Chapitre 12 : Toujours écouter sa conscience.
Une semaine. Cela fait une semaine qu'Anaëlle et moi sommes sur cette île déserte. Aucune autre nouvelle depuis la dernière « visite de courtoisie » de papa Rogue. Je ne sais toujours pas ce qu'étaient ces espèces de Détraqueurs dans les pensées d'Anaëlle. Je ne sais même pas ce qu'il advient de mon cher père !
- Drago, si tu ne te concentres pas, tu n'arriveras jamais à terminer ton devoir de métamorphose…
La voix d'Anaëlle me fait sursauter. Elle est assise dans son fauteuil, son éternel livre en braille sur les genoux, son regard vide d'expression porté vers moi. Ca doit bien faire un quart d'heure que j'ai cessé d'écrire pour me plonger dans mes pensées. L'arrêt des crissements de ma plume sur le parchemin n'a pas échappé à l'ouïe fine d'Anaëlle.
- Je sais ce qui te tracasses. Ce n'est pas la peine de t'inquiéter. Ton père ne nous trouvera jamais ici.
Comment fait-elle pour toujours tomber juste ?
- J'aimerai bien être aux nouvelles quand même. Pas une seule nouvelle depuis une semaine.
- Mon père viendra ce soir.
Je la regarde, intrigué.
- Qu'est-ce qui te fait penser ça ?
- Je le sais, c'est tout.
Elle sourit. Ca m'énerve quand elle fait ce sourire là, l'impression qu'elle sait des choses que j'ignore.
- Allons dehors.
Elle ferme son livre et se lève prestement de son fauteuil, l'air enjoué.
- Je n'ai pas fini.
- Tu finira tout à l'heure ! De toute façon, tu n'arrivera pas à te concentrer. Allons marcher dans la forêt.
- C'est une jungle ici, ma belle. Pas une forêt.
Elle s'est arrêtée et a un sourire timide sur les lèvres.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Comment est-ce que tu m'as appelée ?
Qu'est-ce que j'ai dit ? J'ai rien dit moi !
- Quand ça ?
- Non rien…
Elle a l'air amusée maintenant ! Mais qu'est-ce que j'ai dit encore ? C'est pénible à la fin !
- Tu viens ?
- Oui.
Je me lève à mon tour et lui donne la main pour la conduire dehors. C'est drôle comme on agit comme un couple lors de nos « promenades ». On se donne la main comme si c'était tout naturel. Mais nous savons tous les deux que c'est uniquement pour que je la guide dans la jungle… oui, nous le savons…
- Est-ce qu'il y a des fruits comme l'autre fois ?
- Tu veux parler des goyaves ?
- Oui, ceux-là.
- Je vais voir. Oui, viens là-bas !
Elle adore ce fruit alors que moi, ça me donne plutôt la nausée. Je la conduis jusqu'au pied du petit goyavier que j'ai trouvé l'autre jour et m'arrête. Je dois me servir de ma baguette pour décrocher les fruits.
- Fais attention à toi.
Je n'ai pas envie qu'elle s'en prenne un sur le crâne tout de même ! Je pointe ma baguette sur une branche et fais tomber quelques fruits par terre. Je les ramasse et en tend un à Anaëlle.
- Merci ! Il faudra donner les autres à Bobo, il saura quoi en faire.
- Oui. Viens, allons autre part.
Nous avançons sur le chemin tracé entre les hauts arbres. Heureusement, il n'y a pas de trace de danger dans cette jungle, c'est l'avantage avec la magie, tous les mauvais côtés d'un lieu aussi accueillant que celui-ci sont enlevés. Seuls les arbres, plantes et animaux non hostiles à l'homme sont présents.
- Qu'est-ce que c'est ?
Je m'arrête et tend l'oreille. Elle a entendu quelque chose que je ne perçois pas.
- Je n'entend rien.
- Si, on dirait… de l'eau qui coule. Comme un ruisseau.
- Tu es sûre ?
- Oui. Ca vient de plus loin, un peu plus sur la gauche. Viens, allons-y !
Elle me tient la main et me tire vers le chemin qu'elle suit par les seuls sons qu'elle perçoit.
- Attention ! Il y des ronces par l !
- Là, ce chemin est tracé, je le sens sous mes pas. Viens !
