Chapitre 4 : j'aurais dû le savoir
La première semaine fut pour Severus l'une des plus innovantes mais aussi une des plus énervantes de toute sa vie. S'il en avait parlé à Harry, il aurait découvert que le jeune homme ressentait exactement la même chose. Les cours ne lui posaient pas de difficultés particulières, mais il avait, à une ou deux reprises, dû faire appel à toute sa patience pour ne laisser éclater sa colère face au dégoût que lui inspirait la stupidité de certains moldus. Non, ce qui le dérangeait le plus dans sa mission de surveillance, c'était les relations sociales.
Dès les premiers jours, Severus s'était rendu compte qu'il n'était pas tout à fait apte à faire croire qu'il était un moldu. Il ne connaissait ni suffisamment la technologie tant appréciée des moldus, ni leur culture. S'il avait pu vivre ailleurs, loin de leur présence constante, cela n'aurait pas été aussi difficile pour lui. Il avait, en fait, peu de temps où il pouvait se détendre et arrêter de jouer son rôle.
Vivre et suivre Harry Potter comme une ombre ne lui facilitait pas les choses. Le jeune homme croyait fermement être un moldu et n'avait aucunement conscience qu'il existait un autre monde auquel il appartenait.
Severus respira, soulagé quand samedi après midi Harry sortit pour aider Ben à faire ses devoirs d'histoire. Pour la première fois cette semaine il était seul et savait qu'il le resterait au moins une heure. Severus n'était pas inquiet que sa charge ne soit pas près de lui. Après tout il n'y avait pas encore eu d'attaques et il n'était séparé de Harry que par un mince mur. De plus il était pratiquement certain de sentir la présence d'un mangemort si celui-ci était dans les parages.
Le manque de vie privée avait empêché Severus de contacter Dumbledore depuis le premier soir. Il ne s'était écoulé que quelques jours, mais Severus avait l'impression d'être à l'université depuis une éternité. Par contre, Dumbledore lui avait répondu. Il lui affirmait qu'il était effectivement possible que Harry ait reçu un sort. Il lui promit de vérifier et de lui raconter de façon claire et concise ce qui s'était passé après la bataille contre Voldemort. Il avait terminé sa lettre en lui demandant de le tenir informé.
Severus prit donc une nouvelle feuille de papier sur le bureau de Harry, ainsi qu'un objet pour écrire que le jeune homme avait appelé à plusieurs reprises un stylo. Il s'assit ensuite sur son lit et commença sa lettre au directeur.
Albus,
J'aurais répondu à votre lettre plus tôt si j'avais pu être seul un peu plus souvent, ce qui est incroyablement difficile. Potter est en ce moment, à côté avec un ami. Je vais donc pouvoir vous mettre la situation à jour dès maintenant. Je pourrais vous résumer la semaine en quelques phrases mais puisque j'ai dû l'endurer vous pouvez au moins souffrir du récit complet. Je puis vous assurer que même si le récit vous parait fastidieux, il ne peut pas être pire que ce que l'on ressent quand on a eu le malheur de le vivre.
Peut être devrais-je commencer mon histoire à partir de lundi. J'aurais dû savoir que la semaine allait mal commencer. Comment aurait-il pu en être autrement ? Je ne pourrai pas définir « commencer la journée du bon pied » en ayant cours à 8h avec des moldus et Potter.
« Voilà, c'est un cours que je ne réussirai pas à comprendre. » Grommela Harry en sortant du bâtiment de sciences, le premier jour de classe.
