Chapitre 4 : Le seul qui puisse…
- Notez que la façon dont cette créature se protège est totalement unique. Elle se replie sur elle-même et se dédouble pour que son agresseur suive son double. Qui peut me dire comment l'on peut l'attraper dans ce cas ? Miss Granger ?
- En prononçant un sort d'illusion et en lui faisant croire qu'on la suit alors que c'est une image de nous en vérité.
- Exactement ! Cinq points pour Gryffondor.
Allez, Miss-je-sais-tout, on a encore les faveurs du prof ? Je me demande si tu ne vas pas le rejoindre le soir pour étudier autre chose que ses cours de DCFM.
- Ainsi, nous allons pouvoir étudier la façon de se protéger de ses attaques, car il ne faut pas oublier que ces petites bestioles peuvent servir les êtres les plus perfides tout en jouant un double rôle, celui de vous tromper. Mais au premier abord, elle sera toujours sur la défensive. Elle saura si elle doit vous rouler dans la farine ou bien vous aider. Elle le saura à la façon dont vous la regarder. Ne montrez pas que vous en avez peur, elle s'en servira contre vous. Qui peut me dire de quelle façon ?
Moi m'sieur ! Moi M'sieur ! Allez Granger, lève donc ta main, tu en meures d'envie. Non, je rêve ? La carotte ambulante a la réponse ? Pincez-moi là !
- Monsieur Weasley ?
- Heu… En nous montrant des images effrayantes ?
- C'est à peu près ça. En vérité, elle pénètre votre esprit pour créer une illusion. Vous croirez voir ce que vous redoutez le plus devant vous, mais c'est juste le temps pour les Récels de s'enfuir –en vous mordant au passage, ce qui vous fait perdre connaissance pendant une heure environ. Vous avez une question Monsieur Malefoy ?
Non, je chasse les mouches…
- Est-ce que des personnes peuvent avoir la capacité d'envoyer ce genre d'illusions sur quelqu'un d'autre ?
- Pas à ma connaissance. Enfin, j'avais entendu une histoire sur quelque chose de ce genre mais ce sont des balivernes. Personne n'a ce pouvoir, hormis si on qualifie les épouvantards de personnes, mais ils créent l'illusion devant la personne, pas dans son esprit.
- Donc, c'est impossible ?
- Je ne peux pas vous répondre. C'est certainement faisable. Mais si c'était le cas, la personne en question serait condamnée.
- Condamnée ? Comment ça ?
Il va réussir à me foutre la trouille cet idiot. Au fait, la trouille pour quoi… ?
- Si une personne envoyait des illusions comme le font les Récels, je ne pense pas que son esprit le supporterait longtemps. Et entre nous, des personnes peu recommandables auraient déjà mis la main dessus pour se servir de ce don et se débarrasser de leurs ennemis… Enfin, passons cette petite parenthèse et intéressons-nous de plus près à nos petites bêtes.
Et si je connais une personne qui fait ce que font tes bestioles ? Et si elle ne fait pas que d'envoyer des illusions mais me parle en même temps pour m'aider ? Qu'est-ce que tu en penses ? Il faut que j'y retourne… J'oubliais, il l'a changée de place. Qu'importe, je vais le suivre, comme toujours.
Au moins, on a fini avec ce cours aussi ennuyeux que le prof. On dirait un pseudo-Lockhart celui-là encore.
- Drago ! On a une bonne nouvelle pour toi !
Vous allez partir d'Angleterre ?
- On a apprit de source sûre, que ton père va bientôt sortir d'Azkaban.
- QUOI ?
- Pas si fort ! On sait bien que tu es content mais ne le montre pas trop !
Oh oui je suis content. Je suis content comme jamais je ne l'ai été… Je saute de joie… Je bous…
- Et pour quand est-ce prévu ? (que je me prépare à faire mes valises)
- Apparemment, ça serait un petit peu avant la cérémonie.
- Et qu'est-ce que je suis sensé faire ? Aller le chercher ?
