Chapitre 7 : Ce sont les petites choses qui vous manquent.
Une autre heure comme celle-ci et je vais finir par tous les tuer. Severus avait pris le magicobus une fois ou deux et était familier du Poudlard Express, mais passer cinq heures et demi, cloîtré à l'arrière d'un mini van, serré contre Harry Potter, et incapable d'échapper à l'épouvantable chanson que Kevin et Ben répétaient en boucle était plus qu'il ne pouvait en supporter. Il n'était pas très versé dans la géographie des Etats-Unis mais il savait qu'une grande distance séparait New York City de Baltimore. Malheureusement, il ne savait pas que la distance était si grande, ni que le trafic routier pouvait être aussi lent. Oh, chers dieux, qui a inventé cette chanson ? Pensa Severus quand Kevin et Ben se lancèrent dans une autre douloureuse édition d' « une centaine bouteilles de bière contre le mur ». Ce doit être un mangemort. Seul quelqu'un d'aussi sadique pourrait oser lâcher quelque chose d'aussi horrible que ça dans le monde.
« Pourriez-vous vous taire tous les deux ? » S'écria finalement Severus d'un ton tranchant. Kevin avait perdu le compte à quatre-vingt et recommençait depuis le début. « Et pour l'amour de tous les dieux auxquels vous croyez, ne recommencez pas cette maudite rengaine à nouveau. »
« Et bien, » Kevin se retourna pour le regarder, « Nous pouvons toujours regarder les lettres sur les panneaux devant lesquelles nous passons. »
« Vous l'avez déjà fait. » Grogna Severus avec impatience. « La raison pour laquelle vous ressentez le besoin de faire cela m'échappe complètement. Ce satané alphabet n'a pas changé depuis la dernière fois que vous l'avez récité. »
« Que pouvons-nous faire d'autre. C'est un long voyage. » Lui signala Ben.
« Et c'est pour ça que vous le faites durer plus longtemps. »
« Nous pouvons chanter des chansons que tu connais. » Suggéra Kevin.
« Je ne chanterai pas, même s'il y avait des chansons que je connaissais. » Rétorqua Severus.
« Pourquoi ne faisons-nous pas une partie de cartes ? » Suggéra Harry pour faire la paix.
« Pourquoi ne sommes-nous pas encore arrivés ? » Reprit Severus. Pour Harry, il réagissait comme un enfant boudeur. Harry fit un effort pour ne pas lui sourire.
« C'est à plus de trois cent vingt kilomètres de New York, nous ne pouvons pas nous téléporter là bas. » Lui répondit Harry.
Severus prit un air renfrogné et Harry l'entendit marmonner entre ses dents quelque chose qui n'avait aucun sens : « Non, mais moi je peux transplaner. »
« Hé, les gars, ne m'obligez pas à venir ! » Cria Cate de l'avant du véhicule.
« Oui, maman ! » Répondirent Kevin et Ben en chœur.
« C'est une menace sans valeur. » Lui dit Severus agacé. « Si tu venais derrière, il n'y aurait plus personne pour conduire. Et à moins que tu n'aies modifié le mécanisme de la voiture, elle n'est pas équipée pour se conduire toute seule. »
« Tu te sens enfermé, hein ? »
Severus se retourna vers Harry avec un regard noir. « Je suis fatigué, mes jambes sont coincées sous ce siège depuis quatre heures et je commence à avoir mal à la tête. » Et tu vas probablement mourir avant la fin de ce voyage. Après toutes les années que j'ai investies à veiller sur toi, il est évident que je ne peux pas sauter de joie à la pensée qu'elles aient été inutiles.
Harry ne dit rien. Il se tourna et regarda attentivement par la fenêtre. Severus l'observa quelques instants tout en se demandant ce qu'il faisait puis décida que ça ne l'intéressait pas vraiment. Il reprit son ennuyeuse activité : regarder l'arrière de la tête de Kevin. J'aimerais que tout cela soit fini. Je ne sais pas pourquoi nous sommes ici.
« Nous sommes presque arrivés. » Annonça subitement Harry en se détournant de la fenêtre. « J'ai vu un panneau. Il ne reste plus que huit kilomètres. »
« Il était sacrément temps. » Marmonna Severus. Kevin et Ben poussèrent des cris d'excitation.
« Eh les gars, et si vous cherchiez un endroit où séjourner comme ça je saurais où m'orienter une fois entrés dans la ville. » Les instruisit Cate en leur jetant un coup d'œil.
« Au port ! » Vota Ben.
« Juste à côté de l'eau. » Ajouta Kevin. « Nous pourrions louer un de ces pédalos et le conduire dans les environs. »
« Je ne pense pas que tu puisses conduire un pédalo. »Commenta Harry.
« Qu'en dites-vous ? » Ben se retourna contre son siège. « Severus ? Harry ? »
« N'ayant jamais mis les pieds dans cette ville, je n'ai rien à vous proposer qui pourrait être utile. » Répondit Severus. « Quoi que vous décidiez, je suis d'accord. » Lucius peut nous trouver n'importe où. Je ne pense pas que ce soit important. A la fin, le résultat sera le même.
