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Quand Sydney se réveilla, elle était assise sur une chaise, les mains attachées au dossier. Elle mit plusieurs minutes avant de retrouver une vision claire. Elle se trouvait dans une pièce étroite et sombre. Malgré l'obscurité qui l'entourait, elle supposait qu'elle n'était pas seule, entendant le bruit de plusieurs respirations autour d'elle.

Soudain la lumière s'alluma, n'éclairant que le centre de la pièce.

« Sydney ! » s'écria une voix à côté d'elle.

La jeune femme tourna la tête à droite et reconnu immédiatement son voisin : Vaughn.

« Que se passe t-il ? » murmura Sydney, « Où sommes-nous ? »

Mais Vaughn ne regardait pas dans sa direction, il scrutait la troisième personne assise à la gauche de la jeune femme. Pendant quelques secondes elle redoutait de regarder ce que fixait l'agent. Et elle avait raison : Sark était là, à sa gauche, lui aussi attaché. Mais avant qu'elle ne puisse prononcer un mot, la porte s'ouvrit, et quatre silhouettes entrèrent dans la minuscule pièce.

L'une d'elle était plus petite, deux portaient des armes, et la dernière était plus large que les autres. Cette dernière s'avança dans la partie éclairée.

Les trois prisonniers aperçurent alors un homme, petit, assez corpulent et chauve. Il avait des airs de japonais, sûrement quelqu'un de très riche, en costume gris bien repassé, une montre en or qui serrait son poignet, et avec un tatouage en forme de dragon qui partait de sa joue et descendait jusqu'à la base de son cou.

Cet étrange bonhomme était suivi de la plus petite silhouette de toutes. Quand celle-ci sortit à son tour de l'ombre, les trois agents la reconnurent aussitôt : Celian.

« Quel plaisir de vous revoir mes chers amis ! » se moqua l'homme chauve.

Vaughn et Sydney échangèrent un regard. Elle ne le connaissait pas, elle ne l'avait jamais vu auparavant. Du moins, c'est ce qu'elle pensait...

« Moi aussi je suis heureux de vous revoir, » rétorqua Sark.

« Taisez-vous Sark ! » coupa l'homme au tatouage. « Dis-moi Celian, quel est ce freluquet qui les accompagne ? »

« Agent Michael Vaughn, travaille pour la CIA. » répondit la jeune fille.

« D'accord. Celui là ne nous est plus d'aucune utilité... Passons à cette charmante demoiselle. »

« Vous la connaissait déjà. Sydney Bristow, fille de Jack Bristow et d'Irina Derevko. Travaille aussi pour la CIA. »

« Derevko ? Ah !... bien, très bien.... un très bon parti... »

« Si vous le dites. » lança la jeune fille.

A peine Celian eu terminé sa phrase, l'homme lui jeta un regard suspicieux, et l'adolescente se ravisa.

« Bien, » reprit l'homme, en désignant Sark du regard. « Passons au cœur de notre problème. »

« Ben tiens » lança le jeune tueur concerné.

« Je crois que vous avez quelque chose qui nous appartient, Monsieur « Taupe » »

« Non je ne crois pas » répliqua t-il d'un air amusé.

« Vous avez raison. C'est quelqu'un d'autre qui l'a » reprit l'homme chauve, « Quelqu'un que vous connaissait, Julian. Une autre taupe. Et qui travaille aussi pour le Covenant »

Sark jeta un bref coup d'œil à Celian, étant sûr qu'il parlait du disque qu'ils s'étaient échangés à l'aéroport. Il se doutait de cette fille depuis le jour où le Covenant lui avait présenté.

« Ca n'est pas nous, » supposa Sydney, « Sark ne nous connaît à peine, et nous ne connaissons à peine Monsieur Sark »

« Trop aimable » marmonna celui-ci.

« Mais de rien »

« En effet ça n'est pas vous, » affirma l'homme au crâne dégarni, « N'est-ce pas, Celian ? »

La jeune fille, n'ayant pas compris le sens de la question, tourna la tête vers cet imposant personnage. Ce dernier fit un signe à un des deux gardes armés, qui les accompagnaient, d'aller chercher la chaise qui traînait dans un des coins de la cellule. Il prit violemment Celian par les épaules, la fit asseoir et ordonna aux deux hommes de sortir.

« Parfait. C'est ce que j'appelle une belle réunion de famille... »

Tous se regardèrent. Une réunion de famille ? Ils n'avaient pourtant rien en commun...

« Je veux ce disque » reprit l'homme « Je ne partirai pas sans »

« C'est le Covenant qui l'a » avoua Celian, « Je lui ai remis après l'échange avec Sark »

« Tu n'est qu'une traîtresse » s'exclama ce dernier.

« Oh... Voyons Monsieur Sark, » se moqua l'homme chauve, « Ce ne sont pas des manières de traiter les membres de sa famille »

« Les quoi ? »

« C'est marrant. Vous êtes tous les deux des taupes, et vous avez tous les deux les yeux bleus » déclara t-il en tournant autour de Celian. « Comme votre chère mère »

Quand le corpulent personnage eut fini sa phrase, il sourit en voyant le visage déconcerté de Sark, fixant l'adolescente.

Sydney aussi fixait la jeune fille. Elle vient de comprendre. Ce regard... celui de Sark... C'était donc ça...

« Bien, puisque c'est maintenant le Covenant qui possède, par votre faute, ce que je désire, je vais vous... laisser partir. Lève-toi, Celian »

La jeune fille s'exécuta.

