Résumé : (Comment ca "Il était temps?")

Il était une fois :

Sophia Véliaris : Serpentard, fille des Lestranges,et à peu près aussi émotive qu'une table en bois. Elle entraîne chaque semaineHarry Potter dans une salle sans porte, sans vraiment dire pourquoi.

Iora Lein : une dame beaucoup plus que centenaire, empathique et professeur de défense contre les forces du mal.

Laura Véliaris : Gryffondor, petite sœur de la précédente, étrangement sensible aux détraqueurs et amie de Ginny Weasley.

Harry après une tentative de suicide dont il est sauvé "miraculeusement", essaye de se reprendre en mains. Il raconte la prophétie à Ron et Hermione, reprend les séances de l'AD, et essaye de vaincre ses démons. Comme d'habitude, il se mêle de ce qui ne le regarde pas, et découvre ainsi que Voldemort et Dumbledore tentent chacun de leur côté de réunir trois talismans. Pourquoi au juste? Vous le dirais pas.

Pas de réponses aujourd'hui, je devrais déjà être en train de bosser depuis une heure. Bisous à mes reviewers que j'adore.

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Il était une heure du matin, Hermione était censée être dans son lit, pas dans la salle commune. Mais au lieu de remonter dans son dortoir, elle regardait mourir les flammes de la cheminée et se perdait dans des pensées peu joyeuses. Elle avait attendu tard pour pouvoir parler à un elfe de maison. Elle n'avait vu que Dobby, avec sur la tête une demi-douzaine des bonnets qu'elle avait péniblement tricotés pour rien l'année précédente. Foutu combat perdu d'avance pour libérer des esclaves amoureux de leurs chaînes.

Elle ne voulait pas abandonner, c'était trop important. Elle se fichait bien que Ron se moque d'elle et qu'Harry rentre la tête dans ses épaules chaque fois qu'elle abordait le sujet. C'était vraiment important. Elle savait, elle sentait au fond d'elle-même que la situation des elfes de maison était ignoble. Intolérable. Inacceptable. Les voir se courber devant les sorciers, les savoir trimer de leur naissance à leur mort sans être payé par autre chose que l'honneur d'être serviteur, cela lui donnait envie de hurler. De vomir. Elle ne comprenait pas comment les autres sorciers pouvaient considérer ça comme normal. Cela dépassait son entendement.

Et ce qu'elle comprenait encore moins, c'était la fierté que tiraient les elfes de leur insupportable servitude. Elle était la meilleure élève de Poudlard, elle pouvait écrire des kilomètres de parchemins sur les aspects les plus complexes de la magie théorique, mais le désespoir de Winky la laissait sans réponse cohérente. Pourtant, elle aurait volontiers donné toutes ses connaissances en métamorphoses si cela lui avait permit d'empêcher la petite elfe de gâcher sa vie dans l'alcool et le chagrin.

En vain, tout cela… Elle se battait contre des moulins à vent. Elle n'attirait que le rire, l'incrédulité et la suspicion. Mais elle ne pouvait pas laisser tomber. Cela voudrait dire fermer les yeux. Accepter. Décider qu'il était normal d'être considéré comme une créature supérieure sous prétexte qu'on appartenait à une certaine catégorie d'être et non une autre. Autant donner raison à Voldemort tout de suite, et laisser les moldus être réduits à l'état d'animaux de compagnie avec les centaures, les gobelins et les autres. Pourquoi était-elle la seule à voir à quel point c'était grave ?

-Ne laisse pas tomber.

La phrase avait été prononcée si bas qu'un instant, elle crut l'avoir rêvée. Elle se leva et chercha des yeux d'où venait la voix.

-Il y a quelqu'un ? Interrogea-t-elle.

Qui pouvait être debout si tard dans la Salle Commune ? Elle n'avait vu personne quand elle était descendue. Pourtant, on lui répondit, encore plus bas si c'était possible.

-Je suis là.

Et elle y était. Elle était assise par terre, un peu à l'écart, à moitié dissimulée derrière un fauteuil. Mais tout de même… Hermione était certaine de n'avoir vu personne. Vraiment personne ? Elle ne savait plus… Mais elle n'avait pas pu oublier, non, il n'y avait personne ! Cette fille était étrange. Elle devait avoir une quinzaine d'année. Ses mains tordaient avec force un vieux mouchoir blanc, et elle gardait les yeux obstinément fixés sur le plancher.

-S'il te plait ne me regarde pas! Dit-elle avec une note de panique.

Hermione fut singulièrement surprise par cette demande, mais elle obtempéra et recommença à regarder les flammes. La voix de la fille sembla un peu moins nerveuse lorsqu'elle se remit à parler.

-Je t'ai entendue parler avec Dobby, tout à l'heure. Tu ne dois pas laisser tomber.

-On ne peut pas sauver les gens malgré eux, répondit sombrement Hermione. Je ne connais aucun elfe à part Dobby qui soit content à l'idée d'être libéré.

-Ce n'est pas leur faute, répondit la voix craintive de l'inconnue. Ils ont été élevés comme ça. On leur a apprit à croire qu'être libre c'était honteux. On leur a dit et redit dès le jour de leur naissance. Comme on apprend aux enfants qu'il ne faut pas être vu sans vêtements et que voler est mal. Ils ne savent pas. Ils ne peuvent plus savoir. C'est trop tard.

Trop tard.

Un rapide enchaînement d'idées s'effectua à toute vitesse dans l'esprit d'Hermione. La seconde d'après, elle avait une nouvelle idée. Elle eut un sourire extatique en pensant à la tête de Ron quand elle allait lui proposer ça. Oh, ça allait être drôle. Elle se retourna vers la fille inconnue.

-Ne me regarde pas ! Fit celle-ci d'une voix plaintive.

Hermione détourna vivement les yeux, se sentant désolée sans vraiment savoir pourquoi. Elle avait l'impression absurde que son regard avait réellement brûlé l'autre fille, qu'elle lui avait fait mal. Mais on ne pouvait pas faire mal à quelqu'un rien qu'en le regardant. N'est-ce pas ?

-Je ne voulais pas… Bafouilla-t-elle, un peu affolée.

-C'est… pas... ta faute, répondit l'autre.

Elle parlait avec difficulté, comme si chaque mot la déchirait de l'intérieur.

-Je suis... malade, expliqua-t-elle. Malade… Dans ma tête. Je supporte pas…

Hermione ne sut pas quoi répondre à cela. Elle ne se rappelait pas avoir lu quoi que ce soit à propos d'une maladie qui ait de tels symptômes, et elle se sentait toujours très démunie face aux choses dont elle n'avait pas trouvé les détails dans un livre.

-Ne laisse pas tomber, dit-elle encore très bas.

-Qui es-tu ? Demanda doucement Hermione.

Personne ne lui répondit. Inquiète de ce silence, Hermione finit par se lever pour aller voir si l'inconnue n'avait pas un problème. Mais il n'y avait plus personne derrière le fauteuil.

