Chapitre 11 : Dernières minutes de préparation

C'était presque le mois d'avril et les vacances de Pâques arrivaient à grands pas. Le soleil était lumineux et brillait dans un ciel dénué de nuage. Et moi je suis ici, avec ce grand groupe d'idiots. Pensa Severus aigrement. Stupides moldus et leur stupide pique-nique. Assis dehors, bronzer au soleil, combattre sans arrêt les essaims de bestioles et d'acariens. Et c'est en général considéré comme amusant et divertissant ? Bien sûr, le pantalon en cuir qu'il portait et la chaleur de la journée n'étaient pas fait pour aider à son confort.

Albus,

La vie de nounou est redevenue normale. Après notre première dispute et les petits désaccords qui éclatent tous les jours, nous avons réussi à atteindre une sorte d'équilibre précaire. Bien que nous soyons incapables de passer une journée sans nous chamailler pour des broutilles, nos rapports se sont considérablement améliorés.

Severus s'arrêta d'écrire la lettre et regarda autour de lui pour être certain que ni Ben ni Kevin ne faisaient attention à lui. La dernière chose dont il avait besoin était que les moldus aperçoivent ce qu'ils avaient écrit sur sa feuille de bloc note, fourrée dans sa poche avant de sortir de la chambre. Considérant le fait qu'il avait très peu envie de participer à ce pique nique, il n'eut pas l'impression de les délaisser en essayant de les ignorer. Il s'aperçut qu'ils étaient trop absorbés par leur déjeuner et par leur conversation avec Harry sur les vacances de Pacques, pour s'intéresser à lui, il se remit à écrire.

Comme je suis conscient des sentiments qui traversent votre esprit exubérant, je pense que vous serez intéressé de savoir comment se déroulent les études de Potter. Soit l'imbécile a découvert qu'il possédait effectivement un cerveau soit, les moldus sont moins exigeants que nous et si j'en juge d'après le comportement de ces idiots, je crois que leur barème de notation est moins élevée que la nôtre.

En tout cas, il n'a pas, comme je m'y attendais et aussi surprenant que cela puisse paraître, totalement échoué à son examen de chimie, mais l'a au contraire réussi. Sept ans de potions et il était à peine capable de concocter une simple potion de sommeil sans provoquer une réaction similaire à celle qu'aurait provoqué Longdubas, et il parvient pourtant à acquérir les talents dont il manquait si sévèrement en chimie moldue. Je ne peux m'empêcher de me demander si en étant forcé de vivre ensemble je n'ai pas d'une certaine manière déteint sur lui. Bien sûre, cela voudrait dire qu'il y aurait une grande possibilité que son manque général d'intelligence ait commencé à déteindre sur moi. Il n'est pas nécessaire de dire que si je commence à manquer de vocabulaire et que je me lève au milieu de la nuit pour vivre une aventure sans queue ni tête, nous saurons qui a gagné ce pari.

Sur une note plus importante, il y a un sujet dont j'aimerais discuter avec vous, autant que nous pouvons le faire par lettre. Je ne vous ai pas informé de tout ce qui s'est passé pendant ma mission ici et je pense que cela pourrait être bénéfique si je vous disais exactement ce que j'ai fait.

Severus s'arrêta d'écrire. Quelque chose lui vint soudain à l'esprit. Le stylo s'immobilisa devant les lignes qu'il venait de remplir et qu'il considérait maintenant comme une grave erreur de jugement. Surprenant Albus, à quel point vous m'avez bien entraîné. Pensa Severus avec humeur. C'était vraiment très hypocrite de votre part, vous savez ; de demander notre totale franchise alors que vous vous permettez de nous garder dans le noir. Vous pouvez modifier ma mémoire, violer mon esprit pour cacher ce que vous craignez que je me souvienne, mais je devrais vous ouvrir mon esprit pour que vous puissiez recommencer. Pas cette fois, Albus, pas tant que vous ne serez pas aussi honnête avec moi que l'ai toujours été avec vous.

Severus jeta un coup d'œil dans la direction de Ben et de Kevin. Ils ne prêtaient toujours pas attention à lui. Il froissa la lettre et vérifia une nouvelle fois qu'il ne se faisait pas remarquer et murmura, « incendio. » Une étincelle de chaleur jaillit entre ses doigts et il ferma la main, réduisant ainsi la lettre en cendres.

« Je pense que nous aurions dû acheter ces boucles d'oreilles. » Disait Harry. Et bien qu'il essayait de prétendre ne pas l'entendre, il était difficile aussi prêt de ne pas écouter.

