The reason.
Chapitre 2 :
Tout le monde a des secrets. J'en ai, Maria en a. C'est normal d'en avoir. Mais parfois ces secrets dépassent tout ce que vous aviez pu imaginé. Prenez quelqu'un comme Max Evans. Il est calme, attentif, populaire –ce n'est pas forcément une bonne chose- plutôt normal comme garçon. Excepté le fait qu'il a l'air d'être tout droit sorti d'une période de l'histoire nommée : l'Antiquité.
Pourquoi je dis ça ? Ça m'ennuie mais il est bâti comme un Dieu grec.
(J'ai rien dit, ce n'est pas moi).
Pourtant ce garçon aux allures communes cachait depuis des années une lourde, bien lourde responsabilité. Et moi, petite provinciale anodine, j'ai tout découvert...
- Alors, tu comptes prendre beaucoup d'affaire pour partir ? demande Maria
Qu'est ce qu'elle veut que je prenne de plus que trois paires de chaussettes, des sous vêtements et des vêtements propres. On va camper en forêt, pas en vacances au club med.
- Pas tant que ça, non.
- Et tu vas partager ta tente avec Michael et Max.
Stop ! Arrêt sur image. On ne m'a jamais dit qu'il s'agirait de partager les tentes. J'exige de dormir seule avec moi-même. Pourquoi diable ai-je craqué ? J'ai même promis à Maria de ne pas joué la malade imaginaire...
- Salut Liz.
- Salut.
Non. En trois semaines, il y a des choses qui ne changent pas. Je vous ai déjà dit que j'adorais Kyle ? Jamais ? Très bien. Ce n'est pas le cas.
- Tu sais, j'ai repensé à cette histoire de ciné et...
- Ce week-end, je te rappelle que nous partons camper.
Il me regarde fixement. Non mais franchement, si j'ai quelque chose sur le nez il faut me le dire.
- Oui, juste.
Waow. Une phrase de plus de trois mots suffit à le caller comme ça... C'est bon à savoir. J'en profite pour filer en biologie. Devinez qui sont en train de se bécoter ? Si vous pensiez que c'était Max et Tess, c'est raté. Non, leur endroit préféré pour se bécoter – ou plutôt, pour qu'elle le bécote- c'est le crashdown. Oui, c'est bien là où je travaille. Et presque tous les soirs j'ai droit à du porno gratuit. C'est vrai j'exagère. Max sait mettre de limites.
Revenons en au couple qui se bécote. Je crois que la fille s'appelle Joey. Pour ce qui est du garçon...
Si seulement j'avais une vie sociale ! Je suis incapable de me souvenir des noms des personnes de ma classe ! Encore une chose que je déteste.
- Bien.
Ça, c'est la prof qui vient d'entrer. Elle va encore passer une heure à nous expliquer la différence entre l'ADN et l'ARN. Qui ne sait pas ça ?...
- Pour notre prochaine expérience, je vais vous placer par équipe. Ce travail comptera pour la moitié des points de fin d'année.
Ils se sont passé le mot ou quoi ? Ils ne pourraient avoir pitié de nous pour une fois. Ouais, c'est vrai. S'ils nous faisaient plaisir ce ne seraient pas des professeurs.
- Quand je citerai votre nom, vous irez vous placer aux coté de votre partenaire.
Je le sens. Je vais travailler avec Max. Comment je sens ça ? C'est comme pour le camping ! Intuition féminine. Je vais mourir...
- Potter avec Walker. De Luca avec Guérin...
Je ne serai pas la seule au moins.
- Evans, Max Evans avec...
Tess Harding, Tess Harding. Juste pour rire un peu. Les Barbies n'aiment pas la biologie.
- Valenti.
Tiens, tiens... Ceci pourrait être intéressant.
- Isabel Evans avec Pam Troy.
Ça va être magique ce cours. Mettez moi avec Alex. Whitman. Whitman. Parker avec Withman.
- Parker avec...
Whitman. Pitié d'une pauvre fille. J'en ai besoin.
- Harding.
Mais qu'est ce que j'ai fais au seigneur pour qu'il m'en veuille à ce point ! Voilà la poupée qui me fait un sourire forcé. Et le pauvre petit Alex qui travaille avec une pimbêche de pom-pom girls... Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. Il n'a pourtant pas mérité ça. Nous n'avons pas mérité ça. Ça y est, c'est partit. Une heure de cours à se coltiner Barbie.
- Maintenant, tu rajoutes du sodium. Une très petite dose. Plus pourrait tout faire exploser...
- Ouais, ouais.
Est-ce qu'elle m'écoute au moins quand je lui parle ?
- Tu comptes le faire un jour ou tu vas me laisser faire tout moi-même ?
- Ouais, ouais.
Ça répond à ma question. Non mais pour qui elle se prend.
- Tess ?
Elle relève vaguement la tête. C'est un fait, elle n'a pas l'habitude de me voir l'appeler comme ça. Je m'en serais d'ailleurs passé aussi.
- Alors. Ecoute moi bien. Je vais essayer de faire simple. Si tu ne mets pas ce sodium dans ce tube à essai je te jure que je vais pourrir ta vie de mon mieux en commençant par te faire rater ce devoir. Tu ne voudrais doubler et te retrouver loin de ton Maxi chéri.
