-Très bien, Neville.

C'était probablement la première fois de sa vie que Neville recevait des compliments d'un professeur autre que Chourave. Il en était rouge de plaisir. Quand à Malfoy, il avait pris une teinte verte qui ne lui allait pas du tout. Que cette sang-de-bourbe de Granger soit meilleure que lui, c'était déjà dur à avaler, mais être dépassé par Neville en cours de Défense Contre les Forces du Mal, c'était pire que tout.

Derrière, la grande majorité des Gryffondors affichaient une expression ravie. Neville n'était pas le meilleur de la classe, mais il était bon et il ridiculisait régulièrement Malfoy, ce qui les faisait toujours rire.

Les cours de Lein s'avéraient finalement très intéressants. Elle les faisait se battre en duel quasiment en permanence. Elle formait elle-même les duos à chaque fois en fonction des niveaux des élèves. Puis elle se promenait, s'asseyait, tricotait, se promenait encore, et faisait en passant de petites remarques qui étaient toujours extrêmement justes.

Elle écrivait de temps en temps au tableau des sortilèges avec les quelques indications pour les réaliser, les élèves étaient libres de les essayer ou pas. Harry apprit ainsi certaines choses très utiles, comme le sortilège « ligare », qui permettait d'attacher quelqu'un, ou le « constructum » qui permettait de conjurer un petit mur de protection devant soit.

Parallèlement, il continuait à se battre contre Sophia chaque mardi soir. La Serpentard persistait envers et contre tout à lui apprendre à… Comment disait-elle déjà ? Ah, oui. « Ne pas se heurter à un ennemi qu'on ne peut vaincre, mais se laisser traverser par lui. » Le fait qu'Harry n'ait toujours pas compris ce qu'elle voulait dire par là ne semblait pas la décourager le moins du monde. Mais y avait-il réellement quelque chose dans l'univers capable de perturber Sophia ? Harry en doutait.

Ron et Hermione s'étaient rendus compte qu'Harry disparaissait chaque semaine à la même heure, mais ils ne posaient aucune question. Peut-être avaient-ils peur qu'il les fuie de nouveau. Ils le regardaient toujours avec une lueur d'inquiétude quand il rentrait tard, le mardi soir, mais ils ne disaient jamais rien et Harry leur en était reconnaissant. Il n'avait aucune envie d'avoir à expliquer la relation très curieuse qui l'unissait à Sophia. Déjà qu'il n'y comprenait rien lui-même…

Ces dernières semaines, Harry avait l'impression qu'il marchait sur un fil et que le moindre mouvement de travers risquait de le faire basculer soit dans la folie furieuse, soit dans l'indifférence la plus totale.

Mais du haut de son équilibre assez précaire, il avait retrouvé une existence presque normale. Il travaillait tard le soir pour faire tous ses devoirs en retard, échangeait des regards assassins avec Rogue, et se moquait de Ron chaque fois qu'il jouait les grands frères paranoïaques avec Ginny.

Les entraînements de Quidditch avaient repris, eux aussi, ce qui était un grand soulagement pour lui. Rien ne le calmait mieux qu'une épuisante séance de vol. Alors que ses séances avec Sophia lui laissait chaque fois un sentiment de profond malaise, le quidditch le vidait de sa tension et rendait ses pensées plus claires.

L'équipe avait été reconstituée, et Ginny jouait maintenant au poste de poursuiveuse, en remplacement d'Angelina qui avait quitté l'école. Alicia avait été remplacée par Andrea Jones, la camarade de dortoir de Ginny, ce qui avait horrifié la jeune Weasley. Katie Bell avait été désignée comme capitaine. Elle travaillait d'arrache-pied pour reconstruire une unité dans la toute nouvelle équipe. Tellement d'arrache-pied que Ginny la traitait parfois (souvent) de tyran.

Mais l'acharnement de Katie faisait son effet, les résultats n'étaient pas mauvais. Il arrivait même qu'Andrea et Ginny fassent une séance d'entraînement pratiquement sans s'insulter.

Mais c'était assez rare, hélas.

Bref, Harry s'était débrouillé pour arriver jusqu'au mois d'Octobre sans sombrer définitivement dans la folie, ce qu'il n'aurait jamais cru possible quelques semaines plus tôt.

-Vous rêvez, Harry ? Demanda le professeur Lein.

Il sursauta, mais vit qu'il n'y avait aucun reproche sur le visage du professeur.

-En quelque sorte, oui, dit-il, un peu mal à l'aise.

-Ce n'est guère passionnant, n'est-ce pas ? Ajouta-t-elle.

Elle désigna d'un signe de tête le Poufsouffle que Harry était censé observer, et qui se battait maladroitement contre un Serpentard balourd.

-Non, en effet, répondit-il avec un sourire.

Iora Lein sourit à son tour et s'assit à la place vide près d'Harry. Elle sortit son éternel tricot, qui ne semblait décidément jamais la quitter.

-Votre niveau est excellent, Harry. Vous êtes bien plus doué que n'importe qui dans cette classe.

Harry ne savait pas trop quoi répondre, et il préféra ne rien dire.

-Ce n'est pas surprenant, naturellement, reprit Lein au bout d'un moment. Après tout ce que…

-J'ai eu de la chance, répondit abruptement Harry. Enfin… Si on peut dire, ajouta-t-il avec un sourire sans joie.

-De la chance ? Peut-être. A condition de la prendre au vieux sens du terme. La chance qui joue avec les hommes, la fatalité qui s'abat sur les héros grecs et les condamne à jouer un rôle dans une tragédie qu'ils n'ont pas écrite.

Harry lui jeta un regard circonspect. Elle avait dit tout cela d'un ton presque léger, et sans cesser de tricoter.

-Albus ne croit pas à la chance, continua-t-elle. Il ne croit qu'à l'importance des choix et du libre arbitre.

