4/ Derniers jours avant la rentrée

Dumbledore, qui apparemment connaissait tous les mots de passe de Poudlard me fit donc entrer dans les appartements de mon « aimable » colocataire. Je m'attendais à quelque chose de froid et sinistre. En fait, c'était sobre avec tout le confort nécessaire, sans aucune babiole inutile, les tapisseries et rideaux dans tes tons vert (forcément...) et tout un mobilier en chêne. Tout était d'une netteté irréprochable.

Les lieux me semblaient vides au premier abord mais une porte s'ouvrit et Rogue fit son entrée, revêtu de nouveau de son « uniforme » noir et son visage toujours aussi désagréable.

-La chambre est prête, dit-il d'un ton sec en me montrant une porte.

-Trop aimable à vous, lui répondis-je en fronçant les sourcils.

-Et bien, je vous laisse !nous annonça Dumbledore. Vous voulez bien prendre le relais ?demanda-t-il à Sévérus en lui montrant tous mes achats en lévitation.

Il sortit donc sa baguette et ouvrit la porte de ma chambre d'accueil afin de pouvoir y laisser tomber mes affaires.

-Bonne soirée !nous dit Albus en partant le sourire aux lèvres...comme d'habitude...

Rogue se dirigea aussitôt vers la porte d'où il était sortit quelques secondes plus tôt et sans se retourner, il me dit :

-Vous avez accès à votre chambre et à ce salon. Pas question de fourrer votre nez ailleurs !! Puis il disparut en claquant la porte.

Je suis donc repartie dans ma chambre. J'ai commencé à ranger mes affaires aux mieux mais je me suis vite retrouvée à genoux au milieu du foutoir, une douleur envahissant ma poitrine. Je sentis à peine mes larmes qui commençaient à couler silencieusement sur mes joues. Ce pincement au cœur ne m'avait toujours pas quitté depuis mon arrivée dans ce monde. Et cette fois-ci, comme souvent d'ailleurs, il se resserra douloureusement faisant place à un flot de larmes que je n'arrivais pas à contenir.

« Je ne dois plus y penser...pensais-je en cachant mon visage entre mes genoux. Je dois oublier le passé...ne plus penser...oublier...ne plus penser...oublier...Mon dieu...c'est trop dur...pourquoi est-ce que je suis toujours vie...pourquoi est-ce que je ne la rejoins pas... »

C'était reparti, impossible de m'arrêter.

« Froide, forte et sans pitié, continuais-je pour essayer de me reprendre. »

Je voulais trouver la salle de bain pour me passer de l'eau sur le visage, mais je ne savais pas où elle se trouvait et je ne voulais pas que Rogue me voie dans cet état. Il serait trop content. J'essayai de me calmer au mieux pour reprendre un soupçon de courage et continuer de ranger mes affaires pour me changer les idées. Mais ça n'a pas marché alors je me suis allongée sur le lit.

Je revoyais toute cette fameuse soirée, jusqu'au moment où je sentis de nouveau mon corps se soulever. Je revis le même homme en blanc accompagnant le pompier. Il s'apprêtait de nouveau à soulever le drap.

« Non ! Ne faites pas ça !!leur criais-je. »

Mais ils ne m'écoutaient pas, et le drap commença à se soulever. Je sentis de nouveau mon corps chuté mais cette fois-ci il était secoué dans tous les sens et je me réveillai en hurlant, en larmes et en sueur.

Je sentais quelqu'un me serrer contre lui et me parler doucement, froidement mais doucement. Je mis quelques minutes avant de revenir à la réalité, m'apercevant que j'étais dans les bras de Sévérus. Il avait arrêté de parler le temps que je me calme. Quand il vit que je m'apaisais il m'expliqua :

-Je vous ai entendu crier et pleurer, alors je me suis permis d'entrer dans votre chambre. Vous étiez en plein cauchemar alors je vous ai réveillé. C'est fini maintenant...

-Non, pas pour moi. Pour elle oui...mais pas pour moi....lui répondis-je en me remettant à pleurer.

Je me suis vite écartée de lui et je me suis rallongée en lui tournant le dos pour cacher mes pleurs.

