Il était tard et la bibliothèque était presque vide. A part Mme Pince, il n'y avait plus qu'Hermione, plongée dans un livre très épais intitul : « Anciens pouvoirs : les runes de l'Oett Foeh ». On n'entendait pas un bruit à part le froissement des pages qu'elle tournait.

Et puis il y eut un frôlement de tissus, un craquement dans le vieux parquet. Hermione ne bougea pas, mais elle retint sa respiration et cessa complètement de s'intéresser à son livre. Ce n'était peut-être rien de plus qu'un courant d'air.

Elle crut entendre comme un souffle ou un soupir, quelque chose qui flottait dans l'air. Elle n'avait aucun moyen d'en être sûre, mais elle savait qu'il était là.

Elle tourna la page de son livre sans même l'avoir lue. Il était là, juste devant, debout sous sa cape d'invisibilité. Il resterait une minute ou une heure, puis il s'en irait.

Elle referma son livre.

-Je voudrais seulement savoir pourquoi, dit-elle sans lever les yeux. Pourquoi tu refuses de nous parler.

Elle ne put s'empêcher de sursauter quand il enleva sa cape d'invisibilité. Elle avait passé tellement de temps à guetter la présence invisible d'Harry qu'elle ne s'attendait plus à le voir apparaître en chair et en os.

Elle le regarda et chercha ses mots. Il fallait qu'elle dise quelque chose, n'importe quoi. Pourquoi n'arrivait-elle pas à prononcer la moindre phrase intelligente, elle qui avait toujours quelque chose d'intelligent à dire ?

-Arrête de me regarder comme ça, dit Harry d'une voix sourde.

-Comment ? Dit-elle sans comprendre.

-Comme si j'étais malade. Comme si j'allais mourir demain.

-Non, je…

Il remit sa cape d'invisibilité.

-Non ! Cria Hermione. Harry, s'il te plait, arrête !

-Mlle Granger ! Fit la voix sèche de Mme Pince. Je vous prierais de ne pas hurler dans ma bibliothèque.

-Harry ! Appela Hermione.

Elle le cherchait du regard autour d'elle, même si elle savait que c'était inutile.

-Mlle Granger !

-S'il te plait ! Harry ! Où es-tu ?

Mme Pince se leva avec des airs d'oiseau de proie, bien décidée à mettre la perturbatrice dehors. Mais Hermione s'en fichait. Elle l'avait vu, elle l'avait vu dans ses yeux. Et c'était infiniment plus grave que le religieux silence de toutes les bibliothèques du monde.

-Harry, reviens !

-Non mais qu'est-ce qui vous prend ? Cessez immédiatement ceci !

-HARRY !

Harry était malade. Il était malade et il allait mourir.

Il s'éloigna en silence dans le couloir.

Je voudrais seulement savoir pourquoi.

Pourquoi ? Seulement parce qu'il ne supportait plus qu'on le regarde comme ça. Comme un mourant, ou un blessé de guerre. Il ne supportait plus de voir le reflet de ses propres douleurs dans les yeux de ses amis. Il avait bien assez de mal à enterrer ses fantômes comme ça, il n'avait pas besoin qu'on les lui rappelle à grands coups d'élans consolateurs.

Au moins, sous sa cape d'invisibilité, il pouvait éviter les regards compatissants et impuissants, il pouvait circuler en anonyme au milieu de la foule bruyante des élèves, il pouvait les entendre rire, râler contre les profs, et s'inquiéter pour leurs ASPIC. Et il pouvait ignorer le fait qu'il allait mal. Vraiment très mal.

Depuis la mort de Sirius, il s'enlisait dans le noir. Il disparaissait dans une longue chute qui ne s'arrêtait pas. C'était comme les ténèbres autour de la Salle Sans Porte, une force invisible et dévorante. Une nuit qui n'avait pas de fin. Un sommeil hanté de cauchemars et dont il n'arrivait pas à se réveiller. Quelque chose entre la raison et la folie, entre le rêve et l'éveil. Flou, si flou, et il voulait que ça reste flou, il ne voulait pas savoir si c'était réel ou non, il ne voulait pas savoir ce qu'il ressentait, ce dont il se souvenait, et si ça faisait mal.

Il voulait rester dans le monde de la comptine.

Le gentil mensonge. L'illusion bienheureuse de quelque chose détruit depuis longtemps.

Il alla voir Ron. En ce moment, Ron dépensait beaucoup d'énergie pour empêcher Ginny et Dean de roucouler en paix. D'une manière ou d'une autre, il essayait de les avoir à l'œil. Lorsque Harry entra dans la Salle Commune, il vit Ron et sa petite sœur penchés sur un jeu d'échec, intensément concentrés.

Il s'assit dans un coin pour pouvoir les observer tranquillement. La partie était animée. Ron était un excellent joueur, mais Ginny ne se laissait pas faire. Ils échangeaient de temps à autre de petits commentaires acerbes. Ginny était particulièrement douée à ce jeu-là, elle savait bien comment déstabiliser son frère. Elle arrivait à le déconcentrer. Elle faillit gagner, d'ailleurs. Mais Ron finit par reprendre le dessus et la mettre échec et mat.

