'est-ce pas ? Dis-moi, Ray, aurais-tu peur de deux gosses de onze ans ?

- Non, bien sûr, mais...

- Il n'y a pas de mais qui tienne, Ray. Si tu les retrouves encore dans tes pattes, maîtrise-les ! Tue les au besoin ! J'imagine qu'ils n'ont pas une grande valeur pour nous ?

- La fille est extrêmement douée. La meilleure élève de sa classe et...

- Leurs noms, Ray ! Je me moque de connaître leurs bulletins scolaires !

- Ronald Weasley et Hermione Granger.

- Granger ? Une sang de bourbe ? Et l'un des fils d'Arthur Weasley, je suppose... »

Un sourire cruel se dessina cette bouche dont les lèvres étaient si minces qu'on les voyait à peine.

« J'ai un meilleur plan pour eux, Ray. Lorsque tu iras chercher ce que je t'ai demandé, s'ils sont encore là à surveiller, amène-les-moi. Mes mangemorts seront heureux de fêter l'événement autour d'une sang-de-bourbe. Et le sort du jeune Weasley sera un avertissement pour tous ceux qui tenteraient de s'opposer à moi. Son père nous a posé suffisamment de problèmes en son temps. Ce sera une belle journée Ray. Plus rien ne s'opposera entre moi et la domination du monde... »

L'homme éclata d'un rire sinistre, et comme la fois précédente, la cicatrice de Harry sembla prendre feu. Il avait ressenti la douleur depuis le début, il savait depuis le début que c'était un rêve, sans trouver la force d'en sortir. Lorsqu'il entendit ce rire cauchemardesque, la douleur atteignit des niveaux qu'il n'aurait jamais crus possibles, pourtant, cela ne le réveillait pas. Ce fut une autre douleur, aiguë, dans le bras, qui le fit soudain se redresser. Puis il entendit des voix familières.

« Va-t-en, sale chat, tu ne trouves pas qu'il est assez mal comme ça ? »

C'était la voix de Will.

« Il a de la fièvre... disait la voix de Mary alors qu'une main fraîche se posait sur son front. Je vais appeler Grand-père.

- On dirait que l'attaque de la bête l'a calmé... Harry ? »

Il remarqua que deux mains le tenaient par les épaules. Le visage de son meilleur ami dansait devant ses yeux quand il les ouvrit. Tout son corps tremblait. Harry tenta de se redresser, mais réalisa qu'il ne le pouvait pas.

« Ca va ? Lui demanda Will. Jamais il n'avait vu son ami aussi inquiet.

- Oui, parvint-il à répondre. J'ai fait un cauchemar.

- On avait cru remarqué, fit la voix de Simon, sarcastique, dans son dos, alors que les mains le lâchaient. Ça fait vingt bonnes minutes que tu te roules par terre en hurlant. »

Un peu honteux, Harry réalisa qu'il n'était plus dans son lit mais au pied de celui-ci, dans l'espace minuscule qui restait dans la chambre de Will une fois les deux lits installés.

« Désolé de vous avoir réveill »

Marmonna-t-il en s'asseyant. Cette fois, nul ne s'y opposa. Mary revint dans la pièce.

« Oh, s'exclama-t-elle en s'agenouillant auprès du garçon aux cheveux noirs. Ça a l'air d'aller mieux. Ne t'inquiète pas, j'ai appelé le médecin, il sera là dans quelques minutes.

- Le médecin ? Mais... je vais bien ! »

Jamais Harry n'avait vu de médecin en dehors des visites médicales obligatoires de l'école, et de la fois où Dudley l'avait cogné si fort qu'il lui avait cassé trois côtes et où leur institutrice s'était vue obligée d'appeler l'hôpital. Son oncle et sa tante disaient que cela coûtait beaucoup trop cher... La nuit, ce devait être pire... Il savait que les Pickard n'étaient pas riches...

« Je vais bien, répéta-t-il, d'une voix plus assurée en s'appuyant à son lit pour se relever.

- Ne bouge pas, dit Mary d'une voix douce, en l'obligeant à se rasseoir, cette fois sur le lit. Tu es malade, tu as de la fièvre. Ce n'est pas de ta faute, et ça ne nous dérange pas, alors arrête de t'inquiéter pour ça. Personne ne t'en veut. En plus, c'est presque le matin. Il est six heures passées.

- Grand-père est toujours debout à cette heure là, renchérit Simon. Le père de papa, précisa-t-il devant l'air un peu perdu de Harry. Il est médecin et c'est lui que maman a appelé.

