Disclaimer: Tous les personnages de cette histoire appartiennent à J.K. Rowling excepté pour Samantha Highfield.
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(Vendredi)
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Rogue cligna des yeux plusieurs fois avant que la pièce dans laquelle il se trouvait ne devienne plus claire. Il voulut se redresser mais émit un faible gémissement quand une soudaine douleur lui traversa les côtes.
Il se recala donc lentement dans ses oreillers en essayant de ne plus bouger pour ne pas éveiller à nouveau la douleur. Il tourna cependant la tête pour voir où il était. Murs blancs, plafond blanc, draps blancs. . . pyjama blanc. Tous ces indices lui donnèrent une réponse: l'infirmerie.
Il ferma les yeux, se demandant si une malédiction ne lui était pas tombée dessus. Pourquoi se retrouvait-il toujours dans cette maudite infirmerie? Son fil de pensées fut interrompu par des bruits de pas qui s'approchaient. Quand il rouvrit les yeux, il sursauta, ce qui lui arracha un autre gémissement; le visage de Madame Pomfresh n'était qu'à quelques centimètres du sien.
"Ah, je savais bien que vous étiez sur le point de vous réveiller," dit-elle. "Attention, évitez de bouger, vos côtes ne sont pas totalement guéries."
"Comme si je ne m'en étais pas rendu compte," rétorqua Rogue d'une voix faible. "Et ne recommencez jamais ça," dit-il d'une voix qu'il réussit à imprégner de menace. Madame Pomfresh sourit.
"Je vois que vous êtes pratiquement guéri," ironisa-t-elle. Puis, sur un ton étrange, elle ajouta: "Vous ferez attention aux albatros, à l'avenir Severus. Vous avez failli y passer." Cette remarque laissa Rogue complètement confus, mais elle ne le regarda pas assez longtemps pour voir son regard perdu. "Allez, il faut que je vérifie votre épaule," dit-elle en prenant place de l'autre côté du lit.
Elle déboutonna le pyjama de Rogue et déroula le bandage qui recouvrait son épaule. Elle tâtonna longuement l'endroit où avait été la blessure, mettant Rogue inconfortable, puis reboutonna son pyjama.
"Voilà, elle est comme neuve," annonça-t-elle. "Vous feriez bien de pendre également garde aux planches avec des clous, tant qu'on y est." Rogue la regarda d'un air effaré. Ça y est, pensa-t-il, elle est folle. Elle a été pendant trop longtemps sous l'influence d'Albus.
"Quelle planche?" Demanda-t-il. "Vous êtes sûre que vous allez bien?" Dit-il en la regardant attentivement. À ces mots, Pomfresh sembla avoir une étincelle de triomphe dans les yeux et elle s'apprêtait à dire quelque chose quand Dumbledore entra dans l'infirmerie. Avant que quiconque n'ait eu le temps de placer un seul mot, il se précipita vers le lit et, adressant un clin d'oeil à Rogue que l'infirmière ne vit pas, dit d'un ton évident:
"Vous savez, Severus: la planche. Ah, eh bien peut-être qu'avec toutes ces émotions, vous avez oublié quelques détails," dit-il en lui souriant. Le malice pétillait dans ses yeux.
Bon sang, pensa Rogue, qu'est-ce qu'il lui a raconté?!
En y repensant, il découvrit qu'il ne voulait même pas le savoir, sachant à quel point l'imagination de Dumbledore pouvait aller loin. Il y eut un silence gênant tandis que l'infirmière regardait alternativement Rogue et Dumbledore. Voyant qu'aucun des deux hommes n'allaient dire quoi que ce soit tant qu'elle serait dans la pièce, elle dit, les sourcils froncés:
"C'est bon, je vais vous laisser à votre petit complot. Mais," ajouta-t-elle en regardant Dumbledore, "ne l'exténuez pas avec vos discours énigmatiques. Et vous," dit-elle en pointant un doigt vers Rogue, "vous ne sortez pas de ce lit tant que je ne vous en aurai pas donné l'autorisation. Sinon. . ." Avec ses mains, elle fit mine de tordre son cou en émettant un bruit sec. Elle sortit ensuite de la pièce.
"Comme si je le pouvais," murmura Rogue. Dumbledore eut un léger rire et se tira une chaise à côté du lit. Une fois assis, cependant, il perdit son sourire et Rogue put voir qu'il arborait maintenant une expression beaucoup plus sérieuse.
"À propos de Sirius," dit-il, "j'ai fait en sorte qu'une chose telle qui s'est produite cette nuit ne se reproduise plus. Il est très peu probable qu'il vous attaque à nouveau." Rogue tourna la tête vers le directeur, ne pouvant rien faire d'autre, et vit que ce dernier avait un regard quelque peu lointain. Une flamme semblait briller dans ses yeux.
Il a dû lui passer un de ces savons, pensa Rogue. Enfin. . . c'est ce qu'il espérait. Dumbledore changea soudain d'expression.
"Sirius m'a cependant raconté quelque chose de très intéressant," continua Dumbledore. L'habituel pétillement était de retour dans ses yeux bleus.
Oh non, pensa Rogue, ne me dites pas qu'il l'a cru au sujet du philtre. . .