-Vous n'êtes pas d'accord avec lui ? Demanda Harry d'un ton qui se voulait détaché.

-D'une certaine manière, si, en fait. Vous voyez, Harry, ce n'est pas parce que certaines choses sont écrites qu'on est privé de liberté… La vie m'a apprise qu'on peut jouer avec les mots. On peut leur faire dire des choses qu'ils ne voulaient pas dire au départ. C'est là toute la différence entre un acteur jouant son rôle sur la grande scène du monde, et une simple marionnette prisonnière de ses fils. Ne laissez personne vous transformer en pantin de bois, Harry. Pas même les étoiles.

Et la vieille dame se leva, son tricot dans les mains, laissant derrière elle un Harry légèrement désorienté.

-Ouf ! Terminé ! Dit Ron en s'asseyant avec soulagement à la place que Lein avait laissée vide.

Il venait de battre Michael Corner, mais il avait eu du mal. Ce diable de Serdaigle se battait bien. Hermione s'installa de l'autre côté d'Harry, assez fatiguée elle aussi.

-De quoi est-ce qu'elle te parlait, Harry ? Demanda-t-elle en jetant un regard suspicieux en direction de Lein.

-De tragédies grecques, répondit pensivement Harry.

Ron et Hermione le regardèrent avec des yeux ronds. Harry haussa les épaules. Lui non plus, il ne comprenait pas.

Le professeur Lein annonça la date de rendu des prochains rapports d'observation, et les élèves quittèrent la classe bruyamment. Depuis trois jours, on ne parlait plus que de la fête d'Halloween dans le château. Elle avait lieu le soir-même. Harry, Ron et Hermione saluèrent en passant Hagrid qui marchait dans le couloir avec sous les bras plusieurs énormes citrouilles.

En entrant dans leur Salle Commune, les Gryffondors constatèrent qu'elle avait été décorée, sans doute par des élèves. Ils avaient jeté un sort pour changer les tissus rouges en orange, et plusieurs citrouilles flottaient dans les airs avec des lumières clignotantes. Elles étaient loin d'être aussi impressionnantes que celles d'Hagrid, mais l'effet n'était pas mal du tout.

Harry leva la tête, admiratif, et avança le premier dans la Salle Commune.

-Non ! Harry, attention ! Cria Neville de l'autre bout de la pièce.

Trop tard. La citrouille qu'il regardait se mit à trembler violemment quand il passa dessous, et elle explosa juste au-dessus de lui.

Il devint orange de la tête aux pieds.

Tout le monde éclata de rire, Harry y compris. Il crut voir qu'il n'était pas le premier à se faire piéger. Parvati était encore en train de nettoyer ses vêtements à petits coups de baguette, mécontente, et Neville le regardait avec un air compréhensif qui en disait long.

Harry sortit sa baguette et commença à jeter des sorts de nettoyage sur sa robe, pouffant de rire à moitié.

-Arrête de rigoler bêtement, dit-il à Ron en tentant vainement d'avoir l'air sérieux. Aide-moi plutôt à nettoyer ça.

Ron maîtrisa son fou rire et s'exécuta. Seule Hermione ne souriait pas du tout. Elle avait son air de « je-n'aurais-pas-de-répit-avant-d'avoir-découvert-les-coupables. », un air qui la faisait curieusement ressembler à Mac Gonagall. Elle décida d'examiner la chose de plus près, leva sa baguette et jeta :

-Accio citrouille !

Une citrouille vola rapidement jusque dans ses mains. A l'instant ou Hermione toucha l'objet suspect, celui-ci explosa à son tour, libérant un bout de parchemin qui flotta quelque temps dans les airs avant de tomber par terre. Un nouvel éclat de rire général salua une préfète exaspérée et totalement orange. Elle ramassa le parchemin, le lut, et contre toute attente se mit à rire à son tour.

Ron, surprit, attrapa le bout de parchemin. Il se remit à rire, lui aussi. Harry s'approcha pour lire par-dessus son épaule. Il était écrit :

« Raté, Hermione !

F&G. »

-Il n'empêche, dit Hermione, redevenue sérieuse, je me demande comment ils font. Les élèves n'ont pas pu ramener toutes ces farces et attrapes dans leurs valises, il y en a trop qui circulent un peu partout dans le château. Et elles se renouvellent sans arrêt. Pas mal de ces objets sont trop gros même pour être envoyés par colis. Et pourtant, Fred et George arrivent à vendre leurs farces et attrapes aux élèves, c'est évident. Je me demande vraiment comment ils peuvent introduire tout ça dans le château.

Elle réfléchi quelques secondes, préoccupée, puis soudain se dirigea vers le portrait de la Grosse Dame.

-Hey ! Cria Ron. Où est-ce que tu vas ?

-A la bibliothèque, répondit Hermione sans ralentir. Je doit vérifier quelque chose.

-Non ! Crièrent Harry et Ron d'une seule voix, alors qu'elle s'apprêtait à pousser le portrait.

-Pourquoi ? Demanda Hermione, agacée.

-D'abord, dit Ron, parce que c'est Halloween, et qu'en plus on est vendredi soir. Tu ne vas pas travailler maintenant.

-Ensuite, poursuivit Harry avec un large sourire, parce que tu risquerais une retenue si tu croisais Rusard.

-Ah ? Fit Hermione sans comprendre.

-Les uniformes oranges ne sont pas réglementaires, acheva Harry en riant.

Hermione rougit et s'empressa de nettoyer ses vêtements.

Lorsque Harry et Hermione eurent enfin fait disparaître les dernières traces de citrouille de leur uniforme, il était l'heure de descendre dans la Grande Salle. Le trio fut rejoint par Ginny, Dean, Seamus et Neville, et ils se mêlèrent à la foule des élèves qui se pressait vers le festin.