-De qui parlez-vous ?...essaya-t-il de me demander.

Je ne l'avais jamais entendu me parler sur un ton si doux. Je ne voulais pas lui répondre. Je devais oublier et ne plus y penser.

-Laissez-moi tranquille...partez...

Il resta immobile un instant puis repartit en silence en refermant la porte derrière lui.

Je restais un long moment allongé, essayant de me vider au maximum l'esprit.

Je décidais de me remettre au rangement de mes achats. Lorsque ce fut fait, j'étais pour ainsi dire entièrement calmée. En fait, j'étais complètement vidée, je n'avais plus de force, comme après chaque pétage plomb.

La nuit commençait à tomber et je me surpris à chercher un interrupteur pendant une bonne minute avant de me rappeler l'endroit où je me trouvais. Je décidais donc d'aller dans le salon. Il était vide. Tant mieux.

Je m'installais recroquevillée dans le grand canapé, les genoux contre ma poitrine face à la cheminée où se trouvait un feu permanent qui ne chauffait pourtant pas (on est au mois d'août j'vous rappelle !..).

Je restais ainsi je ne sais pas combien de temps, jusqu'à ce que Rogue ressorte de sa pièce. Je l'entendais s'approcher de moi mais je ne détournais pas la tête vers lui.

-Buvez-ça !me dit-il...enfin, m'ordonna-t-il. Ca vous fera du bien.

Je jetais un rapide regard sur un gobelet en cuivre contenant un mélange bleuté qu'il me tendait, et replongeais en silence mon regard sur le feu.

-Je ne vais pas vous empoissonner !me dit-il en reprenant son ton sec. C'est une potion que je viens de concocter, je ne tiens pas à ce que vous me fassiez de nouveau une crise chez moi !!...

Il déposa brutalement le verre sur la table basse en face de moi et repartit, apparemment exaspéré par mon attitude. Quel connard....

Je restais encore sans bouger pendant un long moment, fixant le feu de cheminée puis le verre. Après tout, soit ça me fera réellement du bien, soit j'arriverai à en finir sans avoir besoin de trouver le courage de le faire moi-même. Je buvais donc cette mixture. C'était bon. Un goût très doux et sucré. Au fur et à mesure que je buvais, je me sentais mieux, plus légère, plus sereine.

Il est revenu un peu plus tard, toujours fidèle à lui-même, c'est-à-dire froid et désagréable. Quoiqu'il ne m'avait pas encore adressé la parole. Il s'installait dans un fauteuil à quelques mètres de moi tout en jetant un regard sur mon gobelet, puis s'était plongé dans un livre.

Cette fois-ci, je gardais ma tête sur mes genoux mais détournais le regard sur lui. Je restais à le détailler pendant quelques minutes. Impossible de deviner à quoi il pouvait penser, aucune expression sur son visage embelli par sa nouvelle coupe. En fait, en regardant bien, il avait une lueur sombre, non... triste, dans le fond des yeux. Il devait sûrement avoir connu quelque chose de terrible pour être aussi aigri. Personne ne peut l'être à ce point de nature.

Il avait été adorable tout à l'heure en me réveillant, en me cajolant dans ses bras et en me préparant cette potion. Pour une fois qu'il essayait d'être humain, je l'avais repoussé.

-Merci... lui murmurais-je au bout d'un moment de silence sans le quitter des yeux.

Il releva la tête, apparemment surpris, et je vis ce qui pouvait s'appeler un sourire sur un coin de sa bouche.

J'ai cru déceler de la gêne dans ses yeux. Il ne me répond pas et se replonge dans son livre. Tout était très silencieux, mais c'était un silence apaisant. Je n'avais plus cette impression que quelqu'un allait débarquer et exploser en rentrant dans la pièce.

-Est-ce que vous avez faim ?me demanda-t-il en se relevant d'un coup et en posant son livre.

-Pas beaucoup...lui répondis-je. Mais j'aimerai bien manger quelque chose quand même.

-Venez, me dit-il assez gentiment en se dirigeant vers la table de la salle.

