Chapitre 6 : L'éclosion du papillon.

J'avais dit que ça risquait de tourner vers du rating R ou NC-17. Petit aperçu ici, pas vraiment « passionné » de la part de notre petit Drago… mais quand même !

En tout cas, Drago va s'amuser à jouer l'esthéticienne dans ce chapitre ! Oh my god ! mdrrr

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            Je savais qu'il céderai. Il veut qu'elle apprenne à vivre, mais comment le pourrait-elle sans sortir de cette chambre ? Et pour une fois, je remercie le vieux fou. Il a réussi à se procurer une poudre argentée qui permet de rendre la personne qui en reçoit invisible, jusqu'à ce qu'on lance l'incantation qui lui redonnera son apparence normale. Encore heureux que j'en dispose de deux larges paquets d'avance…

            Mais pour le moment, il faut que je me procure tous ces trucs que mettent les filles sur leur peau, afin que cela la rende quand même un peu moins pâle –car je dois l'admettre, j'aime avoir à mes côtés une fille en pleine forme ou du moins, qui en donne l'impression. Et la maquiller ne la rendra que plus belle. J'ai encore dit ce mot-là moi… Ca doit être un tic.

- Pansy ?

            Pourquoi faut-il que ce soit elle ? Pourquoi ?

- Qu'est-ce qu'il y a ?

            Je rêve ! Elle est fâchée contre moi dans d'autres circonstances, j'en aurai été ravi, mais là j'ai besoin d'elle. Enfin, façon de parler.

- Tu boudes ?

- A ton avis ?

- Pourquoi ?

            Feindre l'innocence, ça marche toujours…

- Tu es méchant avec moi.

            Quelle gamine, c'est pas possible…

- Mais non ! Je suis juste sur les nerfs en ce moment. Ecoute, je sais que je n'ai pas été très aimable avec toi ces derniers temps mais je suis… désolé, d'accord ?

            Grrrr… Plutôt mourir que d'être désolé pour elle. Mais ça a l'air de marcher puisqu'elle me regarde en me souriant. Aerk ! Ce sourire…

- C'est vrai ?

- Oui.

            Elle ne me laisse même pas le temps de prendre mon souffle qu'elle me saute dessus et m'embrasse fiévreusement. Au secours… Ce qu'il faut pas faire quand même ! Je vais m'en mordre les doigts mais bon…

- Et si on montait dans ton dortoir ?

            Là, autant dire que je lui propose le Nirvana et sa grimace de plaisir m'indique qu'elle est tombée dans le panneau. Pauvre fille va. Elle me tire par la main et m'entraîne dans les escaliers.  Nous arrivons devant la porte du dortoir des septième année et elle entre.

- Vous sortez ! Lance-t-elle, à peine rentrée.

