Disclaimer… rien

Message : Pardon pour ces vacances… Robin lui n'a pas chômé… Bon, moi, j'adore ce portrait de Severus… et bien sûr merci à ceux qui lisent, aiment, le disent !!! Et merci à Camille.

Chapitre huit: Payer ses dettes.

L'appel du feu la surprit. Lily lâcha presque son vieil exemplaire abîmé de « Vielles et anciennes magies ». Son regard se tourna vivement vers la cheminée pour voir la tête de Severus Rogue danser dans les flammes. Elle sourit. « Severus ! As-tu terminé ma potion ?"

"Je dois te parler, Lily". Son visage était pâle et tendu.

« Entre donc, alors ». Elle connaissait assez Severus pour savoir que quelque chose clochait. Son instinct en alarme, Lily jeta son livre sur la table basse. Ses projets précédents s'envolèrent lorsque son ami sortit avec grâce du feu.

« Dis-moi que James est ici », dit Severus sans attendre.

« Non, il vient de partir. Il y a une heure » répondit Lily en le regardant avec curiosité. James et Severus avaient appris à travailler ensemble, mais ils étaient loin d'être des amis.

Severus jura.

« Ecoute Lily, je n'ai pas beaucoup de temps. James va droit dans un piège! »

« Quoi ! » Elle se leva d'un bond.

« Sais-tu où il est ? »

« Non, je… »

Severus l'interrompit en reprenant la parole.

« A Londres. Dans un pub moldu, nommé La patte de l'Ours. Il a rendez-vous avec Léora Baddock qui prétend vouloir espionner le Lord Noir pour lui. C'est un piège. Sept Mangemorts, au moins, seront dans le pub et ils doivent le tuer. »

« Dans un pub moldu ? » Le cerveau de Lily menaçait de se bloquer. Pas James… Non…. Pas James… « Mais c'est midi… il y aura plein de monde ».

« Tu devrais savoir, Lily, que ce n'est pas un problème pour Voldemort. »

« Que faire ? » Elle n'était pas de nature guerrière, mais son cerveau était reparti.

« Va voir Arabella. Dis lui… moi, je ne peux pas… ça paraîtrait trop étrange… Prétend l'avoir appris de qui tu veux… elle, elle saura que je t'envois »

Lily acquiesça vivement. Elle comprenait. Severus prenait déjà des risques incroyables en venant la voir. Rencontrer Arabella Figg aurait été encore mille fois plus dangereux. Il appartenait au premier cercle de Voldemort, il était un Mangemort de la première heure, issu d'une vieille famille dont les liens avec la magie noire étaient anciens et assidus. Peu aurait soupçonné que le cruel et sans pitié Severus Rogue puisse s'inquiéter autant pour quelqu'un. Mais le risque était là. Il en avait pris avec constance depuis près de onze ans et il continuait. Et cela, pour un homme qu'il n'aimait même pas!

« Merci Severus » dit doucement Lily. Elle ne lui avait jamais demandé pourquoi il faisait cela, mais elle y avait déjà réfléchi. Le fantôme d'un sourire traversa le visage de son ami comme s'il lisait dans son esprit.

« Nous avons besoin de lui » répondit Severus simplement.

Sur ces mots, il disparût. Une pincée de poudre de cheminette le ramenait à Poudlard et ses classes pleines d'étudiants qui ne sauraient jamais quelle sorte d'homme il était vraiment.

James Potter sirotait une bière. Ses doigts tapotaient légèrement le verre. Baddock était en retard. Il essayait pourtant de se concentrer sur sa boisson comme s'il n'avait aucun autre souci. Certaines bières moldues valaient la peine d'être bues, pensa-t-il. Ses yeux courraient dans le pub et presque inconsciemment ils cherchaient des signes de danger. En tant que directeur des Aurors, il n'aurait pas du être ainsi sur le terrain. Mais la guerre avait tellement réduit le nombre des Aurors. Il n'en restait pas beaucoup. Et puis, il avait été avec Léora Baddock à Poudlard. Elle était alors chez les Serdaigles et elle s'appelait Higgins. Il était même sorti avec elle, très brièvement, pendant sa cinquième année. Elle s'appelait maintenant Baddock après son mariage avec Warren Baddock, lequel semblait l'avoir attirée dans le cercle des partisans de Voldemort depuis quelques années. Dans la courte lettre qu'elle avait envoyée à James, elle disait qu'elle y était restée par amour pour son mari mais que cela ne lui suffisait plus.

