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« Bien sûr il n'y a qu'un lit » soupira Celian.

« En tout cas je ne dors pas sur le tapis » déclara Sark.

« Pourquoi ? Ce n'est pas là que les chienchiens à leur maître dorment d'habitude ? » s'exclama Sydney.

« Peut-être, » admit-il, « Je suis sûr que vous y serez très bien »

Sydney eu une soudaine envie de le frapper, mais Vaughn lui retint le bras.

« Du calme » lui chuchota t-il, pendant que Sark et Celian s'étalaient déjà sur le lit double.

« Il a raison, Sydney, du calme, » continua l'adolescente, « C'est moi qui dormirait pas terre, j'ai l'habitude »

« Non, tu n'est pas obli... »

« JE dors par terre, » la coupa t-elle, « C'est moi le chien ici »

« Voyons Celian, ne soit pas trop méchante avec toi-même, » se moqua Sark.

« La ferme, frangin »

« Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça »

« Je crois que je vais prendre le canapé » déclara Vaughn en entrant dans le salon. « Il a l'air confortable »

« D'accord. Je dors où, moi ? » demanda Sydney.

« Dois-je vous rappeler que c'est un lit double ? » siffla Sark avec un large sourire.

Sydney le fusilla du regard.

« Ne prenez pas vos rêves pour des réalités »

« Quelqu'un a faim ? » interrogea Celian.

« Je pense qu'on a tous faim » répondit le tueur.

« Je descend chercher des sandwichs, tu viens avec moi Michael ? »

« Quoi ? »

« J'ai dit : tu viens avec moi ? »

« Pourquoi Sark n'irait-il pas ? » interrogea Sydney.

« Parce que si vous restez tous les deux, vous pourriez monter quelque chose contre nous, et vice-versa » expliqua Celian. « J'espère que ça ne vous dérange pas ? »

« Non » la rassura t-elle, « J'ai l'habitude de garder les chiens »

Celian lui sourit. Arrivée dans l'embrasure de la porte, elle se retourna vers Sydney :

« N'oublier pas de l'attacher »

Michaël et Celian descendaient les escaliers, quand la jeune fille se retourna vers Vaughn :

« Tiens. Ce sont les clés de la voiture »

« Que veux-tu que j'en fasse ? »

« Mets la dans un endroit où on ne pourra pas la voir. Ils ne faut pas qu'ils nous repèrent »

« Où vas-tu, toi ? »

« Cherchez quelque chose à se mettre sous la dent. On se rejoint dans la chambre »

« Alors, vous voulez que je vous laisse le lit ? » ricana Sark, allongé de tout son long sur le lit double.

« Serait-ce trop vous demander ? »

« Laissez-moi réfléchir... »

« Vous ? Réfléchir ? J'aurais tout vu... »

« Oh non, vous n'avez pas encore tout vu... »

« Ah non ? Et qu'est-ce que je n'ai pas encore vu ? »

« Devinez... »

Sydney se précipita enragée vers le lit. Elle avait deviné les pensées du tueur et lui envoya dans la figure le premier édredon qu'elle trouva.

« Vous voulez faire une bataille d'oreiller ? Je crois que le moment est mal choisi, Sydney... »

« Je ne veux rien faire à pars dormir, alors vous allez virer de ce lit ! »

« Vous pouvez m'aider ? » railla Sark en tendant la main.

Sydney lui attrapa prestement le bras et s'apprêta à le tirer. Mais ce fut lui qui la tira et elle atterri dans sur le lit, dans les bras de Sark.

« Alors, on n'arrive plus à tenir sur ses jambes ? »

« Lâchez-moi ! » hurla Sydney en cherchant à se dégager de l'étreinte du jeune homme.

« Tu sais Sydney, tout les hommes du monde rêveraient d'être à ma place en ce moment »

« Pourquoi ? » répliqua t-elle en arrivant à se dégager des bras de Sark. « Ils veulent tous se faire tuer ? »

Quelqu'un frappa à la porte.

« Tu veux que j'y aille ? » demanda Sark.

« Depuis quand on se tutoie ?! » s'énerva t-elle en le menaçant du doigt.

Sur ce, elle se leva et partit ouvrir la porte. Sark soupira et se laissa retomber sur le lit.

