Disclaimer: Tous les personnages de cette histoire appartiennent à J.K. Rowling, excepté pour Samantha Highfield. Bilbo le Hobbit appartient à J.R.R. Tolkien.

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(Repère de temps: mardi)

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Rogue avait vraiment besoin d'une marche pour lui faire oublier son cauchemar traumatisant. Il se faufila le long des corridors tel une ombre en essayant de ne pas se faire repérer par les autres professeurs ou par Madame Pomfresh, et parvint à sortir de l'école.

Soulagé d'être enfin à l'air frais, il se dirigea vers le lac. Après avoir erré près de ce dernier, il se retrouva à marcher vers les serres. Lorsqu'il fut arrivé près de la serre numéro 2, il entendit des bruits de pas. Rogue se colla contre l'arrière de la serre et tenta un coup d'oeil pour voir qui c'était. C'était Madame Pomfresh et Chourave.

". . . vous remercie beaucoup de m'aider à m'occuper des rosiers. Vous allez voir; c'est fou, comme ils ont grandi!" Rogue regarda à sa gauche et vit, en effet, tout un bouquet de gigantesques rosiers.

Bon sang! Pensa Rogue. Il faut que je me cache : je ne suis pas censé être ici! Il regarda autour de lui mais ne trouva aucun endroit où se cacher. Les pas se rapprochèrent davantage. Rogue se retourna et vit de grandes vignes qui montaient le mur de la serre. Ne voyant aucune autre possibilité, il monta délicatement sur le toit en verre en se servant de la vigne. C'était moins une: Chourave et Madame Pomfresh venaient juste de tourner le coin et commençaient à s'affairer à tailler les rosiers.

"Dites, vous savez ce qui a piqué Severus ce matin?" Demanda Chourave. Pomfresh ne réussit pas à dissimuler son rire.

"Le pauvre avait des problèmes avec son estomac. Il est encore au lit et devinez qui veille sur lui," dit-elle avec un sourire malicieux.

"Non!" Cette fois ce fut Chourave qui laissa échapper un rire. "Il ne va jamais le pardonner à Albus!"

"Elle a insisté pour rester avec lui," commenta Pomfresh. "Ce n'est pas que je m'en plaigne, ça va lui faire du bien d'avoir une femme à part moi qui s'inquiète pour sa santé." À cette remarque, Rogue fronça les sourcils.

"Imaginez la tête qu'il va faire quand il va se réveiller!" Les deux femmes s'écroulèrent de rire.

"Si vous saviez comment elle le regarde chaque fois qu'elle le voit," lui dit Chourave. "Je me demande si Severus s'en rend compte. . ."

"Il est tellement grincheux," dit Pomfresh. "Ça lui ferait du bien d'avoir une femme dans sa vie. . ."

Pendant tout ce temps, Rogue était en train de fulminer sur le toit de la serre. Comment osent-elles parler de ma vie amoureuse?! Pensa-t-il. Il se redressa et s'apprêtait à leur crier sa façon de penser quand il s'arrêta net. Il regarda à ses pieds et vit que la vitre commençait à craquer sous son poids.

"Quel est ce bruit?" Demanda Madame Pomfresh en relevant sa tête d'un bouquet de rosiers.

"Aucune idée," répondit Chourave.

"On dirait un craquement," remarqua l'infirmière. Elles levèrent la tête juste à temps pour voir le toit de la serre s'effondrer ainsi qu'une silhouette noire pousser un cri et tomber à l'intérieur.

Les deux femmes se précipitèrent dans la serre et trouvèrent Rogue étendu sur le sol. Elles le retournèrent précautionneusement sur son dos et il grogna. Il avait des coupures sur le visage ainsi que sur les mains et ses vêtements étaient également coupés à plusieurs endroits.

"Que faites-vous ici?" Lui demanda Madame Pomfresh, furieuse.

"Et qu'est-ce que vous faisiez sur le toit de la serre, par-dessus le marché?!" Renchérit Chourave.

"Ça vous ennuierait d'enlever votre main de mon bras, Pompom?" Gémit Rogue. Elle retira sa main comme il le lui avait demandé pour voir un grand morceau de verre dépasser de son bras gauche.