Nous avançons à nouveau, mais dans les fourrés cette fois. Elle a raison, j'entend de l'eau ruisseler à mon tour. Plus nous avançons, plus le ruissellement se fait danse. Finalement, après quelques pas au milieu des fougères et autres plantes diverses, nous arrivons à une paroi rocheuse, d'où s'écoule une cascade, l'eau retombant dans un petit lac. Y'a-t-il de mots plus proches que paradis pour décrire cet endroit ? Vraiment dommage qu'elle ne puisse pas le voir.
- Alors ?
-Tu as raison, c'est vraiment bien ici. Il y a une cascade et un petit lac pour se baigner… si tu veux !
- Et autour ?
- Il y a des fleurs, des arbres… le paradis quoi.
- J'aimerai voir. Ca te gênerai de… me montrer ?
Est-ce que je peux mettre toutes les pensées qu'elle ne doit pas voir de côté avant ?
- Non, vas-y.
Elle sourit et se tourne vers moi. Elle pose alors ses mains de chaque côté de mes tempes et plonge son regard sans vie dans le mien. Je ne ressens rien, rien du tout. Elle sursaute à un moment puis finit par sourire largement.
- C'est… magnifique !
Elle reste un petit moment encore dans cette position, moi la regardant s'émerveiller devant mes yeux, ne sachant réfuter les battements de mon cœur qui s'intensifient à force de la contempler dans sa joie visible. Arrête Anaëlle, je t'en prie… Elle fronce les sourcils. A-t-elle vu ce que je viens de penser ? Elle a cessé de sourire mais reste avec les mains au même endroit. Elle les descend progressivement pour entourer ma nuque. Non n'avance pas ton visage. N'avance pas ton visage…
Je ne pourrai pas résister. Ses lèvres sont sur les miennes et elle intensifie elle-même le baiser. Où a-t-elle appris à agir comme ça ? Ce n'est pourtant pas moi qui… Une minute. Je serai curieux de voir ce qu'elle a vu de mes pensées…
- An…ëlle…
Je n'arrive même plus à parler, elle m'embrasse avec tant de passion qu'il m'est impossible de faire quoi que ce soit. A part passer mes bras autour de sa taille, l'attirant à moi. Pardonnez-moi, je n'ai pas pu résister. Je ne peux plus… Elle a pris tous les devants, c'est à moi de les prendre à présent. Elle ne veut pas comprendre que je ne dois pas l'aimer… La chaleur monte vite entre nous, je ne dois pas être le seul à ressentir ça à mon avis. Pourquoi a-t-elle commenc ? Mes lèvres se détachent lentement des siennes pour descendre dans son cou. Pourquoi a-t-elle commenc ? Merlin… Je n'en peux plus. La peau est si fine dans son cou, c'est une invitation au plaisir… Anaëlle, pourquoi me fais-tu ça ? Ma main parcourt son dos en descendant de plus en plus. Arrête… Je ne peux plus rien faire.
- Drago… non… arrête.
Ma conscience ne peut plus m'arrêter. Je ne peux plus résister à ce stade.
- Drago…
Elle me repousse doucement. Merlin, qu'est-ce que j'allais faire ? Elle a peur…
- Excuse-moi.
C'est tout ce que je trouve à lui dire. Non mais quel idiot ! Autant m'éloigner, elle retrouvera bien son chemin pour rentrer…
- Non attends ! Excuse-moi, je n'aurai pas dû t'embrasser mais c'est dans tes pensées… Je nous ai vu en train de nous embrasser l'autre fois et… j'ai eu envie de recommencer…
- Tu n'aurai pas d ! Tu sais très bien que je ne t'aime pas…
- C'est faux, tu ne peux pas me le cacher et tu le sais très bien. Tu as juste peur de m'aimer à cause de mon père.
Et voilà, elle sait toujours tout.
- Mais mon père ne peut pas m'empêcher d'aimer celui que je veux. Tu n'as rien à craindre de lui.
- Oh si ! J'ai tout à craindre de lui. Il me fait confiance –enfin il est obligé de me faire confiance- alors je n'ose même pas imaginé comment sera sa conscience si il nous voit dans une situation compromettante.
- Il ne nous verra pas. Je t'en prie, je veux juste t'embrasser. Ce n'est pas de ma faute, j'aime t'embrasser et je n'ai plus peur de te le dire.