            Les filles, me voyant arriver derrière elle, paniquent et s'enfuient presque de la chambre. L'autre se retourne et me refait un de ses sourires. Brrrr… j'en ai des frissons dans le dos. Un rapide coup d'œil dans la chambre et je trouve ce dont j'ai besoin. Autant régler ça au plus vite –heureusement que je connais ses habitudes à cette folle. Je l'enlace et l'embrasse tout en la débarrassant de ses vêtements aussi vite que je le peux –je ne vais pas perdre mon temps en préliminaires ou autres caresses inutiles pour elle. Elle n'est vraiment pas douée pour enlever les miennes et met presque cinq minutes à me déshabiller. Elle m'attire sur le lit et je tombe sur elle, n'arrêtant jamais de l'embrasser, tout en pensant à mon but. Je ne m'attarde pas et passe ses jambes de chaque côté de mes hanches avant de m'insinuer avec force en elle, ce qui lui laisse échapper un gémissement –de douleur, à mon avis. Je me relève et débute les mouvements qui d'ordinaire me raviraient, mais pour l'instant, ils sont plutôt en train de me dégoûter. La voilà qui s'agrippe à mes hanches et qui ne tarde pas à gémir –de plaisir il me semble, cette fois- et je relève la tête pour regarder vers la commode où sont posés tous les produits. Bon sang, qu'est-ce que c'est que tout ce bazar ? Je ne saurai jamais quoi lui mettre moi ! J'aurai plutôt dû aller demander des conseils à Dumbledore. Qu'est-ce que je raconte moi ? Comme si il savait quelque chose sur les femmes ! Ca y est, l'autre a capitulé. Et je ne peux pas empêcher la sensation –tout de même agréable- qu'elle provoque en moi. Je fais les derniers mouvements en soufflant finalement et finit par m'effondrer sur elle. Finalement, c'était pas si mal, il faut dire aussi que ça fait plusieurs semaines que je n'ai eu personne dans mon lit… Je retombe sur le dos à côté d'elle et j'entend le seul son que je souhaitai entendre. C'est le signal : elle ronfle. (comment je la casse la Pékinois ! mdrrr) Quand je dis qu'elle est tout ce que je déteste chez une fille ! Mais au moins, j'ai réussi ce que je voulais et je peux me rhabiller. Il ne me reste plus qu'à reproduire les même produits qui sont sur la commode –et celle des autres filles en même temps- et le tour est joué. Me voilà avec des copies identiques de maquillage, crèmes et autres soins. Je fais réduire tout ça et remet le tout dans mes poches. Un dernier coup d'œil vers le lit… Ca va, elle dort. J'en profite pour sortir.

- Une bonne chose de faite.

            Je me rue dans le couloir qui mène aux cachots et me retrouve bientôt devant la toile.

- Manto !

            La toile pivote et j'entre. Il est encore tôt en ce dimanche matin et je ne sais pas si elle s'est déjà préparée. Mais apparemment, non.

- Bonjour Anaëlle.

- Bonjour Drago.

            Elle est en train de faire courir ses doigts sur les pages du livre en braille et s'arrête quand je m'approche.

- Je t'ai trouvé des produits pour mettre sur ton visage.

- Vraiment ?

- Oui.

- Je ne vois pas l'intérêt puisque nous sommes tous les deux.

- JE préfère te voir avec un visage resplendissant plutôt que fatigué comme aujourd'hui. Tu n'as pas dormi cette nuit ?

            Elle baisse la tête et la secoue. Aurait-elle eu une nouvelle série de crises ?

- Tu veux peut-être que je te laisse te reposer aujourd'hui ?

- Non ! Reste ici !

            S'en est presque un ordre…

- D'accord. Mais on ne va rien faire aujourd'hui qui va te fatiguer, nous sortirons un autre jour.

- Sortir ? Mais je ne peux pas sortir, je n'ai pas le droit !

            Elle panique à nouveau. Bon sang, Rogue ne le lui a pas dit ?

- Ton père ne t'as pas mis au courant ?

- Au courant de quoi ?

- Tu vas pouvoir sortir et te promener dans Poudlard avec moi. Dumbledore a trouvé une poudre qui te rendra invisible aux yeux des autres –sauf de moi. Ca te va ?

- Je… je ne sais pas.

            Elle n'est pas rassurée et je le sens bien. Autant lui faire comprendre que je ne passerai pas mes journées ou soirées enfermé dans cette pièce. Je m'assois en face d'elle, en tailleur –tiens, une impression de déjà-vu- et lui prend les mains, priant pour que je ne ressente rien d'étrange. Non, heureusement.

- Ecoute, tu ne risque rien de cette manière. Je ne tiens pas à ce qu'on reste enfermés ici, et cela t'aidera plus de sortir dehors pour savoir ce qui t'entoure. Je serai ton guide…

            C'est ça en fait, je suis son guide… Pourquoi fronce-t-elle les sourcils ? Elle enlève ses mains brusquement avec une expression paniquée et presque… rougissante sur son teint blafard.

- Qu'y a-t-il ?

            Elle semble prise de panique et tente d'évincer mon étreinte. Soudain, un doute m'assaille, j'en ai même le cœur qui palpite.

- Est-ce que tu viens de lire mes pensées ?