"Ne bougez pas Severus," lui dit-elle d'une voix calme. Elle l'examina pour voir s'il avait d'autres morceaux de verre de rentrés dans la peau et lui demanda s'il pouvait se relever.

"Bien sûr que je le peux," répondit Rogue d'un ton sec. Il se releva et s'apprêtait à retirer le morceau de verre de son bras quand Madame Pomfresh l'arrêta.

"Non!" Lui dit-elle, ce qui fit sursauter Rogue et Chourave. "Nous ne savons pas à quelle profondeur il est enfoncé. Vous allez me suivre à l'infirmerie," finit-elle en regardant le sang dégouliner de sa manche.

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Quand ils furent arrivés à l'infirmerie, Pomfresh fit asseoir Rogue sur un lit et entreprit de relever sa manche, mais s'arrêta et se retourna vers Chourave avec un sourire.

"Merci, vous pouvez quitter. J'irai vous aider avec vos rosiers un peu plus tard." Elle attendit que Chourave ait refermé la porte derrière elle pour relever la manche de Rogue. Très peu de gens savaient qu'il portait la Marque des Ténèbres et c'était sans doute mieux ainsi.

"Non, ça ne va pas marcher, comme ça" murmura-t-elle. "Essayez d'enlever votre chemise." Elle l'aida à enlever les trois épaisseurs de chandails qu'il portait et reporta son attention sur le morceau de verre. "Ça va faire mal," le prévint-elle avant de le retirer.

Rogue serra les dents et se retint de crier de douleur lorsque Madame Pomfresh tira d'un coup sec le morceau de verre de son bras. Elle se hâta d'appliquer un linge stérilisé sur la blessure ouverte qui laissait le sang couler à flot et commença ensuite à la désinfecter.

"Vous êtes vraiment pire qu'un enfant," lui reprocha-t-elle.

"Pardon?!" S'exclama Rogue, incrédule. "Je ne suis pas celui qui passe son temps à parler dans le dos des autres quand il pense que les personnes en question ne sont pas là. D'ailleurs, je me demande si il vous arrive de faire autre chose que des suppositions sur la vie privée des gens, dans une journée. De plus –" elle le fit taire en faisant une pression non nécessaire à sa blessure.

"Je ne peux pas croire que Samantha vous ait laissé sortir. Que lui avez-vous dit pour qu'elle le fasse?" Reprit-elle avec colère. À ce moment, la porte de l'infirmerie s'ouvrit et Dumbledore se dirigea vers eux.

"Severus, voulez-vous bien vous expliquer?" Lui demanda-t-il. On pouvait dire par l'étincellement dans ses yeux qu'il n'était pas en colère pour le moins du monde. En fait, il avait plutôt l'air amusé.

"Quoi? Qu'est-ce qu'il a fait encore?" Interrogea Madame Pomfresh d'un ton exaspéré. Dumbledore soupira. Finalement, il était un peu réprobateur après tout.

"Lorsque j'ai été dans vos quartiers pour voir comment vous alliez cet après-midi, j'ai trouvé Mademoiselle Highfield étendue sur le sol de votre chambre. . . Pétrifiée." Madame Pomfresh, qui venait de panser le bras de Rogue et fini de guérir toutes ses blessures, se tourna vers lui.

"Comment avez-vous pu? Cette femme ne veux que votre bien! Vous êtes vraiment pire que je ne le croyais! J'aurais dû vous enfermer ici! Albus, raisonnez cet homme, enfin!" Rogue roula les yeux et Dumbledore soupira une nouvelle fois. Ce dernier lui posa une main sur l'épaule.

"Severus, promettez-moi que vous ne jetterez plus de sorts à Mademoiselle Highfield. Je ne puis permettre le personnel de cette école de se quereller, vous comprenez? Qu'en penseraient les élèves?" À ce moment, on entendit des cris dans le corridor. C'était la voix de Remus Lupin.

"Enfin! Contrôlez-vous Samantha! Je suis sûr qu'il ne voulait pas vraiment le faire –"

"EH BIEN, IL N'AVAIT QU'À NE PAS LE FAIRE!" Cria cette dernière à son tour.

Dumbledore fronça les sourcils. Il donna une petite tape sur l'épaule de Rogue en lui murmurant un 'bonne chance' et quitta l'infirmerie.