- Il est formidable ! Ajouta Will d'un ton enthousiaste. Vraiment génial.

- Bon, les garçons, dit Mary, puisque ça a l'air d'aller mieux je vais aller préparer le petit déjeuner. »

Après un dernier regard un peu moins inquiet à Harry, elle sortit de la pièce. Quelques minutes plus tard, la porte de la chambre fut ouverte énergiquement, et un petit homme mince aux cheveux blancs en désordre entra. Will et Simon eurent un grand sourire en l'apercevant, et se précipitèrent pour l'embrasser.

« Eh bien, jeunes hommes, dit le vieil homme en leur ébouriffant les cheveux, ce qui n'était pas facilité par le fait que Simon était bien plus grand que lui, ainsi il semble que vous n'ayez pas tout à fait oublié que vous aviez un grand-père à quelques rues d'ici ? »

Les deux frères se regardèrent, un peu honteux, et l'homme éclata de rire.

« Allons, ne faites pas cette tête, je sais bien que vous avez autre chose à faire que de tenir compagnie à un vieillard ! Et puis, c'est moi qui n'étais pas vraiment disponible, n'est-ce pas ? Enfin, où est le garçon qui a eu l'heureuse idée d'avoir besoin de mes services chez vous, me valant cette invitation surprise ? »

Son regard tomba sur Harry.

« Ici, bien sûr. Il y a bien longtemps que je n'avais pas été appelé pour une urgence, je dois dire que cela me donne un coup de jeune. Même ces garnements là n'ont plus fait appel à moi à une heure aussi matinale depuis des années... Alors, qu'est-ce qui ne va pas ?

- J'ai un peu mal à la tête, répondit Harry, gêné de tant d'attention, et agacé de voir que tout le monde faisait tellement d'embarras alors qu'il allait bien, et j'ai fait un cauchemar. Rien de grave.

- Cela, jeune homme, vous me permettrez d'en juger.

- C'était plus qu'un simple cauchemar, Frederick, intervint Mary que Harry n'avait pas vue rentrer dans la pièce. Il se roulait par terre en se tenant le front et en hurlant de douleur, et nous ne parvenions pas à le réveiller. Et il était brûlant.

- Un cauchemar vraiment horrible, donc, conclut le vieil homme. »

Il effleura le front de Harry de sa vieille main ridée.

« Et un peu de fièvre pour le transformer en hallucination. Pas de quoi s'affoler, à mon avis. Dites-moi, mon garçon, de quoi rêviez-vous ?

- Je ne m'en souviens pas, mentit Harry.

- Dommage, je suis sûr que cela aurait fait une excellente histoire d'horreur. J'adore les romans noirs. Bien, nous dirons donc une bonne dose d'aspirine et quelques jours de calme. Quant au reste de la maisonnée, ainsi qu'à moi-même, je prescris un bon petit déjeuner. Il me semble que vous avez tous étés un peu secoués, n'est-ce pas ?

- J'ai peut-être réagi un peu trop fort, admit Mary. Mais jamais Simon ou Will n'avaient fait de pareille crise quand ils avaient de la fièvre.

- Ca m'est déjà arrivé, affirma Harry. Ce n'est pas grave. »

La mère de Will regarda son beau-père avec une expression interrogative. Celui-ci lui sourit.

« Il n'y a probablement aucune raison de s'inquiéter, je t'assure. Maintenant, si vous descendiez tous les trois dans la cuisine pendant que je finis d'examiner mon patient ? »