La journée avait commencé normalement et avait continué ainsi jusqu'à l'arrivée de Ben et de Kevin. Ils étaient venus leur proposer d'aller faire les magasins et d'aller ensuite pique niquer à Central Park. Severus n'avait pas écouté leur discussion et n'avait donc entendu que les mots 'profiter d'une belle journée'. Voilà comment il se retrouva à traîner derrière Harry pour suivre leur dernière stupide aventure. La seule chose qui lui ait permit de supporter la sortie fut l'absence de Cate. La jeune fille avait décliné l'invitation quand ils l'avaient croisé dans le couloir. Elle était surchargée de travail.

Severus ne voulait pas répéter cette expérience. Pour des raisons qui lui échappaient, Harry s'était mis en tête qu'il serait plus amusant de chercher de nouvelles de boucles d'oreilles pour lui que de se focaliser sur quelque chose de plus utile. Il avait bien évidemment refusé toutes les suggestions d'Harry et opta pour rester aussi à l'aise que possible dans ce 'déguisement' qui lui avait été désigné pour protéger Harry.

« Dans le monde de l'inutilité, où demeurent toutes ces choses tape à l'œil et hideuses. Potter, ces trucs seraient probablement la règle suprême » Claqua Snape en revenant au présent. Il essaya d'ignorer la sueur qui dégoulinait le long de son dos mais il eut autant de succès qu'il avait avec Harry. « Mais encore, peut-être que tu as raison. Nous devrions, les prendre et les envoyer à Albus. »

« Qui est Albus ? » Lui demanda Ben, curieux.

« Un de mes associés » Répondit Severus vaguement. Stupide con. Dis à ces maudits moldus que tu es un sorcier et nous en aurons fini. Severus n'était pas sûr de savoir ce qui l'énervait le plus : le fait qu'il n'ait pas surveillé ses paroles en présence des moldus ou qu'il soit devenu si habitué à passer du temps avec Harry sans faire attention à ses paroles, qu'il parlait maintenant sans réfléchir.

« Je ne sais pas, Severus » L'interrompit Kevin. « J'aimais bien le squelette complet avec les os croisés dessinés dessous. Ca t'irait mieux que ces fesses de pédales qu'Harry a choisies. »

Du coin de l'œil Severus vit Harry grimacer aux choix de mots de Kevin. Vous ne savez pas à quel point vous pouvez être perspicace, Monsieur Ramsey.

Severus avait remarqué qu'être excessivement énervé avait le sérieux inconvénient de lui faire dire impulsivement des choses qu'ils n'auraient normalement pas dites s'il avait pensé rationnellement. Depuis qu'il avait fait ce rêve, la nuit de leur retour de Baltimore, Severus se réveillait au milieu de la nuit en sachant qu'il avait fait un autre de ces rêves mais il était incapable de se souvenir de quoi que ce soit, sauf que Dumbledore en était responsable. Ca commençait à alourdir son esprit, et l'empêcher de trouver le sommeil facilement. Il était donc extrêmement fatigué et la désagréable chaleur le mettait de mauvaise humeur. Ce fut son humeur revêche plus qu'autre chose qui lui fit remonter la manche de son bras gauche et la tendre, paume en l'air.

« Est-ce cela que tu avais en tête ? » Lui demanda t'il en ignorant les bruits étouffés que faisaient Harry choqué, prés de lui.

Kevin siffla et Ben regarda impressionné. « Ca c'est un méchant tatouage. » S'exclama Kevin.

Oui, il l'est. Bien que votre définition de méchant et la mienne soit complètement différente.

« Depuis quand as-tu ça ? » Lui demanda Ben.

« Depuis que je suis adolescent. » Grogna Severus. Kevin et Ben le dévisageaient, surpris. « Vous devez certainement vous rendre compte que j'ai moi aussi été adolescent ? »

« Euh ,… ben... » Commença Kevin.

« Il est difficile de t'imaginer enfant » Dit Ben lentement comme s'il était à demi apeuré que Severus le morde.

« Est-ce que ça a un sens particulier ? » S'enquit Kevin en désignant la marque noire. Il prévint ainsi tout commentaire que Severus aurait pu faire en répondant à Ben. « Ou l'as-tu fait faire uniquement parce que tu trouvais ça cool ? »

« On peut dire que c'est un peu des deux » Remarqua Severus. Un sourire ironique plissait ses fines lèvres.

Pourquoi est ce que je leur ai dit ça ? Severus connaissait la réponse. Elle était quelque part, enfoui profondément au fond de lui : c'était une forme de rébellion, minime et insignifiante, mais c'était cela, une rébellion contre les règles avec lesquelles il avait vécu toute sa vie. Et il avait brisé avait un plaisir pervers et vindicatif l'une des règles cardinale du monde sorcier : Ne jamais laisser les moldus suspecter l'existence du monde sorcier. Severus n'avait aucunement l'illusion qu'il pourrait révéler l'existence du monde sorcier aux amis d'Harry, comme il ne croyait pas que semer des bribes de sa vie ferait regretter à Dumbledore d'avoir altérer sa mémoire. Il savait que c'était stupide et mesquin, mais il le faisait quand même.

