Chapitre 10 : Déserteurs.

- Vous pensez réellement que vous aurez besoin de toutes ces affaires lors de votre séjour ? Ne pensez pas que cette situation durera éternellement Malefoy.

- Je peux vous poser une question professeur ?

- La réponse sera non à tout ce que vous me demanderez.

- Dans ce cas, je peux emmener tout ce qu'il y a dans ma chambre.

            Ah ah ! La tête qu'il tire ! Trop drôle !

- Pardon ?

- Je voulais vous demander si vous saviez pour combien de temps je devrais m'éloigner de Poudlard. Vous m'avez dit que vous diriez non dans tous les cas. Donc, je prévois pour un temps infini maintenant.

            Il en reste bouche bée. Il n'a qu'à pas vouloir me mettre des bâtons dans les roues aussi. Un temps indéterminé avec Anaëlle sur une île déserte. Le rêve ! Qu'est-ce qu'il fait ? Il est fou ? Il veut me tuer maintenant ?

- Arrêtez, vous m'étouffez !

- Ecoute moi bien Malefoy. Je n'oublie pas que tu es le fils de celui qui est responsable de l'état de ma fille. Tu peux être le Mentor, tu restes toujours un danger pour Anaëlle. Je le sais. Alors tente quoi que ce soit sur elle et tu verras que le Doloris te semblera une semaine de vacances aux Maldives à côté.

- Lâchez-moi !

            Il m'étrangle le fou ! Aidez-moi ! Il me regarde avec hargne et il a l'air d'un dément comme ça, en train de m'étrangler avec le col de ma cape. Enfin il me lâche. Je vais pouvoir respirer. Il me regarde une dernière fois avant de sortir de la chambre. 

- Complètement cinglé !

            Je ferme les yeux afin de souffler quelque peu après ce que vient de me faire Rogue.

- Mon… monsieur Malefoy a be… be… besoin d'aide ?

            Merlin ! Cet elfe de malheur va me faire avoir une crise cardiaque.

- Bobo ! Qu'est-ce que tu fais ici ?

            Revoyant la tête dépareillée de Bobo, j'oublie rapidement que je le tuerai. Mais je m'empêche de rire.

- Bobo est ve… venu cher… ch…cher les affaires de… de Mons…sieur Malefoy.

- Oh ! Et bien toutes mes affaires sont dans les malles.

            Il s'éloigne, son anse de théière remuant sur son crâne à chaque fois qu'il avance. Voilà à quoi ressemble notre « garde du corps » : un gnome avec une tête qui fait penser à un exposé sur les erreurs de manipulation de la magie. Enfin… Un « pop » sonore me fait me retourner et je vois que mes deux malles ont disparu de la pièce, ainsi que Bobo. Mon regard fait le tour de la pièce, ça semble si vide à présent.

- Drago !

            Non, pas eux ! Vite, sors de la chambre Drago…

- Ah ! On savait que tu serais là.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- On peut entrer ?

- Non.

            Je ferme rapidement la porte et avance dans le couloir. S'ils voient que la chambre est presque vide, je vais avoir droit à un interrogatoire.

- Comment elle s'appelle ?

- Hein ? Qui ça ?

            Laissez-moi deviner. Ils pensent que je dissimule une fille dans ma chambre ? Même eux s'y mettent !

- C'est Granger ?

- Quoi ? T'es malade ? Je n'aurai jamais cette Sang de Bourbe dans mon lit. Tu veux ma mort ou quoi ?

            Drago, Anaëlle a du sang moldu en elle. Ah. J'avais oublié ce détail.

- Alors c'est qui ?

- Personne. Qu'est-ce que vous me voulez ?

- Nos pères nous ont dit qu'ils viendraient te chercher jeudi soir pour que tu rencontres le Maître.

- Quoi ? Jeudi ?

- Oui.

            C'est bien pour lui. Moi je serai loin jeudi.

- Et bien vous viendrez me chercher jeudi dans ce cas.

- Ils veulent qu'on reste avec toi, au cas où…

- Ecoute Goyle, je peux me garder moi-même. On fait comme d'habitude, il n'y a rien qui craint.

- Malefoy !

            Rogue, au moins, il me sauve de cette situation.

- Je vous attend depuis cinq minutes pour votre rapport ! Accélérez un peu !

- Oui professeur.

            Il repart, mais au moins j'ai une excuse pour partir.