            Son silence et son expression gênée me le confirment. Je m'en serai douté. Et pas la peine de se demander ce qu'elle vient de voir.

- Ecoute, ce genre de pensées ne doivent pas t'alarmer. Je t'ai déjà dit que j'étais étonné de savoir que tu avais confiance en moi, surtout concernant ma réputation ici. Je ne suis pas un saint, mais je suis tout de même ici pour t'aider. Je ne te parlerai pas de ce côté de la vie, se sera à toi de le trouver.

- Pourquoi es-tu comme ça ?

- Je ne sais pas. Peut-être que j'ai envie de prouver aux autres que je suis vraiment « mauvais ». C'est aussi à cause de mon père que je suis devenu comme ça. Cette réputation s'est faite sans que je le veuille et il a bien fallu que je devienne comme on prétendait que j'étais.

- Je ne comprends pas pourquoi un garçon puisse faire… cette… chose à des filles innocentes.

- Elles ne sont pas si innocentes que ça, crois-moi.

            Elle paraît choquée et il y a de quoi.

- Qu'as-tu vu ?

            Elle rougit encore plus et baisse la tête. Pure et pieuse…

- N'ai pas peur de me le dire…

- Tu étais avec cette fille, celle qui ronfle…

            J'ai un petit rire en entendant ça.

- Pansy…

- C'est son prénom ?

- Oui. C'est surtout un pot de colle et il fallait que je le fasse pour récupérer quelque chose.

- Récupérer quelque chose ? Tu… dors avec cette fille pour récupérer quelque chose ?

            Elle semble s'énerver en disant cela. Est-ce qu'elle a vu ce que j'imagine, ou pas ?

- Qu'est-ce que tu as vu ? Et… est-ce que tu sais au moins des choses à ce sujet ?

            Je l'imagine très bien en train de discuter des pratiques de l'amour avec Rogue…

- Si tu parles de faire l'amour, oui je connais des choses sur ce sujet. Il m'a suffit de lire les pensées –accidentellement- de mon père pour ça.

            J'imagine très bien la tête de Rogue s'il apprenait que sa propre fille l'avait vu en pleine « action » dans sa mémoire !

- Mais ça ne m'explique pas pourquoi tu t'es servis de cette fille.

- Il fallait que je prenne les produits que j'ai ramenés.

- Il fallait les lui demander.

- Elle m'aurai posé des questions et elle aurai mené son enquête. Et… elle aurai fini par te trouver. Crois-moi, c'était la meilleure chose à faire.

- Il ne fallait pas. Elle ne… mérite pas qu'on joue avec ses sentiments. Aucune femme ne le mérite.

- Crois-moi, je sais ce que je fais. Ne te préoccupes pas d'elle. Toi, tu es beaucoup plus importante qu'elle et  si je l'ai fait, c'est uniquement pour t'aider. Maintenant, on va voir ce qu'on peut faire à ton visage pour qu'il retrouve un peu de gaieté.

            Elle acquiesce mais reste tout de même sur ses gardes. J'ai fait une belle bourde encore, c'est pas possible ! Enfin, revenons à nos moutons et faisons ce pour quoi je suis là. Je sors les produits de mes poches et leur rend leur taille normale. Il y a devant moi toutes sortes de tubes et de pots dont je n'en connais même pas l'usage. J'en prend un au hasard et voit que c'est une crème hydratante.

- Voilà ce qu'il te faut.

            J'ouvre le pot et prend une noisette de crème avant d'en déposer sur son visage. Elle sourit face à ce contact. Mes doigts se mettent bientôt à masser ses joues, son menton et je les retire pour placer ses propres doigts sur sa figure.

- Essaie.

            Elle passe ses doigts distraitement sur sa peau et étale le reste de crème. J'enlève les dernières traces visibles de crème en souriant.

- C'est une première chose, tu t'en es bien sortie. Fais-le chaque matin, ça éclaire déjà un peu plus ton visage.

            Elle sourit –elle a peut-être oublié, avec un peu de chance, les images qu'elle a vues plus tôt- et attend.