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Tenir. Elle avançait silencieusement dans les couloirs de l'école, retenant de son mieux la crise qui grondait. Les dents serrées, les doigts enfoncés dans la paume de ses mains, elle trouvait son chemin par automatisme, sans vraiment réfléchir à ce qu'elle faisait. Elle murmura le mot de passe d'une voix hachée, poussa la porte, et se laissa tomber par terre. Recroquevillée sur elle-même, elle se laissa enfin aller. La douleur la traversa de part en part, si violente qu'elle se mordit les mains pour ne pas crier. Rapidement, les sanglots et les tremblements devinrent si violents qu'elle ne put plus les arrêter. Tout pensée cohérente s'effaça de son esprit dans un tourbillon de cauchemar terrifié.

Mal. Mal. Mal. Mal. Mal. Mal. Mal. Mal. Mal. Mal.

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-Oh, mon dieu, murmura Ginny quand elle poussa la porte.

Elle recula immédiatement et referma la porte sur Laura.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Luna qui la suivait.

Le regard horrifié que lui envoya Ginny suffit à répondre à sa question. Ginny et Luna étaient habituées aux crises de Laura. Si on pouvait jamais s'habituer à une chose pareille. D'un commun accord, elles se dirigèrent vers un pièce voisine pour attendre à l'abri que ce soit finit.

Attendre.

Ginny n'osait pas imaginer combien ces longues minutes devaient coûter à Laura. Mais elle ne pouvait pas entrer dans la pièce pour essayer de consoler son amie. En cet instant, tout ce qu'elle pourrait faire aggraverait la situation. Ses mots de réconforts la blesseraient, ses gestes d'amitié la brûleraient, sa seule présence causerait à Laura une souffrance intolérable. Elle ne la reconnaîtrait même pas.

« Intouchable » Récita Ginny à voix basse.

« Enfant bannie du monde des hommes,

Fille d'eau jetée parmi les flammes,

Intouchable… »

-Ca va aller, dit Luna en posant une main rassurante sur le bras de Ginny. Ca finit toujours par s'arrêter.

-Mais ça recommence, répondit Ginny. Toujours…

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C'était arrivé pendant sa deuxième année. C'était le jour du match de quidditch, Poufsouffle contre Gryffondor. Il pleuvait effroyablement ce jour-là, une vraie tempête. Ginny avait oublié l'heure et elle était sortie en retard du château. Elle se dépêchait, parce qu'elle savait que le match avait déjà commencé. Mais elle avait du mal à avancer tant il y avait de vent. Elle était trempée jusqu'aux os et grelottait de froid. Elle trébuchait sans arrêt dans le sol boueux.

Elle était sur le point de renoncer et de faire demi-tour, quand soudain elle vit quelqu'un courir très vite vers elle. Elle essaya de distinguer qui c'était, mais il pleuvait si violemment qu'elle y voyait à peine. C'est seulement quand la personne fut à quelques mètres d'elle que Ginny vit que c'était une fille portant les couleurs de Gryffondor. Elle courait aussi vite qu'elle le pouvait malgré la tempête. Ses yeux étaient révulsés de terreur.

La fille croisa le regard de Ginny et se mit à crier. Le vent étouffait les sons, mais Ginny crut comprendre les mots « Cours ! Vite ! Cours ! ». Elle n'y comprenait rien… Qu'est-ce qu'il pouvait bien y avoir dans le parc de Poudlard qui lui inspirait une telle terreur ? En arrivant à sa hauteur, la fille attrapa Ginny violemment par le bras et l'obligea à courir avec elle.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Cria Ginny, tentant de couvrir le bruit du vent.

-Ils sont derrière nous, haleta la fille. Cours ! Cours jusqu'au château !

Elle semblait complètement paniquée et au bord de l'épuisement. Elle avançait de moins en moins vite. Finalement, elle cria à Ginny d'une voix brisée par l'effort :

-N'arrête pas de courir !

Elle lâcha son bras et resta derrière. Mais Ginny s'arrêta aussitôt et revint sur ses pas. L'inconnue était tombée à genoux, recroquevillée sur elle-même. Elle tremblait comme une feuille. Ginny essaya de la relever, mais elle était trop lourde. Elle semblait très faible, elle ne pouvait plus tenir debout. Son visage était livide et ses yeux étaient fixes comme si elle n'y voyait plus rien.

-Mais qu'est-ce qu'il y a ? Cria Ginny.

La fille murmura des mots presque inaudibles. Ginny se pencha tout près d'elle pour entendre.

-Ils arrivent, disait-elle d'une voix faible. Va-t-en. Va-t-en. Va-t-en.

Soudain elle poussa un hurlement terrible, désespéré, et se courba sous la douleur. Effrayée, Ginny la lâcha. Elle tomba étendue par terre, secouée de spasmes. Enfin son cri mourut et elle ne bougea plus du tout. Ginny resta tétanisée quelques secondes avant de se jeter à genoux près de la fille. Elle tenta désespérément de la réveiller. Elle était parcourue de frissons qui n'avaient rien à voir avec le froid.

L'inconnue ne se réveillait pas. Paniquée, Ginny tenta à nouveau de la soulever, tout en sachant pertinemment qu'elle n'y arriverait pas. Incapable de réfléchir, elle ne parvenait pas à se rappeler le moindre sortilège qui puisse l'aider. Elle éclata en sanglots. Elle ne pouvait pas partir chercher du secours et la laisser ici toute seule, et elle avait si froid, si froid et si peur ! De plus en plus froid.

C'est à ce moment-là qu'elle comprit. Elle releva la tête et elle les vit. Ils étaient cinq. Cinq détraqueurs.

Elle hurla. Mais le vent étouffait sa voix.

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-Tu crois qu'elle guérira un jour ? Demanda Ginny.

-Je ne sais pas. Elle est solide, tu sais. C'est déjà un miracle qu'elle soit encore en vie.

-Un miracle, répéta Ginny comme pour s'en convaincre.

Elle échangea un regard de compréhension avec Luna. C'était un peu ce qui les unissait, toutes les trois. Cette idée qu'être en vie parfois n'était pas un miracle si miraculeux que ça.

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Ginny ne sut jamais comment elle avait eu la présence d'esprit d'envoyer des étincelles avec sa baguette. Elle ne sut pas non plus par quel miracle le professeur Lupin s'était trouvé assez près pour voir ces étincelles et leur porter secours à temps. La seule certitude, c'était que cela lui avait sauvé la vie. Leur avait sauvé la vie.

Lorsqu'elle se réveilla une heure plus tard à l'infirmerie, il y avait un attroupement autour d'un lit, à l'autre bout de la pièce. Elle comprit rapidement en écoutant les conversations que tous ces gens étaient réunis autour d'Harry Potter. Elle rabattit la couverture sur sa tête et fit semblant de dormir. Elle attendit patiemment sans bouger un sourcil que la foule se disperse et qu'Harry lui-même ait quitté l'infirmerie. Elle s'était rendue suffisamment ridicule avec lui l'année précédente, ce n'était vraiment pas la peine d'en rajouter, surtout maintenant. Maintenant qu'elle tremblait encore, incapable de réprimer les frissons de ses souvenirs.