« Cate ? » L'appela Harry, « Est-ce que tu es d'accord pour aller au port ? »
« Bien sûr »
« Alors, c'est décidé, nous allons au port, » Décida Harry. « J'espère simplement que tous les hôtels n'afficheront pas complets. »
« Si toutes les chambres normales ont été louées, peut-être pourrions-nous prendre une suite. » Suggéra Kevin.
« As-tu une idée du prix que ça coûte ? » Lui demanda Cate.
« Ouais, mais ce serait amusant. » Insista Kevin. « Ainsi on pourrait-être tous ensemble au lieu d'être séparé en différentes chambres. »
Séparé. Le mot semblait résonner dans l'esprit de Severus. Harry est vulnérable tout seul.
« J'ai de l'argent, beaucoup d'argent. Nous pouvons l'utiliser pour louer ta chambre Kevin. »
« Tu ne peux pas dépenser tout ton argent pour quelque chose comme ça. » Objecta Harry.
« Un de mes collègues m'a envoyé une bourse pleine la semaine dernière. Je n'ai pas eu l'occasion de dépenser quoi que ce soit pour l'instant. » Arrête de discuter avec moi.
« Allez Harry, il est volontaire pour nous louer la suite. Arrête de discuter avec lui. » L'interrompit Kevin.
« Nous n'allons pas profiter de lui ainsi. » Argua Harry.
« Pouvez-vous arrêter de parler de moi comme si je n'étais pas là ? » Observa Severus calmement. « Ecoute Harry, cet argent prend la poussière depuis des années. Ca n'a pas d'importance si je l'utilise. »
« Comment se fait-il que tu aies autant d'argent, Severus ? » Lui demanda Ben.
« Je viens d'une famille aisée. » Répondit Severus brièvement. Il ne souhaitait pas s'étendre sur sa vie privée.
« En es-tu sûr, Severus ? » Lui demanda Harry, « Elle coûte vraiment très chère. »
« J'en suis sûr. Nous sommes ici pour nous amuser. » Severus regarda les autres. « Ai-je raison de penser que de séjourner dans une suite sera amusant ? »
« Tu as absolument raison. »Lui Répondit Kevin en ignorant le regard d'Harry.
Severus haussa un sourcil et se tourna vers Harry. « Harry ? »
« Ca pourrait être une nouvelle expérience. » Répondit Harry avec réticence et en évitant le regard perçant de Severus.
Vous êtes trop facile à lire Monsieur Potter. « Donc c'est décidé. Nous la prenons. » Annonça Severus. « Vous autres pouvez choisir un hôtel. » Ben et Kevin penchèrent la tête pour discuter des endroits où ils pourraient séjourner. Severus se rapprocha d'Harry. « Je sais que tu te sens coupable de prendre mon argent. Tu en as si peu pour toi. Mais je t'assure que je n'en ferai rien de toute façon. » Lui dit Severus doucement. Ses mots n'étaient que pour Harry : « Vous méritez de vivre dans le luxe, même si ce n'est que pour une semaine Harry Potter. »
Harry redressa la tête, écarquilla les yeux et rencontra les yeux noirs de Severus : « Pourquoi- »
Severus leva une main. « Ne perds ton temps à combattre des batailles que tu ne peux pas gagner, Harry. Garde ta force pour celles que tu peux. »
Un instant s'écoula avant qu'Harry n'acquiesce. « Très bien. Mais je vais trouver un moyen de te rembourser. » Harry le regardait comme s'il allait ajouter quelque chose mais il entendit les noms d'hôtels dont Kevin et Ben discutaient. « Oh non. Nous n'allons pas séjourner dans l'hôtel le plus cher que nous puissions trouver parce que Severus paie. Et nous paierons ce que nous partagerons. »
« Mais- » Commença Kevin.
Severus observa la discussion qui s'ensuivit entre les trois amis, en silence. Les mots d'Harry s'effaçaient de sa mémoire. « Trouverai un moyen de te rembourser. » Sans faire attention, il grogna. Tu l'as déjà fait.
« Regardez-moi ça ! » S'esclaffa Kevin étonné, en faisant le tour de la chambre. « Severus, je regrette que n'aies pas été avec nous lors de nos précédents voyages. »
« Kevin ! » Le réprimanda Harry. « Arrête d'être un tel abruti ! »
« Je vais m'allonger un peu. » Marmonna Severus en se dirigeant vers le canapé. Il s'allongea sur le dos, un bras devant les yeux. « Venez me voir si vous avez besoin de moi. »
« Regarde ce que tu as fait? » Siffla Harry en poussant Kevin sur le côté.
« Quoi ? Cet homme est fatigué. Je n'ai rien fait. » Objecta Kevin.
« Pourquoi n'allons-nous pas faire le tour et choisir nos chambres ? » Suggéra Ben avant qu'ils ne se disputent.
Harry soupira. « Bonne idée ! »
Severus entendit le bruit des bagages que l'on pose par terre et des pas de ceux qui exploraient la suite. Paix et calme, enfin. Pensa Severus avec soulagement. Il ferma les yeux. La seule chose positive qui arriverait si Lucius nous tuait tous cette semaine, serait que je n'aurai pas à faire le voyage en sens inverse. Il dut s'assoupir parce qu'il sentit soudain une main sur son épaule.