Quand ils entrèrent dans la Grande Salle, un garçon lutta contre le flot des élèves pour s'approcher d'eux.

-Ginny, dit-il dès qu'il fut assez près pour se faire entendre sans crier, fait attention, les bandes de Malfoy et Avery sont bizarres ce soir, et…

Mais il fut écarté d'eux par la masse et ne put pas terminer sa phrase.

-Qui c'est, Ginny ? Demanda Ron, les sourcils froncés. Un ami ?

-En quelque sorte, marmonna-t-elle, soucieuse. Willi est de la même année que moi.

Elle le chercha du regard, mais il y avait trop de mouvement et elle ne le trouva plus. Elle haussa les épaules et accompagna ses amis jusqu'à la table de Gryffondor.

Comme d'habitude, la table était entièrement couverte de plats aussi variés que délicieux. Harry se servit généreusement. Il y avait des moments ou il arrivait presque à croire que sa vie était normale, et ce moment-là en était un. Alors qu'il passait les plats à Parvati et qu'il se moquait avec Ron du ridicule chapeau de Trelawney, il se sentait comme n'importe quel garçon de seize ans anonyme. C'était incroyablement reposant.

-Hey, Harry ! Fit Seamus en ricanant, il avait raison, ce garçon, tout à l'heure, regarde un peu la tête que tire Malfoy. Hé hé ! On dirait qu'il a avalé une arrête de travers !

Harry jeta un œil à la table des Serpentards. Malfoy était étrangement silencieux et discret, et il n'était pas le seul. Quelque chose ne semblait pas normal… Il échangea un regard avec Hermione. Elle avait vu elle aussi. Toute la question était de savoir si c'était mauvais ou bon signe.

Il n'eut pas à attendre longtemps la réponse.

La porte de la Grande Salle s'ouvrit à la volée. Un silence brutal tomba dans la pièce, alors qu'un homme hagard entrait en criant :

-A l'aide ! S'il… vous… plait…

Pomfresh, Dumbledore et plusieurs professeurs se précipitèrent à sa rencontre. L'infirmière voulut l'emmener s'asseoir, mais il la repoussa violemment.

-A Pré-au-Lard, gémit-il. Mangemorts… Partout ! Il faut nous aider…

Des cris commencèrent à monter des tables, certains se levèrent pour mieux voir.

-Calmez-vous ! Fit Dumbledore d'une voix forte.

Le silence retomba aussitôt et tout le monde se rassit.

-Combien sont-ils ? Demanda-t-il à l'homme.

-Je sais pas, fit-il en secouant la tête, égaré. Vingt… Plus…

Lein, Rogue, Mac Gonagall et Hagrid étaient déjà derrière le Directeur, prêts à partir.

-Iora, tu restes ici, dit Dumbledore au professeur Lein.

Il parlait à voix basse, mais il était suffisamment près d'Harry pour qu'il arrive à entendre.

-Mais… Protesta Lein.

-C'est trop risqué, interrompit-il, et il faut qu'une personne compétente reste à Poudlard pour protéger le château.

Elle hocha la tête en signe d'approbation. Chourave et Flitwick s'approchèrent.

-Si vous y allez, nous y allons aussi, Dumbledore, affirma Chourave.

-Nous ne resterons pas ici avec ce qui se passe là-bas, confirma Flitwick.

-Bien, dit le Directeur. Suivez-moi.

Il s'adressa aux élèves avant de partir :

-Ne bougez pas d'ici et restez calmes ! L'école est placée sous la responsabilité du professeur Lein jusqu'à notre retour.

Il se dirigea vers la sortie suivi de ceux qui l'accompagnaient, pendant que Pomfresh emmenait l'homme de Pré-au-Lard à la table des professeurs afin qu'il puisse manger un peu. Une vague de murmures inquiets emplit la pièce après le départ de Dumbledore. Les élèves connaissaient les gens de Pré-au-Lard, certains y avaient de la famille ou des amis.

Harry jeta un œil à la table des Serpentards et croisa le regard de Malfoy. Celui-ci lui adressa un sourire froid et satisfait. La rage d'Harry monta si violemment qu'il ne le senti même pas venir, il tenta de bondir de son banc mais une poigne ferme saisit son bras et le maintint assis.

-Ne fais pas ça, dit Ron.

Harry fit un mouvement brutal pour dégager son bras. Ses yeux verts brûlaient de la colère furieuse qui s'était emparée de lui. Hermione se joignit à Ron pour le maîtriser.

-Pas maintenant, Harry, pas maintenant, fit-elle.

Harry ne bougea plus mais il ne semblait pas calmé pour autant.

-Ils savaient, siffla-t-il. Ils savaient.

-Je sais, dit Hermione d'une petite voix.

Le regard d'Harry était celui d'un fou. Il ne semblait plus conscient de ce qu'il faisait, et il fixait la table des Serpentards sans la voir.

-Je… vais… les tuer, articula-t-il avec difficulté.

-Tu ne vas tuer personne, Harry, répondit Ron en essayant de garder une voix calme. On va attendre le retour de Dumbledore. C'est certain qu'il va mettre une raclée à ces saletés de Mangemorts. Tout va bien se passer. Tiens, tu devrais boire quelque chose.

Avec de grandes précautions, il tendit un verre à son ami et relâcha la pression sur son bras. Harry regarda Ron, puis le verre. Il le prit et bu lentement son jus de citrouille. Ca le calma un peu. Suffisamment pour qu'il puisse reprendre le dessus et retrouver la raison. Les gryffondors autour le regardaient, effrayés. Hermione semblait paniquée. Ron n'avait jamais eu l'air aussi sérieux de sa vie. Il le fixait comme une bombe sur le point d'exploser. Ce qui n'était d'ailleurs pas très loin de la réalité.

-Désolé, murmura-t-il.

