Chapitre 9 : la fête est terminée
« Hé, Kevin ? Est-ce que je peux te parler ? » Demanda Harry. Il regarda son ami d'un air interrogateur.
« Ce n'est pas moi. » Nia Kevin avec véhémence. « C'est de la faute de Ben. »
« Quoi ? » Demanda Ben. Il abandonna sa dispute avec Cate. Ils n'étaient pas d'accord sur les émissions à regarder. « Qu'est-ce que j'ai fait ? » Harry secoua la tête. « Rien, je ne t'accusais absolument pas. » Il s'arrêta. « A moins que tu n'ais fait quelque chose ? »
« Je ne pense pas. » Répondit Kevin lentement. « Vas-tu me crier après ? »
« Pour quoi ? Tu as dit que tu n'avais rien fait ! » S'exclama Harry, frustré. « Si je voulais te crier après, j'aurais commencé. Je n'aurais pas demandé d'abord à te parler. »
« Tu cries maintenant. » Lui signala Kevin dans sa barbe.
« Est-ce que tout va bien, Harry ? » Lui demanda Cate.
« Oh ouais. » La rassura t-il. « Je vais bien. »
Cate le regarda simplement. Harry avait le sentiment qu'elle ne le croyait pas. Avant que Severus n'arrive, Harry lui aurait probablement demandé son avis avant d'aller voir Kevin. Mais l'intimité qui les liait semblait avoir disparu. Il y avait une tension entre eux où il n'y avait avant qu'une profonde amitié. Et bien, que Harry refusait d'y penser, il savait que Severus en était la cause.
Ben décida que si Kevin avait des ennuis, lui, ne risquait rien. Il reprit don son argument avec Cate, entraînant les pensées de la jeune fille loin de Harry. Le jeune homme jeta un coup d'œil vers Severus qui était une fois de plus assis sur sa chaise et lisait un autre magasine. Celui-ci lui convenait davantage : il traitait des différentes plantes et herbes. Harry avait feuilleté le premier, celui que Severus avait lu les trois derniers jours et lui avait proposé d'aller en chercher un autre avec lui dans une boutique de cadeaux en bas de l'hôtel. Après la manière dont il avait agi, Harry avait été surpris quand Severus l'avait simplement jaugé du regard avant d'accepter son offre.
Severus sentit son regard sur lui et leva les yeux de son magasine. Il rencontra ses yeux. Il haussa son sourcil percé, d'un air interrogateur. Je vais devoir lui en parler quand les choses se seront un peu tassées. Je veux savoir qui lui a suggéré. Je parie qu'il s'est mis très en colère. Pensa Harry avec amusement. Il secoua la tête légèrement pour répondre à la question muette posée par les yeux de Severus.
Depuis leur conversation plus tôt dans la journée, ils avaient réussi à se parler avec seulement quelques légères insultes. Harry savait que ça ne durerait pas. Il s'agissait de Severus Snape après tout et être sarcastique et insultant faisait partie de sa personnalité. Mais c'était suffisant pour l'instant, en tout cas, jusqu'à ce qu'ils aient réglé leurs affaires.
Tu n'as pas été d'une grande aide, se dit Harry. Entre ta petite performance cette nuit-là et ton comportement après, tu as de la chance qu'il n'ait pas jeté tes petites fesses par-dessus le balcon pour se débarrasser de toi. Il lança un dernier regard vers Severus avant de se détourner. Nous devrons avoir une conversation à ce sujet à un moment où à un autre, Severus. Nous ne pouvons pas simplement prétendre que ça n'est jamais arrivé.
« Alors allons-nous oui ou non parler ? » Lui demanda Kevin en coupant court aux songes d'Harry. « Si c'est quelque chose de mal, j'aimerais autant qu'on en finisse maintenant. »
« Là, viens avec moi. » Harry se leva, agrippa le bras de Kevin, le tira vers la fenêtre et le poussa sur le balcon. Harry le suivit et la ferma derrière lui, conscient des regards curieux que tous lui lançaient. Il y avait une étincelle dans les yeux noirs de Severus qui lui faisait dire que son aîné savait exactement ce qu'il allait dire à Kevin. Et au lieu de lire de la colère et de la condamnation comme il s'y attendait, il ne vit que de l'acceptation.
« Hum, oh » Marmonna Kevin avec suspicion. « C'est privé. Tu vas me crier après. »
Harry leva les yeux au ciel. « Je suis sérieux, Kevin, j'ai juste besoin de quelqu'un à qui parler, c'est tout. »
Kevin le regarda. « Alors tu aurais dû parler avec Ben, pas avec moi. C'est lui le sérieux, Harry. Il est mieux placé que moi pour te donner de bons conseils. Je suis juste le clown du groupe. »
« Je pense que tu es parfait pour parler. » Lui dit Harry honnêtement. « C'est pourquoi- » Il regarda à travers la vitre et constata qu'ils étaient encore observés. « Merde, viens par ici. » Il s'interrompit et le poussa pour qu'ils ne soient pas vus de l'intérieur. « C'est pourquoi je t'ai choisi toi et non Ben. »
Kevin le regarda d'un air sceptique. « Si tu le dis. Je ferai de mon mieux Harry. Qu'est-ce qui se passe ? »
« As-tu déjà fait quelque chose de vraiment stupide ? » Lui demanda t-il en lui jetant un coup d'œil. Il reformula sa phrase. « Je veux dire vraiment stupide. Pas dingue, ni drôle. Je veux dire, j'ai vraiment dû perdre l'esprit. »
« Une ou deux fois. » Répondit Kevin avec sérieux, en y réfléchissant.
