Disclaimer et message : Je répète : c'est robin4 qui a écrit ce texte Et j'invite tous ceux qui aiment ce texte à aller lui dire ! Voire à lire la suite en anglais - j'ai 23 chapitres de retard... Moi, Fénice, je ne fais que traduire et Camille - merci Camille- relit ! Mais je promets d'essayer de ne pas laisser tomber... ce chapitre était facile à traduire parce que je l'adore... je le relis souvent... je sais pas si vous faites comme moi, si vous allez relire des chapitres que vous aimez...

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Chapitre 10: Temps de terreur

A Poudlard, la vie continuait. L'embuscade ratée ne faisait plus les gros titres de la Gazette des sorciers - Le célèbre James Potter avait encore survécu. Les reporters s'étaient mis à l'appeler " l'Immortel " et tout le monde savait que le chef des Aurors était le second sur la liste des cibles de Voldemort. Seul Albus Dumbledore - le seul homme que le Lord noir craignait d'affronter, celui qui avait sauvé à lui seul le monde magique de la destruction quatre ans auparavant- venait avant. Pendant toutes ces années, le père d'Harry avait constamment été un empêcheur de tourner en rond pour Voldemort et il était de nouveau devenu une cible. Plusieurs incidents avaient amené Harry à s'inquiéter. Ils avaient été ponctués par d'inévitables commentaires de Malefoy insinuant que les jours de ses parents étaient comptés.

Mais, finalement, rien ne s'était produit. Harry était en sécurité à Poudlard, se forçant à prétendre que tout allait aussi bien dans le monde. Son premier match de Quidditch - contre les Serpentards, rien que ça ! - rendit cela presque honteusement facile. Harry disposait pour ce jeu des dons naturels encore plus importants que son père, qui avait pourtant failli jouer de manière professionnelle. Alors qu'aucun autre première année n'avait réussi à entrer dans l'équipe de sa maison, lui avait été sélectionné comme attrapeur de Gryffondor. Son premier match l'avait vraiment fait monter au septième ciel, malgré ses trois côtes fêlées dues à une rencontre intime avec un cognard envoyé très précisément au moment où il allait attraper le vif d'or. Un autre cognard avait ouvert le crâne de Fred Weasley. Les deux gryffondors reposaient donc à l'hôpital alors que leurs camarades célébraient leur victoire. Mais même ça ne pouvait pas diminuer leur plaisir d'avoir battu la maison des Serpentards. Le Quidditch était, d'une certaine façon, la réplique à Poudlard de la guerre qui faisait rage au dehors. Le bien, la lumière, les Gryffondors, avaient ainsi pris l'avantage sur le mal, l'obscur, les Serpentards, pour la première fois depuis des années. Le monde n'était pas aussi noir ou blanc, mais, ils étaient si jeunes !

Mais même Poudlard ne réussissait pas toujours à échapper aux changements extérieurs. La tragédie s'abattit sur les premières années de la maison des Gryffondor à la mi-novembre. Quelques minutes avant l'arrivée du courrier du matin, le professeur Fletcher emmenait un Neville Londubat très inquiet hors de la grande Salle, en lui annonçant très gentiment que des personnes de sa famille étaient là pour le voir. Quelques minutes plus tard, quand arriva l'exemplaire de la Gazette des sorciers d'Hermione, ils surent pourquoi.

" LONDUBAT CAPTURÉ

Très tôt hier soir, une équipe d'Aurors, menée par le vétéran Frank Londubat, lançait un raid contre un lieu supposé de réunion de Mangemorts à la sortie sud de Londres. La soi-disant réunion se révéla un piège et six moldues ont été tuées dans la bataille qui a suivi entre les cinq Aurors et les Mangemorts. Selon des témoins, ceux-ci auraient été au moins une douzaine.

Londubat, Auror depuis 1976, a réussi à sortir son équipe du piège mais au prix le plus fort. Alors qu'il couvrait Ernie Jordan, Virginia Wilson, Sam Ackerley et Oscar Whitenack, Londubat s'est fait prendre par plusieurs Mangemorts. Les témoignages disent qu'il a essayé de retourner sa baguette contre lui mais qu'on l'a empêché de se donner la mort. Des rumeurs disent que Londubat est maintenant détenu à Azkaban, l'ancienne prison magique devenue le quartier général de celui-dont-on-ne-doit-pas-dire-le-nom.