Obéissant, les trois Pickard quittèrent la pièce. Harry se laissa docilement examiner. Son esprit était ailleurs, sa tête encore trop pleine des images terribles qu'il avait eues sous les yeux quelques minutes plus tôt. Sa cicatrice était encore douloureuse, mais il n'y prêtait pas vraiment attention : ces derniers temps, il s'y était habitué. Ce qui l'inquiétait, c'était le réalisme de ce rêve, et les similitudes avec celui qu'il avait eu à Noël. Ce qu'il avait surpris de la conversation entre Mrs Figgs et Dumbledore, et ce que sa vieille baby-sitter lui avait dit après, le fait qu'elle ait reparlé de ses rêves, alors qu'elle avait elle-même clos le sujet la veille, tout cela criait que ces rêves n'étaient pas ordinaires. Et cela signifiait aussi que les deux collégiens dont il ne parvenait pas à se rappeler les noms étaient en danger, eux aussi... Ils ne semblaient pas en avoir conscience, cependant, et à aucun moment l'homme ou son serviteur n'avaient parlé de protections entourant les deux enfants, comme il y en avait autour de Harry. Et si une menace au-dessus des deux enfants, et que Harry était le seul à en avoir entendu parler... Il devait prévenir quelqu'un, mais qui ? La seule personne qu'il connaissait qui soit en rapport avec les sorciers, qui puisse faire quelque chose, c'était Mrs Figgs, et elle ne serait sûrement pas ravie de savoir qu'il s'intéressait encore à ce monde, même s'il ne faisait évidemment pas exprès d'avoir des cauchemars. Il s'efforça cependant de chasser ces pensées pour le moment, de reporter son attention sur le médecin, d'avoir l'air normal. Le vieil homme s'activait en silence autour de lui, semblant comprendre que Harry n'avait pas envie de parler. Cependant, lorsqu'il s'aperçut que le garçon le regardait, il lui sourit en rangeant son stéthoscope.

« Y aurait-il quelque chose qui te tracasse, jeune homme ? Demanda-t-il. Tu m'as l'air bien pensif. J'espère que tu n'as pas la mauvaise idée d'être gêné de m'avoir fait venir ? Je suis toujours heureux de voir mes petits- fils, et ma retraite m'ennuie. »

Harry hocha la tête et esquissa un sourire. Certes, il n'était pas particulièrement fier d'avoir fait peur à ses amis, mais ils ne lui en voulaient pas, et cela lui suffisait pour l'instant. Il y avait plus grave... Tellement plus grave...

« Will parle beaucoup de toi, tu sais ? Il n'avait pas beaucoup d'amis avant d'entrer au collège, et cela lui a fait beaucoup de bien de te rencontrer. J'ai cru comprendre cependant à un moment qu'il était inquiet. Et Mary m'a un peu parlé de ta famille, il y a quelques jours. Tu es sûr que tout va bien ? Tu m'as tout l'air d'être en excellente santé, mis à part un peu de fièvre qui, je crois, est en train de tomber, mais on dirait que tu as des soucis. On fait rarement des cauchemars aussi terribles que le semblait le tien sans raison.

- Tout va très bien, répondit Harry. Je ne suis pas un enfant battu, si c'est ce que vous suggérez. »

Il en avait assez que les gens supposent cela. Pas parce qu'il souhaitait protéger les Dursley, mais parce qu'il ne voulait pas de leur pitié, surtout que ça n'était pas vrai.

« Je te crois. Je l'aurais vu si c'était le cas. Je voulais juste vérifier. Et garde bien à l'esprit, quoi qu'il arrive, qu'il a des gens prêts à t'aider. Bien, et maintenant, que dirais-tu de descendre retrouver les autres ? Si tu te sens assez en forme, naturellement.

- Bien sûr que je suis assez en forme, dit Harry en sautant du lit.

- Eh ! Doucement, jeune homme ! Tu vas me faire le plaisir d'y aller mollo pendant quelques jours. »

Quelques instants plus tard, les Pickard et Harry étaient confortablement installés autour d'un copieux petit déjeuner. Harry n'avait pas faim, il se força cependant à avaler quelques toasts pour ne pas inquiéter ses hôtes. Il sentait le regard des deux adultes posé sur lui, et s'efforçait d'avoir l'air normal, même le film de son rêve se jouait en boucle dans son esprit et si une voix lui criait qu'il ne pouvait pas rester tranquillement à cette table alors que se tramaient d'aussi sombres desseins.

Dès qu'il l'estima possible sans froisser ou inquiéter qui que ce soit, il demanda à quitter la table, et fit un signe à Will qui, comprenant instantanément, le suivit. Une fois que les deux garçons furent dans la chambre de Will, ils s'assirent sur le lit et Harry raconta à son ami ce qu'il venait de voir. Celui-ci ne parut pas trop inquiet. Moins en tous cas que quand il avait découvert la menace qui pesait sur Harry.

« Ce n'est pas parce que les deux types n'en ont pas parlé que les gens qu'ils ont mentionné ne sont pas protégés. Rappelle-toi ce que disait Mrs Figgs, quand elle parlait avec le vieil homme... Tu m'avais raconté qu'elle s'inquiétait parce qu'elle pensait que tu serais plus en sécurité dans ce collège. Si eux y sont, ils ne risquent rien, non ?

