Derniers soupirs
"No-------n!"
Sa vision s'obscurcit lentement, sur une image de Kalia souriant grandement alors que son corps s'écroulait au sol dans un bruit sourd. Le cri qui avait résonné sous le ciel de ce lieu lui rappelait une personne qui lui était chère, mais il lui était impossible de se souvenir de qui il s'agissait. Les événements devenaient flous dans sa mémoire. Et sa vie s'amenuisait lentement, au rythme du sang qui s'échappait de la blessure béante qui lui déchirait le cou. Un goût métallique avait inondé sa bouche, rendant plus réelle encore la douleur qui électrisait tout son être. La noirceur des ténèbres l'avait totalement envahi et plus aucun son ne l'atteignait. Pourtant, il n'y avait aucune peur, car on lui avait assuré que sa mort ne serait pas vaine.
Ce sentiment de plénitude et de bien être, était-ce cela, mourir?
Ragnarok, plusieurs heures auparavant
"Il est temps. Nous allons mettre les machines en marche. Kalia ne tardera pas à nous rejoindre je pense.
- Pourquoi ça? La première fois, quand on cherchait Vincent, elle a presque mis une semaine!
- C'est vrai, mais là, elle doit nous attendre non loin d'ici. Elle sait que le combat est proche."
Les moteurs se mirent à vrombir, signe que le départ était imminent. Tous avaient sur le visage une expression crispée. Ils venaient de mettre le cap vers le large quand un étrange fait se produisit. Devant eux, une sorte de brèche était en train de s'ouvrir. Le noir irisée qui la constituait tranchant sur le bleu clair du ciel. Conscients qu'il s'agissait là des agissements de Kalia, tous resserrèrent l'étreinte de leurs mains sur leurs armes. Damon fonça à plein gaz vers l'ouverture, ses doigts blanchissant sous la pression qu'ils exerçaient sur la manette de l'accélérateur. Une grimace se dessina sur ses traits.
Une fois qu'ils furent à l'intérieur, la porte dimensionnelle se referma. L'atmosphère de l'endroit était dire? Quelque peu...différente.
"Vous aussi vous l'avez ressenti?"
Tous approuvèrent de la tête. L'air semblait plutôt lourd, comme si un orage allait éclater d'un instant à l'autre. Par moment, il devenait si lourd qu'il en était presque palpable.
"Qu'est-ce que c'est que cette connerie? Où on est là?!
- Calme-toi, Damon. Et pose le Ragnarok.
- Le poser? M'sieur Vincent, je peux pas, y'a rien dans ce ¿§/ù$ d'endroit! Comment ça on aurait presque dis Cid de Final Fantasy VII? Mais non, ce n'est qu'une illusion. Ecoutez ma voix...N'écoutez que ma voix...Vos paupières sont lourdes, très lourdes. Oui, voilà. Maintenant, répétez après moi, 'non, ce n'était pas une imitation de Cid!"
- Fais ce que je te dis. Point."
Lentement, le vaisseau amorça sa descente. Puis, aussi incroyable que cela leur parut, il se posa.
"Cette...dimension dirons-nous, est créée pour perturber tous nos sens. Evitez de trop vous fier à ce que vous voyez ou entendez.
- Tu veux dire que faut pas croire tout ce qu'on voit ou entend?
- Non, pas exactement. Je veux juste dire que tu dois te méfier Damon..." -'
Squall arqua un sourcil.
"Vous avez l'air de bien connaître ce lieu. Je me trompe?
- Kalia m'y a attiré une fois..."
Avant que Seifer puisse prendre la parole, Vincent anticipa la question qu'il était sur le point de poser.
"...et j'ignores comment on sort d'ici. C'était elle qui m'avait repoussé à l'extérieur."
Une fois tout les moteurs éteints, ils descendirent par petits groupes de la plate-forme. Vincent fermait la marche avec Sorgas. Attendant que l'ascenseur revienne, Vincent prit le jeune homme par les épaules.
"J'aimerai te demander un service.
- Je vous écoute.
- Je voudrai que tu prennes soin de Jaessa.
- Vincent?
- Promets-moi d'être toujours présent pour elle.
- Pourquoi dites-vous une chose pareille? Vous ne pouvez pas mourir! Elle vient de vous retrouver! Vous ne pouvez pas mourir! Elle en souffrirait trop! Nous sommes huit! Il n'y a pas de raison que l'un d'entre nous meurt!
- On ne sait jamais ce qui peut arriver au cours d'un combat comme celui qui nous attends.
- Alors permettez-moi de vous faire promettre la même chose. Elle a déjà perdu son précédent petit ami dans des circonstances tragiques. Si cela devait se reproduire...