- Et maintenant ?

- Pour le maquillage, par contre, il faudra que je te le fasse. Je vais essayer en tout cas, je n'y connais rien.

- J'ai demandé à mon père de me donner mes affaires. Il a un peu hurlé au début mais il a cédé.

- C'st parfait. Où sont-elles ?

- Je crois qu'il les a mises dans la commode.

- J'irai jeter un coup d'œil. Tout d'abord, voyons pour le maquillage…

            Et me voilà avec un tas de produits de maquillage devant moi. Pourquoi faut-il que les filles aient autant de trucs différents ? Ah, ça doit être ce qu'elles mettent sur les paupières. Gagné. Qu'est-ce que je dois lui mettre comme couleur ? Oh ! Je verrai bien. Attendez une minute…

- J'ai une idée. Je reviens.

            Elle lève la tête vers moi, inquisitrice, son regard vide perdu devant elle.

- Où vas-tu ?

- Chercher de l'aide.

- De l'aide ?

- Tu verra.

            Je sors avant qu'elle ne parle et cours en direction de la salle commune. Parkinson dort toujours et heureusement pour moi, il n'y a personne ici. Ils sont tous dehors, c'est parfait. Et je trouve ce que je voulais sur la table devant la cheminée. Sorcière hebdo. Il doit bien y avoir un truc sur les conseils en maquillage dedans. Je le prend et le feuillette. Si on me voyait… Le grand Drago Malefoy en train de lire un magazine de filles.

- Ah ! Je le savais. C'est exactement ça qu'il lui faut.

            Je roule le magazine et le cache dans ma poche, bon il dépasse mais on ne voit pas de quoi il s'agit, et je sors d'ici. Retour à la cachette et regard en arrière pour voir si je ne suis pas suivis. C'est bon. J'entre et je reste figé. C'est bien la première fois que j'ai envie d'éclater de rire, mais je me contente de sourire car c'est vraiment un tableau charm… amusant. Oui, c'est amusant. Anaëlle a trouvé un bâton de rouge à lèvre et essaie de s'en mettre sur les joues. Apparemment, elle ne connaît rien du tout aux artifices féminins.

- Je ne pense pas que ça se mette là.

            Elle sursaute –apparemment, elle était concentrée sur son geste- et le bâton tombe sur le lit.

- Je ne t'ai pas entendu rentrer… S'excuse-t-elle.

- Ce que tu avais dans les mains s'appelle un rouge à lèvre et…

- … il se met sur les lèvres… Termine-t-elle, honteuse.

            Je prend son visage entre mes mains et lui sourit –bien qu'elle ne me voit pas- avant de lui essuyer les joues pour la débarrasser du rouge.

- N'ai pas honte ! Tu apprends, c'est normal. Je ne pense pas que tu aies vu ce genre d'images dans les pensées de ton père.

            Elle secoue négativement la tête sans sourire.

- Non, il n'y a toujours que des pensées sombre. Les seules que j'ai pu trouver chez lui qui soit heureuses sont celles d'avant ma naissance ou quand je suis arrivée. Seulement avec ma mère.

- Je comprend. Bien, j'ai trouvé un magazine des filles de Serpentard. Je vais tâcher de te rendre aussi belle que sur les photos.

            Elle sourit en rougissant –cela ressort nettement sur son teint pâle et je souris. Je ne me reconnais même plus quand je suis avec elle. Je prend le magazine et le feuillette. Il y a exactement ce que je cherche et je prend les choses dont j'ai besoin.

- Je vais commencer par tes yeux.

- Mes yeux sont morts. Ca ne sert à rien de les…

- Ils ne sont pas morts. Ne dis jamais ça.

            Ce  qu'elle vient de me dire m'a pratiquement bouleversé. Comment peut-elle penser et dire ça ? Son regard est certes vide et transparent, mais il n'est pas mort.

- Je vais au contraire, les mettre en avant.

