Hello ! The retour ! Après quelques mois d'absence, me revoila ! Avec une nouvelle fic en prime ! J'espère qu'elle vous plaira…

Je vous préviens, ce premier chapitre risque d'être un peu longuet mais c'est juste le temps que je mette l'action en place !


Chapitre 1 : deux sœurs, deux jumelles, deux opposées.



Nooon !

Ce cri strident fit écho dans sa tête tandis qu'elle se redressait brusquement dans son lit. Son visage était couvert de sueur et de larmes qui coulaient abondamment et sans relâche.

C'était une nuit sans lune, sombre. Cette obscurité la terrifiait. Il n'y a pourtant pas si longtemps, elle était toujours là pour la réconforter mais, aujourd'hui, elle était seule… terriblement seule. Elle se leva et le contact de ses pieds sur le marbre gelé de la chambre la fit frissonner. Elle enfila rapidement ses pantoufles avant de mettre sa robe de chambre. Elle espérait que l'étoffe la réchaufferait mais elle était toujours glacée, autant de l'extérieur que de l'intérieur et, ce mal-là, il ne pouvait s'apaiser.

Que devait-elle faire ? Ou du moins que pouvait-elle faire ?

La réponse à cette question claqua tel un coup de fouet.

Rien…

« Rien… tout simplement rien… »

Elle sentit un mélange de terreur et de rage monter en elle. Elle ne voulait pas être simple spectatrice de son destin.

Comment le contrôle de sa vie avait-il pu lui échapper en si peu de temps ?

Il serra sa fille dans ses bras mais, aucune tendresse ne transparaissait derrière ce geste paternel. Quand il lui dit ce « Rends-moi fier Alina », aucune émotion ne trahit son habituelle voix froide et sévère.

Adela regarda cette scène, qui aurait pu paraître émouvante à une personne non-avertie, avec dégoût. Et, quand enfin il s'approcha d'elle en levant sa main osseuse pour atteindre son visage, elle recula vivement, un air revêche ancré sur son visage.

Il remit calmement sa main dans sa poche d'un air nonchalant mais une expression traversa sa figure en un éclair. De la colère. Une immense colère, une fureur sans limite qui ne demandait qu'à éclater.

Un petit sourire triomphant vint se déposer sur les lèvres d'Adela. Puis, sans un mot, elle attrapa sa valise et se dirigea vers le Poudlard Express.

A quelques mètres de là, quatre garçons avaient surprit l'étrange scène.

Oh mon Dieu ! Je rêve ou Alina Previs vient réellement de se dédoubler ?

Hélas ! Je crois que tu ne rêves pas Patmol, répondit posément un deuxième garçon.

Comme si une peste comme Alina ne suffisait pas ! Il faut qu'il y en ait deux ! se lamenta Peter.

Ils méditèrent deux secondes avant qu'un d'eux lance :

En tout cas, le clone d'Alina ne semble pas porter papa Previs dans son cœur !

Sur cette pensée –très philosophique- de Sirius, ils montèrent tous dans le train.

Elle avait perdu de vue Alina.

« Tant mieux » pensa-t-elle, « Autant éviter le plus possible la compagnie de cette vipère ! »

Elle ouvrit la porte du premier compartiment et y entra. Elle jeta un rapide coup d'œil autour d'elle. Il y avait quatre jeunes filles qui la regardaient, apeurées. Elles devaient être en deuxième année, pas plus, jugea-t-elle. Elle s'assit et se plongea aussitôt dans un livre, ne prêtant plus aucune attention à ses compagnes de voyage.
Une heure plus tard, quand la faim se fit sentir, elle partit à la recherche de la dame au chariot qu'elle avait aperçu tout à l'heure. A peine avait-elle fait un pas dans l'allée qu'un bras s'enroula autour de sa taille, elle sentit un souffle chaud quand on lui murmura à l'oreille :

Tu m'as manqué pendant ces vacances, ma beauté.

Pour toute réponse, elle planta son coude dans l'estomac de la personne pour se dégager.

Eh ! Mais qu'est-ce qui te prend ? demanda la voix.