Il fit semblant de ne pas voir Remus Lupin en train de retenir le professeur de Défense Contre les Forces de Mal et se dirigea dans la direction opposée du corridor alors que Samantha réussissait à se libérer de Lupin en lui donnant un coup de pied dans le tibia. Elle courut alors d'un pas enragé vers l'infirmerie.

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Rogue venait juste de remettre sa chemise sur ses épaules quand Samantha entra en trombe dans la pièce, faisant presque avoir une crise de coeur à Madame Pomfresh. Elle se dirigea à grands pas vers le Maître des Potions et lui décocha un coup de poing à la figure, le faisant renverser de l'autre côté du lit dans un craquement sonore.

Juste comme elle s'en allait le relever par le col de sa chemise non attachée, une paire de bras la saisit de par derrière et l'éloigna de Rogue, qui était étendu par terre et qui tenait son nez ensanglanté avec une expression de surprise et de douleur.

"LAISSEZ-MOI LUI RÉGLER SON COMPTE, REMUS!" Elle lui écrasa les orteils à l'aide de ses talons hauts et, une fois libérée, elle se précipita sur Rogue. Elle le remit sur ses pieds en le tenant par les épaules et le plaqua au mur. Comme coup final, elle lui envoya un coup de genou qui connecta avec une partie particulièrement sensible de son anatomie. Elle regarda avec contentement Rogue glisser lentement par terre, ses mains recouvrant son entrejambe, et quitta l'infirmerie.

Rogue, une nouvelle fois étendu sur le sol et se tordant de douleur, entendit à peine la remarque de Lupin.

"Quel caractère," dit ce dernier tout en se massant les orteils avec un sourire rêveur et un regard lointain. Les gémissements à demi-étouffés de Rogue le ramenèrent soudainement à la réalité et il s'agenouilla à côté de Rogue.

Aïe, il doit avoir le nez de cassé, en plus de ça, pensa Lupin en regardant le sang couler à flot de son nez. L'infirmière, qui venait de reprendre ses esprits après un spectacle assez troublant, s'installa à côté de Lupin.

"Aidez-moi à le redresser," lui dit-elle. Ensemble, ils réussirent tant bien que mal à installer Rogue sur un lit qui, une fois assis, continuait d'essayer d'arrêter ses gémissements (sans succès), et qui était toujours plié en deux. Madame Pomfresh lui mit plusieurs mouchoirs dans la main et lui dit de redresser la tête pour arrêter l'écoulement de sang mais il refusa, étant encore trop occupé à être plié en deux.

"Bon sang, qu'est-ce qui s'est passé ici?" Leur vint la voix de Madame Bibine depuis les portes de l'infirmerie. Elle était figée sur place à regarder le spectacle sanglant, (et tordant, quoiqu'elle ne l'avouerait jamais en face de Rogue, si elle tenait à sa vie). Rogue se redressa enfin en entendant sa voix. Il n'était pas pour laisser quelqu'un d'autre le voir dans une position aussi humiliante.

"Rien," parvint-il à dire avec un énorme effort, quoique sa voix était surélevée. Bibine se retint de se tordre de rire et s'avança vers le trio.

"Heu. . . vous avez besoin d'aide?" Leur demanda-t-elle d'un ton incertain.

"Non, je crois que ça va aller," répondit Pomfresh, qui venait de se placer devant Rogue. Elle pointa sa baguette sur le nez de ce dernier et murmura un sort. On entendit un autre craquement et son nez fut réparé. "En y repensant, pourriez-vous aller aux cuisines et amener un sac de glace?" Changea d'idée l'infirmière en regardant le nez enflé de Rogue. Avant que le professeur de vol ne sorte de la pièce, Lupin l'arrêta.

"Heum. . . je crois qu'un deuxième sac ne serait pas de refus," lui dit-il en regardant Rogue qui grimaçait toujours. Madame Pomfresh eut l'air confus pendant un moment.

"Quoi?. . . Oh! Quelle sotte je fais!" S'exclama-t-elle en portant une main à son front, comprenant enfin ce que Lupin voulait dire. "Désolée Severus," ajouta-t-elle en le regardant d'un air navré. Rogue lui renvoya un regard mauvais. Bibine jeta un dernier coup d'oeil au Maître des Potions et se dirigea vers les cuisines.

