Chapitre 12 : Ne pas demander pourquoi
« Introduction Amicale, mes fesses ! » Harry grogna de frustration et ferma violemment son livre avec dégoût. Severus haussa un sourcil. « Je comprends difficilement comment fermer le livre va t'aider à faire tes exercices. »
« Je peux très bien le laisser fermer, pour le bien que ça me fait. » Grommela Harry en bombardant son livre du regard.
Apparemment l'Introduction Amicale aux Mathématiques Logiques n'est pas aussi amicale que l'auteur voudrait le faire croire, pensa Severus avec amusement. Il concentra chaque once de sa très grande puissance de volonté pour s'empêcher de lui annoncer d'un air suffisant que non seulement il avait fini ses exercices mais qu'en plus, ils étaient justes. « Qu'est ce qui te pose problème exactement ? »
« Tout. » Répondit Harry, peu coopératif. Il ouvrit son livre et lui désigna un problème. « Que dis-tu de celui là, je ne comprends même pas de quoi il parle : Montrer que le gribouillis bizarre 'a' et que celui arrière 'e', et x entre parenthèse… »
Severus leva une main pour le faire taire et secoua lentement la tête. « Un peu plus de précision et un peu moins de 'gribouillis'. »
« Je ne sais pas comment ça s'appelle ! » S'exclama Harry. « C'est là le problème. Ce livre n'explique rien. Il balance un groupe de symboles complètement dingues sur une page et nous demande vaguement de prouver quelque chose qu'ils n'ont même pas de défini. Comment suis-je censé clarifier cela ? Je regrette qu'on ne soit plus sur l'autre livre. Au moins Faux Raisonnements et Raisonnement Inducteur était compréhensible au lieu de ce nonsense : univers qui consiste à combiner tous les nombres simples d'Ingrid Bergman et Humphrey Bogart. Quel genre de livre est-ce là ? »
« Comment vous débrouillez-vous tous les deux ? » Demanda le professeur en s'approchant de leur groupe. »
« Monsieur Parfait a fini et je n'ai encore rien fait. » Se plaignit Harry.
« Qu'est-ce qui vous problèmes ? »
« Tout ! »
Severus leva les yeux au ciel. Faites confiance à Potter pour avoir des difficultés avec la logique.
« Regardez, tout ce que vous avez besoin de faire et de revenir en arrière, relisez la définition, ici, et appliquez-la au… »
Harry l'interrompit. « Mais la définition ne veut rien dire, docteur Hubble. »
Hubble grogna et retourna au tableau. « D'accord, écoutez-moi. Qui a des difficultés à comprendre la définition ? »
Des mains se levèrent dans toute la classe. Quand Harry regarda Severus d'un air « je te l'avais bien dit », Severus renifla de dégoût. Et maintenant commence une autre heure de fastidieuse répétition. Est-ce vraiment si difficile pour ces fous de comprendre un concept aussi simple ? Apparemment c'était incroyablement difficile. Severus s'appuya contre le dossier de sa chaise, croisa les bras sur sa poitrine et ferma les yeux. Si je ne peux rien faire d'autre, je peux peut-être rattraper un peu de sommeil.
Quelques minutes s'écoulèrent et Severus sombra dans un sommeil léger. Le murmure de la voix du professeur l'aidait à s'endormir. Quand son bras se mit à le démanger, son esprit somnolant n'y prêta pas attention. Qu'est-ce que j'ai fait ? Avoir un tatouage aussi désagréable me cause…Il ouvrit les yeux brusquement. Lucius ! Un rapide coup d'œil vers le couloir lui montra qu'il était vide. Il se tourna vers la fenêtre et se retrouva face à Harry.
« Severus ? Est-ce que tout va bien ? »
Le temps semblait s'être arrêté comme il regardait dans les yeux d'Harry. Sors d'ici ! Criait son esprit à lui-même ou à Harry, ça n'avait pas d'importance. Tout ce qui comptait était de bouger, maintenant. L'instant passa, le temps reprit son cours. Severus se leva de sa chaise et tira Harry hors de la sienne. Soudain un grondement sourd alla du sol jusqu'à eux. Le pouvoir s'engouffra et les fenêtres éclatèrent. Severus attira Harry sur le sol et se jeta au-dessus de lui. Severus fut vaguement conscient des cris des autres étudiants. Le sol trembla sous eux comme s'il y avait un tremblement de terre sous le bâtiment.
