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Celian tourna autour des trois prisonniers, en gardant toujours l'arme pointée sur Sark.
« Tu ne vas quand même pas faire ça, chère sœur ? »
« Chère sœur ? Tu ne t'en souvenais même pas que tu avais une sœur ! »
« Si, mais... »
« Mais ? Mais quoi ? Tu t'en fichais ? C'est vrai que tu n'a jamais réellement aimé notre famille »
« Ce n'est pas ça... »
« C'est quoi alors ? »
« Ecoutes... »
« Non, toi écoutes ! » s'énerva t-elle. « Tu n'a rien fait ce jour-là, rien... Pourtant il me semblait que l'on s'entendait bien à cette époque. Tu aurais pu m'aider »
« Oui. J'aurais pu... »
« Mais tu ne l'a pas fait »
« Non »
« Et maintenant, vous allez tous mourir pour ce qu'il a fait »
Celian s'arrêta de marcher quand elle fut derrière les chaises, et leva l'arme à hauteur de la tête de Sark.
Trois coups de feu partirent... Sydney ferma les yeux quelques instants. Quand elle les rouvrit, elle chercha sur elle la blessure qu'aurait du lui infligé la balle. Mais rien... pas la moindre trace de sang...
Ce n'est que quand elle voulu ramener ses mains à son visage qu'elle s'aperçut que les cordes ne l'attachaient plus au dossier... Elle se leva d'un bond et regarda les deux autres agents. Celian n'avait pas tiré sur eux, elle avait tiré dans les cordes...
Cette dernière était déjà debout sur une chaise, en train de dévisser la plaque de ventilation.
« Montez. Depêchez-vous. »
Vaughn et Sydney grimpèrent dans les conduits d'aération, sans rien demander à l'adolescente.
Sark hésita.
« Pourquoi tu ne m'a pas tué ? »
« Tu ne pensais pas que j'allais tuer mon propre frère ? Aller, grimpe »
Il sourit à sa sœur et rejoignit les deux autres.
Les quatre rampaient depuis peu à travers les toiles d'araignées, quand ils entendirent des bruits derrière eux. Des bruits de sécurité d'armes qui s'enlevaient, des bruits de genoux qui martelaient les plaques de métal dont étaient faits les conduits : ils étaient suivis. Les gardes s'étaient aperçus de leur disparition, et maintenant ils étaient à leurs trousses. Il fallait faire vite, ils accélérèrent, avançant presque à l'aveuglette, slalomant entre les toiles des arachnides.
« Je hais les trucs à huit pattes" s'exclama Celian.
« Tu es bien comme ta mère" rétorqua Sark, en tournant la tête vers elle.
« Oh ça va..."
« Votre mère détestait les araignées ? » demanda Sydney.
« Elle était terrifiée par l'une de ces petites bêtes » expliqua le tueur en souriant.
« Elle avait de quoi... » murmura sa sœur.
Vaughn s'arrêta brusquement, ne sachant pas quel chemin emprunter : le conduits se séparait en trois.
« Tout droit » déclara l'adolescente.
« Tu es sûre ? » s'inquiéta Sydney.
« Fais-moi confiance. Mais dépêche ! Je les entends qui arrivent ! »
Au bout de quelques minutes, sous les indications de Celian, ils trouvèrent la sortie. Il faisait nuit, et ils avaient atterri dans une cour qui semblait être un terrain d'entraînement.
« C'est étrange, il n'y a aucun garde » s'inquiéta Vaughn.
« Ne croyais pas ça, ils sont là, mais ils se cachent » rectifia la jeune fille.
Sydney regardait autour d'elle. Elle ne voyait aucun homme, pas âme qui vive. Et pourtant ils devaient être là, quelque part... Un tel endroit ne peut pas se trouver sans surveillance...
« Dans 45 secondes, vous foncerez sur le mur en face, normalement il y aura une corde pour vous aider à grimper. Si vous n'êtes pas capables de vous arracher en moins d'une minute, vous êtes cuits... » expliqua Celian, « C'est compris ? »
Tous se regardèrent, surpris.