- Je dois aller avec Rogue pour mon rapport. Je vous verrai plus tard.

- D'accord. On peut t'attendre dans ta chambre ?

- Non. Vous avez la salle commune. Et puis… elle dort.

            Qu'est-ce qu'ils ont l'air encore plus idiots avec leur sourire niais.

- Alors c'est qui ?

- Quelqu'un.

            Autant les laisser chercher, ça leur donnera l'occasion de se servir de leurs méninges endormies… pour une fois. Je n'ai rien oublié, tout est dans les malles et Bobo est venu les chercher. Bureau de Rogue, j'espère qu'elle est là…

- Nous n'avons pas toute la journée, pressez-vous un peu !

- Où est Anaëlle ?

- Vous pensiez que je l'aurai amenée dans mon bureau ? Elle arrivera après que vous soyez sur l'île. Pour l'instant, venez ici. Vous allez prendre le portoloin.

            Une boussole comme portoloin. Il me pousse presque à venir le toucher, il veut vraiment que je disparaisse de sa vue, c'est pas possible !

- Bobo vous attend là-bas.

            Ma main touche la boussole et je me sens aussitôt happé au niveau du nombril. Je me retrouve à genoux et je suis aussitôt surpris par un courant d'air chaud qui me caresse la nuque. Puis le murmure agréable que fait le remoud de la mer lorsque les vagues s'échouent sur la plage. Je me relève et j'ai du mal à réaliser que c'est ici que je vais passer un temps infini avec quelqu'un d'aussi sublime qu'Anaëlle à mes côtés. Tout y est paradisiaque. Une plage assez grande pour y jouer un match de Quidditch, une sorte de grande bâtisse se dresse devant moi et je distingue les fenêtres et l'entrée. Le climat est propice au repos et à la farniente. Je ne veux plus repartir d'ici. C'est le paradis sur terre.

- Les af… faires de Monsieur Mal… Malefoy sont d…dans sa cham…chambre. Miss Ro… Rogue arri…rivera ap… près.

            La voix aigue de Bobo m'a fait sursauter.

- Très bien. Où est ma chambre ?

- Bo… bobo va mont… trer à Mons.. sieur…

            Je le suis, entrant dans ce qui va être ma demeure pendant un certain temps et je suis surpris par la douceur qu'il règne à l'intérieur. Dehors il faisait chaud, mais l'intérieur est très agréable. J'ai même trop chaud avec mes affaires. Nous sommes dans ce qui doit être le salon avec une petite salle à manger. C'est assez spacieux et simple. Pas de couleur de maison de Poudlard particulière… Je suppose que la cuisine se trouve derrière la porte au fond là-bas. Nous montons à l'étage et je vois qu'il n'y a pas de couloir mais une sorte de petit salon avec une cheminée (avec le temps dehors, on ne doit pas l'utiliser souvent), une bibliothèque et une table. Il y a même un fauteuil. Il y a trois portes.

- La sa… salle de b… bain est au mil… mil… milieu des ch… chambres.

- Et ma chambre ?

- Celle-ci.       

            Bobo me désigne la porte de droite. La plus proche des escaliers. Donc, nous allons partager la salle de bain…

Pure…

            Drago, arrête ! Bon sang ! C'est pas possible.

- Merci Bobo, je me débrouillerai. Tu me préviendra quand Anaëlle sera là.

- Oui Monsieur.

            Il claque des doigts et disparaît. Je vais aller inspecter les lieux. Autant voir la chambre de ma future compagne en premier, pour voir si elle sera bien installée.

Et si c'est facile d'accès…

            Non ! Je n'ai pas pensé ça ! Je met la main sur la poignée mais curieusement, celle-ci ne s'ouvre pas.

- Tu vas t'ouvrir, saleté de porte ?

            Je sors ma baguette, voyant que la porte me résiste toujours autant.

- Alohomora !