« Laisse-moi deviner. Tu faisais partie d'un gang quand tu étais au lycée ? » Supposa Kevin.

Severus jeta un coup d'œil vers Harry, surpris. Mais celui-ci secoua la tête et parut tout aussi déconcerté. Severus dévisagea alors Kevin qui avait l'air très mal à l'ais et s'excusait du regard.

« Un ami et moi l'avons fait ensemble » Répondit Severus froidement. Il mit autant de distance qu'il le put avec les émotions qui menaçaient de le submerger. « En regardant en arrière, on se rend compte que faire une chose pareille était stupide. Mais en ce temps-là, nous étions jeunes et je ne savais pas ce que je sais maintenant sur le monde et sur la vie. » C'est ironique, vraiment, la manière dont les évènements tournent. Comme j'étais arrogant alors, je pensais savoir tout ce qu'il y avait à savoir sur le monde. Je dois te remercier vieil ami, de m'avoir ouvert les yeux et de m'avoir montrer à quel points j'étais ignorant sur la nature de la vie.

« Comme un de ces 'amis pour la vie', hein ? »

Ce fut un rire aigre qui lui échappa à ces mots « Peut-être le pensions-nous Ben. » Peut-être le pensais-je aussi. Le regard de Severus oscilla de Kevin à Ben. « Vous deux, me rappelez ce que nous étions, il y a des années. Il prétendit ne pas apercevoir la manière dont ils se regardaient, comme si Severus n'était pas entièrement informé sur la véritable nature de leur amitié. Je sais beaucoup plus de choses que vous n'en connaîtrez jamais, sur bien des sujets.

« Vous n'êtes plus amis ? » Lui demanda Kevin en surprenant une fois de plus Severus par sa perspicacité.

« Non, nous...avons évolué différemment. Nos buts dans la vie étaient à l'opposé. »

« Bien, quoi qu'il en soit, vous avez toujours vos tatouages. Ca voulait dire quelque chose alors. Peut-être vous permettra-t-il de vous rapprocher à nouveau. » Suggéra Ben en interprétant la déception de la voix de Severus comme du regret nostalgique de la perte d'un ami bien aimé.

Severus était conscient qu'Harry le regardait fixement mais choisit de l'ignorer pour l'instant. Pourquoi ai-je le sentiment que je vais être inondé de questions une fois dans l'intimité de notre chambre ? Severus ramena le bras vers lui et remit sa manche. Il haussa les épaules pour répondre au message d'espoir de Ben. « C'est aussi bien, je suppose. Je doute que nous ayons encore beaucoup en commun de toute façon. » La conversation a atteint la fin de son utilité. Ses sentiments menaçaient de faire surface, lui faisant savoir que ce voyage à travers le passé devait se conclure rapidement.

« Tu serais surpris. Je me souviens de cette fille au lycée. Elle et moi... »Commença Kevin, en se lançant dans l'histoire d'une de ses amie qu'il n'avait pas revue depuis des années. Severus écoutait vaguement. Il regrettait d'avoir parlé. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre qu'il valait mieux laisser un grand nombre de souvenirs, dans un coin de son esprit, afin de ne pas les déranger.

Je ne peux pas m'empêcher de me demander ce que la vie aurait été si les choses avaient tourné différemment. Cela aurait-il-été mieux ou pire ? Je suppose que je ne le saurais jamais. Par contre, il savait qu'il allait se mettre à crier si Harry continuait à le dévisager. Il lui fit une grimace et regarda ailleurs quand il sentit un léger picotement le long de son bras.

Severus se figea. Pas maintenant. Pas ici, en face de moldus. Il scruta les environs. Il est ici. La marque n'avait pas commencé à brûler mais la sensation de picotement ne s'était pas non plus arrêtée. Il savait qu'il n'imaginait pas le sentiment d'être observé.

« Harry » Dit-il doucement. « Harry, nous avons- »

« Oh Severus que fais-tu ici avec cette vermine ? »

Les mots moururent dans sa gorge et la voix de Lucius traversa doucement son esprit, courtoisie due à un sort de communication. Harry le regarda avec attention quand aucun mot ne vint.