- Anaëlle, loin de moi l'idée que je n'aime pas t'embrasser, mais tu as bien vu, je ne peux pas résister. Tu sais qui je suis et comment je suis, je ne voudrais pas faire quelque chose que je regretterai après.
Elle se tait et baisse la tête, piteusement.
-Viens, on rentre.
Je ne souhaite même pas épiloguer sur cette histoire, le plus vite se sera oublié, le plus vite je me sentirai bien. Machinalement, je lui tend la main, oubliant complètement qu'elle ne la voit pas. M'énervant, je finis pas lui prendre.
- Arrête ! Je vais rester ici, rentre tout seul.
- Tu ne retrouvera pas le chemin toute seule.
- Je me débrouillerai.
Elle est énervée à présent et je le sens aux fourmis dans ma main. Je la lâche aussitôt.
- Très bien, reste ici. Moi je rentre.
Elle ne me le fera pas dire deux fois. Je rentre vers la maison, énervé tout comme elle.
- Où est Miss Ro… Ro…
- Tu n'as qu'à aller la voir dans la forêt ! Miss Rogue boude !
Il ne va pas m'énerver non plus celui-l ! Non mais ! Et voilà qu'il va s'enfermer dans sa cuisine. Ah mais il n'a qu'à bouder aussi, ça ne me changera pas ! Je préfère aller me calmer dans un bon bain, ça m'enlèvera toute cette moiteur en même temps !
Je monte à l'étage et fait couler l'eau. Je me déshabille et entre une fois que le bain est prêt. Je ne le crois pas ça ! Ca va être de ma faute tout à l'heure…. Je ne l'ai pas poussée à m'embrasser quand même ! C'est elle qui l'a voulu ! Ce n'est pas de ma faute si elle adore m'embrasser… C'est flatteur mais quand même ! Ca c'est le plus fort. Elle me pousse à bout et elle m'arrête ! Qu'est-ce que tu racontes Drago ? Elle a bien fait de t'arrêter avant qu'il ne soit trop tard. Imagine si tu avais été plus loin. Alors là je n'imagine même pas la tête de papa Rogue quand il l'apprendrai ! Et puis de toute façon, ça lui fait les pieds un peu. Elle sait à quoi s'en tenir maintenant. Elle ne me tentera plus…
Tu es dur là quand même Drago. Elle n'y connaît rien et toi tu va trop vite. Elle veut juste embrasser, savoir la sensation que cela fait et elle apprécie, elle te l'a dit. Elle n'a jamais connu personne avant toi, laisse-la donc découvrir cette chose que tu apprécies autant qu'elle.
Elle m'a vexé quand même !
Et pourquoi ? Elle n'a rien dit ni fait qui puisse te vexer, au contraire, elle a dit qu'elle aimait t'embrasser. Toi, tu commençais à ne pas pouvoir t'arrêter, elle a bien fait de stopper. C'est plutôt elle qui est vexée, tu lui as carrément fait comprendre que tu ne voulais plus l'embrasser, que tu la repoussais. C'est à toi d'aller lui présenter des excuses.
Je sursaute dans mon bain. Qu'est-ce que c'est que cette conversation avec ma conscience ? Je ne peux même plus me reposer deux minutes dans mon bain sans que mes soucis m'assaillent.
Des excuses… pourquoi pas, mais pour quelle raison ?
Oh mais tu le fais exprès ou tu es complètement idiot ? Va la retrouver, présente-lui tes excuses, embrasse-la et tout ira pour le mieux !
Minute, je ne vais pas l'embrasser ! Ca va mal finir !
Arrête donc de parler avec ta tête et sors de ce bain pour aller la retrouver, sombre idiot !
Eh ! Ne m'insulte pas ! Met-la en sourdine, tu veux ? Ca y est je suis fou, voilà que je parle à ma conscience. Anaëlle, qu'est-ce que tu m'as fait ?
Me voilà hors de l'eau, je me sèche en vitesse et m'habille avec une simple chemise et un bermudas large. Je me retrouve dehors en moins de temps qu'il ne faut pour dire Quidditch, croisant un bobo bougon qui taille les fleurs. Il me regarde passer de son regard meurtrier, je m'en fiche, je ne vais quand même pas aller l'embrasser aussi, non ?
Me revoilà dans la forêt, il faut que je retrouve le chemin pour aller à la cascade à présent. Ecoutons, comme le fait Anaëlle, ça m'aidera peut-être.