            Rien ne se passe. La porte reste fermée. Curieux. Je donne un coup de pied dedans et je réussis seulement à me faire mal aux orteils. Imbécile ! Bon, laissons tomber et allons voir ma chambre. Au moins, celle- là, je peux y entrer. C'est assez vaste. Pas aussi vaste que ma chambre à Poudlard ou encore au manoir, mais c'est assez grand et confortable apparemment. Mes affaires sont toutes là, je déballerai tout ça plus tard. La vue donne sur la mer, ça changera de la brume du matin de l'Angleterre au moins. Et je dois dire que me réveiller avec le ronronnement des vagues ne me déplaît pas, au contraire… Allons voir les environs à présent. Mais d'abord, je ferai bien de me changer. Un sort rapide et me voilà habillé pour aller en vacance. Qui l'eût crû ? Alors qu'il y a quelques minutes je me gelais en Angleterre, je suis au soleil, en chemise et pantalon large. Et me voilà en train de marcher pieds nus sur la plage à présent. Ah, franchement, ce séjour me plaît de plus en plus ! Le coin est vraiment ce qu'il y a de mieux pour en profiter un maximum. Un pop retentit derrière moi, je me retourne vivement.

- Miss Ro… Rogue…

- Est arrivée. Merci.

            Il va m'énerver à bégayer celui-là. Mais allons plutôt voir Anaëlle. Je me précipite vers l'intérieur et j'ai la mauvaise surprise de voir que Rogue est venu accompagner sa fille. Elle est assise sur l'un des fauteuils dans le salon, toujours plus magnifique dans une de ses robes.

- Vous vous croyez en vacance Malefoy ?

- Je ne fais que m'habituer au climat. Je ne pense pas que ma tenue va importer dans cet endroit.

- Et vous n'êtes pas ici pour vous reposer.

- Je ne me repose pas, je ne fais que visiter le lieu où je vais vivre maintenant.

- Papa, je voudrai me reposer s'il te plaît.

            Anaëlle a l'air pâle. Rogue est inquiet, je le vois bien.

- Viens, je vais te conduire à ta chambre.

- Il y a un problème avec la porte de sa chambre.

            Allons bon, pourquoi est-ce qu'il me lance ce sourire ironique maintenant ? Qu'est-ce que j'ai encore dit.

- Il n'y a aucun problème. Vous ne pensiez tout de même pas que vous auriez libre accès à sa chambre alors qu'il n'y a personne d'autre aux environs ? Sa porte est protégée de telle sorte que vous ne puissiez y entrer quand vous le désirez.

- Oui, et si jamais il lui arrive quelque chose lorsqu'elle est dans sa chambre ? Comment fait-elle ?

- Vous interviendrez. L'accès vous sera autorisé. Mais juste à ces moments-là.

            Complètement malade.

- Papa, tu deviens paranoïaque.

- Ma fille, je te protèges simplement des personnes en qui je n'ai pas pleine confiance. Mentor ou pas, je sais qui il est.

- Moi aussi je sais qui il est. Et il ne me fait pas peur.

- C'est bien le problème, tu ne vois le mal nulle part. Montons, je vais t'aider.

            Il l'emmène, la prenant par le bras. Même elle a confiance en moi. C'est lui qui voit le mal partout, même trop… Ils montent et disparaissent dans l'escalier.

- Est-ce que Monsieur Mal… Malefoy désire quel… qu…

- Je veux juste boire quelque chose de frais Bobo. C'est tout ce dont j'ai besoin pour l'instant.

            Bobo s'incline en me lançant un regard qui lui est caractéristique. Il ne doit pas aimer qu'on l'empêche de terminer ses phrases. Allons nous installer dans le canapé en attendant. Bobo m'apporte un verre avec une carafe de thé glacé. C'est justement ce que je voulais. Il disparaît aussi vite qu'il est venu. J'entends des pas dans l'escalier et Rogue vient me rejoindre quelques secondes après. Pourquoi est-ce qu'il reste debout ?

- Anaëlle est couchée. Elle est un peu souffrante. Les potions sont sur la table dans sa chambre avec leur signification. SI jamais elle a une nouvelle crise, donnez-lui l'élixir de Porphyre. Et prévenez-moi.

- Comment est-ce que je pourrai avoir le temps de l'aider si la porte reste bloquée.

- Un sortilège bloque cette porte. Elle ne s'ouvre que si Anaëlle est en danger. C'est aussi simple que ça.

- Et comment est-ce que je sais s'il y a du danger dans la chambre ?

- Avec ceci.

            Il me tend quelque chose. Je le reconnais, c'est…

- C'est le médaillon ?

- Je n'en n'ai plus besoin, vu que vous restez seul avec elle. De toute manière, elle a choisi…

            Il a le visage crispé en disant ça.