Il y a peu d'espoir qu'il soit secouru. Arabella Figg, la directrice de l'application des lois magiques, a déclaré que ' Frank était un homme bon et un Auror exceptionnel. Nous allons bien sûr faire tout ce qui est dans notre possible pour le libérer... mais personne ne doit s'attendre à des miracles. Tout ce qui pourra être entrepris, le sera '.

A ce jour, personne n'a réussi à s'échapper d'Azkaban. Les efforts répétés du Ministère pour pénétrer dans la forteresse et dans l'île qui l'abrite ont échoué. Certaines rumeurs prétendent encore que l'organisation secrète " L'Ordre du Phénix " travaille aussi sans relâche à cette fin. On sait pourtant peu de chose de cet Ordre à part son nom et le fait que certains membres du Ministère l'auraient rejoint pour lutter contre Celui-dont-on-ne-doit-pas-dire-le-nom.

La femme de Frank Londubat, Alice, elle aussi Auror, n'a pas souhaité faire de commentaire. Le couple a un fils unique, Neville, qui vient d'entrer à Poudlard. Il a onze ans. "

" Pauvre Neville ", soupira Hermione.

" Ouais ", répondit Ron qui regardait Harry - lequel cilla. De tous, il était le mieux placé pour comprendre combien la situation était désespérée. Harry savait que son père se battait depuis des années pour trouver un moyen d'entrer à Azkaban, sans y parvenir. Ca aurait été un miracle.

" J'espère que Neville va tenir le coup ", répondit Harry finalement. Il aurait aimé avoir autre chose à dire. Mais il ne trouvait rien d'autre. Il n'y avait simplement rien d'autre à dire.

Neville ne vint pas en classe ni ce matin là, ni l'après-midi qui suivit. Il ne revint même pas dans leur dortoir ce soir là. Harry, Ron, Dean et Seamus s'inquiétèrent seuls. Le matin suivant, ils apprirent que Neville était parti avec sa mère et sa grand-mère pour quelques jours. Il ne revint que deux jours plus tard. Et, Neville qui avait toujours été un garçon calme (mais intéressant) devint encore plus calme mais surtout définitivement ailleurs. Il commença à oublier des choses et à être maladroit (ce qu'il n'était pas auparavant). Les premières années de Gryffondor durent se mettre à le surveiller pour éviter que les catastrophes ne s'abattent sur Neville. Ils ne lui en voulaient pas, bien sûr. Les amis servent à ça. Mais, les semaines passant, éviter des ennuis à leur camarade se révéla de plus en plus difficile. Neville avait l'air de ne pas s'en rendre compte. Les cours de potion, bien sûr, étaient les pires.

Les choses allaient bien. En y réfléchissant, Harry penserait même qu'elles allaient peut-être trop bien. Pour une fois, Malefoy et sa bande n'avaient pas cherché à les provoquer. Harry pensa pourtant qu'ils devaient préparer quelque chose. La classe était presque finie. Encore quelques ingrédients et ils auraient terminé. Sans raison, le chaudron de Neville tomba sur le sol. Exploser aurait été plus juste. Exploser et se répandre partout. Le liquide vert bouillant toucha Harry, Ron - protégeant heureusement Hermione -, Dean et le professeur Rogue. En plein milieu du dos de ses coûteuses robes de soie ! Le maître de potion se retourna, le visage tendu d'une colère à peine contenue. Ses yeux se fixèrent immédiatement sur Neville, qui baissa le nez sous la pression des yeux sans pitié. Les lèvres de Rogues laissèrent échapper un grognement de fureur avant que le sous-directeur réussisse à se contrôler. Les paroles qu'il prononça, malgré son ton pincé et retenu, exprimaient tout son mépris. Ses yeux dansaient de fureur quand il grinça :

" On ne peut donc attendre aucun self-contrôle de vous, Londubat ? Vous ne vous rendez donc jamais compte du danger ? "

Neville parut avoir envie de disparaître dans le sol. " Je suis désolé, Professeur" répondit l'enfant mal à l'aise. " Je ne faisais pas attention... "

" Ah ça ! Vous ne faisiez pas attention! ", insinua Rogue. " Je ne devrais rien attendre de plus de quelqu'un de votre famille ! Vous semblez tous stupides et incapables ".