Lorsque la pièce fut enfin silencieuse, elle se souleva du lit. Elle se sentait encore faible et un peu nauséeuse. Elle vit une grande plaquette de chocolat posée sur la table de chevet. Elle la prit aussitôt et mordit avidement dedans. Une vague de chaleur se répandit dans son corps. Elle cessa enfin de trembler.

Elle se leva prudemment de son lit, encore pas très solide sur ses jambes. Tiens, il y avait encore quelqu'un dans le lit à côté du sien. Ginny chercha des yeux Mme Pomfresh pour avoir la permission de partir. Elle se dirigeait vers le bureau de l'infirmière, quand soudain elle s'arrêta.

La fille. La fille qui criait dans la tempête, pour la prévenir.

Elle se retourna et s'approcha de l'autre lit. Ca devait être elle. Oui, c'était bien elle. Elle était de Gryffondor. Son visage rappelait quelque chose à Ginny. Bien sûr, elle avait dû la voir dans la Salle Commune.

Non, c'était plus que ça. Elle connaissait son nom. Elle la connaissait. Elle en était certaine. Pourtant, elle n'arrivait pas à se souvenir.

Elle était en deuxième année aussi. Véliaris. C'était son nom, Véliaris. Comment avait-elle put oublier le visage de quelqu'un avec qui elle était en classe toutes les semaines ? C'était impossible.

Soudain ce fut comme si un voile se déchirait. Elle s'appelait Laura. Laura Véliaris.

Par Merlin, elle était dans le même dortoir que Ginny depuis plus d'un an.

Ginny eut la sensation d'avaler quelque chose de terriblement lourd. Elle se sentait un peu comme l'année précédente, dans ces moments où elle se réveillait au milieu d'un couloir sans comprendre comment elle était arrivée là. Elle avait dormi tout ce temps près de Laura et n'avait pas été fichue de se rappeler son visage.

Tout ça était très, très anormal.

-Ah, vous êtes levée, dit Mme Pomfresh en entrant dans la pièce. Mais pas votre amie, ajouta-t-elle d'un ton beaucoup plus inquiet.

Elle approcha rapidement et posa sa main sur le front de Laura.

-Est-ce qu'il y a un problème ? Demanda timidement Ginny.

-Oui, dit Mme Pomfresh, très soucieuse. Elle devrait être réveillée maintenant, ce n'est pas normal…

Elle leva les yeux vers Ginny.

-Vous voulez bien rester près d'elle jusqu'à ce qu'elle se réveille ?

Ginny acquiesça, surprise. L'infirmière avait plutôt tendance à mettre tout le monde dehors, habituellement.

-Les victimes de Détraqueurs ont plus de chances de se remettre rapidement s'il sont entourés par des amis, expliqua Pomfresh. Et plus elle se réveillera rapidement, mieux ça vaudra pour sa santé. Est-ce qu'elle a d'autres amis ? De la famille ?

Ginny fit tout son possible pour rassembler ses souvenirs de Laura. Mais tout ce qui touchait à la jeune fille semblait aussi insaisissable que des souvenirs de rêve.

-Je ne crois pas qu'elle ait d'ami, dit-elle lentement. Je veux dire, d'autres amis. Pour la famille, je ne sais pas. Elle s'appelle Véliaris. Laura Véliaris.

-Bon, fit Pomfresh. Ca m'a l'air plus grave qu'un simple malaise… Je vais voir si elle a des frères et sœurs à l'école. Surtout, ne bougez pas d'ici, ne la laissez pas seule. C'est bien compris ?

Ginny assura qu'elle ne s'en irait pas une seconde, et l'infirmière sortit d'un pas pressé. Un peu hésitante, elle prit la main de Laura, pensant que ça pourrait peut-être l'aider. Elle était glacée. Ginny sentit un drôle de creux se former au fond de son estomac. Pomfresh semblait vraiment inquiète. Et Laura avait réagit si violemment à la présence des détraqueurs… Elle avait ressenti leur présence bien avant Ginny. Qu'est-ce qui n'allait pas avec elle ?

L'infirmière revint suivie d'une fille qui devait avoir quatorze ans. Elle portait le blason des serpentards. Elle posa d'abord les yeux sur Laura, puis sur Ginny, qu'elle toisa de bas en haut d'un regard glacé. Pomfresh lui dit que son nom était Sophia et qu'elle était la sœur de Laura. Puis elle vint à nouveau poser sa main sur le front de la jeune fille.

-Elle est glacée, murmura-t-elle.

Elle sortit vivement de la pièce. Sophia alla s'asseoir sur le rebord de la fenêtre, derrière le lit de Laura. Elle ne regardait pas sa sœur. Elle fixait le mur d'un air aussi inexpressif que possible. Pomfresh revint dans la pièce avec une couverture supplémentaire qu'elle posa sur Laura.

-Vous savez bien que ça ne sert à rien, dit Sophia d'une voix monocorde, sans détacher les yeux du mur.

-Je sais, oui, rétorqua l'infirmière avec sècheresse. Normalement, c'est l'affection des siens qui doit la réchauffer. Mais on fait avec ce qu'on a.

En effet, constata Ginny avec désarroi, si Laura devait compter sur l'affection de sa sœur pour la sauver, ses chances étaient maigres. Elle tira une chaise pour s'asseoir près du lit. Deux heures plus tard, à moitié somnolente, elle posa la tête sur le lit de Laura et s'endormit.

Ginny se réveilla quelques heures plus tard avec un furieux mal de dos. C'était encore le milieu de la nuit. Elle se redressa avec une grimace de douleur. Laura dormait à présent. Elle avait repris quelques couleurs et sa respiration était profonde et régulière. Sophia Véliaris n'avait pas bougé d'un iota et regardait toujours le mur. Parfaitement immobile, elle semblait presque irréelle dans la faible lueur de la lune. Semblable à une poupée de cire.

-Tu es toujours là, murmura Ginny.

-Oui, répondit cette dernière.

-Est-ce que tu sais pourquoi... Est-ce que tu sais ce qu'elle a?

-Oui.

Ginny posa d'autres questions ensuite, mais aucune d'elles n'obtint de réponse.

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-C'est injuste, murmura Ginny.

Luna ne répondit rien. Il n'y avait rien à répondre à une telle constatation. Elles connaissaient toutes les trois jusqu'au plus profond de leur âme la vérité de cette phrase. L'injustice était, pour elles, une chose aussi naturelle et évidente que le soleil, le printemps, et le lac de Poudlard. C'était dans l'ordre des choses, en quelque sorte. Il n'y avait guère que Ginny qui avait assez d'énergie à dépenser pour continuer à protester contre cela.

Pendant leur deuxième année, elles s'étaient retrouvées par hasard coincées dans le même placard, en pleine nuit, alors que Rusard rôdait dans les couloirs. Trois filles de douze ans qui erraient à deux heures du matin, incapables de trouver le sommeil. Elles se connaissaient avant, mais c'était à partir de ce jour-là qu'elles étaient devenues amies. Quand elles avaient commencé à se retrouver la nuit pour tuer ensemble les heures d'insomnie.

