Chapitre 8 : Porter son fardeau

Harry Potter, sauveur du monde magique était malade, ou du moins c'est ce qu'il prétendit. Puisqu'il n'avait pas encore émergé de sa chambre, ses amis étaient allés frapper à la porte de sa chambre à travers laquelle des mots légèrement étouffés se faisaient entendre. Kevin essaya de l'ouvrir. Mais la porte était fermée. « Allez vous en, je suis malade. »

« Ca s'appelle une gueule de bois, Harry. » Lui expliqua Kevin. « On en a tous, quand on boit trop d'alcool. Sors de là et viens prendre un café. »

« Nous n'avons pas de café. » Lui rappela Ben de l'autre côté de la pièce.

« Harry ne le sait pas. » Murmura Kevin.

« Je le sais maintenant. Allez vous en. » Vint la réponse obstinée.

Cate soupira : « Ainsi commence notre premier jour de vacances. »

Severus resta silencieux pendant le drame. Il ferma les yeux, souhaitant pouvoir ignorer tout le monde. Il était presque midi et Harry n'avait pas l'air prêt à sortir. Il ne tint pas compte du nombre de fois où ses amis étaient venus essayer de lui faire ouvrir la porte. J'avais cru, quelque part, que vous étiez au-delà d'une telle étroitesse d'esprit, Potter. Apparemment j'avais une trop haute opinion de vous, pensa Severus. Il entendit des pas s'approcher de lui.

« Severus ? Est ce que tu vas bien ? » Lui demanda Kévin avec hésitation : Pour qui que ce soit d'autre, il s'agissait d'une question légitime. Severus était assis en silence. Il n'avait pas bougé d'un pouce et était dans la même chaise, dans un coin de la pièce, depuis que Ben avait courageusement été le premier des quatre à se lever.

Il était encore emmitouflé dans son pyjama noir, qui accentuait sa peau blanche jusqu'à lui donner une teinte cireuse. De généreux cercles noirs sous ses yeux attestaient d'une nuit blanche. Severus savait qu'il n'avait pas l'air en forme.

Severus ouvrit lentement les yeux : « Me demandes tu si je vais bien ou s'il va bien ? » Kevin sourit, gêné. « Un peu des deux. »

« Je vais bien. Lui est apparemment malade. » Reprit Severus froidement. Il ferma les yeux à nouveau pour indiquer que la conversation était terminée. Garder votre inquiétude pour ceux qui en ont besoin M. Ramsay. Je n'en ai certainement pas besoin. Kevin ne connaissait sûrement pas aussi bien le langage corporel de Severus que les autres : « Vas-tu être malade toi aussi ? Tu n'as vraiment pas l'air bien. »

« Merci, Monsieur Ramsay de me signaler mon apparence repoussante. Je ferai en sorte de rectifier cette insulte à votre délicate sensibilité dès que j'en aurais l'occasion. » Rétorqua Severus sans ouvrir les yeux.

« Hé, je suis désolé. Je ne voulais pas… » Kevin commença s'excuser mais Severus le fit taire en agitant une main d'un air dédaigneux.

« Si vous êtes un peu dessoulés, pourquoi êtes vous encore ici à gâcher vos vacances ? » Demanda Severus. Il voulait juste que les autres s'en aillent et qu'ils le laissent tranquille. Il soupira silencieusement. Il savait qu'ils ne partiraient pas tant qu'il ne leur aurait pas donné une réponse qui apaise tout sentiment de culpabilité à laisser Harry derrière. Severus ouvrit les yeux et le regarda.

« Vous êtes ici pour vous amusez. Ce n'est pas de votre faute s'il est malade. Vous avez fait tout ce que vous pouviez pour le faire sortir de sa tanière. Rester ici et déprimer n'aidera personne. Sortez et amusez vous. Il ne vous le reprochera pas. Mais si vous ne sortez pas, il se blâmera lui-même. » Je me fiche de la raison, tout ce que je veux c'est que vous partiez. « Je resterai ici, au cas où il aurait besoin de quelque chose. »

« En es tu sûr ? » Demanda Cate.

« J'en suis sûr. »

« Merci Severus. » Dit Ben. « Harry est chanceux d'avoir un ami tel que toi. »

Oh oui, effectivement. Fais attention à ce que cela ne lui arrive pas aux oreilles.