« C'est moi ! » se réjouit Celian en entrant dans la chambre. « Alors, vous ne vous êtes pas entretués ? »

« Tu es arrivée à temps » rétorqua Sydney en s'asseyant dans un vieux fauteuil.

« J'ai loupé un épisode ? »

« Viens, je vais t'expliquer » répondit Sark en l'entraînant vers le salon.

Sydney attendait impatiemment le retour de Vaughn. Elle ne sentait pas en sécurité toute seule, ici. Pourquoi Sark avait-il fait ça ?

Soudain, elle entendit quelqu'un frapper à la porte. Elle se précipita pour ouvrir, et fut soulagée quand elle vit Vaughn sur le palier.

« Ça ne vas pas, Sydney ? »

« Pas vraiment »

« C'est à cause d'eux ? »

« C'est intenable »

« Je m'en doute »

Sydney partit s'asseoir sur le bord du lit, et Michaël la rejoignit.

« Tu veux du café ? Celian en a ramené » proposa Sydney.

« Je ne dis pas non »

Elle se leva pour aller chercher les tasses, lui tendit la sienne et se rassit à côté de lui.

« Tu es sûre qu'il n'y a que ça qui te tracasse ? »

« Et bien... »

« C'est à cause de Lauren ? »

« Oui... »

« Tu veux qu'on en parle ? »

« Il n'y a pas grand-chose à dire »

« Qu'est-ce que tu veux savoir ? »

« Tu peux me raconter de nouveau comment tu l'as rencontré ? »

« Ça t'intéresse vraiment ? » s'étonna Vaughn.

« Non, mais je préfère ça aux discours de Sark »

Ils se mirent tous les deux à rire.

(-

« Tu as fait quoi ? » cria Celian.

« Chut... Ils vont nous entendre » chuchota Sark.

« Il y a quelque chose que je ne comprends pas, si toi aussi tu travailles pour Murdock, pourquoi tu as tué cette femme ? »

« Ça fait longtemps que je l'ai tué »

« Longtemps ? Tu veux dire avant que tu bosses pour nous ? »

« Oui »

« Tu m'étonnes qu'elle t'en veuille ! Tu as tué sa meilleure amie ! Elle ne va pas de couvrir de lauriers... »

« Je ne vaux pas qu'elle me fasse des honneurs, je veux juste qu'elle comprenne que je suis de votre côté »

« Elle te voit comme un psychopathe... et elle a raison »

Sydney et Vaughn discutait toujours, mais Michaël s'arrêta net de rire quand il le vit : Sark passa tranquillement devant eux, en caleçon noir. Le tueur croisa le regard de Vaughn :

« Je ne fais que passer » ria Sark en s'installant dans le lit.

Vaughn en lâcha sa tasse par terre, stupéfait par ce qu'il venait de voir.

« Estimez-vous heureux, d'habitude il dort sans » se moqua Celian, appuyée à la porte du salon.

« Je crois que je vais aller me coucher » déclara Vaughn en ramassant sa tasse. « Ça ira Sydney ? »

« Ne t'inquiètes pas. Je me réserve le fauteuil »

Il se leva et parti s'allonger sur le canapé. Celian s'étala sur le tapis par terre, à côté du lit où se trouvait Sark. Sydney se leva comme une furie :

« Sark, dégagez du lit ! »

« Pourquoi ? Vous préférez dormir du côté gauche ? Si c'est ça je dormirai du côté droit »

« Allez vous faire voir ! »

« Avec plaisir, vous venez ? »

Sydney allait répliquer, mais elle se dit que ça ne valait pas la peine. Elle alla s'enfermer dans la salle de bain et pris une courte douche. Quand elle ressortit, les lumières de la chambre et du salon étaient éteintes.

Elle fut surprise de trouver l'objet de convoitise vide : Sark avait finalement laissé le lit à Sydney, s'installant dans le vieux fauteuil en osier. Celian dormait à poings fermés sur le tapis, Vaughn sur le canapé.

Sark aurait-il été pris par un élan de galanterie ou était-ce tout simplement Vaughn qui l'avait menacé de le tuer s'il ne s'ôtait pas du lit ? Elle ne le saurai pas aujourd'hui, mais elle aurait parié que c'était la deuxième solution.

