Chapitre 6 : Confiance

« Tu as fait quoi ! »

« Peux-tu parler un peu moins fort ? » Grommela Cate en frottant son front. « Je ne me sens pas bien. »

« Non, je ne baisserai pas de ton ! » Grogna Harry avec indignation. « Bon sang, qu'est-ce qui t'a pris ? »

« Qu'est-ce qui te prends ? » Lui renvoya Cate. « Pourquoi en fais-tu tout un plat ? »

« Parce qu'il est mon colocataire » S'exclama Harry. Son ton indiquait que son problème aurait dû lui paraître évident.

« Quel est le rapport ? » Lui demanda Cate énervée. Elle soupira, « J'aurais dû attendre de ne plus avoir la gueule de bois pour te le dire, ou me taire et ne rien te dire. Je n'arrive pas à croire que tu en fasses un tel drame ! »

« J'en fais un drame parce qu'il est ici depuis quoi, une semaine et tu t'es déjà jetée sur lui. »

« Je ne me suis pas jetée sur lui ! »

« Comment appelles-tu cela alors, Cate ? »

« Un stupide mouvement de ma part. Il me déteste probablement maintenant. »

« Tu as sacrément raison : c'était stupide. »

Elle le regarda avec des yeux noirs. « Tu sais quoi ? Je ne peux pas réfléchir à cela maintenant. Ma tête me fait trop souffrir. Quand tu seras un peu plus rationnel, viens me voir. » Cate se leva, se dirigea vers la porte et s'arrêta pour le regarder, « Parfois, je ne te comprends vraiment pas Harry, vraiment pas. »

Elle se retourna, sortit de la chambre et ce faisant, elle fonça pratiquement dans Kevin, qui lui, arrivait. « Désolé Kevin » Marmonna-t-elle avant de partir.

«C'était à quel sujet ? » Demanda Kevin. Il regarda Cate partir, ferma la porte et s'assit à côté de Harry.

« As-tu vu Severus ? »

« Hein ? Non, pourquoi ? A-t-il disparu ? »

« Quand je me suis réveillé ce matin, il était déjà parti. Ensuite Cate est venue et elle m'a dit que… » Il se tut et secoua la tête de frustration.

« T'as dit quoi ? »

« Elle l'a embrassé. La nuit dernière quand vous aviez tous les trois trop bu et que vous ne teniez plus debout. »

La mâchoire de Kevin claqua d'un coup sec, « Elle l'a fait ? Quand est-ce que ça s'est passé ? »

« Après notre départ du bar, j'ai demandé à Severus de la raccompagner jusqu'à sa chambre. Je devais m'occuper de vous deux et je ne voulais pas vous traîner criant et chantant dans tout le dortoir. Vous avez dérangé suffisamment de personnes. »

« Mais comment est-ce que ça s'est passé ? »

« D'après Cate, elle l'a embrassé avant d'entrer dans sa chambre. Après elle s'est effondrée. »

« Severus ne t'as rien dit quand il est revenu à la chambre ? »

Harry secoua la tête. « Non, il était de mauvaise humeur. Je croyais que c'était juste parce qu'il ne se sentait pas bien. » Harry grimaça, « Apparemment ça n'était pas ça. »

« Whao, Harry quel est le problème ? Serais-tu jaloux de lui ? » Lui demanda Kevin.

« De quoi parles-tu ? » Lui demanda Harry.

« Eh bien, comme tu te mets dans une colère noire à cause de leur baiser, je me demandais si tu n'étais pas jaloux. » Kevin l'étudia, « Si tu l'aimes Harry, tu devrais le lui dire. »

« Je ne l'aime pas » Répondit Harry avec emphase.

« Alors, quel est le problème ? »

« Il vient juste d'arriver ici. Quoi, elle ne peut pas attendre un mois avant de tenter un tel rapprochement ? »

« Peut-être avait-elle peur que quelqu'un d'autre le fasse avant elle. »

« Peut-être n'est-il pas ici pour se trouver une copine. »Lui fit remarquer Harry. « Certaines personnes vont à l'université pour faire des études. »

Ils restèrent assis en silence quelques minutes en se regardant dans le blanc des yeux. « Je ne sais pas quoi dire. » Lui dit finalement Kevin, « Je sais à quel point tu es protecteur envers tes amis. Peut-être devrais-tu aller lui parler. »

« Je ne sais même pas où chercher. Il pourrait être n'importe où. »

« Y compris juste devant vous. » Une voix sarcastique se fit entendre du couloir.