Le bruit et les secousses semblèrent durer indéfiniment et finalement quand le sol se stabilisa le grondement fut remplacé par la sonnerie stridente de l'alarme. Severus leva la tête prudemment, s'attendant à moitié à voir le plafond lui tomber sur la tête. Tout autour de lui, les étudiants se relevaient doucement. Quelques-uns étaient blessés, beaucoup pleuraient. Hubble se remit sur pied et essayait à parler à la classe. Cependant à cause de l'alarme et du bruit que faisaient les étudiants, il était impossible à Severus d'entendre ce qu'il essayait de dire. Il étudia rapidement la pièce et sut instinctivement que Lucius n'était pas là mais quelque part dans le bâtiment.
Il décida qu'ils n'avaient rien à craindre pour le moment. Il regarda Harry allongé sous lui qui regardait Severus d'un air horrifié.
« Est-ce que tu vas bien ? » Lui demanda Severus. Il craignit un instant qu'Harry ait été blessé.
« Quoi ? » Hurla Harry. « Je ne t'entends pas. Tout ce bruit ! » Il fit un geste vague de la main et frappa presque au passage le visage de Severus.
Severus prit un air renfrogné et se pencha en avant. « Est-ce que tu vas bien ? As-tu été blessé ? » Demanda t'il. Ses lèves effleurèrent le haut de l'oreille d'Harry.
« Non, je vais bien. Qu'est ce qui s'est passé ? » Hurla Harry dans l'oreille de Severus.
Severus grimaça et se détacha de lui en attendant que ses oreilles cessent de bourdonner. « Tu n'as pas à hurler, je ne suis pas encore sourd. C'était Lucius. Il est ici. Quelque part dans le bâtiment. Viens, lèves-toi, nous devons sortir d'ici. »
Il se dégagea d'Harry, se mit sur ses pieds et tendit une main au jeune homme qui la prit. Severus l'aida à se mettre debout. Il n'était pas satisfait de la réponse d'Harry sur son état de santé et le regarda avec attention.
« Arrête de te faire du souci pour moi. J'ai dit que j'allais bien. » Cria Harry au-dessus du bruit. Severus le regarda avec agacement.
« Votre sécurité est ma priorité, Monsieur Potter. Vous n'avez qu'à tolérer que je me fasse du 'souci' et d'arrêter d'agir comme un bébé. » Claqua Severus.
Pendant leur échange, Hubble avait réussi à transmettre à la classe l'ordre de sortir. Les étudiants avaient commencé à se diriger vers la porte en chancelant. Harry se rapprocha de Severus qui dut combattre son instinct qui voulait le pousser hors de son espace personnel. « Comment le savais-tu ? » Lui demanda Harry en se dressant sur la pointe des pieds pour parler à l'oreille de Severus.
Ce dernier regarda autour de lui pour vérifier que personne ne s'intéressait à eux. Il releva la manche de sa chemise et lui montra la marque enflammée. « Il m'a donné un avertissement. »
« Pourquoi- »
« Allons, nous devons sortir et le trouver. » Severus le coupa. Les étudiants entassés prés de la porte étaient finalement sortis. « Nous pouvons débattre de la tendance névrotique de Lucius quand ce sera terminé. »
Le couloir était sombre. Les seules lumières qui éclairaient le couloir étaient celles des fenêtres des salles de classe. Severus savait que ce n'était pas un effet de la mince lumière ni de son imagination paranoïaque : le couloir était rempli de fumée. Feu. Nous devons sortir d'ici. Severus regarda à droite et à gauche du couloir à la recherche de l'escalier le plus proche. Combien de personnes es-tu prêt à tuer, Lucius, pour avoir Harry ? Combien de moldus qui ne connaissent rien à notre monde es-tu prêt à sacrifier pour cette aliénation ?
« Est-ce moi ou y a-t-il de la fumée ? » Demanda Harry en tirant la manche de Severus pour qu'il regarde l'endroit qu'il lui indiquait.
« C'est de la fumée. »
« Mais…Severus, tous ces gens. »La voix d'Harry était teintée d'incrédulité.
« Les vies, surtout celles de moldus, comptent vraiment très peu pour Lucius Malfoy. Tu dois comprendre Harry que Lucius ne s'occupe de personne en dehors de lui-même et de l'accomplissement de ses projets. » Lui expliqua Severus. Sa voix contenait une note de colère retenue. « Il faut espérer que personne ne soit pris dans l'explosion et que tout le monde puisse sortir du bâtiment aussi vite que possible. »
« Que faisons-nous alors ? Devons-nous le trouver ou sortir d'ici et le laisser venir à nous ? »
« Nous devons- »
« Les vies de moldus valent-elles celles de Harry Potter, Severus ? Aura-t-il le courage de venir ou me laissera-t-il les tuer ?