Severus lui jeta un coup d'œil Il se demandait s'il était ou non sérieux. Il l'était : « Le programme est-il trop difficile pour toi ? »
Harry le regard avec des yeux noirs et lui répondit : « Non, mais le cours le sera. »
« Pourquoi as-tu pris chimie si tu ne penses pas être capable de comprendre ce cours ? »
« Ca fait parti du cursus d'éducation, » Lui expliqua Harry, « Je suis obligé de suivre un cours de science. »
« Tu es au courant qu'il existe d'autres sciences que la chimie ? »
« Ils ne prenaient plus d'étudiants dans les autres classes et je devais valider cette option cette année. » Répondit Harry en ignorant l'insulte. « Quand j'ai raté mon premier devoir, j'ai voulu abandonner et prendre une autre option, mais je n'ai pas pu. »
Severus ne fut pas surpris qu'Harry n'ait pas de talents en chimie. Après tout il n'avait jamais été très doué en potions. Il avait jeté un œil sur le livre de Harry, et savait que ce cours ne lui poserait aucun problème. Les potions et la chimie moldue ne sont pas très différentes. Seul le résultat obtenu après le mélange des ingrédients les sépare.
Voici une opportunité de faire travailler sa mémoire, réalisa Severus. Il a eu des cours de potions tous les jours pendant sept ans. Je peux lui enseigner la chimie. Ca lui semblera assez familier pour l'aider à retrouver ses souvenirs. Il était prêt à tout essayer pour retourner à Poudlard le plus rapidement possible S'il devait attendre les progrès de Weasley, il risquait de rester avec les moldus un certain temps.
« Je peux t'aider. »
Harry le regarda, incrédule, « Tu peux m'aider avec la chimie ? »
La fierté submergea toute prudence. Harry avait insulté le talent qui le mettait hors de portée de tout autre sorcier. « Bien sûr que je peux t'enseigner la chimie, gamin ignorant. » Gronda Severus, « Je n'ai pas enseigné pendant des années pour le seul plaisir de m'entendre parler. »
Harry fut surpris par la colère qui perçait dans sa voix et indigné de s'être fait traiter de gamin ignorant. Il en oublia presque ce que Severus avait dit : « Qu'est ce que…Tu es professeur ? » Lui demanda-t-il en s'arrêtant. Severus fut obligé de s'arrêter lui-aussi et de se retourner..
Que je sois maudit trois fois pour toutes les bêtises que j'ai dites. Pensa Severus avec agacement. Prétendre l'ignorance n'était pas une bonne idée. Harry ne le croirait pas. Il ne put que confirmer : « Oui. »
« Un professeur de chimie ? »
« As-tu aussi des problèmes à entendre ce qu'on te dit ? » Grogna Severus.
« Arrête de m'insulter. » Exigea Harry avec colère, ce qui attira le regard d'étudiants curieux.
« Je suis juste surpris, » Lui expliqua-t-il en baissant la voix. « Pourquoi es-tu ici si tu as déjà ton agrégation ? »
Severus ne savait pas ce qu'était une agrégation mais il n'allait certainement pas le demander. Il fut surpris qu'Harry lui tienne tête. Et pourquoi ne le ferait-il pas ? Il n'est plus un enfant. Et ce n'est pas comme s'il savait qui je suis. « Tu n'as jamais trop de connaissances.» Dit-il dans un murmure.
Ils recommencèrent à marcher dans un silence tendu. Finalement Harry soupira: « Je ne voulais pas t'insulter. Je ne m'attendais pas à que tu sois professeur, c'est tout. »
Il s'excuse ? « Tu ne devrais pas juger aussi rapidement » Lui conseilla Severus calmement.
Sa voix était aussi froide et sarcastique que d'habitude, mais une pointe d'amertume rendait son commentaire plus profond. Harry ne parvint pas à le déchiffrer mais il était certain qu'il ne parlait pas seulement du fait qu'il n'avait pas cru en son statut de professeur. « Oui, j'aimerais que tu m'aides. » Préféra lui répondre Harry. Il ne voulait pas lui poser une question sur sa vie privée, qu'il savait malvenue.
Severus le regarda et acquiesça.
J'aurais dû le savoir. Après tout j'ai enseigné l'art des potions à Potter pendant sept ans. J'avais pourtant espéré qu'avec un autre professeur il soit capable, pour une fois, d'apprendre quelque chose. J'ai dû avoir un moment de folie pour croire ça. Il s'agit de Potter après tout.