- Bah non ! Il faut que tu attendes qu'il vienne te chercher ! Quand ils l'auront fait sortir, mon père m'a dit que ton père viendrait s'occuper de toi. C'est comme ça qu'il l'a dit à mon père.
- Je m'en doute… Rien d'autre ? J'ai des trucs à faire.
- C'est les dernières nouvelles qu'on a.
- Eh Drago !
- Quoi Goyle ?
- On est content que ton père va sortir d'Azkaban.
- Hummmm… Moi aussi.
- Tu veux qu'on t'aide ?
- Pour quoi faire ?
- Pour ce que tu as à faire.
- Non, je dois le faire seul.
Et quoi encore ?
- On te retrouve pour le dîner alors.
- C'est ça. Je serais sûrement en retard, ne m'attendez pas.
- C'est comme tu veux. A tout à l'heure.
Ils s'en vont enfin ces deux abrutis. C'est étrange mais j'ai l'impression que je ne vais pas tarder à être ap…
- Drayyyyy !
-.. pelé… Pour la dernière fois Parkinson : BOUGE !
- Mais c'était pour te dire que…
- Sors de ma vie, c'est clair ?
- Mais tu as perdu ça !
Qu'est-ce que c'est que ce papier ? Il n'est pas à moi, où a-t-elle vu ça cette folle ?
- C'est pas à moi.
- Si ! Il y a tes initiales dessus !
Quoi ? Qu'est-ce qu'elle me raconte encore ? Autant vérifier par moi-même. Voyons ce papier. C'est un parchemin tout ce qu'il y a de plus habituel, avec rien d'autre écrit dessus que D.M. comme en-tête. Mais c'est mon papier à lettre ça ! Je n'en ai pas pris avec moi aujourd'hui !
- C'est bien avec ça que tu écris tes lettres, non ?
- Oui…
J'écoute à peine ce qu'elle me dit car des lettres commencent à apparaître sur le parchemin.
- Qu…
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- C'est bon, je le garde. Tu peux y aller.
- Mais… euh…
- J'ai dit c'est bon ! Salut.
Elle va rester longtemps à me regarder celle-là ? Ah ! Elle a enfin compris qu'elle gênait. Retournons à ce papier. Il y a à présent un message dessus, incroyable !
« Drago, suis le couloir qui mène au fond des cachots et arrête-toi devant le portrait. Le mot de passe est Ladon. »
C'est une écriture maladroite et apparemment de quelqu'un qui n'écrit pas souvent… ou ne peut pas voir ce qu'il écrit… Ou plutôt ce qu'elle écrit… Le message a disparu et…
- Waow !
Nom d'un troll ! Depuis quand les parchemins prennent feu dans les mains du lecteur ? Mais laissons ce phénomène de côté, j'ai quelque chose de bien plus important à présent. Le lieu et le mot de passe pour aller la retrouver. Il l'a mise dans les cachots ? Pas très original comme cachette venant de sa part. Pas de problème, j'irais la voir ce soir.
Autant profiter de ces rares moments de solitude pour aller dormir. Cette nuit risque d'être longue…
« N'ai pas peur, il ne te feront rien. Il suffit juste que tu penses à ce que tu peux utiliser pour les éliminer. »
- Mais quoi ? Qu'est-ce que je peux faire ? Ils approchent de plus en plus.
« Souviens-toi de ce que tu as dû apprendre en classe… »
- Non ! Je ne peux pas ! Ils arrivent, je ne peux rien faire !
« Viens à moi… »
Ne pars pas. Je ne veux pas rester seul, ils sont tout autour de moi. Non, reviens !
- Nooooon !
Encore eux. Non, je ne veux plus les voir, laissez-moi tranquille ! Où est-elle ? Où est-ce que je suis ? Dans mon lit… C'était si réel. Ce n'était qu'un rêve. Mais elle était là, elle était dans mon esprit. Je me rassois et passe ma main sur mon visage. Quelle heure est-il ? Je ne me suis pas sentis partir dans un profond sommeil. Il doit être l'heure de manger. Ma montre indique…
- Quoi ?
