Chapitre 3 : Au réveil de la belle…
Je dois y retourner. Je dois la revoir. Elle me hante. Chaque fois que je ferme les yeux, son visage frêle se dessine dans ma tête. Qui est-elle ? Que fait-elle ici ? Quel est le mal qui l'habite ? Rogue n'est pas venu en cours de la journée mais il était bel et bien dans l'école, je l'ai croisé deux fois. A-t-elle eu ces nouveaux cris, ceux qui sont le symbole de son malheur ? De la folie qui l'habite, uniquement quand je ne suis pas là ?
- Eh Drago !
- Qu'est-ce que tu veux Crabbe ?
- T'as appris pour la Cérémonie ?
- Quelle cérémonie ?
- La Cérémonie pour l'arrivée des nouveaux arrivants. Celle où tu devrais entrer dans notre cercle ! Tu devrais être content, mon père m'a dit que ton père avait de grandes chances d'être libéré rapidement !
Où est la bonne nouvelle ici ?
- Et qu'est-ce qu'il va se passer à la cérémonie ?
- Justement, ils sont ennuyés.
- Ennuyés. Vraiment ?
- Ils ont perdu un truc à propos d'une prophétie qu'ils auraient dû récupérer et qui aurait été utile pour la Cérémonie.
- Comment tu sais ça toi ?
Comment un idiot comme toi peut-il avoir retenu ça surtout ?
- C'est mon père qui me l'a dit aussi il a dit que c'était secret.
Dans la famille imbécile depuis la naissance, je demande le père et le fils.
- Et qu'est-ce que c'est comme prophétie ?
- Ca je sais pas. Il paraît que le Seigneur des Ténèbres est dans une colère noire et qu'il est à la recherche de l'objet de la prophétie.
C'est moi où cet idiot a apprit à parler en phrases constructives ?
- Et bien tu me diras quand il l'aura retrouvé !
- Il faut que tu sois prêt. La cérémonie est prévue dans deux mois.
- Et s'ils n'ont pas ce qu'ils cherchent ?
- Le Maître a dit qu'il aver… avoi…
- Aviserait.
- Oui c'est ça !
Je retire ce que j'ai dit jusqu'ici.
- Et pourquoi est-ce que tu viens me parler de tout ça ? Je ne fais pas partie de votre groupe.
- Mais tu vas bientôt en faire partie. C'est ton père qui l'a rassuré au mien.
Rassuré . Mon dieu, d'où il sort celui-là ?
- Et bien merci pour le renseignement mais là, j'ai des trucs à faire.
Allez retrouver cette parfaite inconnue par exemple.
- Dommage. Quand est-ce que tu vas t'entraîner ?
- La semaine prochaine, je te l'ai déjà dit. La moitié de l'équipe à la grippe.
- Ah. Si tu nous cherche avec Goyle, on sera dans le hall.
- Ouais.
Vous ne pourriez pas plutôt aller faire un tour dans les oubliettes du château ? Ca me ferait des vacances et avec un peu de chance, on ne vous reverrait pas avant quinze ans.
Il est enfin partit. Je vais pouvoir…
- Drayyyyy !
Grrrrrrr. Là, je craque.
- Dégage.
- Mais Dr…
- Lache-moi, tu m'as comprise… ou tu veux que je te serres à nouveau la gorge ?
Ah ! J'adore voir cette lueur de peur dans son regard à cette folle !
- N… non. Je te laisse.
Et j'aime encore plus la voir détaler comme un lapin ! Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai rendez-vous.
Rogue. Justement là où il faut ! Tu retournes dans tes cachots ? Tu m'as l'air bien fatigué ! Oui, vas donc te reposer, je vais aller monter la garde pour toi à ses côtés... Dépêche-toi Drago, avant qu'elle ne se remette à crier comme l'autre fois et qu'elle alerte son protecteur et les autres.
Encore quelques marches. Juste cinq... Quatre…
- Monsieur Malefoy !
Oh non…
- Oui Professeur ?
- Puis-je savoir ce que vous faites dans cette partie du château ?