C'est comme ça que ça se passe quand Ken n'est pas là pour la protéger. Elle m'a légèrement regardée. Elle a fait la fille qui en avait rien à faire. Il reste néanmoins qu'elle l'a mis le sodium dans ce tube à essai. Liz : 1 Barbie : 0
En parlant de Ken, Max a très vite été mis au courant. Il a même pris la peine de venir me parler. Remarquable ! Car les seuls mots qu'il me dit habituellement sont : « un amour d'alien et un cherry coke s'il te plait ».
- Liz.
Au moins il connaît mon nom. Je dois être la seule fille du lycée à ne pas retenir les noms de mes comparses de classe.
- Je peux te parler.
Les téléphones ça existe !
- Oui.
Qu'est ce que c'est que ça ? A lui non plus je ne suis pas fichue de répondre une phrase de plus de trois mots. Où est passée ma répartie ?
- J'ai entendu parler... de ce que tu as dit à Tess.
- Et...
Je n'ai définitivement plus de répartie... ça y est. Je meurs...
- Ça ne me plait pas beaucoup que... que vous travaillez ensemble. Et moi... Kyle... enfin, je veux dire... pas ce que j'aurais voulu... et...
Et en français ?
- Tu pourrais te montrer plus précis, s'il te plait. Ce serait sympathique de ta part.
- Je dois y aller.
C'est vraiment un bon truc de faire des phrases de plus de trois mots. Ça les fait fuir comme la peste. S'il est aussi loquace ce week-end, je risque d'en ressortir plus indemne que je ne le pensais. Revenons en au plus important... Les secrets ! Comment ai-je découvert le secret de Max, Michael, Isabel et Tess...
- Liz, m'appela à nouveau Max.
Cette fois-ci nous sommes au crashdown et je viens de prendre mon service... Il était déjà là avant que je n'arrive et lisait un bouquin. Ken sait lire ?
- Oui. C'est moi. Qu'est ce que je te sers ?
- Et bien heu... en fait... je...
Ben c'est pas gagné ! Non. Rassurez-vous. Il a été plus bavard par la suite.
- Un amour d'alien et un cherry coke peut-être ?
- C'est ça.
Bien. Nous y voilà. C'est là que j'ai commencé à me demander ce qu'il cachait.
- Il me faudrait aussi une bouteille de tabasco. Il n'y en a plus à cette table.
C'est qu'il parle Max –popularité- Evans. D'accord, on peut manger épicé. Mais je ne suis pas stupide à ce point. Max et ses amis prennent toujours la même table, du même coté. Et c'est moi-même qui ai remis du tabasco il n'y a pas trois jours. Quel genre d'individus mange si épicé. Faut pas croire, je ne l'ai pas sortit de mon petit doigt qu'il était différent.
- Je... voilà... heu... Tess... pas là... travail...
Ça marche dans l'autre sens aussi cette con. Le voilà qui fait des phrases plus longues. Du coup, je me mets à bégayer. Je déteste être ridicule. Je me hais pour m'être rendue ridicule devant lui. Et je le hais encore plus pour être aussi simple ! C'est vrai. Il aurait pu être Max Evans, monsieur popularité, l'arrogance personnifié, l'égoïsme en personne. Mais non. Au lieu de ça, il est Max, la simplicité même, la gentillesse réincarnée.
- Tess et les autres ne viennent pas ce soir. Je suis tout seul.
Max, Max, Max. Tu te trompes de Barbie ! Les brunes sont beaucoup mieux. Non. On retire. Je n'ai jamais pensé ça. Je le hais. Je le hais vraiment.
- Alors, tu es prête pour aller camper ? Je sais que ça ne doit pas être facile pour toi de te retrouver avec moi et Michael. Je comprends tout à fait. Toi et moi...
Une seconde, « toi et moi » ?
- On n'a jamais été très proche. Je crois même qu'à une époque je te détestais.
À une époque seulement ?
- Je te détestais parce que tu arrivais à rester toi-même avec n'importe qui. Tu pouvais être toi-même. Je crois qu'en fait je t'enviais.
Il l'a préparé son discours, ce n'est pas possible. Je voulais qu'il parle c'est réussis. Là, il a bien parlé. Rebelote. Je me pose des questions. Pourquoi ne pourrait-il pas être lui-même ?
Paranoïa, mon amie te revoilà.
Je ne lui réponds pas. Je pars en cuisine. C'est pire qu'avec Kyle. Là c'est le blanc total. Je lui rapporte son plat et sa boisson. Hop, retour à la cuisine et au galop !
- Tu le fixes à nouveau !
- Maria, c'est du n'importe quoi.
Ce n'est pas parce qu'il est magnifiquement attirant, que je le regarde. Encore une fois, je n'ai rien pensé.
« Sentiments réprimés envers Max Evans ». N'importe quel psy le dirait. Je hais les psychologues... attention, dénégation.
- Liz chérie, tu veux sortir les poubelles s'il te plait.