Dix heures et demi ? C'est impossible ! Je ne suis pas resté endormi depuis six heures jusqu'à… dix heures et demi ! Comment…
« Viens à moi… »
Est-ce que je l'ai réellement entendue ou c'est mon imagination qui me joue des tours une nouvelle fois ? Il faut que j'aille la rejoindre. Il faut qu'elle me dise qui elle est et ce qu'elle fait ici. Il vaut mieux que je me donne un coup sur le visage pour me réveiller et que je change de vêtements. Quelque chose de plus discret. J'opte pour un jean noir et un sweat vert pâle. La mode moldue n'est pas vraiment ma tasse de thé, et encore moins ce qu'ils mettent pour être à l'aise. Enfin prêt, je sors de la chambre discrètement et espère ne pas tomber sur quelqu'un de curieux dans la salle commune. Au moins, ces deux idiots seront en train de ronfler dans leur dortoir après tout ce qu'ils auront avalé au banquet. Il n'y a que deux élèves dans la salle commune et ils sont assez occupés… Ils ne me voient et ne me remarquent même pas. Autant en profiter. Je sors de la salle et arrive dans le couloir. L'endroit qu'elle m'a indiqué dans le message se trouve au niveau de la salle de cours et des appartements de Rogue. Il va falloir être prudent…
J'arrive à présent devant la salle de potions. Il n'y a personne ce soir, pas de détention, ni de Rogue en train de corriger ses copies ici. J'avance et passe son bureau. Là non plus, pas de présence audible ou visible, donc pas de Rogue. Avançons un peu plus et me voilà dans le fameux couloir où personne ne vient jamais car assez lugubre et froid. Tout le charme de Rogue en fait, pas étonnant qu'il choisisse cet endroit pour cacher quelqu'un. J'arrive au fond et un dilemme se pose à moi. Il y a deux tableaux. Lequel est-ce ?
Quel crétin ! J'ai le mot de passe, il n'y en a qu'un qui s'ouvrira ! Quand je dis que ça ne me réussis pas de traîner avec ces deux déchets de l'humanité…
- Ladon !
C'est celui de droite qui bouge, celui avec le serpent hideux dessus. J'entre, le cœur battant pour je ne sais quelle raison –si, la crainte de tomber nez à nez avec Rogue, sûrement- et j'arrive dans une pièce encore plus lugubre que le couloir lui–même.
- Je veux que tu te reposes. Tu es encore trop faible pour faire quoi que ce soit avec ton esprit ou ton corps. Tu sais que c'est dangereux et ils te trouveront si tu te fais remarquer. Je t'en prie, ne m'oblige pas à t'endormir.
- Non ! Laisse-moi veiller. Je ne veux pas refaire les rêves… Ils me font…mal.
- Je sais. Mais tu dois te reposer. Fais-le pour elle. Elle n'aurait pas aimé que tu sois dans cet état.
- Je le fais pour toi dans ce cas. Je ne l'ai jamais connue, mais toi je te connais mieux que personne.
- Je sais… Maintenant, reposes-toi, je viendrais te voir demain matin.
J'entend les voix mais je ne vois rien. C'est comme si je me trouvais derrière un mur assez fin pour que je sois comme présent dans la pièce où les deux personnes se parlent. Ici, Rogue et sa protégée. Je l'entend qui remue et ses pas s'éloignent pour quitter la pièce. Mais est-ce la même pièce que moi ou celle voisine à la mienne ? Il doit bien se passer cinq minutes le temps que je comprenne que je suis seul, et qu'elle aussi l'est. Comme par miracle, le mur devant moi commence à disparaître et je distingue à présent la chambre où elle repose. Elle est plus gaie que l'ancienne et plus chaleureuse que le couloir des cachots, c'est certain. J'avance prudemment, me demandant comment ce mur a disparu de la sorte. Le lit se trouve juste en face, mais elle n'est pas dedans. Où est-elle ? Elle discutait à l'instant avec Rogue.