Elle se retourna pour faire face à son « agresseur ». Elle dévisagea durement le jeune homme brun aux yeux marrons qui se tenait devant lui. Une lueur malsaine brillait dans son regard et il renvoyait une assurance provocatrice.

Je vois que tu t'es fait couper les cheveux. Tu es encore plus sexy comme ça…, dit-il, imperturbable.

Contrairement à ce que les apparences peuvent laisser croire, je ne suis pas Alina, rétorqua-t-elle sèchement.Alors je te demanderais de ne plus jamais reposer tes sales mains sur moi si tu tiens à ta misérable vie.

Et tout doux chérie ! Si tu n'es pas Alina, je peux savoir avec qui j'ai le plaisir de parler ? demanda-t-il sans pour autant la croire.

« Ma chérie » ! Rêvait-elle ou cet abruti venait réellement de l'appeler comme ça ?

On dit que le calamar géant du lac est plutôt sympa, ça te dirait d'aller lui rendre une petite visite ? Non ? Je vois. Alors, dans ce cas, tu évites les petits surnoms cuculs, pigé ?

Oh ! Du calme ! J'essais juste d'être gentil, lança-t-il avec un sourire aguicheur.

Et moi je n'ai pas de temps à perdre avec un pauvre imbécile dans ton genre ! Fin de la discussion.

Sur ces paroles cassantes, elle s'éloigna tranquillement, laissant le garçon planté au beau milieu du couloir, abasourdi.

Elle était plus qu'exaspérée, c'était vraiment typique de sa sœur de fréquenter des idiots pareils.

Dis-donc Alina ?

Mmmh ? marmonna la jeune fille qui était affalée dans son siège.

Je viens de faire la connaissance d'une charmante personne qui te ressemble très étrangement.

Alina se redressa complètement. Le garçon qui lui parlait s'assit à côté d'elle et passa un bras autour de ses épaules.

Au départ, comme je l'avais prise pour toi, je me suis permis certaines… (il sembla réfléchir au terme approprié) libertés.

Alors ça m'étonne que tu sois encore en vie Mark, répliqua-t-elle d'un ton détaché en se renfonçant dans son siège.

On peut savoir qui est cette personne ? intervint Carol Miller, une jeune fille blonde au regard bleu glacial.
Ma sœur, grogna Alina.

Il y eut un petit silence dans le compartiment.

Tu ne nous avais jamais dit que tu avais une sœur ! s'exclama Laura Kimble.

Laura Kimble avait des cheveux châtains et de grands yeux noisette. A vrai dire, c'était plutôt une fille au physique ordinaire qui serait passé inaperçu si elle n'avait pas été amie avec une des bandes les plus craintes de Poudlard.

Ma sœur jumelle, précisa Alina sur un ton empreint de répulsion.
Et comment se fait-il que tu ne nous en ais jamais parl ? demanda Mark Avery avec un sourire narquois.

Elle et sa vie sont complètement inintéressantes !

En tout cas la belle me semble bien farouche.
Une foutue coincée de Beaubâtons, tu veux dire ! répondit-elle sans ambages.

Tiens, une petite française, intéressant, commenta Carol de sa voix métallique, une lueur mauvaise dans le regard.

On va lui faire découvrir le pays… Et plus…Si affinités…, déclara pour la première fois Jordan Nott.

Alina scruta le visage impassible du grand blond. Elle le soupçonnait d'en savoir plus qu'il ne voulait l'avouer.

Tu perds ton temps, le prévint-elle avec une moue moqueuse. Elle ne te laissera pas l'approcher. Elle déteste les partisans de Notre Seigneur. Comment les appelle-t-elle déj ?

Elle fit mine de chercher.

Ah ! Oui, ça me revient : « ces foutus trou de cul de lèches bottes ». Faut que je vous fasse un dessin ou vous voyez le tableau ?

C'est impossible ! s'écria Laura.

Non, madame a décidé de jouer la rebelle, railla Alina. Elle a un goût plutôt prononcé pour tout ce qui est susceptible de faire monter la pression artérielle de mon père !