Severus plissa les yeux de colère. « Attends, Harry. Je crois que le choix vient de nous être enlevé des mains. »
« Quoi ? »
« Tu as toujours le choix, Severus. Et lui aussi. Ma seule question est quel choix allez-vous faire ? Viendra-t-il sauver ses pairs ou me les laissera-t-il ? L'accompagneras-tu ou vas-tu le laisser seul face à moi ? Vas-tu le suivre et mourir avec lui ?
Je ne vois pas le choix que tu m'offres Lucius. Pensa Severus quand sa présence s'effaça de sa conscience. Mais je me demande si je m'attendais vraiment autre chose de ta part. Tu n'as jamais permis aux autres de faire leur propre choix. C'est le contrôle que tu désires et savoir que nous vivons selon tes désirs.
«Il essaie de nous forcer la main, Harry. » Severus le regarda dans l'obscurité. « Il a pris des otages. »
« Il t'a à nouveau parlé ? » Demanda Harry en cherchant des yeux le visage pale de Severus.
« Oui, en menaçant la vie de tes camarades de classe, il espère t'attirer là où il se cache. »
« Des gens bien, les Malfoy. » Marmonna Harry. « Bien comme nous n'avons pas le choix, quel chemin prenons-nous ? »
Severus hésita. Sa première tentation après tout ce qui s'était passé était de chasser Lucius et de le tuer. Pour pratiquer à nouveau la magie noire, pour avoir chercher à prendre la place de Voldemort, pour avoir menacé de faire du mal à Harry et l'avoir forcé à jouer les gardiens, pour tout ce qui s'était passé entre eux dans le passé, Severus savait qu'il valait mieux que Lucius meure. C'était plus facile et c'était plus sûr ainsi. Mais tout au fond de lui, sous la colère, sous la haine et la douleur, il y avait encore un enfant qui se souvenait de la première fois qu'il avait rencontré son meilleur et son seul ami. C'était ce garçon et ces souvenirs qu'il tenait dans sa main. Ce fut plus par respect pour l'enfant que pour l'homme qu'il décida d'essayer de capturer Lucius si c'était possible et de ne tuer son ancien ami que si c'était vraiment nécessaire pour sauver la vie de Harry. C'était, il le croyait, le moins qu'il pouvait faire, toutes choses considérées.
A la fin, il avait un plan, un plan truffé de problème, mais un qui avait une chance de tous les sauver. Ca peut marcher. S'il y a une chose prévisible dans la personnalité de Lucius c'est cette habitude de croire ce qu'il veut croire. Et c'est vraiment tout ce que nous avons. Il se prépara mentalement, se tourna vers Harry et lui fit un geste de la main pour l'inciter à se rapprocher, ce que fit Harry avec un peu de suspicion.
« J'ai l'impression que tu vas dire quelque chose que je ne vais pas apprécier. » Prédit Harry.
Des yeux noirs cherchèrent des yeux verts. « Me fais-tu confiance ? »
Harry siffla nerveusement. « Je déteste cette question. Vraiment. »
« Je suis sérieux. » Severus soupira et se rapprocha de l'oreille d'Harry pour murmurer. « J'ai un plan. Il n'est pas parfait mais ce n'est pas comme si nous avions beaucoup de temps pour le travailler. J'ai besoin que tu me fasses confiance. Je ne te laisse pas vraiment seul face à lui. » Severus se redressa et le regarda en attendant sa réponse. Harry le scruta.
« Oui. » Dit finalement Harry. Il lui fit un petit sourire. « Je te fais confiance. Je pensais que tu le savais déjà. »
Le soulagement qu'il ressentit à cette simple déclaration le surpris. « Je vais devoir te laisser maintenant. J'ai toute confiance en tes capacités pour le trouver si c'est ce que tu veux faire ? »
Harry acquiesça. « Je n'ai pas d'autres options. Mais le bâtiment est en feu et je n'ai pas beaucoup de temps. »
Severus secoua la tête. « Lucius n'est pas aussi fou qu'il paraît parfois. Soit il contient le feu quelque part, soit il ne peut pas l'atteindre, soit il le contrôle et le feu n'ira pas jusqu'à lui. »
« Donc, je cherche le feu, c'est ça ? C'est un grand bâtiment, Severus. Comment suis-je censé le trouver dans le noir et la fumée ? »
« Ton instinct te guidera. Et tu dois le suivre. » Severus s'arrêta et regarda Harry. S'il vous plait faites que ce ne soit pas une erreur. S'il vous plait ne me laisser pas échouer à nouveau. « Si le reste échoue, suis les cris. »
Sur ces mots, Severus transplana et laissa Harry seul dans l'obscurité.