Au début, elles lisaient, jouaient aux cartes, bavardaient de tout et de rien. Puis, avec les mois et la confiance, elles avaient tour à tour raconté leur secret. Ce même secret qui les tenait éveillées quand tous les autres dormaient. Luna avait été la première. A sa manière rêveuse et détachée, elle avait raconté comment elle était entrée dans le laboratoire de sa mère alors qu'elle n'avait pas le droit, quand elle avait neuf ans. D'habitude c'était toujours fermé, mais pas ce jour-là. Sa mère avait dû oublier. Et sous la surprise de voir sa fille se faufiler dans la pièce, elle avait lâché le flacon dans le chaudron...

Ginny avait mis plus longtemps. Et puis une fois, elle s'était lancée. Elle avait dit, avec méfiance et presque malgré elle, toute l'histoire du journal de Jedusor. Comment elle avait ouvert malgré elle la chambre de secrets. Comment elle s'était tue même quand elle avait compris qu'elle était la coupable, par lâcheté, mettant ainsi en danger la vie des autres sous la crainte futile d'être punie.

Laura avait mis beaucoup plus longtemps. Le simple fait de réussir à supporter la présence et le regard des deux autres était pour elle un exploit hors du commun. Un exploit qui lui avait coûté pendant des mois des crises pénibles. Mais l'intimité de la nuit et des secrets échangés aidaient un peu. Elle se sentait moins inquiète avec Ginny et Luna qu'avec qui que ce soit d'autre. Finalement, elle leur avait dit la cause du mal qui lui faisait baisser les yeux devant tous et trembler de douleur sous les regards.

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-Véliaris, ce n'est pas mon nom, murmura-t-elle en se tordant les mains. C'est juste un assemblage de syllabes sortit de l'imagination d'un quelconque employé du ministère. Ils m'ont enlevé mon nom, et il m'en ont donné un autre à la place. N'importe lequel. Mais n'importe lequel, de toute manière, valait mieux que celui que je portais à ma naissance.

Et elle murmura très bas, comme si elle espérait qu'on ne l'entendrait pas:

-Lestrange.

Ginny et Luna connaissaient toutes deux ce nom. Elles avaient appris à le craindre et à le haïr presque autant que celui de Voldemort. Mais elles ne dirent rien et laissèrent Laura poursuivre.

-Je suis la fille de Bellatrix et Rodolphus Lestrange, reprit Laura.

Ginny fit mentalement le calcul et pâlit. Mais Laura, qui regardait fixement le sol, ne le vit pas.

-Je suis la fille des Lestrange, dit-elle, et je suis née à Azkaban.

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Luna avait raison. C'était un miracle que Laura ait survécu. Personne ne s'était rendu compte de l'état de Bellatrix quand elle avait été incarcérée, et celle-ci n'avait pas signalé sa grossesse. Laura était née dans une cellule étroite sévèrement gardée par trois Détraqueurs. Sans la visite d'inspection d'un employé du département de la justice magique, ce jour-là, elle serait morte dans la prison.

Les médicomages avaient sauvé la petite fille, mais elle avait gardé d'Azkaban des séquelles à vie. Ses émotions étaient comme un océan furieux où elle se noyait sans cesse. Comme quelqu'un dont l'oreille trop sensible souffre au moindre bruit, Laura était perpétuellement torturée par son hypersensiblité affective. Et une anodine conversation avec une anodine personne qui ne lui voulait pas le moindre mal pouvait provoquer une douleur à la limite du tolérable. Inutile de dire ce que pouvait provoquer une phrase un peu sèche. Ou une rencontre avec un Détraqueur.

A cause de son incapacité à maîtriser ses émotions, Laura avait aussi de grandes difficultés à maîtriser sa magie. Elle n'était pas une cracmol, mais sa magie était presque aussi immature que celle d'une petite fille, agissant malgré elle au gré des vagues de ses sentiments. Comme l'émotion principale qui la hantait était la peur du monde extérieur, Laura était presque perpétuellement cachée aux yeux des autres. Elle n'était pas invisible, mais les regards ne s'arrêtaient pas sur elle. Elle n'était pas silencieuse, mais sa voix se perdait dans la voix des autres. Elle se noyait dans le paysage.

Se montrer lui demandait des efforts et beaucoup de concentration, car dès qu'elle se laissait aller la panique l'envahissait, et elle disparaissait. Parler à un inconnu lui était très pénible. Et ensuite, elle devait en payer le prix. Exactement comme elle le faisait en cet instant.

Disparaître, pour Laura, ce n'était ni lâcheté ni faiblesse, mais pur réflexe de survie. Une existence normale était une chose qu'elle n'était pas en mesure de supporter. Peut-être bien qu'elle n'en serait jamais capable.

C'est injuste… Quelle phrase absurde et inutile. Autant ne rien dire du tout.

-Je crois qu'on peut y aller, maintenant, dit Luna.

Ginny la suivit tout en récitant en pensées une autre strophe du poème de Laura.

« Intouchable,

Morceau de nuit dans la lumière,

Silence dans le chant brisé,

Intouchable »

Ni Luna ni Ginny ne dirent quoi que ce soit en entrant dans la pièce. Elles ne virent pas Laura. Une fois la crise passée, ses défenses étaient revenues et sa magie la protégeait des deux autres filles. Ginny savait que si elle se concentrait suffisamment et observait la pièce avec attention, elle pourrait briser le charme et la trouver. Mais elle n'essaya pas. Au lieu de ça, elle s'assit par terre, sortit un paquet de cartes de la poche de sa robe, et commença à distribuer pour trois joueurs. Luna s'empara de ses cartes, Ginny aussi, et Laura vint à son tour prendre place dans le cercle.

Le jeu commença.

C'était Laura elle-même qui avait inventé ce jeu avec Dobby, petite fille, quand elle se sentait seule et perdue dans le grand manoir Malfoy. Les règles en étaient simples. Le jeu lui-même était mécanique, et ne demandait pas de stratégie compliquée. Avec l'habitude et les années, Laura pouvait y jouer de façon automatique, sans y penser. Le jeu la calmait, parce qu'il lui vidait la tête, et aussi parce qu'il représentait un monde simple et sans ambiguïté, construit autour de trois règles qu'elle connaissait par cœur.

Ces trois règles définissaient ses relations avec les autres joueurs d'une façon qu'elle comprenait. Un univers rassurant dénué d'interrogations, d'angoisses et d'incertitudes. Jouer la calmait. Surtout après une crise. Luna et Ginny savaient cela, bien sûr, mais ce n'était pas la seule raison pour laquelle elles avaient adopté le jeu. Il s'avérait que tout comme Laura, elles se sentaient calmées et reposées par le monde automatique et vide des cartes qui s'abattaient. Cela leur offrait à toutes les trois un répit que le sommeil refusait de leur accorder.

Pendant un moment, elles ne dirent rien. Elles se laissèrent simplement emporter par la routine tranquille du jeu. Les cartes faisaient taire leurs angoisses. Finalement, ce fut Laura qui rompit le silence.

-Vous rentrez, pour Noël ?

