Disclaimer: Tous les personnages de cette histoire appartiennent à J.K.Rowling excepté pour Samantha.
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(Mercredi, très tard dans la nuit.)
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". . . va-t-il, Pompom ?" Dit une voix douce.
"Il a énormément de blessures, mais il va s'en sortir," répondit cette dernière d'une voix également douce. La voix marqua une pause. "Il aurait dû aller me voir immédiatement," ajouta-t-elle. "Ça lui aurait sans doute évité ça. . . je n'ose imaginer sa réaction Albus. . . "
"A-t-il été infecté ?" Demanda Dumbledore d'une voix anxieuse.
"Je l'ignore, pour l'instant. . . il va me falloir un échantillon de sang." Il y eut une pause. "Bon sang ! Heureusement que Samantha est arrivée à temps ! Imaginez si. . ." Madame Pomfresh semblait au bord des larmes.
"Shhh, ça va allez, Pompom, calmez-vous."
Ces voix semblaient lointaines dans l'esprit de Rogue. En dehors de la douleur, il se sentait étrangement relaxé. Lui avait-on administré par seringue une potion Tranquillisante ? Après un moment de silence, l'infirmière renifla et reprit la parole.
"Enfin. . . il a eu de la chance. . . et je n'ai rien vu qui puisse ressembler à une morsure, pour l'instant. . ." Rogue entendit un bruit qui ressemblait à quelque chose que l'on plonge dans l'eau et sentit quelque chose d'humide sur son torse. Il entrouvrit ses paupières et vit la silhouette floue de Madame Pomfresh penchée sur lui avec une débarbouillette en train de nettoyer ses plaies.
"Ah, vous êtes réveillé, Severus." Rogue tourna légèrement la tête vers la voix pour voir Dumbledore qui s'efforçait visiblement pour sourire. Sans doute quelque chose le troublait : derrière ce sourire Rogue pouvait discerner de l'anxiété. Il ne fut pas surpris non plus quand Dumbledore le perdit presque aussitôt. "Comment vous sentez-vous ?" Dit-il en s'asseyant dans une chaise à côté du lit.
"Comme si je venais de gagner la Coupe du Monde de Quidditch," répondit Rogue d'une voix rauque qu'il réussit à remplir de sarcasme. Dumbledore soupira. On aurait dit qu'il avait vieilli de cinquante ans.
"Severus," commença-t-il en fixant la table de chevet, "avez-vous eu connaissance d'avoir été mordu ?" Finit-il en le fixant, cette fois, dans les yeux de son regard pénétrant. Soudainement, les événements de la soirée revinrent à l'esprit de Rogue. Ce dernier mit du temps pour répondre, puis hocha la tête et grimaça quand Madame Pomfresh passa délicatement la débarbouillette sur les profondes blessures de ses épaules. Il attendit que Dumbledore en vienne à ce qu'il voulait dire, mais l'infirmière prit la parole à sa place. Elle porta une main sur le côté du visage de Rogue et lui fit tourner la tête vers elle afin qu'il la regarde. Elle déposa ensuite la débarbouillette dans le contenant d'eau et s'adressa à lui.
"Severus, il faut que vous sachiez. . . en dépit de la possibilité que vous n'ayez pas la moindre morsure, il se peut que la salive de loup-garou ait pénétrée dans vos blessures. . . Il se peut que vous ayez été infecté," termina-t-elle.
Rogue ne réagit pas, l'information n'ayant pas encore tout à fait atteint son cerveau. Il sentit la main de Dumbledore se poser sur son bras, puis il analysa enfin ce qu'on venait de lui dire. Si Dumbledore s'attendait à ce que Rogue soit pris d'une crise de panique, il ne s'attendait certainement pas à ce qu'il ne réagisse pas et garde un visage impassible. Il doit être encore sous le choc de l'attaque, pensa Dumbledore. Le seul changement chez Rogue fut que sa respiration s'accéléra légèrement. Pomfresh et Dumbledore le regardèrent attentivement pendant un moment, puis l'infirmière reprit la parole, sa main toujours sur le côté de son visage.
"Severus, ce n'est pas certain à cent pour cent. Il va falloir que je vous prenne un échantillon de sang. D'ailleurs, vous avez beaucoup de boue dans vos plaies, alors les chances son minimes," essaya-t-elle de le rassurer. "Je vais terminer de nettoyer tout ça et ensuite, nous ferons les tests. C'est d'accord ?" Elle avait dit tout cela très lentement, comme pour s'assurer qu'il comprenne chaque mot.