Pendant que cette dernière était partie, Rogue réussit enfin à se débarrasser de l'infirmière après lui avoir répété au moins cinq fois qu'il n'avait pas besoin d'elle. Elle insista cependant pour qu'il passe la nuit à l'infirmerie de peur qu'il ne lui arrive de nouveau quelque chose. Pourtant, avant de se retirer, elle murmura à l'oreille de Lupin de le surveiller jusqu'à ce que son patient s'endorme. Peu après vint Madame Bibine, traînant deux sacs de glace.

"Alors, Severus, vous avez enfin trouvé quelqu'un de votre caractère ?" Plaisanta-t-elle. Rogue grogna comme façon de lui répondre. Il n'était vraiment pas d'humeur et encore moins en état de partir un débat.

"Vous voulez bien rester quelques minutes?" Interrogea Lupin, dont Rogue avait oublié la présence. "Il faut que j'aille lui chercher de quoi pour dîner. . . et aussi son pyjama," finit-il.

"Pas de problème," répondit Bibine. "Prenez tout le temps que vous voudrez," ajouta-t-elle avec un sourire, prenant plaisir à chaque instant de la situation. Lorsque Lupin fut parti, Bibine s'approcha de Rogue. "Alors, ce n'est vraiment pas votre journée, à ce que j'ai entendu dire," dit-elle en lui tendant un sac.

"Non, en effet," répondit Rogue entre ses dents en mettant le sac contre son nez et, après avoir jeté un regard de 'aucun commentaire' à sa collègue lorsqu'elle lui donna le second sac, mit ce dernier contre son entrejambe. Rogue ferma les yeux et soupira de soulagement, essayant d'ignorer la femme qui se tenait devant lui, ou du moins de la dissuader de rester plantée là comme un piquet.

Ils restèrent ainsi dans un grand silence pendant de nombreuses minutes; enfin, c'est ce que Rogue pensait, puisqu'il se sentant affreusement inconfortable. Il rouvrit alors les yeux pour lui jeter un regard noir.

"Quoi?!" Demanda-t-il enfin d'un ton clairement agacé. À ce moment, Lupin revint dans la pièce avec le pyjama noir de Rogue, accompagné de deux elfes de maison derrière lui, l'un d'eux portant un cabaret. Comment il avait fait pour trouver son pyjama, Rogue n'en avait pas la moindre idée. Il supposa avec irritation qu'il avait dû tourner sa chambre sans dessus dessous pour le trouver, ayant lui-même de grandes difficultés à retrouver ses vêtements puisqu'il les laissant traîner un peu partout quand il se déshabillait. L'elfe au cabaret déposa ce dernier sur la table de chevet.

"Le Professeur Rogue désire autre chose, Monsieur?" Demanda l'elfe en sautillant d'une jambe à l'autre. Rogue se racla la gorge et afficha un sourire malicieux, ayant eu une soudaine idée.

"Non, mais je crois que le Professeur Bibine aimerait bien que ses bottes soient de nouveau propres et cirées," dit-il en fixant les bottes de Bibine qui étaient tachées de sang. L'elfe se mit à sautiller vers le professeur de vol et, grouillant d'excitation, la poussa derrière les genoux vers la porte pour qu'il puisse se mettre au travail le plus vite possible.

"Tu me paieras ça, Rogue !" Lui lança-t-elle en brandissant un poing dans sa direction tandis qu'elle était entraînée à l'extérieur de la pièce par l'elfe. Rogue la regarda disparaître avec un sourire satisfait. . . mais le perdit vite quand il posa les yeux sur la nourriture qui l'attendait: des toasts avec du beurre et de l'eau. Beurk.

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Tandis que Rogue mâchonnait ses toasts sans appétit, l'autre elfe de maison qui était venu avec Lupin nettoyait le sang qui couvrait le plancher par endroits à l'aide d'une serpillière.

"Vous avez pris votre potion?" Demanda Rogue à Lupin en levant les yeux vers lui.

"Oui," répondit-il, "heureusement que vous l'aviez laissée dans votre bureau, sinon je ne l'aurais pas trouvée.

Rogue soupira. Pourquoi ai-je été si stupide pour la laisser dans mon bureau? Pensa-t-il. S'il ne l'aurait pas trouvée, j'aurais eu un prétexte pour m'enfuir de cet endroit abominable. . . Lupin déposa le pyjama de Rogue au bout du lit et sortit d'une de ses poches. . .