« Y a-t-il eu des conséquences qui ne soient pas terribles ? »
« Une seule fois. » Répondit Kevin, d'une voix calme.
Il y eut un moment de silence et tous les deux observaient la ville au-delà de la rambarde. Kevin soupira finalement et regarda Harry. « Que s'est-il passé ? »
« J'avais bu. »
« Tu as couché avec quelqu'un, c'est ça ? » Lui demanda Kevin en secouant la tête. « S'il te plaît, dis-moi que tu t'étais protégé. »
Harry le dévisagea, horrifié. « Quoi ? Oh mon dieu, non ! » Une image lui traversa rapidement l'esprit mais il se hâta de la supprimer. « Je ne serais pas là sur le balcon avec toi si c'était le cas. Je me serais jeté par la fenêtre. »
« Ah, eh bien, que s'est-il passé, alors ? »
« Je ne sais pas à quoi je pensais. Eh bien, peut-être que je sais, mais je ne voulais certainement pas... Encore que, je n'étais pas… Non, je n'ai définitivement pas réfléchi. Peut-être que j'ai trop réfléchi. Je ne sais pas, ça n'a aucun sens, merde. »
Kevin leva les bras. « Whoa, arrête. Tout ce que je comprends de ce charabia est confus. »
« J'avais bu, j'étais tendu et je ne pensais ni clairement ni logiquement… »
« Qu'as-tu fais ? » Lui demanda Kevin frustré. « J'ai compris que tu ne te contrôlais pas vraiment, mais je ne sais pas encore ce que tu as fait. » Harry baragouina une réponse. Il articula si bien, que ça ne ressemblait pas à de l'anglais. « Harry, si tu veux mon aide, tu dois parler de façon à ce que je puisse te comprendre. »
« J'ai embrassé quelqu'un. » Confessa Harry calmement.
Kevin le dévisagea d'un air ébahi. « D'accord. »
« Quoi ? »
« Et bien, beaucoup de personnes en embrassent d'autres. C'est normal. » Lui expliqua Kevin en essayant de découvrir l'origine de son problème. « Je sais que tu n'as pas beaucoup de rendez-vous, mais il n'y a rien de mal à embrasser quelqu'un. »
« Ca l'est s'il souffre et que tu profites de lu !» Claqua Harry. Il qui grogna et souhaita pouvoir rattraper son commentaire.
Kevin cligna des yeux. « Attends, trois choses. Un, qui est-ce ? Deux, souffrir de quelle façon ? Et trois, c'est un gars ? »
« Est-ce que le 'qui' est vraiment important ? » Se déroba Harry.
« Je pense que le qui est la raison pour laquelle tu m'en parles. » Contra Kevin. « Si tu as peur que je pense moins de bien de toi ou que je ne sois plus ton ami parce que tu as embrassé un gars, tu te trompes. »
« C'était Severus. »
Kevin siffla. « Ne laisse jamais personne dire que tu es un lâche. »
« Quoi ? » Ce n'était pas la réponse à laquelle il s'attendait.
« Et bien, il a cette aura, si tu t'approches de moi, je te tue, » Répondit Kevin. « Je n'aurais jamais eu le cran de l'embrasser, même si j'y ai souvent pensé. Et bien que je sois sacrément jaloux que tu l'aies fait, si tu me racontes tout et que tu me laisses vivre par procuration, je te pardonnerai. » Quand Harry ouvrit grand la bouche, Kevin rit. « Oh Harry, allons. Tu sais que je suis gay. Peut-être pas consciemment mais tu le sais. Autrement tu ne m'aurais pas choisi comme confident. »
Harry ferma la bouche, même s'il dévisageait toujours Kevin, en état de choc. « Tu parles comme Ben, d'une manière psychanalytique. »
Kevin lui fit un sourire goguenard. « Et à ton avis, qui m'a appris à faire ça, hein ? »
Harry avait de nouveau la bouche grande ouverte. « Tu veux dire… »
« Hélas, le secret le plus gardé de New York n'est plus un secret. » Soupira Kevin théâtralement.
« Je suis venu ici pensant te surprendre et tu viens juste de me voler la vedette. » Lui dit Harry.
« Harry, regarde-moi. » Kevin attendit qu'Harry le regarde dans les yeux. « Severus est un gars incroyablement chaud. Son humeur changeante le rend encore plus sexy. Si tu demandes aux autres, nous savons déjà que Cate l'a embrassé et tu sais que ça ne me dérangerait pas. Même Ben le ferait si on lui en donnait l'opportunité. Personne ne va penser moins de toi parce que tu l'as embrassé. Je ne trahirai pas ta confiance à moins que tu ne le veuilles. Donc, tu n'as pas à t'inquiéter à ce sujet. »
« Donc, je suppose que je suis gay, hein ? »
« Je ne sais pas. Es-tu attiré par les hommes ou juste par Severus ? »
Harry secoua la tête. « Je ne suis pas attiré par les hommes. Quand je regardais quelqu'un à l'école, c'était toujours une jolie fille. »
« Donc, ça veut dire que tu es simplement attiré par Severus. »
« Je n'ai jamais dit qu'il m'attirait ! »
« Non, » Lui confirma Kevin, « Mais toute cette histoire que tu as faite à Cate pour l'avoir embrassé prend finalement sens. Tu n'étais pas jaloux qu'elle puisse s'intéresser à lui, tu étais jaloux parce que tu pensais qu'il pouvait s'intéresser à elle. »
« Il ne m'attire pas. » Maintint Harry, juste un peu trop têtu.
