Merci à Gengen07 pour sa review! J'espère que la suite lui plaira. Ce chapitre est rempli de bouts de ce que j'ai écrit en premier pour cette fic, quand ce n'était qu'une fic de discussion entre Ethan et Marcie, et pas encore une fic d'action. Autant dire que l'histoire n'avance pas beaucoup. :-)
CHAPITRE III
La voix de Marcie était ironique. "Oh, vous ne m'aviez pas oubliée? J'aurais cru. C'est moi que l'on envoie, d'habitude, pour les missions d'espionnage.
- Désolé de vous décevoir." ricana Ethan. "Vous auriez tellement voulu être oubliée?
- Voulu? Je ne dis rien de la sorte, crétin!" dit une voix maintenant légèrement énervée. Ethan se rendit compte que même si cette voix était distincte, il aurait aussi peu pu en donner la provenance que le timbre. Elle aurait pu être n'importe où dans la pièce. Cela le mit mal à l'aise.
Cependant, il était trop bien parti pour s'arrêter maintenant. "Je pense que vous allez me dire aussi que vous n'en êtes pas fière?"
"Pas fière, idiot! C'est juste que c'est la seule chose qui me rende spéciale. Personne ne me voit. Personne ne m'aime. Tout le monde m'oublie. Et moi, je tue."
Marcie avait repris son calme, ce qui était crucial dans sa profession. Elle y avait été longuement entraînée.
- C'est un paradoxe intéressant, n'est-ce pas? Les gens vous trouvent ennuyeuse, sans particularité, et c'est la seule chose qui vous rende spéciale? Votre seul petit talent de société? Il doit y avoir d'autres choses.
- Non. Je n'ai rien de spécial. Pas d'amis. Personne ne me voit." C'était sans appel.
"Même parmi les gens qui peuvent comprendre? Je sais qu'au sein même de l'Initiative, vous avez suivi des cours dans une sorte d'école spécialisées pour personnes transparentes. N'y aviez vous pas des camarades-vitres qui pouvaient partager des choses avec vous? C'est certainement possible." Ses paroles étaient douces, mais il avait un ricanement sarcastique sur sa lèvre.
- Pourquoi je leur parlerais?" cria Marcie, cette fois ayant complètement échoué à garder son calme, blessée à un point sensible. "Ils sont tous aussi stupides et ennuyeux que moi!"
"Même vous, vous vous trouvez ennuyeuse?" demanda encore Ethan. J'aurais cru que c'était quelque chose d'un peu plus subjectif. Tout le monde se trouve passionnant, en général. N'est-ce pas? Même le président Bush a dit...
- Parle pour toi!" Marcie l'interrompit, sa voix était presque un sifflement, maintenant. "Toi, tu parles aux gens avec un grand sourire, et ils te trouvent drôle," ici, Ethan hocha la tête "et tu ne peux pas comprendre. Comment ces choses se passent, en vrai."
Marcie avait cessé de crier, mais elle parlait très vite, maintenant, comme si elle avait peur d'être interrompue.
"Il y a une hiérarchie, tu sais, dans les lycées, et sans doute ailleurs. Il y a les gens que tout le monde regarde. Même si on ne les aime pas, on ne peut pas nier qu'ils ont quelque chose de spécial. Il y a les gens normaux, qui ne sont pas spécialement remarquables, mais qui ont des amis. Et puis il y a les autres. Ceux à qui personne ne parle. Ceux qui n'ont pas d'amis du tout, ni même de connaissances, ni même d'ennemis, parce qu'ils sont trop inexistants."
Mais Ethan ne tentait même pas de l'imterrompre, et il la laissait parler, avec un vague sourire au coin des lèvres.
"On dit que les gens qui n'ont pas d'amis se groupent, et deviennent amis entre eux. Mais ce n'est pas vrai. Ceux qui peuvent le faire, ils ont déjà... quelque chose. Comme Buffy et cette Willow Rosenberg et leurs amis, qui disaient être des louzeurs, qui pensaient ne pas être populaires, mais qui n'ont aucune idée de ce que c'est, en vrai. Moi je sais. Personne ne pourrait préférer être mon ami à ne pas en avoir. Même ce type - Machin, le frère de Tucker - ne m'aurait jamais parlé. Personne ne m'aurait jamais parlé en premier, sous aucune circonstance. Même si je faisais des trucs stupides, ils m'ignoraient, ou si ils me criaient dessus sur le moment, ils oubliaient que ça avait été moi.