Kevin et Harry se retournèrent surpris. Severus se tenait dans l'encadrement de la porte, le dos appuyé contre le mur, les bras croisés et le visage sans expression. Il les regardait.

« Euh, et bien je crois que je vais aller chercher Ben, » Bégaya Kevin. Il se leva d'un bond et se dirigea vers la porte d'un pas vif. Severus ne bougea pas, alors Kevin marmonna, « Excuse-moi. » et se dépêcha de passer devant lui.

Quand il fut parti, Severus et Harry se regardèrent en chien de faillance, « Est-ce qu'il se passe quelque chose Harry ? »

Harry leva les bras au ciel « Oui, non. Je ne sais pas. »

Severus se décala du mur, avança et ferma la porte derrière lui. Il s'assit sur le lit. « Allez, parle. »

« Pourquoi ne m'as-tu rien dit à propos de Cate la nuit dernière ? »

Severus haussa un sourcil, « Je n'étais pas conscient que je devais te signaler le moindre de mes gestes. »

« Cate est mon amie, Severus ! »

« Je peux t'assurer que je n'ai aucunement l'intention de me mettre entre toi et tes amis, pas plus que de poursuivre une relation avec ton amie Cate. Crois-moi ou non, mais je n'étais qu'un participant involontaire dans l'aliénation de la nuit dernière. » Lui expliqua Severus calmement. « Tu n'as pas besoin d'exercer ta nature protectrice pour sa défense. »

Harry se passa une main devant les yeux. « Je suppose que tu n'as entendu que la fin de la conversation. Je ne mettais pas en question tes intentions Severus. Je questionnais les siennes. »

Severus cligna des yeux ; « Quoi ? »

« Elle est venue ce matin et m'a expliqué ce qui s'est passé. Je ne sais vraiment pas pourquoi, mais je lui ai crié après. Kevin m'a entendu et il est venu me demander ce qui se passait. »

« Tu exerçais ta nature protectrice pour ma défense ? » Severus avait dû mal à croire cela. C'était une image amusante : Harry défendant son honneur contre Cate. Encore une fois, réfléchit-il, regarde ce qui s'est passé quand il n'est pas là.

Harry eut un rire gêné, « Quelque chose comme ça, ouiais. »

Severus le regarda fixement un instant et secoua la tête : « Plus que souvent, Monsieur Potter, vous parvenez à me surprendre. »


« Hé Harry, est-ce que je peux t'emprunter ta chemise noire ? Celle avec le dragon ? » Demanda Ben pendant que Harry et lui marchaient dans un couloir du dortoir.

« Bien sûr. Pourquoi en as-tu besoin ? »

« J'ai un rendez-vous ce soir. »

Harry en resta bouche bée. « Es-tu sérieux ? »

Ben grimaça, « Gee, merci Harry. Content de savoir que tu me crois incapable d'avoir une copine. »

« Tu sais très bien que ce n'est pas ce que je voulais dire. » Harry leva les yeux au ciel, « Alors, qui est-ce ? »

« Sarah, une fille de mon cours d'Etudes américaines. »

« Je ne me souviens pas t'en avoir entendu parler. »

« C'était en quelque sorte le bon moment. » Répondit Ben en haussant les épaules.

« Veux-tu venir le prendre maintenant ? »

« C'était l'idée générale, oui. »

« Est-ce que Kevin le sait déjà ? »

« Non, je ne l'ai pas encore vu ce matin. Il est parti étudier avec une personne participant au même cours que lui ou quelque chose dans ce genre là. »

« Penses-tu qu'il ait une copine et qu'il ne nous en ait pas parlé ? » Sourit Harry.

« Avec Kevin, qui sait ? Il pourrait. » Ben le regarda, « Comment se fait-il que tu ne sortes avec personne ? »

« Oh, je ne sais pas. Manque d'intérêt, manque de temps, choisis celui que tu veux. »

« Tu sais Harry, nous ne serions pas fâchés si tu passais un peu plus de temps avec quelqu'un d'autre. Nous ne penserions pas que tu nous abandonnes. »Lui dit Ben sérieusement.

Harry grogna, « C'est pour cela alors ? C'est un piège pour me faire parler de ma vie sexuelle. »

« Non, j'ai vraiment besoin de cette chemise. Mais nous pensions qu'avoir cette conversation valait peut être le coût. »

« Nous ? Qui nous ? » Harry le regarda avec des yeux noirs.

« Kevin, Cate et moi. »

« Au moins, Severus ne conspire pas contre moi. » Marmonna Harry.