Il lui souhaita bonne nuit avec un large sourire et remonta dans son dortoir. Ginny avait une lueur malicieuse dans les yeux, derrière son air dépité. Elle avait peut-être perdu la partie, mais elle s'était garantie une fin de soirée tranquille avec son petit-ami. Ron était tellement content d'avoir gagné qu'il en oubliait complètement de lui casser les pieds. Harry dû se retenir de rire devant le machiavélisme de la jeune Weasley, qui alla aussitôt partager le fauteuil de Dean près du feu.

Puis la Salle Commune se vida peu à peu, les derniers élèves allèrent se coucher, et Harry se retrouva seul dans la pièce. Son envie de rire avait entièrement disparu. C'étaient ces moments-là, les plus durs. Quand il n'y avait plus de bruit pour remplir le silence, ni de mouvement pour remplir le vide. Quand il n'y avait plus d'histoires drôles pour remplir ses pensées.

Il monta lentement les marches du dortoir des garçons. Il marqua une pause là où il était écrit : sixième année. Ils dormaient tous. Harry pouvait même entendre les ronflements de Neville d'ici.

Il poussa la porte et entra. Il s'approcha doucement du lit de Ron.

« Réveille-toi » pensa-t-il.

Il attendit plusieurs minutes, écoutant le souffle régulier des dormeurs.

-Réveille-toi, s'il te plait, murmura-t-il. Empêche-moi d'y aller.

Il parlait beaucoup trop bas pour parvenir à réveiller Ron, il le savait. Pourtant il voulait qu'il se réveille… Ou il le voulait sans le vouloir. C'était si compliqué dans sa tête. Le murmure était un bon compromis avec lui-même, après tout.

Il sortit lentement de la pièce à reculons.

-Ron, dit-il encore tout bas. Ron, réveille-toi s'il te plait.

Il s'arrêta sur le palier, indécis. Mais personne ne se réveilla. La voix qui voulait appeler Ron finit par se taire dans la tête d'Harry. Il ne restait plus que la voix qui chantonnait… La voix de petit garçon, qui chantait une comptine.

Il se remit à monter les marches.

Elle m'a menti, pensa-t-il. La petite voix, dans ma tête, elle m'a menti. Elle disait que tout redevenait normal une fois en bas des escaliers, mais ce n'était pas vrai. Elle a tout grignoté, la comptine. Jour après jour, je l'ai chantonnée dans ma tête, de plus en plus souvent. Tellement, tellement, qu'il n'y a plus qu'elle dans ma vie.

Et c'était une constatation presque gaie.

Il s'entendit à peine murmurer le mot de passe qui permettait d'accéder au sommet de la tour. Il pleuvait des cordes, dehors, et un vent violent battait les murs du château. Cela n'empêcha pas Harry de rester là, encore et encore. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire, à lui, la tempête ?

Il s'approcha du gouffre encore plus que d'habitude. Il était juste au bord. La pluie rendait la pierre glissante. Il rit en pensant qu'il serait tellement facile de tomber dans ce gouffre sans fond… Et alors adieu tout le monde, et tant pis pour les étoiles. Elles devraient trouver quelqu'un d'autre pour enterrer le monde des sorciers, et porter le poids de l'échec…

« On voit bien Mars ce soir… » disait la voix de Ronan le centaure, quelque part dans sa mémoire.

Cette nuit on ne voyait ni Mars ni une autre, il n'y avait que le ciel noir et les nuages, et le vent qui hurlait.

Elles ne me verront pas, se dit-il. Cette nuit le ciel est aveugle.

La comptine chantait, chantait dans sa tête…

Adieu Dumbledore, adieu Voldemort, adieu tous les combattants de toutes les guerres du monde, qu'ils se débrouillent sans lui avec la destinée des peuples.

De toute façon, il était quasiment déjà mort. Mort à l'intérieur, mort dans sa tête. La seule formalité à régler, c'était que son cœur s'arrête de battre et ses poumons de respirer. Et ça, c'était facile…

Juste un fragile équilibre à faire pencher du mauvais côté.

Il laissa le vent le faire basculer dans le vide. C'était comme dans un rêve, les ténèbres, la chute si rapide et si lente en même temps, le vent sur son visage, si violent qu'il avait du mal à respirer.

Et puis plus rien.

-C'était moins une, murmura une voix de jeune fille.

Elle détacha sa cape, malgré la pluie qui la trempait déjà de la tête aux pieds, et l'attacha au cou du Survivant. Elle fit des signes dans l'obscurité à la petite forme qui courait vers eux avec une couverture. Dobby s'empressa d'enrouler la couverture autour d'Harry toujours inconscient, et utilisa la magie pour le soulever de terre.

-Vite, dit la jeune fille. Il faut le ramener à l'intérieur, il gèle ici.

Il se faufilèrent sans bruit dans le château. L'adolescente marchait  en tête dans sa chemise de nuit trempée, frissonnante. Dobby la suivait, avec Harry qu'il faisait flotter devant lui.