Ses mains tremblaient un peu. Bien qu'il ait l'estomac noué, il bu encore du jus de citrouille et essaya d'avaler ce qu'il y avait dans son assiette.

Il jeta un œil à la table des professeurs. Lein avait recommencé à manger, mais sa baguette était posée à côté de son assiette, et elle avait un regard concentré comme si elle était attentive à quelque chose d'extérieur à la pièce. A côté d'elle, il ne restait plus que les professeurs Sinistra, Vector et Trelawney qui discutaient à voix basse, et Pomfresh qui tentait de calmer l'homme de Pré-au-Lard.

Certains élèves fixaient la porte avec anxiété, comme s'ils craignaient une nouvelle annonce catastrophique. D'autres ne quittaient pas Lein des yeux, espérant on ne savait trop quelle protection. La plupart avaient prit le parti de discuter entre eux des derniers évènements et de ce qui risquait d'arriver maintenant.

-Une attaque si près de Poudlard, c'est troublant, commentait Hermione. V-Voldemort veut clairement montrer à Dumbledore qu'il ne le craint pas… En tout cas pas autant qu'avant.

-Tu crois qu'il est devenu plus fort ? Encore plus fort qu'avant sa disparition ? Demanda Seamus.

-Est-ce que c'est possible ? Fit Parvati d'une petite voix.

-C'est certain qu'il n'avait jamais osé faire ça avant, marmonna Ron. Mon père dit…

-Ginny ? Interrompit Harry. Qu'est-ce qu'il y a ?

Elle s'était soudain figée. Ses yeux semblaient fixer quelque chose de précis, mais Harry suivit son regard et ne vit rien de spécial à part des gryffondors inquiets, comme tous les autres.

-Non, murmura-t-elle alors que son visage se décomposait.

A présent tout le monde la regardait.

-Ginny ! Il y a un problème ? Demanda Ron, inquiet.

Elle se tourna vers lui avec une lueur de panique dans le regard, mais sa voix était étrangement calme alors qu'elle répondait :

-Les Détraqueurs sont ici.

Tous ceux qui avaient entendus ouvrirent la bouche en même temps, mais ils n'eurent pas le temps de poser la moindre question. Lein s'était levée d'un coup, et elle courait à moitié dans la Grande Salle, sa baguette à la main, en criant :

-Bloquez les portes ! Bloquez les portes et surtout ne sortez pas !

Elle s'arrêta soudain à mi-chemin, tremblante, et prit son visage dans ses mains. A la table des Gryffondors, une fille renversa son jus de citrouille et poussa un cri de peur. Tout le monde fixait le professeur, tétanisé. Et puis Iora Lein tomba, comme une masse. Au même moment, un froid glacé envahit la pièce et toutes les lumières s'éteignirent, y compris les étoiles du plafond magiques.

Des cris de terreur retentirent soudain, de plus en plus nombreux, beaucoup d'élèves se levèrent pour s'enfuir.

-NON ! Cria Harry. Ne sortez pas ! Bloquez les portes et restez à l'intérieur !

Il se leva et se précipita vers les portes pour les verrouiller.

-L'AD avec moi ! Hurla-t-il. BLOQUEZ LES PORTES !

-Enluminare ! Fit Hermione.

Aussitôt, de petites flammes surgirent de sa baguette, s'élevèrent et restèrent suspendues dans l'air, ramenant la lumière dans la pièce. Les membres de l'AD tentèrent aussitôt de rejoindre Harry.

-Ron, portes Est, Hermione, portes ouest, moi portes Nord ! Cria Harry à ses amis sans cesser de courir. Ramenez tout le monde et fermez derrière vous !

Ils obéirent aussitôt, et ceux de l'AD qui avaient accouru se divisèrent en trois groupes pour les suivre. Il y eut un grand fracas quand un banc se renversa, entraîné par les élèves paniqués. Mais au moment où Harry arrivait aux portes principales, le mouvement de foule s'inversait. Les fuyards s'étaient trouvés nez à nez avec les Détraqueurs qui arrivaient de partout. Harry eut toutes les peines du monde à ne pas se faire entraîner à l'intérieur.

-Spero Patronum ! Cria-t-il.

Mais rien ne sortit à part une petite brume argentée

-Eh merde, c'est bien le moment, CONSTRUCTUM ! Fit-il dans une vaine tentative d'arrêter les Détraqueurs.

Le mur qu'Harry venait de dresser devant eux parvint à peine à les ralentir. Des élèves restaient plantés là, hébétés, incapables de s'enfuir. Lui même sentait la torpeur dangereuse s'emparer de lui. Ils étaient si nombreux ! Il se retourna. Il avait derrière lui Lavande, Parvati, Dean, Terry et Susan.

-Ramenez les autres à l'intérieur pendant que j'essaie de repousser les Détraqueurs, ordonna-t-il.

Ils commencèrent aussitôt à évacuer les élèves qui ne pouvaient pas marcher à l'aide de sortilèges de lévitation. Harry courut vers un garçon de troisième année qui était à genoux et se balançait d'avant en arrière, les yeux vides, sans remarquer que trois Détraqueurs se penchaient dangereusement vers lui. Ils étaient si près de lui, ils étaient sur le point de…

-Spero Patronum ! hurla désespérément Harry.

Il pensa de toutes ses forces à Ron et Hermione, qui étaient sans aucun doute en danger à cette seconde.

-SPERO PATRONUM !

Le cerf argenté daigna enfin montrer son nez, et les Détraqueurs qui se pressaient tout autour furent obligés de reculer. Harry jeta un Wingardium Leviosa au troisième année apathique et retourna en vitesse avec lui dans la Grande Salle. Il ne restait déjà plus qu'une porte ouverte. Lavande et Dean refermèrent les battants dès qu'il eut franchit le seuil, et Terry verrouilla immédiatement la porte. Harry déposa le garçon le plus délicatement qu'il put et s'appuya contre un mur. Il découvrit soudain qu'il était complètement épuisé.