« Peut-être devrais-tu commencer par me dire comment c'est arrivé, alors. » Soupira Kevin.
« Ca s'est passé la nuit où nous sommes arrivés. Nous étions ici et il s'est effondré. Je croyais qu'il avait une attaque mais c'était une vieille douleur qui s'est réveillée. » Lui expliqua Harry. Il s'agit en fait d'une blessure qu'il a reçue quand il a été marqué, devenant par-là, un partisan de Voldemort, un méchant sorcier qui a tué mes parents. « J'étais inquiet et alors je l'ai embrassé. Je ne sais même pas pourquoi. A ce moment-là, il me semblait que c'était la chose à faire. Le sentiment s'est effacé immédiatement après. » Bien sur, après je me suis souvenu que moi aussi je suis un sorcier et je ne pouvais pas gérer cela. Je me suis donc enfui comme un gros bébé et j'ai prétendu être malade les jours suivants.
« Tu n'étais pas vraiment malade. » Ce n'était pas une question.
« Je ne savais pas comment gérer ce que j'ai appris sur moi cette nuit là. » C'est la vérité, au moins. Tu ne comprends pas Kevin, pas complètement et je ne peux pas te l'expliquer sans te dire ce que suis vraiment. Pour toi, il sera toujours que Severus, mon colocataire. Sauf qu'il ne l'est pas. Il est aussi le professeur Snape, un homme qui fut mon professeur dans une école de magie, qui a fait de ma vie un enfer, que je détestais autant qu'il me détestait, et pour ce que j'en sais qui aurait très bien pu aider Voldemort à tuer mes parents. S'il avait été n'importe qui d'autre, ça n'aurait pas été si compliqué. Mais il n'est pas simplement Severus mon colocataire, mon ami. C' est Snape. J'ai embrassé Snape. Et jusqu'à ce matin, je ne savais pas si l'homme qui fut mon ami était une personne réelle ou s'il s'agissait d'un personnage qu'il avait crée dans le but de remplir sa mission pour Dumbledore.
« Est-ce que ça va aller ? » Lui demanda Kevin. « Tu semblais aller mieux cette après-midi. » Harry acquiesça et se concentra sur la conversation. « Ouais, demain je participerai à vos aventures. »
« Je suis content de l'entendre et je sais que Ben et Cate le seront aussi. » Lui assura Kevin. Il demanda ensuite. « En avez-vous déjà parlé tous les deux ? »
« Non, nous avons parlé d'autres choses, mais pas de cela. Je ne sais pas comment aborder le sujet. Plus, je ne sais pas vraiment quoi dire. » Et j'ai peur. J'ai peur de la haine que je verrai dans ses yeux.
« Vous devriez probablement en parler au plus tôt. Plus vous attendrez et plus ce sera dur. Et si par hasard vous voulez construire quelque chose de plus profond que de l'amitié, vous devrez en parler. » Lui conseilla Kevin. « Fais-moi confiance quand je te dis que ce n'est pas le genre de chose qui se règle tout seul. »
« Merci, Kevin » Harry lui sourit. « Tu vois, je savais que tu serais le bon choix. »
« Je suis content d'avoir pu t'aider. Et si tu as besoin d'un avis ou si tu veux raconter les détails à quelqu'un, tu peux en parler à Ben ou à moi. » Kevin sourit avec espoir. Harry leva les yeux au ciel et eut un éclat de rire.
« En parlant de Ben, tu peux lui dire. Je ne veux pas que tu aies des choses à lui cacher. Ne le dis pas à Cate, c'est tout. D'accord ? » Harry rit d'un air gêné. « Je ne veux pas qu'elle me tue ou quelque chose dans ce genre là, pour avoir embrassé son homme. »
Kevin sourit et lui donna une tape sur l'épaule. « Ne t'inquiète pas. Tes secrets sont bien gardés avec moi. »
Si seulement ça pouvait se passer aussi bien quand je parlerai à Severus.
« Tu n'es pas obligé de dormir dans cette chaise ce soir. » Dit Harry à Severus sur le pas de la porte de la chambre.
Severus le regarda. « J'ai abandonné la chaise la nuit dernière en faveur du canapé. »
« Ce n'est pas ce que je veux dire. »Lui répondit Harry. « Tu peux revenir dans la chambre. Je ne te crierai plus après. »
« Où est l'amusement alors ? » Severus fit un sourire en coin et dit plus sérieusement. « Es-tu absolument certain que c'est approprié. »
Harry soupira « Veux-tu simplement entrer, s'il te plait ? Nous devons parler de toute façon. »
Severus se leva avec réticence et entra. « N'as-tu pas déjà suffisamment parlé aujourd'hui ? » Demanda-t-il de façon significative en jetant un regard vers la chambre que partageaient Ben et Kevin.
« Pas encore, » Marmonna Harry, faisant un geste pour inviter Severus à entrer. Il le suivit et ferma la porte.
Un silence pesant s'ensuivit. Ils étaient debout, l'un face à l'autre. Harry gigotait nerveusement et Severus avait un visage sans expression. « Vous savez, Monsieur Potter, » Dit finalement Severus, « Avoir une discussion signifie que nous devons parler. »
« Merci de me le signaler. J'avais complètement oublié ce que parler voulait dire. » Bougonna Harry. Il se frotta ensuite le front et prit une profonde inspiration. « Ecoute… à propos de l'autre nuit, je- »Harry lança prudemment sa bombe, espérant que les bonnes paroles viendraient d'elles-mêmes.