Dumbledore, toujours là quand on ne s'y attend pas.
- J'allais à la tour d'Astronomie professeur.
- Voir les étoiles en pleine journée est une chose bien difficile Drago…
Ce qu'il peut m'énerver quand il me regarde avec son air de Je-sais-tout-ce-que-tu-me-cache.
- Auriez-vous entendu quelque chose d'étrange Monsieur Malefoy ?
- Je ne vois pas ce dont vous parlez.
- Certaines choses peuvent être différentes de ce que l'on peut voir.
Il faut qu'on m'explique la façon dont le cerveau de ce vieux fou fonctionne.
- Si jamais vous avez quelque chose qui vous tracasse, vous pouvez venir m'en parler.
- Je n'ai rien professeur. Mais merci pour l'invitation !
Je n'ai plus qu'à aller dans la tour maintenant ! Pourquoi est-ce qu'il est venu par là lui ? Je vais attendre qu'il se soit éloigné pour y aller. Montons les marches comme si de rien n'était et attendons patiemment dans un coin. Voilà. Ici, c'est parfait. Il n'y a vu que du feu. Alors, tu vas où ? Oh non ! Ne va pas la voir ! Ne va pas la voir ! Oh ! Mais pourquoi est-ce qu'il y va ? Et ben, on a plus qu'à attendre qu'il ressorte ! Allez Drago, compte les chaudron, c'est tout ce qu'il te reste à faire. Un chaudron, deux chaudrons…
Ca fait une éternité qu'il est là-dedans, qu'est-ce qu'il fiche ? Ah ! Quand même ! Je rêve ou il court ? Il sourit ? Mais qu'est-ce qui lui arrive ? Qu'est-ce qui lui arrive ? N'hésite pas Drago et vas-y !
Et on redescend les marches… La statue, le mur, le mot de passe…
- Embla !
Les pierres s'agitent et s'écartent pour me laisser la place d'entrer. J'entre, la pièce est toujours plongée dans la même atmosphère. J'ai bien entendu ? J'ai entendu des murmures… Vite !
J'arrive près du lit et je gèle sur place. Elle a les yeux ouverts. Qu'est-ce qu'elle va dire quand elle me verra ? Elle remue la tête et semble murmurer quelque chose. Il faut que je sache ce qu'elle dit et encore mieux, que je la voie réellement. J'avance doucement et alors, elle arrête de parler. Ses yeux sont étranges, elle ne m'a même pas encore aperçu d'ailleurs.
- Qui es-tu…
Elle me parle, je n'ai pas rêvé !
- Qui est ici…
Ce regard ! Si vide et presque transparent. Je passe la main au dessus de ce regard, ans l'espoir qu'elle puisse bien me distinguer. Ses yeux ne cillent pas, elle ne suit pas mon mouvement.
- Qui es-tu ?
Sa voix est presque inaudible et sèche. Comme si cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas prononcé un mot.
- Tu es Drago…
Comment sait-elle mon nom ? C'est impossible !
- Oui.
Elle semble essayer de sourire. Ses lèvres se tendent et se resserrent aussitôt. Mais son regard ne bouge pas. Elle ne me voit pas. Elle ne voit pas. Elle fronce les sourcils, comme si elle ressentait quelque chose de douloureux sur le moment. Sa main remue et se déplace pour essayer d'atteindre la mienne. Je regarde ce membre tremblant s'élever pour atteindre ma main restée le long de ma jambe, à côté d'elle. Elle l'effleure, je ressens un frisson avec ce contact. Ses doigts frêles et longs glissent sur le dos de ma main et elle attrape enfin ce qu'elle cherchait. Ma main est prisonnière de la sienne. Aussitôt, je ressens cette sensation de fourmillements et des sueurs froides m'envahissent. Ses sourcils se plissent à nouveau et sa main se resserrent de nouveau sur la mienne.
Qu'est-ce que c'est que ça ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Arrêtez-les ! Non, pas ça ! Ne les laissez pas m'approcher !
« Tout va bien, je suis à côté de toi ».