« Jusqu'où t'es-tu permis de tomber ? Etre assis ici, avec des moldus et Harry Potter, entre tous ? Franchement Severus, je pensais que tu avais plus de fierté que cela. »

« Severus ? » Severus entendit à peine Harry dire, « Severus, est-ce que tu vas bien ? »

Est-il vraiment inquiet pour toi Severus ? Arrête de regarder à droite et à gauche comme tu le fais. Les gens commencent à se demander si tu es en possession de toutes tes facultés. Tu ne peux pas me voir, à moins que je ne te le permette, ce que je ne ferai pas. Je suppose que tu es assis ici à la requête de Dumbledore, à jouer les chiens de salon pour le protéger de moi. Je devrais probablement me sentir flatté que le vieux fou considère que je suis une menace et envoie quelqu'un pour le protéger Encore que, il est seulement réaliste. J'espère sincèrement que tu n'es pas là pour m'arrêter parce que je le tuerai et je te tuerai aussi si tu me forces la main et je ne le souhaite pas. »

Severus en aurait presque ri. Comment Lucius pouvait-il le croire si naïf ? Tu me tuerais en un battement de cœur, Lucius. Pensa Severus sombrement. Tout ce qui se dresse devant ton ambition serait sacrifié, n'est-ce pas ce que tu as dit ? Garde tes mensonges pour ceux qui sont assez fou pour les croire.

« Severus ! » Cria pratiquement Harry. Il lui prit la main et la secoua.

Avec un sifflement, Severus se tourna rapidement pour lui faire face. « Quoi ? »

« Que se passe t'il ? » L'inquiétude était peinte sur son visage et il put voir le même sentiment sur les visages de ses amis assis derrière lui.

Je sais ce que tu dois penser, en ce moment Severus, et non, je ne vais pas frapper. Je voulais simplement te saluer maintenant que j'ai réussi à le trouver, et assez surprenant toi aussi. Je te donne une chance Severus, une chance de vivre et de me rejoindre dans ce monde que je créerai quand il sera mort. Penses-y. Simplement...Ne sois pas là quand je viendrai le tuer. Tu ne devrais pas avoir à mourir, toi aussi.

Le sentiment d'être observé s'évanouit dés que Lucius eut fini de parler. D'après le regard des autres, il en déduisit que les mots qu'ils avaient entendus, avaient été prononcés pour lui seul. Il prit une voix suffisamment basse pour que seul Harry puisse l'entendre et murmura sans bouger les lèvres. « Il était là. »

« Quoi ? » Harry regarda rapidement autour de lui. Severus lui attrapa le bas pour qu'il se concentre à nouveau sur lui.

« Il est parti mais il était là. »

Harry regarda Kevin et Ben et leur fit un léger sourire. « Severus ne se sentait pas très bien. C'est tout. »

« Hé, tu veux aller faire un tour ? » Demanda Kevin à Ben qui acquiesça avec vigueur.

Les deux amis se levèrent rapidement et partirent en donnant à Harry et Severus l'intimité dont ils avaient besoin. Severus le regarda et haussa un sourcil.

« Ils pensent que nous nous sommes disputés. » Expliqua Harry d'un air gêné.

Severus le considéra avec méfiance et essaya de dégager les degrés de signification que ce simple commentaire contenait. Il laissa tomber un instant plus tard et secoua légèrement la tête. Il décida qu'il était préférable de ne pas savoir et se concentra sur le problème immédiat. « Lucius était ici et m'a parlé. »

Harry le dévisagea. « De n'importe qui d'autre, ça m'aurait paru complètement insensé mais de ta part, ça ne me surprend pas. Sérieusement que veux-tu dire ? Je n'ai rien entendu. »

« J'ai dit qu'il m'avait parlé, pas à toi ou au reste du monde. » Claqua Severus. Il sentait son contrôle s'effilocher. « Je ne suis pas certain de l'endroit où il se trouvait mais il m'a parlé, à travers l'esprit, avec un sort. »

« Que voulait-il ? »

« Dire salut » Répondit Severus acerbe. Harry leva les yeux au ciel et Severus haussa simplement un sourcil. « Je suis sérieux. Je ne pense pas qu'il s'attendait à me voir ici. Il a dit qu'il souhaitait simplement passer ses salutations avant de te tuer. »

« Ah, comment ai-je pu oublier le charme légendaire des Malfoy ? » Demanda Harry, acerbe. « Et il est juste parti après ça ? »

Severus se demanda pendant une minute ce qu'il devait dire à Harry. Il décida que plus il en saurait, mieux il serait préparé. « Pas avant de me dire de ne pas être là quand tu mourras sinon il serait forcé de me tuer également. »

L'espace d'un bref instant, les yeux d'Harry reflétèrent le doute et l'incertitude. Severus le vit et chercha à l'apaiser immédiatement. « Je serai là, Harry. Je n'ai pas été si loin pour partir en courant et me cacher dès que l'occasion se présente. »

« Je sais, c'est juste... » Harry se tut.