« Peut être que quand vous reviendrez il sera de meilleure humeur. » Une fois de plus, Severus ferma les yeux. La conversation est terminée. Allez vous en.

Ils firent les derniers préparatifs et partirent. Severus les écouta paresseusement dire au revoir à Harry. Ils voulaient se rassurer, être sûr, qu'il ne leur en voudrait pas s'ils sortaient, lui assurer qu'ils penseraient à lui et espéraient qu'il irait très vite mieux. Finalement après ce qui sembla une éternité aux yeux de Severus ils partirent. Il resta assis sur sa chaise, en silence et sans bouger un quart d'heure de plus afin de s'assurer qu'ils étaient bien partis et qu'ils ne revenaient pas parce qu'ils avaient oublié quelque chose. Il est temps de réparer ton désastre Severus. Il n'est bon pour personne d'agir ainsi. Il se leva et étira les muscles qu'il n'avait pas utilisés ces dernières heures. Severus alla jusqu'à la chambre de Harry et frappa à la porte d'un coup sec.

« Ils sont partis Potter. Votre stupidité, ou comme tous les autres la considère, votre courage, vous a-t-il décidé à arrêter cette comédie et allez vous arrêter de vous cacher comme un lâche et sortir ? » Railla-t-il.

La porte s'ouvrit brusquement quelques instants après et révéla Harry, les cheveux encore plus ébouriffés que d'habitude, de façon sportive, et assez ironiquement, avec un pyjama assorti. « Allez vous vous attaquer de nouveau à moi, Rogue ? Ou avez-vous décidé de ne plus molester vos étudiants ? »

« L'alcool vous a-t-il embrouillé ce qu'il vous reste de cerveau, si vous en avez réellement eu un, un jour ? Vous semblez avoir oublié que c'est vous, et non moi qui a initié la petite farce de la nuit dernière. » Dit Severus d'un ton brusque.

Harry rétrécit les yeux : « Ecoutez moi, espèce de bâtard dédaigneux, si vous pensez une minute pouvoir venir ici et foutre ma vie… »

« Contrairement à la croyance populaire, la vulgarité n'aide personne à croire que vous êtes d'une manière ou d'une autre devenu mature. »L'interrompit Severus.

Harry fit involontairement un pas en avant, l'air menaçant. Severus ne pu que sourire avec dédain : « Allez y Potter, prouvez moi que j'ai tort. » Il y eu un temps mort, si bien que Severus se demanda si Harry allait le frapper. Mais le jeune homme expira et fit un pas en arrière : « Je ne vous donnerai pas cette satisfaction. » Siffla Harry, se retournant pour entrer dans sa chambre.

« Arrêtez vous maintenant ou je vous jette un sort. »

Harry grogna quelque chose d'inintelligible et tourbillonna sur lui-même. « Que voulez vous ? »

« Que vous arrêtiez de vous comportez comme un enfant. »

« Vous êtes mal placé pour me demander cela. » Grommela Harry. « Pourquoi ne retournez vous pas rampez sous un quelconque rocher ? Laissez moi seul. »

« Albus Dumbledore m'a envoyé ici pour une raison précise Potter. Je resterai ici tant qu'il ne me rappellera pas à Poudlard. Donc vous pouvez ou grandir et passer outre cela ou vous pouvez continuer à agir comme un enfant moldu de trois ans. »

« Vous m'avez fait sortir pour une raison ? Donnez la moi et laissez moi seul. »

Tour va absolument bien, Severus. Bravo pour ta formidable performance. « J'ai pensé qu'il vous serez bénéfique de savoir ce qu'il se passe dans le monde. » dit Severus lentement.

« Ce qui me serait bénéfique serait de vous savoir sacrément loin d'ici. » Marmonna Harry entre ses dents. Il fit un geste de la main : « Bien, allez y. »

Severus dû se forcer à contrôler son impulsion. Il était sur le point de faire un commentaire particulièrement hostile. « Peut être ne réalisez vous pas à quel point la situation est sérieuse. Lucius Malfoy essaiera de … »