« Severus ? » La voix d'Harry s'accompagna d'une légère secousse.
« Qu'est ce qu'il y a maintenant ? » Grommela Severus. Il ouvrit les yeux et s'assit.
« Il y a seulement trois chambres. »
« Et maintenant la terre devrait s'arrêter de tourner. » Severus leva les yeux au ciel : « Pourquoi as-tu ressenti le besoin de me réveiller exactement ? Pour m'annoncer cette terrible et dérangeante nouvelle ? »
« Nous devons décider de qui restera avec qui. » Harry s'arrêta et lui sourit malicieusement. « J'ai dit à Cate que ça ne te dérangerait pas de partager un lit avec elle. Elle pense que c'est une merveilleuse idée et m'a dit de te dire qu'elle ne pourrait pas attendre jusqu'à ce soir pour- » Sa phrase fut coupée par la main de Severus qui le tira brusquement par le col de sa chemise et ils se retrouvèrent nez contre nez.
« Vous avez intérêt à plaisanter, Monsieur Potter. » Siffla Severus calmement, « Ou je… »
« Pourquoi essaies-tu seulement de le cacher ? » L'interrompit Harry. Il sentait la colère de l'autre homme tandis qu'il essayait de regarder d'un air sévère l'œil géant et flou qui avait remplacé les deux yeux distincts.
Le visage pâle de Severus refit son apparition quand il repoussa Harry. « De quoi parles-tu ? »
Harry remit sa chemise en place. « Ce mur d'épines derrière lequel tu te caches. Ca marche pour les étrangers, mais nous ne sommes plus des étrangers. Et bien que tu puisses tromper le reste du monde, tu ne me trompes pas, Severus. »
Ah non ? Je pense au contraire que je te trompe très bien. « Et qu'as-tu, je te prie, découvert à mon sujet ? »
« Tu n'es pas le salop que tu prétends être. Je me souviens de nombreuses occasions où tu as prouvé que tu ne détestais pas tout le monde comme tu aimes le prétendre. »
J'aurais dû savoir que cela arriverait. Cet optimisme idiot : il vous permet de nier la vérité la plus flagrante et de nier la vérité même si on vous l'a prouvée. Oui Monsieur Potter, vous appartenez sans aucun doute à Griffondor. « Fais attention. Ne commences pas à voir ce que tu veux voir. » Le prévint Severus. « La déception n'est jamais plaisante. »
Harry soupira. « Tu n'as pas à avoir peur de toi-même. Pas avec moi. Je suis ton ami et je t'accepterai tel que tu es. »
Une grande part de Severus aurait voulu rire de l'ironie de toute cette conversation. Ah comme j'aimerais pouvoir enregistrer cette conversation. Si nous survivons à cette semaine ici, ce serait terriblement amusant de la réécouter quand il aura retrouvé la mémoire. Acceptation sans aucun doute. « Tu m'as réveillé pour une raison ? » Lui demanda Severus. Il savait que si cette conversation continuait, il ne pourrait s'empêcher de rire. Et il ne pensait pas pouvoir donner à Harry une explication acceptable sur le pourquoi de ce rire alors qu'Harry considérait le sujet comme sérieux.
« Ouais, le problème des chambres. » Répondit Harry. Il reconnut là une diversion mais se promit de reprendre cette conversation plus tard, quand il serait sûr de ne pas être entendu par les autres.
« Je ne vois pas le problème. »
« Nous pensions donner à Cate une chambre pour elle puisqu'elle est la seule fille. A moins que tu n'aies l'intention de la partager avec elle. Elle en serait plus que ravie. » Lui proposa Harry.
« Cela ira très bien. » Répondit Severus, son nez plissé de dégoût.
« Nous pensions partager les nôtres comme à l'école. »
« Il y a un piège là-dedans. » Observa Severus. « Tu n'aurais pas cette expression là s'il n'y en avait pas. »
« Quelle expression ? » Lui demanda Harry.
« L'expression que tu as quand tu te prépares à une explosion. »
« On ne sait jamais. » Marmonna Harry en prenant une grande inspiration. « Le problème est que dans chaque chambre, il n'y a qu'un seul lit. »
« Donc quand tu dis que nous devons partager une chambre, tu veux aussi dire que nous devons partager un lit. » Clarifia Severus. Oh, c'est de mieux en mieux. Je me vois bien expliquer ça dans mon rapport à Albus. « Vraiment désolé, j'ai assassiné le garçon, mais Albus, il prenait toutes les couvertures et il débordait de mon côté du lit. Hm ? Ah oui, ai-je oublié de mentionner que nous dormions ensemble ? J'aurais dû. Allons Albus, vous n'avez aucune raison de vous étouffer avec votre thé. Nous sommes entre adultes après tout. » Oui, ça irait merveilleusement bien.