- Je te le promets.
- Alors moi aussi, je vous le promets."
La voix de Leknaat se fit entendre:
"Qu'est-ce que vous attendez là-haut? Faut qu'on y aille!"
"C'est moi, où y'a rien qui à l'air d'avoir de la consistance?
- C'est plus ou moins ça Damon.
- Merci, ça me rassure vachement..."
Ils venaient de sortir du Ragnarok et restaient groupés aux alentours par précaution.
"Et...c'est encore moi où on est observé?
- Je dirai que c'est encore plus ou moins ça.
- Super..."
Un silence pesant s'installa. Le fait de ne rien voir et de ne rien entendre troublait et stressés encore plus l'équipe déjà tendue. Soudain, Gaïa poussa un hurlement. Aussitôt, tous se tournèrent vers elle.
"Gaïa! Qu'est-ce qui t'es arrivé?
- Dans le ciel...Regardez!"
Lentement, les sept autres firent demi-tour pour apercevoir, dans les limbes de ce qui servait de ciel, un œil.
"Bon dieu! Qu'est-ce que c'est que ce truc?!
- Tu avais raison Damon, on était bien observé..."
L'œil cligna. Son iris, rouge, semblait palpiter. Puis, à sa droite, un autre œil semblable apparut. Si , au départ, ils regardaient dans la même direction, ils finirent par se désynchroniser, ajoutant un côté encore plus effrayant au phénomène. Un troisième œil s'ouvrit. Puis un quatrième, et un cinquième et ce, jusqu'à former un dôme d'yeux au-dessus des jeunes gens. La voix de la sorcière résonna enfin:
"Vous voici enfin sur les chemins spectraux. Je vous attendais."
Ils se mirent à marcher.
"A côté de cet endroit, le château Ultimecia passe vraiment pour une maison de vacances..."
Malgré son 'expérience' en matière de sorcière, Squall sentait une sueur froide lui glisser le long du dos. Mais peut-être était-ce par ces chemins spectraux - ainsi que Kalia les avaient nommés - ressemblaient fort à ce néant où il s'était retrouvé seul après leur dernière victoire. Il frissonna.
"Squall?"
Seifer vient de placer à côté du brun..
"Il ne se passe rien! Elle joue avec nos nerfs!
- Et toi, tu tombes à pieds joints dans le piège...Reste calme. On a besoin de tout le monde sur ce coup-ci."
Ils avançaient sans vraiment savoir où ils allaient. Mais il valait mieux ça que de rester immobile.
Un rire fusa de nul part. Puis, le silence revint, oppressant. Alors que leur progression se faisait plus lente, un nouveau rire partit. Cette fois, Vincent fit signe de s'arrêter. Puis il s'adressa au vide.
"Tu comptes profiter du spectacle encore longtemps, Kalia? Qu'attends-tu pour nous attaquer?"
Il attendait quelques secondes, mais comme aucune réponse ne lui était faite, il continua:
"Je croyais qu'il n'y avait que deux choses importantes pour toi: me tuer, et retrouver ta fille pour assouvir ta vengeance! Nous sommes là tous les deux! Montre-toi!"
Au début, rien ne sembla répondre à sa provocation, si ce n'était un léger tremblement dans l'air.
"Ce n'est pas parce que vous comptez le maître Kali en plus dans vos rangs que vous me vaincrez.
- Alors, je te somme pour la deuxième fois de te montrer!"
La réaction ne se fit pas attendre. Jaessa eut l'impression que le vent c'était levé. Mais elle se rendit vite compte de son erreur. Ce qui leur avait si lourd en arrivant et qu'ils avaient sentit trembler peu de temps auparavant n'était ni de l'air, ni de la magie, mais bel et bien la sorcière elle-même!
"Méfiez-vous! Elle a ensorcelé l'air! Elle va se reformer!
- Quoi?!
- Bien vu, ma fille. Quel instrument parfait tu seras pour ma vengeance."
Jaessa frissonna à ses paroles. Et devant elle apparut enfin Kalia. La colonne d'air prit lentement forme et consistance. Jaessa vit alors pour la première fois le visage de sa mère.
Elle devait mesurer environ un mètre soixante quinze et avait les cheveux de la même couleur auburn que sa fille. Ces yeux verts brillaient d'excitation à la vue du combat qui allait les opposer. Sa peau laiteuse luisait légèrement sous l'influence de l'énergie magique qui circulait en elle. Elle portait une robe blanche simplement drapée et attachée sur son épaule gauche. Le sourire qui ourlait ses lèvres ne semblait laisser aucun doute quand à sa victoire.