La question était aussi formelle et rassurante que le jeu. Elles avaient déjà discuté de leurs projets pour les vacances. C'était simplement un moyen pour elle d'indiquer qu'elle se sentait mieux, et était de nouveau en mesure de supporter des relations sociales normales avec ses deux amies. Ou quasi normales.

-Oui, répondit Luna. Je passe les fêtes avec mon père, cette année.

-Moi aussi, dit Ginny. Je rentre avec Ron et Harry. Je pense qu'Hermione viendra aussi.

-Comment vont Fred et George ? Demanda Luna.

-Leur magasin marche bien, dit Ginny. Maman était furieuse au début qu'ils aient quitté l'école, mais ça n'a pas duré très longtemps.

Ginny ne dit pas la suite de ses pensées, que sa mère était trop terrifiée à l'idée de perdre un de ses enfants dans la guerre pour prendre le risque de leur garder rancune longtemps. Cette faiblesse des colères maternelles effrayait horriblement Ginny, comme si ce qu'il y avait eut de plus solide dans sa vie commençait à s'effondrer irrémédiablement. Surtout quand il s'agissait de…

-Tes autres frères seront là pour noël ? Demanda doucement Laura.

Ginny se mordit la lèvre. Laura était sensible au plus subtiles nuances d'expression. Avait-elle sentit que quelque chose n'allait pas dans le ton de Ginny ?

-Bill sera là, oui, dit-elle nerveusement. Je ne sais pas pour Charlie. Peut-être qu'il passera. Pour le moment, il est toujours en Roumanie.

Ginny aurait voulu que sa voix sonne plus détachée. Dit comme ça, on entendait le nom qu'elle ne prononçait pas aussi clairement que s'il était hurlé. Laura n'abattit pas de carte alors que c'était son tour, et interrompit ainsi le cycle du jeu.

-Tu as eu des nouvelles de Percy ? Demanda-t-elle doucement.

Ginny ouvrit la bouche pour répondre non avec fermeté. Mais elle ne le fit pas. Au lieu de ça, elle referma la bouche et plongea sa main dans la poche de sa robe. Elle en sortit un bout de parchemin tout froissé à force d'avoir été trimballé partout. C'était une lettre à son nom. Elle la tendit à Laura.

Celle-ci la prit avec hésitation et jeta un regard interrogatif à Ginny avant de l'ouvrir. Ginny la regarda lire, et observa avec une sorte d'horrible fascination la compréhension tomber sur le visage de Laura à mesure qu'elle progressait dans sa lecture. Pendant toutes ces semaines où elle avait gardé cette lettre pour elle, sans la montrer à qui que ce soit d'autre, elle avait espéré contre tout espoir qu'elle se trompait complètement, qu'elle avait mal interprété ce qu'elle avait lu, et ainsi elle s'était dispensé de faire quoi que ce soit. Mais la pâleur du visage de Laura était la confirmation de son cauchemar.

Quand Laura arriva au bout de la lettre, Luna interrogea Ginny du regard. Celle-ci aquiesca et prit le parchemin à Laura pour le lui remettre. Luna parcourut à son tour le message écrit de la petite écriture régulière de Percy. Ginny connaissait pratiquement chaque mot par cœur, maintenant.

Ma chère petite sœur…

Chacun peut faire des erreurs, nous en avons tous fait, je…

Cette guerre n'a pas de sens, elle s'oppose à un pouvoir contre lequel il n'est…

Durant toutes ces années, qu'ont gagné nos parents à être fidèles au camp qui est le leur ? Qu'y ont-ils gagné excepté de voir mourir ceux qui leurs étaient chers ? Quelle récompense se sont-ils vus offrir, excepté la pauvreté et la condescendance de leurs pairs ? Et nous qu'y avons nous gagné, toujours seconds, ouvertement méprisés, toujours…

J'ai appris à mes dépens que dans ce monde, il revient à chacun de prendre la place qui lui revient de droit. Nul ne te fera le moindre cadeau, quelle que soit ta valeur. Les gentils, Ginny, sont des incapables appelés à être manipulés, regarde donc…

Quelle est ta valeur, Ginny ? Quelle place veux-tu prendre dans le monde de demain ? Ne crois pas ceux qui te diront que…

Je voudrais te protéger en…

Chacun est libre de ses choix, et plus tard tu auras à faire le tien. Souviens toi alors de ce que…

-Peut-être que quelqu'un est entré dans son esprit, commença Luna, ou a copié son écriture grâce à une plume à Xorynxe, et…

-Tu sais que c'est faux ! Cria Ginny avec une force qui la surpris elle-même. Tu sais que c'est faux, reprit-elle plus bas. Mon frère est un Mangemort.

-Pourtant, fit Laura d'une voix très basse, Percy Weasley a toujours eu la réputation de quelqu'un… d'excessivement droit.

-C'est vrai, dit Ginny.

Sa voix lui paraissait distante, comme si elle se trouvait à des kilomètres de son propre corps. A des kilomètres de sa douleur et de sa peur. Etait cela que la petite Sophia Lestrange ressentait, prisonnière à l'intérieur de son propre esprit ? Elle chassa cette pensée. Ce n'était pas le moment de penser à Sophia.

-C'est vrai, Percy a toujours été fanatiquement fidèle à la Loi. Au début, c'était la Loi de l'école. Puis la Loi du Ministère. Mais le Ministère l'a sacrifié et complètement disgracié après l'épisode Ombrage, et sa fidélité a dû être un peu ébranlée. Le retour vers la famille avec la bouche en cœur, c'était difficilement envisageable. Un Mangemort a dû arriver à ce moment-là et lui expliquer qu'il s'était trompé de loi. Admettons qu'il y ait réussit, admettons qu'il l'ait convaincu que la seule Loi digne d'être servie était celle du nouvel ordre de Voldemort. Alors Percy est parfaitement capable d'avoir mit son foutu fanatisme et son ambition démesurée au service de la Marque des Ténèbres. Il est assez idiot pour ça. Il est même assez idiot pour m'envoyer cette lettre absurde et croire que je vais me précipiter dans ses bras en le remerciant de m'avoir ouvert les yeux.

Il y eut quelques secondes de silences, Luna et Laura ne sachant visiblement pas quoi dire, et Ginny regardant droit devant elle sans paraître voir quoi que ce soit.

-Je le tuerais, murmura soudain Ginny avec férocité. Je le tuerais pour ça.

-C'est ton frère, répliqua Luna.

-Je sais, fit Ginny d'une voix qui se brisait. Je sais.

Elle sembla sur le point de pleurer, mais elle réprima ses larmes avec férocité.

-Je croyais que je pourrais pardonner n'importe quoi à n'importe lequel de mes frères, dit-elle d'une voix rauque. Mais je ne pourrais jamais, jamais lui pardonner ça. Je le hais. Je le hais, mais je ne sais pas quoi faire. Je ne sais tellement pas quoi faire…

-Tu peux soit parler soit te taire, dit Luna d'une voix égale tandis que Laura reprenait le jeu.

Ginny recommença à jouer elle aussi. Poser, poser, piocher… Immuable mécanique, seule élément stable d'un monde qui s'écroulait sous ses pieds.

-Je ne peux pas me taire.