« Suivre mon instinct, hein ? » Demanda Harry au vide en face de lui. « Et qu'est-ce que je fais si mon instinct me dit d'oublier Lucius et de partir d'ici ? »Il n'y eut pas de réponse. Il soupira. Merci beaucoup Snape. Partir et me laisser m'occuper de cela. La moindre des choses aurait été de me dire où aller. Il savait qu'il n'était pas charitable mais si l'on considérait son humeur, il n'en avait rien à faire. Il regarda autour de lui et essaya de déterminer quel chemin prendre. Tous les chemins étaient semblables : noirs et emplis de fumée. Harry était sur le point d'abandonner et d'avancer quand il entendit crier sur sa gauche. « Je suppose qu'on peut qualifier cela de cris. » Marmonna t'il.
Il avança dans le couloir enfumé, prit son sac à dos et en sortit sa baguette. Je suis content que tu m'aies harcelé pour que je la prenne avec moi. Peu de temps après que Lucius ait parlé à Severus dans le parc, ce dernier avait exigé qu'il emporte sa baguette avec lui partout où il allait. A ce moment là, Harry ne trouvait pas cela nécessaire et ne voulait pas avoir à expliquer à ses camarades de classe pourquoi il se baladait avec un morceau de bois. Mais Severus n'avait pas fléchi. Et, trois jours après, il marchait dans un couloir dans lequel un sorcier aliéné avait mis le feu. Harry ne put faire autrement que remercier de Snape d'être si paranoïaque.
Que fais-tu Severus ? Il savait qu'il allait revenir mais ne parvenait pas à faire taire la petite voix qui lui assurait depuis que Severus avait transplané qu'il avait accepté l'offre de Lucius et s'était enfui. Harry souhaitait presque qu'il ne revienne pas, même s'il refusait d'explorer de trop près les raisons qui le poussaient à vouloir protéger Severus de tout ce qui pourrait se passer avec Lucius.
Tu t'en inquièteras plus tard. S'ordonna-t-il. Pour l'instant, concentre-toi sur ce que tu dois faire. Souviens-toi que d'autres vies dépendent de toi et que tu dois te dépêcher de trouver Lucius, avant qu'il ne les tue. Plus il avançait plus la fumée devenait épaisse. Il dut s'arrêter, pris d'une quinte de toux et essaya de se couvrir le nez et la bouche avec la manche de sa chemise pour mieux respirer. Une fois la crise terminée, il reprit son chemin. Les minutes s'écoulaient alors qu'il marchait seul dans le noir. Le couloir était désert. Ils ont dû faire sortir tout le monde. Les pompiers sont sûrement en route.
Il lui aurait été facile d'oublier que le bâtiment était en feu, si la fumée n'avait pas été si épaisse, presque tangible. Mais Harry n'avait pas encore vu la moindre flamme. A-t-il vraiment mit le feu ou a-t-il juste enfumé le bâtiment ? Nous ne sommes même pas certains de ce qu'il a fait. Et qu'est ce que je fais, s'il veut en fait m'attirer hors du bâtiment ? Il s'arrêta, incertain de ce qu'il devait faire. Maudis sois-tu Severus, tu me serais vraiment utile maintenant. Mon instinct est dans le brouillard.
Il resta là un moment à se demander ce qu'il devait faire. Il décida finalement de trouver l'escalier le plus proche et de descendre. Mourir d'inhalation n'aidera personne. Il ne lui fallut pas longtemps pour en trouver un et descendre. C'est en passant devant la porte du troisième étage, qu'il sentit ses cheveux se dresser sur la tête. Il s'arrêta immédiatement. Il est à cet étage. Avant qu'il ne puisse réellement réfléchir à ce qu'il faisait, il ouvrit la porte et entra dans le couloir. Il sentit un picotement dans sa cicatrice quand il passa devant la porte du théâtre.
Il est ici. Harry hésita et regarda fixement la porte. Et maintenant, vient la partie dans laquelle je saurais si je vais vivre ou mourir aujourd'hui. Pensa-t-il. Il se sentit soudainement très frustré. Je suis fatigué de cela. Je veux juste être comme tout le monde, avoir une vie qui ne soit pas composée de peur et de mort. Je ne veux plus faire cela. Plus de combat, plus de mort. Plus de douleur. Il n'y avait pas d'autres alternatives et il le savait. Cela ne rendait pas sa prochaine action plus facile.
Plus tôt ça commencera, plus tôt ça se terminera, quelque soit le résultat, se dit Harry en enlevant son sac à dos. Il le laissa à côté de la porte en espérant pouvoir venir le chercher et le reprendre plus tard. Harry serra sa baguette dans sa main et ouvrit la porte suffisamment pour pouvoir se faufiler à l'intérieur.