J'avance en écoutant, les yeux fermés, sur le sentier qui nous a conduit jusqu'au goyavier. La cascade…. Je l'entends. Elle est à ma droite. Je rouvre les yeux et m'enfonce là où les fourrés ont été piétinés. Bien évidemment, le sens de l'observation n'est pas ton principal atout chez toi Drago… Au moins, j'ai retrouvé le chemin pour aller à la cascade.
Je suis devant le lac et la cascade… mais où est-elle ?
- Anaëlle ?
Ma voix est à peine couverte par le bruit de la cascade. Je commence à m'inquiéter. Où est-elle passée ? Je regarde tout autour de moi, il n'y a aucune trace d'elle.
- Non !
Je me précipite sur la berge pour en faire le tour, elle n'a quand même pas disparu… ILS ne nous ont pas trouv ! Non !
Mon regard est attiré par quelque chose de couleur vive un peu plus loin sur l'herbe qui borde le lac. Je m'y précipite et écarquille les yeux quand je réalise ce dont il s'agit. Sa robe. C'est la robe qu'elle portait. Et il n'y a pas que la robe. Le reste y est également. Mais moi ce que j'aimerai savoir, c'est où est le corps qui porte habituellement ces vêtements ?
Un gloussement me fait sursauter et je me retourne. Alors là, pour le paradis, c'est le paradis. Pincez-moi, je rêve. Elle est là, tout simplement là. Elle sort de sous la cascade et repasse en dessous. Je peux la distinguer encore quand elle ressort de l'autre côté. Je vais défaillir, elle s'agrippe à la paroi qui doit être derrière la cascade et monte dessus. Elle qui avait peur de nager il y a une semaine, elle se débrouille plutôt bien finalement. Mais là, je ne peux pas détacher mon regard alors que je la vois se relever de l'autre côté de la cascade. Je ne distingue pas bien, mais je distingue quand même !
Arrête Drago ! Retourne-toi, aie au moins un peu de manières !
C'est facile à dire… Mais aie un corps sublime et frêle à la fois en face de toi… Tu me diras si tu peux résister toi.
Elle plonge. Elle est folle ! On ne plonge pas directement sous une cascade ! Où est-elle ?
- Anaëlle !
Je la vois, elle ressort de sous la cascade mais elle panique, elle a dû boire de l'eau. Elle va se noyer si ça continue !
- Arrête de paniquer, je suis l !
J'entre dans l'eau à mon tour, aussi chaude qu'un bain, et me met à nager dans sa direction alors qu'elle panique de plus en plus. J'arrive à sa hauteur et l'attrape alors qu'elle cherche à se raccrocher à quelque chose.
- Ca va ! Je suis l !
- Drago ?
- Oui. Je te ramènes sur le bord. Il ne fallait pas sauter sous la cascade ! C'est trop dangereux !
- J'ai eu si peur… Je ne savais plus où j'étais…
Elle s'agrippe à moi avec une telle force, j'ai l'impression qu'elle va m'étrangler. Je nous ramène tous les deux vers la berge, Anaëlle toujours accrochée à moi. Je peux sentir pour la première fois son corps entièrement nu contre moi et pourtant, ça ne me fait rien. Ce doit être dû à l'état d'urgence de la situation… Nous arrivons sur le bord, je l'aide à se relever. Elle pleure, je peux la comprendre.
- Il ne faut pas que tu nages seule, c'est trop dangereux !
- J'avais pied. J'ai crû que je pouvais…
Elle se serre contre moi, je la sens trembler.
- Par Merlin !
Non. Non non non non non. Ne me dites pas qu'IL est l ! Ici, à ce moment précis, alors que je suis dans une situation plus qu'embarrassante.
- ANAELLE !
- Papa ?
Oh non ! Il est là. Mais qu'est-ce qu'il fiche ici ? Qui lui a dit de ven… Minute. Je pense que la bestiole qui ressemble à une théière ambulante et qui se planque derrière lui n'est pas étrangère à sa venue. En tout cas, Rogue avance dans notre direction, la fureur déformant les traits de son visage.
- Papa ?
Anaëlle réalise qu'elle est toujours nue et à mes côtés, et tente de dissimuler sa nudité tant bien que mal. Rogue détache sa cape et la lui passe sur les épaules, la ramenant vers lui d'un geste brusque ensuite.