Mieux vaut tard que jamais. Il soupira. Il y avait des millions de raisons pour expliquer le retard de Léora. La plupart auraient été innocentes et parfaites. Pourtant, aucune ne le satisfaisait. Son instinct, aiguisé par des années de poursuite des Mangemorts, l'invitait à la plus grande prudence. Quelque chose n'allait pas.

Vraiment. Quelque chose clochait. James regarda autour de lui dans le pub une nouvelle fois. Rien d'autres que des Moldus prenant un tardif déjeuner. Il avait suggéré La Patte de l'Ours parce que c'était loin du Chemin de Traverse et de tout autre lieu magique. Ils avaient moins de chance d'être vus ensemble, en particulier par des Mangemorts qui détestaient tout ce qui était moldu. James, de plus, par son mariage avec une sorcière née moldue, avait acquis une certaine habitude de la technologie moldue - au-delà de ce qu'il aurait pu anticiper. Il avait même une certaine affection pour les vêtements et la bière moldue. Il disposait enfin maintenant d'une compréhension de leur culture dépassant celle de la plupart de ses collègues. Tout ceci l'amenait à choisir des pubs moldus comme lieux de rencontre avec ses informateurs. Il savait y passer inaperçu.

Ce n'était pas le cas d'une autre personne. Ses mouvements attirèrent son regard et James tourna progressivement sa tête vers la droite. Sans en avoir l'air, l'Auror étudia l'homme assis à la table la plus éloignée. Ses cheveux longs ne correspondaient pas à la mode moldue… ni d'ailleurs la baguette qui déformait la poche gauche de sa veste de sport grise. Les yeux noirs de l'étrange sorcier glissèrent sur le coté. Suivant leur mouvement, James vit un autre homme. Un frisson lui parcourut l'échine lorsque son regard croisa une troisième paire d'yeux qui l'observait. Deux nouveaux arrivants entrèrent alors dans le pub. James les reconnut. Des Mangemorts. Léora arriva alors, juste après eux. James pensa un moment crier un avertissement, mais il vit le premier homme lui faire un signe respectueux de reconnaissance. Il avait été eu. C'était un piège.

Il sentit tout son corps se préparer à l'action. Il ramena ses jambes sous son corps et sa main discrètement s'empara de sa baguette. Il était dans un pub plein d'innocents moldus… Devait il bluffer ou se battre ? Avait-il le choix ? James sentit son cœur accélérer. Mais ce n'était pas la première fois qu'il était ainsi menacé. La montée d'adrénaline ne faisait qu'affûter ses réflexes. « Six contre un… ce n'était pas fameux… Sept », se corrigea-t-il, reconnaissant un autre Mangemort à une table au fond du pub. Il bloquait stratégiquement l'issue arrière. Les sept le regardaient maintenant, dans l'attente de quelque mystérieux signal. Aucun d'eux ne semblait vraiment amical. Vraiment dommage !

Quand il était entré dans le pub, James avait, par habitude, identifié chacun des accès, chacun des moyens d'entrée et de sortie depuis sa table. Il avait volontairement demandé une table contre le mur plutôt qu'une au centre de la salle. Ce qui dans le cas présent ne changeait rien. Il disposait de trois échappatoires : la porte de devant, la porte de derrière, et la fenêtre sur le mur opposé. Il y avait maintenant au moins un Mangemort entre James et chacune des issues. « Comme j'aime être une cible ! » La résolution renforça son esprit. Il n'y avait pas de solution propre et nette. Et, s'il n'agissait pas le premier, on pouvait être sûr qu'ils allaient finir par faire quelque chose de vraiment stupide comme faire exploser tout le pub et lui avec. Ses lèvres esquissèrent un sourire. Depuis ses débuts en tant qu'Auror, Arabella lui avait enseigné une chose : quand tu es en mauvaise position, attaques. Fais ce que personne n'attend.

