Chapitre 15 : La folie de Lucius
- Anaëlle ?
- Je suis là Drago.
J'entre dans la salle de bain qu'occupe Anaëlle depuis plus d'une heure à présent. Je suis inquiet, elle m'a à peine adressé la parole depuis que son père est partit. Elle est assise sur le rebord de la baignoire, son regard sans vie plongeant aveuglement devant elle.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Elle lève la tête dans ma direction en m'entendant parler.
- Rien.
- Dis-moi ce qui ne va pas. C'est à cause de cette nuit ?
Ses sourcils se froncent, signe de son incompréhension.
- Est-ce que tu regrettes qu'on…
- Non ! Merlin, non ! Si je n'avais pas eu envie, je ne serais pas venue. C'est juste…
Je m'approche d'elle et m'installe à ses côtés sur le rebord de la baignoire. Sa main si fragile atterrit instinctivement dans la mienne et je la serre.
- Quoi ? C'est ton père ?
- Un peu. Il m'inquiète. Il se fait trop de soucis pour moi. Même si je dois me sacrifier…
- Arrête ! Tu ne vas pas te sacrifier, Potter s'en sortira tout seul, tu n'as rien à lui devoir. C'est moi qui te protèges et je peux te jurer qu'ils ne te feront rien. Je te le promets sur ma propre vie.
Elle lève sa tête à ma hauteur, un faible sourire sur les lèvres.
- Dis-le encore. Me supplie-t-elle pratiquement.
Je devine où elle veut en venir. Je souris.
- Je t'aime.
Cette fois, c'est un véritable sourire auquel j'ai droit et j'en profite pour l'embrasser. Non tu ne mourras pas, je te le jures sur ma vie, rien ne t'arrivera.
- Que dirais-tu d'aller faire un tour sur la plage ?
- Un petit tour alors, je voudrais m'allonger un peu.
- Comme tu veux.
Je sors de la salle de bain et appelle ce crétin qui nous sert de serviteur.
- Bobo !
Où est-ce qu'il est encore passé cet idiot ?
- Bobo !
Toujours pas d'elfe.
- Qu'est-ce qu'il y a Drago ?
Anaëlle me rejoint, l'air inquiet.
- J'appelle Bobo et il ne vient pas.
- Laisse-moi essayer. Bobo !
Toujours rien.
- Où a-t-il pu aller ?
- Je me le demande bien tiens. Tant pis, je voulais qu'il nous prépare quelque chose à grignoter mais on fera sans.
- Tu oublies que tu as une baguette, tu peux faire quelque chose avec, non ?
Anaëlle me lance un air amusé et narquois, ce qui ne m'agace même pas en fait. Etonnant d'ailleurs.
- Très bien, je le ferais moi-même.
Je descend l'escalier, bientôt suivi par Anaëlle.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Ce que tu veux, je n'ai pas très faim.
- Ca va m'aider ça… Bon, on verra bien.
- Je… Drago ?
- Pas de chance ma très chère, ce n'est pas Drago.
- Ana ?
Cette voix… Non ! Pas lui ! Pas ici ! Je me précipite dans le salon où est restée Anaëlle et je vois avec horreur ce que je n'aurais jamais dû voir.
- Lâchez-moi !
- Tiens ! Mon fils nous fait l'honneur de se joindre à nous. Alors Drago, heureux de me revoir ?
- Lâche-la tout de suite !
Je me jette sur Lucius qui tient Anaëlle contre lui. J'ai à peine le temps d'apercevoir Bobo entièrement stupéfixé qui m'arrive à la tête d'un coup de baguette de mon très cher père.
- Tu remercieras Dumbledore d'avoir un serviteur aussi médiocre que cet elfe de maison là. Dobby aurait été plus prudent en revenant d'ici.
- Lâchez-moi !
- Oh non ! Le Maître a un grand besoin de toi… enfin de tes pouvoirs. Dis au revoir à ton chéri, tu le reverras bientôt, ne t'en fais pas… Et pas la peine de vouloir m'attaquer, tu n'y arriveras pas petite sotte…
Je me relève en repoussant violemment cet elfe de malheur et arrive au niveau de Lucius, baguette en main et pointée sur lui, prêt à lancer un sortilège interdit, mais au même moment, il disparaît.
- Non !!!