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Il était trois heures du matin quand les trois adolescentes se séparèrent. Ginny et Luna allèrent se coucher. Pas Laura. Elle grimpa lentement les marches de la tour de Gryffondor, dépassant son dortoir. Elle arriva tout en haut face au mur, et posa la main sur la troisième pierre en partant de la gauche. Le granit était froid sous ses doigts, mais elle n'y prêta pas attention.

« Dedisco ».

Il faisait nuit noire. Le vent glacé d'hiver balayait le sommet de la tour. Elle resta là sans bouger, laissant le froid la traverser. Harry Potter ne venait plus. C'était rassurant, en sens. Mais elle le regrettait un peu. Elle avait bien aimé n'être plus la seule à venir se réfugier dans cet endroit. Même s'il n'avait jamais perçu sa présence.

Car ce n'était absolument pas pour suivre Harry Potter, ni pour le protéger, qu'elle était venue la première fois. Elle était venue se perdre en haut de cette tour bien avant lui, et continuerait encore bien après.

Laura s'assit sur les pavés froids. Elle était si fatiguée. Mais elle savait qu'elle ne dormirait pas de toute façon, où à peine. Malgré le fait qu'elle tombait littéralement de sommeil jour après jour, elle ne dormirait pas. Aucun Médicomage n'avait jamais pu venir à bout de l'insomnie qui la rongeait depuis sa naissance. Seules quelques puissantes potions pouvaient la plonger dans le sommeil, mais elles étaient dangereuses et elle ne pouvait pas s'en servir trop souvent. Elle les utilisait quand elle n'en pouvait réellement plus.

Elle resta là longtemps, malgré le fait que les pavés étaient très inconfortables. De temps en temps, elle somnolait un peu, mais sans jamais s'endormir tout à fait. Sa conscience était comme un été polaire, où le soleil touche l'horizon sans jamais disparaître. Comme un jour qui ne finit pas.

Le ciel commença à s'éclaircir doucement. A regrets, elle se releva. Elle allait devoir retourner dans son dortoir. Prendre une douche. S'habiller. Entendre les conversations oiseuses des autres filles. Aller manger. Se jeter dans le grand tourbillon de la vie et tâcher de ne pas se faire emporter.

Laura détestait le jour.

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Le réveil d'Andrea Jones fit entendre une longue sonnerie aiguë et stridente qui réveilla tout le dortoir en sursaut. Andrea bondit de son lit, réjouie et fraîche comme une rose. Une créature sauvage, furieuse et rousse surgit de son lit à baldaquin baguette à la main et envoya le réveil s'écraser contre le mur. Andrea hurla. Puis comprit trop tard qu'il était peu sage de crier sur une Ginny mal réveillée, alors qu'elle s'écroulait figée par un sortilège du saucisson. Ginny retourna s'effondrer sur son lit pendant que les autres filles de cinquième année faisaient semblant d'être toujours profondément endormies. Ce n'était jamais une bonne idée de se mêler de leurs bagarres matinales. Surtout à cause de Ginny. Elle était toujours de très mauvais poil le matin.

Allez donc savoir pourquoi.

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Maudite Jones, pensa Ginny alors qu'elle faisait de son mieux pour tremper sa tartine de beurre dans son thé, et pas à côté. On voyait bien qu'elle n'était pas insomniaque, elle. Elle était debout à l'aurore comme si c'était la meilleure période de la journée, elle. Qu'avait fait Ginny pour mériter une pareille compagne de chambre ? Bon, d'accord, elle avait aidé un psychopathe à libérer un basilic dans l'école, mais elle ne l'avait pas fait exprès, sûrement l'esprit supérieur qui la surveillait de là-haut pouvait comprendre que le châtiment dépassait de loin la faute ?

-Salut, Ginny, fit une voix enjouée.

-S'lut.

Dean ne s'offusqua pas de l'air renfrogné de sa petite amie. Il avait l'habitude de ses matins difficiles, et se servit son petit déjeuner sans quitter sa bonne humeur. Ginny mordit dans sa tartine en essayant de ne pas se mettre de thé brûlant partout. Elle était cernée de gens pour qui le matin semblait être la période la plus fabuleuse de la journée. Il ne pouvait y avoir qu'une explication à ça. Elle était maudite.

-Dit, tu as entendu parler de la nouvelle ?

-Mmph.

Dean décida de prendre ça pour un non.

-Comme les week-end à Pré-au-lard on été annulés à cause de la guerre, Dumbledore a décidé de faire venir des commerçants à l'intérieur de Poudlard. Ca aura lieu demain. Ils ont annoncé ça à la dernière minute pour garder la surprise et probablement aussi pour raisons de sécurité, je pense. Ca n'a été affiché que ce matin. Dit, tu m'écoutes ?

-Hmph.

Dean décida de prendre ça pour un oui.

-Ils vont les installer sur le terrain de quidditch, et il parait qu'il y aura un grand buffet le long des gradins. Il y aura probablement Zonko et Honeydukes. Je me demande si tes frères seront là ? Toute l'école ne parle que de ça depuis ce matin. C'est une bonne chose de pouvoir se changer un peu les idées. Tu iras avec moi ?

-Où ça ? Demanda Ginny, enfin réveillée.

Dean soupira et réexpliqua. C'était un petit ami très patient.

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« 987 fut la date de l'amendement n° 13-287 au décret de régulation des créatures magiques qui interdit le port de baguette aux elfes de maison, amendement qui fut l'objet de trois modifications, une concernant la punition encourue, l'autre interdisant aux maîtres d'ordonner le port de baguette aux elfes, la troisième concernant la restriction des actes magiques sans baguette, ceci mettant un terme à la série de réformes du Conseil de la Magie ayant fait suite à plusieurs évènements qui, quoi que peu clairs, n'en ont pas moins été déterminant pour l'avenir du monde de la magie, ainsi par exemple les relations avec les centaures, déjà peu faciles, se firent plus distantes, et… »

Un point, pensa Ginny désespérée. Quand Binns allait-il se décider à mettre un point dans sa satanée phrase ? Déjà qu'elle était épuisée, déjà que la voix du prof était horriblement monocorde, déjà que ni Dean ni Luna n'étaient là et que Laura se cachait quelque part au fond de la salle, déjà qu'elle s'endormait de toute façon… Elle abandonna la bataille, posa sa tête sur son bureau et entreprit de finir sa nuit. Elle volerait les notes d'Andrea un peu plus tard.

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-Allez, viens Hermione !

Si elle l'avait entendu, elle ne le montrait pas. Elle gardait le nez dans son bouquin, renfrognée et concentrée.

-Her-mi-on-e ! Insista Ron.

-Mmm.

-Hermione, il fait exceptionnellement beau pour un mois de décembre et les commerçants les plus intéressants de Pré-au-Lard et même du Chemin de Traverse sont en ce moment même sur le terrain de quidditch, avec le reste de l'école. On m'a dit que Fred et George étaient là aussi. Tu ne vas PAS rester à la bibliothèque aujourd'hui. Je te traînerait de force s'il le faut.