"Monsieur le directeur," dit précipitamment Rogue, persuadé que Sirius lui avait raconté qu'il avait voulu prendre avantage de Samantha, "je peux vous assurer que – ""Ça va, ça va Severus," l'assura Dumbledore en levant ses deux mains avant que Rogue n'ait eu le temps de protester. "Il semble que Sirius ait sauté trop rapidement à de mauvaises conclusions."
"Vous. . . Vous ne le croyez pas?" Dit Rogue d'un ton plein d'espoir.
"Bien sûr que non," répondit Dumbledore avec un sourire entendu. "Je vous ai observés, vous et Samantha toute la semaine et je n'ai pas cru un instant à ce que Sirius vous accusait d'avoir fait. Pourtant, il m'a rapporté un fait bien intéressant," dit-il, son sourire s'élargissant.
"Albus," protesta une nouvelle fois Rogue. "Nous ne nous avons même pas. . . enfin. . ." Dumbledore ne se souvenait pas avoir jamais vu le Maître des Potions si embarrassé et il prit grand plaisir à le voir ainsi.
"Allons, Severus, sachez que ce qui se passe dans la vie personnelle de mes employés ne me regarde en rien. Pourtant, je dois dire. . . que je suis content pour vous. D'ailleurs, cela a apporté des couleurs à votre visage, ces derniers jours. . . " L'embarra de Rogue augmenta encore plus quand il se sentit rougir. Dumbledore laissa échapper un rire.
"Enfin, Albus! Il ne s'est rien passé du tout!" Rouspéta Rogue.
"Aaah, peu importe," dit lentement Dumbledore. "Je suis content que vous vous entendiez si bien. Cependant, veillez à ce que cette relation ne dérange pas votre travail et ne se montre pas devant les élèves."
"Albus!" Grogna Rogue. Son ton contenait une touche d'avertissement. "Il ne s'est rien passé du tout alors arrêtez d'insinuer des choses!"
Oh, Dumbledore savait bien que Rogue n'avait pas embrassé Samantha. Après avoir 'parlé' à Sirius (car il avait passé la majorité de la conversation à gronder Sirius), Lupin était venu le voir pour mettre certaines choses au clair après avoir remarqué que Sirius semblait très renfermé sur lui-même après sa rencontre avec le directeur.
Lupin lui avait alors versé tout ce qu'il avait sur le coeur: ce qu'il avait vu dans les appartements de Rogue, son choc, sa jalousie. . . son obsession pour Bilbo le Hobbit. . . enfin, tout, quoi.
Dumbledore avait alors dû le consoler et le conseiller. Mais, très franchement, Dumbledore ne pouvait pas tout simplement dire à Rogue d'arrêter toute relation avec Samantha simplement pour que Lupin ait la voie libre. Si ça aurait été à ce dernier que Samantha aurait succombé, il n'aurait rien fait pour arrêter cette relation non plus.
Que ce soit Severus ou Remus, la situation était la même; il y avait un bon côté et un mauvais. D'un côté, il y avait une personne heureuse et de l'autre, une personne malheureuse. Alors pourquoi la changer? Ça ne donnerait rien!
Et très sincèrement, il était profondément content pour Severus. Les souvenirs heureux de ce dernier étaient extrêmement rares. Ça ne lui ferait que du bien d'avoir une relation amoureuse. Dumbledore décida d'arrêter de taquiner Rogue, autrement il s'énerverait trop et Madame Pomfresh le réprimanderait pour avoir causé cela.
"Alors," dit Dumbledore pour changer de sujet, "vous sentez-vous prêt pour le grand match de Quidditch?" Tout d'abord, Rogue ne répondit pas. Puis, il sembla enfin analyser la question. Ses yeux s'écarquillèrent et, ignorant la douleur, il se redressa soudainement dans son lit, la respiration précipitée. Il jeta un coup d'oeil à la fenêtre et, s'apercevant que le soleil approchait son zénith, s'exclama:
"Le match!!! Quelle heure est-il? Il faut absolument que vous convainquiez Pompom de me laisser sortir! Il n'est pas question de laisser ces Gryffondors gagner!" Il rabattit les draps et entreprit de descendre du lit mais Dumbledore l'arrêta en plaçant ses deux mains sur ses épaules.
"Ça va, Severus. Ne vous inquiétez pas," dit-il d'une voix calme. "J'ai reporté le match à plus tard, cet après-midi. Pompom m'a assuré que vous serez en parfaite forme pour y participer, alors profitez de ce temps pour vous reposer." À ce moment, une voix hurla:
"SEVERUS ROGUE! Recouchez-vous immédiatement ou vous ne sortirez pas de si tôt de cette infirmerie, est-ce que c'est clair?!" Madame Pomfresh se précipita à côté du lit, replaqua Rogue sur le matelas et rabattit les draps jusqu'à en-dessous de ses aisselles et s'assura que les draps étaient bien rentrés sous le matelas.
"Voilà!" Dit-elle. "Et ne repensez même pas à bouger! Et vous," dit-elle à Dumbledore, "surveillez-le." Elle jeta un dernier regard menaçant à Rogue et sortit à nouveau. Une fois qu'elle fut sortie, Rogue baissa son regard vers les draps.
"Albus, vous pourriez me desserrer ça? J'ai du mal à respirer."