Neville blêmit. Hermione étouffa un cri. Ron jura tout bas d'une manière qu'aurait certainement désapprouvée sa mère. Harry ne put s'empêcher de dévisager Rogue. Un moment, il eut l'impression que le dédain allait s'effacer de la face de son professeur lorsque la lèvre inférieure de Neville Londubat se mit à trembler. Mais les yeux du maître de potion continuèrent à le transpercer, le mettant au défi de contredire le sous-directeur de la plus ancienne école de magie et de sorcellerie du monde. Après le rouleau compresseur émotionnel qui était passé sur Neville une semaine plus tôt, il n'avait aucune chance. Après un moment de semi résistance, Neville abandonna. Avec un haussement d'épaules, il quitta la classe.

Pendant un moment, aucun des premières années ne sut quoi faire. Les actes de Neville parurent surprendre même Rogue. Harry se tourna vers Ron, profitant de la surprise générale. Leurs yeux se rencontrèrent et son ami rouquin acquiesça. De manière assez surprenante, Rogue ne réagit pas lorsque Ron suivit Neville dehors, ou lorsque Harry s'avança vers lui pour l'en empêcher. Un silence embarrassé s'installa dans la classe de potions jusqu'à ce que Snape fronce des sourcils et qu'il se tourne vers les Gryffondors :

" Vous! Nettoyez-moi ce gâchis ", aboya-t-il irrité. La classe de potions reprit lentement vie. Même penché sur la gadoue répandue sur le col, Harry put entendre Malefoy et ses amis se moquer de la couardise de Neville. Comme d'habitude, Rogue les laissa faire. De manière plus surprenante, il ne fit cependant aucune remarque perfide à ce sujet.

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Neville s'en remettrait. Plus tard. Sous son air calme, nouvellement effrayé et solitaire se cachait une force que peu mesurait. Plus tard, il n'oublierait pas les amis qui s'étaient inquiétaient de lui pendant ces journées. Ron qui l'avait poursuivi et l'avait ramené à la salle commune de Gryffondor. Ses camarades qui lui avaient ramené son chaudron avec des rires et des plaisanteries - tous n'avaient-ils pas un jour du endurer la tyrannie de Rogue, au moins une fois ?

Quel hypocrite onctueux ! Quel bon à rien ! Quel salaud qui n'aurait jamais dû être autorisé à enseigner !

Tout finirait par s'arranger, finalement, lui avaient-ils affirmé avec des grands sourires. Même s'ils étaient loin d'en être sûr. Mais les amis étaient faits pour ça ! Pour partager les mauvais comme les bons moments! Ils étaient à ses côtés. Hermione osa même aller parler au professeur Fletcher, leur distant et froid directeur. Mais rien, malheureusement, ne se passa. Ils espérèrent cependant que le directeur de Poudlard avait parlé en privé avec le professeur Rogue. Harry leur affirma qu'il le ferait. C'était le genre de Remus Lupin. Finalement, l'incident était presque oublié lorsque les six Misfits décidèrent de se venger du professeur. Même Neville rit lorsque le tableau noir se mit à dire à Rogue, entre autres, qu'il était laid, sale, et hypocrite, qu'il n'avait rien à faire sur le sol sacré des donjons de Poudlard. Les Serpentards, dit le tableau, n'étaient généralement capables que de poignarder dans le dos et de pleurnicher. Ils étaient assez bêtes pour croire que le pouvoir était un but en soi. Le tableau dit aussi qu'ils ne savaient ce que signifiait l'amitié. Il se mit ensuite à débiter des insultes plus élaborées et colorées - par le simple fait qu'ils n'avaient pas seulement enchanté le tableau pour qu'il soit impoli mais parce qu'ils avaient utilisé toutes les couleurs de l'arc-en-ciel pour créer son langage. Rien ne pouvait arrêter le tableau. Il mit plus de douze heures à s'arrêter. Ceci finit par une retenue, mais les Misfits pensaient qu'une telle vengeance le valait. Quand on y réfléchit, si Rogue ne les avait pas mis en retenue, il aurait eu moins de soucis.