- Malefoy, qu'est-ce que vous allez encore m'inventer cette fois ? Que vous l'avez trouvée complètement nue sans le vouloir, sur votre chemin ? Que lui avez-vous fait ?
Il se tourne vers Anaëlle et la prend par les épaules.
- Il ne t'a rien fait ?
Non mais quand même ! J'ai l'air de quoi moi ?
- Non il ne m'a rien fait ! Il m'a juste sauvé la vie, mais ça tu t'en fiches ! Tu ne vois que le mal chez lui !
Non, je ne le crois pas ! Je ne l'ai jamais vue aussi en colère contre lui ! Elle le repousse et commence à partir dans la mauvaise direction malgré elle.
- Anaëlle ! Ce n'est pas par l !
- Toi, tu restes l ! Je vais la chercher ! Me lance-t-il.
Parfait. Va la chercher ta fille, moi je vais m'occuper de cet elfe de malheur…
- Bobo !
La salet ! Il a fil ! Je l'aurai lui, je l'aurai… Je me demande quelle sera ma « punition » prévue par Rogue. Il va mettre une ceinture de chasteté à sa fille ou bien une armure pour être sûr que je ne la vois plus nue ? Je rêve, qu'est-ce qu'il peut être vieux jeu ! C'est incroyable !
Tiens, en parlant du loup ! Anaëlle est devant lui, encore plus énervée. Il essaye de la rattraper, elle le repousse comme je ne l'ai jamais vu faire !
- Lâche-moi !
- Tu ne restes pas ici ! Il est en train de te rendre complètement… dépravée !
- Il ne fait rien du tout ! Il m'a juste empêché de me noyer. Tu devrais plutôt le remercier
Qu'est-ce qu'il a sur la joue ? Alors là c'est trop beau ! C'est une belle marque rouge qui a la largeur d'une main. Je ne peux pas m'empêcher de rire en voyant ça. La fille chérie de son papa l'a giflée ! Mais ça ne le fait pas rire lui et il m'empoigne violemment par le col de ma chemise encore trempée.
- Si je te revois avec les mains sur ma fille, je te jures que tu iras pourrir à Azkaban à la place de ton père !
- Je ne suis pas un assassin comme lui ! Ou comme vous !
Je me prend une gifle pour avoir dit ça. Il me répugne ce type ! Je le hais !
- Vous auriez dû rester auprès de votre maître, on ne voit pas vraiment la différence entre avant et après votre service pour lui !
- Je peux très bien redevenir celui que j'étais avant avec les petits prétentieux dans ton genre qui touchent à ma fille !
- Ca suffit ! J'en ai assez ! Vous me fatiguez tous les deux. Papa, je veux que tu rentres à Poudlard et que tu nous laisse. Je ne souhaite plus te revoir tant que tu n'auras pas accepté Drago ! Si tu reviens par ici sans cette condition, tu ne me verras plus jamais.
- Anaëlle, tu n'as pas d'ordres à me donner.
- Et tu sais très bien que je peux mettre ma menace à exécution.
Elle ne peut pas le regarder mais si elle avait eu des yeux valides à ce moment, je suis certain qu'elle le fusillerait sur place. Il pâlit tout à coup.
- Tu ne le fera pas.
- Si tu ne veux pas comprendre, je le ferais. Au moins, je ne serai plus une gêne, pour personne.
- Arrête de parler comme ça ! Tu es plus importante que quoi que ce soit dans ce monde.
Une déclaration de la part de Rogue, cela révèle de l'exploit !
- Alors, laisse-moi vivre. Je n'ai pas de liberté et Drago est différent de celui que tu penses.
Evitons de reparler de l'incident de tout à l'heure dans ce cas…
- Qu'est-ce qu'il faisait à l'instant avec toi entièrement nue contre lui dans ce cas ?
- J'ai failli me noyer et il est venu me sortir de l'eau, est-ce un crime ?
- Tu ne sais pas nager, c'est trop dangereux pour toi !
- Je sais nager, Drago m'a appris. Et j'ai crû que je pouvais y arriver seule mais je me rend compte que non.
Il me regarde à présent. Ca y est, il va me reprocher de lui avoir appris à nager maintenant.