Je vois, fit Mark. Un peu comme le cousin de Bella ?

Encore plus acharnée…

Cette année promet vraiment d'être pleine de rebondissements, prononça Jordan sur un ton à donner froid dans le dos.

Tu traites tout le monde comme ça ou lui, il a eut droit à un forfait spécial ? demanda une voix amusée derrière elle.

« Argh ! Mais ne pouvait-on pas simplement acheter à manger sans se faire aborder par tous les mecs de ce train ? »

Non, figures-toi que je ne m'intéresse pas au cas par cas, rétorqua-t-elle, un brin agacée.

Le garçon brun aux yeux noirs remplis de malice qui se tenait négligemment appuyé contre la porte de son compartiment, sourit de plus belle.

Hum… Tu me dis vaguement quelque chose, continua-t-il.

Vraiment ? fit-elle, feignant d'être surprise. Et ce quelque chose ne répondrait-il pas au doux nom d'Alina Previs ?

Possible, en effet. Tu as donc de la chance d'être la sœur de notre chère Alina, je présume ?

Si on peut appeler ça de la « chance »…

Jumelle, de surcroît, non ?

Oh ! Mais je constate que tu as l'air d'avoir une intelligence hors du commun !

Il ignora sa remarque.

Et tu t'appelles ?

Elle hésita une fraction de secondes.

Adela Lingard.

Moi, c'est Sirius Black et j'ai l'honneur de te présenter…

Il s'arrêta quand il la vit reculer, un mélange d'horreur et de haine sur son visage qui, un instant plus tôt, ne reflétait pas l'ombre d'une émotion.

ça va ?

Il essaya de faire un pas dans sa direction mais elle tourna aussitôt les talons et s'enfuit en courant.
« Black », ce nom, elle ne le connaissait que trop bien. A peine l'avait-il prononcé que des images de ce soir-là avaient assaillit son esprit. Il y avait aussi les paroles, ces paroles qu'elle croyait avoir chassées. Elles résonnaient à présent dans sa tête avec tant d'intensité qu'elle crût qu'elle allait en devenir folle.

« Black ! Tues-la qu'on en finisse une bonne fois pour toute ! Merde ! Tues-la ! »

NON ! Elle ne voulait pas se souvenir, elle ne voulait tout simplement pas.

Vite ! Un coin tranquille, elle devait absolument trouver un coin tranquille. Sa respiration se fit plus saccadée, son cœur battait à tout rompre. Elle atteint la porte des toilettes et l'ouvrit à la volée. Elle la referma et s'y adossa, essayant vainement de reprendre le contrôle d'elle-même.

Il y a quelqu'un ?

Sa voix se mua en un petit gémissement. Aucune réponse. Elle était donc seule. Elle s'avança en titubant légèrement vers les lavabos, toute faim complètement envolée. Ce ne fut qu'au bout de dix minutes, après s'être aspergée d'eau, qu'elle retrouva enfin son calme. Elle respira un bon coup et sortit.

« Plus jamais. Non, ne plus jamais fléchir. Ne plus jamais se laisser aller. »

Dès qu'elle pénétra dans son compartiment, la conversation stoppa nette et les quatre jeunes filles reprirent leurs expressions terrifiées. Elle n'y prêta pas vraiment attention et se laissa tomber sur son siège. Elle attrapa son livre et tenta de se replonger dans sa lecture. Elle s'aperçut alors que les autres fixaient ses mains qui étaient secouées de légers tremblements. Elle claqua brusquement son livre, faisant sursauter les quatre élèves, et cacha ses mains au fond de ses poches en serrant des dents. Elle se concentra sur le paysage pour repousser tous ces souvenirs qui ne semblaient pas vouloir la laisser en paix.

Ce ne fut que lorsque le train ralentit sa course pour finalement s'arrêter qu'elle prit conscience qu'elle était arrivée. Elle sortit sur le quai en se demandant comment diable elle allait pouvoir reconnaître le fameux Hagrid qui devait la mener à Poudlard. Sa question fut réduite à néant quand elle aperçut non loin d'elle un homme dont la taille dépassait largement la moyenne qui appelait de sa voix puissante les premières années. Ces derniers hésitaient visiblement beaucoup à approcher le géant.