« En fait, les lits sont vraiment grands. »Expliqua Harry. Severus le dévisageait, un sourcil levé. « Ce n'est pas comme si je ne pouvais pas rester de mon côté. Je ne tousse pas, je ne me tourne pas, ni rien de ce genre. » Severus le regarda avec une attention soutenue. Harry essayait de se dépêtrer de cette situation : « Nous sommes adultes après tout. Donc ce n'est pas comme si…Je veux dire, nous partageons une chambre depuis deux mois et …Nous ne dormons pas nu ou quoi que ce soit, nous avons des pyjamas donc…Ce que je veux dire, tu sais que…Ce n'est pas comme si…Je veux dire, les filles…Et nous ne sommes pas…Bon…Oh tais-toi ! »
« Je n'ai rien dit » Répondit Severus avec douceur en exerçant tout le contrôle qu'il possédait sur lui-même pour ne pas rire de l'embarras de Harry et de son rougissement.
« Tu n'as pas besoin de dire quoi que ce soit. » Grogna Harry. « Tes yeux disent tout. » Il enleva ses lunettes et se frotta les yeux. Il les remit ensuite. « Si ça te dérange, je peux dormir sur le canapé. Ben et Kevin s'en moquent, je n'aurai pas à me battre avec eux. »
« Bien que ça n'a jamais été sur ma liste de choses à faire, je t'assure que je me sens plus en sécurité avec toi qu'avec Cate. » Répondit Severus. « Donc, oui, c'est d'accord. »
Harry haussa ses sourcils et pencha la tête. « Donc je n'ai jamais été sur ta liste de choses à faire, hein ? »
« Non… » Dit Severus lentement, un peu confus. Il ne comprenait pas pourquoi Harry lui avait demandé ce qu'il aurait juré avoir dit. Sa confusion s'accentua quand Harry éclata de rire et continua tant qu'il dut s'asseoir
« Qu'y a-t-il de si drôle ? » Demanda Ben en sortant de la chambre suivit de Kevin.
Severus le regarda et haussa les épaules. Le comportement bizarre d'Harry le rendait perplexe. Harry d'un autre côté riait si fort qu'il ne pouvait pas répondre. Finalement tous se rassemblèrent autour d'eux. Harry leva la tête et cligna des yeux. Il enleva ses lunettes et essuya ses larmes. Des gloussements lui échappaient encore de temps à autre.
« Est-ce que tu vas bien ? » Lui demanda Severus ne sachant pas s'il s'agissait ou non d'une crise.
« Ouais, » dit Harry. Il inspira profondément pour se calmer.
« De quoi riais-tu ? » Lui demanda Ben.
« Je commençais à me demander si tu n'avais pas perdu l'esprit. » Lui dit Cate.
« C'était une sorte de plaisanterie personnelle. » Répondit Harry en regardant Severus qui détourna la tête. C'était une erreur. Il éclata à nouveau de rire.
Quand l'attention se porta sur Severus, il haussa les épaules. « Je ne sais absolument pas quelle mouche l'a piquée. Il allait bien il y a quelques minutes. »
« Pour qu'il y ait plaisanterie personnelle il faut qu'elle soit partagée entre toi et d'autres personnes, Harry. Pas entre toi et tes autres personnalités. »
« Pendant qu'Harry est en crise pourquoi n'allons-nous pas manger ? » Demanda Ben aux autres.
« J'ai faim. »
Il y eut un murmure général d'approbation, brisé seulement par le rire de Harry. Severus soupçonnait Harry de rire à ses dépends mais n'avait aucune idée de la raison pour laquelle le jeune homme ferait une chose pareille. Il se leva et suivit les autres hors de la chambre.
« Hé ! » Les appela Harry. Il se releva quand vit qu'ils partaient sans lui.
« Ne partez pas sans moi ! »
Les restaurants moldus sont étranges, pensa Severus en regardant autour de lui. Qu'est-ce qu'ils font, ils fouillent leur maison pour chercher des objets avec lesquels décorer leur commerce ? Ils doivent rechercher les objets les plus vieux et les plus décrépis qu'ils peuvent trouver. J'aurais au moins choisi de nouveau vêtements au lieu de porter ces vielles choses, si je voulais faire des affaires. Les clients sont-ils censés garer leur véhicule dans le restaurant ou y a-t-il une raison précise pour que cette moto soit là ?
Il était tard quand ils arrivèrent enfin à Baltimore et personne n'avait envie de retourner dans le van à la recherche d'un restaurant. Heureusement personne ne choisit cette option : Severus avait, en effet, prévu un plaidoyer si qui que ce soit avait dans l'idée de remonter dedans. Je déteste les vans. Il paraît que c'est une invention de « l'intelligence » moldue. Je déteste les moldus. Les remontrances de Severus furent interrompues par l'arrivée de la serveuse.
« Bienvenue au Hard Rock Café, » Les accueillit-elle. Elle prit un bloc-notes. « Voulez-vous des boissons pendant que vous patientez ? »
« Que pensez-vous d'une bière sans alcool ? » Suggéra Kevin.
Severus n'avait aucune idée de ce qu'est une bière sans alcool. Il le regarda donc simplement d'un air absent pendant que les autres acquiesçaient.
« Cinq bières sans alcool. » Répéta la serveuse. Elle inscrivit la commande sur son carnet. « Je reviens dans une minute. »
« Que prends-tu ? » Demanda Harry à Severus quand la serveuse fut partie.
« Que commandes-tu ? » Lui demanda t il à la place.