Aux environs de minuit, Celian était réveillée, elle fixait passivement la trotteuse de sa montre, et comptait les secondes tel un automate. 1...2...3...4... Elle n'arrivera plus à s'endormir, il faisait trop froid sur le tapis. Mais qu'est-ce qui lui avait pris de laisser le lit double à Sydney ? Elle n'aurait pas du dire ça. Ce n'est pas parce qu'elle a l'habitude, qu'elle devait le faire savoir à tout le monde... Et son frère qui s'était moqué d'elle. Il ne savait pas ce qu'elle avait vécu...
Elle se retourna, regardant cette fois la fenêtre, devant laquelle se trouvait le fauteuil où semblait dormir paisiblement le tueur. Mais quand Celian se leva et se dirigea vers le vieux siège en osier, ce fut pour y trouver Sark, lui aussi gelé jusqu'aux os.

« Je savais que tu étais d'apparence froide, mais je n'étais pas au courant que tu craignais autant le froid » chuchota t-elle.

« Qu'est-ce que tu fais debout ? Tu n'arrives pas à dormir ? » demanda t-il en bâillant.

« J'aurais pas du lui laisser le lit, j'aurais pas du... »

« Tu crois que si on y va elle le remarquera ? »

« A mon avis, tout ce que tu risques c'est un cocard à chaque œil et une jambe cassée »

« Tant que ça ? »

« Le premier cocard ça sera Sydney, le deuxième, Vaughn parce qu'il est toujours de son côté, et la jambe ça sera moi parce qu'il diront que c'est ma faute ! »

« Dans ce cas, si se sera ta faute, je peux aller me coucher sans crainte ! »

« Vas-y... »

Sur ces mots Sark se leva et parti derrière, en direction du lit où dormait tranquillement, du côté gauche, Sydney. Il s'installa doucement de l'autre côté, et tenta de ramener un peu des couvertures sur lui, en essayant de ne pas la réveiller. Si jamais elle s'en apercevait, elle allait le tuer, c'est sûr... peut-être même l'étouffer avec les draps...

Celian observait la scène, appuyée sur le dossier du fauteuil. Voyant que son frère avait réussi à s'installer entre les couvertures sans réveiller la jeune femme à côté, elle marcha à son tour vers le lit.

« Chère Celian, voudriez-vous une place ? »

« Avec plaisir, cher frangin »

« C'est pas vrai ! Je t'ai déjà dit de... »

« Ca va, ça va... » le coupa t-elle « Je vais me mettre entre vous deux »

« Pourquoi ? »

Pour toute réponse, sa sœur murmura quelque chose dans un langage qu'il lui était familier, c'était un code qu'ils avaient inventé, lui et Celian, il y a longtemps, pour communiquer sans que les autres élèves de l'école ne comprennent. Seulement il ne savait plus si ce qu'il avait entendu correspondait à « Bonne nuit », ou « La ferme »...
De toute manière, elle s'était endormie...

Hôtel, 4h30 du matin

Celian se leva la première, et s'empressa d'aller dans la salle de bains.

Quelques minutes après, Sydney s'étirait, les yeux encore clos, quand sa main heurta quelque chose à côté d'elle.

« Qu'est-ce que ?»

Elle vit Sark, allongé à sa gauche, plus souriant que jamais.

« Bonjour » lança le jeune homme.

« Vous n'êtes vraiment qu'une ordure » s'énerva t-elle. Elle le gifla et s'assit au bord du lit.

« Merci. Moi aussi j'ai bien dormi » se contenta t-il de répliquer en passant sa main sur sa joue.

Vaughn entra dans la chambre au moment où Celian sortit de la salle d'eau. Michael lança un regard curieux aux deux agents dans le lit double.

« Oh mon dieu... »

Sydney allait ouvrir la bouche pour balancer une excuse bidon, quand Vaughn l'interrompit :

« Non. C'est bon, je préfère ne pas savoir »

Sur ce, il prit la place de l'adolescente dans la salle de bains.

« Je ne savais pas que tu allais aussi vite avec les femmes » ria Celian en se dirigeant vers le salon.