- Je suis là, si c'est ce que tu cherches.
Sa voix me fait sursauter. Je tourne la tête et la voit assise dans un rocking-chair, ayant arrêté de se balancer. Elle a toujours ce regard transparent, vide de toute expression et regarde fixement devant elle. Elle est toujours aussi pâle mais elle semble plus en forme que la dernière fois. Au moins, elle tient assise, c'est un changement. Elle porte une couverture qui lui couvre les jambes.
- Tu as bien reçu mon message…
- Comment as-tu fais ?
- Je n'ai qu'à penser…
Elle sourit doucement et cela a l'air presque douloureux. Je sens une drôle de sensation dans ma poitrine, au niveau de ce qui bat pour me faire vivre. C'est bien la première fois et je ne sais pas l'expliquer.
- Approche, je ne mords pas.
J'avance vers elle et m'agenouille à ses côtés. Pourquoi je le fais, je ne sais pas.
- Qui es-tu ?
Elle sourit à nouveau, son regard se perdant devant elle encore plus.
- Je suis Anaëlle.
- Je sais ton prénom. Mais qui es-tu ? Pourquoi le professeur Rogue te cache-t-il à Poudlard ?
Elle rit doucement et se met à tousser. Elle ne doit pas être habituée à rire aussi.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- C'est juste drôle d'entendre le nom de mon père, c'est rare quand je l'entends.
J'ai bien entendu ce que je viens d'entendre là ? Elle peut me répéter ce qu'elle vient de me dire ?
- Tu es sa… fille ? Depuis quand a-t-il une fille ?
- Depuis dix-sept ans environs. Je sais il n'est pas très bavard et peu chaleureux, mais il est tout ce qu'il me reste et le seul qui me protège, avec Dumbledore.
- De quoi te protègent-ils ? Et… comment Rogue a-t-il pu cacher ton existence à tout le monde ?
- D'autres personnes connaissent mon existence. Mais c'est d'elles que l'on me protège.
« - Pourquoi ne la laissez-vous pas à Ste Mangouste dans ce cas, si elle est si malade ?
- Qui vous dit qu'elle n'y était pas ? Demandez donc à votre père, il en sait beaucoup sur ce côté-là. Et si jamais vous lui dites que vous avez vu Anaëlle ici, ou à qui que ce soit d'autre, je vous jure que vous ne vivrez pas assez longtemps pour voir la prochaine coupe du monde de Quidditch. Est-ce clair ? »
Non. Pas lui, pas encore ! Lucius s'y intéresse alors…
- Oui, ton père me connaît bien. Trop même…
Son visage a perdu toute trace de sourire et de chaleur. Elle baisse la tête et tend la main dans ma direction.
- Que veux-tu ?
Je me méfie, je n'ai pas envie de revoir les loups-garous…
- Te donner quelque chose que tu ne connais pas.
- Quoi ?
Qu'est-ce qu'on ne m'a jamais donné et que je ne connais pas encore ? Je me le demande bien. J'ai toujours eu ce que je voulais. Mes doigts se déplient et ma main se tend vers la sienne. Elle attrape la mienne avec la sienne et à ce moment, ce ne sont pas des fourmillements que je ressens mais une puissante et profonde chaleur qui part de la paume de ma main et qui se propage dans mes veines à une vitesse folle. Je ferme les yeux et me sens envahi de cette douceur que je n'ai jamais sentie. Un bien-être fou parcourt mon corps, comme jamais je n'en ai ressenti. C'est ça qu'on ne m'a jamais offert. Elle avait raison. J'ai toujours été glacé et on ne m'a apporté que de la froidure au lieu de la chaleur. Je sens la chaleur quitter mon corps et je rouvre les yeux. Elle a retiré sa main. Qu'a-t-elle ? Pourquoi semble-t-elle souffrir ?