            Elle ne dit plus rien et je m'occupe d'elle à présent. Autant dire que maquiller quelqu'un quand on ne s'y connaît pas est assez difficile. Il faut que je m'y reprenne à trois fois pour que le résultat corresponde à ce que je souhaite.

- Voilà qui est fait maintenant, voyons voir ce qu'ils mettent.

            Je passe au teint, met ce qu'ils appellent le blush, sur les joues et finit par le rouge à lèvres. Mais je lui apprend aussi à le mettre en mettant le bâton entre ses doigts, la faisant suivre le geste avec ma main.

- Tu pourras le faire seule ça. Mais à mon avis, il doit exister un sort pour que tu sois maquillée directement. Il faudra voir ça. Mais pour le moment…

            Je me lève du lit et recule pour voir le résultat. Impossible de dire quoi que ce soit : elle est tout simplement belle. Cette fois, je réalise le mot que je pense.

- Alors ?

            Alors… alors… il est hors de question que tu sortes sans être cachée. Tu es trop belle pour eux…

- C'est parfait. Voyons ce que ton père a rapporté pour t'habiller. Après nous sortirons.

- Pas déjà ?

            Elle panique encore.

- Je ne peux pas encore marcher…

- Et tu n'y arrivera pas en restant allongée ici.

            Je me dirige vers la commode et regarde à l'intérieur. Il y a des robes d'un style dépassé apparemment et de type moldu et également à la mode sorcière. Mais elles sont peu usées, c'est signe qu'elle ne les a pratiquement jamais mises. J'en prend une de la mode sorcière, ça lui ira mieux. Je retourne vers le lit et dégrafe le dos de la robe.

- Tu veux la mettre seule ou bien je te la passe avec ma baguette ?

- Je peux m'habiller.

            C'est presque sur un ton de reproche qu'elle me dit ça. Elle ne veut pas être traitée d'impotente, je le comprend bien. Je l'aide à se lever et reste un instant à la tenir, voyant qu'elle a du mal à tenir debout.

- Ca va ?

- Oui.

            Je lui tend la robe qu'elle attrape en palpant le tissu. Elle sourit.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Cette robe… je l'ai vue dans les pensées de mon père. Elle était à ma mère. J'ai cru comprendre qu'il voulait en faire une véritable sorcière par la suite si elle n'avait pas été…

             Elle s'arrête en secouant la tête. Je me risque à poser la question, sachant sur le moment que je n'agis pas vraiment de façon très sensée.

- Est-ce que tu as vu…

- Oui.

            Elle a vu, elle sait tout. Elle a vu par les mémoires de son père la mort de sa mère et sa propre torture quand elle était bébé. Et elle a vu Lucius… Comment peut-elle vouloir parler au fils de celui qui est responsable de son état.

- Peux-tu te tourner s'il te plaît ?

            Elle me  fait sortir de mes pensées et je sursaute.

- Comment ?

- Est-ce que tu peux te retourner ? Pour que je me change.

- Oh ! Oui…

            Bien sûr que je vais me tourner. J'ai des manières tout de même ! Pour qui me prends-tu… Mais plus je me tourne, plus la tentation de me tourner à nouveau vers elle, en entendant les froissements de la chemise de nuit qu'elle enlève , grandit. Non Drago, pas elle ! Elle est pure… Regarde-toi, tu deviens comme lui. Où sont passées les bonnes manières que t'a inculqué ta mère ? Elle seule à su t'apprendre un minimum de réserve avec la gente féminine. Mais bien entendu, il a fallu que Lucius vienne mettre son grain de sel là-dedans, t'intimant d'en prendre le plus possible pour les faire souffrir ensuite, afin de forger mon caractère. Oh oui « père ». Nous sommes si identiques ! Faire souffrir les autres, il n'y  a que ça de vrai dans la vie. Faire souffrir les femmes est notre spécialité, seule mère a su vous tenir tête plus d'une fois et c'est la seule pour qui vous avez du respect.

- Peux-tu m'aider ?

            Je me retourne en entendant ça et je reste bouche bée. Ce ne peut pas être elle. Elle est si différente…

- Drago ?