Nous avons eu notre premier cours de laboratoire, lundi après-midi. Nous devions compléter le cours par une expérience pratique. Pensez-vous que l'histoire s'arrête là, Albus ? Pour ma santé, je l'aurais souhaité. Puisque j'ai accepté d'aider ce petit idiot dans ses études, j'ai eu le douteux privilège d'être son binôme.
« As-tu l'intention de te concentrer sur ce que nous faisons ou comptes-tu continuer à gober des mouches indéfiniment ? » Severus commençait à s'énerver.
Cinq heures seulement s'étaient écoulées et il se demandait déjà ce qui lui était passé par la tête quand il lui avait offert son aide. Ils étaient dans le laboratoire de chimie depuis une heure et Severus perdait patience. Au début du cours, le professeur leur avait donné les consignes puis leur avait demandé de choisir leur binôme pour le semestre. Ils avaient ensuite commencé. Severus espérait pouvoir finir l'expérience rapidement. Il s'agissait d'une expérience simple de début d'année. Malheureusement il avait Harry Potter pour partenaire. Et pour dire la vérité, Harry avait tout gâché dès le début.
Severus essayait de ne pas crier après Harry depuis dix minutes. Pendant que le jeune homme était en train de se battre avec une simple équation, Severus refaisait pour la quatrième fois le mélange. Il y avait cependant quelque chose d'infiniment relaxant d'être à nouveau dans un labo : mesurer, peser les ingrédients pour obtenir les doses correctes de certaines substances, les mélanger ensuite ensemble pour obtenir le résultat souhaité. L'odeur était légèrement différente mais les actions étaient pratiquement les mêmes et Severus se laissa prendre par les mouvements. Cinq minutes seulement s'étaient écoulées quand il surprit Harry à le dévisager.
« Quoi ? » Grogna-t-il. Harry continuait à le regarder fixement.
Harry secoua finalement la tête. « Désolé. Pendant une minute, je t'ai vu dans un sombre cachot. Tu portais des robes noires comme celles des sorciers médiévaux dans les contes de fées et tu mélangeais toutes sortes d'étranges potions. ». Harry sourit, intimidé : « Vous appartiendriez bien à ce monde, professeur Snape. »
Les yeux de Severus, toujours plissés d'énervement ou de colère s'écarquillèrent considérablement. Pour la première fois depuis des années, Severus était sans voix, aucune remarque blessante sur le bout des lèvres, pas d'insultes, ni sarcasmes. Il essaya de retrouver la parole, mais il fut incapable de produire le moindre son, jusqu'à ce qu'il parvienne à dire, « Harry… »
« Je sais, je sais, retourne au travail ! » Harry retourna son attention à ses calculs, qui n'avaient aucun sens pour lui puis releva à nouveau les yeux vers Severus et lui sourit. « Hé, Severus, arrête de gober les mouches et remets-toi au travail ! »
L'espace d'un instant j'ai cru qu'il se souvenait. J'ai cru que j'étais de retour à la maison. Il est possible qu'il se souvienne, inconsciemment. Il a su, un bref instant, qui j'étais.
J'ai une suggestion : faites en sorte qu'Etude Moldus deviennent un cours obligatoire. Savez-vous ce qu'est un ordinateur, Albus ? Savez-vous taper ? Les Moldus le savent et mardi soir, j'ai prouvé sans l'ombre d'un doute que je ne savais évidemment pas.
« Severus ? » Harry fit pivoter sa chaise pour faire face à son colocataire. Celui-ci était assis sur son lit et lisait le livre de philosophie d'Harry. Severus releva la tête, un sourcil levé. Harry avait rapidement appris à identifier sa signification: il voulait savoir ce qu'il voulait.