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Minuit.

L'heure des actes interdits, des rencontres interdites. Le moment où l'on peut roder sans être remarqué. Le cœur de la nuit a toujours attiré ceux qui craignent l'attention des autres. L'obscurité et le calme leur apportent de la sécurité tout en contribuant à nourrir l'angoisse. Ce n'est pas pour rien que les moldus appellent ce moment, les heures des sorcières. Tout au long de l'histoire, sorciers et sorcières ont su utiliser ces heures obscures. Pour faire le bien comme pour faire le mal, minuit est un moment idéal. Pour le crime comme pour le désordre, il n'y a pas de meilleure heure.

Les plus âgés des Misfits avaient découvert cela dès leur première année. Les plus jeunes étaient en train de le faire. Harry, Ron et Hermione sortaient à peine de leur désagréable retenue avec le professeur Rogue. Ils voulaient utiliser ce moment pour le mieux. Ils étaient debout et, pour une raison inconnue, Rogue les avait laissés sortir plus tôt. Une telle gentillesse, si on pouvait l'appeler comme ça, était inhabituelle. Ils voulaient donc le payer par un nouveau méfait. Le sous-directeur était vraiment laid et de mauvais caractère ! Il ne méritait pas moins. Ils avaient pensé que quelques plantes hurlantes des serres ne dépareraient pas son bureau - Rogue l'avait quitté en même temps qu'eux. Et ils étaient en route pour réaliser ce plan. La gentille et confiante professeur Chourave ne fermait jamais la serre numéro 3. Fred et George avaient déjà fait bon usage de cette connaissance l'année précédente et ils l'avaient gentiment partagée avec leurs jeunes compagnons. Harry espérait trouver une plante qui morde. Si possible jusqu'au sang ! Il imaginait sans peine l'expression de Rogue lorsqu'un tel végétal planterait ses dents dans le derrière soyeux du Maître de potions... Il repoussa cette pensée avec un petit ricanement. Il aurait le temps d'en profiter plus tard. Ils devaient entrer dans la serre et trouver ce qu'ils cherchaient - rien de si facile de cacher trois personnes même jeunes sous une seule cape d'invisibilité. Comme d'habitude, Ron lui écrasa le pied droit, transformant ses orteils en marmelade, et Harry du refreiner son désir de jurer.

" Ron, fais attention ! "

" Pardon "

" Est-ce que vous allez vous taire, vous deux ? " siffla Hermione. " On va nous entendre ! "

" Il n'y a personne ici, Mione " , rétorqua Ron.

" Vraiment ? " demanda-t-elle, montrant une silhouette cagoule qui traversait la prairie. " Et ça, c'est qui ? Et ne m'appelle Mione. Je m'appelle Hermione !"

" Bon dieu, pardon ", répondit Ron. Il n'avait pas l'air désolé.

" Chut ! " leur intima Harry les yeux rivés sur la forme noire. Il murmura, " je pense que c'est Rogue! "

" Super ! C'est exactement ce qu'il nous faut ! " Râla Ron. Il attrapa le coude d'Harry " Allez, partons ! "

Harry ouvrit sa bouche pour répondre, mais Hermione fut plus rapide.

" Rentrez ? ", demanda-t-elle, traduisant la pensée d'Harry. "Pourquoi rentrez ? Regardons plutôt ce qu'il fait! "

" Pourquoi ? " demanda Ron.

Harry sourit: " Bonne question ", répondit-il, même s'il savait que ce n'était pas ce que Ron avait voulu dire. " Qu'est-ce qu'il fait là ? "

" Surtout à une heure pareille ", ajouta Hermione.

" Et qui vient là ? " Harry avait été le premier à déceler une deuxième silhouette.

" Où ça ? " demanda Hermione.

" Là ! " Ron désignait une deuxième personne, elle aussi cagoule, qui sortait tout juste de l'ombre de la grande porte.

" Ne fait pas de grands gestes, Ron ! "

" Vraiment Hermione ! Comme si on n'était pas sous une cape d'invisibilité ! ", répondit le rouquin.