Où sommes-nous ? Comment est-on arrivé dans cette forêt ? Il y en a partout ! Il faut qu'on s'en aille !
« Les loups-garous ne te feront rien. Tes pensées doivent les repousser. »
Je… je ne peux pas… J'ai…
« N'aie pas peur, je ne veux pas t'effrayer. Tes peurs doivent être combattues par ta propre volonté. »
Non ! Ils approchent ! Ils vont…
- Malefoy ! Ne la touchez pas !
On me tire vers l'arrière avec une force incroyable. La forêt a disparu, les loups-garous aussi, je ne l'entends plus. Il faut que je retrouve mes esprits.
- Bon dieu ! Qu'est-ce que vous faites ici ? Sortez immédiatement de là !
Rogue ? Quand est-il revenu ? Pourquoi est-ce qu'il pointe sa baguette sur moi ?
- Oubliettes !
Je vois un jet de lumière s'approcher de moi et je sens même sa caresse sur mon visage mais qu'est-ce qu'il est sensé faire ? Je suis toujours ici et Rogue est toujours devant moi avec sa baguette pointée sur moi. Il a l'air ahuri et aussi furieux. Il se tourne vers elle et la regarde d'un air incrédule. Elle essaye de se relever sur un coude et tend la main en affichant un air implorant, ses yeux restant toujours fixes devant elle.
- Anaëlle, pourquoi as-tu fais ça ?
- Ne lui fait rien, s'il te plaît. Dit-elle de sa faible voix.
Rogue se retourne vivement et m'attrape par le bras avant de me pousser violemment hors de la cachette et j'atterrie a genoux dans le couloir. Anaëlle ? C'est bien ce que j'ai entendu ? C'est son prénom ? Le temps que je me retourne, le mur est déjà refermé. Je crois que je vais avoir des problèmes… Autant m'éloigner, il viendra me trouver de toute manière. Anaëlle… curieux nom mais assez joli. Houlà Drago ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Depuis quand connais-tu ce mot à ton répertoire ? Rien n'est joli, rien n'est beau. Et on repart en sens inverse. Seulement voilà, quand je repars d'habitude, il n'y a pas la répercussion de pas dans mon dos, de quelqu'un qui arrive à vive allure d'un air décidé…
- Nous avons à parler Monsieur Malefoy !
J'ai des ennuis…
- Allons dans mon bureau, afin que vous m'expliquiez ce que vous faisiez dans cette chambre.
- Qui est-elle professeur ?
J'aurai peut-être mieux fait de me taire moi, vu le regard qu'il lance normalement à Potty et sa bande. Il m'attrape le bras –bon sang qu'est-ce qu'il peut serrer fort- et nous descendons les marches rapidement –enfin il me les fait dévaler. Et me revoilà à la case départ : les donjons. Je crois que je suis condamné à vivre dans les sous-sols moi. Il me pousse dans son bureau et referme la porte avec brusquerie, ce qui me fait sursauter.
- Assis !
Vraiment énervé…
- Comment êtes-vous entré dans cette pièce ?
- Je vous ai entendu prononcer le mot de passe.
- Pourquoi m'avez-vous suivi ? C'est votre père qui vous envoie, c'est cela ?
Pourquoi est-ce qu'il me parle de celui qui je hais le plus ?
- Mon père ? Mais non ! Pourquoi ? Je ne l'ai pas vu depuis un bout de temps, je ne sais pas ce qu'il vient faire ici !
- Alors dans ce cas, pourquoi m'avez-vous suivi ?
- Parce que j'avais entendu des cris une nuit et que je suis allé voir ce dont il s'agissait. Je vous ai vu prononcer le mot de passe devant ce mur et je suis revenu le lendemain.
- Vous êtes entré alors que vous vous doutiez que je dissimulais quelque chose qui ne devait être vu par personne ? Voulez-vous jouer les Gryffondors Malefoy ?
- La noblesse des Serpentards réside dans l'art de la ruse dont ils font preuve pour avoir ce qu'ils désirent. Qui est-elle professeur ? Qui est Anaëlle ?