« Nous ne conspirons pas Harry. Nous voulons juste que tu sois heureux. »

« Je suis heureux. C'est peut-être généreux de votre part, mais Cate a certainement été d'accord avec vous, pour pouvoir s accaparer Severus. »

Ben soupira, « Tu en es encore là ? C'était juste un baiser et ça s'est passé il y a trois semaines. »

« Ca n'excuse pas que ça s'est passé. »

« Elle l'apprécie Harry. Et qui sait, peut-être que s'il ne passait pas tout son temps avec toi, il commencerait à l'apprécier aussi. »

« Ce n'était pas à mon sujet, hein ? C'était à leur propos. » Harry ne put s'empêcher d'être un peu fâché. « Il ne s'intéresse pas à elle. Il ne s'intéresse à personne. Et que je sois là ou non n'a rien à voir avec cela. Je suis son ami, Ben. Je ne vais pas l'abandonner simplement parce que mes autres amis veulent le molester. »

« D'accord, je ne veux pas me disputer avec toi la-dessus. » Ben leva les bras en guise de capitulation.

« Dis-moi quand même une chose. »

« Quoi ? »

« Est-ce parce que tu t intéresses à elle ? »

Harry s'arrêta. Ben fit de même, « Ben, je ne m'intéresse pas à elle de cette façon. J'aimerais simplement qu'on ait des relatons amicales. » Il regarda Ben avec honnêteté, droit dans les yeux. « L'amitié est plus importante pour moi qu'elle ne l'est pour d'autres personnes. Laisse-moi t'expliquer ce qu'il en est avec Severus. Il est mon ami et je ne veux pas qu'on lui fasse passer de mauvais moments ou qu'on le mette mal à l'aise. Est-ce que tu comprends ? »

« Je comprends Harry. Je ne veux pas te voir rester seul toute ta vie parce que tu avais peur que si tu passais du temps avec une autre personne, nous serions fâchés, c'est tout. Nous sommes tes amis. Nous voulons que tu sois heureux. »

« Je suis heureux. »

« Très bien. Allez viens. Allons chercher ma chemise. »

« Tu veux dire ma chemise. Je te la prête seulement. » Corrigea Harry.

Ils reprirent leur marche. Ben lui demanda, « Où est le vieux démon aujourd'hui ? Je ne l'ai pas encore vu.»

« Je ne sais pas. Il est parti ce matin en marmonnant qu'il avait une course à faire. Je ne l'ai pas vu depuis. »

« Es-tu inquiet ? » Lui demanda Ben surpris d'entendre une nuance d'inquiétude dans la voix d'Harry.

« Il ne sort pas seul en général. » Lui répondit Harry sur la défensive.

« Harry, il est plus âgé que nous. Il peut s'occuper de lui. Qui plus est, il a sûrement une vie en dehors d'être ton ombre. » Soupira Ben. « Quelques fois tu te fais trop de soucis pour ton propre bien. »

« Etre trop gentil n'a jamais nuit. » Ronchonna Harry.

Quand ils arrivèrent à la chambre, Ben souriait d'un air satisfait et quand Harry ouvrit la porte, Ben se pencha vers lui et murmura, « Surprise. »

Harry écarquilla les yeux. Kevin et Severus étaient assis au milieu de la pièce. Severus tenait devant lui le règlement de l'université. Entre eux, sur le bureau de Harry reposait un micro-ondes. Il n'en avait jamais vu de semblable. Sur chaque côté était peinte une scène d'îles tropicales complétée avec un troupeau de flamants. Harry était sans voix. Son regard oscillait de Kevin qui avait un large sourire plaqué sur son visage à Severus dont les fines lèvres remontaient en un très léger sourire.

« Alors, est-ce que tu l'aimes ? » Lui demanda Ben. Il contourna Harry et s'assit à côté de Kevin.

« Tu étais… ? »

Ben acquiesça, « Ouiaipe. J'étais de mèche. Kevin et Severus sont partis le chercher ce matin et moi, je devais te tenir occuper pour que tu restes loin de la chambre. »

« S'il te plait, dis-moi que tu l'aimes. » Lui dit Kevin, « Parce que nous avons passé des heures à chercher ce truc, à travers toutes les rues de Manhattan. Mes pieds sont en train de me tuer. Les flamants étaient une idée de Severus donc si tu ne les aimes pas, blâme-le. »

Severus ramassa le livre : « Pour des raisons de santé et de sécurité, les chiens, les chats et autres animaux domestiques sont interdits dans la résidence. » Lut-il. Il ferma ensuite le livre. « Kevin, m'a averti des problèmes que l'on risquait de rencontrer pour se procurer un vrai flamant. J'espère que c'est un substitut acceptable. »

« Si tu te mets à pleurer, je vais devoir de gifler. » Déclara Ben. Harry n'avait toujours rien dit. Le commentaire eut l'effet désiré : Harry se mit à rire.