"Ma mère..." pensa Jaessa.
Pourtant, la seule chose qui venait à l'esprit de la jeune fille était la colère. Elle avait depuis longtemps fait le deuil de cette femme, surtout depuis qu'elle était possédée. L'être qu'elle avait sous les yeux n'était ni sa mère, ni même un humain. C'était une créature maléfique qui menaçait sa famille et ses amis. Elle fit un pas en avant, menaçante.
Un bras l'arrêta.
"Papa?"
Vincent regardait Kalia d'un air déterminé.
"Laisse-moi me battre contre elle. Si j'ai besoin d'aide, viens. Sinon, n'interfère pas. Comme l'a dit ton ami, je ne dois plus fuir.
- Seul, tu n'as aucune chance!
- S'il te plaît, Jaessa.
- Mais, je...
- Je t'en prie..."
Kalia eut à nouveau un rire mauvais.
"Vincent...Quel courage! Je t'admire, je dois dire. J'y pense, ta femme te dis bonjour."
Le calme froid de son père inquiéta Jaessa. Ca ne lui rappelait que trop elle-même. Ce genre de réaction cache en fait les pires colères. Mais elle le laissa s'éloigner.
Squall et les autres se regroupèrent autour d'elle.
"Tu es sûre que c'est une bonne idée de le laisser seul?" demanda-t-il.
"Non.
- Alors, pourquoi?
- Il ne nous laisse pas le choix. Il est dans une colère folle.
- Je vois."
Il avait répondu du tac o tac sans réfléchir, car pour lui, Vincent était au contraire très calme. Bien qu'en y repensant, peut-être était-ce trop calme?
Quand il ne fut plus qu'à quelques mètres de la sorcière, Vincent se retourna vers sa fille. Il avait l'air profondément triste. Ses lèvres remuèrent juste un peu, comme si...
"Comme si..." commença Jaessa.
Prenant peur, elle se mit à courir vers lui. Alors qu'il ne lui restait plus que quelques foulées à parcourir pour le rejoindre, une barrière magique se dressa, isolant les deux ennemis. Jaessa plaqua ses mains sur le mur invisible et hurla:
"PAPAA!!"
Sorgas laissa échapper quelques mots.
"Maître, non..."
Gaïa, qui était à côté de lui l'entendit.
"Pourquoi parles-tu de lui?
- C'est...c'est sa magie.
- De quoi tu parles!?
- La barrière qui vient d'apparaître...c'est mon maître qui est responsable de ça. Je reconnais sa magie.
- Mais pour quelle raison il aurait fait ça?
- A cause d'une ancienne prophétie. Elle est en train de se réaliser. Et dans la prophétie, il est dit que Vincent doit...il doit..."
Il ne finit pas sa phrase, la vision de Jaessa en train de marteler la protection l'empêchant de continuer.
Squall et Seifer s'était agenouillés à côté de Jaessa qui s'était résigné à regarder le combat. Elle semblait comme hypnotisée par le spectacle qui se déroulait sous son regard désespéré.
Les sorts et les invocations de Vincent tentaient de le protéger tant bien que mal des assauts de Kalia. Il avait affaire à une véritable danse de sabres et autres lames enchantées. Le sang qui coulait de ses blessures commençait déjà à sécher. Mais ses forces diminuaient aussi. Les cris de Jaessa l'implorant de lever la barrière lui transperçaient le cœur plus sûrement que les armes qui le frappaient. Mais il accomplissait son devoir. Il tiendrait le coup. C'est alors qu'il vit une faille dans la défense de celle qui avait été sa femme. Après une hésitation de quelques dixièmes de seconde, il sortit son revolver, se jeta sur le côté pour éviter un nouvel assaut et tira à plusieurs reprises avant de rouler sur le sol. Le silence tomba.
Notes de chapitre: Une fois que j'ai trouvé la manière dont Kalia allait apparaître, je peux dire que la suite du chapitre à suivit (presque) toute seule. Mais comme j'ai écrit une bonne moitié (les 4/5 ouais!) de ce chapitre dans le train qui me ramenait de St-Raphaël vers Paris (et avec le retard qu'on s'est payé à cause des orages, j'ai dû choper un autre train pour rentrer à Lille...enfin bref!) je sais pas si je vais atteindre les sept pages (et ben non, je les ai pas atteintes...) mais j'ai bon espoir! Peut-être que je vais les dépasser! Allez, courage Aerith! (après avoir taper...) C'est la cata, j'arrive pas aux sept pages traditionnelles...mais j'arrive pas à meubler. Tant pire, mieux vaut laisser comme ça que de meubler avec des conneries, non?