« Oui, oui. De me tuer. Je sais. » L'interrompit Harry. « J'étais là et j'ai déjà vécu ça pendant sept ans avec Voldemort. Vous, mangemort, êtes incroyablement ennuyeux. L'un de vous décide d'essayer de tuer quelqu'un et au lieu d'apprendre des erreurs passées, vous refaire les vieilles mêmes erreurs. Je sais que vous ne savez pas qui est Albert Einstein mais il a marqué un point. La stupidité c'est de faire la même chose encore et encore en espérant que les résultats soient diffèrent. »

Severus dû s'empêcher de tressaillir, vous mangemort, « Albus prend cela très au sérieux. » dit Severus avec calme. « Peut être le devriez vous, vous aussi avant de finir comme vos parents, mort. »

La couleur s'effaça du visage de Harry quand la balle atteignit sa cible. Ils se regardèrent dans le blanc des yeux encore quelques instants puis Harry tourna les talons, rentra dans la chambre et claqua la porte derrière lui. Severus fut surpris quand une minute plus tard, il s'aperçut qu'il tremblait.


« Et je suis presque tombé par-dessus bord. » Kevin finit ainsi le compte rendu de leur journée.

« Je sais que tu aurais aimé faire un tour de bateau dragon » dit Ben en regardant Harry. « Nous pouvons y retourner demain. »

« Non, ce n'est pas grave. » Reprit Harry en levant les bras pour se défendre. « Je suis sûre que c'est si passionnant que tu ne le fais qu'une seule fois dans une vie. »

Excellente performance Potter. Vous avez réussi à tous les convaincre que tout est parfaitement normal. Severus n'avait pas ouvert la bouche depuis que les autres étaient revenus dans la soirée. En fait, il n'avait pas parlé depuis qu'il s'était disputé avec Harry un peu plus tôt dans la journée. Il était en ce moment, assis, sur une chaise dans un coin de la pièce, et lisait un magasine qu'il avait trouvé. J'aurais dû penser à emmener un livre pour ce merveilleux voyage. Severus jeta un coup d'œil à la couverture du magasine. Qui peut lire une telle chose ? Si je dois encore faire un test de plus pour déterminer si je suis une jeune femme sûre de moi ou si mon petit copain et moi sommes vraiment fait l'un pour l'autre, je pense que je vais me jeter par la fenêtre. »

« Donc, que faisons nous demain ? » Demanda Cate en regardant tour à tour les personnes présentes dans la pièce.

« Et bien, nous pourrions aller à l'aquarium. » Répondit Ben. « J'ai toujours voulu y aller. »

« Seulement si nous assistons à la parade des dauphins. » Dit Kevin à haute voix. « Avec mes parents nous sommes allés au Monde Sous Marin quand j'étais petit et nous avons assisté aux acrobaties des dauphins. C'est ce que je préfère. »

« Qu'en penses tu Harry ? Partant pour l'aquarium ? » Demanda Ben à Harry.

« En fait, je pense que vous allez à nouveau devoir sortir sans moi, les gars... » Répondit il. « J'ai été terriblement malade aujourd'hui et je ne me sens toujours pas très bien. C'est une sorte de virus, je crois. Je ne veux pas que vous l'attrapiez, les gars. Mais, » s'amenda Harry en voyant la mine renfrognée de ses amis, « Si je me sens mieux, je viendrai. »

« D'accord. » Agréa Kevin. « Tu n'auras qu'à te sentir mieux alors. Nos vacances ne seront pas drôles si tu ne sors pas avec nous Harry. »

« Il suffit que vous vous amusiez pour moi. » Insista Harry. « Je ne veux vraiment pas gâcher le voyage et il vaut mieux que je reste ici pour me reposer, ainsi je me remettrai plus rapidement. »

Depuis quand êtes vous devenus un tel menteur Potter ? C'est une caractéristique des serpentards, pas des griffondors. Vous feriez mieux de faire attention ou vous allez devenir ce que vous détestez le plus.


Cette nuit là, Severus était assis sur sa chaise quand il vit dans un flash une chouette sur la rambarde du balcon. Il se leva, ouvrit la fenêtre coulissante et regarda dehors. Ses soupçons furent confirmés. Il s'agissait bien d'un hibou postal. Après une inspection approfondie, il s'avéra qu'il n'apportait pas de lettre du directeur. Cependant Severus connaissait suffisamment bien Albus pour savoir qu'il voulait que Severus lui donne des nouvelles. Severus fouilla donc les tiroirs du bureau qui était dans la pièce. Il trouva un bloc note et arracha une feuille de papier, prit un stylo, sortit sur le balcon où les lumières de la ville lui permirent de voir suffisamment pour écrire un rapport lisible.