-Il y a quelque chose qui m'échappe, dit Hermione en relevant la tête, soucieuse.

-A propos du terrain de quidditch ?

-A propos de ces talismans, les Etoiles Eteintes. Swedel, ce type qui les a fabriqués… Ou l'époque je ne sais pas… Il y a quelque chose que je devrais comprendre, et je ne sais pas quoi. Ca m'énerve. Pourquoi parles-tu du terrain de quidditch ?

-Parce que c'est là où nous allons, rétorqua Ron.

-Pourquoi ?

Ron soupira et réexpliqua. Les garçons peuvent vraiment être incroyablement patients quand ils veulent.

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C'était réellement impressionant. Un grand sapin de Noël avait été planté au beau milieu du terrain de quidditch, et autour un buffet de gâteaux, de bonbons, et de bièrraubeurre avait été dressé. Tout autour les stands des différents magasins étaient pris d'assaut par les élèves. De grands feux magiques brûlaient un peu partout et réchauffaient l'air froid de décembre.

-Hey! Ron! Harry!

Les deux garçons abandonnèrent Hermione au stand de Fleury et Bott pour rejoindre les jumeaux Weasley. Ils durent jouer des coudes à travers une masse compacte d'élèves pour les atteindre. Le stand des Farces pour Sorciers Facétieux avait un succès monstrueux. Zonko avait de la concurrence.

-Alors, comment ça va? Demanda Harry.

-Merveilleusement bien, s'exclama Georges.

-Même Maman a renoncé à nous bouder, reprit Fred.

-Notre Atravertout se vend comme des petits pains! S'enthousiasma Georges.

Tout en parlant, ils vendaient leur marchandise à des élèves aux yeux gourmands.

-Qu'est-ce que c'est? Demanda Harry, en regardant avec curiosité les fins coussins aux couleurs caméléon.

-Tu poses ça sur une chaise et le premier qui veut s'asseoir dessus passe à travers, expliqua Ron à contrecoeur.

Les jumeaux éclatèrent de rire. Ginny leur avait écrit quelques mois auparavant, quand Ron et Hermione avaient été les malheureux cobayes de leur farce.

-Méfiez-vous, dit Ron à ses frères en fronçant les sourcils. Hermione vous a déclaré la guerre.

-On sait, dit Fred.

-Mais elle ne nous aura pas, affirma Georges.

-Nous vaincrons ou nous périrons dans la bataille! Assura Fred.

-Fred, Georges!

Ils se tournèrent tous vers Ginny qui se faufilait entre les élèves.

-Hey, Ginny! S'écria Fred.

Georges ouvrit grand les bras, et sa petite soeur vint s'y jeter.

-Nous avons entendu parler du dernier match de quidditch, dit Fred. La relève est assurée, on dirait.

-Quand Ginny et Andrea ne se tapent pas dessus, elles font une équipe formidable avec Katie, dit Harry, s'attirant un regard noir de la benjamine Weasley.

-Oui, il faut seulement les empêcher de s'arracher les yeux aux entraînements, et tout se passe bien, confirma Ron.

-C'est pas ma faute si cette fille est une peste, bouda Ginny.

-Hermione nous appelle, dit Harry en regardant par-dessus la foule.

Ron suivit son regard et aperçut la préfète de Gryffondor qui leur faisait de grands signes d'appels au secours, ployant sous les livres qu'elle avait achetés.

-Je crois qu'elle a besoin de nous, remarqua-t-il en riant. On reviendra un peu plus tard, dit-il à ses frères. A tout à l'heure.

-Apporte-nous à manger quand tu reviendras, lui demanda Georges. Avec tout ce monde, on n'a même pas pu s'approcher du buffet.

-Ah, la rançon de la gloire, dit Harry avec une emphase digne de Gilderoy Lockhart.

Ils éclatèrent de rire. Quand les deux garçons se furent éloignés, les jumeaux Weasley se tournèrent vers leur soeur avec un regard machiavélique.

-On a préparé une toute nouvelle potion, lui dit Fred tandis que Georges fouillait dans un sac.

Ce dernier se releva avec une fiole entre les mains qu'il remis discrètement à sa soeur.

-Les effets cessent au bout d'une demi-heure, l'informa-t-il. On compte sur toi pour la promotion.

Ginny fit disparaître la fiole dans ses robes avec l'air le plus innocent qui soit.

-Qu'est-ce que c'est? Demanda-t-elle. Métamorphose?

-Presque, répondit Fred. On l'a baptisé Cousin Machin. Tu comprendras vite pourquoi.

Ils éclatèrent à nouveau de rire.

De loin, Luna Lovegood regardait Ginny se tenir les côtes, luttant pour retrouver son souffle entre ses deux grands frères. Elle repensa à la lettre que la jeune Weasley gardait en permanence à l'abri, dans sa poche, et elle se sentit bizarrement triste. Elle secoua la tête et retourna au buffet.

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-Je ne trouve pas mon livre d'enchantement. QUELQU'UN A VU MON LIVRE D'ENCHANTEMENT?

-Arrête de crier, Andrea, grogna Susie. Il me manque trois chaussettes et je ne hurle pas dans les oreilles des gens!

-Weasley, tu n'as pas vu mon livre d'enchantement?

-Nan, désolée. Par contre, voilà tes notes d'histoire de la magie.

-Qu'est-ce que tu faisais avec mes notes d'histoire de la magie?

-Où est le cadeau que j'ai acheté pour mon frère? Je suis certaine de l'avoir posé là!

-Merlin! Tu viens de le mettre dans ta malle, Juliet!

-Ah oui?

Ginny s'eclipsa du dortoir. Le plus sûr était d'attendre que les autres filles aient bouclé leur malle avant d'y remettre les pieds. Et puis elle avait rendez-vous avec Laura à quatre heures. Elle se dirigea vers la statue de la sorcière borgne. Elle était en avance, elle dû attendre un peu dans le couloir avant de voir apparaître Laura avec son sac.

-Allons-y.

Ginny prononça le mot de passe et elles s'engagèrent toutes les deux dans le passage. Ginny avait jadis extorqué l'emplacement de ce souterrain à Fred et Georges. Ca s'était révélé très utile.Cela faisaitun an maintenant qu'elle s'en servait pour aider Laura à sortir du château les veilles de vacances.

Elles avançèrent en silence jusqu'à la trappe qui émergeait dans la boutique. Prudemment, elles vérifièrent que la voie était libre, puis elles se faufilèrent dans la rue. Courant à moitié, Ginny et Laura traversèrent les rues désertes jusqu'à la poste sorcière. Elle était là et les attendait. Elle eut un sourire soulagé en les voyant venir vers elle.

Depuis l'évasion de ses parents d'Azkaban, Laura n'était plus retournée au Manoir Malfoy. Avec la complicité de Ginny, elle s'échappait à chaque début de vacances jusqu'à Pré-au-Lard, et y retrouvait le seul membre de sa famille qui ne la terrorisait pas.

-Tonks! Dit Ginny, soulagée elle aussi. Je suis contente de te voir.

-Moi aussi les filles, répondit la jeune auror aux cheveux bleus.