« Décidément, tu as tout prévu » remarqua son frère.
« Qu'est-ce que tu croyais ? »
Au moment indiquer par Celian, les quatre entamèrent la traversée du terrain. Au mur, il y avait effectivement une corde.
Sydney lança un regard interrogateur à Vaughn : était-ce une bonne idée ?
« Bon alors ? Vous foutez quoi, là ? » s'impatienta Celian.
Tous sursautèrent quand l'alarme retentit dans la cour. Les voix des gardes se faisaient entendre. Ils se rapprochaient. Sark grimpa le premier, suivit de Sydney, Vaughn et Celian. Ils atterrirent dans une large rue. Les lampadaires qui longeaient les trottoirs diffusaient une faible lumière.
« On fait quoi, maintenant ? » s'inquiéta Vaughn.
« Où est Celian ? » demanda Sark en se tournant vers les deux agents.
Ils entendirent un sifflement qui venait du coin de la rue. Avec la nuit et la trop faible lueur des lampadaires, ils ne distinguaient pas qui avait sifflé. Sark se rapprocha, puis ayant reconnu sa sœur au bout de la rue, commença à courir, suivit de Sydney et Michaël.
« Allez, dépêchez-vous ! » chuchota Celian en agitant les bras. Elle lança les clés de contact à son frère, pris la place du conducteur. Sydney monta à l'avant du côté passager, Vaughn et Celian se mirent à l'arrière.
« Vas-y, démarre ! » hurla sa sœur.
Les coups de feu se faisaient plus proches. Sark appuya à fond sur la pédale, et se dégagea du trottoir pour se lancer sur la route, peu fréquentée à cette heure-ci. Quelques balles cognèrent la carrosserie de la voiture. Le tueur au volant grilla plusieurs feux rouges, manqua de renverser deux ou trois motards, et passa les stops sans même ralentir.
« Appuies sur le champignon, frangin ! »
« Premièrement, je suis à fond, et deuxièmement, si tu m'appelle encore une fois comme ça, je t'éjecte de ce véhicule. C'est compris ? »
« Cinq sur cinq, fran... euh... Môsieur Sark »
« Je préfères ça »
Sark prit la nationale en direction de Moscou, puis quelques minutes après y être entré, s'arrêta sur le bas côté de la route. Il se retourna vers sa sœur.
« Où on va maintenant ? »
« Tu te souviens du café où nous emmenais maman avant qu'elle m'envoie à l'école en Angleterre ? »
« Oui... »
« Prends la sortie 18, tu vois où sait à partir du parc ? »
« Je pense » supposa Sark en redémarrant.
« C'est nouveau... » marmonna t-elle en sortant une gourmette de sa poche. « Moi je dis : « Tueur au volant, la mort au tournant » »
Vaughn étouffa un rire et croisa le regard de Celian. Une pensée affleura Michaël : il aurait bien profiter de l'occasion d'être juste derrière Sark pour l'étrangler, mais s'il faisait ça ils allaient tout droit dans le ravin. Environ une heure plus tard, ils arrivèrent devant le café.
« Tu peux me dire pourquoi on est venu ici ? » demanda Sark en se tournant de nouveau.
« Si tu ouvrais les yeux, frangin » bredouilla sa sœur en continuant de contempler l'objet qu'elle avait dans les mains.
« Ça n'est pas les yeux que je vais t'ouvrir si tu continue de m'appeler frangin »
« Il y a un hôtel juste à côté » intervint Sydney.
Sark tourna la tête. Il y avait effectivement un hôtel.
« Je n'appelle pas ça un hôtel, mais un palace » s'amusa Vaughn.
« Je ne me souviens pas qu'il y avait un hôtel ici » s'interrogea le tueur en coupant le contact.
