Chapitre 9.

Où est-il ? Mais où est-il ? Il trouve le moyen de me repérer à chaque fois que je ne veux pas l'entendre. Pour une fois que j'ai besoin de le voir, il ne se montre pas.

- Oh, Liz.

Quoi encore ?

- Liz ?

- Oui.

Ho. Si j'ai bonne mémoire, cette fille, c'est Mandy. Vous savez, la bavarde qui trouvait Kyle craquant. Je dis « trouvait » parce que je suis sure que maintenant, ce n'est plus du tout le cas.

- Voilà, dit-elle à sa copine. C'est elle.

- C'est toi ?

Moi c'est moi et toi c'est toi... oui, jusqu'à preuve du contraire je suis moi. Sauf si ne on m'a pas tout dit sur la vie...

- Oui. C'est moi.

- Je veux dire. Tu es la petite amie de Kyle Valenti. Toi la fille au n...

- L'ex, pour être précise, je l'interromps. Oui c'était moi sa petite amie. Je savais qu'entre nous ça ne durerait plus longtemps.

Oh la tache sur le nez. Y avait longtemps ! On m'avait vraiment collé une étiquette sur la tête...

- Tu... Tu as laissé tomber Kyle Valenti.

- Oui.

- Waow.

C'est si exceptionnel ?

- Tu sors avec Max Evans maintenant ?

EXCUSE MOI ?

- Non. Aux dernières nouvelles, il est toujours avec Tess.

Pourquoi depuis que j'ai croisé la route de cet alien, tout le monde semble soudain intéressé par ce que je pense ? Tout le monde semble retenir mon passé sans pour autant en profiter comme avant ! Étrange...

- Alors, c'est vrai.

Elle est pratiquement en pleurs !

- Kyle est un mauvais coup.

Ça y est. Elle s'écroule.

- Je te l'avais dit, lui fait Mandy.

- Je n'arrive pas à y croire. Ça veut dire qu'il est aussi... oh non !

Hélas, oui. C'est tout un rêve de jeunesse qui s'écroule. C'est triste, non ? Oh... Elle va me faire chialer ! Bien, repartons à la recherche du Bouddha perdu !

Dix minutes qu'il a fallut pour que je le trouve. La pause de midi n'est déjà pas grande... Devinez où il était et ce qu'il faisait ? Il méditait à coté d'un arbre. Laissez moi rire. HA !

- Tu médites sur ta mauvaise conduite.

- Oh... Liz... Qu'est ce que tu fais là ?

- Je te cherchais.

Après s'être roulé en boule en tentant de se relever, il arrive péniblement sur ses deux jambes.

- Qu'est ce que tu veux ?

- Te parler de vendredi soir.

- J'ai hâte d'y être.

Je suis désolée mais Maxapolon et moi, on a d'autre projet...

- Justement. Je voulais te dire que je ne pourrai pas venir.

- Pourquoi ça ?

- Je dois travailler.

- Tu devais prendre un jour de congé au crashdown...

- Non, ce n'est pas au crashdown que je travaille.

- Tu as un autre job ?

Seigneur, ait pitié des imbéciles. Même des imbéciles bouddhistes.

- Non. Je dois travailler avec Max. Nous allons commencer à répéter nos rôles...

- Je ne savais pas que tu aimais cette pièce. J'aurais aimé être ton Roméo...

Ouais ben rêve pas trop mon coco. Mon Roméo s'appelle Max... Et il est loin, très loin de te ressembler

- Maintenant, tu sais pourquoi je ne pourrai pas t'accompagner au cinéma.

Ne perds pas de vue l'objectif de cette conversation petit Bouddha. Je ne voudrais pas que tu loupes la ligne où je te dis...

- Donc, on ne se voit pas vendredi.

- Bien. C'est ce que je pensais. Toi et Max, vous êtes ensemble.

EXCUSE MOI ? Qu'est ce qu'ils ont tous avec cette question. C'est si évident que ça que je l'aime.

- Non, on n'est pas ensemble

- Oh arrête ! Je vous ai vu discuté et vous sourire hier au crashdown.

- Je ne ressens rien pour lui.

C'est lui que j'essaie de convaincre ! Si, si. Moi je suis déjà convaincue... du contraire...

- Si toi tu n'éprouves rien pour lui, ce n'est apparemment pas son cas. Si sa blonde ne voit rien, c'est qu'elle est plus idiote que je ne le pensais. Tu lui plais certainement autant que tu me plais à moi.

Je lui plais ! Je plais à Max Evans. Danse intérieure ! Attendez. Revenons en arrière... « Certainement autant que tu me plais à moi »... Au secours !

- Ha.

Trouve autre chose... Trouve autre chose...

- Je dois aller rejoindre Maria. On se voit bientôt.

- C'est ça.

Non ce n'est pas trop ça non. Où est Maria ? Mariaaaaaaaaaa.

- Qu'est ce que tu fais à cette table ? je lui demande.

- Pourquoi ? Elle n'est pas jolie cette table ?