- Mais ils savaient cela ! Ils étaient quand-même sûr de parvenir à leurs fins !

- Si ça peut te rassurer, tu peux toujours aller voir Mrs Figgs, non ? Au pire, elle te dira de ne pas t'en mêler. À moins qu'elle ne soit comme les Dursley, auquel cas je n'ai rien dit.

- Non, tu as raison. J'irai la voir dès que je rentrerai à Privet Drive. J'espère seulement qu'il ne se sera rien passé d'ici là. »

Dans l'appartement des Pickard, où régnait en permanence une joyeuse normalité, les inquiétudes au sujet d'éventuels sorciers maléfiques aux yeux rouges et au visage de serpent ne pouvaient pas tenir longtemps. Tout cela semblait bien trop irréel, même si la raison de Harry lui disait que c'était réel, il retrouva bientôt son insouciance. Du moins, un semblant d'insouciance, car ce qu'il oubliait dans la journée revenait en force la nuit, et d'interminables insomnies le tenaient trop souvent éveillé. Au cours de ces moments de veille, il en venait parfois à souhaiter que les vacances se terminent au plus vite, qu'il puisse rendre visite à Mrs Figgs. S'il arrivait quelque chose aux deux collégiens avant qu'il ait pu parler de ce qu'il savait, s'il s'avérait qu'il aurait pu les sauver et qu'il ne l'avait pas fait...

Pourtant, lorsqu'arriva le dernier soir qu'il devait passer chez les Pickard, il ressentit bien plus d'amertume que de soulagement. Cependant, lorsqu'il se coucha le samedi soir, la perspective du voyage à Godric's Hollow , avant son retour chez les Dursley, lui faisait considérer avec enthousiasme la journée du lendemain.

Merci à tous les lecteurs et reviewers. Depuis quelques chapitres, je suis particulièrement gâtée et ça fait plaisir.

Céline S :Contente que tu aies aimé le 6. En effet, Harry peut apprendre dans les livres, mais, comme tu vois, il a des problèmes, et il risque de prendre quand même un peu de retard. Et je sais que c'est dommage que les chapitres mettent si longtemps à venir, mais je fais ce que je peux, j'ai un emploi du temps surchargé depuis quelque temps et ça n'a pas l'air de s'arranger...

tjrs tjrs une certaine personne : Tu la trouves si dure que ça ma fin ? Franchement, j'ai vu pire. Très nettement pire. En fait, ça n'est quand même pas un endroit où il y a trop de suspens, si ? Dis, je me sens un peu idiote mais j'ai une question à te poser : qu'est-ce que ça veut dire mdr ? parce que ça fait plusieurs fois qu'on me le met et je n'ai jamais vraiment compris...

Fandjo : Tiens, un nouveau ? En tous cas, tu as tes réponses dans ce chapitre au sujet de la magie sans baguette. J'espère que tu n'es pas trop déçu qu'il ne puisse pas la pratiquer.

Csame : Merci beaucoup. Pas de problème pour le chapitre précédent, tous sauf un c'est déjà à mon avis une très belle performance.

Onarluca ( Artemis ?) : Merci ! Bon, tes espoirs de chapitre rapide ont dû être déçus, mais j'espère qu'au moins il t'aura plu.

Johp5 : Enfin quelqu'un qui me comprend ! Contente que tu aies aimé le chapitre précédent et que le grenier ait correspondu à tes attentes.

Alixe : Merci beaucoup pour tous ces compliments. J'espère que tu auras aussi lu ce chapitre avec plaisir.

Crys : Tu as raison, heureusement Harry n'est pas complètement crétin. C'est vrai que lui il n'a pas lu les œuvres de JKR, contrairement à nous. Contente que le chapitre 6 t'ai plu.

Isabel : En effet, la petite excursion dans le grenier a mené à des découvertes intéressantes... Cela correspond-il à tes attentes ? Merci beaucoup pour ta review.