Albus,

Vous serez content d'apprendre que Potter a retrouvé la mémoire. Quelque soit le sort que Voldemort lui a lancé, il a été détruit dès qu'il a vu la marque noire sur mon bras. Elle était bien visible la nuit dernière, bien plus que les fois précédentes. Je crois que Potter a pensé que j'avais une sorte de crise et a essayé de m'aider. La vue de la marque a fait ressurgir ses souvenirs, et en même temps son sentiment de haine à mon égard.

Il a négligé de passer du temps avec ses amis, leur a menti en prétendant être malade et est resté caché dans sa chambre toute la journée.

Les seuls mots que nous avons échangés aujourd'hui furent des mots de colère faits davantage pour blesser que pour aider. Nous sommes revenus à notre point de départ, Albus. Je ne lui suis plus d'aucune utilité. Il m'a fait savoir qu'il souhaitait me voir partir.

Est-ce assez maintenant ? Puis je rentrer à la maison ? Il a retrouvé la mémoire maintenant et a été capable de détruire Voldemort tout seul. Tout ce que je fais ici provoque sa contrariété et l'oblige à se tenir éloigner de ses amis. Je ne peux plus l'aider Albus. Je suis fatigué. Je veux juste rentrer à la maison.

Severus Rogue.

Il plia la lettre et la donna au hibou. Il regarda l'oiseau s'envoler dans la nuit. Nous sommes pareil toi et moi. Nous avons la capacité de nous envoler mais nous sommes touts les deux enchaînés au même homme. Aucun de nous n'est libre.


Ce ne fut pas une surprise. Harry ne sortit pas avec ses amis. Le seul progrès, même s'il fut mince, fut qu'il abandonna l'enceinte de la chambre en faveur de la pièce principale dans laquelle se trouvait la télévision. Il continua à ignorer Severus et ce dernier ne fit pas l'effort d'essayer de lui parler. Après ce qu'il s'était passé la veille, Severus ne voyait pas de raison d'essayer.

Ca n'a pas d'importance de toute façon. Albus ne verra certainement aucune raison de m'obliger à rester ici et je pourrai rentrer. Je ne serai pas contre quelques heures dans mes cachots, seul avec mes potions. J'en ai été loin trop longtemps. Severus jeta un coup d'œil vers Harry qui regardait fixement la télé. Tu ne la regardes même pas. Tu ne te concentres de cette manière que lorsque tu essayes d'éviter quelque chose. Il focalisa son attention sur la vitre de la fenêtre. Severus interdit à son esprit toute pensée liée à Harry. Bientôt il serait de retour à la maison et Harry Potter pourrait rester à l'hôtel et y rôtir pour ce qu'il s'y intéressait.

Il était presque seize heures quand le hibou revint. Juste pour cette fois s'il vous plait, Albus. Severus s'obligea à avancer lentement pour récupérer la lettre qu'il voyait enroulée autour de la patte du hibou. Dès qu'il eu la lettre dans la main, le hibou déploya ses ailes et s'envola. Severus n'y prêta aucune attention. Il déplia la lettre et la lu.

Severus,

La nouvelle que vous nous avez fait parvenir est en effet, bienvenue. Harry a retrouvé la mémoire. Peut être tout ne se déroule-t-il pas aussi mal que je le craignais après tout. Je suis pourtant dans le regret de devoir refuser votre requête de revenir à Poudlard. Lucius n'a pas encore été appréhendé et nous avons des raisons de croire qu'il n'est plus en Angleterre. J'ai besoin que vous restiez auprès d'Harry. J'ai besoin que vous le protégiez. Je ne peux qu'insister : conformez vous à cette tache Severus. Une grande part de cette affaire réside dans la confiance que vous me portez, la même que celle que je vous porte depuis des années. Faites simplement de votre mieux. C'est la seule chose que nous pouvons faire.

Albus Dumbledore.