"Confundus!"

Il était maintenant en mouvement. Il se tourna vers les Mangemorts de l'entrée dès qu'il eut assommé les trios qui étaient à sa droite. James aurait pu utiliser quelque chose de plus fort mais des Moldus innocents étaient au milieu. Les oublieurs allaient faire des heures supplémentaires ce soir, pensa-t-il bizarrement. Les Mangemorts du fond du pub seraient pour plus tard, il n'avait pas le temps de s'occuper d'eux maintenant. Les Moldus hurlaient. La baguette de James se centra finalement sur Léora et ses compagnons. Il y avait plus de possibilités avec eux. "Everbero"

Les trois Mangemorts reculèrent mais, alors que James tentait de se tourner vers la sorcière noire qui se trouvait dans son dos, son instinct lui intima de plonger et de se protéger sous une table. Des morceaux de bois volèrent et tombèrent tout autour de lui. Certains se déposèrent sur lui alors qui roulait hors du carnage. Il pouvait remercier ses années d'expérience ! Elles lui indiquaient la bonne direction : la droite. Des Moldus encore plus nombreux hurlaient quand il eut enfin de nouveau une vue sur sa cible. Un homme d'affaires déboussolé choisit cet instant pour venir buter sur lui malgré ses efforts désespérés pour l'éviter. Ses jambes se prirent dans le bras droit de James, lui cachant son ennemi.

L'homme tomba sur James avec un cri de terreur. Il lui coupa la respiration et le plaqua au sol. Oh, merde ! Malgré ses pouvoirs et sa volonté de se battre, il ne pouvait rien faire.

« Crucio »

Le Moldu s'arqua avant d'entrer en convulsion. James ne savait pas si le sort lui était adressé et avait touché le Moldu par pur accident ou si tout cela était voulu par le Mangemort. En fait, ça n'était pas important. Il aurait pu utiliser toute erreur à son avantage. Mais, comme la sorcière l'avait déjà compris, il était coincé sous un Moldu hurlant et incapable de se libérer de l'emprise de l'homme terrorisé. Les bras de l'homme s'agitaient dans tous les sens. Un atteignit James en pleine tête. Des étoiles passèrent devant ses yeux. Il luttait pour échapper au poids de l'homme. Mais un coude rencontra alors son ventre, rendant la situation si possible encore plus désagréable. L'Auror n'avait plus seulement à libérer la main qui tenait encore sa baguette, mais il devait encore dompter sa respiration. Des cris remplissaient l'air. Finalement, il extrait sa main du corps jeté sur lui et dirigea sa baguette sur l'homme d'affaires.

« Stupefix ! »

Le moldu devint, dieu merci, silencieux. Plus encore, il ne bougea plus. James profita de la surprise pour attaquer la sorcière : « Reducto ! »

Il y avait plus propre, mais il n'en avait cure. La sorcière non plus, maintenant qu'elle était réduite à une centaine de petits morceaux – aucun n'étant plus jamais capable de sentir quoique ce soit. James détestait tuer mais son métier parfois l'imposait. Un mal nécessaire. C'était la guerre. Ceux qu'on ne tuait pas ou qu'on ne capturait pas, revenaient un jour vous attaquer. Il n'y avait pas de place pour le remords. Les Moldus hurlèrent lorsqu'il rejeta l'homme d'affaire inconscient et se remit sur ses pieds. Il courut vers la porte arrière.

Il n'avait pas compté avec Léora. Il avait même oublié les deux mangemorts restants qui la protégeaient. Deux hommes imposants, plus grands et plus costauds que lui. C'est eux qui avaient essuyé le plus gros de son sort et elle n'était pas inconsciente comme eux. Mais James ne réalisa cela que lorsqu'il n'était plus qu'à trois enjambées de la porte. Le monde alors bascula, explosant autour de lui avec un éclair de lumière.