Rogue acquiesça, encore trop en état de choc pour parler. Elle lui adressa un léger sourire et se dirigea vers le cabinet où elle rangeait ses potions. Dumbledore remarqua que Rogue avait commencé à grelotter : ils lui avaient enlevé ses vêtements trempés, ne gardant sur lui que ses sous-vêtements. Ça ne l'aiderait en rien s'il attrapait une pneumonie. Il sortit sa baguette et la passa par-dessus le corps frissonnant de Rogue en murmurant un charme de Réchauffement. Ce dernier arrêta aussitôt ses tremblements, soupira et se cala dans son oreiller en fermant les yeux.
Non longtemps après, Madame Pomfresh revint avec un gobelet. Inutile de demander ce que c'était : c'était sans doute la potion que Rogue avait pris le plus souvent dans sa vie pour éviter de sombrer dans les cauchemars déprimants de son passé. Elle passa une main derrière sa tête, la leva et lui fit boire la potion de Sommeil en faisant attention à sa lèvre fendue. Très vite, les paupières de Rogue se firent lourdes et il oublia tout.
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Ce fut un mince rayon de soleil qui réveilla Rogue. Il grogna et mit un bras devant ses yeux pour chasser la lumière qui traversait ses paupières. Ce ne fut que lorsque quelqu'un tira sur ses draps et les ramena au pied du lit qu'il se souvint qu'il se trouvait à l'infirmerie. Il grogna une nouvelle fois dû à la soudaine fraîcheur qui envahissait son corps.
Toujours avec son bras devant les yeux, il chercha à tâtons les couvertures, mais en vain. Il poussa un soupir de frustration mêlé d'exaspération et consentit enfin à ouvrir les yeux. Il vit qu'on lui avait mis son pyjama. Il sentit des bandages l'étouffer quand il se redressa et vit le professeur de Défense Contre les Forces du Mal à son chevet. Rogue marmonna quelque chose d'incompréhensible à l'adresse de Samantha.
"Pardon ?" Dit cette dernière, sans cacher l'amusement dans sa voix. Rogue fronça les sourcils, contrarié d'avoir à répéter l'insulte qu'il venait de dire à Samantha, mais celle-ci parla avant lui. "Oh, désolée, Severus," dit-elle, "mais vous ne pourrez pas parler d'ici une ou deux heures. J'ai bien peur que Madame Pomfresh vous ait engourdi la lèvre avec un peu trop de vigueur, en la réparant."
Rogue fronça encore plus fort les sourcils et Samantha ne put s'empêcher d'éclater de rire : il avait encore un peu de somnifère dans le système et quand il fronçait les sourcils, il avait un oeil à moitié fermé. Il avait l'air tellement confus !
Rogue grogna, étant la seule chose qu'il pouvait encore faire convenablement, s'empara des couvertures et se rabrilla en les rabattant jusque par-dessus sa tête. À sa grande frustration, Samantha les lui arracha encore une fois et les laissa par terre à côté du lit.
"Allez ! Levez-vous ! C'est une superbe journée et il faut que vous soyez en forme et très éveillé pour la pratique de Quidditch."
Comment cette femme peut-elle penser au Quidditch à une heure aussi matinale ? Pensa Rogue. Elle est cinglée. Il resta obstinément dans le lit et Samantha vint le tirer par la jambe. Il dû s'accrocher à la tête du lit pour éviter de tomber par terre.
"Allez ! Debout ! Sinon je ne vais pas hésiter à voir quels motifs vous portez sur vos boxers !" Et elle ne plaisantait pas : elle commença à descendre son pantalon de pyjama en le tirant par en bas. Rogue, stupéfait, lâcha le rebord du lit, libéra sa jambe et se redressa en une position assise en remontant son pantalon et lui jeta un regard noir. S'il aurait pu parler, il lui aurait dit sa façon de penser, mais il ne voulait pas passer pour un imbécile à beugler des paroles incompréhensibles. Samantha éclata à nouveau de rire.
"Ne me regardez pas comme ça !" Dit-elle avec un sourire. "Je blaguais !" Elle ramassa les draps, les mit au bout du lit et se dirigea vers la porte. "Madame Pomfresh a dit que vous devriez être remis sur pieds, pour la pratique de Quidditch, avant dîner," l'informa-t-elle en se retournant vers lui. "Alors, je vous conseille de manger et de vous reposer ensuite. Il est midi et demie, en passant. À plus tard !" Elle lui fit un signe de la main et sortit de l'infirmerie.
Quoi ? Midi et demie ?! Pensa Rogue. Ils auraient pu me réveiller plus tôt; ils vont me prendre pour qui, à dormir si tard ? Ils vont vraiment ruiner ma réputation, si ça continue comme ça ! Un bruit lui vint aux oreilles et il releva la tête. Ça venait de la pièce adjacente et ça ressemblait à du verre qui s'entrechoquait.