« Tu sais bien qu'aucune ne résiste à mon charme » fi-t-il en la suivant dans l'autre pièce.

Sydney jeta un regard meurtrier à Sark, mais cela ne lui fit pas enlever son sourire moqueur du visage.

« Je vais le tuer » marmonna t-elle, en prenant sa tête en ses mains.

« Tu vois, » reprit Sark en fermant la porte derrière lui, « Je les fais toutes devenir dingue »

Vaughn et Celian étaient postés devant la fenêtre du salon, pendant que Sydney et Sark se changeaient dans la chambre. Mais ces deux derniers, l'une dans la salle de bains et l'autre près de la penderie, passaient plus de temps à se disputer à propos de tout à l'heure qu'à se changer.

« Vous n'auriez jamais dû » menaça Sydney.

« Pourquoi ? »

Sydney sortit de la salle d'eau, habillée.

« Ca aurait été votre, j'aurais compris... mais vous ! »

« Tiens, je ne savais pas que vous étiez lesbienne... »

« Quoi ? » s'écria t-elle en se précipitant sur lui pour le gifler.

Sark pressentit son mouvement, attrapa le poignet de la jeune femme et la tira vers lui.

« Voyons... Il ne faut pas avoir honte... »

Elle lui mis un violent coup de genou dans le ventre, et il ne pu s'empêcher de se plier en deux. Elle l'agrippa part le col et le fit se relever.

« Je ne suis pas lesbienne... Ce que je voulais dire, c'est vous auriez pu... non, vous auriez du me demander avant de vous installer dans le même lit que moi »

« Est-ce que ça aurait changé quelque chose ? »

« Eh bien... j'aurais... »

« Mal dormi... à force de me surveiller pour éviter que je ne m'approche trop près... Avouez que si je vous l'avez dit vous n'auriez pas aussi bien dormi »

Sydney ne savait plus quoi répondre.

« Alors, » reprit Sark en se dégageant de Sydney, « Croyez-vous que vous auriez passé une meilleure nuit si vous aviez été au courant qu'il y avait un psychopathe à côté de vous ? »

« Non » fi t-elle simplement en s'asseyant au bord du lit.

Sark allait s'asseoir à côté d'elle, lorsque la porte s'ouvrit :

« Andrew vient de m'appeler : on peut prendre le petit déjeuner dans les cuisines pour éviter d'être repérés. Si on veut... Vous en pensez quoi ? » questionna Celian.

« Il vaut mieux prendre des forces avant de repartir » répondit le tueur en se dirigeant vers sa sœur.

Les quatre évadés étaient installés à une table, réservée au personnel. A cette heure-ci les cuisiniers n'étaient pas encore levés, mais ils allaient bientôt l'être, ils devaient donc se dépêcher. A table, les deux camps se faisaient face : d'un côté les deux agents de la CIA, de l'autre, les deux tueurs de services. Ce fut Celian qui engagea la conversation :

« Qu'est-ce qu'on fait après ? On ne peut pas rester ici »

Aucun ne répondit, c'était le silence qui dominait la pièce.

« Ne répondez pas tous en même temps... »

Un autre long silence, puis Sark prit la parole :

« A mon avis tu devrais leur répéter la question, les agents de la CIA ont le cerveau lent à cette heure matinale »

Sydney se sentit provoquer, et fixa le tueur.

« Je me demande comment les Anglais font pour avaler du thé à chaque repas » lança t-elle en défiant Sark du regard.

« Je me demande comment les Américains font pour manger dans les fast-food à chaque repas » ne tarda t-il pas à répliquer, avec cet même air de défi dans les yeux.

Vaughn croisa le regard de Celian. Ils pensaient la même chose : ils commençaient tous les deux à en avoir assez des prises de têtes et des répliques cinglantes des deux ennemis. Certes Sark n'était pas un enfant de chœur, il avait fait des tas d'erreurs, mais Sydney ne faisait rien pour améliorer la situation.

Vaughn n'aimait pas Sark, mais cette fois le tueur était du même côté qu'eux.

Celian savait quelque chose que Vaughn ignorait : elle savait pourquoi Sark agissait comme ça. Ce n'était pas parce que Sydney avait tué Allison et son père, c'était pour autre chose...

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