-Tu ne peux pas nous rendre invisible ? Chuchota-t-elle à l'elfe au détour d'un couloir.

-Non, répondit-il. Dobby peut se rendre invisible, mais il ne sait pas faire pareil avec d'autres personnes. Par contre…

Il claqua des doigts, et leurs vêtements séchèrent aussitôt.

-Merci, fit la jeune fille. Viens vite et fais bien attention, il ne faut surtout pas qu'on nous voie.

Il progressèrent prudemment jusqu'à la tour de Gryffondor. La Grosse Dame leur ouvrit avec un large bâillement et retomba aussitôt dans son sommeil. L'elfe et la jeune fille posèrent doucement Harry sur un fauteuil, et Dobby s'empressa de ranimer le feu.

-Heureusement que Dobby était là pour ralentir sa chute, dit l'elfe d'un ton navré.

-Heureusement… répéta la jeune fille, comme si elle voulait se persuader de la vérité de cette phrase.

Elle posa sa main sur le front d'Harry. Il était encore glacé, mais il se réchauffait tout doucement, et elle sentait qu'il allait revenir à lui.

-Il ne faut pas qu'on soit ici quand il se réveillera, dit-elle à Dobby. Je vais retourner me coucher. Tu devrais en faire autant.

Dobby hocha la tête et lissa une dernière fois la couverture qui recouvrait Harry, avant de s'en aller.

-Au fait, quand tu le verras, recommanda-t-elle encore, ne lui parle pas de ce qui s'est passé cette nuit, et surtout ne lui parle pas de moi. C'est d'accord ?

-Dobby ne dira rien.

-A Ginny non plus. Il ne faut pas lui dire ce qui s'est passé. Elle va m'en vouloir, mais… Je ne pense pas qu'il voudrait qu'elle l'apprenne, dit-elle en désignant Harry.

-C'est promis, assura l'elfe.

-Bonne nuit, Dobby.

-Bonne nuit, miss.

Il disparut derrière le portrait de la Grosse Dame, pendant que la jeune fille montait sans bruit les escaliers du dortoir des filles.

Harry, tout doucement, commença à reprendre conscience. Il sentit le contact de la couverture et la chaleur du feu sur son visage. Il sentit une douleur qui montait de sa cheville gauche. Et il comprit qu'il n'était pas mort.

Il ouvrit les yeux, regarda sans comprendre la Salle Commune complètement vide, et maudit de toute son âme les étoiles qui lui avaient sauvé la vie.

Pauvre fou ! Il avait vraiment cru pouvoir mourir si facilement, lui qui avait si brillamment survécu au Sortilège de la Mort ! Le destin n'en était pas à un miracle près, apparemment, et il ne se fatiguait pas de lui sauver la peau.

Il fut prit d'un rire quasiment hystérique. Il avait vraiment cru que sa vie lui appartenait, l'espace d'une seconde. Quel imbécile…

Soudain, sans qu'il comprenne lui-même comment, son rire se transforma en larmes. Sans vraiment savoir pourquoi, il pleurait, il sanglotait à perdre haleine tout seul devant la cheminée. Il ne se rappelait pas avoir jamais pleuré comme ça, si violemment qu'il en avait mal aux côtes, qu'il n'arrivait plus à reprendre son souffle. C'était un tel soulagement, et en même temps un déchirement si douloureux…

Personne ne pleure comme ça, à part les enfants qui sont condamnés à ne plus être des enfants.

Il lui sembla mettre des heures à se calmer. Quand il parvint enfin à sécher ses larmes, il entendit du bruit dans l'escalier, et se retourna vivement. Il reconnut les rayures du pyjama trop petit de Ron. Il chercha sa cape d'invisibilité, se rappela l'avoir laissée en haut de la tour, et eut la surprise de la découvrir malgré tout près du fauteuil. La même personne qui l'avait gentiment ramené dans la Salle Commune lui avait apparemment aussi rapporté sa cape.

Il hésita, et finalement la laissa par terre. Il était fatigué de jouer au chat et à la souris avec lui-même. Tellement fatigué.

Ron eut un sursaut de surprise en le découvrant assis devant la cheminée. Il ouvrit la bouche et la referma. Il plongea les mains dans ses poches et ouvrit à nouveau la bouche pour bafouiller :

-Harry… Tu es l

-Apparemment, fit Harry, mal à l'aise.

Il était conscient de devoir des excuses à son ami, mais il ne savait pas trop comment les formuler, et puis il avait tellement de choses à expliquer, si seulement…

Il vit Hermione qui descendait quatre à quatre l'escalier de son dortoir, et se demanda comment elle avait pu savoir. Il jeta un regard interrogatif Ron, qui rougit et sortit les mains de ses poches. Harry se rappela avec un sourire les faux gallions qui les avaient aidés dans leur guerre contre Ombrage. La brillante Hermione avait probablement inventé quelque chose pour que Ron puisse la prévenir au cas où.