« Je ne vais pas pleurer. » Harry s'arrêta de rire. « Je…C'est juste que…Je ne m'attendais absolument pas à cela. Merci, à vous tous. C'est l'une des plus gentille chose que l'on ait faite pour moi. Je l'adore. Je l'adore vraiment. » Il fit une pause, « Où avez-vous eu l'argent pour cela ? Il a dû coûter une fortune. »

« Générosité de la banque de Snape » Répondit Kevin en désignant Severus.

« Severus, tu- ? »

« Je ne connais pas très bien la ville. Je leur ai donc demandé leur aide. » Lui Expliqua Severus brièvement. « Je suis content que tu l'aimes. »

« Qui est pour une pizza ? » Leur demanda Kevin en se levant. « Nous n'avons pas eu le temps de manger pendant notre pérégrination dans les rues de Manhattan, en quête d'un micro-ondes. Et je dois dire qu'il n'y avait pas beaucoup de choix, en tout cas, moins qu'on n'était en droit de s'y attendre. »

« Ouais ! Qu'avais-tu en tête ? » Demanda Ben.

« Attends, et ton rendez-vous ? » Objecta Harry.

Kevin siffla : « Tu as un rendez-vous ? Et pourquoi suis-je le dernier au courant ? »

Ben commença à rire : « Allons Harry ! Tu crois vraiment à toutes ces âneries que j'ai racontées ?

« Quoi ? » Harry fronça les sourcils, « Tu veux dire que tu- ? »

« Non, je n'ai pas de rendez-vous. J'avais juste besoin d'une excuse pour te faire venir ici. » Ben le regarda. « Sérieusement Harry, est-ce que j'aurais été crédible si je t'avais demandé, « Puis-je t'emprunter ton livre d'histoire ? »

« Un peu plus crédible que de dire tu as un rendez-vous ? » Suggéra Kevin en riant, « Oh c'est génial. Harry tu es trop naïf ! »

« Je ne le suis pas ! Pourquoi tout le monde me dit ça ? »

« Tu es naïf, Harry. » Commenta Severus en surprenant tout le monde, lui y compris. « Le nier ne l'empêchera pas. »

« Admettre que tu as un problème est le premier pas vers la guérison. » Continua Kevin.

« Oh, taisez-vous. Et bien, on y va ? »

« Ouaipe. Viens Ben. Allons chercher nos manteaux » Répondit Kevin en tirant Ben vers la porte.

« Nous arrivons ! » Leur dit Harry. Il se tourna vers Severus qui le regardait en haussant un sourcil « Viens-tu avec nous ? »

« Et rater tout cet amusement ? Comment pourrais-je ? » Dit-il sèchement. Il se leva et sortit son manteau du placard. Harry s'approcha du micro-ondes et passa ses doigts dessus. Il entendit le bruit du cuir quand Severus mit son manteau « Tu l'aimes vraiment ? » Lui demanda Severus, une nuance d'incertitude dans la voix.

Harry se retourna et lui sourit, « je l'aime. Tu n'avais pas à- »

« Peut-être pas » Répondit Severus en haussant les épaules. Il tendit à Harry son manteau, « Viens, les autres nous attendent. »

Harry s'avança pour prendre son manteau et l'enfila. « Severus ? »

« Hm ? »

« Merci ! »

Ils se regardèrent un moment puis Severus demanda prudemment, « Tu ne vas pas m'embrasser, n'est-ce pas ? »

Harry gloussa, « Je ne sais pas. Ca ressemble davantage à ce que Cate ferait, pas moi .Je ne veux pas empiéter sur ses plates bandes. »

« Tu ne peux pas savoir à quel point c'est une tragique déception de savoir que tu ne vas pas m'accoster dans les couloirs. » Commenta Severus, pince sans rire.

« Et bien, si ça te contrarie tant, je peux probablement faire une exception. » Harry lui fit un clin d'œil « Nous ne lui dirons pas. »

« Notre petit secret, » Agréa Severus en sortant de la chambre. Il s'arrêta pour permettre à Harry de fermer la porte à clef.

« Quel secret ? » Leur demanda Kevin curieux, derrière eux.

« Notre scandaleuse histoire d'amour. » Répondit Harry.