Elle s'avança vers lui d'un pas décidé.

Excusez-moi, vous êtes bien Rubeus Hagrid ?

Il baissa les yeux vers elle et répondit :

Exacte mademoiselle ! Et tu es Adela Previs, n'est-ce pas ?

Elle fut un peu surprise qu'il la tutoie mais elle ne le montra pas.

Adela Lingard, rectifia-t-elle.

Enchant ! dit-il en lui adressant un sourire franc.

Sans qu'elle eut pu expliquer pourquoi, elle parvint à sourire en retour.

Tout le monde est l ? reprit la voix tonitruante d'Hagrid. Très bien, alors en route !

Le géant les fit passer par plusieurs petits chemins et ils atteignirent finalement la château par le lac. Au bout de quelques minutes, ils débouchèrent sur le parc.

Adela devait avouer qu'elle était assez impressionnée, son ancienne école était très différente et elle avait hâte de voir si l'intérieur était aussi beau que l'extérieur.

Alors qu'ils marchaient vers la porte de Poudlard, Hagrid glissa à Adela :

Ça ne doit pas être facile d'être nouvelle alors si tu as besoin d'un peu de compagnie, viens frapper à ma porte, au fond du parc.

D'ordinaire, elle aurait tout simplement décliné l'offre mais elle se contenta de le remercier.

Une femme entre deux âges, au visage sévère et aux cheveux tirés en un chignon serré, les attendait dans le hall.

Hagrid si vous pouviez veiller sur les premières années pendant quelque instant…

Bien sûr professeur, s'empressa-t-il d'accepter.

Le professeur se tourna vers Adela.

Melle Previs, Adela Previs, je suppose ?

Avant qu'elle ait pu répondre quoi que se soit, la femme enchaîna :

Je suis le professeur McGonagall, la directrice adjointe de Poudlard, veuillez me suivre.

Minerva McGonagall l'entraîna dans les couloirs d'un pas sûr et connaisseur. Adela, elle, la suivait, complètement désorientée. Elle arrivèrent enfin devant une gargouille.

Fondant au chocolat, dit le Professeur.

« Quel pouvait bien être l'abruti qui donnait des mots de passe aussi stupides ? »

Elles gravirent les escaliers et se retrouvèrent dans un bureau, devant un vieil homme dont la barbe blanche aurait sérieusement pu rivaliser avec celle du père Noël.

Oh ! Asseyez-vous Melle Previs, je vous en prie, offrit l'homme en lui désignant un fauteuil.

Adela Lingard, mon nom de famille est Lingard, monsieur, s'entendit-elle corriger automatiquement.

Un sourire malicieux éclaira le visage du vieil homme.

Veuillez m'excuser pour cette erreur Melle Lingard. Je me présente, Albus Dumbledore, le directeur de cette école.

Il fit une pause.

C'était donc lui, « l'abruti aux mots de passe stupides.. » Oups…

Nous sommes quelque peu pressés par le temps, donc venons-en tout de suite à l'essentiel. Minerva, le choixpeau, s'il vous plaît.

Immédiatement, la femme plaça un vieux chapeau sur la tête d'Adela.

Hum hum, murmura une voix dans sa tête.

Elle sursauta violemment.

Dis-moi Adela… Où est passé la jeune fille souriante et heureuse de vivre que tu étais ?

Au départ surprise, elle n'avait pas réagit, mais elle n'aimait pas l'idée que ce vieux bout de tissu puisse fouiller sans gêne dans son esprit.

Ça ne te regarde pas !

Je suppose qu'elle s'est envolée quand tu as su que ta vie commençait à t'échapper…

Je ne pense pas que ça ait un rapport avec la répartition alors va directement au but !

Oh si ! Cela un rapport, que se passerait-il si je t'envoyais à Serpentard ?

Tu finirais probablement écrasé et abandonné au fin fond de la forêt interdite ! ça te dis toujours d'essayer ?