De toute façon, c'était mieux qu'ils soient là tous les deux, même s'il ne savait toujours pas quoi leur dire. Il se tourna vers le feu de la cheminée. Il se sentait encore glacé jusqu'aux os. Par Merlin, par où devait-il commencer ? Les yeux perdus dans les flammes, il se rappela la silhouette de Trelawney qui sortait de la pensine. Il semblait que cela faisait une éternité.

-Et l'un d'eux devra mourir de la main de l'autre, car aucun ne vivra tant que l'autre survivra, murmura-t-il.

-Qu'est-ce que tu dis ? Demanda timidement la voix de Ron.

Il répéta, à voix haute cette fois :

-Et l'un d'eux devra mourir de la main de l'autre, car aucun ne vivra tant que l'autre survivra.

Ron jeta des regards surpris à Harry, puis à Hermione qui s'était soudain figée.

-Qu'est-ce que ça veut dire ? Demanda-t-il.

Hermione ne quittait pas des yeux Harry, qui leur tournait toujours le dos.

-Tu as dit qu'elle s'était brisée, dit Hermione d'une voix rauque. Tu as dit qu'elle s'était brisée et que personne ne l'avait entendue.

-C'est vrai, répondit Harry sans se retourner. Mais la prophétie avait été faite à Dumbledore, il y a dix-sept ans. Ce qui fait qu'il est le seul à la connaître en entier. Avec moi, maintenant.

-De quoi parlez-vous ? Demanda Ron, qui refusait de comprendre.

Harry se retourna cette fois.

-Je parle de la prophétie qui dit que je dois tuer Voldemort ou mourir.

C'était exactement la réaction qu'il redoutait. Il était plus blêmes que Nick Quasi-Sans-Tête et le regardaient avec un mélange d'horreur et de stupéfaction. Il sourit.

-Venez, ajouta-t-il. J'ai plein de choses à vous dire, et il ne faudrait pas que n'importe qui puisse les entendre.

D'un coup, ce fut comme au bon vieux temps, comme quand ils conspiraient contre Rogue et cherchaient à percer le mystère de la Chambre des Secrets. Ils se rassemblèrent près du feu, et Harry leur récita à voix basse la prophétie de Trelawney. Il ne l'avait entendue qu'une fois, mais chaque mot s'était gravé dans sa mémoire.

Ils discutèrent chaque phrase de la prophétie et ses implications possibles. Ron fit remarquer qu'il serait grand temps de découvrir ce fameux pouvoir qu'Harry avait et que Voldemort ne connaissait pas. Hermione laissa échapper des raisonnements compliqués sur le fait que Voldemort avait marqué Harry, et la signification de sa cicatrice. Harry évita soigneusement de parler de Sirius.

Il ne dit pas un mot non plus de Sophia. Il avait l'impression qu'il y aurait trop de choses à expliquer… Des choses qu'il n'était pas sûr de comprendre lui-même.

Ils sursautèrent tous les trois quand la porte de la Salle Commune s'ouvrit, et que Mac Gonagall fit son apparition. Elle traversa la pièce d'un pas rapide, sans même les voir, et s'engagea dans l'escalier du dortoir des filles. Elle était en robe de chambre, et chose extraordinaire, son chignon était en désordre.

-Qu'est-ce que ça veut dire ça ? Laissa échapper Hermione d'une petite voix aiguë.

Harry échangea un regard avec Ron. Il préférait taire le fond de ses pensées. Ils reculèrent dans un coin de la pièce pour ne pas être vus, et attendirent. Ils n'eurent pas à patienter longtemps.

Quelques minutes plus tard, le professeur redescendait en tenant par la main une fille de Gryffondor en chemise de nuit, encore à moitié endormie. Quatre autres filles les suivaient, probablement ses camarades de dortoir. L'une d'elles était Ginny.

-Restez ici s'il vous plait, mesdemoiselles, leur dit Mac Gonagall d'une voix altérée.

Et elle sorti avec la fille, laissant derrière les quatre autres qui restèrent plantées là, sans trop savoir quoi faire. Elles échangèrent des regards inquiets, puis retournèrent lentement vers leur dortoir. Ron appela discrètement sa sœur. Elle n'eut pas l'air surprise de les trouver debout à trois heures du matin. Il était vrai que le trio avait l'habitude de se balader dans Poudlard à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Elle laissa les autres partir et resta derrière.

-Salut, dit-elle quand elles furent parties. Tiens, tu t'es décidé à réapparaître, toi ? Lança-t-elle à l'adresse d'Harry.

Il fut surpris par la sécheresse de ses paroles. Il s'était toujours bien entendu avec Ginny, et ce n'était certainement pas elle qui avait le plus de raisons de lui en vouloir pour sa disparition. Il ouvrit la bouche pour répondre, mais Hermione lui coupa la parole.

-Qu'est-ce qui se passe ? Demanda-t-elle. Qui est cette fille que Mac Gonagall est venue chercher ?

-C'est Susie Lemond, une fille de mon dortoir, répondit Ginny.

-Une amie à toi ? Demanda Ron.