- Qu'est-ce que tu as ? J'ai… fait quelque chose ?
- Peux-tu… m'aider à m'allonger ? Je n'ai pas le droit de faire ça… normalement.
Elle me tend la main et je la saisis. C'est la première fois que je ne ressens rien d'étrange en la touchant. Je l'aide à se lever et la conduit jusqu'à son lit. Elle s'allonge et je remonte les couvertures sur elle. Voilà que je joue les nounous maintenant, j'ai vraiment quelque chose qui ne va pas moi.
- Merci… Me dit-elle d'une voix peu assurée. Elle a à nouveau l'air aussi malade que la fois dernière.
- Pourquoi as-tu voulu me faire sentir ça ? Je veux dire, depuis que je t'ai vu, je n'ai eu que de la gentillesse de ta part. Et tu sais de qui je suis le fils.
- Mais… tu n'es pas comme lui. Tu le déteste.
- Comment peux-tu le savoir ?
- Ton cœur… a parlé pour toi. Et tu serais mort ou fou à l'heure actuelle si… je ne pouvais pas… avoir confiance en toi.
- Quoi ? Comment ça ?
- Tu n'aurais pas pu… me… toucher. Tous ceux en qui je ne peux pas avoir confiance ne… résistent pas… à… ça. Va prévenir mon père… vite… et va-t-en…
- Quoi ?
- J'ai besoin… la potion… VITE !
Elle n'arrive plus à parler et semble presque s'étouffer, que dois-je faire ? Il n'y a pas de potion comme elle demande. Je remarque qu'au tour de son cou brille un bijou, virant au rouge.
- Pars… vite !
Elle ferme les paupières et son visage se crispe. Elle a du mal à respirer et c'est à ce moment qu'elle hurle en se mettant les mains contre les tempes.
- Je suis là ! Qu… MALEFOY ! Dehors !
Je ne l'ai pas entendu arriver et je suis incapable de faire quoi que ce soit. Rogue me fusille sur place et me pousse pour se diriger vers… et bien disons-le franchement à présent, vers sa fille. Il la relève tandis qu'elle crie et s'assoit à ses côtés, plongeant sa main libre dans la poche de sa robe de sorcier pour en tirer une fiole. Il l'ouvre avec les dents et verse le liquide dans la bouche d'Anaëlle. Elle arrête aussitôt d'hurler, mais continue d'avoir des soubresauts, comme les personnes qui ont été victimes du Doloris.
- Calme-toi… Lui dit Rogue en la recouchant lentement.
Il garde la main appuyée sur sa tête et attend qu'elle se soit rendormie. Je suis resté là tout le long, incapable de faire le moindre geste ou dire quoi que ce soit. Quand elle est enfin calmée, Rogue se lève et me regarde. Un regard froid et presque celui de quelqu'un de mort, sans âme.
- Qu'a-t-elle fait ?
- Pardon ?
- Je vous ai demandé ce qu'elle vous a fait Malefoy.
Ce qu'elle m'a fait ? Ah….
- Elle a voulu me donner quelque chose qu'on ne m'avait jamais donner. Elle a prit ma main et j'ai ressenti quelque chose d'étrange.
- Comme de la chaleur ?
- Oui… oui c'est ça.
Il ferme les yeux en soufflant et la regarde.
- Professeur, je vous jure que je ne l'ai pas cherchée, c'est elle qui m'a contacté.
- Et de quelle façon, je vous prie ? Elle ne peut pas marcher ou peu, et elle est aveugle. Comment l'aurait-elle fait ?
- Elle m'a envoyé un message sur un de mes papiers à en-tête, je vous le jure ! Elle m'a donné le mot de passe de la pièce voisine.
- La pièce voisine ?
- Oui celle qui est à côté. C'est même Ladon…
Cette fois il me regarde avec un air de totale incompréhension. Ou bien est-ce de l'étonnement ?
- Elle vous a donné le mot de passe ?
- Oui.