Oh non! Pas cette horreur! J'aurais du cacher ce maudit livre! Se dit Rogue.

Lupin s'assit avec un sourire de satisfaction dans la chaise au pied du lit et continua sa passionnante lecture de 'Bilbo le Hobbit'. Rogue se dépêcha de finir son 'repas' pour s'éclipser au moins pendant un moment dans la salle de bain pour enfiler son pyjama. Il se regarda dans le miroir.

"Est-ce que je mérite vraiment ça?" Demanda-t-il à sa réflexion d'un ton désespéré.

"Eh bien, je ne connais pas tous vos antécédents, mais vous l'avez sûrement mérité", répondit le miroir. "D'après ce que j'ai déjà entendu dire, quand on crache en haut, ça nous retombe toujours dessus."

"Oh, la ferme!" Dit Rogue en s'adressant au miroir. "Je ne t'ai pas demandé ton avis!" Voilà pourquoi le seul objet moldu qu'il possédait était un miroir. Au moins, il ne se faisait pas insulter et il pouvait garder son intimité.

"Vous êtes affreusement pâle, vous savez? Vous devriez dormir plus," continua le miroir.

"Ça va! Je n'ai pas besoin d'une seconde Pompom Pomfresh!" Rétorqua Rogue. Il se hâta d'enfiler son pyjama et retourna au lit.

C'était bien beau essayer de dormir, mais comment était-il supposé dormir quand Lupin ne cessait de lire à voix haute des chansons stupides telles que:

"Ici, l'elfe et sa soeur

Accueillent maintenant ceux qui sont las

Par un tra-la-la-lally,

Revenez à la vallée,

Tra-la-lally,

Fa-la-lally,

Fa-la!"

Ou bien il disait des phrases incohérentes comme: "Attention, les gobelins vont vous manger!"

Néanmoins, après un moment, Rogue commença à dodeliner et il soupçonna qu'on l'avait drogué par l'intermédiaire de ses toasts. La raison pour laquelle il pensait ainsi était qu'il commençait à faire un rêve, et non un cauchemar, comme il avait l'habitude d'en faire. . .

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Il se trouvait sur la bande d'un petit ruisseau. On pouvait entendre les oiseaux chanter et le soleil brillait de tous ses feux. Une légère brise lui rafraîchissait le visage tandis qu'il marchait paisiblement sans aucun souci dans la tête. Ah, comme il se sentait bien!

Du coin de l'oeil, il put voir une biche et sa progéniture entre les fougères. Alors, pensa-t-il, ce doit être une sorte de forêt. . . Il continua son chemin sans se préoccuper de rien. Il entendit une truite sortir momentanément de l'eau et y replonger aussitôt. Tout était parfaitement parfait.

En arrivant dans une clairière remplie de fleurs, il distingua une silhouette vêtue de blanc. Il s'en approcha suffisamment pour la voir entièrement. C'était une femme. Une femme qui portait une robe blanche. Elle portait un magnifique pendentif qui représentait la lune, entourée d'une mince ligne dorée qui épousait parfaitement les contours de l'astre argenté. Ses yeux bleus contrastaient avec ses magnifiques cheveux châtains qui descendaient en cascade jusqu'au milieu de son dos.

Ces derniers étaient décorés d'une fleur dont il ignorait le nom, mais il pouvait cependant dire qu'elle était magnifique, autant la fleur que la femme. Cette dernière, qui était assise sur une bûche, cessa d'arracher les pétales de la même sorte de fleur qu'elle avait dans les cheveux pour se tourner soudainement vers Rogue.

Le coeur de ce dernier fit un bon dans sa poitrine. Cette femme était Samantha Highfield! Elle arracha le dernier pétale de sa fleur en murmurant 'à la folie', et se leva. Severus était incapable de bouger. Il était hypnotisé par son regard. Il y avait tellement d'émotion dans ses yeux.

Elle s'approcha lentement vers lui et lui mit les mains sur les épaules. Rogue déglutit avec peine. Elle contempla ses yeux pendant un moment et lui demanda:

"Que voulez-vous, Severus?"