« Ce hamburger là. » Répondit Harry en le lui désignant sur le menu. « Pourquoi ? Tu ne sais pas quoi prendre ? »
« Maintenant, si. »
Harry soupira. « Tu as besoin de vivre un peu, Severus. »
Plus tôt que tard, toutes choses considérées, pensa Severus sombrement. Il ne se sentait pas vraiment à sa place. Rien n'allait : de l'atmosphère vive et réconfortante du restaurant à la joie qui émanait du groupe autour de la table. Ils ne voient que ce qu'il y a sous leur nez. Aucun d'eux ne se doute cette nuit pourrait être leur dernière. Ils ne peuvent pas comprendre qu'il existe des gens qui peuvent tuer sans leurs armes sophistiquées et sans avertissements. Pas plus qu'ils ne peuvent comprendre que je suis là pour les protéger. Puissent les dieux avoir pitié d'eux pour cela. Ce n'est pas de leur faute si on leur a envoyé quelqu'un comme moi pour assurer leur protection. Ils ne devraient pas être punis pour quelque chose qu'ils ne peuvent pas contrôler.
« Severus ? »
Severus cligna des yeux et réalisa que tout le monde, y compris la serveuse qui était de retour, le regardait.
« Je prends la même chose que lui. » Dit-il en désignant Harry.
« D'accord » Répondit-elle en inscrivant la commande sur son carnet avant de partir.
« Est-ce que tu te sens bien ? » Harry le regardait.
« Je vais bien. Je pensais seulement à quelque chose. » Répondit Severus.
« Tu passes un temps horriblement long à penser »Commenta Kevin
« Et toi tu passes une grande partie de ton temps aussi loin de toutes pensées originales que possible. » Répliqua Severus. « Si tu n'étais pas scotché à tes jeux vidéos, tu découvrirais que tu possèdes un cerveau. »
« Ouaipe, il se sent mieux. » Ben sourit à Severus qui grimaça en réponse.
« Etes-vous sûre que vous êtes tous amis ? » Leur demanda Cate. « Vous passez plus de temps à vous insulter qu'à avoir une conversation décente. »
« Nous sommes des mecs. » Dit Kevin, comme si sa réponse suffisait.
« Tu ne peux pas t'attendre à ce que nous nous lancions des flatteries ou des mots doux. » Remarqua Ben d'un air narquois.
« Les hommes. » Marmonna Cate en secouant la tête.
Pendant que Ben, Kevin et Cate débattaient sur les différences entre les hommes et les femmes, Harry se tourna vers Severus qui jouait avec la crème glacée qui flottait sur sa bière.
« Est-ce que tu aimes ? » Lui demanda Harry
« Je n'ai pas encore goûté. » Répondit Severus. « Ca a l'air bizarre. »
« Comme toi. » Les mots s'étaient échappés de se bouche avant qu'il ne puisse les arrêter.
Severus leva la tête et le regarda avec des yeux noirs. « C'est l'une des raisons pour lesquelles mes collègues et moi, nous nous disputons, je te l'assure. »
« Qui sont ces gens ? Tu les mentionnes tout le temps sans jamais rien en dire. »
« Des gens avec qui j'ai le déplaisir de travailler. »
Harry leva les yeux au ciel. « Visiblement ce sont tes amis, sinon ils ne t'enverraient pas des lettres aussi souvent. Ou des boîtes pleines de pantalons en cuir. »
« Ils ont simplement un sens de l'humour très particulier, » Répondit Severus en transperçant la crème glacée avec sa paille. « Je ne les ai jamais considérés comme des amis. »
« Arrête de jouer avec ça. Tôt ou tard ça va se répandre partout sur la table. » Harry secoua la tête. « Tu agis comme un mauvais garçon. »
« L'enfance, quelle période étrange. » Dit Severus tranquillement.
« A quoi ressemblais-tu enfant ? » Lui demanda Harry avec curiosité. « Tu n'en parles jamais. »
« Il n'y a rien à dire à ce sujet. J'ai passé une grande partie de mon enfance à lire et à étudier. »
« Ne jouais-tu jamais avec les autres enfants ? »
Severus le regarda simplement. « Je n'ai jamais joué. »
« Es-tu sérieux ? » Harry le regarda bouche bée. « Pas même à des jeux ? »
« Non. »
« Nous allons devoir faire quelque chose à ce sujet. » Dit Harry avec une lueur de détermination dans ses yeux verts.
« Oh non, nous ne ferons rien. » Objecta Severus. « Laisse ma vie tranquille. »
« Oh non, je ne pense pas. Vous, Monsieur Snape, » Harry sourit d'un air satisfait. Il avait adopté le ton qu'utilise Snape quand il appelle 'Harry', Monsieur Potter, « allez apprendre à jouer et vous allez vous amuser en le faisant. J'y veillerai, même si c'est la dernière chose que je fais. »
Severus grogna intérieurement de la situation dans laquelle il se trouvait maintenant et du choix des mots d'Harry. Cela pourrait bien être la dernière chose que tu feras. Pourquoi moi, Albus ? Il y avait tant d'autres personnes, pourquoi cela devait-il être moi ?