« Veux-tu taper les résultats de l'expérience pratique de labo ou préfères-tu que je le fasse ? »
Les notes qu'ils avaient prises au labo la veille devaient être rendues le lendemain. C'était étrange mais depuis le labo, Severus était détendu. Il fut presque social le restant de l'après-midi, avec Harry en tout cas. Ce dernier ne comprenait pas pourquoi mais il avait vu l'expression de son aîné quand il avait fait cette réflexion sur les sorciers médiévaux et il ne pouvait pas s'expliquer sa réaction. Bien entendu le lendemain matin, Severus était à nouveau redevenu ce qu'Harry avait compris être lui-même : lunatique et sarcastique.
Severus se leva et vint se placer derrière Harry qui était tourné vers son ordinateur. « Regarde, » Harry lui montra le moniteur. « J'ai recopié la description de ce que nous avons fait, mais je ne suis pas sûr d'être arrivé aux bons résultats. » Harry lui tendit une feuille. Severus l'étudia rapidement,
« C'est bon, ». Il regarda l'ordinateur avec méfiance « Donc…je…tape juste…les résultats ? »
Harry acquiesça et se leva pour laisser la place à Severus. Il s'assit, mit la feuille devant lui et regarda le clavier. Il pensait que se servir d'un ordinateur ne devait pas être compliqué puisque Harry savait l'utiliser et taper rapidement.
« C'est là que je commence ? Je tape simplement ? » Clarifia Severus.
Harry hocha du chef et comme il lui tournait le dos, ajouta : « Ouais. »
Severus étudia l'écran et vit que la feuille était divisée en deux par une colonne. Au milieu de chacune était inscrit un seul mot qui le décrivait. Il devait écrire les résultats. Il regarda le clavier et commença.
r…
Attends, non. C'est censé être écrit en lettre capitale. Il regarda les touches du clavier et vit "caps lock". Il se dit que 'caps' devait signifiait 'capital' et pressa la touche. Très bien.
R…E…S…
Quoique, je ne pense pas qu'elles doivent toutes être ainsi. Il appuya à nouveau sur la touche
r…e…
Merde. Il appuya sur la touche une seule fois.
R…
Il appuya sur la touche une nouvelle fois et continua.
e…s…u…l…a…
Son doigt frappa la mauvaise touche ce qui le fit grimacer. Comment suis-je censé la faire disparaître ? Ah, là, 'suppr'. Il pressa la touche et observa en attendant qu'il se passe quelque chose. Mais rien ne se passa. Je crois qu'il est cassé. Oh, attends. Ici. Il se dit que ça ne pourrait pas faire de mal alors il appuya sur la touche 'espace' et fut satisfait de voir le 'a' disparaître. Très bien.
…t…s…
Là, Il se demandait comment aller à la ligne. Il étudia le clavier et vit les touches directionnelles. Il pressa celle qui pointait vers le bas. Rien ne se produisit. Severus se sentait frustré. Apparemment le clavier était cassé « Harry, je crois que ton ordinateur est cassé. Certaines touches ne répondent pas. Comment est-ce que tu fais pour aller à la ligne si la flèche du bas ne fonctionne pas ? » Lui demanda dit-il en se tournant pour lui faire face.
Severus cligna des yeux.
Harry le dévisageait avec une horreur totale. Il ne pouvait y avoir qu'une seule raison à cela : il avait retrouvé la mémoire. Severus se prépara à la réaction violente que le jeune homme, il le savait, allait avoir.
« Bon sang, Severus qu'es-tu en train de faire ? » S'écria Harry.
Severus soupira, agacé.Ca y est nous y sommes, « EcoutezMonsieur Potter, je puis vous assurer que je ne suis pas plus content que vous -»
« Pourquoi ne me laisses-tu pas taper ce papier ? » Insista Harry. Il tira la chaise loin de l'ordinateur, « Allons, lève-toi ! »
Il ne s'était pas attendu à des retrouvailles chaleureuses, mais il ne s'était pas douté qu'Harry serait si nerveux.