Il sourit légèrement en secouant la tête.
- J'aurai dû m'en douter. Elle l'a vu…
- Comment a-t-elle pu voir quelque chose ?
Il semble revenir à la réalité et me fusille à nouveau du regard.
- Ceci n'est pas votre problème. Le vôtre concerne le mois de détention que vous allez écoper pour votre nouvelle intrusion dans un endroit que je vous avais interdit de chercher. Vous l'avez…
- Elle m'a dit que c'était votre fille.
Il gèle sur place. Ou plutôt, je le pensais. Il s'approche rapidement de moi et m'attrape par le col de ma robe.
- Si jamais tu dis un mot de tout ça à ton père, je demande personnellement à Anaëlle de t'effleurer…
- M'effleurer ? Mais si vous me disiez ce qu'il se passe avec mon soi-disant père, peut-être que je pourrais vous éviter ce mal, professeur.
Il me sonde avec son regard mais je ne flancherai pas. Je veux savoir ce qu'il se passe et je le saurai.
- Que s'est-il passé avec Lucius professeur ? Qu'ont fait les Mangemorts à Anaëlle ? Ne vous inquiétez pas, elle m'a mis sur la voie.
- Lucius ? Il n'y a plus de « père » ? Me demande-t-il sarcastiquement.
- Est-ce que vous appelleriez un homme qui vous échange contre sa liberté, « père » ?
Il me fixe une dernière fois de son regard d'ébène puis me lâche.
- Dois-je comprendre que le côté du Seigneur des Ténèbres ne vous attire plus ?
Houlà. Jouer serrer. Ne pas oublier qu'il en fait partie. Quoique… je me le demande après ce que les Mangemorts ont l'air d'avoir fait à sa fille.
- Et vous professeur ?
Il semble réfléchir.
- Si vous voulez me faire croire que Lucius vous a échangé contre sa clé de sortie, libre à vous. Mais cela me semble idiot. Le Seigneur des Ténèbres le fera sortir de toute façon, avec ou sans vous.
- Il le fera, ça je n'en doute pas, mais étant donné que Lucius a donné sa parole de me faire intégrer dans le cercle afin de sortir, et ainsi faire bénéficier au Seigneur des Ténèbres un nouveau membre, Lucius n'hésitera pas à venir me chercher de force… pour ne pas manquer à sa parole…
Il réfléchi encore plus à présent.
- Je ne vous crois pas. Lucius n'aurait jamais pensé faire ça à celui dont il n'arrête pas d'énoncer les mérites.
- Croyez-le si vous voulez mais ne me parlez plus de lui. Je sais qu'il a fait quelque chose à Anaëlle puisque vous en parlez comme de la peste, et qu'à cause de ça –ou en partie- vous n'adhérez plus aux idées de votre Maître. Elle m'a dit qu'elle avait confiance en moi, c'est qu'il y a une raison. Elle m'aurait tué sinon, d'après ce que j'ai compris. Mais ce que je ne comprend pas, c'est son histoire, sa vie, ce que vous cachez sur elle et… ce que mon « père » a fait sur elle. Quel est ce don qu'elle possède ?
- Je ne vous dirai rien. Elle a déjà assez souffert, j'ai assez souffert comme ça. Vous n'avez rien à faire dans nos vies. Maintenant, vous venez avec moi, nous allons voir Dumbledore.
- Dumbledore ? Mais… pourquoi ?
- Qu'il vous jette l'oubliette puisque je ne peux plus le faire.
- Quoi ? Non ! Attendez ! Elle veut me parler, c'est elle qui m'a appelé ! Elle est même venue dans mon rêve !