Je le suivais donc.

-Etant donné que vous n'avez pas la possibilité de faire de la magie, j'ai lancé un sort à cette table. Il vous suffit de prendre cette plume et d'y noter ce que vous voulez. Les elfes feront le reste. Pour la salle de bain, elle est ici, continua-t-il en me montrant une porte à côté de ma chambre et en nous y dirigeant. Il faudra se la partager étant donné que j'en ai qu'une à ma disposition. Voici votre panier à linge. Vous le remplissez et les elfes s'en occupent pendant la nuit. Je n'ai pas d'autre choix que de cohabiter avec vous pendant deux ou trois jours et je tiens à un minimum de vie privée. Donc, vous n'avez accès à aucune autre pièce que celles que je vous ai montré, sachant qu'il ne reste plus que ma chambre et mon laboratoire. Est-ce bien compris ?finit-il en fixant son regard noir sur moi.

Mais je m'en moquais de son expression. J'étais sûr maintenant que ce n'était qu'une façade, une protection.

Je n'ai pas réfléchit. Je me suis approchée de lui et je me suis blottie dans ses bras. Il ne m'a pas repoussé. Il a eut un moment d'hésitation mais ensuite il m'a prit timidement contre lui en laissant s'échapper un soupire. Je ne m'étais jamais sentie aussi bien depuis mon réveil mais je ne voulais pas le brusquer. Alors même si je voulais que ce moment ne s'arrête jamais, je me suis reculée doucement en lui souriant et en lui disant merci.

Il est presque aussitôt repartie dans le salon en détournant très vite son regard. Je crois que Dumbledore avait raison quand il m'avait dit que j'arrivai à l'atteindre. J'espère.

J'ai suivit ses pas et je me suis dirigée vers la table afin de « commander » quelque chose à manger pendant que Rogue se dirigeait vers une étagère. Je ne savais pas quoi demander aux elfes alors j'ai simplement noté « le repas du soir ». Sévérus revenait vers moi. Il me tendit des bougies ainsi que des allumettes et me souhaita un rapide « bonne soirée » avant d'aller s'enfermer dans sa chambre pour la nuit.

J'ai donc prit mon repas seul. Aussitôt celui-ci commandé, il était apparut sur la table. Ensuite, je suis retournée dans ma chambre, où je me suis vite endormie pour une nuit sans rêve ni cauchemar.

C'est la lumière de la journée ensoleillée qui me réveilla le lendemain matin, un sentiment de légèreté dû à ma première nuit réparatrice depuis mon arrivée. Je me suis dirigée dans la salle de bain où je me suis préparée, avec enfin des vêtements à moi. Je trouvais agréable de pouvoir enfin m'occuper de moi (crème, maquillage, etc...)

Lorsque je fus prête, je rejoignis le salon vide. Rogue devait sûrement se trouver à nouveau dans son laboratoire. Je me suis commandée un petit déjeuner et après l'avoir avalé, je suis allée rejoindre Dumbledore qui avait prévu de me faire visiter chaque recoin de Poudlard.

Le midi, Albus et moi avons mangé dans la grande salle en compagnie de quelques professeurs déjà de retour de vacances. A part Hagrid, Tralawnay et Flitwick, je ne connaissais personne d'autre pour l'instant, mais le repas se déroula très bien. Le directeur m'avait présenté à tous et l'accueil fut très chaleureux.

A la fin du repas, Albus reçut un courrier par hibou. Celui-ci provenait du professeur Bibine, qui lui annonçait qu'elle démissionnait et qu'elle ne revenait donc pas pour la rentrée, prévue dans 4 jours. En voyant à quel point cela affectait le vieil homme de se retrouver au dépourvu si peut de temps avant la reprise des cours, je sautais sur l'occasion pour lui parler d'Olivier Dubois. (Ndla : eh !!eh !! Et de 2 !....) Je lui demandais s'il avait une idée de ce que son ancien élève faisait en ce moment et il me répondit qu'il avait été intégré à l'équipe de quidditch du club Flaquemare, mais que suite à une blessure, la compétition de haut niveau lui était interdite. Il trouva donc mon idée comme excellente (Alléluia !!!) et partit aussitôt pour lui envoyer un hibou express.