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Un coup retentit à la porte de son bureau. Severus Rogue soupira. Grommelant, il leva les yeux de la pile de devoirs de Poufsouffles de sixième année qu'il était en train de noter. « Décrivezl'histoire, les usages et les contreusages de la potion de morts vivants » en au moins trois rouleaux de parchemin. S'il n'y prêtait pas attention, le visiteur allait peut être partir. Un autre coup retentit. « Quoi ? », murmura-t-il.

La porte s'ouvrit révélant Mondungus Fletcher. Son visage couturé semblait impassible, mais Severus, qui le connaissait bien, sut combien il était mécontent. Il vit aussi un Draco Malfoy qui avait l'air très en colère. C'étaient les yeux de Fletcher qui disaient son état, ils dansaient littéralement de fureur. De tels regards, quand il était Auror, avaient signé la mort de bien de Mangemorts. Mais Malefoy ne semblait pas s'en rendre compte. Il était peut-être trop bête pour comprendre ce qu'impliquait avoir mis en colère son peu calme professeur de transfiguration. Severus pensa plutôt que Drago n'en avait rien à faire. Le peu qu'il connaissait de sa personnalité l'invitait à penser que l'héritier des Malefoy était avant tout comme son père. « C'est vraiment ce dont j'ai besoin, maintenant », pensa-t-il avec humeur. « Un Lucius miniature dans mon bureau ». Severus utilisa cette pensée pour placer un masque de colère sur son visage. Malefoy penserait sans aucun doute que cette expression répondait à la tension entre le directeur des Serpentards et celui des Gryffondors. En vérité, les deux hommes avaient beaucoup de respect l'un pour l'autre. Severus ne cherchait pas d'amis. Mais s'il avait du dresser une liste Dung y aurait figurer en bonne place. C'était un homme bon et courageux. Severus avait été content de sauver sa vie. « Espérons que ma dernière tentative de sauvetage sera aussi heureuse », pensa-t-il amèrement. Attendre à Poudlard était la pire des tortures. Il aurait préféré se battre ouvertement contre Voldemort. Il aurait aimé contribuer à la bataille que menaient des hommes comme James Potter chaque jour. Mais ce n'était pas son rôle. Il savait que ce qu'il faisait était bien. C'était incroyablement utile à leur cause. Mais les restrictions qu'il lui imposait étaient parfois intolérables.

Il espérait que James allait bien. Il avait détesté Potter autrefois. Pour des raisons variées. Avant tout parce que leurs personnalités divergeaient et que leurs amis différaient. Comme il était facile aux Serpentards de détester les Gryffondors. Et vice versa. Tous les deux incarnaient les deux maisons à leurs extrêmes.  Et puis, il y avait l'histoire de leurs familles ? Les Potter avaient toujours lutté contre la magie noire. Avant même l'avènement de Godric Gryffondor. Les Rogue, eux, avaient toujours été des mages noirs. Des générations de sorcières et de sorciers qui croyaient fermement que leur soif de pouvoir justifiait tout. Ca avait pris de temps à Severus pour comprendre combien ils s'étaient trompés.

Il suffisait de regarder le jeune Malefoy pour savoir que certaines personnes ne comprendraient jamais cette leçon. Ouvrant son esprit au monde extérieur, il plaqua sur son visage son habituel air dédaigneux.

« Professeur Fletcher ? »

« Professeur Rogue. » Dung avait toujours été un bon acteur. Sa voix paraissait presque aussi hostile que celle de Rogue. Il n'y avait aucune raison pour qu'un ancien Auror, avec l'histoire de Fletcher, n'apprécie un homme que toute la communauté magique tenait pour un ancien Mangemort – même si personne ne pouvait le prouver.

« Que puis-je pour vous ? », demanda Severus.

Dung tira Drago dans la pièce. « M. Malefoy ici présent a décidé qu'il serait amusant de mettre le feu aux cheveux d'Hermione Granger pendant mon cours. J'ai pensé que puisqu'il appartient à votre maison, vous seriez le mieux placé pour vous occuper de lui ».

« C'est clair. Laissez-le ici ». Il était normal qu'il fût aussi bref. Dung comprenait que son  impolitesse ne lui était pas destinée.