Il y avait des gens qui sont fiers d'être polis - ceux-là, je pouvais avoir leur attention un tout petit bout de temps, si je criais fort. Mais je les détestais. Parce que ce n'était pas vraiment pour moi. Et qu'ils faisaient semblant, juste pour un moment, d'être gentils. Je savais bien, que personne ne pouvait devenir mon ami comme ça, par envie. Mais je voulais que quelqu'un m'adresse quelques mots, de temps en temps, par pitié, que le fait qu'il me parle fasse comprendre aux autres que j'existe. Cette fille - Cordelia. Elle était belle et populaire. A chaque fois qu'elle parlait à quelqu'un, c'était ça : "Vois comme tu es chanceux que je t'aie adressé la parole." Elle, elle avait compris. Elle n'avait pas de grands principes moraux, elle ne faisait pas la fille polie, elle ne jouait pas l'amitié sincère, avec personne. Elle savait qu'elle ne parlait aux autres que par faveur. Et c'est pour ça que je voulais qu'elle me parle. Comme ça, j'aurais été comme les autres. Et les autres m'auraient vue aussi. J'aurais fait n'importe quoi pour qu'elle me voie, pour qu'elle me demande de porter ses affaires ou quelque chose, pour qu'elle m'engueule à propos de mes fringues. Mais non, elle a continué à ne pas remarquer mon existence. Elle oubliait mon nom, d'un jour sur l'autre, alors que j'essayais d'être toujours avec elle. Alors je l'ai détestée. Parce que c'est elle qui aurait pu me faire exister, et qu'elle ne l'a pas fait."
Ethan continuait à sourire d'un air vaguement aimable. Si les plaintes qu'ils entendait avaient été accompagnées d'un visage, peut-être aurait-elles pu inviter à la pitié, ou à la moquerie, mais là, il semblait que Marcie était hors de portée de ces réaction. Ethan se força à se concentrer et perçut que la voix de Marcie redevenait plus lente, plus grave, plus impersonnelle, si c'était possible.
"Tu me l'as presque fait oublier l'espace d'un instant... mais personne, surtout les gens comme toi, ne peut s'intéresser à moi. Sauf quand ils ont peur de moi, ou quand ont besoin de moi." - c'est seulement à cet instant qu'Ethan ressentit une lame froide contre sa gorge - "Comme ceux de l'armée. Alors... Je ne crois pas que tu aies peur de moi, pas assez, pas encore. C'est dommage, c'est le plus agréable! Parce que là, ils m'entendent bien, et ils me cherchent du regard, et ils savent que je suis là, même si aucune d'entre eux n'a pu me voir, même un tout petit peu. Réponds! Pour quoi comptais-tu m'utiliser?
- C'est une très bonne question, demoiselle." Dit Ethan en essayant de ne pas trop déplacer sa gorge, "mais il y a des façons plus polies de le demander. Pourquoi cette colère? Ai-je essayé de vous faire croire autre chose?
- Oui... Non..." La fureur rendait la voix de Marcie saccadée. "Je n'ai pas parlé aussi longtemps à quelqu'un depuis des années. Ce n'était pas vrai, alors? C'est pour m'utiliser?
- Oui. Mais ce n'est pas méchant, je fais ça avec tout le monde. Et puis je comptais bien vous demander votre accord préalable." Il prit un instant une voix ridiculement enjouée. "Alors, on reprend?" La pression sur sa gorge disparut, et Ethan prit une grande respiration.
"Pourquoi faire?" demanda Marcie, pas encore calmée.
Ethan reprit un ton de voix plus naturel.
"Connaissez-vous David MacMillan?"
"Il est venu nous inspecter deux ou trois fois. Un grand chef." Il était difficile de savoir si la voix de Marcie était plus indifférente que d'habitude, ou si c'était la même chose.