- Je dois y aller. Le professeur Dumbledore souhaite me parler. Je vous préviens Malefoy, tentez quelque chose sur Anaëlle et vous saurez que mon passé de Mangemort peut ressortir rapidement…

            Il s'éloigne sans un mot de plus.

- Bobo !

- Oui Monsieur Ro… Rogue ?

- Tu sais ce que tu as à faire maintenant. Alors fais ton travail correctement.

- Oui Mons… sieur…

            Bobo est tétanisé alors que Rogue sort de la maison.

- Bobo ?

- Oui Monsi…

- Comment peut-on contacter les autres, Dumbledore par exemple ?

- Avec la p… poudre de che… chemin… nette.

- D'accord. Je vais m'allonger dehors. Tu m'appelle si jamais Anaëlle a besoin.

            Je note que j'ai toujours le médaillon dans la main. Je le passe rapidement autour de mon cou afin de l'avoir toujours à proximité. Je sors dehors, emportant avec moi mon pichet de thé glacé et je vais m'allonger à l'ombre d'un palmier en regardant la mer. Oui, je peux le dire maintenant : c'est vraiment le rêve. (bouhouhou, ze veux y aller ! lol).

            Combien d'heures ont passé depuis que je me suis endormi à l'ombre de mon palmier ? Je ne sais pas, mais étant donné que je distingue les étoiles dans le ciel à présent, il doit être tard. Je me lève en m'étirant et rentre vers la demeure, distinguant les lumières qui brillent à l'intérieur. L'odeur de nourriture assez alléchante me parvient jusqu'aux narines et mon ventre se met à gémir.

- Bobo !

            Il est où cet elfe  maintenant ?

- Bobo !

- Oui Monsieur ?

            Je le vois revenir de l'étage, un plateau dans les mains.

- Comment va Anaëlle ?

- Miss Ro… Rogue a mangé. Elle… se re… repose.

- Encore ? Quand est-ce que je vais la voir moi ?

- Monsieur a son dî… dîner dans la cui… cuisi… ne

            Je mange dans la cuisine ? Et puis quoi encore ?

- Je ne mange pas dans la cuisine.

            Eh ! Je rêve ! Il s'en va !

- Où vas-tu ?

- Monsieur Ro.. Rogue a dit qu… que Mons.. sieur Malefoy mang… geait dans la cui… cuisine.

- Et bien il s'est trompé. Je mange dans la salle à manger.

- Bobo doit obéir à … à Monsie… sieur Rogue.

            Mais il s'en va réellement ! Je rêve là ! Il me prend pour un domestique Rogue ? Et bien je vais prendre mon plat et manger dans la salle à manger. Ce n'est quand même pas Rogue qui va me forcer à manger dans cette cuisine !

            Au moins, le repas était excellent. Je dois avouer que la cuisine des elfes a toujours été bonne. Je ne sais pas comment ils peuvent réussir à réaliser d'aussi bons plats. Je sens que je vais exploser. Je vais aller dans ma chambre, il faut encore que je déballe mes affaires. Arrivé en haut, mes yeux se posent sur SA porte. Ca m'ennuie de ne pas parler à Anaëlle. C'est quoi cette histoire de bloquer la porte ? Il me prend pour un obsédé ou quoi ?

            Oui, bon ça, je le sais déjà. Mais quand même. Et qui prouve qu'elle ne va pas vouloir venir me voir ? Après tout, je ne la laisse pas de glace, elle me l'a assez montré comme ça ! Minute Drago. Tu confonds je pense. Anaëlle n'est pas comme ça, elle ne viendra jamais te voir dans ta chambre.

Pure.

            On peut bien rêver. Autant aller dans ma chambre. Je verrai bien demain si Anaëlle sort de sa chambre. Je l'espère en tout cas. Je n'ai pas l'intention de passer mes journées seul. Il y aurait de quoi devenir fou. J'ai besoin d'elle. Je déballe mes affaires et je finis par me coucher au bout de quelques minutes, gagné par une nouvelle vague de fatigue. Alors que je suis allongé, plongé dans des rêves sans fin, j'ai la sensation de sentir une masse chaleureuse se coller à moi, comme l'impression d'avoir un bras posé sur moi, une tête calée dans le creux de mon cou. Merlin, comme mes rêves semblent réels…

Ahah ! Ca c'est sûr qu'ils ont l'air vachement réels tes rêves mon ch'pitit Drago ! Mais est-ce que ce sont vraiment des rêves ? Mmhh mmhh.