Harry sût qu'elle rougissait " Oh, j'avais oublié ! "

" Est-ce que vous allez vous taire, à la fin ? ", demanda Harry, tout en regardant les deux silhouettes se rejoindre. C'était difficile à dire de si loin, mais il pensait que c'étaient deux hommes. Il pensait toujours que le premier était le professeur Rogue. Il prépara ses oreilles à les écouter et il sentit que ses amis faisaient la même chose. Rogue s'approcha et l'autre silhouette lui parla d'une voix tremblante.

" Qu'est-ce qui vous a pris tant de temps ? "

" Ca ne vous regarde en rien ", gronda le sous-directeur. " Soyez déjà content que j'aie accepté de vous rencontrer ! "

" Notre maître ne... n'aime pas... attendre ", bafouilla l'autre.

" Notre maître, Quirrell, sait parfaitement des exigences de mon métier ", répondit Rogue durement.

Hermione s'esclaffa et même Harry sentit son sang se figer. Ils ne pouvaient parler que d'une seule personne.

" Je refuse d'être tenu responsable pour votre retard ", râla Quirrell. " Vous devrez subir seul sa colère ! "

" Taisez-vous, Quirrell ! "

Le professeur de forces du mal sursauta. Même de loin, ils purent voir son corps se tendre : " Vous, vous... "

D'un seul mouvement fluide, Rogue le rejoint. Il attrapa le petit homme par le devant de ses robes et le secoua durement, l'empêchant de finir sa phrase.

" Je vous ai dit de vous taire, Quirrell ", gronda-t-il. " A moins que vous ne souhaitiez goûtez ma colère avant de vous présenter devant le Lord Noir ". Le professeur recula mais Rogue continuait avec acidité.

" Je vous assure que si cela arrive, toute punition sanctionnant notre retard sera pour vous seul ! J'expliquerai à notre Lord que vous m'avez mis en colère et que j'ai du vous corriger avant que vous ne vous présentiez devant lui. "

Quirrell ouvrit de grands yeux - comme les trois Misfits. Harry avait toujours détesté Rogue mais il ne l'avait jamais entendu être si... dangereux. Clairement ce n'était pas le cas du Professeur de Défense contre le mal, qui avait été réduit à un silence tremblant. Après un moment, la main de Rogue glissa vers l'épaule de Quirrell et il tira l'homme vers lui. " Venez... nous sommes attendus ! "

Les deux hommes sortirent de Poudlard ensemble et disparurent. Le trio resta un moment silencieux. Hermione brisa ce calme en murmurant : " Mon dieu, est-ce qu'ils sont... ? "

" Des mangemorts ", dit sombrement Harry. Il avait froid. Il ne pouvait pas en être autrement. Il n'y avait pas d'autre explication possible. Mais il ne voulait pas y croire. " Ce sont des mangemorts ".

" Deux professeurs ? " dit Ron incrédule. " Je veux dire... mon père a toujours dit que Rogue en était, mais Quirrell !!! Comment quelqu'un qui a peur de tout peut-il faire ce genre de chose... C'est incroyable ! "

" Nous devons prévenir le directeur ", dit Hermione avec décision.

Elle avait raison. Harry rejeta la cape. Elle ne servait plus à rien maintenant.

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En rentrant dans le château, le trio réalisa qu'ils avaient un problème. D'abord, aucun d'eux ne connaissait le chemin du bureau du professeur Lupin. Ils ne pouvaient pas aller voir n'importe quel professeur et lui demander. Une horloge sur le mur apprit à Harry qu'il était plus de minuit maintenant. Il n'y avait aucune raison plausible pour que le directeur fut dans son bureau à une telle heure. Il devait être dans ses appartements. Ils n'avaient aucune idée d'où ceux-ci pouvaient être. Pendant un long moment, ils errèrent sans but dans le château, se demandant quand ils allaient enfin tomber sur un professeur - n'importe lequel ! Ils ne se sentaient pas difficiles. Et les deux seuls qu'ils auraient voulu éviter étaient hors du château à cet instant ! Mais Poudlard était presque anormalement calme. Toute autre nuit, ils auraient remercié le ciel d'un tel silence, mais à ce moment précis, il leur paraissait insupportable. Aussi insupportable que l'apparition de Rusard.