Severus leva les yeux au ciel : « Autant pour la vie de ce secret. »

« Ah, jeunes amoureux, » Soupira Kevin dramatiquement. Il enroula son bras autour de Ben qui secoua la tête avec amusement. « Cela ne te donne-t-il pas envie de pleurer ? »

« Tu n'en as aucune idée. » Marmonna Severus dans sa barbe. Harry répondit en lui donnant un coup de coude dans les côtes. « Pouvons-nous y aller maintenant ? Où nous faisons-nous livrer la pizza dans le couloir ? »

« Bien, ruine-nous tout le plaisir. » Bouda Kevin, alors que tous les quatre s'étaient mis en route.

« Nous pouvons toujours commander des pizzas minutes et faire la fête dans notre chambre. » Suggéra Harry.

« Um, Oh, Severus. Il semblerait que le micro-ondes t'ait volé l'affection de Harry. »Murmura Ben.

« Peut-être que c'est ça partager » Répondit Severus, pince sans rire.

Il y eut un moment de silence puis tous rirent de bon cœur. Severus grogna et secoua la tête : Ne me dis pas que tu es en train de t'amuser, s'exclama une petite voix dans sa tête. Tais-toi ! Lui répondit Severus en retour. Il n'y a rien de mal à profiter de la situation. La petite voix eut le dernier mot : Surprenant, qui aurait cru qu'après presque quarante ans, Severus Snape pourrait grandir ?


« Qu'est-ce que c'est ? » Demanda Harry en désignant une grande boite que Severus transportait dans la chambre.

« Un épouvantable carton. » Grommela Severus aigrement. Il ne parvenait pas à passer dans l'encadrement de la porte. Une fois fait, il la déposa sur le lit : « J'avais espéré que qu'il se soit perdu en venant ici »

Harry regarda l'adresse, « On est seulement à la mi-février Severus. Il faut un certain temps pour que ce qui a été envoyé d'Angleterre arrive ici. »

« Quelle partie de 'espérer que ça se soit perdu' t'a semblé être 'inquiet que ça ce soit perdu' ». Grogna Severus.

« Alors qu'est-ce que c'est ? »

Il grimaça en direction de la boite et fit un geste vers le bureau d'Harry : « Peux-tu me passer les ciseaux ? »

Harry acquiesça, les prit et les plaça dans la main de Severus. Celui-ci coupa le ruban adhésif et l'ouvrit, « Voilà ce que c'est. »

Harry haussa les sourcils : « Plus de pantalons. »

« Oui, avec plus de couleurs tape à l'œil et plus hideux que les derniers » Commenta Severus avec dégoût. Il en prit un et le sortit. Il était en cuir violet.

« Ils ne sont pas si mal. »Le contra Harry, « Que dis-tu de celui-ci ? »

Severus regarda avec horreur le pantalon orange vif que tenait Harry. « Peut-être vaudrait-il mieux les jeter dès maintenant. »

« Oh, allons, essaye-les » Harry eut un sourire en coin et lui en tendit un.

« Je ne pense pas. »

« D'accord, seulement si tu essaies celui là ! » S'exclama Harry triomphalement. Il abandonna l'orange pour un jaune.

« Par tous les niveaux de l'Enfer, où ont-ils trouvé des pantalons avec tant de couleurs ? » Grogna Severus. Quand je reviendrai Minerva, je vous tuerai.

« Allons, Severus, essaie-le. »

« Absolument pas. »

« Pourquoi ? »

« Essaie-les s'ils te plaisent ». Severus fit un geste en direction de la boite, « En fait, tu peux tous les prendre. Surtout les arcs-en-ciel. Qui, saint d'esprit, porterait cela ? »

Harry rit, « Kevin ? »

Severus le regarda avec des yeux noirs ce qui le fit rire davantage. « C'est ça. Allons faire des courses, maintenant. ».

« Faire des courses ? »

« Oui, faire des courses. Tu sais, visiter les magasins dans le but d'acheter des choses. »

« Je sais ce que faire les courses signifie. Pourquoi y-allons nous ? »

« Pour avoir ce genre de pantalons. » Severus désigna le jeans de Harry. « J'ai souffert dans ces hideuses choses pendant un mois. Je veux des pantalons normaux. »

« Ca va ruiner ton image de mauvais garçon, Severus. »

« Ma quoi ? »

Harry ricana et finit de déballer la boite au grand damne de Severus. Le mélange des couleurs sur son lit le rendait malade. Je déteste les vêtements moldus. Il sortit son sac marin du placard, le mit sur son lit et prit la bourse d'argent qu'Albus lui avait envoyée.