Son regard se posa sur une porte entrouverte et il se leva en grimaçant : ses blessures n'étaient pas encore tout à fait guéries. Il se dirigea tranquillement vers la pièce et arrivé à la porte, il l'ouvrit et, voyant qui était à l'intérieur, il croisa les bras sur sa poitrine et s'adossa contre le cadrage.
Il observa pendant un moment l'infirmière s'affairer à nettoyer et ranger des instruments et des fioles de potions. Avait-elle fini les tests ? Avait-il été infecté ? Rogue sentit une main sur son épaule et sursauta. Il se retourna et vit Dumbledore lui sourire, cette fois, sincèrement.
"Bon matin, Severus. Ou devrais-je dire bon après-midi ? J'espère que vous vous sentez mieux." Ce ne fut qu'à ce moment que Madame Pomfresh remarqua Rogue.
"Severus !" S'exclama-t-elle d'un ton réprobateur en le faisant sursauter une nouvelle fois. "Que fabriquez-vous ici ?! Vous êtes censé être au lit, pour l'amour du ciel ! Retournez immédiatement dans ce dernier sinon, je ne vous laisse pas aller à cette pratique de Quidditch. Allez ! Et plus vite que ça !"
Rogue était assez content de lui. Mettre Pompom Pomfresh en colère était une des rares choses qui l'amusaient.
"Et puis épargnez-moi ce sourire idiot ! De toute façon il est à moitié réussit," dit-elle avec un sourire en coin en faisant allusion à sa lèvre encore engourdie. Dumbledore le ramena au lit et quand Rogue fut allongé, le directeur s'assit dans la chaise qu'il avait occupée cette nuit-là.
"Bonne nouvelle, Severus," dit-il toujours en souriant. "Pompom a fait les tests. . . "
". . . et vous n'avez pas été infecté," termina cette dernière en lui souriant également depuis le pied du lit. Rogue poussa un soupir de soulagement.
"Vous avez été très chanceux que Samantha passe par-là, Severus," dit Dumbledore. "Elle semblait très inquiète par votre départ précipité et cette nuit, elle est descendue aux donjons pour voir si vous étiez revenu." Il y eut un silence et Rogue détourna le regard, fixant plutôt ses pieds.
"Vous devriez être plus amical avec elle, Severus," dit Madame Pomfresh. "Elle ne veut que votre bien et c'est évident qu'elle espère avoir votre amitié. . . peut-être même plus," ajouta-t-elle en échangeant un regard avec Dumbledore.
"Hou ahez hini de he haire la lehon quand hou hahez que he heux has harler !?" Dit-il avec colère. (Traduction : "Vous avez fini de me faire la leçon quand vous savez que je ne peux pas parler ?!") Madame Pomfresh pouffa de rire.
"Oh, mais il faut bien en profiter Severus."
"Et huis he ne rehens rien hu hout hour hette hemme !" (Traduction : "Et puis je ne ressens rien du tout pour cette femme !")
"Bien sûr, Severus, bien sûr," dit Dumbledore avec un sourire en le fixant intensément dans les yeux. "Bon, que diriez-vous de manger quelque chose, à présent ?"
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"Des yeux de poissons ?!" Dit Rogue, pris au dépourvu. Il avala sa gorgée de soupe avec peine.
Rogue avait évité de croiser le regard de Lupin, quand Dumbledore l'avait emmené à l'infirmerie afin d'élucider le mystère de la potion fautive. Il savait bien qu'à présent, Lupin ne pouvait lui faire de mal, mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir mal à l'aise en sa présence.
Lupin avait également de la difficulté à se trouver près de lui. Il se sentait terriblement coupable. Rogue réussit enfin à fixer l'homme visiblement épuisé devant lui dans les yeux.
"Vous en êtes sûr ?" Demanda Rogue qui, à présent, avait les deux sourcils levés.
"Enfin, Severus," dit Lupin avec un geste exaspéré des bras. "Je crois que je sais reconnaître des yeux quand j'en vois." Il fit une pause et, regardant le pied du lit, afficha une expression dégoûtée. "Je crois même en avoir avalé un." Il fut parcouru d'un frisson.
À ces mots, la cuiller qui était à mi-chemin vers la bouche de Rogue s'arrêta. Sans quitter Lupin des yeux, Rogue déposa la cuiller dans son bol à moitié plein et déposa ce dernier sur la table de chevet, ayant quelque peu perdu son appétit. Il se racla la gorge.
"Eh bien, je crois savoir ce qui s'est passé," dit-il en fronçant les sourcils. "Avec tous mes encouragements, songez donc à envoyer une Beuglante à ce triple idiot de Londubat." Lupin parut surpris.