Quand Harry sembla sur le point de le pousser de la chaise, Severus se leva et s'éloigna du bureau. Harry s'assit rapidement et se tourna pour lui faire face. Il lui lança un regard noir.
« Peut-être devrions-nous- »
« Bon sang, Severus, où as-tu appris à taper !» S'exclama Harry.
Severus lui renvoya son regard, « Il paraît évident que je n'ai jamais appris. Contrairement à toi, je n'ai pas été élevé par des moldus. »
Harry ouvrit la bouche pour rétorquer mais à la place cligna des yeux et dit, « C'est la seconde fois que je t'entends utiliser ce mot. Que signifie t'il ? »
« Je n'ai jamais…Quoi ? »
« Moldu. Tu l'as dit à la cafétéria le jour de ton arrivée ici et tu viens de le redire. » Harry s'arrêta, « Maintenant que j'y pense, tu l'as utilisé les deux fois pour qualifier des machines. Est-ce la nouvelle façon de jurer en Angleterre ? »
« Que se passe t'il ici ? » Lui demanda Severus. Il avait l'impression qu'on venait de prononcer son incarcération à Azkaban sans savoir pourquoi il y avait eu un procès.
« Tu sais quel sentiment le grincement des ongles sur un tableau peut provoquer. Tu te sens en général nauséeux et agité. » Lui demanda Harry.
« Je vois à quel bruit tu fais allusion. » Répondit Severus lentement.
« C'est précisément ce que je ressens quand je te vois taper de cette façon. » Annonça Harry. Il revint à sa question initiale, « Alors, qu'est-ce qu'un Moldu ? Et que veux-tu dire ? Tu n'es pas content d'être là ? »
Severus grimaça, « Moldu…est un terme pour Américains. »
« Mais je n'ai pas grandi en Amérique. J'ai moi aussi grandi en Angleterre. »
« J'ai dû mal comprendre, » Mentit Severus. Tu fais vraiment du beau travail, Snape. Tu as pourtant été envoyé à Serpentard pour une raison, espèce de grand idiot. Essaye d'utiliser cette foutue ruse que le choixpeau a décelée en toi au lieu de te donner des coups tout seul et de faire toutes ces stupides erreurs.
« Laisse-moi éclaircir les choses, »Severus changea de sujet. « Tout ce remue ménage est due à mon inaptitude à taper ? »
« Il t'aurait fallu toute une nuit pour taper ne serait-ce qu'un paragraphe et tout seul il t'en aurait fallu deux. » Lui souligna Harry, « Donc, tu n'as jamais utilisé d'ordinateur avant ? »
« Non, ils n'étaient pas nécessaires quand j'étais à l'école. »
« Je vais te dire ce que l'on va faire. Je taperai tous tes devoirs ce semestre, d'accord ? Ca ne me pendra pas très longtemps. Donne-moi juste ton devoir écrit à la main et je le taperai. »
Severus le regarda quelques instants puis acquiesça.
« Ce sera en remerciement pour ton aide avec la chimie, d'accord, professeur ? »
Après tout ça, si un jour nous retournons à Poudlard, il ne pourra jamais plus me respecter. Je crois que je ne serai plus jamais capable de l'intimider.
Albus, je rate tout ce que j'entreprends. J'essaie tant de m'adapter que finalement c'est moi qui provoque les catastrophes. Qui aurait pu dire que les moldus pouvaient être si compliqués ? Certainement pas moi.
J'ai la désagréable impression que plus les jours passent et plus les catastrophes que je provoque sont importantes. Si par hasard quelqu'un est passé devant mes appartements jeudi et a pensé que ça sentait le brûlé, il avait probablement raison.
Je ne sais pas comment je vais pouvoir expliquer cela, pensa Severus. Il regardait les cendres de ce qui fut autrefois un four à micro-ondes. L'alarme d'incendie retentit.