Severus leva une main pour lui couper la parole, son problème résolu pour un temps. « Tu avais trop bu Harry et tu as été pris au dépourvu quand tu as été témoin de ma petite crise. Moi aussi, j'étais trop enchaîné à la douleur pour penser correctement. Ce qui s'est passé était une réponse naturelle à une expérience incroyablement bizarre qui contenait beaucoup trop de tension pour tous les deux. »
« Mais - »
« Je peux t'assurer que ça ne se reproduira jamais. » Il y eut une note de finalité dans la voix de Severus qui lui fit comprendre que le sujet était clos et qu'il n'y reviendrait jamais.
Il te laisse une sortie, Harry, prends là ou risque de te faire rejeter pour la seconde fois avec tes absurdités. Bien que ça n'ait pas été le genre de conversation à laquelle il s'était attendu, il n'allait pas argumenter là-dessus. Il n'avait jamais été suffisamment à l'aise avec ce sujet pour en discuter.
« Bon, » Lui dit Harry « Es-tu prêt à te coucher ou vas-tu dormir debout comme un cheval grand gros et grognon. » Bon sang, pourquoi ai-je dit ça ?
Severus haussa à nouveau un sourcil. « De toutes les choses dont j'ai été traité dans ma vie, je n'ai jamais rien entendu de tel, un 'cheval grand, gros et grognon' ? » Répondit Severus d'un air narquois.
Harry s'énerva tout seul. Il fit un geste en direction du lit. « Ecoute, viens. Je ne vais pas te mordre, ni te faire quoi que ce soit de ce genre. » Très bien, c'est comme ça. Je ne vais plus rien dire.
Au lieu de la crise à laquelle il s'attendait, Severus sourit avec malice. « Ah oui, voilà qui fait toute la différence. 'Franchement Albus, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Après tout, il a solennellement promis de ne pas me mordre.' »
Harry rit jusqu'à ce que les paroles de Severus prennent sens. Il s'arrêta brusquement. « Tu lui as raconté tout ce qu'il s'est passé ? »
Severus haussa les épaules. « Je lui ai dit tout ce qu'il avait besoin de savoir sur la situation actuelle. » Corrigea Severus. « J'ai utilisé ma discrétion pour déterminer ce qu'il avait besoin de savoir et ce qu'il aimerait simplement savoir pour satisfaire sa curiosité. J'ai gardé toutes les lettres qu'il m'a envoyées. Quand nous retournerons à New York tu pourras les lire si tu le souhaites. »
« Merci, j'aimerais les lire. » Harry s'arrêta pour réfléchir. « Tu sais, tout s'éclaire maintenant. »
« Quoi donc ? » La voix de Severus était un peu étouffée. Il était penché et fouillait dans son sac. Ah, oui. Pyjama, pensa Harry en allant vers sa valise. « Les choses que tu as dites, toutes ces lettres que tu envoyais et celles que tu recevais. Je dois admettre que je me suis demandé ce que c'était, que peut-être tu avais une femme qui t'attendait quelque part et avec qui tu communiquais. »
Severus grogna. « Une femme, bien sur. Je me souviens distinctement t'avoir dit écrire à mes collègues. »
« Et bien oui, mais- » Harry éclata soudain de rire. Quand Severus se tourna vers lui, il rit encore plus.
« Oh non, ça recommence. »
« Qui était-ce ? » Parvint à demander Harry.
Severus le dévisagea. « Je n'ai aucune idée de ce dont tu parles. »
« Les pantalons ! Qui te les a envoyés ? »
« Je suppose que je ne dois pas espérer que tu aies conservé quelque once de respect pour ma personne, ces dernières semaines. » Grommela Severus en mettant son pyjama. « Minerva et ton amie Granger, pour répondre à ta question. » Dit-il un instant plus tard. Il avait l'air fâché par cette histoire.
« Je ne peux attendre pour revoir Hermione. » Dit Harry d'un ton plus intelligible. Il commençait à se calmer. « J'aurais dû savoir qu'elle y était pour quelque chose. Mais le professeur MacGonagall ? » Il secoua la tête incrédule. « Je ne l'aurais pas deviné. »
« Minerva a un sens de l'humour très spécial. » Répondit Severus froidement. « Apparemment elle a donné des leçons à Granger. »
« Comment vont-ils ? » Lui demanda Harry en enfilant son pyjama. Il se retourna pour regarder Severus avec curiosité et juste un peu de nostalgie. « Sont-ils heureux ? »
« Ils ne t'ont pas oublié. » Répondit Severus à la question qu'Harry n'avait pas posée. « Ce fut difficile d'empêcher Weasley de transplaner ici quand Albus lui a dit où tu étais. Personne ne savait où tu étais ces cinq dernières années. Mais personne ne t'a oublié pendant ton absence. »
« J'ai hâte de les revoir. » Dit Harry quand il parvint à dénouer le nœud qui s'était formé dans sa gorge en entendant qu'ils ne l'avaient pas oublié. »
« Qu'est-ce qui te retient ici ? » Lui demanda Severus en le regardant attentivement. « Tu as retrouvé tes souvenirs maintenant. Tu peux retourner à Poudlard quand tu veux. »
Harry soupira. « J'ai passé presque trois ans de ma vie dans cette université. Je ne pas tout abandonner maintenant. Et je ne peux pas les quitter non plus. » Il fit un geste en direction de la porte, indiquant clairement qu'il parlait de ses nouveaux amis. « Je tiens à eux et ils ne le prendraient pas bien si je disparaissais un jour sans laisser la moindre trace. Je dois finir ce que j'ai commencé. » Insista Harry en rencontrant les yeux de Severus. « Je sais que les diplômes moldus ne signifient rien pour un sorcier, mais c'est important que je le fasse. C'est important pour moi. »
« Ils seront toujours là quand tu auras terminé ici. » Lui dit Severus. Harry fut surpris que Severus ne le pousse pas à quitter les moldus et leur monde le plus vite possible.