« Bien sûr. » répondit le professeur de Transfiguration avec froideur. Avec un imperceptible signe de tête final, il sortit en fermant la porte derrière lui. Severus attendit un instant, se laissant le temps d'étudier l'enfant de son vieil « ami ». Il remarqua que Malefoy n'avait pas l'air particulièrement inquiet. Le léger plissement de ses yeux indiquaient néanmoins une légère nervosité. Rogue n'avait pas encore eu directement à faire avec l'héritier des Malefoy. Ceci serait sa première conversation privée avec le garçon. Il savait que certains directeurs de maison aimaient rencontrer chacun de leurs premières années peu de temps après leur arrivée à Poudlard. Severus était différent. Les Serpentards étaient différents. Il préférait les observer d'abord et apprendre à les connaître de loin. Six semaines d'observation et de leçons de potion, et son instinct, lui avaient ainsi enseigné que Drago était un autre Lucius, juste plus jeune et moins corrompu.

Le Garçon s'était raidi sous son regard inquisiteur. Il fit mine de s'asseoir sur la chaise qui faisait face à l'antique bureau de bois de Severus. Le maître de potions se figea : « Je ne vous ai pas autorisé à vous asseoir, M. Malefoy ».

Les yeux gris et froids se figèrent et, pendant un instant, Severus pensa qu'il allait peut-être répondre. Drago semblait peser ses options. Il essaya de garder son air hautain et aristocratique jusqu'au moment où il se rappela que Severus était un ami de longue date de son père. Il était peu probable qu'il tolère une opposition ouverte. Le rictus hautain s'effaça lentement du visage de l'enfant alors que Severus attendait patiemment d'avoir toute son attention. « Le monde a des règles », pensa le vice-directeur avec malice. « Habitue-toi à les respecter ! » Il était clair que Drago n'était pas habitué à obéir à quiconque à l'exception de son père. Il valait mieux pour lui, pourtant, qu'il apprenne à le faire ici, à Poudlard, plutôt que sous la férule de Voldemort. Severus de pencha en avant, croisant ses mains sur son bureau.

« Expliquez-vous »

Le rictus revint immédiatement.

« Et bien, monsieur, c'est cette petite sang de bourbe qui essayait de… »

« Epargnez-moi vos enjolivements pathétiques d'élève, s'il vous plait », le coupa Severus. La froideur de sa voix sembla d'abord surprendre Malefoy. L'enfant cligna des yeux, hésitant à continuer. On voyait bien qu'il essayait de trouver rapidement une réponse acceptable.

« Professeur, elle m'a insulté ».

Il ne prenait pas de risque. Sans être vrai, c'était possible. Mais Severus était sûr du contraire. Détecter les mensonges était facile pour un menteur patenté. Un jeu d'enfant.

« Vraiment ? »

« Oui, monsieur ».

Un sourcil de Severus s'arqua. Malefoy changea une nouvelle fois de tactique Ce n'était vraiment pas son fort. S'il avait eu le moindre bon sens, il aurait su que Hermione Granger – la seule possible sang-de-bourbe dans cette classe de transfiguration regroupant Gryffondor et Serpentards – n'était pas du genre à insulter quelqu'un comme lui. Cette fille était plus intelligente que ça. Elle était déjà une cible et savait qu'insulter Malefoy rendrait les choses pires encore. Même des Gryffondor premières années n'étaient pas assez stupides pour chercher ainsi la bagarre. Enfin, corrigea silencieusement Severus, certains auraient pu le faire, mais pas elle.

Il laissa Malefoy s'inquiéter encore un moment avant de se lever gracieusement et de contourner son bureau pour plonger son regard dans celui du garçon blond. Son élève lui rendit son regard, pas vraiment effrayé mais assez malin pour se poser des questions. Severus attendit que l'enfant détourne son regard, incapable de soutenir celui de son maître. Il croisa alors ses bras et dit froidement :

« Dites-moi la vérité, Malefoy »

« Elle le méritait », lâcha Malefoy. Il redressa la tête et affronta le regard de son professeur, le mettant au défi de le contredire.

Ce n'est pas un lâche. Severus ajouta ce trait à son portrait mental de la personnalité de Malefoy.