Albus m'avait ensuite rejoins et avait continué sa visite du château jusqu'au soir. Nous avons encore mangé dans la Grande Salle avec les autres professeurs. Comme le midi, Rogue n'était pas présent. Hagrid m'expliqua qu'il ne venait que très rarement, préférant rester enfermé comme un ermite dans ses cachots.

Après le souper, je suis retournée dans les appartements de mon hébergeur, tout en ayant pas d'autre choix que de revisiter différents couloirs, étant donné que je m'étais « légèrement » paumée.

Une fois arrivée, tout état calme et vide comme à son habitude. Je me suis installée dans le canapé avec un livre que j'avais emprunté à la bibliothèque l'après-midi même : « la vie de Poudlard ».

Après une bonne heure de lecture, je décidais de me commander une tisane et je me réinstallais à ma place, sans lecture cette fois-ci. Je sentais mes yeux se fermer mais je luttais car j'appréhendais toujours le sommeil. Je fermais quand même les yeux et j'écoutais ce calme. Aucun bruit hormis quelques chants d'oiseaux. Pas de porte qui s'ouvre et se claque brutalement. Pas de cris.

Je ne pus m'empêcher de repenser à ces anciens moments terrorisants lorsque j'entendis réellement une porte se fermer.

Cela me réveilla, me faisant sursauter tout en laissant s'échapper ma tisane que je tenais toujours dans ma main. Je ne sais pas pourquoi, mais je pris peur. Enfin si, je savais pourquoi.

Je me suis précipitée à genoux et tremblante de peur afin de ramasser les débris de la tasse.

-Je suis désolée !!....m'écriai-je en pleurant. Je vais tout ramasser !! Je ne l'ai pas fait exprès !! Je ferai attention la prochaine fois !! Excusez- moi !!

J'étais complètement paniquée, je tremblais, je n'arrivais plus à faire de phrases cohérentes. Plus il s'approchait de moi et plus je pleurais. Il sortit sa baguette.

-Reparo, dit-il afin de faire disparaître mes dégâts.

-Excusez-moi...lui balbutiais-je en pleurs lorsque je le vis s'accroupir à côté de moi.

Je n'osais pas le regarder. Il a passé un bras derrière mon dos, l'autre dessous mes jambes et me il m'a soulevé. Je me suis sentie si stupide tout à coup. Bon sang, qu'est-ce qu'il m'a prit d'agir comme ça devant lui. Il m'emmena jusqu'à mon lit ou il m'allongea avec une grande délicatesse. Il repartit sans un mot mais revint quelques secondes plus tard.

-Buvez ça, c'est la même potion qu'hier, me dit-il d'un ton bienveillant.

Je me suis assise sur le lit et j'ai prit le verre qu'il me tendait sans oser poser mon regard vers lui. Je me sentais si stupide...

Quand mon verre fut fini, il me le reprit, le posa sur ma table de chevet mais resta à côté de moi en silence pendant que mes pleurs se calmaient. Comme la veille, la potion eut un effet d'apaisement rapide. Mais je me sentis toujours aussi idiote. Je pliais mes genoux contre ma poitrine afin d'y cacher mon visage.

-Est-ce que vous avez peur de moi ?balbutia-t-il.

Je relevais la tête sous la surprise de sa question. Je m'attendais à ce qu'il soit en colère après moi mais pas à ce que je vis sur son visage. Un regard à la fois triste et choqué.

-Non Sévérus...Je suis désolée...murmurai-je en recachant mon visage dans mes mains cette fois-ci.

Il eut un soupir, peut-être de soulagement, et il me serra de lui-même dans ses bras.

-Je ne pourrais jamais vous faire de mal Emmy ? Vous le savez n'est-ce pas ?

Mon dieu, il avait l'air si affecté et triste.

-Oui, je le sais...lui répondis-je en enfouissant mon visage dans le creux de son cou.

-Qui vous à fait tant de mal pour que vous paniquiez pour une simple tasse tombée ?...

A suivre......