« Whoa…Je pense qu'il est temps de se mettre au lit. » Marmonna Kevin. Il vacilla dangereusement et faillit tomber sur la table au milieu du salon.
« Peut-être que si tu n'avais pas tant bu. » Lui signala Severus, « Tu n'aurais pas ce problème. »
« Oh, calme-toi et arrête de ronchonner. » Grommela Harry. « Et arrête de bouger. »
« Je ne bouge pas. Tu aurais toi aussi dû t'arrêter à deux. »
« Tu sais quoi Severus, » Marmonna Ben en forçant ses yeux à se focaliser sur Severus, « Puisque tu ne vas pas avoir la gueule de bois demain matin, tu iras chercher le café »
« Où vais-je le chercher ? »
« Service d'étage, » Cate fit un geste vague en direction de ce qui devait être le balcon ou la porte, ce qui ne renseigna pas Severus.
« Ah, » dit finalement Severus. Il décida qu'il s'en inquiéterait au matin, au plus tard.
« Ouais, » Dit Harry. Mais il était difficile de savoir avec qui il était d'accord, pensa Severus. « Je pense que je devrais y aller aussi. »
« Quelle heure est-il ? » Leur demanda Kevin. « L'horloge ne veut pas rester fixe. »
« 23h30, » Répondit Severus. Il était le seul à n'avoir rien bu d'autres que la bière sans alcool.
« Demain nous irons chercher ces pédalos. » Dit Kevin décidé, en se mettant sur ses pieds. « C'mon Ben. Tu viens aussi. Je ne veux pas que tu me réveilles en allant te coucher plus tard. »
« Ouais, ouais » Marmonna Ben. Il essaya de se lever mais ne tenait pas debout. Kevin le tira par le bras.
« Vous aussi, Monsieur Potter. » Décida Severus en se levant. Il mit Harry sur ses pieds.
« Mais- »
« Non, » Severus regarda autour de lui. « Je vous verrai tous en forme et de bonne heure demain matin. »
Cate grogna, « C'est drôle seulement maintenant. Demain ce sera fini. »
Dans leur chambre, Severus se mit en pyjama dans un coin de la pièce et se tourna vers Harry qui d'une manière ou d'une autre, avait réussi à se changer et s'était assis sur le lit.
« Ta chemise est à l'envers. » Lui signala Severus.
« Hum. » Harry haussa les épaules.
Severus éteignit la lumière, s'avança et jura quand il trébucha dans le fil du lampadaire. Il monta sur le lit, s'allongea aussi près du bord qu'il le pouvait sans tomber. Harry s'allongea à côté de lui. Severus s'avança légèrement plus près du bord. Il ferma les yeux, espérant s'endormir immédiatement et se réveiller pour constater qu'il avait rêvé de cette situation incroyablement bizarre. Si on m'avait dit, il y a cinq ans, que je serais un jour dans le même lit qu'Harry Potter, j'aurais d'abord ri, ensuite j'aurai transformé l'idiot en crapaud et je l'aurais donné à Neville Longdubas pour qu'il en prenne' soin'.
Severus avait sombré dans un sommeil léger. Il fut vaguement conscient qu'Harry s'était levé et avait quitté la chambre. Oh, bon sang, pensa Severus avec agacement. Il se leva. Je veux juste dormir.
Severus ouvrit la porte de la chambre silencieusement et chercha Harry du regard mais ne vit aucun signe du jeune homme. Quand il fut au centre de la pièce, il se rendit compte que la fenêtre qui mène au balcon était entrouverte. Bon sang qu'est-ce que cet idiot est en train de faire? Se jeter par-dessus bord pour éviter que Lucius ne se fatigue ? Il passa la tête dans l'ouverture et vit Harry pencher contre la rambarde, il observait la ville. Barbouille-toi de couleurs éclatantes et cries : « Je suis là Lucius, viens et tue-moi ! ». Pourquoi pas ? Les Gryffondors n'ont jamais été très intelligents. Severus l'observai encore, quand il entendit la voix d'Harry : « Tu peux venir si tu veux Severus. »
Severus fut légèrement surpris qu'Harry ait senti sa présence. Il n'avait pourtant fait aucun bruit. Il sortit et s'arrêta à côté d'Harry, face à la ville.
« Je n'avais jamais fait attention avant » Dit Harry doucement. « Pourquoi es-tu toujours là, Severus ? A chaque fois que je me retourne tu es juste dernière moi. »
« Pour quelqu'un qui a trop bu, tu parles de façon très lucide. » Commenta Severus.
« Je ne bois pas souvent, ça me fait dire des choses que sinon je n'aurais jamais dites. »
« Peut-être que ça aiguise ta perception. » Ajouta Severus.
« Vas-tu me répondre ou vas-tu encore changer de sujet, comme chaque fois que je te pose une question un peu trop personnelle ? »
Sa question fut suivie d'un moment de silence. Severus lui demanda d'une voix à peine plus forte qu'un murmure : « Où d'autre pourrais-je être ? »
« Il y a certainement pleins d'autres endroits. » Harry le regarda.
« Bientôt Harry, tu découvriras que tu es exactement où tu as besoin d'être, que tu le veuilles ou non. »
Harry se retourna complètement vers lui : « Qu'est-ce que ça veut dire ? »
Severus secoua la tête et continua à regarder la ville : « Je n'ai pas de réponse profonde à te donner. Je n'ai pas de réponse du tout. ».