Severus regarda la lettre fixement un bon moment avant que son regard ne se dirige vers le port. Sa main s'était inconsciemment serrée autour du papier, la réduisant en une balle. Ce ne sera jamais assez, n'est ce pas, Albus ? Je serai toujours votre animal de compagnie, votre mangemort, celui que vous avez réussi à apprivoiser, celui que vous gardez à la laisse de votre pardon. Je déteste cela. Je déteste la folie de ces moldus, je déteste la manière dont… »Severus arrêta net sa pensée. Peut être est ce moi que je déteste. Il soupira. Très bien Albus. Vous avez gagné, comme toujours. Je resterai puisque vous me l'ordonner. Je resterai parce que vous avez été le seul à voir au-delà de mes erreurs passées. Je ferai de mon mieux, mais nous savons tous les deux que ce sera difficilement suffisant.

Il enfouit la lettre dans sa poche, se retourna et entra à l'intérieur. Il s'arrêta sur le pas de la fenêtre quand il vit Harry le regarder froidement. « Est-ce là tant attendu rappel ? »

Severus rétrécit les yeux : « Je sais que tel est votre souhait, mais je dois vous informer que non. Il s'agit de mon ordre de rester ici pour jouer les nounous. »

Harry lui jeta un regard noir, la haine dans ses yeux luisait comme des cubes de glace. « Quel dommage, j'avais tant espéré ne plus jamais vous revoir. »

« Le sentiment, Monsieur Potter, est plus que réciproque, je vous l'assure. » Dit Severus glacial.


Encore une nuit sans dormir. Je commence à croire que ça va être l'une des nombreuses que je vais avoir. Pensa Severus, debout sur le balcon. Il observait le port. Dieux du ciel dites moi ce que je fais ici ? D'une main longue et fine, il repoussa les cheveux qui lui tombaient sur les yeux. « Une grande part de cette affaire réside dans la confiance que vous me portez, la même que je vous porte depuis des années. ». Si vous me faites tellement confiance Albus, pourquoi ne me dites vous pas ce que vous me cachez et pourquoi vous le cachez ? Pensez vous que je sois si stupide, que je suis aveugle sur le fait que je suis, soit disant, le plus logique choix pour cette stupide mission ? Pensiez vous que j'oublierais les années d'inimitié que nous avons passé ensemble ? Pensiez vous que l'un de nous aimerait suffisamment l'autre pour que l'on puisse finalement passer outre ces années et que l'on puisse s'entendre. Je n'ai pas essayer de le faire renvoyer de Poudlard juste pour voir si j'en étais capable et il n'a pas essayé de me faire mettre à la porte parce qu'il pensait que ça pourrait être amusant. Est-ce que vous réfléchissez vraiment ?

Il ne souhaitait pourtant pas de mal au directeur mais Severus, n'avait pas une nature suffisamment généreuse pour croire que toutes les actions d'Albus étaient les bonnes choses à faire. Tout le monde fait des erreurs, Albus. Et cela est une des votre. Vous mettez sa vie dans mes mains alors que je ne suis pas à la hauteur. Pourquoi n'avez-vous pas envoyé Lupin ou Black ? Je ne pense pas connaître un jour la réponse. N'importe lequel aurait mieux convenu dans ce rôle de mentor et d'ami que moi. Je ne suis même pas mon propre ami, comment pouvez vous vous attendre à ce que je sois le sien ?

Severus soupira. Nos vies ne prennent jamais le chemin que nous espérons. Allez viens, Lucius. Qu'on en finisse. Il est temps que l'on termine ce qui s'est passé entre nous. J'aurais dû savoir qu'un jour nous ne serions pas du même côté et que nous nous opposerions. Nous avons toujours eu des idées différentes sur la manière de conduire nos vies, nous n'avons jamais été d'accord sur ce qui constitue notre meilleur intérêt.

Severus tourna la tête, les rafales de vent sur son visage lavaient ses sentiments. Rester à broyer du noir ne résoudra pas mes problèmes. Je me demande quand je suis devenu si faible et si fou. Une vague image traversa son esprit : il faisait nuit et ils étaient tous réunis dans une petite chambre. Severus regardait Harry et ses amis jouer à quelque chose qu'ils avaient appelé un jeu vidéo. Il rit sarcastiquement, incapable de s'arrêter. Comme si cet idiot avait eu un impact sur ma vie, en dehors d'être à l'origine de cette stupide mission. Une autre image s'imposa à son esprit : Harry face à lui, se reculant, ses yeux verts remplis de haine et de dégoût. Par l'Enfer, j'ai besoin de m'éloigner de cet endroit. Pensa Severus en interdisant à ces images tout passage. La stupidité collective de ces personnes est en train de déteindre sur moi.

