L'arrivée d'Aya n'était pas passée inaperçue aux yeux des habitués des lieux.

Sa voix grave et profonde faisait ressortir des émotions qu'aucune autre sœur n'avait su susciter. Sa grâce naturelle rendait chacun des ses mouvements plus enchanteurs aux yeux des clients. Il était clair que les hommes la désiraient rien qu'au regard avide qu'ils lui adressaient. Cependant cela ne la perturba pas pour le moins du monde.

- L'arrivée de cette beauté va redonner un nouveau souffle au Koneko no Sumue.

- Youji sama! Cela signifie t il que vous vous êtes lassé de nous ? bouda Mai chan.

- Jamais n oserais je avoir de telle pensée devant d'aussi charmantes jeunes femmes. C'est pour dire, si on me demandait laquelle est la plus belle, j'en serais incapable, déclara t il avant d'éclater de rire.

Youji avait toujours le bon mot pour flatter l'ego des femmes. Ce n'était pas pour rien qu'il s'était lui-même proclamer leur « dieux » vivant.

Youji était contrairement à ce qu'il semblait, le plus fin limier de la police de la région. Son air nonchalant et son habitude à visiter des lieux peu « fréquentables » auraient pu compromettre sa carrière mais cela n'avait pas été le cas. On soupçonnait que les relations qu'il entretenait avec la fille du haut commissaire, y étaient pour quelque chose.

Sans oublier, son physique plus qu'avantageux... une crinière d'un blond peu naturel, un sourire charmeur à chaque instant de la journée et enfin des yeux d'un vert émeraude peu commun pour des japonais.

Aya contrairement aux autres sœurs ne se mêlait jamais aux clients, privilège qu'elle acquit rapidement grâce à sa popularité. En revanche, elle participait au salon privé. Si un client acceptait de payer le prix fort, il bénéficiait du privilège de l'entendre chanter ou la voir danser, une sorte de tête à tête où pourtant le sexe était interdit ou du moins dans l'enceinte de l'établissement. Momo san voulait que le Koneko resta un lieu respectable.

Ce fut le cas aujourd'hui.

Il s'agissait de M. Isheba, un des proches du gouverneur Takatori, un homme d'un certain âge dont la corpulence témoignait de sa richesse.

- Magnifique...

L'homme approcha ses gros doigts graisseux vers le visage fin de Aya. Pourtant elle ne scilla pas une seule fois.

Quelqu'un frappa légèrement à la porte avant de s'ouvrir.

C'était Ken. Il était vêtu d'un kimono pour homme d'un bleu discret portant le nom de l'établissement.

- Le thé, monsieur.

Le regard qu'il adressa à Aya était bien plus qu'explicite. Celle-ci se leva et s'excusa auprès de son client avant de suivre Ken.

Lorsqu'ils se retrouvèrent dans un coin isolé, Ken explosa.

- Aya ! Comment peux tu faire ça !!!!

- C'est un client.

- Ca ne signifie pas que tu dois le laisser faire tout ce qu'il veut !!! Si je n'étais pas intervenu qui sait ce qu'il aurait pu te faire !!!

- Cela ne regarde pas un gamin.

- Bien sur que si ! Je suis ici responsable de la sécurité de chacune de vous !

Ken ne savait comment réagir face au calme d'Aya. Faire éclater sa rage ne servait décidément à rien !

Il sortit alors de sa poche des graines rouges.

- La prochaine fois, si tu as un problème avec un client, il te suffira de jeter une graine par la fenêtre. En fonction de la couleur, je saurais où te trouver.

Aya retourna auprès de son client.

- Excusez moi de vous avoir fait attendre.

- C'est bien connu les belles femmes aiment à se faire désirer... et j'avoue que j'ai la un très beau specimen, peut être le plus beau depuis la mort de Hime... Qui sait peut être qu'un de ses clients s'est lassé de l'attendre.

Son sourire était lourd de sous entendu. Etait il aussi un de ses hommes à toujours obtenir en temps et en heure ce qu'il désirait ?

Ken était resté sous la fenêtre de Aya attendant de voir une des graines rouges.

- Inquiet, mon petit Kenken.

- Youji ! combien de fois devrais je te dire que je déteste quand tu m'appelles par ce surnom !

- Hahahaha ! Pourtant tu ne dis rien quand ce sont tes sœurs !

Ken se mit à rougir. Youji adorait taquiner le pauvre garçon surtout du fait qu'il réagissait au quart de tour.

- Tu veux sans doute que j'utilise une voix sensuelle lorsque je prononce ton petit nom.

Il s'était approché dangereusement de Ken pour lui souffler cette dernière remarque au creux de son oreille d'une voix langoureuse.

- Pervers !!!!!!! s'écria Ken alors que Youji s'éloignait de lui dans un fou rire.

M. Isheba avait quitté Aya lui promettant de revenir la voir très prochainement.

- M. Isheba est un très bon client du Koneko. Je pense que tu lui as plu. Cela faisait un petit bout de temps que je ne l'avais pas vu d'ailleurs. Il est encore plus gros qu'autrefois, sans doute à force de rester à ne rien faire.

Aya ne prêta guère attention au blond.

- Attends Aya, si tu ne succombes pas à mes charmes, ca va paraître suspect.

- Je me moque de ce que les autres pensent.

- J'oubliais qu'on te surnommait aussi le « cœur de glace »... ironisa t il.

- Si tu n as rien de plus intéressant à me dire, je m'en vais.

Youji resta seul à l'entrée du Koneko.

- Si Aya n'était pas aussi à couper le souffle, depuis longtemps je lui aurais fait ravaler ses paroles...