Severus se leva et fit un mouvement en direction d'Harry. « Viens, nous ferions mieux de quitter cet endroit, maintenant que Lucius sait exactement où nous sommes. »

« Et que fait-on pour Kevin et Ben ? »

« Ils connaissent le chemin de retour. Je n'aime pas rester ici, à découvert. »

Je ne m'enfuirai pas Lucius, pas cette fois.


« Tu ne peux pas faire mieux que cette honteuse démonstration ? » Severus renifla de mépris. « J'avais espéré bien mieux de celui qui a survécu. »

« J'essaie » protesta Harry en se remettant sur ses pieds. Il se frotta l'arrière de la tête. « Ca commence à être vraiment douloureux, tu sais. »

« Peut-être la douleur te fera t'elle comprendre que tu as besoin de le faire correctement. » Rétorqua Severus, tranchant.

« Si tu me donnais simplement ma baguette... »

« Le but, que tu sembles avoir totalement oublié, de cet exercice est de ne pas utiliser ta baguette. » Je ne suis vraiment pas fait pour ça, Albus. Je vous ordonne de m'expliquer votre choix dans cet effort. « Je n'en vois pas la difficulté. Tu as été capable de me faire dormir dans le van sans l'aide de ta baguette. Ce n'est pas plus difficile que ce que tu as fait sur moi. »

« C'était différent, » Contra Harry. « Tu étais assis, détendu. Tu n'étais pas debout, face à moi, imposant et surtout tu ne me jetais pas de sort et tu ne me criais pas après en me disant de le faire correctement ! »

« Penses-tu que Lucius va se tenir là, les bras grands ouverts à attendre que tu donnes le meilleur de toi ? Ceci dit, je doute sincèrement que tu sois très efficace si cette petite leçon est une indication de tes capacités. Ce n'est pas une sorte de duel sorcier, Harry. Il ne va pas s'amuser à suivre les règles, » La patience de Severus s'en allait en courant.

Dès qu'ils étaient revenus au dortoir, Severus avait verrouillé la porte, sortit sa baguette de son sac et annoncé à Harry en terme clair qu'il allait s'entraîner à utiliser la magie sans baguette aussi longtemps qu'il lui faudrait pour comprendre comment ça fonctionne ou que Lucius les ait trouvés et qu'ils soient morts tous les deux.

Quand Harry lui avait demandé pourquoi il utilisait sa baguette alors qu'il s'entraînait à utiliser la magie sans baguette, il lui avait répondu que ce serait plus facile s'il avait au début des répliques visuelles et auditives. L'art subtil de déterminer quand un sort est lancé sans baguette pouvait être appris plus tard quand il serait capable de la pratiquer.

« Je ne m'attends pas à ce qu'il respecte les règles, » Répliqua Harry. « Mais je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est un peu excessif. »

« Tu dois être préparé à tout quand tu te retrouveras face à lui. » Essaya de lui expliquer Severus pour ce qu'il avait l'impression d'être la quinzième fois. »

« Constante vigilance » Marmonna Harry en se souvenant de sa quatrième année à Poudlard.

« Précisément. » Répondit Severus. Il fit un geste de baguette dans la direction d'Harry. « Petrificus Totalus ! »

Apparemment Harry n'avait jamais pris à cœur les paroles du faux Maugrey. Il parvint juste à étouffer un cri avant que le sort ne le frappe et que ses muscles se bloquent. Le bruit sourd que fit Harry en tombant fit grimacer Severus. Il modifia son expression en une plus approprié, de dédain. Il avança jusqu'à Harry, immobile sue le sol et lui lança un regard noir. « Tu ne peux pas sérieusement croire qu'il te préviendra quand il jettera un sort sur toi ; non ? » Incapable de dire quoi que ce soit, Harry lui rendit simplement son regard. Severus grogna d'agacement et enleva le sort d'un coup de baguette. Il fit un pas en arrière pour laisser à Harry suffisamment de place pour se relever seul.

« As-tu choisi ce sort pour avoir la méchante satisfaction de me voir tomber encore et encore. » Lui demanda Harry avec humeur.

Severus plissa les paupières. « Je peux utiliser le doloris si tu préfères. Je ne pense cependant pas que tes voisins apprécieraient d'être dérangés par tes cris alors qu'ils révisent. »

« Très bien, très bien. Tu as gagné. » Grommela Harry. « Mais nous le faisons depuis une heure maintenant et je n'ai pas réussi à en repousser un seul. Je suis simplement frustré et je pense que je commence à avoir mal à la tête. »

« Toi ? Tu te sens frustré » Parce que Severus pensait que la situation justifiée un léger excès d'émotion, Severus haussa ses deux sourcils. « As-tu une idée de ce que je ressens à te regarder rater un simple sort de déviation que quelqu'un de ta force magique devrait réussir sans difficulté ? »

« Je ne raterai pas si j'avais ma baguette ! »

« Un point dont nous avons déjà parlé. La dépendance à une baguette ou à un quelconque objet magique ne servira qu'à faire de toi une cible facile quand tu en auras besoin. »

Harry le regarda sceptique. « La chance de perdre ma baguette pendant un combat est6 »

« Relativement importante. » L'interrompit Severus en parlant au6dessus de lui. « Combien de fois as-tu désarmé un autre avec expelliarimus ? La dernière fois que j'ai vérifié, ta baguette n'était pas attachée à ta main. » J'ai mal à la tête.