« Pourquoi ? »

« C'est une insupportable je-sais-tout ». Le rictus hautain revenait mais cette fois il ne s'adressait pas au directeur des Serpentards. « Et elle est repoussante. Des gens comme elle ne devrait pas être admis ici ».

On y était. Le credo de Voldemort, admis par presque tous les membres de la maison Serpentard : les Sang-de-bourbe n'ont rien à faire ici. Severus ne laissa pas apparaître son propre dégoût. Lui aussi y avait cru… même si ce n'était plus le cas. Il rencontrerait peut-être un jour un autre Serpentard qui lui ressemblerait. Mais c'était peu probable. En attendant, il allait être ce qu'on attendait de lui. Ce n'était même plus difficile. Il jouait ce rôle depuis tellement d'années. Seule une poignée de ses étudiants avaient parfois vu le vrai Severus Rogue. La plupart d'entre eux étaient morts. Il les avait subtilement recruté pour l'Ordre du Phénix – bien qu'aucun n'ait jamais pensé qu'il en faisait lui-même partie. Comme tant d'autres espions envoyés auprès du Lord Noir, presque tous étaient morts. Mais, ce n'était pas non plus le temps de deuil. Severus s'autorisa un sourire glacé.

« Il n'est pas très sage, M. Malefoy, d'exprimer ainsi de telles pensées »

Drago le regarda d'un air soupçonneux :

« Mais, vous êtes… »

« Oui », l'interrompit abruptement Severus. Il était clair que Malefoy était sur le point de dire « mais, vous êtes un mangemort ». Il ne faisait aucun doute que Lucius l'avait mis dans la confidence avant de le mettre de le Poudlard Express. Mais Rogue ne voulait pas laisser l'enfant faire des choses stupides. Il reprit. « J'ai dit qu'il était peu sage de dire de telles choses. Je n'ai pas dit que je n'étais pas d'accord avec vous. Il ne faut seulement pas en parler ».

« Pourquoi ? » Il avait toute son attention maintenant.

« Il y a des avantages, Drago, à apparaître tel que le monde souhaite que vous soyez ».

Il avait intentionnellement utilisé le prénom de l'enfant. Pour la première fois. Il vit Malefoy se redresser en l'entendant.

« L'animosité entre vous, Potter, Granger et les Weasley n'est un secret pour personne. Et des actions en conséquence sont compréhensibles. Mais Serpentard n'est pas la maison des ambitieux et des malins pour rien. Les blagues de potache sont en dessous de vous… de quelqu'un de votre lignée ».

Aucun autre professeur n'aurait pu tenir un tel langage à un Malefoy sans s'attirer son mépris hautain. Mais la lignée des Rogue était presque aussi antique que celle des Malefoy Le jeune Drago savait que son père était le premier lieutenant de Voldemort mais aussi que Rogue était le deuxième. Il acquiesça et écouta en silence le discours murmuré de son professeur.

« Certains ont plus clairement leur place à Serpentard que d'autres », dit Severus doucement. « Seuls quelques uns atteindront les sommets de leur maison. Je serais déçu si vous, particulièrement, n'obteniez pas ce résultat ».

« Je ne vous décevrais pas, Professeur ».

Il l'avait eu. Severus sourit froidement.

« Je l'espère », répondit-il « Si vous voulez réussir, il faudra suivre mes conseils ».

« Oui, monsieur », acquiesça Drago. Il ne faisait aucun doute qu'il chérissait l'idée de dominer sa maison. Severus voyait ses yeux briller d'anticipation.

« Très bien ».

Severus plongea ses yeux dans ceux de son élève. Sa voix se fit plus dure.

« Les blagues immatures doivent donc cesser. Rendre coups pour coups aux Gryffondors est inacceptable. Les attaques verbales sont tolérables. Toute autre action devra être marquée du sceau de Serpentard. De préférence dans un bois avec pas d'autres témoins qu'une paire de fidèles seconds ».

Les yeux de Drago s'agrandir de surprise.

« Mais monsieur, les duels sont interdits »

« Les règles, Drago, sont faîtes pour être contournées ».