- O… Oui…

            Elle me fait signe qu'elle ne peut pas fermer le dos de sa robe. Je m'approche d'elle et passe derrière pour remonter la fermeture éclair.

- Met ces chaussures.

            Je lui présente les chaussures que j'ai trouvées au pied de la commode et l'aide à entrer ses pieds dans les escarpins. Elle a du mal à tenir debout, encore plus avec les chaussures à présent. Et je pourrai jurer qu'elle n'en n'a jamais mis.

- C'est vraiment désagréable de porter ça.

- Tu n'en n'as jamais porté ?

- Non.

            Comment peut-on laisser une personne comme elle enfermée sans jamais lui montrer ce qui l'entoure ? Elle ne sait même pas ce que sont les chaussures. Rogue a un sérieux problème de socialisation…

- Alors ? Je dois avoir l'air ridicule comme ça. Me dit-elle en se tortillant et en tirant sur la robe.

            Je recule et reste toujours autant époustouflé par sa beauté. A cet instant, je réalise que je ne pourrai jamais la laisser partir. C'est moi son Protecteur, pas son Mentor.

- Tu es superbe. Et je suis sincère.

- Est-ce que je peux me voir ?

            Je fronce les sourcils. Comment veut-elle se voir sans le pouvoir ?

- Il suffit juste que je te touche et que tu penses à ce que tu vois en ce moment. Il n'y a que de cette façon que je peux réellement voir. Je ne le ferai que quelques secondes, sinon je devrai rester couchée après.

- Oh…heu oui ! Oui, vas-y !

            Elle tend la main dans ma direction et je m'approche. Je tend ma main vers la sienne et la lui serre. Elle croise ses doigts avec les miens et je ressens une nouvelle sensation. Comme un flash dans ma tête cette fois. Elle ferme les yeux pendant quelques secondes et retire presque instantanément sa main en rouvrant les yeux. Elle posa sa main sur son front et a l'air de vaciller.

- Il faut… que je m'assois… quelques instants.

            Je l'aide à s'asseoir et j'attend qu'elle récupère. Elle ferme les yeux et les rouvre au bout de quelques minutes.

- Tu es très doué pour ce que tu appelles le maquillage.

            Je souris en entendant ça.

- Je t'avais dit que tu étais très belle.

- Merci ! Me dit-elle en rougissant une nouvelle fois.

            Elle ne doit sûrement pas être habituée aux compliments… Moi j'en suis le spécialiste généralement quand je veux avoir une fille dans mon lit, mais cette fois, c'est le plus sincèrement et le plus innocemment que je lui dis.

- Tu vas pouvoir marcher ?

- Je verrai. Où va-t-on ?

- Je pense qu'une personne aimerai voir le changement sur toi.

            Elle fronce les sourcils en souriant et baisse la tête.

- Je ne sais pas.

- Oh si, laisse-moi te dire qu'il se mordra les doigts de ne pas m'avoir fait confiance pour te transformer… Viens !

            Je l'aide à se lever une nouvelle fois et prend le sac de poudre argentée dans ma poche.

- Tu n'as rien à faire, je vais juste te mettre de la poudre sur la tête. Je serai le seul à te voir. J'enlèverai l'illusion une fois qu'on sera arrivé.

- D'accord.

            Je prend une poignée de poudre et pose ma main au dessus de sa tête. Je laisse retomber la fine poussière argentée sur ses cheveux et pendant une fraction de seconde, elle est entourée d'un halo de lumière de la même couleur que la poudre, et qui disparaît peu après.

- Je pense qu'on peut y aller.

            Je prend son bras et l'aide à le passer sous le mien. Il faudra que je prenne une allure normale dans les couloirs, sinon, on va se demander pourquoi j'ai le bras dans cette position. Nous avançons vers la toile et je la sens hésiter.

- Tout ira bien.

- J'ai mal aux pieds avec ces chaussures.

- Tu veux les enlever ?

- Oui.

            Elle les enlève, de toute façon, pour une petite sortie en direction du bureau de son père, ça ne sert à rien. A mon avis, je la verrai souvent sans chaussures et cela ne me gêne pas.