- Arrêtez de dire des âneries ! Elle ne vous connaît pas et n'ira sûrement jamais dans vos rêves ! Et je ne veux plus jamais vous voir tourner autour d'elle ou de chercher à la revoir. Elle a déjà assez eu de malheur depuis sa naissance pour que vous veniez la perturber encore plus. Nous allons voir Dumbledore…
Non ! Pas le vieux fou ! Je ne veux pas l'oublier, elle a des choses à me montrer que je ne connais pas. Il ne faut pas qu'on me la fasse oublier, il ne faut pas…
Il me pousse hors de la pièce à présent et je tourne la tête pour la voir une dernière fois. Je ne pourrai jamais oublier ce visage. Nous arrivons dans le couloir et je dois me résoudre à avancer. Le chemin qui mène au bureau du directeur me paraît une éternité. Quand nous arrivons enfin devant sa porte, mes jambes sont en coton et il faut que je reprenne mon souffle. Qu'est-ce qui lui a prit d'y aller aussi vite ? Il frappe et on doit bien attendre cinq minutes avant que cette fichue porte ne s'ouvre. Le vieux fou est en peignoir et chemise de nuit, quel beau tableau !
- Séverus… Monsieur Malefoy ? Que se passe-t-il ?
- Vous ne devinerez jamais, Albus, où se trouvait à l'instant monsieur Malefoy.
Et voilà qu'il se met à sonder mon regard à son tour. Autant baisser les yeux. Au moins, il nous fait entrer dans le bureau, vivement que je trouve un siège.
- Comment va Anaëlle ?
- Albus, elle l'a touché et il faut que vous lui lanciez l'Oubliette, je ne le peux plus sur lui.
- Elle l'a protégé ?
Pourquoi est-ce qu'il est si étonné ? Et arrêtez de me regarder de cette façon, j'ai l'impression d'être une bête de ces cirques moldus.
- Asseyez-vous.
Avec joie.
- Pourquoi voulez-vous que je lui jette l'Oubliette Séverus ?
- Pardon ? Mais pour éviter qu'il aille tout répéter à la seule personne qui ne doit absolument rien savoir d'Anaëlle ! Cela me paraît évident ! Et je ne veux plus qu'il lui tourne autour, elle est assez faible sans avoir à supporter sa présence.
- Séverus, il me semble que, si votre fille a protégé Drago de votre Oubliette, c'est qu'elle a de bonnes raisons de penser qu'elle peut avoir confiance en lui. N'est-ce pas ? Si je ne m'abuse, nous sommes actuellement trois à pouvoir la toucher : vous, monsieur Malefoy et moi. Mme Pomfresh était encore sonnée hier matin après avoir malencontreusement effleuré Anaëlle. Ce qui signifie que cette jeune fille n'a pas confiance en elle, allez savoir pourquoi. Alors si elle n'a pas confiance en une infirmière qui est au service de l'école depuis un certain nombre d'années, pourquoi dans ce cas, aurait-elle laissé un parfait inconnu s'approcher d'elle ?
- Elle connaissait mon prénom quand elle était réveillée la première fois.
Et c'est repartit, je suis la bête de cirque.
- Comment cela ?
- Quand je me suis approché de son lit, elle m'a dit « tu es Drago ». Ensuite elle m'a tendu la main.
Je n'aime pas les voir échanger des regards de ce genre-là, c'est signe qu'ils savent quelque chose que j'ignore.
- Il semblerait qu'une partie soit en train de se réaliser Séverus.
- Il est hors de question que quoi que ce soit se réalise. Je l'ai gardée éloignée de leurs mains depuis sa naissance, ce n'est pas pour que cette partie-là se réalise. Il n'a rien à voir dans cette histoire.
- Il semblerait pourtant que ce soit ce qu'il se passe. Souvenez-vous de ce qu'elle disait…
Mais de quoi est-ce qu'ils parlent à la fin ? Quelle partie, qui disait quoi ?
- Excusez-moi mais, qu'est-ce qui va arriver ?
- Séverus, je pense que vous devriez raconter l'histoire d'Anaëlle à Drago. Je pense que ce jeune homme a également des choses à nous dire.
- Des choses ? A quel sujet ?
- Sur la personne qui est enfermée à Azkaban et qui porte le même nom que vous. Car je pense que je ne devrais plus employer le terme de « père » en ce qui vous concerne, je me trompe ?
