Momo san était en train d'arroser tranquillement les fleurs.

- C'est mon endroit favori.

- Qui est Hime, Momo san ? demanda de sa voix profonde et froide, Aya.

- Hime…

Momo san parut pendant un instant surprise par la question.

- Mon ange gardien…. Savez vous mon enfant, que cet endroit était autrefois une pension pour jeunes filles nobles rejetées par leur famille pour des raisons diverses dont la majeure était le refus de se plier à la volonté paternelle. Mon mari travaillait sans relâche pour subvenir à nos besoins bien que leurs parents nous aient versés une sorte de compensation pour prendre soin de leur progéniture.
Mais à sa mort, tout devint difficile pour la vieille femme que je suis. C'est alors qu'apparut Hime, comme vous un jour, me demandant une place ici et portant dans ses bras un enfant. Je lui avais répondu qu'elle pouvait rester ici du moins jusqu'à ce qu'on nous chasse. Elle m'a longuement écouté puis m a dit de la manière la plus naturelle possible.

Pourquoi ne ferions nous pas un spectacle ?

Mais nous n'avons jamais travaillé.

Au contraire ! Moi je vois autour de moi des femmes de bonnes familles sachant chanter, danser et converser de la meilleure manière qu'il soit.

Vous voulez que nous devenions un bordel ?

Pourquoi un bordel ? J'appellerais plutôt ceci un grand spectacle !

- Elle paraissait si enthousiaste que je n ai pas eu le cœur de l'en empêcher. Elle devint très rapidement l'élément clé de cet établissement. Elle était magnifique avec ses longs cheveux châtains aussi légers et fins que des fils de soie. Son regard candide et profond attendrissait tous les cœurs même ceux des plus endurcis. Les clients, des hommes pour l'essentiel venaient en masse pour avoir la chance de l'entendre chanter. C'était irréel. Le seigneur Takatori la convoitait …

Aya n'osa poser la question. Est-ce que cet homme avait réservé le même sort à cette femme ?

- Non, Aya, répondit elle comme si elle avait pu lire dans ses pensées. Il n a pas eu le temps de lui faire le moindre mal. Elle est morte avant… Malgré le feu qui l'animait, elle était de faible constitution. Elle s'éteint un matin.

Des larmes commençaient à ruisseler le long de ses joues ridées.

- Qu'est devenu son enfant ?

- Il vit avec nous. Bien que personne ne le remarque à cause de la boue qui recouvre son visage et les haillons qu il porte, il a hérité de toute la beauté de sa mère.

- Ken… pensa Aya

Ken était le seul homme de cet établissement. Cela ne pouvait n'être que lui.

Les journées se passaient et se ressemblaient toutes.

La plupart des sœurs profitaient de la journée pour parfaire leur art.

Momo san leur enseigner la cérémonie du thé et avait demandé à Aya de leur enseigner l'art de la danse dans lequel elle excellait.

Curieusement, Ken fut chargé des cours de cithare. Cet instrument nécessitait des pincements délicats des cordes qu'une main d'homme n'aurait pu prodiguer.

La mélodie que Ken tirait de cet instrument semblait appartenir à un autre monde.

Ce garçon était décidément étonnant.

Le cours de cithare avait lieu le matin à la première heure laissant ainsi à Ken son après midi pour s'adonner à des activités plus viriles.

- Schuldiggggggggggggggggg !!!! Tu es encore en retard !

- Que veux tu kitten ? Il faut bien que je préserve ma beauté, lui répondit entre deux bâillements un jeune homme roux.

Schuldig était d'une beauté rare avec des cheveux roux négligemment peignés. Sa physionomie était semblable à celle de Youji si ce n'était qu'il émanait de lui bien plus de sensualité.

Il arborait toujours sur ses lèvres un sourire narquois qui charmait les femmes et irritait les hommes, surtout Ken et Youji pour des raisons différentes.

Pour Youji, car il représentait un rival plus que potentiel et pour Ken car il semblait adorer se moquer de lui.

Pour Schuldig, Youji ne représentait aucunement une menace car il se sentait supérieur en tout point et pour Ken…

- Mets toi en garde !

- Même ainsi, tu ne parviendras pas à me battre, Kitten.

- C'est ce qu'on verra.

Ken se lança vers lui, le sabre à la main. Schuldig évitait chacune des attaques avec une facilité déconcertante qui enrageait le plus jeune.

Les sœurs adoraient voir leur petit cadet essayer de battre le rouquin. Leur échange, même si pour Schuldig il s'agissait davantage d'un jeu, était d'une grâce peu commune, comme si chacun des deux dansaient. Schuldig possédait la grâce et la rapidité d'une panthère tandis que Ken avait l'agilité et la souplesse d'un chat. Du moins, jusqu'à la chute…

Ken dans son élan perdit son équilibre. Sa chute aurait pu être douloureuse si Schuldig ne l'avait rattrapé au dernier instant.

Il avait saisi Ken par la taille.

Ken pouvait sentir le torse viril bien que fin de son adversaire se presser de plus en plus sur son dos. La chaleur monta rapidement à ses joues.

- Schuldig ! Lâche moi !!!!

- C'est rare qu'une personne me le demande… kitten, avait il soupiré.

- Schuldig !!!!

Schuldig aimait à titiller Ken mais il savait très bien qu'il ne fallait pas le pousser trop loin. Ken était tout simplement trop facile à perturber et le connaissant il se serait enfermé dans sa chambre pendant 3 jours sans en ressortir. Or il n y avait rien que Schuldig appréciait davantage que sa compagnie.

Il avait un jour réfléchi à ce que représentait Ken pour lui et était arrivé à la conclusion qu'il était une sorte d'animal de compagnie, un chaton qui aimait s'amuser et découvrir la vie.

Soudain, Schuldig sentit un regard froid et inquisiteur se poser sur lui.

Parmi les sœurs, il y avait cette femme d'une rare beauté aux yeux améthystes, la couleur des démons pensa t il en son for intérieur.

- Schuldig ? demanda Ken quelque peu inquiet du silence de son compagnon.

Chose très rare.

Ken suivit son regard et découvrit Aya.

Un sourire se dessina sur ses lèvres.

- Je vois que Aya t a aussi subjugué, taquina Ken.

Schuldig se retourna vers Ken, le surprenant.

- Elle est effectivement très belle, mais j'apprécie davantage les personnes vraies et naturelles. Ca m'évite de chercher à savoir qui elles sont.

Il plongea son regard dans celui de Ken qui se sentit une fois de plus rougir et préféra détourner les yeux.

Schuldig retourna vers Aya.

Une espèce de tension s'était installée entre eux.

Une sorte de domination… Qui aurait le dessus ?

Momo san apparut juste au bon moment.

Les enfants, il serait temps de se préparer pour le spectacle.

Les sœurs partirent se préparer, de même que Aya, lançant à Schuldig un dernier regard empli de défi. Cette attitude amusa ce dernier.

- Schuldig, j'espère que tu ne vas pas causer des problèmes…

- Est-ce que je t ai déjà donné une raison de t inquiéter ?

- Tout le temps ! grommela Ken.

Schuldig éclata de rire, un rire riche et sincère sans l'ironie qui le caractérisait et surtout qu'il ne réservait qu'à Ken.

Ken rit également de bon cœur.

- Ken tu peux m'aider ? hurla une voix.

- Je dois te laisser à demain, Schuschu.

Alors qu'il s'apprêtait à le quitter, Schuldig l'attira dans ses bras et lui donna un baiser sur son front ce qui le fit le rougir aussitôt.

Ce qu'ils ignoraient c'était qu'un homme les observait de loin....