« Tu as, bien entendu, de nombreuses lettres. » Observa Harry en jetant un œil dans le sac.

« Mes collègues ressentent le besoin d'écrire souvent. » Répondit Severus en prenant la bourse pour la vider.

Il comptait son argent se rappelant le jour où Harry lui avait expliqué quelle valeur avait chaque pièce et leur correspondance, quand Harry lui demanda « Qu'est-ce que c'est ? »

Severus releva les yeux et vit Harry tenir sa baguette. Merde. « C'est juste un souvenir de la maison. » Répondit-il vaguement. Il fit un mouvement pour prendre sa baguette.

Harry recula rapidement et Severus grimaça, anticipant une vilaine explosion. Rien ne se passa. Soulagé, il concentra à nouveau son attention vers Harry qui étudiait la baguette attentivement.

« Allez, sois gentil, rends-la-moi. » Lui demanda Severus.

« Tu sais ce que ça me rappelle ? » Lui demanda Harry en la tournant dans tous les sens.

« Je ne peux pas imaginer. » Pose-la simplement. S'il se passe quelque chose pendant que tu la bouges ainsi, je ne sais pas comment je pourrai l'expliquer.

« Une baguette magique. Tu sais, un accessoire qu'utilisent les sorciers dans les histoires fantastiques. »

« Oui, je sais ce qu'est une baguette magique. » Claqua Severus de plus en plus nerveux. Je peux la lui prendre. Un seul petit sort…

Harry eut un sourire satisfait et la pointa sur Severus.

Severus se figea. Il imaginait très bien qu'Harry puisse faire un mouvement suffisamment fort pour que la baguette réagisse. Severus avait vu ce qui se passait quand un sorcier utilisait la baguette d'un autre sorcier. Comment vas-tu expliquer aux autres que nous étions simplement assis ici quand tu as commencé à jouer avec mon 'souvenir ' et que soudain ma tête a explosé ?

« Es-tu certain de ne pas être un vrai sorcier ? »

« Quoi ? » La question le prit au dépourvu.

« Je ne sais pas. » Harry secoua la tête. « Parfois, comme maintenant, j'ai cette image de toi : tu portes une robe noire et tu tiens ce truc. Qu'est-ce réellement Severus ? »

« Rends-la moi et je te le dirai. » Severus tendit la main.

Il aurait juré que son cœur avait cessé de battre l'instant qui suivit, juste avant qu'Harry ne la lui rende. Il soupira de soulagement et le regarda les paupières plissées : « C'est une baguette magique » Répondit-il froidement en la pointant sur la poitrine d'Harry. « Et je suis un vrai sorcier. Un que tu viens de mettre en colère. Malheureusement pour toi, maintenant que tu connais mon secret, je dois te tuer. »

Harry écarquilla les yeux, déglutit avec appréhension et recula d'un pas : « J- Je suis désolé, Severus… »

Severus renifla et rangea La baguette dans son sac : « Qu'est-ce que j'ai dit déjà à propos de toi et de la naïveté ? »

Un étrange gargouillement se fit entendre. Harry grogna et dit : « Espèce d grand crétin ! ». Il gronda : « J'ai eu la peur de ma vie à cause de toi ! »

Ainsi nous sommes deux. « Etais-je si convainquant ? »

« Si tu avais pu voir l'expression de ton visage quand tu as dit ça » Dit Harry en prenant plusieurs profondes inspirations.

« Crois-tu en la magie Harry ? » Lui demanda Severus par curiosité.

« Parfois. » Répondit-il sérieusement. « Peut-être est-ce juste un désir. Penser que la magie existe, rend le monde un peu moins commun, tu vois ? »

« Je comprends. » Severus regarda son lit, « Alors allons-nous faire des courses ? »

« Vas-tu porter un te tes nouveaux pantalons ? »

Severus railla : « J'en mettrai un si tu en mets un. »

Harry acquiesça, « D'accord. »

« Quoi ? Non, je n'étais pas sérieux. »

« Nope, un marché est un marché. »

« Harry, tu ne vas pas… » Severus se tut. Il secoua la tête quand il vit Harry enlever son jeans pour en enfiler un de cuir.