Bien, puisque tu insistes, venons-en au fait. Je vois beaucoup de talent… Et une grande force ou plutôt… Une invulnérable faiblesse…

Elle ne comprenait rien au charabia du choixpeau. Pour elle, une faiblesse menait une personne à sa perte, elle ne la rendait pas « invulnérable ». Cela n'avait ni queue ni tête ! Ce vieux bout de tissu était aussi con que le cul d'une pelleteuse.

Oui… Pas de doute… GRYFFONDOR !

On lui retira le chapeau.

Bien ! Voilà qui est fait Melle Lingard, fit Dumbledore. J'aurais aimé m'entretenir plus longuement avec vous mais se sera pour plus tard.

Tout se passait si vite que la tête commença à lui tourner.

Elle se leva, croyant l'entrevue terminée, mais le directeur l'arrêta.

J'avais oubli ! Il me semble que l'infirmière serait ravie si vous alliez lui faire une petite visite !

Elle hocha la tête en signe d'affirmation, bien qu'en entendant Dumbledore, elle avait aussitôt pensé « Surtout pas l'infirmerie ! ». Elle sortit enfin, toujours accompagnée du professeur McGonagall.

Vous entrerez derrière les premières années et irez directement prendre place à la table des gryffondors, l'informa la directrice de sa maison alors qu'elles arrivaient à proximité de la porte de la Grande Salle.
Elle sentit l'anxiété monter en elle mais ne laissa rien paraître. En fait, elle préférait songer à la tête que ferait Alina quand elle la verrait s'asseoir avec les gryffondors.

Les portes s'ouvrirent et elle ne put retenir un « oh ! » de surprise. Il n'y avait pas de doute, Poudlard était une école magnifique. Elle reprit bien vite son expression indifférente et se dirigea vers la table de sa nouvelle maison. Tandis qu'elle s'approchait, elle se demanda où s'asseoir, ou plutôt, où serait la place la plus stratégique. Elle opta pour une place vide entre deux groupes de deuxième année. Au moins, elle pourrait manger tranquillement.

Dès qu'Alina comprit vers quelle table allait Adela, ses yeux s'agrandirent de stupeur. Adela lui décrocha un regard victorieux et son air disait clairement : « Malgré tous les efforts que vous avez fait, que vous faîtes et que vous ferez, jamais je ne deviendrais celle que vous voulez que je sois ! »

Elle appuya sur le creux de la fourchette qu'elle tenait étroitement serrée dans sa main avec une telle force, que celle-ci finit par se tordre.

On peut savoir ce que cette misérable fourchette t'a fait pour se retrouver dans cet état ? l'interpella Laura.

Cette sale garce a trouvé le moyen de se faire envoyer à Gryffondor ! rugit Alina.

Laura posa ses yeux noisette au même endroit que son amie et surprit le regard qu'échangeaient les deux sœurs. On y voyait de la haine, évidemment, mais aussi tellement d'autres choses. En fait, c'était un mélange si explosif de sentiments, qu'il aurait été difficile de définir de quoi était composé ce simple contact visuel.
Puis, elle observa les deux jumelles. Certes, elles se ressemblaient tant que s'en était frappant, cependant, là où les cheveux noirs de jais d'Alina tombaient en cascade dans son dos, ceux d'Adela renvoyaient de légers reflets auburn et étaient coupés au carré de façon éméchée. Elles avaient le même teint pâle, les même yeux bleu couleur de nuit mais, tandis que ceux d'Alina étaient toujours remplis d'agressivité et de méchanceté, dans ceux d'Adela, au-delà du masque de profonde indifférence, on pouvait y déceler un peu de douceur et de tristesse. Sur le visage de chacune, pourtant, on devinait qu'elles avaient traversé des épreuves difficiles dont personne n'avait idée.

Laura soupira et reporta son attention sur son assiette. Au passage, elle nota le regard que Carol lui adressa. Un regard réprobateur, comme toujours… Elle rougit et baissa la tête. Elle savait, même s'il lui coûtait de l'avouer, que Carol doutait d'elle et de son engagement envers leur Maître. Ce genre de regard la mettait extrêmement mal à l'aise. Elle essaya de ne plus y penser et de reprendre le fil de la conversation.