- Très bien. Je m'en vais dans ce cas, étant donné que ma présence est indésirable et que tu préfères celle d'un jeune obsédé comme lui. Mais vas-y, reste avec lui et fais ce que tu souhaites, tu ne viendra pas pleurer pour les choses que tu regrettera par la suite…
Il commence à s'éloigner mais s'arrête à mon niveau.
- Et pour ton information, Lucius est venu me dire bonjour cette nuit même. Il est plus que furieux par ta disparition. Je me demande si je ne devrais pas lui parler de cette île finalement, je récupère Anaëlle avant, bien entendu.
- Faites-le, nous verrons bien ce qu'il arrivera ensuite…
Nos regards ne sont plus que haine, l'un voulant gagner sur l'autre par un échange de regards meurtriers.
- Je ne viendrai jamais avec toi si tu envoies Lucius Malefoy venir chercher son fils. Je préfère disparaître plutôt que cela se produise.
Rogue a le teint encore plus blafard et le regard vide d'expression en entendant ça.
- Choisis papa, soit tu acceptes mes choix, soit tu me perds…
Il se tourne vers elle à présent.
- Je t'ai déjà perdue…
Et il s'éloigne. Sa silhouette devient plus petite au fur et à mesure qu'il disparaît dans la forêt. J'attends qu'il ne soit plus dans mon champ de vision avant de me tourner vers Anaëlle. Des larmes coulent le long de ses joues, son regard vide porté devant elle. Je m'avance vers elle, le cœur aussi rapide que l'eau qui s'écoule de la cascade derrière nous, et la serre dans mes bras. Elle se met à sangloter plus fortement et s'accroche à moi comme si elle avait peur que je disparaisse. Elle a dit des choses que je n'aurai jamais crû entendre de la bouche d'une fille. Jamais aucune n'avait préféré renier son père pour rester avec moi. Pourquoi tout est si compliqu ?
Je ne peux pas empêcher mon visage se baisser au niveau du sien, ni mes lèvres venir chercher les siennes. Lentement, tendrement, je l'embrasse, alors que je sens le goût salé de ses larmes dans ma bouche. Elle se laisse faire et je peux la sentir sourire sous ce baiser. Mais je ne suis pas comme tout à l'heure. Je n'ai pas envie d'aller plus loin, juste l'embrasser, comme elle le voulait. Juste sentir ses lèvres. Notre baiser s'approfondit et il nous faut de la volonté pour le cesser.
- Viens, rentrons.
Je lui resserre la cape sur ses épaules et vais ramasser ses affaires. Je lui passe ses chaussures afin d'éviter qu'elle marche sur quelque chose de dangereux, comme la fois dans le sable. Nous revenons vers la maison, enlacés, Anaëlle tremblant légèrement à mes côtés. Quand nous revenons à l'intérieur de la maison, Bobo est en train d'apporter les plats sur la table.
- Toi ! Viens ici !
- Bobo est occ… ccup
- Tu crois que je vais te laisser t'en tirer comme ça ? Tu te rends compte de ce que tu as fait ?
- Miss Ro.. Rogue en danger. Bobo a prév… ven… nu Prof… esseur Ro… Rogue.
- Tu n'aurai pas dû Bobo. Cela ne servait à rien. Lui dit Anaëlle.
C'est drôle, Bobo change d'expression et prend une mine attristée quand c'est elle qui lui dit ça. Ses lèvres tremblent et voilà qu'il se met à éclater en sanglots. Non mais je vous jure ! Il est vraiment toqué cet elfe ! Il s'enfuit en cachant son chagrin dans ses main et va dans sa cuisine.
- Il n'a pas besoin de correction, il s'est puni tout seul.
- A ce point ?
- Il m'a en quelque sorte trahi. Il est censé m'obéir et veiller à mon confort et mon bien-être. Je n'ai pas été contente de ce qu'il a fait et c'est ça qui le punit.
- Il est ton serviteur alors ?
- En quelque sorte oui. Plus le mien que le tien, mais je n'aime pas savoir quelqu'un à mon service.
- Ah bah je comprend alors pourquoi il me parle toujours mal.
Elle sourit.
- Je voudrai aller me changer s'il te plaît .
- Oui bien sûr ! Je t'attend ici pour le dîner.
- Je ne mangerai pas, je n'ai pas d'appétit. Je préfère aller me coucher si ça ne te gêne pas.