-Non, dit Ginny avec une grimace. C'est une peste, et on ne peut pas se voir en peinture. Mais vues les circonstances, ce serait mal placé d'être désagréable avec elle.

-Pourquoi ? Interrogea Harry.

Ginny lui jeta un regard dur.

-Par pitié, dit-elle d'une voix sourde. Mac Gonagall est venue la réveiller à trois heures du matin pour lui demander de venir dans son bureau. Tu crois vraiment que c'est pour lui annoncer une bonne nouvelle ? Le père de Susie travaille pour le Ministère. C'est un auror. Et au cas où tu n'aurais pas remarqué, je te rappelle quand même qu'on est en guerre.

-Je suis bien le dernier à pouvoir l'oublier, rétorqua Harry violemment.

-Vraiment ? Je me le demande, répliqua Ginny d'une voix basse. Charlie Lewell, ça te dit quelque chose ?

-Qui ça ?

-Lewell !  Serdaigle, sixième année, il y a quatre jours qu'il est orphelin, c'était en première page de la Gazette. Mais tu ne lis plus les journaux, n'est-ce pas Harry ? Tu es trop occupé pour ça, acheva-t-elle d'un ton dangereusement calme.

-Comment peux-tu… Marmonna Harry, choqué par le mépris de ses paroles.

-Tu souffres, oui, je sais, dit-elle douloureusement. Seulement tu vois, tu n'es pas le seul. Des tas de gens souffrent, ici. S'il y a bien une chose qui ne rend pas exceptionnel, dans cette fichue école, c'est bien la douleur. Any Prewett est orpheline à cause des Mangemorts, elle aussi. Lenny Sands, idem. Neville a toujours ses parents, mais ils sont morts dans leur tête... Anthony Goldstein n'a jamais eu l'occasion de connaître son frère, Hannah Abbott, elle, a perdu le sien le mois dernier, et…

-Hannah ? Interrompit Harry. Je ne savais pas…

-Peut-être que tu le saurais si tu arrêtais cinq minutes de t'apitoyer sur ton sort, répliqua Ginny violemment. Ce n'est pas un duel entre toi et Tu-Sais… Oh et puis zut, Vvvoldemort !

Ils sursautèrent tous les trois de surprise. Ginny semblait hors d'elle. Elle n'avait pu s'empêcher de frissonner en prononçant le nom interdit, mais la rage était plus forte que la peur.

-Ce n'est pas un duel, reprit-elle violemment. Ce n'est pas ton problème personnel ! C'est une guerre. On est tous impliqués, tous ensembles, Harry. Tu ferais bien de t'en souvenir.

Et elle tourna les talons.

-Je ne l'ai jamais vue dans un état pareil, bafouilla Ron. Qu'est-ce qui lui prend ?

-Elle est furieuse, dit doucement Hermione.

Ron regarda la silhouette de sa sœur, qui remontait les escaliers, comme s'il la voyait pour la première fois. Il se retourna vers Harry et le trouva dangereusement pâle.

-Hé… Risqua-t-il. Ca va ?

Harry hocha la tête pour dire que oui. Mais en réalité, ça n'allait pas du tout. Des tas de noms tourbillonnaient dans sa tête. Des noms de gens qu'il connaissait, et d'autres qu'il ne connaissait pas. Des gens qui étaient morts, ou qui pleuraient leurs morts.

C'était précisément pour ne pas avoir à entendre ça qu'il s'était réfugié tout ce temps sous sa cape d'invisibilité.

Bienvenue dans le monde réel, Harry.

Le lendemain matin, on ne vit pas Susie Lemond prendre son petit déjeuner avec ses amies Andrea et Juliet. Ces dernières mangeaient en silence, et elles échangeaient de temps à autres des regards inquiets. Elles qui étaient si intarissables d'habitude, voilà que soudain elles ne trouvaient plus rien à dire…

Lorsque Hermione reçu la Gazette du Sorcier, Ron, Harry et Ginny se turent, attendant le verdict. Hermione ne dit rien et posa le journal à plat sur la table. La première page annonçait un triple assassinat à Londres.

Harry le prit et lut l'article. C'était vrai, qu'il ne lisait plus les journaux depuis un certain temps. Il savait trop bien ce qu'il risquait d'y trouver, et il en avait assez, de la mort. Qui pourrait le lui reprocher ? Mais il aurait voulu savoir pour Hannah Abbott, par exemple. Et visiblement, ses amis préféraient le ménager plutôt que le tenir au courant.

Il rendit la Gazette à Hermione, et regarda son petit déjeuner d'un œil vide. Il n'avait plus faim.

-Combien il y en a eu, en tout ? Demanda-t-il.

-Il y a eu neuf assassinats revendiqués par les Mangemorts depuis le début de la guerre, déclara Ron d'un ton monocorde. Ca fait douze avec ceux de cette nuit. Plus une dizaine de meurtres mystérieux qu'on leur attribue.

-Et ce n'est encore rien, ajouta Hermione.

-Qu'est-ce que tu veux dire ? Dit Harry.