Chez tous les gryffondors, en particulier ceux de sixième année, les conversations allaient de bon train. L'arrivée d'Adela, qui aurait plus ou moins dû passer « inaperçue », fut remarquée par la totalité des élèves. Les transferts étaient rares, voire inédits, les visages étaient à la fois surpris et anxieux.

Comment se fait-il qu'une Previs, descendante d'une longue lignée de serpentards, se retrouve à Gryffondor ? demanda Marlène McKinnon en remettant une de ses boucles blondes derrière son oreille.

Ses yeux gris parcoururent rapidement tous les visages qui l'entouraient à la recherche d'une réponse.

Ma chère Marlène, ne suis-je pas la preuve vivante que cela est possible ? lança à la cantonade Sirius Black, un sourire narquois aux lèvres.

Oui, mais toi Sirius, tout le monde sait que tu es un cas à part ! se moqua Remus Lupin, un grand garçon aux cheveux châtain clairs et aux yeux couleur miel.

H ! protesta l'intéressé, faussement outré.

Non, sérieusement, reprit Marlène, vous pensez qu'elle pourrait être… (elle regarda autour d'elle et baissa la voix en se penchant légèrement) Une espionne de Vous-Savez-Qui ?

C'est peut-être même son bras droit, fit Hestia Jones en essayant de paraître on ne peut plus sérieuse. Et qui sait, si ça se trouve, la nuit, elle attendra qu'on soit endormi pour fouiller nos affaires et nous jeter des sorts et…

Marlène parut hésiter un instant puis répondit :

Hestia ! Je sais que je suis naïve mais là, c'était vraiment gros !

Hestia rejeta sa chevelure noire en arrière avant d'éclater de rire. Ses joues déjà ordinairement roses virèrent au rouge tomate.

Tu as toujours eut un penchant pour les blagues macabres, commenta Lily Evans avec amusement, ses yeux verts émeraudes pétillant de malice.

Puis, à l'intention de Marlène :

Je suis sûre qu'elle a sa place à Gryffondor et qu'elle est tout aussi normale que toutes les filles de son âge.

Ecoute la voix de la sagesse Marlène, dit doucement James Potter en souriant à Lily.

Seulement, Lily fut témoin du regard d'animosité qu'échangèrent Alina et Adela. Elle vit aussi Sirius pâlir sous les yeux haineux d'Adela. Cela l'intrigua, Sirius était un garçon adorable quand on le connaissait. Qu'avait-il bien pu faire pour mériter ce genre de regard ? Lily ne comprit pas non plus pourquoi le regard haineux d'Adela se teinta de confusion en rencontrant le sien. Etrangement, il semblait dire : « Tu pers ton temps à m'observer comme tu le fais. »

Adela jeta un coup d'œil rapide autour d'elle jusqu'au moment où ses yeux se posèrent sur lui. Black. Black était à Gryffondor. Elle mit du temps à assimiler cette information.

« Non ! C'est impossible ! Tout bonnement impossible ! »

Lui aussi la dévisageait. Elle se sentait bouillir. Elle lui renvoya un regard chargé d'antipathie et il pâlit légèrement. Puis, ses yeux croisèrent ceux d'une jeune fille rousse. Cela la troubla. Alors que tout le monde la regardait avec un mélange de peur, d'étonnement et d'hostilité, cette fille l'observait avec… sympathie ? Non… Elle devait se tromper. Quand bien même cela serait exact, elle ne laisserait jamais personne l'approcher d'assez près pour voir ses faiblesses.

A présent, la répartition était finie, Dumbledore fit un discours auquel elle ne prêta pas vraiment attention. Et, enfin, dans le soulagement général, la nourriture apparue sur les tables. La plupart des plats lui étaient inconnus et ne lui inspiraient pas confiance. A défaut de nourriture, elle attrapa le pichet le plus proche et remplit son verre. La boisson était orange, par déduction, elle pensa que c'était du jus d'orange. Elle trempa ses lèvres dans son verre, prête à tout boire d'une traite quand elle comprit que ce n'était pas du jus d'orange.