« Ça n'y était pas. Ils ont agrandi »
« Tu veux dire que c était la boutique d'antiquités que tenait le frère de... »
« Oui » le coupa t-elle.
« On pourrait aller voir s'il y a de la place » interrompit Vaughn.
« Très bonne idée, » s'exclama Celian, « Vas-y ! »
« Quoi ? »
« Ben comme tu t'es gentiment proposé,... vas-y ! »
« Tu pourrais y aller toi-même » suggéra Sydney.
A ce moment, Celian sortit de son dos l'arme que lui avait refilé l'homme chauve, et la pointa sur Michaël.
« Vous avez peut-être envie que je vous force ? »
« C'est bon, j'y vais » s'inclina t-il en sortant de la voiture.
La jeune fille vida son arme, et la jeta avec les balles par la fenêtre. Sydney la regardait avec un air déconfit.
« Vous croyiez quand même pas que j'allais m'en servir ? »
Sydney ne répondit pas. Elle se sentait soulagée que Celian ne soit pas une tueuse comme son frère. Celui-ci jetait sans arrêt des coups d'œil dans le rétroviseur, craignant l'arrivée de leurs poursuivants de tout à l'heure. A un moment, Celian vu le regard de Sark se posé sur elle. Elle s'avança en posant les coudes sur les deux sièges avant, comme une enfant qui voudrait regardait la route. Elle tendit à son frère la gourmette qu'elle avait sortit avant.
« Je crois que c'est à toi »
« Peut-être »
Sark la pris dans ces mains. Il la tourna pour voir marqué, à l'intérieur en russe, « Julian Lazarey ». La gourmette était cassée à l'attache. Sans prévenir, il la balança à l'arrière et sa sœur la rattrapa.
« Comme ça, vous étiez une taupe pour le Covenant ? » demanda Sydney.
« Pas pour le Covenant » déclara Sark.
« Pour qui alors ? »
« Pour une autre organisation »
« Vous n'êtes pas un agent double, vous en êtes un triple » ironisa t-elle.
« En fait, quadruple... » ria Sark en se prenant au jeu.
« Très drôle »
« Et toi aussi tu es un agent double ? » reprit la jeune femme.
« Non. Triple »
« Triple ? » s'étonna Sark.
« Tu croyais quand même pas que je bossais uniquement pour ces deux-là ? »
« Alors pour qui travailles-tu ? » demanda Sydney.
« Pour une organisation »
« Laquelle ? » questionna son frère, sans détourner son regard de l'hôtel.
« Fais ta vie, je fais la mienne »
« Comme tu voudras »
Sydney n'osait rien dire. Elle se retrouvait coincée dans une voiture avec son pire ennemi, qui en plus a une sœur. Elle les voyait si proches, et pourtant si différents...
Vaughn arriva enfin de l'hôtel et se baissa à la vitre de Sark.
« Il leur reste une chambre. Pour un palace, ça n'est pas cher. Comme ils n'accepte pas la monnaie américaine, j'ai dû leur céder ma montre »
« Allez, on y vas avant de se faire repérés » ordonna Sark.
« Sa montre ? » s'étonna Celian en sortant.
A la réception, Celian passa devant toute la file, provoquant le mécontentement de toutes les personnes qui faisaient la queue. Tous les gens jetèrent un regard furieux sur la troupe des évadés qui leur passaient devant.
« Bravo. Nous qui voulions ne pas attirer l'attention » glissa Sark.
« Salut Andrew » lança Celian au réceptionniste.
« Tu le connais ? » s'exclama Vaughn, déconcerté.
« Bien sûr. C'est un de mes amis »
« Chambre 77, 3ème étage » répondit Andrew en lui passant les clés.
Tous se dirigèrent vers l'ascenseur.
« T'aurais pu lui laisser sa montre ! » ria Celian alors que la porte de l'ascenseur se refermait.
Au 3ème étage, ils s'arrêtèrent devant la chambre n77. Celian tourna la clé dans la serrure, et poussa la porte...
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