"Neville Londubat ? Qu'est-ce que ce garçon a à voir, là-dedans ?"
"Ce demeuré avait une retenue et je suppose qu'il n'a pas pu résister à l'envie de foutre le bordel une fois de plus." Rogue ignora le léger raclement de gorge de Dumbledore mais ne put s'empêcher d'avoir l'air inconfortable et de détourner rapidement le regard quand ce dernier lui jeta un regard qui voulait clairement dire : "Voyons, Severus ! Montrez un peu plus de respect envers les élèves, tout de même !"
Quelle que fut la remarque que Rogue s'en allait dire à propos du "message télépathique" du directeur, elle fut interrompue par un gros chien noir qui venait d'entrer dans l'infirmerie. L'animal regarda autour de lui pour s'assurer que personne d'autre ne se trouvait dans la pièce, puis prit sa forme humaine. Il s'approcha de Lupin et lui donna une grande tape amicale dans le dos.
"Ça c'était vraiment génial Lunard, " dit-il avec un sourire. "J'aurais donné n'importe quoi pour voir cet abruti plaqué par terre et mouiller son pantalon," termina-t-il en regardant Rogue avec un visage qui exprimait de la pure aversion.
"Sirius !" Dit Dumbledore en fixant ce dernier intensément par-dessus ses lunettes en demi-lunes.
"Désolé, Professeur," répondit Black en n'ayant pas l'air pour le moins du monde désolé. Il se tira une chaise à côté de Lupin et se laissa tomber dedans. "Mais tout de même. . ." chuchota-t-il dans l'oreille de Lupin, "tu n'aurais pas dû le rater, cette fois-ci."
"SIRIUS!" Black sursauta et se retourna vers Dumbledore.
"Désolé," marmonna-t-il une nouvelle fois en se grattant derrière la tête.
"Ce n'est pas la peine Albus," dit calmement Rogue. "J'imagine que ce n'est pas sa faute, si ce sac à puces dégénéré n'a aucune matière grise dans le cerveau," termina-t-il d'une voix glaciale.
"HEY !" Sirius s'était levé d'un bond et s'approchait déjà de Rogue, un poing brandi.
"Comme c'est Gryffondor," dit Rogue avec un léger rire sarcastique. "Se servir de la force quand on n'a pas la moindre trace d'intelligence. C'en est presque –" En un éclair, Sirius avait une bonne poignée du collet de la chemise de Rogue dans sa main et le soulevait du lit.
"SIRIUS ! ÇA SUFFIT !" s'écria Dumbledore. "Je dois vous demander de reprendre votre forme Animagi !" Après avoir jeté un coup d'oeil à Dumbledore et un dernier regard dégoûté à Rogue, Sirius lâcha ce dernier et se transforma en chien. Il s'installa aux pieds de Lupin et fixa intensément Rogue tandis que celui-ci tentait de défroisser sa chemise avec de lents mouvements délibérés.
"Ça compte aussi pour vous, Severus," ajouta Dumbledore en sachant très bien que Rogue cherchait à provoquer Sirius en faisant ces gestes. Rogue cessa son défroissement de tissu et s'apprêtait à faire une remarque, mais ravala ses paroles en voyant la touche d'avertissement dans le regard que lui lançait le directeur. Il y eut un silence quelque peu gênant avant que Lupin ne prenne la parole.
"Enfin. . . je suis sincèrement désolé, Severus. Je –"
"Oh, ce n'est rien Lupin. Après tout, je suis habitué à l'immaturité des Gryffondors," dit Rogue en jetant un regard mauvais au chien. "Non. . . .Vraiment, il faudra seulement que je redonne cet examen. Ah, et. . . Monsieur le Directeur, je vous laisse vous arranger avec la sentence de Londubat. Je refuse de laisser cet imbécile une fois de plus ans mon bureau," dit-il en levant un doigt.
"Très bien Severus. Bon, à présent, je crois qu'il vaudrait mieux vous laisser vous reposer. Je vais vous revoir à l'heure du dîner." Il se leva et se dirigea vers la porte, Lupin et Black le suivant dans son sillage.
"Oh, Severus ?" Dit Lupin en se retournant.
"Mmmmh ?" Répliqua Rogue avec mauvaise humeur, les yeux fermés.
"Je peux vous emprunter ceci pour quelques jours ?" Rogue rouvrit les yeux pour voir Lupin sortir de sa poche Bilbo le Hobbit.
Rogue grogna.
"Emmenez donc cette abomination avec vous et disparaissez de ma vue !"
"Merci !" Répondit Lupin avec un large sourire. Il sortit de l'infirmerie sans quitter le livre du regard. Rogue roula les yeux et essaya de trouver le sommeil.