« Tu mens. Je le sais. Tes réponses ne sont peut-être pas profondes mais tu les as quand même. Tu me caches quelque chose, qu'est-ce que c'est ? »
Severus se tourna pour lui faire face. Nous y sommes. Ou je mens en faisant en sorte que tu me crois ou je te dis la vérité et tu ne me croiras pas. Ces choix ne m'intéressent pas. Un moment de plus s'écoula. Ils se regardaient dans les yeux. Severus prit une profonde inspiration. Et sans autre avertissement ce choix lui fut enlevé.
Douleur. Soudain ce fut tout ce dont Severus eut conscience. Une minute il était debout à côté d'Harry, la seconde suivante la marque noire le brûlait avec une intensité qu'elle n'avait jamais eue avant. Il chancela et s'appuya sur la rambarde. Il tomba à genoux. Il était à peine conscient que son corps tremblait et il se demanda vaguement si ses os n'allaient pas se briser. La sueur coulait sur son visage. Pour surmonter la douleur il ne put rien faire d'autre que de serrer les yeux. Ah, dieux, ça n'a jamais été aussi douloureux. « Lucius, espèce de salop. » Siffla Severus dans un souffle, inconscient qu'il était en train de parler, « Pourquoi maintenant ? »
Cela lui parut une éternité, Severus était appuyé contre la rambarde du balcon. Il s'écrasait un peu plus à chaque nouveau spasme de douleur. Quelque part, dans un coin de son esprit, il était conscient qu'il ne devait pas crier, ne pouvait pas donner de voix à l'atroce douleur qu'il ressentait. S'il le faisait, il réveillerait les autres et aurait à répondre à des questions auxquelles il ne pouvait pas répondre. Jamais eu aussi mal. S'il te plait arrête. Oh, s'il te plait. Arrête. Arrête. Arrête. Arrête. Ce fut cette litanie sans fin qui le raccrocha et l'empêcha de crier. Lentement comme si elle ne voulait pas le quitter la douleur commença à régresser. Le voile de noirceur qui obscurcissait son champ de vision se leva et les images émergèrent. La plus grande fut le visage d'Harry. Ses yeux verts s'étaient focalisés sur lui et son visage était inquiet. Il prit une inspiration tremblante et détendit ses muscles tendus. Il s'appuya davantage sur la rambarde.
« Severus ? » Siffla Harry en s'approchant, « Severus est-ce que tu vas bien ? » Il étendit une main tremblante pour lisser les cheveux qui pendaient mollement sur le front de Severus, et faire disparaître sa tension. La main froide d'Harry fut pour la peau fiévreuse de Severus aussi rafraîchissant que de l'eau pour une gorge desséchée. Un frisson involontaire passa dans le corps de Severus. Il l'attribua à des résidus de douleur. Harry perçut le tremblement et se rapprocha. Son regard inquiet ne quitta jamais le visage de Severus. « Dis quelque chose, Severus. S'il te plait, dis-moi que tu vas bien. »
Il déglutit. Sa gorge était sèche, Severus ne put que prononcer faiblement, « Harry… »Sa voix se cassa. Mais c'était suffisant. Harry soupira de soulagement, repoussant inconsciemment plus de cheveux de Severus. « Tu m'as fait peur. J'ai cru… » Harry ne termina pas sa phrase.
Si on leur avait demandé plus tard, ni l'un ni l'autre, n'aurait pu dire qui avait bougé le premier. Tout ce qu'ils auraient été capables de dire est qu'à un moment, il y avait une distance entre eux et qu'au suivant, il n'y en avait plus. A la première tentative d'effleurement des lèvres, Severus se figea. Ca ne peut pas être vrai. Ca ne peut pas être réel. Cela sembla les surprendre tous les deux. Harry se rapprocha davantage et accentua la pression de ses lèvres contre celles de Severus. C'est Harry Potter. Tu ne peux pas embrasser Harry Potter L'esprit rationnel de Severus essayait de reprendre le contrôle mais celui-ci avait été affaibli par la douleur liée à la marque. Il se surprit à retourner le baiser. Les secondes s'écoulèrent et le baiser devint plus chaud, plus profond, la tension des dernières minutes les rattrapait. Severus sentait les mains d'Harry s'emmêler dans ses cheveux et eut vaguement conscience de ses propres bras autour du jeune homme, le serrant pour le rapprocher toujours plus.
Finalement le manque d'air les conduisit à se séparer. Harry avait légèrement écarquillé les yeux et Severus avait l'impression que le sol s'écroulait sous ses pieds. Par les neuf niveaux de l'Enfer qu'est-ce qui vient de se passer ? A quoi pensais-je ? Une partie de son esprit lui rappela sournoisement que justement, il ne pensait pas, mais il lui dit clairement de se casser. Ils continuèrent à se regarder fixement en attendant que leur respiration ralentisse. Harry bougea, étendit sa main sur le bras de Severus. Ce dernier siffla de douleur. Harry retira sa main rapidement.