Harry, Ron et Hermione arrivèrent à un tournant d'un couloir, désespérés de ne rencontrer personne qui pourrait les croire, lorsque Ron buta sur Miss Teigne. Là où allait le chat, on devait s'attendre à voir apparaître Rusard. Ron jura. Miss Teigne cria.

Leurs instincts leur disaient de s'enfuir et tous les trois firent demi-tour dans l'instant. Mais Hermione attrapa le bras d'Harry - il était le plus près - et cria : " Attendez ! "

" Tu n'es pas folle ? " demanda Ron, s'arrêtant brusquement pour la dévisager comme si elle avait perdu l'esprit.

" Non " . Hermione leva les yeux au ciel. "Penses-y, Ron. Rusard peut..."

" Bien, bien, bien... " Une voix familière l'interrompit. Ils se tournèrent tous les trois pour faire face au concierge qui avait pris son chat dans ses bras. " Des étudiants loin de leur lit... je me demande ce qu'ils font... Qu'en penses-tu ma chérie ? "

Miss Teigne miaula.

Hermione essaya de sourire. " En fait, nous cherchions un professeur... "

" Bien sûr ! " répliqua Rusard, d'une voix aiguë et coléreuse. " Ou, plus sûrement encore, vous cherchiez un moyen de détruire mon travail... moi qui nettoie ce château de la cave au grenier ! Je ne serai pas surpris si vous étiez de mèche avec des infernaux jumeaux Weasley !" Le concierge cilla et s'interrompit brusquement. " Venez avec moi, tous les trois, le professeur Fletcher va s'occuper de vous ".

Harry se demandait parfois ce qui dévorait Rusard. Il allait répondre quand Hermione lui donna un coup de pied dans la cheville. En se tournant vers elle, il comprit d'un coup qu'elle avait raison. Ils cherchaient bien un professeur, après tout. Et le professeur Fletcher était un ancien Auror. Il saurait quoi faire. Et il saurait comment prévenir le directeur. Le Trio suivit dès lors le concierge dans une pièce qu'il leur désigna avec plus de bonne grâce qu'ils en auraient mis généralement. Quelques instants plus tard, leur responsable de maison apparut.

Mundungus Fletcher était blond et avait des yeux verts. On avait du autrefois le juger beau garçon. Ce n'était pourtant pas la cicatrice de sa joue droite qui le rendait laid - et laid, il l'était - mais plutôt sa permanente expression de froideur et d'hostilité. Harry avait entendu dire qu'avant sa capture c'était un homme gentil et jovial, prompt à rire et à plaisanter. Il n'avait plus rien de cet homme aujourd'hui. Ses yeux étaient devenus de la glace verte et semblaient toujours hantés par ce qu'il avait vécu dans les mains de Voldemort. Aucun Gryffondor - personne dans tout Poudlard, en fait – ne pouvait dire qu'il était injuste. Les punitions du professeur Fletcher étaient toujours justes et il n'avait pas de favoris. Mais personne ne pouvait pour autant l'accuser d'être gentil. Et il n'était pas très aimé.

Harry n'avait pourtant jamais aussi content de voir l'ancien Auror que lorsqu'il le vit émerger de sa chambre, ayant visiblement repoussé le sommeil en hurlant : " Mais qu'est-ce qui ce passe ici ! " Rusard ricana et Harry décida de laisser Hermione répondre.

" Professeur, nous étions dehors... "

" Qu'est-ce que vous faisiez dehors ", l'interrompit Fletcher en fronçant les sourcils.

" Nous revenions d'une retenue ", répondit immédiatement Ron, " avec le professeur Rogue. "

" Dehors ? " Malheureusement, le directeur des Gryffondors ne ratait que peu de choses. Harry vit Hermione écraser 'accidentellement' le pied de Ron. De toutes ses forces.

" Monsieur, pourquoi nous étions dehors importe peu ", dit vivement Harry couvrant la plainte peu masculine de Ron. " Ce qui est important, c'est ce que nous avons vu : le professeur Rogue et le professeur Quirrell quittaient le château... et il parlait du Lord Noir. Ils parlaient comme des Mangemorts, monsieur ! "

Les sourcils de Fletcher s'envolèrent si rapidement qu'ils atteignirent presque la racine de ses cheveux.

