LARMES DE SANG

Ce soir, je ne rentrerai pas. En fait, je ne rentrerai plus jamais dans mon dortoir. Pour être plus clair, je ne passerai bientôt plus aucune porte. Les portes. Quelle futilité en comparaison de ce qui m'arrive.

J'aimais une fille. Elle m'aimait en retour. Enfin, au début, je ne l'aimais pas. Plus tard… nous avons eu beaucoup de heurts et aujourd'hui, il est trop tard pour tenter de recoller les morceaux. Trop tard. Il n'y a plus d'espoir. Plus rien. Donc, rien ne me retient. Aucune attache dans ce monde. Mes parents m'ont déshérité, ne veulent plus entendre parler de moi. Ils ont foutu ma vie en l'air, de sorte qu'il ne me reste plus rien.

Elle m'avait retenu, avant. Par cinq fois m'avait empêché de me suicider. Et elle n'était plus, aujourd'hui. J'avais encore réussi à tout gâcher.

Je ne l'aimais pas du tout. Et puis, un matin où le soleil ne perçait pas les nuages, elle est venue vers moi et m'a demandé de sortir avec elle. Ça fait un mois. J'étais sous le choc. Je n'ai rien dit et l'ai dévisagée de l'air le plus bête que je me connaisse. Elle a souri, interprétant mon silence pour un 'oui'. Je fronçai les sourcils, mais elle n'avait rien vu. Elle fit demi-tour, ses longs cheveux volant dans son dos, me plantant là, au bord du Lac, pour rejoindre ses amis, qui bavardaient bruyamment. Je ne les aimais pas plus qu'elle. Je les détestais tous. Moi y compris. Ces temps-là, je n'avais qu'une idée en tête, mettre fin à mes jours.