Harry ferma silencieusement la porte derrière lui et avança furtivement en observant la pièce. Au lieu de l'obscurité à laquelle il s'attendait, il n'y avait pas de fenêtre dans le théâtre, il fut surpris de constater que Lucius avait conjuré quelques torches pour lui fournir un peu de lumière. Dans la lumière vacillante, il vit un groupe de personnes assis sur les sièges. Les otages, réalisa-t-il. Une inspection plus approfondie lui révéla ce qu'un simple coup d'œil lui avait caché : aucune de ces personnes ne bougeait ni ne parlait. C'était comme si le théâtre était empli de statues. Il regarda devant et vit un homme grand aux cheveux clairs faire les cents pas. Ses robes claquaient derrière lui. Même s'il ne l'avait pas vu depuis des années, il reconnut facilement Lucius Malfoy. Plus que les robes et les traits de son visage, c'était son aura de pouvoir et d'arrogance qu'il projetait autour de lui qui le rendait si reconnaissable. Comme s'il se savait observé, Lucius s'arrêta de marcher et se retourna pour regarder vers le fond du théâtre. Ses yeux froids se verrouillèrent dans ceux d'Harry. « Enfin, je commençais à me demander si je devais te dessiner une carte. »
Harry ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais s'arrêta quand Lucius regarda ailleurs et fit le tour de la pièce des yeux. « Alors, » Harry l'entendit murmurer, « peut-être n'est-il pas trop tard, après tout. »
Une part d'Harry fut curieuse de savoir de quoi il parlait mais son inquiétude pour les otages prit le dessus. « Aviez vous vraiment besoin d'avoir recours à des otages ? » Lui demanda Harry en faisant un pas en avant.
« Tu es un griffondor. » Renifla Lucius. « Faire pendre des otages devant toi, te fais courir. »
« Je suis ici maintenant. Vous pouvez les libérer du sort sous lequel vous les avez emprisonnés et les laisser partir. »
« Les laisser partir ? » Lucius sembla vraiment confus par la déclaration d'Harry. « Je ne vois pas pourquoi je ferai une chose pareille. »
« Etes-vous fou ? » Harry le dévisagea sous le choc. Même Voldemort n'avait pas montré autant de mépris envers la règle qui interdit aux sorciers de révéler aux moldus l'existence du monde sorcier. « Le danger pour le monde sorcier s'ils sont témoins de ce dont nous sommes capables- »
Le rire froid de Lucius coupa Harry. « Tu es plus fou que je ne l'aurais cru. Dis-moi, as-tu vraiment pensé que je les avais utilisés pour t'attirer ici et que je les aurais relâchés dès que j'en aurais terminé avec toi ? Ce sont des moldus. » Lucius prononça ce nom comme s'il était le mot le plus offensant de son existence. « Pathétique, sales, faibles moldus. Et l'ironie est qu'ils sont libres. Nous, les humains les plus puissants de la planète devons vivre dans l'ombre et nous cacher derrière des charmes de dissimulation pendant que ces misérables marchent librement. Ils devraient trembler devant nous. Ils devraient vivre cachés, faire attention à tous leurs mouvements pour ne pas attirer notre attention. Pas nous. »
« Mais c'est ainsi qu'il en est. » Argumenta Harry. Il s'arrêta au milieu du bas côté. Continue à lui parler jusqu'à ce que Severus arrive. « Le monde moldu est plus grand que celui des sorciers. Tu ne peux pas changer cela ! »
« Je ne suis pas Voldemort et je ne me contenterais pas de dominer le monde sorcier. » Reprit Lucius. « Je vais remodeler ce monde et quand j'aurais terminé nous aurons notre propre place. Ce monde sera à nous et les moldus, ceux qui resteront quand je les aurais tous tués, ne seront rien de plus que les esclaves qu'ils devraient déjà être. »
« Tu ne peux pas tuer des millions de personnes ! »
Lucius eut un sourire noir. « Après t'avoir tué, je pourrai faire ce que je veux. L'espoir des adorateurs de moldus sera mort avec toi et ils verront qu'ils n'auront pas d'autre choix que de me rejoindre ou de mourir. La différence est minime pour moi. Quelque soit leur choix, je gagne. »
Harry le regarda avec des yeux noirs. « Vous avez tout basé sur ma mort ? » Demanda-t-il à Lucius, incrédule. « C'est un peu arrogant, ne trouvez-vous pas ? Ne vous êtes-vous pas demandé si vous ne seriez pas celui qui mourra aujourd'hui ? »
Lucius secoua la tête, il gloussait. Quand son instant d'amusement prit fin, Lucius reprit son sérieux et il y eut soudain une baguette dans sa main. Avant que Harry ne puisse réagir, il fit un geste presque négligent dans sa direction.