« Et bien, » Harry se regarda pendant qu'il le boutonnait. « Il est un peu trop long puisque tu es plus grand que moi. Mais autrement il me va bien. Quelle couleur vas-tu porter ? »

« Tu dois plaisanter. »

« J'aime le violet. Mets-le. »

« Absolument pas. »

« Allons, Severus. » Insista Harry, « Nous serons assortis. »

« Violet et orange ne s'assortissent pas. »

« Suffisamment. » Harry lui tendit le pantalon « Mets-le et on y va. Tu veux d'autres pantalons, non ? »

Je ne peux pas croire ce que je suis en train de faire. Pensa Severus en mettant le pantalon violet. Puisque Severus portait déjà une chemise noire, Harry en prit une d'un de ses tiroirs et la mit. « Voilà, tout est prêt. On peut y aller. »

Severus mit un peu d'argent dans sa poche et suivit Harry dans le couloir, sans un mot. Kevin passait la tête en dehors de sa chambre quand ils passèrent et les vit. Il siffla de façon sonore : « Oh mon dieu ! Hé Ben, viens voir par-ici et regarde ! » Cria-t-il en retournant dans sa chambre.

Harry souriait quand Ben émergea, la bouche grande ouverte : « Quoi ? Participez-vous au défilé de la 'gay parade' aujourd'hui ? »

« Severus vient d'en recevoir davantage. En fait, il y en a un, absolument adorable, que tu pourrais porter, un arc-en-ciel. » Suggéra Harry. « Vous pourriez aller vous changer et nous accompagniez. Nous allons faire des achats. »

« Kevin, non ! » Ben essaya futilement d'arrêter son colocataire.

« Oh allons, viens Ben. Vis un peu. Amuse-toi ! Que feras-tu de plus dans ta chambre ? » Lui demanda Kevin. Ben ouvrit et ferma la bouche plusieurs fois. Il soupira « Oh, d'accord. En as-tu un bleu Severus ? »


J'étais fou de croire que cela ne se reproduirait pas, pensa Severus. Il serrait les poings d'agonie tant la marque le brûlait. C'était pire que la dernière fois au bar, il y avait maintenant un mois et demi. Heureusement pour lui ; Harry était avec Ben et Kevin et travaillaient sur un projet que Kevin devait rendre pour l'un de ses cours. Seul, Severus put se coucher en boule sur son lit. Il avait les yeux fermés, serrés de douleur. La marque continuait à brûler.

Il se rapproche. La douleur ressemble de plus en plus à celle que je ressentais du temps de Voldemort. Il était vaguement conscient qu'il tremblait et que son visage était en sueur. La douleur s'intensifia brièvement et il résistait, il ne voulait pas crier. Ils ne doivent pas savoir. Pas d'explication pour cela. Pas d'explication crédible. Ahhhh seigneur, Lucius arrête.

Severus ne croyait pas à une coïncidence. Il connaissait Lucius, il savait que quand il était en colère sa haine et sa cruauté pouvaient dépasser celle de Voldemort. Lucius lui envoyait cette douleur et elle lui était réservée. Si un autre Mangemort encore en vie la ressentait, Severus savait que ce ne serait qu'un picotement. Pour lui, c'était un avertissement. Et une promesse.

Tu ne peux pas continuer éternellement, Lucius. Weasley te trouvera. Et quand ce sera fait, je te tuerai moi-même. Je te le promets. La douleur continua, lancinante. Severus serrait les poings plus forts encore. Il ne sentait pas que ses ongles lui coupaient la main. Il était Severus Snape, après tout. Il savait que même si la douleur empirait encore, il résisterait. Il n'avait pas d'autre choix.


« Nous allons où ? » Demanda Severus en regardant Harry avec incrédulité.

« Baltimore. » Répéta Harry.

« Pourquoi ? »

« Parce que ce sont les vacances de printemps. Le dortoir est fermé et nous devons aller quelque part. Chaque année, Kevin, Ben, Cate et moi passons cette semaine dans une ville différente. L'année dernière nous sommes allés à Boston, l'année précédente c'était Pittsburgh. » Lui expliqua Harry.

Rends-moi mon travail plus compliqué encore, Harry. Severus regarda ses mains. Les fines cicatrices en forme de croissant avaient presque disparu maintenant. Une semaine s'était écoulée depuis que la marque noire l'avait brûlée. « Tu veux que je vienne avec vous ? »

« Bien sûr que je le veux. Ce ne serait pas aussi amusant sans toi. »

Severus grimaça : « L'amusement et moi ne nous mélangeons pas. »

Harry leva les yeux au ciel : « Tu continues à dire cela et nous continuons à ne pas être d'accord avec toi. Tôt ou tard, il faudra te faire à l'idée que tu as tort. »Harry l'examina minutieusement. « Tu fais parti du groupe maintenant, Severus. Tu es notre ami, même si tu résistes. Habitue-toi. »