Je déteste sortir les poubelles. Vivement le jour où je sortirai de cet enfer. Je hoche la tête. Mon père me sourit. J'attrape les deux sacs et m'en vais sortir les détritus. Il fait tout noir... ouh j'ai peur ! Je m'amuse souvent toute seule comme ça. Cependant cette fois-ci j'aurais du avoir peur...
J'ai à peine terminé de déposer les sacs dans les containers que deux mains s'emparent de moi par l'arrière. Savez-vous ce que l'on ressent lorsque la lame d'un couteau vous transperce la peau ? C'est comme si on vous déchirait de l'intérieur. La douleur est tellement intense qui vous vous demandez si vous pouvez toujours considéré cela comme de la douleur. Et soudain, vous ne voyez plus rien. Tout autour de vous, c'est noir...
Je crois que je serais morte cette nuit là, si ce jeune homme n'était pas intervenu. D'un geste de la main, mon agresseur s'est retrouvé hors d'état de nuire. Cet inconnu a posé sa main sur moi et la douleur a disparu. Je me suis promenée dans cet univers étrange, ai aperçu quelques images floues avant de revenir à la réalité. Pendant un instant, j'ai cessé de voir le monde avec des yeux sarcastiques. Je devais la vie à un parfait étranger. Du moins je l'ai cru, au début.
- Tu n'as plus rien. Tout ira bien.
Cette voix... Cette voix si proche me semble étrangement familière. Où l'ai-je déjà entendue...
Je me suis relevée mais il avait déjà filé. Je suis retournée à mon travail, sous le choc, essayant tant bien que mal de masquer mon émotion.
Tiens, Max Evans est partit... Paranoïa, mon amie te revoilà...
Alors j'ai pensé, encore et encore. Ma tête a tourné à ne plus pouvoir s'arrêter. Quelque chose n'allait pas. Un détail, une petite chose qui m'obsédait... Comment m'avait-on sauvé la vie ? J'ai vu le couteau. J'ai senti la lame s'enfoncer. La douleur était réelle. J'ai alors découvert cette trace de main argentée sur mon ventre... Non, je ne crois pas aux extra-terrestres... pourtant... paranoïa, mon amie te revoilà.
J'ai décidemment besoin de sommeil.
- Tout ira bien, Michael.
Oh mon dieu ! Oh mon dieu ! Oh mon Dieu ! Oh mon dieu ! Oh mon dieu !
Départ en week-end camping et rien ne va plus. Non pas parce que Max fait partie de mon équipe mais parce que Max fait partie de mon équipe...
Je m'explique. MAX !!! Pas Max Evans, le type qui est dans ma classe. Mais Max, celui qui m'a sauvé la vie ! J'aurais reconnu sa voix entre mille. Nous voilà dans le car en route pour les bois. Je suis assise à coté de Maria et de l'autre coté, Max, assis aux cotés de Barbie, discute avec michael. Et vous savez quoi ? J'ai reconnu sa voix !! Il a dit une phrase et j'ai su que c'était lui !
- Tu vas bien Liz, me demande-t-il.
Depuis quand Max s'intéresse à ma santé ? Au fait, ça fait plus de trois mots ça ? Bien. J'ai le droit de bafouiller.
- Je... oui... enfin... crois que... pas grave...
C'est ça. Regarde Michael espèce de sauveur de terrienne en détresse. Pourquoi ne suis-je pas capable de lui dire ça en face... voilà. Vous savez pourquoi je déteste Max Evans. Je me sens ridicule devant lui. Surtout quand je suis assise si près de lui. Maria me parle de son travail de bio avec Michael. Elle commence à l'apprécier... Qu'elle inhale de l'huile de cèdre. Et le week-end promet d'être... passionnant. J'en ronfle déjà !
- Ça va être génial, sourit Michael.
Tiens, lui non plus n'a pas l'air convaincu...
- Tu penseras à moi, hein Maxi...
Ridicule ! Maxi t'es le plus beau. Maxi t'es le plus gentil de tous les extra-terrestre que je connais et ohhhhhh... Et si ils étaient tous des aliens. Ça expliquerait beaucoup de chose... Max, Michael, Isabel et Tess, des aliens ? Ça y est. Je suis cernée, enfermée dans une conspiration interplanétaire. Au moins je suis en vie. J'ai du mal à savoir si ça me fait plaisir ou non. Imaginez le vide que j'aurais laissé derrière moi... oui, je sais. Il est tout petit. Nombre de personne présentes à mon enterrement : quatre. Mes parents, Maria et Alex.
Je me demande si Max pense parfois à moi... Non ! Ça suffit. J'en ai assez de penser à monsieur muscle... oh nouveau ce surnom là. C'est vrai qu'il est musclé...
Stop ! On arrête tout !
Je devrais paniquer parce que je connais des aliens et qu'en plus je sais qui ils sont. Mais non, ce qui me fait peur, c'est les humains qui sont en eux.
Ma vie vient de changer... Super, j'en avais besoin. Avez-vous perçu le ton sarcastique de ma voix ? Non ? Vous auriez du ! Dans quelle galère t'es-tu encore fourrée Liz Parker !
H moins deux... Frazier Wood, nous voilà...