Cela lui avait semblé une bonne idée. Harry était parti avec Ben, aider Cate à faire ses devoirs. Severus, dans un rare moment de faim, avait ouvert le frigidaire et prit une pizza minute. Harry en était très friand. Il décida d'essayer. Il avait vu Harry l'utiliser une ou deux fois et pensait que ça ne devait pas être bien difficile. Il aurait dû le savoir. Après tout, l'incident avec l'ordinateur n'était vieux que de deux jours.
Tout allait bien : il sortit la pizza de son emballage. Les problèmes survinrent quand il essaya d'ouvrir la porte du micro-onde et que celui-ci refusa de coopérer. Première chose : comment ouvrir ce truc ? Severus appuya sur un grand nombre de boutons, tout en injuriant les moldus et leur stupidité. Ils sont incapables de libeller les boutons correctement. Comment savoir à quoi sert tel bouton, s'il n'est pas correctement étiqueté ? Severus était sur le point de prier la porte de s'ouvrir quand il pressa le bon bouton et qu'elle s'ouvrit. Il plaça la pizza à l'intérieur, referma la porte et appuya sur le bouton 'Start'. Rien ne se passa.
Severus se sentait frustré par les inventions moldues et leur mauvais fonctionnement. Il soupçonnait Harry d'avoir secrètement utilisé la magie pour que ça marche. Il sortit sa baguette et la pointa sur le micro-onde : « Marche, maudite machine. » Siffla t'il en faisant un mouvement un peu trop brusque. Mais cela il le découvrit un instant plus tard.
Il y eut une lumière vive, une brusque explosion et un tourbillon de fumée. Si cela ne suffisait pas, l'alarme se déclencha soudainement. Cela va alerter l'attention. Je déteste les moldus. Il n'eut pas d'autres choix : dans un mouvement de baguette, il fit disparaître les restes du micro-onde et les envoya dans sa chambre à Poudlard. Il s'en occuperait en rentrant. Un autre coup de baguette dispersa la fumée et l'odeur de brûlé. Il eut juste le temps de ranger sa baguette dans un coin de son sac quand la porte s'ouvrit brusquement. Harry entra en courant.
« Qu'est-ce que tu fais encore ici ? Viens, le bâtiment est en feu, » S'écria Harry. Il attrapa le poignet de Severus et l'attira vers la porte.
« Le bâtiment est en feu ? »
« Oui ! » Cria Harry pour couvrir le bruit de l'alarme, « Pourquoi crois-tu que l'alarme se soit déclenchée ? »
Severus haussa les épaules et permit à Harry de l'entraîner hors de la chambre, dans le hall d'entrée et enfin hors du bâtiment à l'endroit, où apparemment tous les résidents s'étaient rassemblés. Severus et Harry auraient probablement étaient séparés si Severus n'avait pas attrapé le bras de Harry et dit assez fort pour couvrir le bruit de la foule, « Je ne veux pas que l'on soit séparé. »
D'une part, Severus était inquiet que ce ne soit l'œuvre de Lucius Malfoy pour forcer Harry à sortir mais d'autre part, il soupçonnait le micro-onde d'être responsable de ce chaut.
Ils retrouvèrent Kevin, Ben et Cate.
« Vous arrivez à y croire ? » Cria Ben au-dessus de l'alarme, « Je me demande ce qui l'a provoqué. »
« C'est certainement quelqu'un qui fumait et l'alarme s'est déclenchée. » Répondit Cate.
Après une heure d'attente, les pompiers déclarèrent qu'il s'agissait d'une fausse alerte. En rentrant dans leur chambre, Harry vit d'un seul coup d'œil qu'il manquait quelque chose et s'écria, « On a volé le micro-onde ! »
« Quoi ? » Demanda Severus, feignant l'innocence.
« Regarde, » Harry lui désigna le coin vide, « Il n'est plus là. »
« Ces infâmes crétins ! » Gronda Severus. « Prendre avantage des gens dans des mesures d'urgence ! »
Harry acquiesça : « Je ne comprends pas les gens, parfois. Comment peuvent-ils prendre quelque chose qui ne leur appartient pas ? »
« Je ne sais pas Harry, » Répondit Severus innocemment, « Je ne sais vraiment pas. »
Je tiens à mettre en garde les personnes qui ont le malheur d'infiltrer le monde moldu : magie et technologie ne font pas bon ménage. On ne peut pas les mélanger.