Slyblack4 : Merci pour ta review. Pour ce qui est de Godric et de savoir si Harry va réussir à contrôler ses pouvoirs tout seul, je ne répondrai pas vu que j'ai l'impression que tu n'as pas vraiment envie de le savoir...(tu le dis toi-même, tu verras dans la suite même si pour l'instant c'est plutôt mal parti pour Harry). Un Harry rebelle avec un petit penchant pour la facilit ? Franchement, je ne sais pas. En fait, je ne voyais pas du tout l'histoire du cadenas comme ça : vis-à-vis des Dursley, ça me paraît forcé qu'il se rebelle, et le fait d'apprendre à forcer un cadenas pour visiter un grenier dans lequel il veut chercher des affaires de sa mère ne peut pas se comparer au fait qu'il devienne voleur. Pour l'instant, il a onze ans et je le crois trop jeune pour avoir ce côté méchant, comme tu dis. S'il avait eu quelques années de plus, effectivement ça aurait pu être sympa qu'il quitte les Dursley, vive dans la rue, et autres...Pas pour le rendre séduisant, comme tu dis, ( j'ai du mal à voir Harry comme un Caïd, le genre blouson de cuir, moto, et toutes les filles pendues à ses basques) mais parce que ça changerait un peu. Mais il ne grandira pas dans cette fic, donc la question ne se pose pas.

Wynzar : Encore merci pour tes compliments. Ok, pour mon pseudo, tu as probablement raison, vu le nombre de personne qui m'ont posé la question. Et peut-être qu'un jour je remettrai une vraie bio ( mais c'est le genre de trucs qui m'ennuient profondément). Effectivement, si tu es un garçon tu fais partie d'une minorité sur ce site, va comprendre pourquoi. J'espère que tu auras aimé la suite.

Emélie : Tout d'un coup ? Félicitations. Et, non, la suite n'arrive pas vite, désolée.

La Fourmi : Merci à toi pour avoir reviewé cette fic. Godric, magique ? Ma foi...

Cicy : J'espère que tu es rassurée pour Harry, il aura pu se remplumer un peu pendant les vacances. Dommage pour les fics où Harry est dans le monde moldu. Et bon séjour là où tu es sans internet.

Alinemcb54 : Merci beaucoup pour ta review.

Pénélopeft : Contente que ça te plaise. Pour Ron et Hermione, ne désespère pas, on va les voir même s'ils ne reforment pas le trio. Et pour le cours d'histoire, c'était pour trancher un peu par rapport à celui de Binns ( ça doit faire une moyenne correcte).

Sarah30 : Que de questions ! Je n'ai pas du tout oublié Voldemort et ses serviteurs, comme tu as pu le voir dans se chapitre. Et ne plus rien tenter n'est pas vraiment dans le style des persos. Harry n'est pas revenu à Poudlard parce que Dumbledore estime qu'il est plus en sécurité là où il est ( autrement les Dursley le renverraient de chez eux et il perdrait la protection.) Enfin, il apprendra la vérité... de plusieurs personnes différentes. Amis ou ennemis. J'ai jeté un œil à ta fic, l'idée de départ est intéressante mais c'est pour l'instant un peu court pour en dire beaucoup plus.

Callista : Merci pour ta review, tes compliments et ta compréhension.

Dega : Ben non, ce n'est pas encore pour cette fois que petit Harry apprendra la magie...Cette histoire devrait durer uniquement la première année. J'avais envisager d'écrire également les autres tomes, notamment le trois et le quatre, mais le deux me pose tellement de problèmes que je ne sais pas encore si je vais pouvoir le faire.

Godric2 : Voilà, si tu as été bien sage tu as pu lire ce chapitre. Et non, pas de métamorphose sans baguette, ça doit déjà être assez dur avec. Merci pour ta review.

M4r13 : T'en veux un comme Godric ? Mince alors, ça risque d'être dur à trouver... Essaie de contacter Mrs Figgs. Comme je n'ai pas été trop harcelée, j'imagine que tu as appris la patience, ou que tu as décidé d'arrêter d'attendre la suite...

Skara : Je suis soulagée de savoir que tu n'as plus de problèmes de sommeil. Et que la fic te plait toujours. Pour Godric, tu es trop intelligente pour ton propre bien. Sauf que je ne ma rappelle pas avoir lu que Pattenrond était demi-Kneazle... Tu te rappeles où ils parlaient de ça ?

Miss NoBoDy et Miss EveryBoDy : Euh... Un instant je relis la review. J'aurais pas dû boire autant hier soir... Alors comme ça c'est toi NoBoDy qui es responsable des pluies du mois dernier ? En tous cas, j'espère que Voldie est venue te sauver, EveryBoDy, parce que pendant ce temps là Harry aura eu la paix. Et que je n'aime pas qu'on laisse mourir mes lecteurs.

Tobby : Merci !!!! J'espère que tu n'auras pas été déçue non plus par la suite, et désolée pour l'attente.