" Vraiment ? " demanda-t-il calmement. " Etes vous bien sûr d'avoir bien compris ce que vous avez vu, M. Potter ? "

" S'il vous plaît, Professeur ! Nous devons voir le directeur ", l'interrompit Hermione.

" Ils sont partis mais nous ne savons pas quand ils vont revenir ", ajouta Ron. Harry opinait en soutien à ses camarades.

Fletcher les étudia longuement, ses yeux étaient noirs et son visage calme. Harry dut lutter contre l'urgence qui le tenaillait et lui donner envie de crier qu'ils perdaient du temps ! S'il avait connu le chemin, il serait déjà dans le bureau du professeur Lupin. Mais il ne le connaissait pas et ils ne pouvaient qu'attendre et espérer que le professeur Fletcher les croit. Son regard indiquait plutôt le contraire. Ses calmes yeux sombres ne traduisaient pas l'urgence que Harry aurait aimée y voir. Nous ne sommes pas simplement d'imbéciles gamins, avait-il envie de hurler. Après un long silence, l'ancien Auror dit simplement :

" Très bien, venez avec moi. "

C'était difficile de suivre les longues foulées du professeur Fletcher tout au long des couloirs. En chemin, Rusard quitta leur étrange groupe - sans doute pour faire d'autres rondes dans le château et surprendre d'autres fauteurs de troubles. Harry prit le temps de souhaiter que Fred, George et Lee aient déjà fini ce qu'ils avaient en tête - quoique ce soit !- avant que le concierge ne les prenne. Mais ce n'était pas vraiment important à ce moment précis ; Des questions plus importantes agitaient son esprit. Pour une fois, il fut content de savoir que le professeur Lupin soit un si vieil ami de son père. Il savait que le directeur les croirait ! Remus faisait partie de l'Ordre du Phénix. Même si ses parents lui avaient dit peu de choses sur l'organisation secrète de Dumbledore, Harry savait que Remus y occupait une place importante. Ceci voulait dire qu'il pourrait faire quelque chose pour Rogue et Quirrell - pas comme le professeur Fletcher qui n'avait fait que les regarder avec des yeux soupçonneux et pensait visiblement qu'ils s'étaient montés la tête.

Ils atteignirent enfin la grande gargouille qui était dans un renfoncement du mur. Le Professeur Fletcher s'arrêta devant, regarda la créature de pierre et dit " Aqueduc ". Immédiatement, la gargouille s'effaça pour révéler un escalier de pierre en spirale. Sans un autre mot, Fletcher les conduisit en haut des marches et entra dans le bureau directorial. Harry entendit Hermione à ses côtés crier doucement de surprise. Il partageait son étonnement. Quelque chose dans cette pièce en disait long sur l'histoire de Poudlard. C'était très étrange d'en faire soudainement partie. Les portraits des anciens directeurs et directrices remplissaient les murs. Tous dormaient et aucun ne s'éveilla lorsque le professeur de transfiguration amena les trois élèves au milieu d'eux. Seul celui de Albus Dumbledore paraissait complètement réveillé. Il les suivit de ses étranges yeux bleus, alerte et intéressé, juste reflet de l'homme qui avait conduit le monde magique pendant ces quatre dernières années de terreur. Certains disaient que c'était ses dons uniques qui avaient empêché le monde de sombrer. Harry réalisa qu'il regardait son successeur descendre l'escalier, rapidement habillé d'une robe de chambre. Lupin paraissait calme. A part le plissement de ses yeux, Harry n'aurait pas pu dire qu'il n'était pas habitué à voir débarquer trois élèves au milieu de la nuit. Un de ses sourcils châtains clairs marqua sa curiosité.

"Professeur Fletcher ? "

L'ancien Auror leur fit signe d'avancer tous les trois. Harry, Ron et Hermione formèrent alors une ligne hésitante. Fletcher répondit de sa voix grave : " On dirait que nous avons un problème, M. le directeur. "

" Un problème ? "

" Oui. " Fletcher désigna le trio d'un signe de tête. Ses doutes étaient évidents et Harry faillit hurler de colère.

" Ces trois là prétendent avoir vu les professeurs Rogue et Quirrell quitter les lieux d'une... manière curieuse. "

Les yeux bleus de Lupin les étudièrent longuement. Sa voix resta calme, ne trahissant pas le malaise croissant qu'il ressentait.