Ils sont partis ! Anaëlle, il a enlevé Anaëlle ! Rogue et Dumbledore, où sont-ils ? Comment ont-ils pu le laisser venir jusqu'ici sans le voir ? Pourquoi ? Ce n'est pas possible, je rêve…. Il a enlevé mon Anaëlle….
- Je te tuerai ! Je te le jure, je te tuerai !
Les larmes inondent bientôt mes joues et je n'essaye même pas de les retenir. Mais j'ai à peine le temps de tomber lourdement sur mes genoux que j'entends un bruit sourd derrière moi et une main m'attrape violemment par l'encolure.
- Où est-il ? Où est ma fille ?
Rogue est dans un piteux état. A croire que Lucius est aussi venu le voir auparavant.
- Il l'a emmenée ! Tout ça c'est à cause de ce maudit elfe, de vous et de tout le monde ! Pourquoi est-ce que vous n'avez pas mieux surveillé l'accès à l'île ? Pourquoi ? Il l'a emmenée et ils vont la tuer ! C'est votre faute !
- Non ! Je l'ai toujours protégée ! J'ai tout fait ! Tu n'as pas pu la protéger comme moi je l'ai fait ! Je savais que tu n'apporterais que des malheurs autour de nous et vois ce que ton père a fait ! Il l'a conduite à son Maître ! Ils vont faire d'elle une arme redoutable et c'est entièrement ta faute ! Tout est de ta faute petit crétin !
Je reçois un coup puissant dans la joue qui me fait basculer en arrière. J'aperçois Rogue qui s'approche dangereusement de moi, prêt à me saisir à nouveau par le col mais une voix l'en empêche.
- Séverus ! Si j'étais vous, je ne le ferais pas…
Sauvé ; bien que je n'aime pas particulièrement le vieux fou, il me sauve sûrement la vie.
- Il l'a laissé emmener ma fille Albus ! Il était sensé la protéger…
- Tout comme c'était notre rôle Séverus. Lucius a réussi à intercepter Bobo avant qu'il ne revienne ici, et nous aurions dû imaginer un tel plan. Maintenant, il ne sert à rien de nous énerver puisque nous savons à présent ce dont il retourne.
- Oh oui nous le savons… Elle va mourir, tout le monde le sait, elle la première.
- Non ! Elle ne va pas mourir, vous m'entendez ?
J'ai hurlé sans m'en rendre compte. Ils m'agacent à dire qu'elle va mourir, elle restera en vie, j'en ai fait la promesse.
- Calmez-vous, tous les deux. La première chose à faire, est de retourner à Poudlard. Drago tu nous accompagnes.
De toute manière le paradis n'est plus sans Anaëlle. C'est devenu l'enfer ici.
- Prend tes affaires, nous t'attendons.
- Dites donc de le faire à votre satané Bobo, c'est tout ce dont il est capable de faire. Même pas capable de garder un secret…
Dumbledore regarde piteusement l'elfe de maison resté immobile encore après m'avoir été jeté à la figure.
- Très bien. Suis-nous.
Il me donne la main, Rogue reste en retrait par contre. Je sens alors mes pieds quitter le sol et ma tête me tourne. Tout mon corps se met à tourner et ce qui m'entoure se met à tourbillonner et les couleurs se mélangent. Puis le noir.
- Attention, tu risques d'avoir la tête qui tourne un peu.
J'ouvre les yeux et reconnaît le bureau du directeur. En effet la tête me tourne et je dois me rattraper au vieux fou pour éviter de tomber.
- Bon on ne va pas rester là toute la journée ! Il faut faire quelque chose Albus !
Rogue m'a fait sursauter, comment est-il arrivé aussi vite ici ?
- Séverus, nous devons déjà parler de cette histoire au principal intéressé.
- Je suis déjà au courant de l'his…
- Je veux parler de Harry, Drago.
Oh non ! Pas lui, j'avais complètement oublié le binoclard dans l'histoire. Et comment ça le principal intéressé ? C'est moi qui suis amoureux d'Anaëlle, il n'a rien à venir faire ici !
- Je ne veux pas qu'il l'approche, vous m'entendez ? Si il arrive il va jouer au héros et il va la faire mourir !
- Drago, nous t'avons déjà dit qu'il devait être mêlé à l'histoire pour pouvoir vaincre Voldemort (Rogue sursaute à l'évocation du nom, mais curieusement, cela ne me fait ni chaud ni froid) et réussir à aider Anaëlle.