« Qu'est-ce qui te fait souffrir ? »
« Une vieille blessure. » Répondit Severus, en enlevant son bras.
« Laisse-moi voir. » Harry avait remonté la manche avant que Severus ne puisse dire quoi que ce soit.
La marque était maintenant visible et laisser savoir à Severus que Lucius était proche de son but. Un frisson de peur descendit le long de sa colonne vertébrale à cette idée. Mais il l'oublia rapidement. Harry émit un sifflement de surprise. Severus le regarda et vit que ses yeux étaient fixés sur la marque noire. La douleur l'obligea à baisser les yeux sur la marque : le jeune homme avait étendu sa main sur son bras et l'agrippait si fermement que les ongles arrachaient sa peau. Severus ne dit rien. Il regardait simplement les yeux d'Harry. Celui qui fut autrefois un sorcier se mit à trembler. Il comprit soudain. Il se souvient. Ce qui a tout déclenché va maintenant le terminer. Le silence se prolongea. Harry prit une inspiration spasmodique. Les tremblements continuèrent. Severus vit son regard s'aiguiser et se figer sur son visage.
« Snape. » Le mot, même sans la couche de dégoût et de haine qui l'entourait d'habitude dans sa bouche, était suffisant pour prouver à Severus que son assertion était exacte. Harry avait retrouvé la mémoire.
Un bref instant, Severus ferma les yeux et chercha le vernis de froid et de sarcasme à distiller dans sa voix, qui l'éloignait des autres et qui l'avait protégé si longtemps. C'était comme remettre une peau trois fois trop petite. Il résista au désir de se trémousser inconfortablement. Quand il ouvrit les yeux ils savaient qu'ils étaient aussi froids qu'ils l'avaient toujours été. Il rassembla tout le venin et le mordant qu'il put, pour affronter la situation.
« L'évidence ne vous a jamais échappé Potter. »
« Que se passe-t-il ? Que faites-vous ici ? » Grogna Harry en lui lançant un regard noir. Il lâcha le bras de Severus et fit un pas en arrière.
Une part de Severus voulait rendre coup pour coup et faire souffrir Harry mais il soupira simplement, trop faible pour se battre. Trop de choses s'étaient passées en trop peu de temps. Il se sentait vidé et vieux. Peut-être aussi, s'il se l'admettait, était-il un peu triste de perdre quelque chose dont il s'était seulement et très brièvement accordé l'aperçu.
« Vous vous souvenez toujours des cinq dernières années, donc vous vous savez pourquoi vous êtes là. Vous avez perdu la mémoire après avoir affronté Voldemort. Je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé quand vous avez quitté Poudlard, mais Lucius Malfoy s'est échappé pendant que d'autres mangemorts étaient capturés. Maintenant il essaie de rassembler les pouvoirs de Voldemort pour devenir le nouveau Seigneur des Ténèbres. Weasley est maintenant auror et il le recherche. Granger est encore à Poudlard et elle enseigne les potions en attendant mon retour. Je suis ici à la demande de Dumbledore pour vous protéger de Lucius et voir essayer de restaurer votre mémoire. Apparemment c'était dans mes compétences. » Expliqua Severus sans émotion. J'ai juste besoin de dormir. De prétendre que rien de tout cela ne s'est produit.
Harry ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais secoua la tête. Le silence retomba. Il se retourna pour regarder au-delà du balcon. Severus soupira à nouveau.
« Allez au lit. Dormez si vous êtes fatigués ou restez debout et réfléchissez. Ca n'a pas d'importance. Mais vous serez mieux à l'intérieur. »
Harry se retourna vers Severus et le dévisagea comme s'il essayait de trouver la solution d'un puzzle particulièrement difficile.
« Je serai là quand vous vous réveillerez, Potter. Je répondrai à toutes vos questions. Mais pour l'instant, essayez de dormir. Vous en avez besoin. » Lui dit Severus sur un ton léger. Il fit un geste vague en direction de la porte de la chambre.
Harry resta assis un peu plus longtemps puis se leva et se dirigea vers la porte. Sa main toucha la poignée. Il lança un regard à Severus, et le vit effondré contre la rambarde, regardant au-delà du port. Comme s'il avait senti ses yeux sur lui, il murmura sans le regarder : « Bonsoir… Harry. » Harry s'arrêta quelques instants puis entra.
La porte se referma derrière 'Celui qui a Survécu'. Severus lâcha un autre soupir et s'appuya davantage sur la rambarde et regarda le ciel. Ah Seigneur. Qu'ai-je fais ? Severus n'avait pas de réponse. Il continua à regarder le ciel, les froides étoiles brûlaient à des millions de kilomètres de là. Vous me faites confiances Albus ? Pourquoi ? Pour quoi ? Vous auriez dû accorder votre confiance à quelqu'un de plus valable. Il a retrouvé la mémoire, Albus. Me laisserez-vous rentrer maintenant ?
Severus Snape resta assis là jusqu'à ce que les ténèbres deviennent grises, essayant désespérément de reconstruire les murs qu'il avait abandonnés, essayant d'oublier le mois et demi qui venait de s'écouler et essayant d'oublier le bref instant où il avait eu la fugace vision de quelque chose au-delà de ce qu'il avait toujours connu.