« Peut-être devrais-je me mettre sur le lit si tu persistes à utiliser ce sort. »Marmonna Harry dans sa barbe.

« Merveilleuse idée. Ainsi tu pourras tomber, t'ouvrir le crâne et saigner à mort sur le sol en évitant à Lucius de le faire lui-même. »

« Quoi, tu ne m'aiderais pas ? » Lui demanda Harry d'un ait contrarié.

« Je ne suis pas adepte dans l'art de guérir et de recoudre le crâne, surtout, s'il éclate comme une citrouille tombée d'un immeuble de cinq étages. » Lui signala Severus.

« Tomber du lit n'est pas tomber de cinq étages. D'autre part, me cogner la tête par terre répétitivement amène au même résultat. »

« Alors, arrête de tomber ! » S'exclama Severus exaspéré.

« Arrête de jeter ce maudit sort et je ne tomberai plus. » Cria Harry.

« Commence d'abord à le bloquer comme tu devrais le faire et ce ne sera plus un problème longtemps. Tu es censé être le sauveur du monde sorcier. Ca ne te blesserait pas d'agir comme tel au lieu d'agir comme un fou bébête incapable de sortir d'un sac en papier. » Severus grimaça avec dégoût. « Tu es plus fort que cette pathétique performance d'incompétence. Tu devrais l'être. Tu es après tout, le fils de James et Lily Potter. Que diraient-ils s'ils te voyaient maintenant ? A quel point seraient-ils déçu à ton avis ? »

Les yeux d'Harry s'illuminèrent de colère, comme Severus l'espérait. La colère, Monsieur Potter est l'un des plus grand instrument en notre possession pour briser les limites que nous nous imposons. C'est une leçon que j'ai plutôt bien apprise, et à temps. Il décida qu'il valait mieux tôt que tard et comme il voulait éviter que sa colère ne s'efface pour lui prouver qu'il en était vraiment capable, Severus fit un geste de sa baguette. « Petrificus totalus. »

Le résultat fut un peu différent de qu'il avait anticipé. Au lieu de dissiper le sort ou de le détourner avant qu'il ne l'atteigne, Harry le renvoya à Severus qui n'était pas prêt à l'éviter, ne s'y attendant absolument pas. Sacrée maudite ironie. Pensa Severus avec agacement lorsque ses muscles se tendirent et le firent vaciller. Pour accentuer son agacement, il se tenait trop près du mur quand il fut touché par le sort et il réussit à s'ouvrir le front sur la plainte du mur. Maintenant j'ai encore plus mal à la tête et une charmante vue du sol.

Severus savait qu'Harry le regardait. Il ne doutait pas qu'il avait cette stupide expression ébahie qu'il avait commencé à associer avec Harry incapable de croire à ce qui arrive. Arrête de me regarder la bouche grande ouverte comme un idiot et retire ce maudit sort. Un instant plus tard, Severus entendit des pas rapides s'approcher de lui, et il entendit un inquiet, « Severus ? Tu vas bien ? »

Il sentit Harry s'accroupir à ses côtés. Le jeune homme essayait de le déplacer pour le mettre dans une position plus confortable. « Severus ? »

Combien de fois a-t-il fini de cette façon l'heure passée ? Et il ne semble pourtant pas se souvenir qu'il m'est impossible de parler dans cet état. Peut-être a-t-il raison ! Se cogner la tête ainsi lui a peut-être causé des dommages permanents. Severus lui aurait fait une grimace s'il en avait été capable, surtout maintenant qu'il sentait quelque chose dégouliner le long de son visage, près de ses yeux.

« Oh, merde, tu saigne ! » S'exclama Harry après être parvenu à le retourner pour qu'il soit allongé sur le dos.

C'est tout bonnement surprenant à quel point il est facile de se déchirer la peau en tombant sur une pointe de bois, n'est ce pas, Monsieur Potter ? Est-ce que les surprises cesseront un jour ?

Severus lui jeta un regard menaçant. Harry repoussa les cheveux de Severus pour avoir une meilleure vue de l'entaille. C'est compréhensible. Je me suis cogné la tête une fois et je saigne alors que tu peux te la cogner vingt fois et rester égale à toi-même. En plus de cela, je possède au moins la preuve maintenant que tu à la tête dure. Oh... Arrête de me regarder et enlève ce sortilège, espèce d'idiot !