« Cela veut-il dire que tu doives rester ici avec moi jusqu'à ce que j'ai mon diplôme ? » Lui demanda Harry. Il se sentait un peu coupable de forcer son aîné à rester dans un endroit qu'il déteste, entouré de gens qu'il méprise.
« Seulement si Lucius décide d'attendre jusque là avant de faire un mouvement contre toi. » Répondit Severus, sa voix ne trahissait pas ce qu'il ressentait. « Je partirai quand Lucius sera arrêté. »
« Je parie que tu attends ce jour avec impatience. » Devina Harry. Il éteignit la lumière avant que Severus ne puisse le regarder. Harry sentit une pointe de déception en pensant à son départ et il ne pouvait pas l'expliquer à Severus, pas plus qu'il ne pouvait se l'expliquer. « Allez, viens, c'est l'heure de se coucher. »
« Oui, mère. » Lui répondit-il avec sarcasme.
Je n'ai jamais imaginé me retrouver dans cette situation, pensa Harry en échos à ce qui avait traversé l'esprit de Severus lors de leur première nuit dans ce même lit. J'ai hâte de raconter ça à Ron et à Hermione. Je me demande s'ils me croiront. « Bonne nuit, Severus. Dit Harry doucement.
Il y eut un instant de silence, Harry crut que Severus s'était déjà endormi. Mais il répondit dans un murmure. « Bonne nuit. »
« Qu'est-ce qu'il y a Monsieur Potter ? » Demanda finalement Severus légèrement énervé. Ils étaient allongés depuis presque une heure et au lieu d'essayer de dormir, il savait qu'Harry pensait à quelque chose et essayait de prendre son courage à deux mains pour lui poser lui une question. « Peut-être que si vous posiez votre question, nous pourrions tous les deux dormir. »
« Comment as-tu -..Non, aucune importance. » Severus sentit Harry secouer la tête. « Je me demandais simplement qui a eu l'idée de percer tes oreilles et ton sourcil. »
Severus le toisa du regard, mais ne vit rien dans le l'obscurité. « C'est à ça que tu pensais jusqu'à maintenant ? »
« Ben, c'est une bonne question, non ? » Répondit Harry sur la défensive. « Tu n'aurais pas été la première personne à qui j'aurais pensé avec des piercings. »
« Le fait que tu puisses penser à moi, pour quoi que ce soit de ce genre, me perturbe. »
« Ce n'est pas comme si j'étais en cours de potions en me demandant à quoi tu ressemblerais avec les cheveux bleus ou portant une robe. » Lui rétorqua Harry.
« Non, je crois que c'est la spécialité de Neville Longdubas. »
Harry rit. « C'est peut-être la raison pour laquelle il n'a jamais été bon en potions. Nous avons toujours pensé que c'était parce qu'il avait peur de toi, mais peut-être était-ce parce qu'il était distrait par des images de toi en robe, qu'il ne pouvait pas se concentrer. »
Severus frissonna. « C'est une image dont je n'ai certainement pas besoin. »
« J'imagine Neville, assis dans la classe, à te regarder se demandant quel sorte de robe t'irait le mieux. »
« Considérant qu'aucune robe ne me va… »
« Oh, je ne sais pas. Je me rappelle très bien t'avoir vu dans cette robe en dentelle verte, avec un joli sac à main rouge dans ta main et un vautour en guise de chapeau. » Bien qu'il ne le vit pas, Severus savait qu'Harry avait un sourire satisfait plaqué sur le visage.
« Ce n'était pas moi. » Répondit Severus froidement.
« Je ne sais pas Severus. Il avait le même gros nez, les mêmes yeux perçants, les mêmes cheveux gras et ce perpétuel sourire sarcastique. Il te ressemblait à mes yeux. »
« Est-ce que je t'ai dit à quel point je te hais. » Claqua Severus, caustique.
« Tu me blesses, » Dit Harry, feignant la douleur.
« C'est une honte que ce ne soit pas fatal. » Rétorqua Severus.
« Alors, qui était-ce ? » Lui demanda Harry pour revenir à la question initiale.
« Ce n'est pas tes affaires, » Marmonna Severus en se tournant de son côté, dos face à Harry.
« Est-ce que tu boudes ? » Lui demanda Harry. Il regarda par-dessus l'épaule de Severus. Il se redressa quand la main gauche de Severus vint le frapper au visage.