Il sentait la présence des Détraqueurs qui revenaient, tout près, si près, juste de l'autre côté de la porte. Et ce vide terrible qui se creusait dans son ventre… Il n'entendait plus rien que ce silence éternel, il ne voyait plus rien… A part un froissement de voile…

-Harry ? Interrogea Dean. Est-ce que… Ca va ?

Harry regardait dans le vague, le visage blême.

-Ne me laisse pas seul, murmura-t-il si bas que Dean l'entendit à peine. S'il te plait, ne me laisse pas. Sirius…

Il se laissa glisser à terre et perdit connaissance.

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-Incendio ! Incendio ! Jetait Hermione sans arrêt.

Il s'avérait que c'était le sort le plus efficace quand on ne savait pas faire un Patronus. Ca ne repoussait pas les Détraqueurs, mais ça les faisait un peu reculer, et ça les ralentissait. Pendant qu'Hermione les tenait à distance autant que possible, Ginny, Luna, Neville, Hannah et Justin ramenaient les retardataires à l'intérieur de la Grande Salle.

Mais malgré tous ses efforts, les Détraqueurs gagnaient du terrain, ils étaient nombreux, et leur présence l'affaiblissait terriblement. Elle ne savait pas combien de temps elle arriverait à tenir.

-Il en reste deux là-bas ! Cria Ginny. Elle désigna deux élèves, coincés dans un coin par quatre ou cinq Détraqueurs.

Hermione sentit des larmes couler sur son visage. Elle ne pouvait rien pour eux. Elle savait qu'elle ne pourrait pas repousser autant de Détraqueurs assez loin et assez longtemps pour que les autres puissent les récupérer.

A moins que…

-Levanima ! Jeta-t-elle avec ses dernières forces.

Le sol se souleva sous les Détraqueurs qu'elle avait visés et s'inclina. Ils basculèrent en arrière à deux mètres des deux élèves tétanisés. Ca laissait très peu de temps aux autres mais elle ne pouvait pas faire plus.

Neville lança aussitôt une série d'Incendio bien placés pour les tenir en arrière le plus longtemps possible, pendant que Ginny et Luna emmenaient chacune un rescapé aussi vite que leurs forces le leur permettait.

Hermione sentit ses jambes ployer sous elle et faillit tomber. Elle recula de quelques pas et parvint à se redresser. Elle ne pouvait pas laisser tomber maintenant, il en restait encore un à gauche en mauvaise posture qui ne s'enfuyait pas, trois en arrière qu'Hannah n'arrivait pas à bouger, et encore, toujours, mais ils n'arriveraient pas à tous les sauver. Ils étaient tous épuisés, les Détraqueurs étaient toujours plus près, ils n'auraient jamais le temps…

Soudain, elle vit un grand cerf argenté qui galopait vers eux et elle poussa un cri de joie. Ils étaient sauvés ! Elle resta là, incapable de bouger pendant quelques instants. Justin l'attrapa par le bras et la tira en arrière.

-Vite, on rentre ! Lui cria-t-il. Hannah et Neville sont en train de ramener les derniers.

Hermione se laissa entraîner. Justin et elle étaient les derniers, et ils devaient se dépêcher car le cerf était parti aussi vite qu'il était venu et les Détraqueurs commençaient à reprendre leurs esprits. Dès qu'ils eurent passé la porte, on referma derrière eux et Luna lança :

-Colloportus !

Hermione en pleurait de soulagement.

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Ron était celui qui avait le moins de travail. Les portes Est dont il s'occupait se trouvaient du côté de la table des Serpentards, et bizarrement la plupart de ceux-ci n'avaient pas paniqué. Ils étaient restés sagement assis devant leur dîner comme si de rien n'était.

-Ron ! On a finit ! Lança Seamus.

-Attends ! Il en reste un ! Répondit Ron.

Il venait d'apercevoir un première année dissimulé derrière une statue à quelques mètres. Non mais quel idiot, comme si les Détraqueurs se laissaient avoir par ce genre de cachette ! Ca avait seulement servi à le dissimuler aux yeux de ceux qui essayaient de l'aider…

Seamus fit demi-tour, et fit signe à Ernie, Anthony et Michael de rappliquer. Ils ne seraient pas de trop à cinq. Il y avait une dizaine de Détraqueurs entre eux et la statue, rien que ça…

Ils essayèrent de jeter tous les objets qui leurs tombaient sous la main pour écarter les Détraqueurs, mais ça n'eut pas le moindre effet.

-Stupefix ! Impedimenta ! STUPEFIX !

Autant essayer d'assommer un gorille avec du gravier.

-Ron ! Il faut qu'on y aille ! RON !

Il se retourna. Les Détraqueurs approchaient tranquillement et leurs coupaient peu à peu la retraite.

-Incendio ! Jeta-t-il dans une soudaine inspiration.

Les vêtements de l'un d'eux s'enflammèrent. Il recula de deux pas, éteignit la flamme d'un mouvement de la main, et reprit son approche. C'était encore ce qu'ils avaient trouvé de plus efficace jusque là, mais ce n'était pas ce qui allait les sauver à cinq contre vingt. Surtout à la vitesse où ils perdaient leurs forces… Ron avait du mal à tenir sa baguette tellement ses mains tremblaient.

-Il faut qu'on lance le même sort au même endroit, ensemble, pour ouvrir un brèche ! dit Ron.

Anthony Goldstein tomba évanouit.

-Incendio ! Jeta Ron, accompagné par les trois autres encore debout.

Les Détraqueurs s'écartèrent un peu, juste le temps pour Ron de voir les portes de la Grande Salle qui se refermaient.

-Nooon ! Gémit-il. Ne faites pas ça, at…tendez-nous… Harry ! Hermione !