S'il n'avait pas essayé le sort que Lucius avait utilisé sur lui pour dire à Harry comment le libérer, c'était par pur entêtement. Il avait décidé qu'à la fin de la journée, Harry serait au moins capable de voir qu'il était capable d'utiliser la magie par lui-même. Qu'il soit doué ou non n'inquiéter pas Severus. Le temps et l'expérience avaient appris à Severus que lorsqu'on possède un talent même si on ne l'a jamais appris, il peut très utile quand on en a vraiment besoin. Cependant plus Harry s'agitait autour de lui comme un poulet inquiet, plus sa patience diminuait rapidement.

Finalement soit parce qu'Harry avait vu dans les yeux de Severus la promesse d'un mort lente et incroyablement douloureuse sous la torture soit il avait éliminé toutes les autres possibilités, il parvint à enlever le sort.

« Il était sacrément temps. » Gronda Severus quand il put à nouveau contrôler ses muscles.

« Est-ce parce que tu n'aurais pas pu expliquer correctement aux autorités concernées pourquoi ton colocataire a saigné jusqu'à la mort dans ta chambre qui t'a permis de jeter le contre sort correctement ? »

« Je suis désolé, je n'ai jamais voulu te blesser. » Harry fronça les sourcils. « Tu m'as simplement mis en colère en disant toutes ces choses sur mes parents et -»

« Et ça a apparemment fonctionné. »

« Quoi ? »

Severus se releva, s'appuya contre le mur et essuya le sang qui coulait sur son front. « Se mettre en colère permet d'oublier ses doutes. Tu as prouvé que tu es capable de faire ce que je t'ai demandé. Maintenant tu sais que tu peux le faire. »

Harry eut la grâce de paraître désolé et surpris. « Alors, tu n'as jamais voulu dire que- »

« Non, » l'interrompit Severus « Je connaissais suffisamment tes parents, Harry. Peut-être pas aussi bien que Black ou Lupin, mais je connaissais suffisamment bien Lily et James pour t'assurer que depuis le temps que je te connais, il n'y a pas eu d'occasion où ils n'auraient pas été autre chose que fier de toi. »

Harry semblait sur le point soit de se mettre à pleurer soit de le serrer dans ses bas ce qui aurait été pour Severus une tentative très malvenue. Il quitta donc le mur pour se diriger vers le lit sur lequel reposait la baguette d'Harry. Il la prit et la lui rendit. « Peut-être qu'avec ta baguette tu pourrais soigner mon front. »

Harry s'éclaircit la gorge et cligna des paupières plusieurs fois avant qu'il ne soit capable de répondre. « Si tu veux, je peux essayer de le faire sans baguette. »

« Bien que j'apprécie ta bonne volonté » Reprit Severus d'une façon neutre, « Je préférerais avoir encore ma tête quand tu auras terminé. Il vaudrait mieux, considérant quelque chose de cette nature, que tu utilises les outils qui te sont familier. Peut-être que lorsque tu seras plus à l'aise dans cette pratique, nous pourrons essayer l'art délicat de la guérison. »

Quelques secondes plus tard, la coupure, le sang et le mal de tête étaient partis. Severus s'assit sur son lit et regarda Harry se tortiller. Le jeune homme semblait ne pas savoir quoi faire de lui-même. « Pourquoi ne profites-tu pas du temps pour t'entraîner davantage. »

« M'entraîner à quoi ? A tomber ? »

Severus grimaça. « Je ne pense pas que tu aies besoin de plus de pratique à cela. Tu as fait un travail phénoménal il y a quelques minutes. » Il gronda avec irritation. « Tu devrais t'entraîner à pratiquer des sorts rudimentaires. »

« Comme quoi ? »

« Attrape ! » Répondit Severus rapidement.

Une des chaussure d'Harry qui reposait tranquillement près du placard, se retrouva soudain dans les airs, et se dirigea droit sur la tête d'Harry. Avec un gloussement inélégant, Harry l'esquiva et d'un geste de la main, dévia la chaussure. Malheureusement elle prit une nouvelle direction : la fenêtre. A la suite de cela, des bruits de verres brisés et de protestation « Ouw ! » Se firent entendre.

« Oh, merde » Marmonna Harry. Il se leva et se dépêcha d'aller regarder par la fenêtre.

Severus s'empêcha de sourire satisfait. Il se leva et se dirigea tranquillement mais avec curiosité vers la fenêtre. « Je ne crois pas que jeter des chaussures par la fenêtre soit un comportement acceptable, Monsieur Potter. »

« C'est de ta faute ! Bon sang, qu'est-ce qui t'a pris de lancer une chaussure sur moi ? » Harry le regarda. « Je sais sacrément bien que Lucius ne va pas faire cela ! »

Severus se pencha par-dessus l'épaule d'Harry pour regarder dehors. Il ressentit aussi une inexplicable conscience de lui-même. Pour marquer son semi-embarras envers Harry qui avait réussi à le mettre hors d'usage grâce à un sort, il se concentra sur la scène se déroulant en bas.