Pour une fois j'ai envie de lui sauter au cou. Non, quand même pas ! Mais au moins, lui, il a compris !
- Vous avez raison.
- C'est absurde ! Lucius n'arrête pas de vanter les mérites de son fils. Comment Drago pourrait le renier ?
- Tout simplement parce qu'il vient de voir quel genre d'homme était Lucius. Avez-vous expliqué au professeur Rogue ce qu'il a voulu faire, Drago ?
- Comment savez-vous tout ça ?
Il m'inquiète à tout connaître. Personne n'est au courant du chantage de mon père.
- Oh, j'ai mes sources.
- Je l'ai dit au professeur Rogue, mais le ne veut pas me croire.
- Séverus, vous devriez le croire. Drago, pensez-vous que le professeur Rogue soit au service de Lord Voldemort ?
Dire ce nom dans mes pensées ne me fait rien, mais l'entendre prononcé ne me plaît pas. Je frissonne et Rogue aussi apparemment.
- Albus !
- Non, je ne pense pas que le professeur Rogue soit à son service. Si il a fait quelque chose à sa fille, je ne pense pas qu'il puisse le servir à nouveau, ou bien faire semblant de le service, jouer un rôle… d'espion…
Non mais quel idiot ! J'avais la solution devant les yeux ! Rogue ne sert pas Voldemort, c'est Dumbledore qu'il aide. Lucius me parlait des va-et-vient de Rogue pour espionner Dumbledore pour le Seigneur des Ténèbres, mais je mettrai ma main à couper que c'est le contraire en fait.
- Exact.
- Albus ! Arrêtez et lancez-lui l'Oubliette !
- Non. Je ne lui lancerai pas.
- Quoi ?
Cette fois, on a parlé ensemble. Lui par colère et moi, par surprise.
- Drago est de notre côté et je ne pense pas qu'il retournera voir Lucius de si tôt. Et Anaëlle l'a accepté –et vous savez ce que cela signifie- alors je ne vois pas pourquoi je lui ferait tout oublier. Mais j'aimerai connaître toute l'histoire de ce qu'il s'est passé avec votre « père », Drago.
- Très bien…
Et me voilà partit dans la narration à présent. C'est l'histoire d'un garçon qu se fait vendre par son père pour qu'il puisse s'échapper de la prison où les méchants l'ont enfermé. Et le garçon, maintenant, est en sursit jusqu'à ce que son père soit libéré de la manière forte…
- Vous auriez dû venir me voir plus tôt. Votre vie est aussi en danger et faut que nous vous protégions de Lucius. Vous avez dit que Voldemort (nouveaux frissons) va le libérer sous peu ?
- C'est ce que Crabbe m'a dit.
- Il va falloir être prudent. Drago, je dois vous interdire de sortir à l'extérieur à partir de maintenant. Vos accès seront limités au parc du château mais aucune sortie à Pré au Lard ne vous sera accordée. Nous ne devons courir aucun risque qu'ils vous mettent la main dessus. Et ce pour deux raisons : la première, votre propre vie qui vous échappera le jour où Lucius vous retrouvera, et la seconde, pour ne pas qu'ils apprennent qu'Anaëlle est toujours vivante.
Vas-y Drago, impose TA condition.
- J'accepte si vous me dites toute l'histoire au sujet d'Anaëlle.
Et vlan ! Touché ! Mes félicitations Drago, tu es doué…
- Séverus, il doit être mis au courant. Si elle l'a appelé, c'est que c'est lui.
- Albus, je ne peux pas le laisser s'en occuper. Elle est tout ce qu'il me reste…
- Et il faut que la prophétie s'accomplisse…
- Une prophétie ?
Et ils se regardent à nouveau. Grrrrr ! J'ai horreur de ça. Enfin, Rogue se tourne vers moi avec un air complètement… anéanti.
- Très bien… Je vais vous le dire…