- Ca va mieux ?

- Oui.

            J'ouvre la toile et jette un regard dehors.

- C'est bon, on peut y aller.

            Je passe le premier et la fais sortir doucement. Elle a un frisson et je pense que cela est dû au fait qu'il y a un léger courant d'air froid dans le couloir.

- Ca va ?

- Un peu froid.

- Attend.

            Je cherche ma baguette dans ma poche et la pointe vers elle quand je la trouve.

- Calèrmios Naedes !

            Elle sourit après avoir senti le courant chaud que je viens de lui mettre autour d'elle.

- Merci.

- Allons-y maintenant.

            Nous avançons très lentement, Anaëlle s'habituant à la marche progressivement. Ses pas sont hésitants et sa main se crispe de temps à autre sur mon bras. Une chance qu'il n'y ait personne dans les couloirs, ils se seraient demandé pourquoi j'avançais à la vitesse d'un escargot en m'arrêtant et en chuchotant sur le côté. Je distingue la porte du bureau de Rogue et je la rassure en lui disant qu'on arrive presque. Ca a l'air de la rassurer et cela l'encourage. Elle accélère un peu et nous finissons par arriver devant la porte. Je frappe et attend la réponse.

- Entrez !

            Anaëlle sourit en entendant sa voix et j'ouvre la porte.

- Malefoy ? Que se passe-t-il ?

            Doucement ! Elle n'a rien ta fille ! Je te l'amène, mais ça, tu ne le sais pas encore !

- Tout va bien professeur.

- Comment va-t-elle ?

- Très bien. Dis-je en refermant la porte derrière nous.

            Anaëlle sourit, le regard porté devant elle et attendant la moindre réaction de la part de son père.

- Alors pourquoi n'êtes-vous pas avec elle ? Vous êtes sensé vous en occuper…

- Mais je suis avec elle… ou plutôt, elle est avec moi.

            Il me regarde avec incrédulité. A-t-il compris ou non ? A mon ais oui car l'instant d'après, son regard se pose au niveau de mon bras replié sur le côté dans la position normalement faite lorsqu'on le propose à une personne.

- Anaëlle ? Murmure-t-il, presque incapable de le prononcer.

- Oui…

            Il reste bouche bée en entendant sa voix. Je la lâche un instant afin de pointer ma baguette sur elle et je lance la formule que Dumbledore m'a apprise, étant le seul à pouvoir la faire réapparaître.

- Montares Inuccio !

            Le halo argenté réapparaît pendant un instant autour d'elle et disparaît à nouveau. Je me tourne vers Rogue et je suis figé. Il a le regard humide –alors que d'habitude, il est aussi sec que les déserts d'Egypte- et il est devenu encore plus blanc qu'il ne l'est déjà. Il a une expression si poignante qu'il m'inquiète. Est-ce que j'ai un peu trop forcé sur le maquillage ? Je me tourne vers Anaëlle pour vérifier si je ne me suis pas trompé dans les dosages –après tout, la pièce est mal éclairée là-bas- et je comprend ce qu'il se passe quand il prononce son nom. Pas le sien mais celui de la personne a qui elle ressemble à présent.

- Kelly…

            Je me tourne à nouveau vers lui et vois sa lèvre trembler. De peine ou de colère ? Il avance difficilement vers sa fille et attrape son fin visage entre ses longs doigts. Il la regarde sous toutes les coutures en gardant cette expression figée.

- Papa…

- Tu es… tu es… elle ! Tu lui ressembles… tellement…

            Il tourne son regard de plus en plus humide vers moi et je comprend que je dois sortir. J'ai sorti le papillon de sa chrysalide et il doit s'habituer à revoir le visage de celle qui a donné le jour à sa fille en face de lui. Je ne suis que son Mentor après tout, je m'étais trompé…

            « Crois-tu Drago ? Crois-tu que tu n'es que son Mentor ? Nous verrons ce qu'il adviendra de ton rôle par la suite… »