J'ai assez broyé de noir pour ce soir. Severus s'écarta de la rambarde et retourna dans la pièce en fermant doucement la fenêtre derrière lui. Il regarda la chaise qu'il commençait à considérer comme la sienne. Pas ce soir. Je crois que je vais essayer de dormir un peu. Il se dirigea vers le canapé, arrangea les coussins et se coucha. Il regarda très brièvement la porte de la chambre de Harry. Tu te mets tes amis à dos avec ces absurdités, Potter. Ils ne peuvent pas comprendre pourquoi quelqu'un qui est d'habitude si heureux et plein de vie se comporte de cette façon. Tu ne me remercieras pas pour ce que je vais faire, mais je ne peux pas te permettre de continuer comme ça indéfiniment. Au final, ça n'aide personne.


Ce comportement ridicule va prendre fin maintenant. Pensa sombrement Severus quand il vit que Harry continuait à se morfondre et à se prétendre malade. Non seulement, il commençait à gâcher les vacances de ses amis qui commençaient à s'inquiéter pour lui, mais en plus, son comportement puéril agaçait tant Severus qu'il était prêt à le frapper. Il attendit le départ des amis de Harry, ce qu'ils ne firent pas sans exprimer leur inquiétude à leur ami morose et leur espoir qu'il aille mieux très bientôt. Severus quitta avec raideur le balcon, laissa la fenêtre entrouverte et se tourna pour faire face à Harry qui l'ignorait délibérément.

« Monsieur Potter, venez ici. » Lui ordonna Severus du ton « discute avec moi à tes propres risques » qu'il utilisait dans sa classe. Harry n'obéit pas immédiatement mais leva la tête. « Que voulez vous ? » Grogna-t-il en regardant à gauche du visage de Severus. Ce furent les premiers mots qu'Harry lui adressait depuis leur dispute, deux jours auparavant.

« Maintenant Monsieur Potter. » fut la réponse de Severus. Il lui tourna le dos et alla sur le balcon. Derrière lui, il entendit le jeune homme grommeler dans sa barbe. Il se leva de sa chaise et suivit Severus. Une fois dehors, il se retourna vers son aîné et lui envoya un regard noir. « Vous voulez rejouer la scène de l'autre nuit ? » Claqua t il avec colère. « C'est ce que l'on fait ici ? »

Un bref instant, Severus fut tenté de le gifler. Mais il savait qu'il provoquerait encore plus de problèmes s'il agissait par impulsion. Il effaça son irritation et se tourna vers la ville étendue devant eux. « Regardez par ici, Monsieur Potter. »

Du coin de l'œil il vit Harry jeter un regard. Le jeune homme se tourna ensuite vers lui, une grimace en guise de sourire. « Ouais c'est une ville. Belle affaire. Avons-nous fini maintenant ? »

Severus leva les yeux au ciel et réitéra. « Regardez Monsieur Potter, ouvrez les yeux et regardez. »

Comme s'il savait que Severus n'allait pas le laisser tranquille jusqu'à ce qu'il le fasse, Harry exhala un profond soupir d'agacement et se tourna vers la ville. « Très bien, je regarde. Et maintenant ? »

« Combien de personnes habitent cette ville à votre avis ? » Demanda Severus avec rhétorique. Son regard s'attarda sur la ville. « Combien de vies cette ville contient elle ? Maintenant prenez toutes les villes de tous les pays du monde et toutes les maisons de ces gens qui ont choisi d'y vivre. A ce moment précis, tous ces gens sont en bas et vivent leur vie simple et commune, sans savoir qu'il existe des personnes telles que nous dans le monde. » Le regard de Severus s'arrêta sur Harry. « Combien de moldus connaissent ils l'existence du monde sorcier ? »

Harry lui jeta un coup d'œil confus. « Où voulez vous ne venir, Rogue ? »

« Toutes ces personnes » Severus fit un geste qui engloba non seulement ceux devant eux mais aussi ceux du monde entier. « sont complètement ignorantes du fait qu'ils partagent leur monde avec d'autres. Toute leur technologie ne pourra pas les protéger d'un seul sorcier ou d'une seule sorcière versé dans la magie noire. Un revolver n'est pas une protection contre Avada Kedavra. »

« Je ne comprends toujours… »

« Vous êtes leur protection Harry Potter. »

Harry cligna des yeux de surprise.