- Comment voulez-vous l'aider ? Elle est perdue de toute façon… Râle Rogue.
Dumbledore a un regard étrange face à Rogue, comme s'il cachait quelque chose. Voilà qu'il se tourne vers moi avec une trace de sourire qui disparaît comme elle est venue. Qu'est-ce que ce vieux fou sait et qu'on ignore ?
- Je vais faire appeler Harry.
Il se dirige vers la cheminée et jette la poudre qui sert à communiquer par cheminées interposées.
- Minerva !
La tête de McGonagall maintenant !
- Oui Albus ?
- Pouvez-vous faire venir Harry dans mon bureau s'il vous plaît ?
- Quelque chose s'est passé ?
- Hélas, je crains que nous ayons besoin des services de notre jeune sorcier plus tôt que prévu…
- Comment cela s'est-il passé ?
- Par Merlin Minerva, allez chercher Potter et ramenez-le ici ! S'énerve Rogue.
Elle le regarde d'un air horrifié. De là où je suis-je ne vois pas la tête qu'il lui fait aussi. Son visage disparaît et la cheminée est redevenue normale.
- Et qu'est-ce que Potter va savoir faire et que nous ignorons ?
- Il va pouvoir être préparé aux attaques d'Anaëlle.
- Les attaques ?
- Tout comme Lucius Malefoy l'était. Voldemort a trouvé un moyen de parer aux attaques psychiques de votre fille, Séverus.
- Comment ? Non, il ne l'a pas pris, je l'ai avec moi. Affirme Rogue.
- De quoi vous parlez ?
- Voldemort a reproduit le cristal avec un morceau qu'il a retrouvé.
- Quel cristal ?
- Le cristal d'Emether. Il permet de ne pas subir les attaques psychiques d'Anaëlle. Seules quelques personnes avaient ce don et l'une d'elles –Emether- a créé ce cristal afin de protéger sa famille lors de « crises ». Le professeur Rogue en a un, mais comme le cristal d'origine a été détruit en morceaux, Voldemort a réussi à en trouver en envoyant ses hommes faire des fouilles. Et il en a fait une sorte de bouclier à présent. Mais l'avantage pour nous est qu'il n'en a qu'un et tous ses hommes ne peuvent pas être protégés tant que lui l'est.
- Et Potter alors, qu'est-ce qu'il vient faire ?
- Savoir de quoi il retourne et se préparer aux attaques éventuelles d'Anaelle.
- Parce que vous pensez qu'elle va l'attaquer vous ?
- Elle ne le fera pas réellement, elle sera sous les ordres de Voldemort et ne pourra pas les contourner. Voldemort est également un grand manipulateur et il arrive toujours à ses fins…
- On l'avait remarqué Albus.
- Mais il fait aussi beaucoup d'erreurs et surtout il prend trop de temps à réfléchir, ce qui nous est très favorable.
Des coups sont frappés à la porte et Dumbledore va ouvrir lui-même. Et allez, Saint Potter est là, quel cauchemar, non mais quel cauchemar…
- Entre Harry.
- Bonjour Professeur. Professeur Rogue…
Oui moi aussi je suis là, pas la peine de me regarder comme ça ! Crétin… Je te jures que si la vie de ma petite amie n'était pas en danger, c'est ton portrait que je referais…
- Asseyez-vous tous.
- Professeur, que se passe-t-il ?
- Etes-vous sourd Potter ? On vous a dit de vous asseoir. Lui lance Rogue en s'asseyant.
Ah ! Là j'aime bien Rogue, rabaisser le caquet de ce petit héros de pacotille…
Je m'éloigne le plus de Potter, je ne veux pas être contaminé par sa candeur quand même…
- Harry, si je t'ai appelé, c'est parce qu'il s'est passé quelque chose d'assez important et qui n'aurait pas dû se produire –enfin pas tout de suite. Mais tu dois être mis au courant.
- De qui s'agit-il ?
Oui tu peux me regarder, c'est mon adorable père qui est la cause de tout ça aujourd'hui !
- Tu ferais bien d'ouvrir tes oreilles en grand, c'est une histoire assez étrange et compliquée. Mais je suis sûr que tu vas vite comprendre de quoi il s'agit…