- Non bien sûr que non. Tu ne veux pas que je te monte de la soupe un peu plus tard ?
- Non. Tu es gentil mais non.
Elle me sourit en posant sa main sur ma joue et s'éloigne dans l'escalier en tâtonnant la rampe d'escalier pour s'aider. Je la regarde s'éloigner et vais m'installer à table. Je remarque alors un bout de parchemin plié à côté de mon verre que je n'avais pas remarqué à mon arrivée. Je le décachette en vitesse et le lit. C'est l'écriture de Rogue, assez rapide, apparemment, il a fait ça avant de partir.
« Malefoy, étant donné qu'Anaëlle vous a choisi comme unique Protecteur, ma présence n'est plus indispensable. Mais avant de partir, et parce qu'elle est ma fille, bien qu'elle ait fait ses choix, je dois vous prévenir que Lucius a des soupçons quant à vos affinités avec ma fille, car il savait qu'Anaëlle était à Poudlard, il me l'a fait clairement comprendre. Il va mener son enquête pour vous trouver, ainsi que le lui a demandé son maître. Vos vies sont en danger alors je vous déconseille fortement de vouloir revenir à Poudlard ou de sortir de l'île pour aller vous promener, s'il vous en venait l'idée saugrenue. Tous les Serpentards qui ont de la famille à la solde du Seigneur des Ténèbres se posent des questions à votre sujet, surtout quand ils savent que votre père est libre et caché par le Seigneur des ténèbres lui-même. Ne cherchez en aucun cas à sortir, quoi qu'il se passe. Protégez-là et si jamais il lui arrive quoi que ce soit, vous en paierez de votre vie.
S.R »
Pour des mauvaises nouvelles, c'en est ! Génial, Lucius me cherche avec Anaëlle ! Et pourquoi est-ce que j'aurai l'idée de sortir de cette île ? Franchement, je suis trop bien ici avec elle pour vouloir m'en éloigner ! Vous me connaissez mal Séverus Rogue, je n'ai pas l'intention de quitter cette île, je suis trop bien ici !
Je range la lettre dans ma poche de chemise, encore un peu humide, et me serre en nourriture. Je repense à ce que j'ai lu dans la lettre, Lucius est caché par Voldemort et il nous cherche. J'aimerai bien savoir comment il va faire pour nous trouver sur une île déserte ! Franchement, je me le demande ! C'est d'une ironie totale ! Cela me fait sourire et je mange mon assiette avant que cela ne refroidisse.
Une fois repu, la fatigue prend le dessus sur mon courage pour continuer mon exposé de métamorphose, je préfère monter me coucher. De toute façon, il s'est passé trop de choses aujourd'hui pour que je puisse me concentrer. Je monte donc et vais me préparer dans la salle de bain, une chemise humide qui colle à la peau, ce n'est pas très agréable, autant prendre une douche avant de dormir. Je me lave rapidement et sort de la cabine de douche pour me mettre en tenue pour la nuit, c'est-à-dire, mon unique boxer il fait trop chaud ici la nuit. Je retourne dans ma chambre sans allumer les lumières, je suis trop fatigué de toute façon, je trouverai le lit directement et je me vautrerai dessus.
Mais quand j'entends des sanglotements, je m'arrête.
- Lumos !
Anaëlle est dans mon lit, tournée vers la fenêtre et sanglote toujours. Je m'approche doucement et m'assois sur le lit, elle se tourne alors et se serre automatiquement à moi, m'enserrant de ses bras autour de ma taille, et déverse ses larmes contre moi.
- Ca va…
Je m'allonge à ses côtés en la gardant serrée contre moi en lui caressant la tête.
- Ne t'en fais pas, ça va s'arranger… Nox !
Je reste éveillé aussi longtemps qu'elle verse ses larmes contre mon cou ? Au bout d'un moment, elle finit par se calmer et j'entend sa respiration s'intensifier, signe qu'elle a sombré dans le sommeil. Mais à présent, je n'ai plus sommeil. Les mots de la lettre reviennent dans ma tête.
« Lucius a des soupçons quant à vos affinités avec ma fille ».
Il vaut mieux pour nous qu'il n'aie que des soupçons dans ce cas. Si jamais il met la main sur nous –ce que je ne souhaite pas- je n'ose même pas imaginer ce qu'il se passera…