« Vous êtes né avec la responsabilité de protéger ces gens. » Severus regarda Harry dans les yeux. « Tous ces gens, dans le monde entier, vous regarde, qu'ils le sachent ou non, en espérant que vous les protégerez. »

« Je n'ai jamais demandé cela. » Explosa Harry, incapable de contenir la colère qu'il ressentait. « Je n'ai jamais voulu être Celui qui a Survécu ! Je n'ai jamais demandé à être une célébrité dans le monde sorcier ! Pensez vous que j'apprécie la manière dont tout le monde murmure derrière mon dos et la manière qu'ils ont de me montrer du doigt ? Pensez vous que j'ai aimé avoir sur mes épaules la responsabilité de devoir arrêter Voldemort ? Je détestais cela. Tout ce que je voulais c'était d'être comme tout le monde. Je ne voulais pas que les gens me vénère, je ne voulais pas que les gens aient peur de moi. Pendant sept ans j'ai été jugé par la cicatrice sur mon front. Pendant sept ans je n'avais pas d'importance, seule ma cicatrice comptait. »

Harry regarda la ville et prit une profonde inspiration. « Je suis venu ici et je me suis fait des amis. Et vous savez quoi ? Ils ne s'intéressent pas à ma cicatrice ; ils n'ont pas essayé de se rapprocher de moi à cause de la célébrité que j'ai subie en ne mourrant pas quand j'aurais dû. Ils voient simplement Harry Potter, un gars qui vient d'Angleterre et qui a une famille merdique. Ils ont appris à me connaître, Rogue. » Il regarda à nouveau Severus, « pas ma cicatrice. »

« La cicatrice fait partie de toi et elle contribue à ce que tu es, Harry, mais elle ne te définit pas, à moins que tu ne le lui permette. Tu ne peux pas t'éloigner de ce que tu es, qu'importe à quel point tu le souhaites. » Dit Severus calmement.

« J'étais normal, j'étais heureux. Et vous arrivez. Je redeviens soudain Celui qui a Survécu. Je suis le maudit héros qui a, une fois de plus, le devoir d'arrêter le vilain démon. » Harry secoua la tête. « Je ne veux plus être le héros. Je ne l'ai jamais demandé et je ne l'ai jamais voulu. »

« Une personne qui se trouve dans le rôle du héros ne veut jamais l'être, Harry. Ils sont comme toi, ils espèrent qu'il y aura quelqu'un d'autre vers qui ils pourront se tourner, quelqu'un pour porter le fardeau de la responsabilité à leur place. »

La colère avait disparu des yeux de Harry et était remplacé par la lassitude de la tristesse que Severus avait vue dans ses propres yeux, bien trop de fois. On t'a attribué ce fardeau bien trop souvent. Je ne peux pas te rendre l'innocence que cette vie t'a volée, mais peut être que je peux t'aider à comprendre.

« Je suis fatigué Rogue. Je suis fatigué d'être celui vers qui l'on se tourne quand on a besoin d'aide. Je ne peux plus le porter. Je ne suis pas assez fort pour le porter seul. »

« On ne donne à personne une charge qu'il ne peut pas porter Harry. Tu as tort quand tu dis que tu n'es pas assez fort comme tu as tort de dire que tu es seul pour porter ce fardeau. »

Harry rit amèrement. « Je ne vois personne d'autre se tenir ici Rogue. Je ne vois personne d'autre capable de continuer à avancer après Avada Kedavra. »

« Toi seul peut faire face aux ténèbres et les dissoudre, c'est vrai. Mais es-tu seul dans ta mission ? Que dire d'Hermione Granger qui en ce moment même est en train d'enseigner à des gosses ignorants, pour t'aider ? Ou de Ronald Weasley qui recherche un homme susceptible de le tuer pour que tu n'ais pas à le faire cette fois ? Que dire d'eux ? Ou de tous les autres qui étaient derrière toi toutes ces années pour t'aider, pour se battre à tes côtés, te donner leur force ? »

Harry le regarda incapable de parler. Il n'y avait pas de malice dans la voix de Rogue. Il n'y avait pas d'amertume ni de dédain. A ce moment là, il était juste un homme essayant de son mieux de donner un avis à quelqu'un qui en avait désespérément besoin. Il était davantage comme l'homme qu'Harry avait appris à connaître depuis le début du semestre et moins comme le maître des potions qui avait fait de sa vie un enfer, à Poudlard. Harry se trouva incapable de briser cette étrange atmosphère qui leur était tombédessus, incapable de retrouver l'humeur morose qu'il avait ces derniers jours.