C'était arrivé si vite qu'il fut incapable de savoir ce qui s'était passé. Une minute il était debout au milieu du couloir, la seconde suivante, il s'effondrait contre le mur au fond du théâtre, si fort que le souffle lui manqua. Sa main devenue soudain nerveuse, lâcha la baguette. Il se battit pour surmonter la vague de nausée qui le traversa quand sa tête frappa le mur. Il essaya de rester concentré. Quelque chose ne va pas…Je ne peux pas bouger, pensa Harry. Il réalisa qu'il était épinglé contre le mur, soutenu par un sort lancé par Lucius, incapable de bouger ni ses bras ni ses jambes. Quand sa vision s'éclaircit, il vit Lucius venir vers lui et s'arrêter pour faire venir la baguette d'Harry à lui.
Severus où es-tu ? Pensa Harry désespérément quand Lucius le regarda avec réflexion. Un peu d'aide me serait utile ici. Lucius continua à le regarder fixement, sans rien faire d'autre, jusqu'à ce qu'Harry en eut assez. « Eh bien ? Je croyais que vous vouliez me tuer, pas me dévisager ? » Bravo Harry. Guide le dingue pour qu'il te tue. Merveilleux plan.
« Je t'assure que je vais te tuer. » Lucius plissa les yeux. « Cependant il y a un autre sujet que je voudrais aborder avec toi. Il y a des actes Harry Potter, qui sont impardonnables. Et pour ces transgressions, il n'y a qu'une punition appropriée. »
Harry le dévisagea avec une grande perplexité. Lucius leva sa baguette. Il ne comprenait pas de quoi Lucius parlait mais savait que ça ne présageait rien de bon. Des actes impardonnables ? Quel est son problème ? Je ne lui ai rien fait ! Le train de ses pensées dérailla brutalement. Lucius sourit et siffla. « Endoloris ! »
Je ne crierai pas. Harry pensa avec défi quand le sort le frappa. Je ne lui donnerai pas cette satisfaction. Aucune autre pensée ne fut possible après cela. L'agonie déferla sur lui. Il était tenu immobile contre le mur par le sort de Lucius. Il n'y avait pas d'échappatoire. Au-dessus de l'intense douleur, on pouvait entendre des cris. Il eut à peine conscience que ces cris lui appartenaient. Sa résistance avait été brisée presque immédiatement. Il lui semblait que la douleur durerait éternellement, qu'il n'y avait pas d'autre monde en dehors de celle de la douleur, comme s'il n'y avait jamais rien eu d'autre.
Harry n'entendit pas « Expelliarmus ! » Lancé de devant le théâtre, ni ne vit la baguette s'envoler des mains de Lucius. Il ne fut conscient que d'une seule chose : l'arrêt soudain de la douleur. Il se sentit complètement vidé et laissa sa tête retomber contre le mur. Il prit une série de profondes inspirations et se força ensuite à ouvrir les yeux qu'il n'avait pas conscience d'avoir fermés. Il regarda autour de lui en se demandant pourquoi Lucius avait arrêté le sort. Il eut la réponse à sa question quand il vit de Severus Snape, sortir de sous sa cape d'invisibilité. Sa baguette était pointée sur Lucius qui ne s'était pas encore retourné pour lui faire face.
Severus l'a désarmé, réalisa Harry. Le soulagement se mélangea avec un sentiment de confusion. Mais pourquoi a-t-il fait ça ? Harry aurait mieux compris s'il avait fait quelque chose de plus offensif, de plus puissant qu'un simple sort de désarmement. Lucius essayait de les tuer après tout. L'épargner lui paraissait… C'est ainsi qu'agirait une personne qui ne veut pas tuer celui qui fut son ami. Harry eut un aperçu du plan dont Severus lui avait parlé avant de transplaner. C'était devenu clair. Il veut essayer de le sauver. Il ne veut pas le tuer. Et il sut, il veut donner à Lucius une chance de se sauver.
« Tu m'as déçu, Severus. » Dit Lucius en regardant Harry.
« Eloigne-toi de lui ! » Lui ordonna Severus en s'avançant vers eux.
Parce qu'il regardait Lucius droit dans les yeux, Harry vit le bref tremblement de tristesse dans les yeux du sorcier au regard gris et froid. Mais ce fut vite partit et Harry se demanda s'il ne l'avait pas imaginé. « Ah, Severus. As-tu oublié que je n'ai pas besoin de baguette pour jeter un sort ? » Gronda Lucius en tourbillonnant sur lui-même. « Impero ! »
Harry écarquilla les yeux et Severus s'arrêta brusquement. Non, ce n'est pas possible. Il ne peut pas être sous imperium. Il ne peut pas. Il est trop fort pour cela.