Beurk ! Qu'est-ce que c'est que ce truc ? s'exclama-t-elle à haute voix.

Ben, du jus de citrouille ! répondit un deuxième année, comme si cela paraissait plus qu'évident.

« Ces anglais sont complètement fêlés ! » songea-t-elle.

Et il n'y a pas d'eau ?

Oh ! Je pense que si, il doit bien y avoir un ou deux pichets sur la table. Cherche…

« Et comment je fais pour savoir quel pichet contient de l'eau, moi ? ». Elle se retint de toutes ses forces de poser cette question qui lui brûlait les lèvres. Du moins, son orgueil la retint plus qu'autre chose. Elle n'aimait pas du tout la manière dont ce garçon s'adressait à elle, elle avait l'impression qu'il la prenait pour la dernière des attardées.

Elle le gratifia d'un regard noir et regretta presque aussitôt quand elle le vit blêmir. Elle se mordit la lèvre inférieure, ça n'était pas son style de se montrer si agressive, ça n'était pas elle.

Elle se rappela à l'ordre, « Les choses ont changé. Tout a chang »

« Toi aussi ! » lui murmura une petite voix dans sa tête.

Elle déglutit péniblement et les mots du choixpeau lui revinrent en mémoire : « Dis-moi Adela, où est passé la jeune fille souriante et heureuse de vivre que tu étais ? ». Elle savait la réponse. Ses lèvres se mirent à trembler. La même petite voix vint lui glisser : « Cette jeune fille là est morte, elle s'en ait allée en même tant qu… »

Je crois qu'il y a un pichet d'eau là-haut, tenta de se rattraper le pauvre garçon en lui désignant le groupe de sixième année.

Elle sortit bien vite de ses pensées. Vers Black, le pichet d'eau était vers Black !

« Génial ! Qu'elle veine j'ai ce soir ! On peut vraiment pas faire mieux ! »

Elle marmonna un « merci » au deuxième année et se leva pour aller chercher le fameux pichet. Alors qu'elle arrivait à leur hauteur, elle eut le temps d'entendre Black dire au garçon décoiffé à côté de lui : « Tu vois James, je t'avais dit qu'elle reviendrait ! Je suis irrésistibleeeee ! »

Tu as peut-être certains… atouts Black mais nettement moins que la carafe d'eau que je viens chercher ! répliqua-t-elle.

Qu'est-ce que tu disais à l'instant Sirius ? Attend… Il m'a semblé saisir au vol le mot « irrésistible » sur lequel tu as lourdement appuy ? le taquina James.

Les rires fusèrent et même Sirius se laissa aller à sourire. Une pair d'yeux couleur miel attira l'attention d'Adela sur la droite. Ils appartenaient à un grand jeune homme aux cheveux châtains qui avaient l'air exténué. Il riait aussi, ou plutôt, ses yeux le faisaient pour lui. Il la scrutait avec insistance et alors, elle comprit. Combien de fois sa grand-mère lui avait répété que les yeux étaient le miroir de l'âme, la seule partie de vous-même qui pouvait vous trahir, trahir ce que vous ressentiez, ce que vous étiez ? Sûrement une bonne dizaine de fois. Elle n'y avait jamais cru. Pourtant, à ce moment précis, elle se sentit exposée. Elle n'aurait pas su dire pourquoi et comment mais, il lisait en elle. S'en était effrayant et elle eut peur, peur de laisser échapper des choses, de se dévoiler. Cette sensation d'insécurité, elle l'avait déjà ressentit tout à l'heure en rencontrant le regard de la rousse mais avec beaucoup moins d'intensité.

Elle aurait du détourner le regard mais elle le durcit, y faisant briller une lueur de défis. Oui, elle le mettait au défis de découvrir qui elle était…

« Arrêtes ça tout de suite ! » l'interpella la petite voix dans sa tête.

Elle savait que son attitude pouvait paraître absurde ou stupide voire totalement idiote mais non, elle n'abandonnerait pas, jamais !

A sa gauche, la jeune fille rousse lui tendit le pichet avec un sourire.