« Tu n'es pas seul Harry » dit Severus avec calme. « Tu ne l'as jamais été. Toute ta vie des personnes se sont tenues derrière toi et se sont battues à tes côtés. Elles se sont tenues juste derrière toi pour t'aider à porter ce fardeau, toute ta vie et toute la leur. Et tant que tu vis, Harry Potter, elles continueront à le faire.

Ils restèrent assis, à se dévisager. Les derniers mots de Severus s'étaient évanouis depuis longtemps. Il y avait une note de finalité dans sa voix. Harry savait qu'il avait fini, qu'il n'avait plus rien à dire. Soudain Harry compris pourquoi Severus lui avait dit cela. Il avait eu besoin de quelqu'un pour le tirer de cet abîme dans lequel il sombrait un peu plus en s'apitoyant sur lui-même. Severus avait dit exactement c qu'il avait besoin d'entendre.

« Merci » Murmura Harry. Il hésitait à prononcer les mots, mais il était plus réticent encore à ne pas les dire. Ils s'étaient parlés à cœur ouvert pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, pour la première fois depuis que chacun d'eux savait qui était l'autre, c'était la première fois qu'ils avaient une conversation normale. Aucun ne cherchait à blesser l'autre en lui envoyant la meilleure insulte qu'il puisse trouver. Harry ne voulait pas commettre l'erreur de laisser échapper cela.

« Pourquoi ? » demanda Severus.

« Pour être ici : pour m'avoir protégé pendant des années sans jamais rien n'attendre en retour, sans jamais recevoir la moindre gratitude. Je sais que ça n'a pas dû être facile et je sais que je n'ai pas dû rendre les choses faciles avec mon comportement. »

«Il n'y a pas de quoi. La compréhension d'un enfant n'est pas celle d'un homme.» Répondit Severus, surpris qu'Harry le remercie pour quelque chose qu'il avait toujours considéré comme une constante corvée. La conversation était terminée et Harry était apparemment sorti de son mutisme. Il savait qu'ils allaient recommencer à grogner et à s'insulter. Il s'apprêtait à retourner à l'intérieur quand Harry le rappela.

« Severus. »

C'était la première fois qu'il l'appelait par son prénom depuis qu'il avait retrouvé la mémoire. Cela, et le fait qu'il n'y avait pas le ton de dégoût et de haine qui entouraient la prononciation de son nom d'habitude, provoqua la curiosité de Severus qui se retourna. « Oui ? »

Harry le regarda dans les yeux sans tressaillir, les yeux sincère et ouvert « quand le temps viendra pour toi, je serai là, je me tiendrai derrière toi. Tu ne serais pas seul. Je te le jure. »

Severus écarquilla les yeux : « Tu n'as pas besoin de… »

« Non, je n'ai pas besoin. » Il y avait une calme dignité dans la voix d'Harry, quelque chose que Severus n'avait jamais vu avant.

Autrefois dire ces mots auraient heurté sa fierté, mais ils lui vinrent facilement : « Merci. » Harry lui sourit, d'un sourire vrai et épanouit. Pour la première fois Severus s'autorisa à lui rendre son sourire. Ce n'était qu'un petit sourire, mais ce fut suffisant. Il y aurait eu tant de choses à dire mais les mots ne furent pas prononcés. Ils n'étaient pas nécessaires. A ce moment là, ils se comprenaient bien plus qu'auparavant. Pendant un instant, il n'y eu plus de murs entre eux. Peut être n'étaient ils plus réellement amis, mais ils n'étaient plus ennemis. La haine de ces onze dernières années avait été remplacée par quelque chose d'autre, un sens de la camaraderie qui n'existait pas avant. Quelque soit leurs désaccords, ils savaient qu'il existait maintenant entre eux une sorte de compréhension. Et même si ni l'un ni l'autre ne l'admettrait consciemment, ils savaient tout les deux qu'ils ne seraient plus jamais seuls.