-Ce sont les meurtres de sorciers qu'on lit dans la Gazette, expliqua-t-elle. Mais il y a les morts du côté moldu. Des accidents bizarres. Des attentats non revendiqués. Des disparitions. Les journaux moldus en sont truffés depuis le mois de Juin, mais c'est difficile de faire le compte de ceux qui ont été assassinés par des Mangemorts, parce que le ministère fait de son mieux pour étouffer tout ça.

Ron repoussa son assiette à son tour, l'appétit coupé. Ginny ne mangeait rien, mais elle s'acharnait à découper son bacon en petits, tout petits morceaux.

Andrea regarda de leur côté et vit le journal de loin.

-Est-ce que je peux ? Demanda-t-elle timidement à Ginny.

Celle-ci hocha la tête et lui tendit la Gazette.

En cinq années de cohabitation, elles n'avaient jamais été aussi polies l'une envers l'autre.

***************************************************************************

Il lui avait dit qu'il ne reviendrait pas. Mais elle avait répondu qu'elle serait là quand même, et il était certain qu'elle viendrait au rendez-vous.

Il ne savait pas quel élan masochiste le poussait à revenir encore dans cet endroit. Il détestait l'isolement terrifiant de la Salle Sans Porte, et il détestait voir le visage de Sophia qui lui rappelait tellement Bellatrix, par moments.

Pourtant, il était encore là, près de ce que Winky avait appelé « le cercle des clés ».

Elle arriva, et comme chaque fois elle ne lui dit pas bonjour. Sophia avait l'étrange habitude de toujours s'adresser à lui comme s'ils venaient de se quitter. Elle accomplit le rituel qui permettait d'accéder à la Salle Sans Porte, et ils se retrouvèrent à nouveau face à face au milieu de nulle part.

-Cette fois je suis là pour me battre, dit-il.

-Je sais, répondit-elle.

-Je suis là pour apprendre et pour m'entraîner.

-Très bien.

C'était la décision qu'il avait prise pendant le petit déjeuner, lorsqu'il avait lu l'article racontant le meurtre de la famille Lemond. Il fallait qu'il apprenne. Les cours de Lein n'étaient pas mal, mais lui il avait besoin de plus. Il avait un psychopathe à trucider de toute urgence. Sophia était à sa connaissance la seule élève de l'école à pouvoir le battre en combat singulier. Puisqu'elle tenait tant à le combattre en duel, il en profiterait.

Peu importait qu'il n'ai aucun espoir de vaincre Voldemort. Il se fichait bien de l'espoir. Il voulait juste se battre. Comme ça, tout le monde serait content, il se reprendrait en main, mourrait en héros, et il pourrait éviter de penser à Sirius.

Ils se mirent en garde. Et le duel commença.

Cette fois Harry ne voulait pas se laisser dévorer par la colère. Il fallait qu'il arrive à se contrôler. Il évita un stupéfix et jeta un expelliarmus. Sophia dévia le sort avec facilité. Il poussa un cri de rage.

Non !

Il voulait rester calme et concentré. Il jeta un stupéfix à son tour, elle l'évita. Le sort suivant de Sophia le frôla et cela le déséquilibra, il riposta aussitôt mais la manqua largement.

Calme. Et. Concentr !

Il devait absolument apprendre à se maîtriser. S'il devait à nouveau combattre des Mangemorts… Il les haïssait tous tellement, surtout certains, s'il ne voulait pas se faire tuer il fallait qu'il arrive à surmonter ça et…

Le noir.

Il s'était fait avoir. Pas assez attentif, pas assez rapide.

Sophia le réveilla. Elle tenait sa baguette à la main.

-Sais-tu pourquoi tu as perdu, Harry Potter ? Dit-elle.

-J'ai été trop lent ! Jeta Harry rageusement. Rends-moi ma baguette, je veux continuer.

-Je t'ai vaincu parce que tu te bas contre deux ennemis à la fois.

-Rends-moi ma baguette, je te dis !

-Silencio.

Harry voulut protester, mais c'était devenu très difficile, étant donné qu'il était maintenant muet.

-C'est curieux, ajouta Sophia, de voir comment certaines personnes arrivent à vouloir deux choses exactement contraires en même temps. Tu sembles un grand adepte du combat intérieur, Harry Potter. C'est pour ça que tu ne peux pas gagner. Tu t'affrontes toi-même en même temps que tu m'affrontes moi. C'est contre moi que tu dois te battre, et contre moi seule.

Elle lui jeta le contre-sort et lui rendit sa baguette. Harry la prit et se remit en garde. Bon, d'accord, un seul ennemi à la fois. Ils recommencèrent à se battre.

Mais ce n'était pas si simple. Cela faisait des mois que l'esprit torturé d'Harry flirtait avec la démence. Ca revenait, puis ça repartait, comme une vague qui balayait toute pensée cohérente dans sa tête. Il était bien obligé de se concentrer pour reprendre le dessus de temps à autre. Sinon, il savait qu'il finirait noyé en peu de temps.

-Je t'ai dit que tu devais te concentrer uniquement sur moi, dit Sophia de sa voix monocorde.