Seamus et Michael Corner flanchèrent eux aussi. Ernie jetait désespérément des étincelles rouges avec sa baguette. Mais ça ne servait plus à rien, il n'y avait personne pour les voir. Ron s'évanouit à son tour.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, il vit vaguement le visage de son professeur d'astronomie penchée sur lui.

-Vous avez eu de la chance Weasley, dit le professeur Sinistra. Il était moins une.

-Poussez-vous, je vous prie ! Dit Pomfresh en l'écartant brusquement. Je dois m'occuper de lui !

-Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda Ron à Sinistra pendant que l'infirmière prenait son pouls. J'ai vu qu'on fermait les portes, et…

-Eh bien, il semblerait que M. Malfoy ai fait preuve de bien peu d'esprit de solidarité à votre égard. Il a apparemment prit peur pour sa propre sécurité et a voulu refermer les portes en vous laissant dehors. Mais heureusement pour vous, il s'est trouvé que certaines personnes étaient d'un autre avis.

Elle désigna un groupe d'élèves qui n'étaient ni Harry, ni Hermione, ni qui que ce soit de l'AD. Ils restaient à l'écart, les bras croisés et le visage sombre. Non loin de là, Ron pouvait voir Malfoy, Crabbe et Goyle étendus par terre.

-Pour cette fois je ne vous reprocherait pas d'avoir ensorcelé vos camarades, M. Ambers, dit le professeur Sinistra.

Le nommé Ambers eut un petit rire narquois à ces mots. Ron reconnut le garçon que Ginny avait appelé Willi plus tôt dans la soirée.

-Comment vont les autres ? Demanda Ron en regardant autour de lui.

-Veuillez cesser de vous agiter, Weasley, interrompit Pomfresh. Vos camarades vont aussi bien que possible dans les circonstances présentes.

Elle cessa enfin de l'examiner et alla se pencher sur Ernie MacMillan.

-Vous pouvez aussi remercier Potter, ajouta Sinistra. Son Patronus est venu écarter les Détraqueurs juste à temps. Sans lui, l'intervention de M. Ambers et de ses camarades aurait malheureusement été inutile. Nous avons juste eu le temps de venir vous récupérer, vous et ce jeune homme imprudent que vous avez visiblement tenté de secourir. Je me dois de vous féliciter, ainsi que vos camarades, pour votre courageuse intervention, M. Weasley. Mais si ça ne vous dérange pas trop, nous nous occuperons plus tard d'attribuer des points aux différentes Maisons.

Ron hocha la tête, ce qui lui donna un furieux mal de crâne. Il décida que dès qu'il serait en état de se lever, il irait voir comment allaient Harry et Hermione. En attendant il s'assit aussi confortablement que possible, avec des mouvements lents et précautionneux pour ne pas aggraver son mal de tête.

Il regarda à nouveau Malfoy, que personne n'avait pris la peine de réveiller, pas même les professeurs. Il ne put s'empêcher de rire, malgré la future migraine que ça lui promettait.

Quelqu'un lui tendit la main pour l'aider à se relever. Ron la prit et se mit debout.

-Salut, dit le garçon qui lui avait donné la main. Je suis Willi Ambers.

A ce moment-là Ron aperçut le blason de Willi et eut un drôle de choc. Serpentard…

-Merci, répondit-il tout de même.

Serpentard ou pas Serpentard, il lui devait plus que la vie. Willi eu un sourire moqueur. Le changement de ton de Ron ne lui avait pas échappé, et il en devinait facilement la cause.

-Surpris ? Demanda-t-il.

-Un peu, oui, admit Ron. Les Serpentards ont la réputation de se préoccuper d'abord de leur sécurité et après de celle des autres.

-Disons que je vois à un peu plus long terme que ce sombre abruti, répliqua Ambers avec une grimace adressée à Malfoy. En plus, ça fait un certain temps que j'ai des comptes à régler avec ceux-là. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis…

-C'est comme ça que tu es devenu ami avec Ginny ? Ajouta Ron, un peu tendu.

Sa petite sœur adorée s'était bien gardée de lui préciser à quelle Maison appartenait Willi quand il l'avait interrogée à son sujet. Ambers eut à nouveau un petit rire en voyant sa grimace de grand frère protecteur.

-Oui, répondit-il, effectivement c'est comme ça que nous avons conclu notre alliance, elle et moi. Je suis une espèce de franc-tireur chez les Serpentards, tout comme ces trois-là.

Il désigna deux garçons et une fille qui s'étaient tenus près de lui un peu plus tôt, et qui discutaient maintenant à voix basse, un peu à l'écart.

-On n'est pas très appréciés, ajouta Ambers. Nous nous sommes trouvés des ennemis communs, Ginny et moi.

-Ginny, murmura Ron.

Comment allait-elle, sa petite sœur ? Il fut pris d'un nouvel étourdissement. Ambers le retint et l'entraîna vers le centre de la pièce.

-Il ne faut pas rester près des murs, dit-il d'un ton léger. Les Détraqueurs sont justes derrière. On peut sentir leur influence d'ici. Et d'ailleurs, on ne sait pas combien de temps les portes vont tenir.

Comme pour confirmer ses paroles, une des portes trembla dangereusement sous un choc venu de l'extérieur. Elle ne céda pas, mais Ron sentit l'angoisse lui tordre le ventre. Par Merlin, Morgane et tous les mages, que faisait Dumbledore ?

Hermione était près d'Harry. Pomfresh lui avait dit que la présence d'amis était ce qui l'aiderait le mieux à se réveiller. Une demi-douzaine des membres de l'AD étaient avec elle, tout autour de lui. Ils voulaient tous qu'Harry aille mieux, non seulement parce qu'il était leur ami mais aussi parce qu'il était leur seule protection. Personne à part lui ne savait conjurer un Patronus. Si les portes cédaient avant le retour de Dumbledore, Harry serait leur unique rempart contre les Détraqueurs.