« Tu es notre ami. » Bien sûr que je le suis Harry. Jusqu'à ce que tu te souviennes du professeur Snape, ce démon bâtard, ancien mangemort. « Je viendrai, tu n'as pas besoin de défendre ton cas. Mais de toutes façons, tu savais que je viendrai, non ? »

Harry sourit légèrment. « J'avais un bon pressentiment. Je vais le dire aux autres et voir si on peut trouver un moyen de transport. »

Severus regarda Harry quitter la pièce et prit son sac marin. C'est une mauvaise idée. Une très mauvaise idée. Il prit une feuille et griffonna une courte missive pour Dumbledore. Il éprouvait de la colère contre le vieil homme. Peu importe le nombre de lettres que je vous envoie, peu importe le nombre de questions ou le nombre de fois que je vous les pose, vous refusez de me dire ce qu'il se passe. Vous aviez obtenu un compte rendu exact sur les conséquences de la bataille contre Voldemort ? Combien de temps cela prend-il Albus ? Pourquoi me cachez-vous des informations ? Que me cachez-vous ?

Quelles que soient les réponses, Severus savait qu'il devait faire confiance au directeur et croire qu'il travaillait pour le bien de tous. Malheureusement; la vie lui avait appris à se méfier de tout le monde et à ne faire confiance qu'à lui-même.

Albus,

Pour leur nouvelle aventure, Harry et compagnie ont décidé d'aller à Baltimore, une ville très éloignée d'ici. Ils y resteront pendant la semaine 'des vacances de printemps'. Je pars avec eux. J'ai un mauvais pressentiment, Albus. Il va se passer quelque chose. Je peux le sentir. Je ne sais pas si je suis prêt à l'affronter.

Severus Snape.

Il plia la lettre, la mit dans sa poche et quitta la chambre. Il trouva le hibou postal dans un arbre, hors du dortoir, comme s'il savait que ses services allaient être réclamés. Il lui donna la lettre, lui demanda de la remettre rapidement à Dumbledore et retourna à la chambre.

Severus et Harry passèrent une heure à préparer leur bagage : décider ce qu'ils devaient prendre et ce qu'il était préférable de laisser dans la chambre. Ils allèrent ensuite rejoindre Ben et Kevin pour les aider à faire de même. L'inquiétude de Severus s'accentua le jour suivant jusqu'au soir ce qui le rendit encore plus maussade et énervé que le jour de son arrivée à New York. Cette nuit là, le sommeil de Severus fut interrompu par d'horribles rêves. Il imaginait les conséquences du voyage et ses implications pour une vie future s'il devait échouer dans sa mission de protection.

Le matin suivant, Severus était d'une humeur massacrante quand il aida à charger leurs affaires dans le mini van de Cate. Le véhicule était suffisamment grand pour tous les cinq et leur bagage. A l'exception de Severus, ils étaient tous d'excellente humeur. Harry avait remarqué l'humeur de Severus et il ne cessait de jeter des coups d'œil dans sa direction, en particulier quand il pensait qu'il ne le voyait pas. Ces regards le rendaient plus nerveux encore. Dites-moi Monsieur Potter, souririez-vous et ririez-vous si vous saviez que cela pourrait-être votre dernier jour dans le monde des vivants ?

A chaque seconde, son pressentiment s'accentuait. Quand un flash blanc attira son attention, il agrippa sa baguette, pourtant rangée dans son sac. Un examen plus minutieux révéla qu'il s'agissait du hibou revenu de Poudlard. Il s'écarta du groupe avec nonchalance et approcha de l'arbre dans lequel il s'était posé. Il se pencha et ramassa le papier que l'oiseau avait laissé tomber.

Je vous fais confiance.

Severus déglutit. Il avait un nœud dans la gorge. Il mit le papier dans sa poche et retourna vers les autres. Il sentait peser sur ses épaules le poids de la responsabilité.

« Etes-vous prêt à partir ? » Demanda Harry en regardant tout le monde.

« En route ! » Crièrent Kevin et Ben à l'unisson.

« Personne n'a rien oublié ? »

Chacun secoua la tête.

« Bien, allons-y. »

Severus fut le dernier à monter et se retrouva assis à côté de Harry. S'il vous plaît, faites que la confiance d'Albus soit bien placée. Pensa Severus en regardant Harry qui riait en discutant avec Kevin. S'il vous plait ne me laisser pas échouer. Pas encore. Cate démarra et sortit du parking. Severus sentit le picotement de la marque.