-Je peux pas ! Protesta Harry en évitant un sort de justesse. T'es marrante, toi, avec tes leçons ! Quand on a deux ennemis, on se bat contre les deux, sinon on se fait tuer par celui qu'on ne regarde pas !

Il jeta un tarantallegra et dévia un expelliarmus dans la foulée. Soudain, Sophia jeta sa baguette par terre et croisa les bras. Harry fit un mouvement en arrière, surpris. Il fixa un moment Sophia, s'attendant à un piège, mais elle ne fit rien du tout. Elle ne dit pas un mot, elle ne bougea pas, elle resta simplement les bras croisés à le regarder.

-Mais enfin… Bafouilla Harry au bout d'un moment. Qu'est-ce que tu fais ?

-Une démonstration.

-Une quoi ?

-Tu pars du principe que le combat est inévitable. C'est une erreur. Tu as le pouvoir d'arrêter l'affrontement quand tu le désires.

-Je vois. Donc la prochaine fois que je verrais Voldemort, je n'aurais qu'à lui jeter ma baguette à la figure, et c'est à ce moment-là qu'il est censé m'inviter à prendre le thé, rétorqua ironiquement Harry. C'est là que doit intervenir le meeerveilleux pouvoir de l'amour, et hop, la guerre est finie et tout le monde s'embrasse.

-Tu ris de choses graves et tu refuses de reconnaître leur importance, répondit calmement Sophia. Il est stupide de nier le pouvoir de quelque chose simplement parce qu'on en ignore tout. Par ailleurs, je ne te parle pas de Lord Voldemort, mais de la guerre que tu mènes contre ta propre colère. Lorsque tu te bat contre toi-même, tu es condamné à perdre quelque soit l'issue. Mais tu as aussi tout pouvoir pour arrêter ce combat inutile, puisque tu es à la fois l'attaquant et l'attaqué.

-Mais je n'y arrive pas ! Répliqua Harry. J'essaye mais je ne peux pas. Je-ne-peux-pas ! Dès que je me relâche, ça me dévore à l'intérieur, je ne peux pas le contrôler.

-Tu dois pourtant apprendre à le faire, ou bien tu perdras.

-Et alors ? S'écria Harry. Qu'est-ce que ça peut bien te faire, à toi ?

Sophia le fixa plusieurs secondes de son regard dénué d'émotion.

-Tu ramènes tout à toi, Harry Potter, dit-elle enfin. Ton sort m'indiffère, mais ta destinée est liée à celle de beaucoup d'autres gens. Tes actes ne sont pas sans conséquence.

Harry ne trouva rien à répondre à ça. Elle disait la stricte vérité, et il le savait. Sauf qu'il n'avait pas vraiment envie d'entendre cette vérité-là. Ca, et les paroles de Ginny, et l'article dans le journal, et le compte des morts que Ron avait annoncé comme une récitation apprise par cœur…

Ca lui faisait l'effet d'une violente gifle qui le réveillait d'un long évanouissement. Ca faisait mal, et ça le laissait complètement sonné.

Sophia décréta la fin de la séance et Harry repartit vers sa Salle Commune. Il faisait déjà nuit hors de la Salle Sans Porte, et le couvre-feu était passé. Malheureusement il n'avait pas pensé à emporter sa cape d'invisibilité. Il essaya d'avancer le plus silencieusement et le plus discrètement possible dans les couloirs sombres.

Il eut de la chance et arriva sans encombre au portrait de la Grosse Dame. Il était sur le point de la réveiller pour lui dire le mot de passe, mais le portrait s'ouvrit de lui-même avant qu'il ait prononcé un mot. Ginny apparut par l'ouverture. Elle sursauta en voyant Harry, puis elle le reconnut et sourit.

-Où est-ce que tu vas ? Chuchota-t-il.

Elle ne répondit rien et posa un doigt sur ses lèvres. Elle continua son chemin sans un mot et disparut au bout du couloir. Harry, pensif, ne pensa même pas à en profiter pour passer et laissa le portrait se refermer. Qu'est-ce que Ginny faisait dehors à une heure pareille ? Toute seule ? Si elle avait été avec Dean, encore, il aurait compris…

Il se secoua. Après tout ce n'étaient pas ses affaires, et s'il restait là il risquait de se faire prendre. Il donna le mot de passe à la Grosse Dame qui lui ouvrit avec un large bâillement, et il monta directement dans son dortoir.

C'était la première fois depuis longtemps qu'il se couchait dans son lit. Il découvrit soudain que ses nuits agitées l'avaient complètement épuisé. Il s'endormit sur-le-champ d'un sommeil tranquille.

Bien longtemps après, il y avait une fenêtre toujours allumée dans l'une des nombreuses tours de Poudlard. A cette fenêtre, il y avait un vieil homme, un très vieil homme, qui ne s'était d'ailleurs jamais senti aussi vieux de sa vie. Mais il savait qu'il était loin d'être au bout de ses peines.

-Vous n'avez toujours pas trouvé sa trace, n'est-ce pas ? Demanda Dumbledore.