C'était par Ginny que Laura avait apprit l'existence de Tonks, et avait fait sa connaissance. Jamais elle n'aurait soupçonné que quelqu'un d'aussi gentil puisse réellement être de la même famille qu'elle. Tonks avait accepté immédiatement de reccueillir chez elle la nouvelle transfuge de la famille. Elle lui avait ouvert grand les bras la première fois qu'elle l'avait vue. Cette vague d'affection inattendue avait terrifié Laura. La vie chez les Malfoy ne l'avait pas habituée à ce genre de manifestations de sentiments. D'ailleurs, Tonks continuait à l'effrayer, parfois... Et à lui faire mal aussi, sans le vouloir bien sûr, rien qu'avec ses regards pourtant si francs. Mais elles s'étaient habituées l'une à l'autre, et elles avaient beaucoup de choses en commun.C'était toujours avec une angoisse mêlée de soulagement que Lauraretrouvait sa cousine pour les vacances.

-On y va? Dit Tonks à sa jeune cousine.

-Attends, interrompit Ginny.

En voyant le visage de sa camarade de dortoir, Laura sut de quoi elle allait parler à Tonks. Effectivement, elle sortit de sa poche un morceau de parchemin tout froissé et le donna à l'auror.

-Je veux que tu lises ça, dit Ginny. Pas maintenant, mais plus tard, s'il te plait. Tu le liras, et quand tu auras finit, tu le donneras à mes parents. Seulement quand tu auras finit, d'accord?

-D'accord, dit Tonks, étonnée par la figure grave de Ginny.

-Promet-le moi, s'il te plait.

-Je te le promet, assura Tonks.

Ginny hocha la tête.

-Bonnes vacances, toutes les deux.

-Bonnes vacances, répondit doucement Laura.

-Nous nous reverrons probablement au QG, dit Tonks.

Les deux cousines entrèrent dans la poste pour y utiliser la cheminée. Ginny resta là, immobile, toute seule dans la rue. Voilà, elle l'avait fait. Un moment, elle avait pensé donner simplement la lettre à ses parents. Mais elle ne pouvait pas leur faire ça. Elle n'avait pas le droit de les obliger à décider si leur fils devait aller en prison. Tonks était une auror. Elle saurait quoi faire. Elle se secoua et prit le chemin du retour, espérant qu'Andrea avait retrouvé son livre d'enchantements, Susie ses chaussettes et Juliet sa tête. Peut-être qu'alors elle parviendrait à boucler sa malle à temps pour le départ du train, le lendemain.

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Draco regardait Pré-au-Lard s'éloigner. Il pensait à Laura. Merlin savait où cette petite traitresse disparaissait pendant les vacances. En tout cas il était impossible qu'elle soit restée au château. Cette année, personne ne restait à Poudlard. Dumbledore avait annoncé une fermeture complète pour Noël, même ce laissé-pour-compte de Potter partait avec les Weasley.

Il poussa un soupir ennuyé. Crabbe et Goyle étaient occupés à s'échanger des cartes de chocogrenouilles en gloussant bêtement. La raison pour laquelle ils échangeaient une carte de Mélusine contre une autre carte de Mélusine restait un mystère insoluble. Leur stupidité atteignait des profondeurs abyssales.

La porte du compartiment s'ouvrit, et Sophia entra. Draco se serra dans son coin et jura mentalement. Si seulement elle pouvait disparaître pendant les vacances. Pourquoi fallait-il qu'elle choisisse son compartiment? Il ne lui manquait vraiment plus qu'une psychopathe pour compléter sa journée. Ca allait être un voyage fabuleux, songea-t-il avec un soupir.

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-Laura?

La jeune fille sursauta. Elle ne s'habituerait jamais à cette manie de sa cousine d'entrer brutalement dans les pièces avec de grandes excalamations joyeuses.

-Laura?

Elle prit une profonde inspiration pour venir à bout de cette peur totalement irrationnelle. Elle était tranquillement dans sa chambre avec une personne qui ne lui voulait que du bien. Il n'y avait aucune raison de se cacher. Elle parvint à se calmer et Tonks put enfin la découvrir où elle était, assise sur son lit.

-Tu es là, dit-elle. Je viens de recevoir un hibou de mon patron. Lecksley est malade, je le remplace pour la journée. Je dois t'abandonner. Je serais de retour vers six heures.

-A ce soir, dit Laura avec un mince sourire.

-A ce soir, dit l'auror en disparaissant.

Il fallait vraiment qu'elle se guérisse de cette trouille maladive, décida Laura. Elle ne pouvait pas vivre enfermée dans sa chambre ou cachée derrière les rideaux toute sa vie.

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Le train avait fait du chemin. Ron somnolait. Harry grignotait prudemment des dragées surprises de Bertie Crochue. Hermione rêvassait en regardant par la fenêtre, avec sur les genoux un livre dont elle n'avait plus tourné les pages depuis un quart d'heure.

-C'est bizarre, murmura-t-elle.

-Qu'est-ce qui est bizarre? Demanda Harry.

-Je ne sais pas, dit-elle sans quitter des yeux la fenêtre. Il y a quelque chose qui n'est pas comme d'habitude.

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Laura entendit dans l'autre pièce le craquement caractéristique d'un transplanage. Son coeur fit un bond dans sa poitrine. Elle prit une profonde inspiration etparvint à se calmer. Ca devenait ridicule. Tonks avait dû oublier quelque chose. Elle se leva pour aller voir.

Alors qu'elle posait la main sur la poignée de la porte, elle entendit une série d'autres craquements. Un, deux, trois, quatre. Son coeur s'emballa à toute allure. Elle lâcha délicatement la poignée et recula en silence. La fenêtre. Il fallait qu'elle arrive à la fenêtre. Là, elle y était. Elle fit un mouvement pour l'ouvrir, mais elle s'interrompit. Dans le jardin, des ombres noires attendaient, immobiles.

La terreur l'envahit comme un lourd vertige, ses membres se changèrent en coton. Il n'y avait aucune issue. Elle se laissa tomber au sol, se recroquevilla sous le bureau, et enfouit son visage dans ses mains.

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Les doigts de Sophia jouaient un jeu étrange d'ombres chinoises. Elle baissa sa main et tourna les yeux vers son cousin.

-Où allons-nous, Draco?

Il fronça les sourcils.

-Qu'est-ce que tu veux dire par là? Nous allons à Londres, bien sûr.

Les yeux de Sophia restèrent fixés sur lui plusieurs secondes. Draco réprima un frisson.

-Tu ne sais rien, conclut-elle finalement.

-Comment ça je ne sais rien? Interrogea-t-il.

Qu'est-ce que ça signifiait, par Merlin? Sophia se tourna vers la fenêtre.

-Regarde où est le soleil, Draco. Nous allons droit vers l'ouest, depuis plus d'une heure.

-Vers l'ouest? Répéta-t-il, incrédule. Mais ce n'est pas possible. Londres est au sud.

-Je ne te le fais pas dire.

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Se baisse pour éviterune volée de couteaux

Bon, j'avoue, j'aurais pu couper un peu avant mais j'ai pas pu résister. Sadique, moa?