-Mais où est Ron, bon sang ? dit Hermione avec inquiétude.

-Ca va, j'arrive, j'arrive, répondit une voix fatiguée.

Ils levèrent tous les yeux vers Ron, qui avançait en vacillant au bras d'un Serpentard.

-Plus tard, les questions, dit-il en voyant leurs yeux ronds. Je vous présente Willi Ambers à qui on doit une fière chandelle. Comment ça va ? Où est Ginny ?

Ils se regardèrent. Le visage de Ron prit une expression inquiète tandis qu'il se laissait tomber près d'Harry.

-Je croyais qu'elle nous avait suivit, hasarda Hannah.

-Je la vois, dit Willi. Elle est restée trop près des portes… Je vais la chercher.

Je suis là, debout, et je ne me rappelle pas, et tout est si flou, j'étais assise, seulement assise, et je suis là, il y a cette odeur, si âcre, et ce malaise, et c'est poisseux sur mes mains, je ne me souviens pas, et tout est noir, si noir, ma tête… Et ce vide, si profond, si violent, une heure volée, perdue, dans le noir, et pourquoi ? Et comment ? Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Et sur mes mains, c'est sur mes mains, qu'est-ce que c'est… Du sang, du sang, partout, sur ma robe, sur mes mains. Je sais pas, je sais plus, j'écrivais, ma tête, si mal ! Qu'est-ce que j'ai fait ? J'écrivais, et plus rien, la néant, et mes mains, ce sang, ce sang n'est pas à moi, mais à qui est ce sang, à qui est ce sang, à qui est ce sang, à qui est ce sang…

-Ginny !

Elle entendit à peine son appel, ne sentit presque pas la douleur de la gifle sur sa joue, n'eut même pas conscience d'être brutalement entraînée à l'écart.

-Je suis désolée, murmura-t-elle. Je voulais tuer personne. Je voulais pas.

-Reviens, parmi nous, fillette, ce n'est pas le moment ! Intima la voix de Willi.

Il la gifla à nouveau. Cette fois, une lueur se ralluma dans son regard vide et elle parut enfin se rappeler où elle était.

-Willi Ambers, dit-elle d'une voix faible mais agressive, si tu recommences encore une fois je te le ferais amèrement regretter !

-On verra ça dès que tu seras de nouveau en état de tenir debout, rétorqua Willi avec ironie. Pour le moment tu ne ferais même pas peur à un Veracrasse.

-Toi, tu ne perds rien pour attendre, protesta-t-elle avec le peu de vigueur qui lui restait.

Elle se dégagea de Willi et alla en zigzagant vers la table des Gryffondors.

-Où est-ce que tu vas ? Interrogea-t-il.

Ginny ne répondit pas et tenta de prendre dans ses bras une fille qui était tombée évanouie à côté de son banc.

-Il faut les ramener au centre, expliqua-t-elle. Ca risque de durer un moment, cet espèce de siège, et l'influence des Détraqueurs devient plus grave avec le temps.

-Tu n'espères quand même pas arriver à la soulever ? Remarqua-t-il, dubitatif. Tu n'arrives même pas à te soulever toi-même.

-Bon ! Tu viens me donner un coup de main, oui ?!

Willi poussa un soupir d'exaspération et s'exécuta. Il prit la Gryffondor dans ses bras tandis que Ginny s'appuyait sur lui, et il ramena tout ce beau monde près de la petite troupe qui entourait Harry Potter. Il déposa la fille, et se fit aussitôt réquisitionner par Sinistra qui essayait de regrouper les élèves qui tenaient encore debout.

Ginny se laissa tomber à terre avec soulagement. Tout le monde la regarda avec anxiété.

-Ginny… Tu as un air épouvantable…

-Comme tout le monde je suppose, soupira Ginny. Où sont les autres ? Que font les profs ? Il faut… Il faut écarter tout le monde des portes…

-C'est ce que Sinistra est en train de faire. Elle regroupe les élèves qui sont en à peu près bon état pour qu'ils ramènent les autres au milieu, répondit doucement Hannah. Pomfresh est en train d'improviser des traitements avec la nourriture qu'il y a sur les tables. C'est dommage, le chocolat n'avait pas encore été servi…

-Le chocolat, murmura Ginny, les yeux dans le vague.

Elle tremblait et elle était encore plus pâle que les autres. Elle frottait ses mains l'une contre l'autre avec obstination, comme si elle voulait effacer une tâche d'encre qui refusait de partir. Hannah lui passa un bras autour des épaules pour la réconforter.

-Lein est toujours dans les pommes, ajouta Ron avec un soupçon d'exaspération. Trelawney est complètement apathique. Vector n'arrête pas de trembler et personne n'a réussi à lui arracher une parole cohérente. Quelle merveilleuse protection Dumbledore nous a laissée ! Qui a dit que Vous-savez-qui n'oserait jamais attaquer Poudlard ?

-Il pensait que Lein nous protégerait, dit Hermione, pensive.

-Parlons-en de Lein ! Elle est professeurs de Défense Contre les Forces du Mal, quand même…

-Le chocolat, murmura Ginny. Les cuisines…

Une idée se dessinait dans son esprit, mais elle avait tellement de mal à assembler ses pensées…

-Qu'est-ce que tu dis, Ginny ? Demanda Hermione, interrompant Ron dans sa diatribe.

-Les cuisines, répéta-t-elle. Les cuisines sont juste… en dessous de nous. Il y a la dalle, Hermione… La troisième… Non, la quatrième en partant du fond… Et la septième en partant du mur Ouest. Tu poses la main dessus et tu dis… « Aderanus ». C'est pour les cuisines.

Le visage fatigué d'Hermione s'éclaira.

-Deux volontaires pour une expédition aux cuisines, dit-elle aussitôt. On ramène autant de chocolat qu'on peut.