« Baisse ta baguette ! » Lui commanda Lucius en regardant Severus attentivement.
Allez Severus. Dis-lui d'aller au diable. Envoie le voltiger contre le mur. Je m'en fiche de ce que tu lui fais mais ne baisse pas ta baguette. Pensa désespérément Harry. Il ne put que regarder avec impuissance, Severus laisser tomber sa baguette sur le sol.
« Accio baguette. » La baguette vola jusqu'à Lucius. Harry entendit une note de triomphe dans sa voix quand il dit « Viens ici, Severus. »
Ce fut une expérience horrible pour Harry de voir Severus avancer et se placer aux côtés de Lucius. Fierté, arrogance, force, pouvoir. Tous ces traits, Harry les associait à Severus depuis la fin de son premier cours de potion à l'âge de onze ans. Et même si cela contribuait à faire de lui un insupportable salaud quand qu'il était à Poudlard, c'était aussi ce qui faisait de Severus ce qu'il était. Et maintenant le voir traîner ainsi derrière Lucius comme une poupée le rendait malade.
Je dois faire quelque chose. Je dois l'arrêter. Ne pas rester épinglé sur le mur comme un con inutile qui n'a jamais rien appris sur la magie. Harry se sentait frustré. Quelle est l'utilité d'être Harry Potter, Celui Qui A Survécu, si je ne suis même pas capable de le sauver de cela ? Si je ne peux pas briser ce stupide sort et nous sauver tous les deux ? La leçon pour apprendre la magie sans baguette aurait pu ne pas avoir lieu, pour le bien que ça lui apportait. Il l'avait utilisé de façon involontaire, une réaction de colère face à ce qu'il ressentait. Et bien qu'il soit empli d'une colère impuissante, ce n'était apparemment pas assez pour lui permettre de se servir de son pouvoir. Quel pauvre excuse pour le sauveur du monde sorcier.
Une fois que Severus eut rejoint Lucius il fut assez près d'Harry pour qu'il puisse le regarder dans les yeux. Il savait qu'il y avait peu de chance, mais il conservait l'espoir que Severus jouait la comédie. Mais maintenant qu'il regardait dans ses yeux, il ne vit rien de l'homme qu'il avait appris à connaître. Ses yeux étaient ternes et sans vie, comme des rochers noirs émoussés. On appelle ça un sort impardonnable pour une raison, claqua une voix dans sa tête. Serait-il impardonnable s'il ne fonctionnait que sur une poignée de personnes ? Il est humain, grand idiot. A quoi t'attendais-tu ?
« Tu es à moi maintenant, Severus. » Murmura Lucius en parcourant avec possessivité de ses doigts le visage de Severus. « Comprends-tu ? Ce sera comme ça aurait toujours dû l'être : nous deux dominant le monde et rien pour nous arrêter. »
« Et que fais-tu de Narcissa ? » L'interrompit soudain Harry en jetant la première objection qui lui vint à l'esprit. Je dois le distraire jusqu'à…Jusqu'à ce que je puisse trouver un moyen de sortir d'ici. Et il eut une pensée après coup, ce serait bien d'arrêter toute cette maltraitance.
Lucius se tourna vers lui légèrement surpris, comme s'il avait oublié sa présence. « Narcissa ? »
Harry prit un air renfrogné et remarqua avec dédain. « Oui. Narcissa, votre femme. Vous en avez une, vous savez. »
« Tu prouves ton ignorance sur la réalité Harry Potter si tu penses que Narcissa et moi nous nous sommes mariés sur un concept sans valeur comme l'amour. » Lucius sourit satisfait. « Je trouve que c'est vraiment pitoyable que tu ne vives pas assez longtemps pour comprendre que l'amour que l'on trouve dans les contes de fées n'existe pas, comme les parents apprennent si stupidement à leurs enfants à le croire. »
« Au moins la plupart des gens sont capables d'amour. » Lui renvoya Harry.
Lucius haussa un sourcil, une expression si semblable à celle de Snape, qu'il se demanda lequel avait copié sur l'autre. « Si ta connaissante n'est rien qu'une collection de suppositions, je te ferai une faveur en mettant fin à ta vie improductive.
Oui, oui, tu vas me tuer. Je sais, tu l'as déjà dit une centaine de fois. Maintenant tu n'as qu'à le faire, qu'on en finisse. Le fait de savoir qu'il allait être tuer pesait lourdement sur son humeur.