« Je crois que tu as franchi la frontière entre ton côté et le mien. »
Harry plissa le nez. « Allez Severus, dis-moi qui c'était ! »
« Quel âge as-tu, six ans ? Arrête d'agir comme un gosse et dors. »
Harry regarda avec des yeux noirs l'arrière de la tête de Severus un instant puis sourit largement en prenant son oreiller. « Ok, boule de graisse, c'est comme ça. »
« Comment m'as-tu appelé ? » Lui demanda Severus en se retournant. Il avait à peine terminé son demi-tour, qu'il reçut l'oreiller en plein visage. Par tous les noms de l'Enfer, qu'était-ce ? Pensa Severus, pétrifié par l'étrangeté de la situation. « Viens-tu de me frapper avec un oreiller ? »
La voix de Severus sonnait dangereusement : Harry s'arrêta. Il se demandait s'il était ou non allé trop loin. Mais le moment passa et il recommença. Il y eut un comme un feulement de l'autre côté du lit, qui se termina dans un claquement de doigt et il siffla. « Lumos. »
La lumière embellit le bout de la baguette que Severus tenait dans sa main et écarta suffisamment l'obscurité pour regarder Harry d'un œil noir. Ce dernier cligna des yeux, aveuglé par la soudaine lumière.
« Que penses-tu être en train de faire ? » Exigea Severus.
Harry lui rendit son regard, mais l'effet fut perdu puisque, sans lunettes, il ne regardait pas vraiment Severus dans les yeux. « Il me semble t'avoir frappé avec un oreiller. »
« Pourquoi as-tu fait cela ? »
« Pensais-tu vraiment que j'allais revenir sur ma promesse ? » Lui demanda Harry, comme s'il avait été insulté.
«Es-tu devenu complètement cinglé ? »
« Je suppose que tu n'as jamais fait de batailles d'oreillers, hmm ? »
« Je dirai que tu as raison. »
« Bon alors, » Reprit Harry comme s'il avait répondu à la question de Severus, il frappa une fois de plus.
« Je vais te le demander une nouvelle fois avant de te tuer. » Dit Severus avec calme. Il arracha l'oreiller des mains de Harry. « Qu'es-tu en train de faire ? »
« Tu vois, c'est exactement la raison pour laquelle tu n'avais personne avec qui jouer enfant, » Grommela Harry. Il attrapa l'oreiller sous Severus et le tira un grand coup. « Et, tu m'as pris le mien ! » Protesta-t-il quand Severus le regarda d'un air menaçant.
« C'est une tentative pour me faire jouer ? » Lui demanda Severus incrédule. « Me frapper le visage ? »
« Je suis sure que tu t'amuserais si tu me frappais sur le visage. »
« Peut-être. » Concéda-t-il. Il abandonna sa baguette et balança l'oreiller, en plein dans la figure de Harry. Il a raison, pensa Severus avec surprise, C'est incroyablement satisfaisant de le frapper. C'est une honte que je n'utilise pas quelque chose de plus dur.
Quand Harry réagit, il abandonna toute trace de dignité et se donna pour mission de frapper aussi fort qu'il le put. Il s'agissait presque d'un anti stress et Severus se surprit à s'amuser. Ils auraient pu continuer ainsi toute la nuit si la porte ne s'était pas ouverte brusquement sur Kevin et Ben qui, dans le même temps, avaient allumé la lumière.
« Bon sang, qu'est-ce qui se passe, ici ? » Leur demanda Ben en faisant le tour de la pièce du regard, choqué.
« On aurait dit que vous étiez en train de vous entretuer. » Ajouta Kevin.
« Euh… » Harry attrapa l'oreiller d'un air coupable.
Severus s'assit simplement et croisa les bras sur la poitrine. Il les regarda comme s'ils venaient de faire irruption dans la chambre et les avaient réveillés. « Je n'ai aucune idée de ce dont vous parlez. »
« Vous faisiez une bataille d'oreiller ? » Leur demanda Ben. Il avait finalement résolu la scène. « Quel âge avez-vous ? Surtout toi Severus. »
« Et vous ne nous avez pas invités ? » Leur demanda Kevin, l'air blessé. « Comme c'est impoli ! Où sont vos manières ? »
« Désolé, » Lui dit Harry sincèrement. « Je ne voulais pas vous réveiller. »
« La prochaine fois, » Leur dit Kevin, sérieusement. « Vous viendrez nous chercher, comme ça nous pourrons nous amuser nous aussi, d'accord ? »
« Je jure que la prochaine nous viendrons vous chercher » Lui promit Harry
« Ok, bien ! » Répondit Kevin, joyeusement.
Ben soupira et écarta les bras en signe de défaite. « Pourquoi est-ce que je me donne du mal ? »
Kevin fit un clin d'œil à Harry qui éclata de rire. Severus regarda Kevin puis Harry et revint sur Kevin pour le voir sourire d'un air de connivence. Ben, quant à lui, semblait confus. « Au moins, cette fois, ta blague intérieure est partagée avec quelqu'un. » Marmonna Severus à l'intention d'Harry.
« Très bien, viens. La fête est terminée. » Dit finalement Ben. Il agrippa l'arrière de la chemise de Kevin et le traîna hors de la chambre. Kevin parvint à frapper l'interrupteur pour éteindre la lumière et à fermer la porte.
« Il y a toujours des conséquences quand on joue. » Expliqua Harry à Severus. « Quelqu'un vient toujours te crier après. »
« Pas un mot de cela à qui que ce soit, Monsieur Potter. » Gronda Severus en fixant l'oreiller du regard. Il remonta les couvertures au-dessus de sa tête.
« Quoi ? » Lui demanda Harry avec surprise. « Tu ne veux pas que je le dise au reste de Poudlard ? »
Seul un grondement se fit entendre.
« Alors qui était-ce ? »
« Wealsey. » Dit Severus brièvement en fermant les yeux.