Ce qui me dérange ce n'est pas tant la table, mais l'endroit où elle est située... Nous avions l'habitude de déjeuner plus loin, sur une table à l'abri des regards. Et celle-ci, est en plein milieu de la cours... La où s'installent les gens populaire comme M... Une minute. Je connais cette table.

- C'est la table de Max, Michael, Isabel et Tess ?

Maria rougis. Touché ! C'est la table habituelle de mes aliens préférés. Mais pourquoi diable s'installe-t-elle ici ?

- Tu pourrais m'expliquer ce que nous faisons à déjeuner à leur table. Ils n'y sont même pas !

- Salut Maria... Liz.

- Michael ?

Quelqu'un doit m'expliquer parce que là, je n'ai pas compris. Qu'est ce que je fais assis à la même table que monsieur QI zéro ? J'aurais une conversation plus intéressante avec un biscuit !

- Michael et moi... tu sais, on doit travailler sur les costumes. Alors il m'a proposé de déjeuner avec lui, me dit Maria.

- Mais tu es la bienvenue Liz, sourit-il.

C'est Michael, ça ? Le même qui quelques jours auparavant me considérait comme une intruse, qui associait le mot « humaine » avec « extrêmement dangereuse » ?

- Merci.

- Liz ?

Je reconnaîtrais cette voix entre mille. C'est celle de Max. Je suis sure qu'il ne s'attendait pas à me trouver assise à sa table. Je ne l'en blâme pas. Ce n'est pas dans mes habitudes.

- Qu'est ce que tu fais là ? questionne-t-il

- Je déjeune. Ça ne se voit pas ?

- Je veux dire, à notre table... avec Michael.

- Laisse Maxwell. Je dois travailler avec Maria. Alors elles sont les bienvenues. Hein Tess ?

Elle grogne. Apparemment nous la gênons. Elle resserre ses bras autour de Max. Elle a peur qu'il s'envole ? Isabel n'a pas dit un mot. Je ne suis pas sure qu'elle partage l'avis de Michael.

- Oh, Alex ! Appelle Maria. Viens t'asseoir avec nous.

Surpris. Il accepte. Que pouvait-il faire d'autre ? Et oui, Isabel est là. Je suis sure qu'Alex voit des étoiles en ce moment. Tous les autres élèves nous ont vu. C'est officiel, nous sommes populaires... Je n'apprécie que très moyennement cette situation. Ils vont tous se mettre à me parler et à prétendre que ce que je dis est intéressant et qu'ils n'ont jamais eu l'intention d'être aussi méchant... Ma vie est-elle donc si pitoyable ?

Mercredi matin. À nouveau Max m'a salué. Je ne devrais pas, je sais. Mais je me sens mal vis-à-vis de Tess. C'est toujours avec elle qu'il sort. Quoique dire bonjour n'engage à rien. Sinon la moitié des octogénaires de cette ville en pince pour moi. Et je ne pense pas que ce soit le cas.

- Je crois que nous devons parler !

Oh. Bouddha. Où est passé son « salut Liz ». Je crois que je le préfère au « je crois que nous devrions parler ».

- Bien. De quoi ?

- Alors comme ça je suis gay ?

- Je te demande pardon ?

- La rumeur qui circule ces derniers temps c'est que je suis un gay. Et en plus je suis un mauvais coup.

Je me retiens de rire. Il est drôle quand il est en colère. Ça devrait lui arriver plus souvent. Son humour en a besoin.

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

Étouffe ton rire. Étouffe le bon sang !

- Ne joue pas à ça avec moi. Tu as dit à Mandy Watson que j'étais un mauvais coup et à Lucinda Walker que j'étais gay.

Qui c'est Lucinda Walker ?

- Ça t'apprendra à ne plus répéter aux pom-pom girls de l'équipe de foot que je suis folle de ton corps ou que je me suis jetée sur toi au cinéma.

Là, tu ne la ramène pas. C'est qui la meilleure maintenant ?

- Je n'aurais pas du. Je l'admets. Mais je voulais sortir avec toi.

Et tu es devenu mytho pour fêter l'évènement. Vraiment trop sympathique d'avoir fait de moi ton sujet principal.

- Quand on veut sortir avec quelqu'un, raconter des mensonges a son sujet n'est peut-être pas la meilleure façon.

- Tu n'avais pas à dire à tout le monde que j'étais un mauvais coup gay !

Hey ! Je n'ai jamais dit qu'il était gay ! Mais j'aurais aimé en avoir eu l'idée... Je ne connais même pas cette Lucinda Walker. C'est peut-être une fille de ma classe.

- Bien. On est quittes maintenant.

- J'aimerais toujours sortir avec toi.

Plutôt mourir. Pas pour tout l'or du monde. Je n'aime pas les crétins, ni les mytho. Non. Non. Non. Et non.

- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

- Pourquoi ? Tu en aimes un autre, c'est ça ?

- Ça ne te regarde pas.

- C'est Evans ?

Ne suis-je donc qu'un livre ouvert pour tout le monde ? Qu'on me laisse ma vie privée.