Voici, Albus comment s'est déroulée ma première semaine. Je ne peux pas appeler « faire exploser les affaires de Potter » un bon commencement mais peut-être n'est-ce que mon point de vue.
Accordez-moi une faveur, voulez-vous ? Allez à Gringott et transférez-moi un peu d'argent de mon compte sur un compte moldu. Je veux non seulement m'acheter des vêtements dans lesquels je me sente à l'aise et d'autre part, je me sens dans l'obligation de remplacer le micro-onde de Potter.
Je hais les moldus Albus. Je les hais vraiment.
Severus Snape.
Il termina la lettre et la plia. Il se leva et fouilla le bureau de Harry pour trouver une enveloppe à envoyer à Albus. Je vais devoir aller fureter dehors ce soir, pour envoyer cela. Il décida de s'en inquiéter plus tard. Il la mit dans sa poche et s'allongea sur son lit. Peut-être qu'une petite sieste me ferait du bien. Il s'endormit presque immédiatement.
Douleur. Bons dieux, la douleur. Combien de temps devrait-il la supporter. Il ne le savait pas. Une éternité peut-être. Il eut vaguement conscience d'entendre les cris de quelqu'un. Il n'était pas certain que ce soit les siens. Le rire par contre, ne venait pas de lui. Il entendait d'autres voix crier autour de lui. Il ne comprenait pas les mots. Il n'était conscient que de ses nerfs qui le tourmentaient à l'agonie. Il allait mourir mais il ne parvenait pas se rappeler pourquoi. Il espérait juste que quelque soit la raison, ça valait le coup.
« Severus ? Hé, Severus, réveille-toi ! »
Severus ouvrit les yeux. Il sursauta quand Harry le secoua. Pendant un instant, il fut complètement désorienté. Il ne put s'empêcher de se demander ce que Harry qui, il en était certain, devrait être mort, faisait là, devant lui. Le moment passa et il s'assit, revenant à la réalité.
« Tu as fait un cauchemar, n'est-ce pas ? » Demanda Harry.
Severus fut choqué par sa perspicacité.
Il le regarda simplement. Harry élabora, « J'en ai aussi quelque fois. Je n'arrive pas à m'en souvenir complètement. Ils sont flous et je ne parviens à me souvenir que d'une très grande peur. Mais je me suis vu dans le miroir une de ces nuits. Je m'étais levé, après un cauchemar particulièrement horrible et j'étais trop effrayé pour retourner me coucher. L'expression sur ton visage est la même que j'ai vu sur la mienne, trop souvent. »
Ils se regardèrent un moment dans une sorte de compréhension silencieuse. Finalement Harry secoua la tête, « En fait, je suis venu te demander si tu voulais sortir ce soir.
« Sortir ? » Répéta Severus.
« Ouais, c'est notre premier samedi depuis que nous sommes revenus à la fac et en général on va dans un bar. »
« Nous ? » Répéta Severus. Son incapacité à faire une phrase ne serait ce qu'à moitié réfléchie commençait à l'énerver.
« Kevin, Ben, Cate et moi. Si tu t'inquiètes de jouer les intrus, ne le sois pas. Je veux que tu viennes. » Se dépêcha d'ajouter Harry quand il vit Severus ouvrir la bouche pour refuser.
Je n'ai pas vraiment le choix, je suppose, pensa Severus. Son comportement le mit mal à l'aise. Il aurait préféré ne pas y aller du tout, mais il ne se voyait pas dire à Harry qu'il ne pouvait pas y aller. De plus il ne pouvait pas laisser le jeune homme seul. Il répondit : « Très bien. Je viens. »
Après tout, que pourrait -il se passer dans un bar moldu ?