Harry rit. « J'aurais dû savoir que c'était Ron. Vous ne vous entendez toujours pas ? »
« Apparemment non. »
« J'ai dû mal à croire que le professeur Dumbledore l'ait écouté. Il savait certainement que Ron n'a aucune expérience avec les moldus. »
« Peut-être Albus a-t-il voulu mettre en valeur toutes ces couleurs tape à l'œil. » Remarqua Severus aigrement.
« Ce n'est pas si mal. » Lui dit Harry avec honnêteté. « Ce n'est pas toi, c'est tout. »
« Et ces affreux pantalons, c'est moi ? »
« Non, ce n'est pas toi non plus. Mais c'est plutôt amusant de te voir les porter, surtout maintenant. » Sourit Harry. « Hé, quand nous retournerons à New York, si tu mettais celui arc -»
« Absolument pas. ».L'interrompit Severus.
« Mais- »
« Non. Dormez, Monsieur Potter. »
« Ou quoi ? Tu ne peux plus enlever de points à griffondor à cause de moi. » Lui signala Harry.
« Et tu ne sais pas à quel point j'ai souhaité le faire ces dernières semaines. » Marmonna Severus.
« Viendras-tu avec nous demain ? » Lui demanda Harry avec curiosité.
« Tu sors avec tes amis ? »
« Ouais. Mon humeur massacrante est terminée. » Dit légèrement Harry puis « Merci Severus.»
« Tu as également mes remerciements. » Répondit Severus d'une voix à peine plus forte qu'un murmure.
Harry sourit. Il savait que Severus ne pouvait pas le voir. « Je n'oublie jamais les promesses que j'ai faites, Severus. »
« Je me demande où sont toutes mes affaires. » Songea Harry. Il détacha un morceau de bretzel et le jeta aux pigeons rassemblés à ses pieds.
Lui et Severus étaient assis sur un banc près de l'eau faisant face au port où ils pouvaient voir Kevin et Ben sur l'étrange pédalo en forme de dragon. C'était leur dernier jour à Baltimore et tous faisaient ce qu'ils avaient apprécié le plus une dernière fois. Severus avait refusé de monter dans le bateau et Harry s'était dévoué pour rester avec lui. Cate avait décidé de passer son dernier jour dans les magasins dans le périmètre du port.
« A quelles affaires fais-tu allusion ? » Demanda Severus en le regardant. Cette dernière semaine Harry et lui étaient parvenus à une trêve difficile à établir. Bien qu'ils ne soient pas revenus à la confortable amitié qu'ils partageaient avant le voyage à Baltimore, ils étaient maintenant capables de discuter sans s'insulter plus d'une ou deux fois.
« Mes livres, ma baguette, ma cape. » Lista Harry. « Hedwige »
« Ton hibou est à la volière, à Poudlard. Je l'ai vu moi-même. Elle va bien. » Lui dit Severus.
« C'est un soulagement, j'étais inquiet à son sujet. » Sourit Harry.
« Pourquoi ne m'as-tu pas posé la question si tu étais si inquiet ? »
« Je n'étais pas sûr que tu saches. » Harry haussa les épaules. « Et en plus, je ne voulais pas te déranger avec ça. »
« J'ai été envoyé ici dans le but express d'être la personne à déranger pour toutes les inquiétudes que tu peux avoir. »Lui signala Severus. « Tu peux aussi bien profiter de ma présence ici, sinon, je prends de la place pour rien. »
Les lèvres d'Harry se retroussèrent et sa toux sonna étrangement. Severus le regarda confus, puis leva les yeux au ciel et fit un geste impatient de la main. « Oui, vas-y. Fais le sot commentaire qui t'est venu à l'esprit, quel qu'il soit, ainsi nous pourrons reprendre notre conversation. »
Harry sourit simplement et secoua la tête en détachant un nouveau morceau de bretzel pour le jeter aux pigeons. Severus soupira d'agacement. « Pourquoi fais-tu ça de toute façon ? Tu n'en as pas mangé. »
« Je n'en avais pas l'intention. » Lui expliqua Harry. « Je l'ai acheté pour nourrir les pigeons. »
« Ce sont des animaux sauvages. Ils peuvent se nourrir tout seul. »
Harry le regarda avec des yeux noirs. « Tout le monde s'amuse aujourd'hui donc je suppose que moi aussi. J'aime nourrir les pigeons, espèce de grand crétin. Laisse-moi faire et arrête de me contrarier avec ça. »
Ainsi, vous avez repris du poil de la bête. Félicitation, Monsieur Potter. « Tes affaires personnelles sont, sans aucun doute, à Poudlard. La crise de folie d'Albus n'a pas été assez longue pour envoyer tes affaires chez les Dursleys. Même lui n'est pas assez optimiste pour permettre de leur envoyer des objets magiques. Quand nous serons de retour à New York, j'enverrai une lettre à Albus pour lui demander de te les envoyer. »
« Tu n'as pas besoin de le faire » Protesta Harry. « Je ne suis pas invalide. Je peux le faire moi-même. »
« Essaie de rassembler ce que tu entends pour une fois. Tu as des cours à travailler à moins que tu n'aies changé d'avis et que tu ne veuilles plus rester à la faculté ? »
Harry secoua la tête. « Non, je n'ai pas changé d'avis. »
Tant pour si peu d'espoir. « Alors, essaie de comprendre que je suis ici jusqu'à ce que Lucius réapparaisse, et je n'ai rien à faire en dehors de recevoir les sorts qu'il pourrait te lancer. Donc, au lieu de rester assis, à regarder les murs, j'ai l'intention de me rendre utile dans la mesure de mes capacités. Tu as besoin de te concentrer sur la charade d'être un moldu sans quoi tes amis vont soupçonner quelque chose. »
« Est-ce vraiment ce que tu es supposé faire ? » Demanda Harry en le regardant, en état de choc.