-Non, professeur, répondit Charlie Weasley. Je suis désolé, mais il y a tellement longtemps…

-Je sais, oui, soupira-t-il.

-Je chercherais encore, assura Charlie. Nous finirons bien par trouver.

-Le tout est de trouver avant Voldemort, intervint Lein de sa voix tranquille.

Albus vint s'asseoir à son bureau. Il sortit sa baguette, et la plongea dans la brume argentée de la pensine.

-D'après nos espions, il n'est pas plus avancé que nous, affirma-t-il. Mais il est certain qu'il cherche activement. Surtout, soyez bien prudent, ajouta-t-il à l'adresse de Charlie.

-Je fais attention, dit le jeune homme d'un ton rassurant. Pour le moment, aucun Mangemort ne m'a repéré.

Albus Dumbledore lui sourit.

-Vous devriez retourner au QG, maintenant, Charlie. Je suis certain que vous avez besoin de sommeil. De plus, Molly et Arthur doivent sûrement vous attendre.

-Bonne nuit, professeur Dumbledore, professeur Lein, dit Charlie.

-Bonne nuit, répondirent les deux enseignants.

Charlie prit jeta de la poudre de cheminette dans la large cheminée de Dumbledore et annonça : « 12, Place Grimmaurd ».

-Tu penses qu'il y arrivera ? Demanda Iora Lein une fois qu'il eut disparut.

-Honnêtement, Iora, je n'en sais rien, répondit Dumbledore.

Il contempla longuement les reflets sombres qui apparaissaient et disparaissaient dans sa pensine.

-Il est d'autant plus important pour nous tous que tu restes ici, ajouta-t-il d'une voix fatiguée.

-Tu ne devrais pas t'inquiéter autant, Albus. Un peu de th ?

Il hocha la tête en signe d'approbation. Elle agita sa baguette et fit apparaître deux tasses sur un plateau.

-Toi et moi nous en avons vu d'autres, reprit-elle en sirotant son thé. Nous ne nous laisserons pas avoir par ce gamin trop prétentieux.

Albus eut un petit rire. Il était content que sa vieille amie soit là. Cela lui rappelait sa jeunesse.

-Bon ! Allons nous coucher, décréta la vieille dame. Il doit être au moins deux heures du matin, et j'ai cours, moi, demain.

Elle fit disparaître sa tasse et se leva.

-Au fait, que penses-tu de tes élèves ? Demanda le Directeur en se levant à son tour.

Lein lui adressa un regard perçant.

-Tu penses à un élève en particulier, en disant ça, n'est-ce pas ?

Dumbledore ne prit pas la peine de répondre. Qui pouvait espérer cacher quelque chose à Iora ? Certainement pas lui.

-Harry Potter ne va pas bien du tout, Albus.

On pouvait déceler une légère mélancolie dans la voix tranquille de Iora Lein. Non, personne ne pouvait rien lui cacher, et cela depuis toujours. Et malgré son âge avancé, il lui arrivait encore parfois de souhaiter qu'il n'en soit pas ainsi.

-Mais il est capable de surmonter ça, poursuivit-elle. Je n'ai jamais rencontré personne de plus exceptionnel que ce garçon. Je suis persuadé qu'il s'en sortira. Tout est une question de temps…

-Je l'espère, murmura Dumbledore.

-A part ça, pour la plupart ils sont assez en retard, tes élèves. En tout cas du point de vue pratique, fit Iora d'un ton plus léger. A part un petit groupe d'entre eux. D'ailleurs, j'ai l'impression qu'il y a derrière ça quelque chose que tu sais et que tu ne me dis pas.

-Qu'est-ce que tu veux dire par l ? Fit Albus innocemment.

-Ces élèves… Ils ont un niveau nettement différent des autres. Et ils semblent tous se connaître. Quand un fils de Mangemort joue les provocateurs, ils se regroupent entrent eux et font face ensemble. Leur comportement pendant mes cours montre qu'ils sont habitués à se battre ensembles. Pourtant, ils ne sont ni tous de la même maison, ni tous de la même année. Est-ce que ce n'est pas curieux ?

Dumbledore ne put s'empêcher de rire, et pendant qu'ils marchaient en direction de leurs chambres, il raconta à Iora l'histoire de son Armée.

Pffiou… mes chapitres sont de plus en plus longs. Onze pages pour celui-là… Et nous n'en sommes, je le rappelle, qu'à la troisième semaine de Septembre. Après cinq chapitres, plus un prologue. Cette fic est censée aller jusqu'à la fin de la septième année d'Harry… En bref, on est pas sortis de l'auberge, les copains.

Enfin, à partir de maintenant, ça devrait aller plus vite. Déjà, dans le prochain chapitre, on va faire un bon dans le temps jusqu'à Halloween. A priori, il n'y aura pas de quoi s'ennuyer. Je sens que je vais encore rallonger mes chapitres moi… Y a déjà deux pages d'écrites. (Je suis en admiration totale devant ces auteurs qui ont plusieurs chapitres d'avance. Comment peuvent-ils résister à la tentation de les publier immédiatement ?)