« L'amour est un terme coloré pour décrire un mot plus commun, la douleur. » Affirma Lucius en regardant Harry avec curiosité. « Il est évident que tu n'as aucune expérience avec cette émotion sans quoi tu le saurais déjà. »
« Et il est évident que vous êtes juste cynique et aigri. » Rétorqua Harry méchamment. « Le manque d'amour dans votre vie a apparemment fait de vous une victime. » Un débat sur l'amour juste avant de mourir. Ma mort ne peut même pas être normale.
Lucius jeta un coup d'œil à Severus qui n'avait pas bougé depuis qu'il était venu se placer à ses côtés. « J'ai tout ce dont j'ai besoin maintenant. »
Harry rit incrédule. « Oh, bravo Lucius. Oui, je parie que vous êtes fier de vous maintenant. Avoir placé Severus sous un sort impardonnable pour qu'il vous aime. »
Lucius bougea si rapidement qu'il ne le vit même pas sourciller. Le revers fut si fort que ses lunettes s'envolèrent et que sa tête frappa le mur avec assez de force pour le faire s'évanouir un instant. Quand il reprit conscience, il sentit quelque chose de mouillé couler le long de son visage. Du sang, lui offrit son cerveau sonné. Il fut à peine capable d'ouvrir les yeux.
« Ne parle pas de ce que tu ne sais pas. » Siffla Lucius avec colère avant de lui tourner le dos et de retourner auprès de Severus, qui ne fut pas affecté par la scène de violence de Lucius, d'après ce qu'Harry pu en juger. Bien sûr, il n'en était pas certain. Tout était flou sans ses lunettes.
C'était stupide. Se reprocha Harry. Vraiment stupide. Il était parfaitement conscient des conséquences qu'une telle remarque pouvait engendrer. Mais il avait continué et l'avait dit quand même. Il ne pouvait s'en empêcher : Lucius lui avait offert une telle ouverture qu'il avait été obligé d'y répondre. Que pouvait-il faire d'autre pour le défier ? Il était douloureusement évident qu'il était incapable de pratiquer la magie sans baguette, ce qui le rendait inutile face à Lucius. Harry se savait incapable d'arrêter Lucius, mais il refusait de mourir sans se battre.
« Je me fatigue de toi, Harry Potter. » Annonça Lucius en lui souriant. « Ton temps est écoulé. »
Harry regarda Severus qui ne l'avait pas encore regardé. S'il te plait…Râle et viens m'aider. Tu ne vas pas être une poupée le reste de ta vie.
« J'ai peur que cela ne t'aide pas. »Lucius observa Harry regarder aveuglément Severus. Il se tourna vers son compagnon. « Severus, il a besoin que tu le rassures. Eprouverais-tu quelque chose s'il vivait ou s'il mourait ? »
« Non. »
Harry plissa les paupières. « Et que dirait-il vraiment Lucius ? Tes volontés ne veulent rien dire »
« Ca n'a pas d'importance ce qu'il dirait s'il n'était pas sous mon contrôle. » Répondit Lucius, comme s'il parlait à un enfant incapable de comprendre quoi que ce soit. « Il sera toujours ainsi. »
« Alors vous avez enlevé tout ce qui faisait de lui Severus Snape ! Vous n'avez pas Severus, vous n'avez qu'une ombre qui ne sera jamais le Severus que vous voulez. » Argumenta Harry. Il avait décidé de ne pas abandonner et d'essayer de sauver Severus même s'il ne pouvait pas se sauver lui-même.
« Avec le temps il croira en ma vision des choses et je pourrai le libérer. Ton raisonnement ne vaut rien. »
« Et je suis sûr qu'il vous pardonnera de l'avoir placé sous un sort impardonnable. » Lança Harry vicieusement.
« Je vois que tu es encore sous la fausse impression que ton argument me fera changer d'avis. Je peux t'assurer que ce n'est pas le cas. J'ai attendu trop longtemps et trop investi dans ceci. Et personne, pas même le célèbre Harry Potter ne m'arrêtera » Gronda Lucius. « Maintenant Potter, réconcilie-toi avec les dieux auxquels tu crois. » L'objet flou que Lucius pointa sur lui ne pouvait être qu'une baguette.
Pardonne-moi Severus. Harry fixait des yeux l'homme qu'il avait détesté pendant sept ans de sa vie. J'ai essayé de te sauver. Je suis désolé Severus. Pour tout.
« Avada -» Commença Lucius avec triomphe.
« Kedavra » vint dans un sifflement la voix de Severus.
Le monde se dissout dans une lumière verte et Harry sombra dans le noir.