« Hmm ? »
« Recevoir le sort qui m'est dû ? S'il essaye de me tuer, il utilisera Avada Kedavra. Tu ne peux pas y survivre. »
« Il faut de la concentration pour jeter ce sort. » Lui expliqua Severus « Il suffira qu'il soit confus un instant pour que tu puisses le vaincre. »
« Mais, c'est stupide ! » S'exclama Harry. « Ce sort ne peut pas me tuer. Tu n'as pas besoin de risquer ta vie pour quelque chose qui ne me fera aucun mal de toute façon. »
« Nous ne savons pas pourquoi ce sort n'a pas fonctionné sur toi. » Répondit Severus. Sa voix était froide et sans émotion. « Ce qui t'a protégé, s'est peut-être affaibli et un instant suffit pour que ce sort te tue. Cet instant ne sera pas celui où je serai là. » Quand réaliseras-tu que ta vie a plus de valeur que celle de qui que ce soit d'autre ?
« Mais, tu mourras, » Insista Harry comme s'il croyait que Severus n'avait pas compris.
« J'ai été un mangemort. » Dit Severus avec calme. « Je sais exactement ce qu'est Avada Kedavra. »
« Je ne resterai pas là- »
« J'arrêterai Lucius Malfoy. C'est tout ce qui te concerne. Le reste c'est mon affaire. »
Le silence s'installa entre eux et ils se regardèrent avec des yeux noirs. Il y eut un temps où pendant sa septième année, Harry avait essayé de rivaliser avec la volonté de Severus, mais il avait toujours baissé les yeux le premier. Cette fois, il serait maudit s'il le faisait.
Severus voyait la détermination dans les yeux d'Harry et fut légèrement surpris quand une minute plus tard, Harry n'avait toujours pas détourné le regard. Penses-tu vraiment pouvoir me battre à ce petit jeu, Potter ?
Ils auraient pu se regarder dans le blanc des yeux indéfiniment s'il n'y avait pas eu l'un des pigeons, devant les pieds d'Harry. Le partage incessant avait cessé. Le pigeon avait vu le bretzel restant dans la main du jeune homme, il trouva le courage de s'envoler et de se poser sur son genou, dans le but de prendre le bretzel des mains d'Harry. Le fait qu'il était plus gros que la tête du pigeon rendait sa tache pratiquement impossible. Mais le mouvement prit Harry par surprise et il baissa le regard.
« Whaoo, geez, oiseau, ici. » Dit-il. Il détacha un morceau et lui tendit. Le pigeon le prit et redescendit sur le sol. Harry secoua la tête incrédule. Il se tourna vers Severus qui arborait un léger sourire triomphant. « Tu n'as pas gagné, tu sais. L'intervention d'un tiers ne constitue pas une victoire. »
« Nous verrons. » Fut la réponse de Severus. Il changea de sujet et revint à celui de départ. « C'est une bonne chose que tu aies à attendre que ta baguette arrive. »
« Pourquoi ça ? »
« Etre trop dépendant de ta baguette te rend vulnérable. »
« Vulnérable à quoi ? Je me sens vulnérable sans. » Harry regarda Severus comme s'il avait perdu l'esprit.
« Tu sais que ta baguette n'est pas une source de magie inépuisable dans laquelle on peut puiser directement ? » Lui demanda Severus.
« Ben, ouais. » Une image de Dudley lui vint à l'esprit : il était pris au piège derrière une vitre du zoo. Cela fit sourire Harry. « Il y eut des moments avant que je vienne à Poudlard où des choses arrivaient, qui n'étaient pas naturelles.»
« La magie est une part de toi, elle existe en toi, mais pas sans toi. Une baguette est simplement un outil qui t'aide à te concentrer et à moduler la magie pour atteindre le résultat que tu désires. Avec suffisamment de pratique et de concentration, tu peux faire la même chose avec ou sans baguette. »
« Ils ne nous ont jamais appris ça à Poudlard. » Marmonna Harry
« C'est un art que les adultes acquièrent. On ne peut pas l'enseigner à des enfants qui essaient de comprendre et de contrôler la magie.
« Quirrel n'a pas utilisé de baguette quand il m'a attaqué. » Dit Harry en réfléchissant. « Quand ce fut terminé, je me souviens avoir pensé que c'était bizarre que toute la magie que j'avais vue ait été crée par une baguette, mais je me suis dit que c'était certainement parce que Voldemort était avec lui. »
« Chaque pouvoir est propre. Chaque personne réagit et réussit différemment sans baguette. » Expliqua Severus.
« C'est assez surprenant que Quirrel ait été assez doué pour cela. »
« L'es-tu ? »
« Ca dépend ce que j'essaie. Je peux accomplir certaines choses sans baguette et d'autres qui me sont pratiquement impossible. » Répondit Severus. « Voilà où je veux en venir : je vais t'apprendre à utiliser ta magie sans avoir recourt à une baguette. Tu ne sais jamais quand la situation va devenir critique, quand tu es sans baguette et que tu as désespérément besoin de magie. »
« Et que se passera-t-il le jour où ça arrivera et que je ne pourrais pas l'utiliser ? »
« Tu serais surpris de ce que tu es capable d'accomplir quand tu n'as pas d'autres choix. »