"Je cherche des gens qu ne l'aiment pas." dit Ethan d'un ton de voix naturel. "Pour... fonder un petit club, en attendant autre chose. J'aurais été honoré de vous compter parmi les membres.
- Je n'aime personne." fut la réponse.
"C'est un oui?"
"Tu es un vieux fourbe, et pourtant j'aime ton honnêteté. Tu n'as pas essayé de faire croire que tu voulais autre chose que ma force. Alors peut-être." Il n'y avait aucune nuance supplémentaire d'humour dans la voix de Marcie quand elle ajouta "Cela dépendra de la cotisation." Il aurait du y en avoir, pourtant.
Il y eut un silence.
"Bon, on en reparlera!" s'exclama encore Ethan. Avec l'air de la plus parfaite innocence, il ajouta. "Il se trouve que nous avons été entraînés par hasard dans ces évocations douloureuses, mais ce n'est pas de ça que je voulais parler, à l'origine."
Il était difficile d'évaluer si Marcie le croyait ou pas.
"Si Willow Rosenberg s'est lancé un sort pour se dissimuler, alors le gamin ne trouvera rien. Les autres feront trop attention. Non, pour la trouver, il faut qu'elle passe à l'action.
- C'est ça, un plan pour les gendes personnes?" fit remarquer Marcie.
"Ca vient, ça vient. Pour qu'une créature survienne, suffisamment puissante ou suffisamment liée à la sorcellerie pour que les autres aient besoin de son aide, il suffirait d'attendre. Nous sommes à Sunnydale, après tout! Mais il me semble que nous sommes asez pressés d'achever notre mission, à la fois par esprit de vengeance, goüt du repos et amour du travail bien fait. De plus, nous ne voulons pas que Mademoiselle Sorcière ait le temps de filer. Aussi, je pense qu'il faut créer l'occasion, précipiter les événements, si vous voyez ce que je veux dire?
- Je ne leur ferai pas savoir que je suis là. D'aucune façon.
- Moi non plus. J'en ai mal d'avance, rien que d'y penser. Mais il serait possible d'utiliser un intermédiaire...
- Invoquer quelque chose?" demanda Marcie. "C'est toi le sorcier."
"J'ai perdu dans ma jeunesse le goüt des invocations de créatures trop puissantes. Et puis, quel besoin est-il d'avoir une vraie menace s'il suffit de créer l'illusion? Je peux laisser des indices. Faire croire à une conspiration plus grande que ce que nous pourrions créer en vrai. Je m'y connais suffisamment. Et alors, la sorcière viendra. Mais déjà, il faut une première attaque. Pour les effrayer un peu. Et la victime sera...
- Buffy Summers?" demanda Marcie.
- "Non." répondit le sorcier. "Ce serait trop évident, et puis pas drôle, elle aurait gagné en dix secondes. Non, la victime sera notre ami Neil." Marcie eut un son d'incompréhension. "Si il se fait attaquer alors que la Tueuse et ses amis sont autour de lui, il sera considéré comme une victime potentielle, et il aura ses entrées dans le groupe. Ce qui nous arrange.
- Mais il ne sait rien?" demanda la fille invisible.
"Si je l'avais prévenu, il n'aurait pas su bien jouer la comédie, il me semble bien innocent. Mais là, personne ne mettra en doute sa bonne foi!
- Il est de notre côté.
- Pourquoi ces idées! Ca ne sera rien de dangereux, de toute façon. Si tout va bien, ce sera même plus amusant que tout ce qui a pu lui arriver dans toute sa vie! (Ce n'est pas très difficile, à le voir.) Nous lui rendons service!"
Malgré une forte insistance sur le dernier mot, il n'emporta pas l'approbation.
"Allez, sortons." reprit-il. "Tout à l'heure, lors de mon sort de détection, j'ai pu repérer la boutiques de sortilèges et charmes d'un vieux camarades. Seriez-vous intéressée par la visite d'une boutique tenue par un démon? Au coeur des égouts de Sunnydale, taillé dans le crâne d'un dragon, une merveille de pittoresque comme on n'en verra dans aucune autre ville."
Il n'entendit rien - les pas de Marcie étaient inaudibles - mais il sut qu'elle le suivait.