-Et on voit si on peut sortir d'ici pour prévenir Dumbledore, ajouta Dean avec enthousiasme. J'en suis !

-Moi aussi, déclara Susan.

Hermione partit avec eux vers le fond de la Grande Salle à la recherche du passage indiqué par Ginny. Ils n'eurent pas de mal à le trouver, et descendirent dans les cuisines où ils trouvèrent une centaine d'elfes de maison terrifiés.

Les elfes paraissaient très affectés par la présence des Détraqueurs, peut-être plus encore que les humains. Malgré cela, ils mirent toute leur énergie à réunir tout ce qui était au chocolat dans les cuisines, dès que la demande fût exprimée. Hermione, Dean et Susan chargèrent leurs bras de tout ce qu'ils pouvaient emporter.

Les elfes ne pouvaient pas envoyer le chocolat sur les tables comme ils le faisaient ordinairement, malheureusement. L'un d'eux expliqua à Susan, avec forces excuses, que la présence des Détraqueurs paralysait leurs pouvoirs.

Avant de partir, Hermione leur demanda s'il était possible de s'échapper par les cuisines, mais les elfes lui répondirent d'un air navré que toutes les issues étaient surveillées. Ils pouvaient sentir une haute concentration de Détraqueurs près de chaque sortie… Hermione poussa un soupir de découragement. Ils étaient complètement cernés.

Ils remontèrent dans la Grande Salle pour confier le chocolat à Pomfresh. Ils posèrent la réserve près d'elle, promettant d'en ramener encore si elle en manquait. Puis ils en prirent un peu pour leur propre groupe et allèrent rejoindre les autres.

Au moins, le chocolat leur permettrait de rester en à peu près bon état jusqu'à ce que les secours viennent. Il n'y avait plus qu'à prier pour que les portes tiennent. Ils pouvaient les entendre trembler régulièrement… Heureusement, elles étaient lourdes et bien fermées.

-Est-ce qu'on ne pourrait pas demander à un fantôme de porter un message ? Demanda soudain Susan, pleine d'espoir.

-J'y ai déjà pensé, répondit sombrement Hermione. J'ai demandé à Nick. Ils ne peuvent rien faire. Les fantômes sont encore plus affectés que nous par les Détraqueurs. J'imagine que le souvenir de leur propre mort ne doit pas être très plaisant.

Hermione s'assit près d'Harry, posa sa tête sur ses genoux, et essaya de lui faire avaler un peu de chocolat. A côté, les autres étaient de plus en plus pâles et silencieux. Hannah avait cessé de réconforter Ginny, et elle tremblait doucement, le visage dans ses mains. La jeune Weasley murmurait des paroles inaudibles tout en frottant frénétiquement ses mains. Neville suivait du doigt les nervures du carrelage de marbre, le regard vide de toute expression. La distribution de chocolat semblait urgente. Susan et Dean s'y attelèrent aussitôt.

-Il se réveille ! Cria Hermione d'une voix singulièrement aiguë.

Effectivement, Harry ouvrait les yeux. Il semblait à bout de force, à bout de volonté, mais enfin il était conscient, ce n'était pas si mal. Ca, plus la chaleur réconfortante du chocolat, cela ramena un peu de couleur sur les joues de chacun.

C'est ce moment que choisit Sophia Véliaris pour s'approcher d'eux.

-Vous avez un moyen de sortir d'ici, dit-elle de sa voix de glace. Je dois le connaître.

Ils levèrent tous les yeux vers cette fille qu'ils ne connaissaient pas et qui les dominait de son calme inébranlable. Elle ne semblait pas le moins du monde affaiblie par la proximité des Détraqueurs, alors qu'ils étaient tous tellement épuisés… Ils sentirent un frisson désagréable parcourir leur corps.

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Fin du chapitre 6

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Réponses aux reviews (enfin).

Oui je sais j'avais promis d'être rapide, mais bon, hein, on fait ce qu'on peut. Juré, je bosse! Et puis d'ailleurs, je suis justement en train d'écrire le prochain chapitre, là!

Bon, les réponses maintenant:

Pitite âme égarée:

Merci! Ca me fait très plaisir! Pour la fréquence des chapitres, pour le moment j'ai l'air de tenir le rythme à un par mois environ. Je devrais continuer comme ça. En général, je publie le vendredi. (mais pas de faux espoirs pour vendredi prochain, parce que d'abord faut que je finisse de l'écrire et puis que je l'envoie à ma beta-readeuse, et puis qu'elle me le renvoie... bref pour ce vendredi, à moins d'un miracle c'est mort. Désolée!)

Pandoria:

Héhé, ma fidèle revieweuse! Un chapitre en une semaine? Qu'est-ce que je voudrais! Un jour, je truciderais sauvagement mon groupe projet, je m'évaderais de mon école, et j'irais écrire des fanfictions toute la journée aux Marquises, assise au bord d'une falaise sous un cocotier *prend un air rêveur*. Enfin, c'est pas pour demain. T'inquiètes pour Harry, avec ce que je lui prépare il ne va pas rigoler souvent *sourire sadique*.

Camilla:

Qui est la fille qui a sauvé Harry? Ca se saura! Dans quelques chapitres. (Plus beaucoup, normalement. Quoique. Déjà, celui-là et celui d'après, ça devait en faire qu'un mais ça devenait trop loooong! L'ai coupé en deux.)

Eriakins:

Contente que la longueur te dérange pas, parce que plus ça va plus ça augmente! Pour Luna, désolée, elle a sa place mais elle est pas bien grande. Je l'aime bien, mais y a beaucoup de personnages intéressants et je peux pas en mettre trop au premier plan, sinon on s'y perdrait.

Zebby:

Merci! La suite arrive, tranquillement mais sûrement. On y travaille!

Voilà! A bientôt au prochain chapitre!