Elle approcha sa bouche de son oreille et murmura, "Un baiser?" Il y eut un silence de plus en plus pesant.

"Oui," répondit Rogue, la gorge sèche. Il était lui-même surpris par sa propre réponse. Elle recula un peu pour mieux voir son visage, déplaça ses mains derrière son cou, approcha ses lèvres des siennes et. . .

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Rogue se réveilla en sursaut, la respiration précipitée.

Son esprit était encore flou par son rêve, quand il entendit un cri étouffé. Il leva les yeux pour voir Lupin, terrifié, les yeux cachés derrière sa main, en s'efforçant de ne pas regarder le livre qu'il tenait de son autre main. Il risqua un regard en écartant ses doigts en 'V', mais replaqua aussitôt sa main sur son visage en s'exclamant: "Non, Bilbo! Vous allez perdre vos boutons de manchettes!"

Rogue eut une grimace dégoûtée. Quel imbécile, pensa-t-il en fermant les yeux. Des images de son rêve lui revinrent à l'esprit et il grimaça une nouvelle fois. Je crois que j'ai besoin d'un verre. . .

Il rouvrit les yeux. Lupin était toujours aussi terrorisé et tenait toujours le livre à bout de bras en se cachant la vue. C'est maintenant ou jamais, se dit Rogue. Il repoussa délicatement les couvertures et se faufila hors du lit jusqu'à la porte. Une fois sorti, il prit la direction des cuisines.

Il espérait de tout son coeur qu'aucun élève ne le croiserait dans les couloirs, mais il ne devait pas se soucier de cela car les élèves étaient depuis longtemps retournés dans leur salle commune. Mais il y avait toujours le risque des professeurs. Il n'osait imaginer la réaction de Minerva McGonagall si elle le voyait rôder dans les corridors en pyjama et les pieds nus. Quand il arriva à destination, une flopée d'elfes de maison vint l'entourer.

"Le Professeur Rogue désire quelque chose, Monsieur?" L'interrogea un des elfes en s'accrochant presque à sa jambe. Rogue avait affreusement envie de donner un coup de pied à la petite créature verte car il commençait sérieusement à manquer d'air.

"Du brandy, vous avez?" Soupira-t-il avec espoir.

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Trois quarts d'heure plus tard, quiconque s'aventurait dans le couloir menant à l'escalier des donjons pouvait voir un Severus Rogue chancelant, s'accrocher aux armures sur son chemin pour éviter de se recasser le nez en tombant en pleine figure sur un plancher de béton.

Oh, non, se dit-il dans son esprit flou, tandis qu'il s'engageait dans l'escalier. Pas elle! Mais il était trop tard ; sous l'effet de la surprise, il mit un pied sur une jambe de son pyjama qui était légèrement trop longue, déboula les marches avec un bruit de déchirement et se retrouva face contre terre au pied des marches. Un grand rire fit éruption dans le corridor.

"HA HA HA HA HA!" (Et c'était le cas de le dire, c'était vraiment un rire de sorcière). "QUI AURAIT JAMAIS CRU VOIR LE REDOUTABLE PROFESSEUR ROGUE DÉBOULER LES MARCHES, DÉCHIRER SON PANTALON DE PYJAMA ET SE RETROUVER EN BOXERS ÉTALÉ PAR TERRE?!" Rugit Samantha Highfield, seulement pour redoubler de rire. Rogue releva la tête et grogna, confus.

"Mmmh? Q'c'est passé?"

"Qu'est-ce que c'est que tout ce boucan?" Leur vint la voix de McGonagall du haut de l'escalier.

"M'nerva?" Murmura Rogue. La pile de livres que McGonagall tenait dans ses bras tombèrent soudain et déboulèrent les marches à leur tour.

"Severus?!" S'exclama-t-elle. "Enfin. . . que faites-vous en sous-vêtements dans les couloirs de l'école?! Vêtissez-vous pour l'amour de Dieu!" Dit-elle en se couvrant les yeux d'une main.

"Quoi?" Murmura Rogue. C'est à ce moment qu'il se rendit compte que son pantalon de pyjama était tout déchiré et qu'il était, en effet, en sous-vêtements. Il rougit d'embarras. "Bordel. . ." Grommela-t-il. Et il perdit connaissance, intoxiqué par l'alcool et la gêne.