« En fait, après ces quinze longues secondes de réflexion,... je ne vais pas vous laisser partir »

Tous en disant ces mots, il sortit un revolver de sous sa veste, et ôta la sécurité. Puis il mis l'arme dans les mains de Celian :

« Tue-les » dit-il en sortant.

« Quoi ? » cria t-elle, « Mais... ça n'était pas prévu »

« Tu sais bien que j'aime l'imprévu » se moqua t-il. « Tue-les »

« Mais... » commença t-elle.

« Il n'y a pas de « mais » qui tienne » la coupa t-il. « Fais ce que tu as à faire »

« Non. Je ne peux pas »

« Comment ça tu ne peux pas ? Tu ne veux pas te venger de celui qui t'a laissé, livrée à toi-même ? De celui qui t'as lâchement abandonné aux mains de cet homme ? »

« Si, mais... »

« J'ai dit pas de « mais ». Tu vas le laisser tuer quelqu'un d'autre ? N'oublie pas qu'il a tué votre mère »

Au fur et à mesure qu'il répétait ces mots, Sydney voyait la haine qui grandissait dans les yeux de l'adolescente.

Sark la regardait aussi, mais il semblait perdu dans ces pensées. Les paroles de l'énorme bonhomme chauve résonnait dans sa tête : « ...qu'il a tué votre mère... ».

Cet homme avait bien dit « Votre » mère, pas « ta » mère, mais « votre »... Les questions se bousculaient dans la tête du jeune tueur : « Est-ce que cette fille, qu'on lui avait présenté comme Celian Izkanov, serait vraiment sa sœur ? Oui, il savait qu'il avait une sœur, mais elle ne s'appelait pas Izkanov... Mais après tout qu'est ce qu'il savait d'elle ? Rien... Elle est peut-être plus maligne qu'il ne s'en souvenait... Elle avait peut-être changé de nom...

Il se souvient, l'hiver où le père de Celian est venu la chercher pour la ramener en Russie, il n'a rien fait pour l'en empêcher, il l'a abandonné...

Flash-back

La pluie battait le pavé de la ruelle. Pour son dernier jour, il faisait mauvais temps. Mais ça ne lui faisait rien. Elle était debout, statique, sa valise à côté d'elle. Elle était là, collée aux barreaux de la grille d'entrée. Derrière celle-ci se tenait un garçon d'environ 14 ans, blond, au regard glacial.

« Ne le laisse pas m'emmener, Julian ! » sanglota t-elle en fixant son frère.

Celui restait sans rien dire, pendant que l'homme derrière sa jeune sœur appelait un taxi.

« Ne le laisse pas m'emmener ! Je veux rester avec toi ! »

Julian se baissa et plongeant son regard dans celui de sa sœur, lui répondit calmement :

« Un jour, je te retrouvais »

« Je veux rester avec toi »

« Moi aussi »

« Alors empêche-le »

« Je ne peux pas. Mais je te promets que je te retrouverais »

« Monte dans la voiture, Celian ! » hurla une forte voix derrière elle.

Mais la petite restée accrochée. L'homme la tira par le bras, pour la faire venir.

« Ne le laisse pas m'emmener, Julian ! » cria t-elle en lâchant prise.

Julian resté là, sans bouger. Il regarda l'homme s'engouffrer dans le taxi, sa petite sœur dans les bras qui n'arrêtait pas de hurler son prénom.

« Je suis désolé » murmura-t-il.

Fin du flash-back

« C'est vrai » s'écria l'homme, sortant Sark de ses rêves, « Pourquoi laissé en vie une ordure pareille ? »

« Là je suis d'accord avec vous » lança Sydney.

« Merci mademoiselle Bristow, mais cela n'empêchera pas que vous y passerez, vous et votre ami »

« Alors, » continua t-il « Tu vas le laisser en vie ? »

« Je ne sais pas »

« Tu ne sais pas ? »

« Je ne comprends pas, » chuchota Sydney à Vaughn, « S'il veut nous tuer, pourquoi ne le fait-il pas lui-même ? »

« Il se fiche de nous » répondit Sark, « Ce qu'il veut c'est que Celian nous tue d'elle-même, il veut qu'elle devienne un... un... »

« Un monstre » finit-elle.

« Oui, » soupira t-il « Comme... »

« ...vous » continua Sydney.

« Oui »

La jeune femme daigna tourner la tête vers lui.

« Est-ce que c'est votre sœur ? » l'interrogea t-elle.

« Je pense... Pour tout dire je n'en sais rien... » avoua t-il, « C'est la première fois de ma vie où je ne suis plus sûr de rien... J'ai bien une sœur, mais... Mais de quoi je me mêle ?»

« Vous avez réellement tuer votre mère ? »

« Suis-je vraiment obligé de vous répondre ? »

« Taisez-vous » hurla l'homme dans leur direction. « Alors, tu vas le laisser vivre, continuer à tuer des gens ? »

« ... »

« Eh oui ! Parfois il faut sacrifier des membres de la famille pour que d'autres vivent »

« Mais ça ne nous rendra pas notre mère »

« Votre mère ? Mais il s'en fiche de ta pauvre mère ! Il s'en fiche comme il se fiche de toi ! »

« Il m'a abandonné... » murmura t-elle.

« Oui. Il t'a lâchement abandonné... Et tu vas le laisser en vie ? »

« Non »

« Bien. Maintenant, tue-les »

« Pourquoi tuer quand on peut faire souffrir ? »

« Fais comme tu veux. Mais je veux qu'ils sortent par cette porte les pieds devant »

« D'accord »

L'homme sortit en claquant la porte derrière lui, et laissant Celian, debout, pointant l'arme sur Sark.

« A nous deux »

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