- Je n'ai pas à vous dire quoi que ce soit ! Si ce n'est pas votre père qui vous envoie, dans ce cas, pourquoi êtes-vous revenu ? Vous vouliez achever son oeuvre ? Le digne fils de son père qui veut prouver qu'il peut entrer dans le cercle des Mangemorts en accomplissant des actes cruels sur des innocents !
- Mais puisque je vous dis que je vous ai suivi par hasard. Et si je suis revenu c'est que…
Que quoi au fait ? Que j'étais complètement hypnotisé par elle ? Que son visage m'envahissait l'esprit ? Que je voulais ressentir ce contact étrange avec elle ?
- J'attend Malefoy.
- Je ne sais pas. Je voulais la revoir.
- Aller revoir une personne comme elle qui est dans un état tel que le sien, alors qu'elle est sans défense… Vous teniez à la revoir ? Vous pensiez peut-être avoir à faire à la Belle au Bois dormant et que vous pourriez la libérer de son sort en l'embrassant ?
- Mais je n'ai jamais dit ou pensé ça ! Je voulais juste la voir… et toucher sa main…
Ca n'a pas l'air de lui plaire du tout ce passage-là.
- Vous l'aviez touchée ? Comment avez-vous osé la toucher ? Vous n'avez aucun droit de la toucher, je suis le seul à pouvoir le faire. Vous pouvez vous estimer heureux d'être encore de ce monde aujourd'hui, d'autres n'ont pas eu cette chance.
Une sueur froide me coule le long du dos et je dois avoir pâli considérablement.
- Quoi ?
- Je n'ai rien d'autre à vous dire. Vous en savez déjà assez. Je ne peux même plus vous faire oublier tout ce que vous avez vu à cause d'elle…
- Que m'a-t-elle fait ?
- Ca suffit. Vous allez me faire le plaisir d'oublier vous-même ce que vous avez vu et entendu jusqu'ici et sachez que ce n'est pas la peine d'essayer de la revoir, elle sera déplacée dans un endroit que vous ne risquerez pas de trouver.
- Pourquoi ne la laissez-vous pas à Ste Mangouste dans ce cas, si elle est si malade ?
Ca non plus ça n'a pas l'air de lui plaire. Encore moins que l'autre partie ! Ce que je n'aime pas quand il se rapproche comme ça pour planter son regard dans le mien…
- Qui vous dit qu'elle n'y était pas ? Demandez donc à votre père, il en sait beaucoup sur ce côté-là. Et si jamais vous lui dites que vous avez vu Anaëlle ici, ou à qui que ce soit d'autre, je vous jure que vous ne vivrez pas assez longtemps pour voir la prochaine coupe du monde de Quidditch. Est-ce clair ?
- Ne vous inquiétez pas, je ne risque pas de lui dire.
Il semble réfléchir à ce que je viens de lui dire. Et oui cher professeur, je ne suis pas du côté de votre Maître ! Mais je ne vais quand même pas risquer de me faire tuer en vous l'avouant !
- Sortez d'ici. Sachez que vous faites perdre cinquante points à Serpentard pour votre intrusion et votre curiosité.
- Cinquante ? Mais…
- Et une retenue. Maintenant, déguerpissez, je vous ai assez vu.
- Qui est-elle ?
- Je vous ai dit de partir, vous êtes sourd ?
Il est réellement énervé et il vaut mieux que je parte. Cinquante points, ce n'est déjà pas mal. Je sors de son bureau et retourne dans la salle commune. Ce qu'il vient de me dire me trotte dans la tête. Ne plus la revoir ? Ne plus revoir Anaëlle ? Et quoi encore ? Elle est trop mystérieuse pour que je n'aille pas la voir plus souvent. Je veux savoir ce qu'il se passe avec elle et je le saurais… Surtout comment se fait-il que je n'ai pas été touché par l'Oubliette de Rogue. Tellement de questions se bousculent dans ma tête que je commence à avoir mal au crâne. Et toutes ces questions auront des réponses un jour, ça je me le promet…