- Non ! Ce n'est pas Max. Maintenant, je te serais reconnaissante d'arrêter de me harceler et de salir ma réputation...

Et quelle réputation. La Sainte Nitouche renifleuse de charbon ! C'est vrai qu'il y a vraiment de quoi la salir... Oui, j'ai utilisé un ton sarcastique.

Il reste néanmoins que je m'en vais, plantant môsieur Kyle tout seul.

Fin des cours, direction le crashdown. Maria n'est pas encore là.

- Liz ! Liz !

Maria est arrivée. Elle a crié tellement fort que je suis sure que les seuls clients présents savent à présent comment je m'appelle.

- Maria ? Pourquoi tout ces cris.

- Tu ne devineras jamais ce qu'il m'arrive !

Michael et elle doivent se voir vendredi soir pour travailler sur les costumes. Enfin, ce n'est qu'une supposition bien sur.

- Michael et moi, on se voit vendredi soir pour travailler sur les costumes

- Ha oui ?

Remarquez ma totale absence de surprise. Je vous l'avais dit. C'était si prévisible...

- Oui ! Je me sens si...

Amoureuse ? Obsédée ? Dingue de lui ? Impatiente d'y être ? Folle ? Excitée ? Anxieuse ?

- Bien !

Sans aucune doute, j'ai plus de vocabulaire qu'elle. Elle sautille encore quelques minutes et nous nous mettons à travailler.

Max n'est pas venu ce soir. Je me demande si il a passé la soirée chez Tess. Je me demande si ils l'ont déjà fait. Non. Max m'a dit vendredi dernier qu'ils ne l'avaient jamais fait. Je me demande si ils ne sont pas en train de le faire là, en ce moment !

- Liz, le verre est propre !

- Je sais. Je sais qu'il est propre...

Il faut vraiment, mais vraiment que je contrôle mes réactions. Mais je suis jalouse. Rien que d'imaginer qu'ils sont ensemble, en train de s'embrasser, ou plus, ça me...

- Liz, crie Maria. Cette serviette ne t'a rien fait ! Arrête de la tordre dans tous les sens.

Je lâche la serviette. Il faut je parle à Max. Je pourrais lui téléphoner. Passer chez lui, même. Et si il était avec Tess ? Relâche cette serviette. Relâche cette serviette ! Je me ravise. Fin de mon service. Je monte dans ma chambre et tombe de sommeil.

Jeudi matin. Lorsque mon réveil sonne, j'ai la tête pleine de cauchemars ! Devinez de qui j'ai rêvé... de Tess, oui ! Déjeuner en vitesse pour oublier. Puis direction le lycée. Je me plante à nouveau devant mon casier. Mais lorsque que je vois Barbie toujours agrippée à Ken, je ne me sens pas la force de rester. J'ai l'horrible conviction que cette nuit en randonnée –qui semble d'ailleurs plus lointaine chaque jour- ne représentait que de l'amusement pour lui.

- Alors, on fuit les problèmes ?

Non. Maria. Je les évite justement. J'évite de passer du stade d'asociale à dépressive.

- Vous êtes vous au moins reparler depuis cette nuit à Frazier Wood...

Oui, j'ai craqué. J'ai fini par lui dire.

- Non. Enfin pas à ce propos. On n'avait pas à en parler puisqu'on a décidé qu'il ne s'était rien passé. Et puis, de toute façon, il est avec Tess.

- Rien ne nous prouve réellement qu'il l'aime. Et puis, si tu agis avec lui aussi froidement, pas étonnant qu'il t'évite.

Je suis froide moi ? Je suis aussi chaude qu'un radiateur... magnifique la comparaison. Mais je suis tout de même une des plus chaleureuse Barbie sur le marché. Pourquoi il préfère l'autre ?

- Peut-être devrais-tu le rendre jaloux ?

- Ne me propose pas de le rendre jaloux avec Michael parce que je te dis non tout de suite.

Vu sa tête, je crois que je l'ai percé à jour. C'est non tout de suite ! Pas question que je fasse semblant d'aimer un beignet !

- Pourquoi pas Kyle ? Il est gentil Kyle !

Au secours. Il vaut mieux que je m'en aille tant que je le peux encore...

- Non ? me crie-t-elle de loin.

Vous avez déjà vécu des semaines interminables ? Vous attendez avec la plus grande impatience le vendredi mais chaque jour semble un plus long que le précédent, retardant ainsi le moment fatidique... C'est ce que je vis en ce moment. J'ai l'impression que ça fait des mois que j'attends l'instant où je me retrouverai chez Max... Et nous ne sommes que jeudi !

Ma vie ressemble à une citation bien connue : Métro, boulot, dodo ! Je vais en cours tout les matins, subis les mêmes profs chaque jours, les mêmes remarques et rentre travailler au crashdown quand l'école est finie... aujourd'hui n'échappant pas à la règle, je travaille en rêvant à ce que pourrait être ma soirée avec Max... Purement professionnel... tout comme la scène du comptoir...

à suivre.