Un groupe de personnes s'était rassemblé autour du jeune homme tenant la chaussure. Il se frotta la tête. « Tu devrais probablement faire quelque chose. » Sa voix suintait d'une fausse innocence.

« Et que suis-je censé faire maintenant ? » Lui demanda Harry en faisant un geste en direction de la scène. « Tous ces gens ont vu ce qui s'est passé ! »

« Ils ne vont pas rester là toute la journée. Tu dois apprendre à être patient. »

« Moi ! Tu es difficilement le parangon de la patience » Répliqua Harry avec colère.

« Regarde là. » Severus ignora complètement Harry. « La foule a déjà commencé à se disperser maintenant que la pluie de chaussures est terminée. Une fois la victime est seule...Là. Fais venir la chaussure. »

Harry le regarda d'un air incertain puis haussa les épaules et mit une main dehors. « Accio chaussure. »

Il y eut un cri de surprise au moment où la chaussure apparut dans la main de Harry. Quand Severus lui désigna silencieusement la fenêtre, Harry leva sa baguette, hésita, la baissa et regarda fixement la vitre cassée pendant ce qui lui sembla être une éternité avant qu'elle ne se répare d'elle-même.

« Apparemment, c'était une mauvaise idée. » Remarqua Severus, acerbe, quand Harry eut fini de réparer la vitre. Son ton indiquait qu'il tenait Harry personnellement responsable de l'incident.

« Oh, ne commence pas, » Le coupa Harry en l'avertissant. « Toi et moi savons tous les deux que tout ceci est de ta faute. »

Severus renifla son incrédulité en guise de réponse. Il peut le faire quand il le doit. C'est quelque chose en tout cas. Il s'assit à nouveau sur son lit et repensa aux évènements de la journée. Je me suis souvent demandé combien de temps ça allait durer Lucius. Je dois dire que je commençais à être fatigué d'attendre. J'ai toujours aimé les confrontations. »

« Severus ? » Lui demanda Harry avec hésitation. « Est-ce que je peux te poser une question ? »

« Je crois que tu l'as déjà fait. » Reprit Severus en plaisantant. Il se détacha de ses pensées négatives.

« C'est trop demandé. » Commença Harry. Severus l'invita au silence avec impatience.

« Pose ta question et qu'on en finisse. » Quand Harry le regarda en ayant toujours l'air mal à l'aise, Severus ajouta, « si c'est trop personnel, je te le dirai. A moins que tu ne le demandes, nous ne le saurons ni l'un ni l'autre. »

Harry acquiesça ; « D'accord. C'est à propos de ce que tu as dit tout à l'heure quand tu discutais avec Ben et Kevin... »

Severus attendit un moment après qu'Harry se soit tu. Quand il devint évident qu'Harry attendait qu'il extrapole la question qu'il voulait poser avec si peu d'information, Severus soupira. « Qu'est ce qu'il y a ? La télépathie ne fait pas encore partie de mes capacités extraordinaires. »

« Tu parlais de Lucius, non ? »

Le pouvoir de ton raisonnement de déduction ne cessera jamais de me surprendre. « Oui. »

« Que s'est t'il passé ? »

Peut-être qu'il m'aurait été plus facile de te répondre si tu ne m'avais pas demandé ce qu'il s'est passé, mais ce qu'il ne s'est pas passé.

« Les enfants sont bizarres, non ? »Demanda Severus d'un air las. L'étrange question prit Harry de court. « Ils ont une vision très claire des choses et les parents ne placent aucune validité dans ce qu'ils disent. La connaissance qu'ils possèdent en tant qu'enfant est perdue quand ils entrent dans l'âge adulte et avec eux, notre croyance que de telles jeunes créatures peuvent réellement comprendre le monde, mais la vérité est qu'ils le peuvent.

« Leur vision est tempérée par l'espoir et l'optimisme. Mais en dehors de ces illusions qui les aident à gérer les horreurs de la réalité, la vérité est là. Et il y a toujours un marginal qui voit la vérité et l'accepte. Celui-ci garde, au plus profond de son esprit, un petit espoir qu'un jour on lui prouvera que tout n'est pas aussi noir et lugubre qu'il ne le parait. Le problème s'aggrave si le marginal trouve celui qui croit être capable de rendre tout meilleur. Et inévitablement le jour vient toujours où l'espoir est tué et où tous les rêves se révèlent être les mensonges qu'ils ont toujours été. »