Il doit en avoir un autre au bout de la table si tu n'en as pas assez, ajouta-t-elle.

Adela remarqua que la fille blonde assisse à côté de la rousse l'observait sous toutes les coutures comme si elle avait été un animal de foire. Le regard était à la fois curieux et suspicieux.

Merci, dit-elle avec détachement avant de retourner à sa place.

Plus une seule fois jusqu'à la fin du repas elle ne tourna la tête vers le groupe.

Une fois que tout le monde fut repu et que la nourriture eut disparut, les préfets de chaque maison enjoignirent les élèves à les suivre jusqu'à leurs Salles Communes respectives. Elle suivit docilement la foule qui se rendait à la tour de Gryffondor et ne manqua pas d'admirer les décors de sa nouvelle école. Ils arrivèrent enfin devant un grand tableau qui représentait une grosse femme.

Virtus, prononça le préfet d'une voix assurée.

Ils pénétrèrent dans une immense salle décorée toute de rouge et or. Elle gravit les escaliers qui menaient au dortoir ; Le professeur McGonagall lui avait dit qu'une place lui avait été attribuée dans le dortoir des sixièmes année.

Elle vit que ses affaires étaient déjà là et ne demandaient qu'à être sortie. Elle décida qu'elle installerait tout demain. A peine avait-elle sortie son pyjama et sa trousse de toilette que trois filles entrèrent dans la chambre. Les même qu'au repas.

Rebonsoir ! lança gaiement la rousse. Je m'appelle Lily Evans, et toi ?

Adela Lingard.

Tu ne portes pas le même nom de famille que ta sœur ? demanda Marlène, laissant la curiosité prendre le dessus sur la méfiance.

Non.

Le ton était sans réplique. Sans le moindre regard, elle alla s'enfermer dans la salle de bain. Elle en ressortit deux minutes plus tard, en pyjama. La conversation s'arrêta, l'ambiance était plutôt tendue. Elle aurait voulu leur crier : « Mais parler ! Ne vous gênez pas, bon sang ! C'est si difficile de faire comme si je n'étais pas l ? »
Mais elle ne dit rien et s'allongea sur son lit après en avoir tiré les rideaux.

Elle s'empara de sa boîte de médicaments et se demanda combien de cachets elle devrait prendre. En fait, elle se demandait aussi si ce traitement servait à quelque chose étant donné que la douleur revenait inlassablement. Finalement, elle reposa la boîte sans l'avoir ouverte.

Elle soupira puis ferma les yeux, attendant que le sommeil l'emporte. Elle mit longtemps à s'endormir, comme toujours. La nuit réveillait ses démons, ses peurs les plus profondes et ses souvenirs les plus douloureux.

Ce soir-là, Adela l'avait sentie nerveuse mais, quand elle lui avait demandé ce qui la tracassait, elle lui avait répondu qu'elle l'ignorait, qu'elle avait juste un mauvais pressentiment…
Un éclair zébra le ciel et un coup de tonnerre déchira le silence de la nuit. Elle crut d'abord que c'était l'orage qui l'avait réveillé mais non, c'était un cri qui l'avait tiré de son sommeil. Elle tendit l'oreille, aux aguets, le cœur battant. Oui, il y avait bien du bruit en bas. Elle retira ses couvertures et se glissa hors de son lit, glacée d'appréhension. Elle fit quelques pas en direction de la porte puis stoppa nette, figée sur place. Devant elle se dressait un énorme serpent. Elle aurait voulu reculer mais elle était paralysée par la peur. Rassemblant tout son courage, elle descendit lentement la main vers sa poche pour constater avec horreur, qu'évidemment, elle n'avait pas sa baguette.
Ma petite Adelina, ça faisait tellement longtemps…
Cette voix ! Elle l'aurait reconnue entre toute, ça faisait effectivement tellement longtemps qu'elle ne l'avait pas entendue… Tellement longtemps qu'elle croyait l'avoir oubliée, bannie à jamais de son esprit…

« Les bons souvenirs durent longtemps, les mauvais encore plus. »
(proverbe tchèque)