" Expliquez-vous ! "

Harry et ses amis échangèrent un rapide regard. Hermione indiqua d'un signe de tête ferme qu'il devait être leur porte-parole. Il supposa qu'il aurait du s'y attendre puisqu'il connaissait le professeur Lupin depuis toujours. Pourtant, il aurait aimé que Hermione le fasse. Les professeurs croyaient toujours Hermione. Il s'éclaircit la voix.

" Monsieur, nous étions dehors et nous avons vu le professeur Rogue et le professeur Quirrell. D'où nous étions, nous pouvions les entendre parler... et ce qu'ils ont fit les faisait ressembler à des Mangemorts. "

Lupin arriva au bout de l'escalier.

" Que disaient-ils exactement, Harry ? "

Harry expliqua sans oublier un seul mot. Hermione et Ron intervinrent une fois chacun pour expliciter des choses. Pendant tout ce temps, Lupin les écouta avec gravité, son visage ne trahissant aucune émotion. Il ne posa aucune question et attendit que Harry ait fini de parler pour échanger un regard sombre avec le professeur Fletcher. Il croisa alors ses bras sur sa poitrine et soupira doucement :

" J'ai bien peur que tous les trois vous vous soyez trompés ", dit-il doucement. " Je vous promets que ce que vous avez vu vous a induit en erreur. "

Harry ne pouvait pas y croire.

" Professeur ? " Ron ressentait visiblement la même surprise et les yeux d'Hermione s'étaient ouverts comme des soucoupes.

" Mais monsieur, si c'est vrai, Poudlard est en danger ", protesta-t-elle.

" Ecoutez-moi bien vous trois ", dit calmement Lupin. Ses yeux bleus se posèrent sur chacun d'eux. " Je sais que vous vouliez être utile et j'apprécie vos efforts. Votre bonne volonté, les risques personnels que vous avez pris, en disent long sur vous. Je dois cependant répéter que, quoique vous croyiez avoir vu, vous vous êtes trompé. Je connais... les raisons qui ont exigé des professeurs Rogue et Quirrell de partir ainsi en pleine nuit. Tous deux ont toute ma confiance. "

Harry sentit un pincement à l'estomac. Bien qu'il ait confiance en Remus Lupin - le vieil ami de son père faisait partie de sa famille -, quelque chose le gênait. Il le sentait et il le savait. Quelque chose n'allait pas. On ne leur disait pas toute la vérité.

" Est-ce que je peux vous demander ce qu'ils faisaient, professeur ? " demanda doucement Hermione.

" J'ai bien peur de ne pas pouvoir vous répondre ", répondit Lupin avec un autre soupir. Ses yeux bleus d'habitude gentils et attentifs, brillèrent d'une flamme inhabituelle lorsqu'il les dévisagea l'un après l'autre.

" Je dois de plus vous demander de garder pour vous cette information. Tout ce qui s'est passé ce soir. Je ne peux pas vous dire pourquoi. Mais beaucoup comprendrait la même chose que vous et vous déclencheriez en un rien de temps une vraie panique dans cette école. Vous comprenez ? "

Harry avala sa salive. Tout ça sonnait faux. Mais ils acquiescèrent pourtant tous les trois.

" Oui, monsieur ".

Derrière eux, le professeur Fletcher toussa pour attirer son attention et il échangea un regard bref avec Lupin. Dans ce silence momentané, Harry lutta contre son besoin de demander ce qui se passait. Il était sûr qu'on ne leur disait pas tout. Il savait que quelque chose se passait, quoi qu'ait pu en dire Lupin. Il avait parfaitement compris ce qu'avaient dit Rogue et Quirrell. Il n'y avait qu'un seul Lord Noir. Harry n'avait pas passé pour rien la moitié de sa vie à s'en cacher. Il savait deux ou trois choses sur lui. Son père était un Auror et Harry savait plus de choses sur les Mangemorts que la plupart des enfants de son âge. Il savait qu'il ne se trompait pas. Il ne pouvait pas se tromper. Il avait une grande confiance en Remus Lupin, qu'il avait toujours considéré comme une sorte d'oncle, mais il savait que quelque chose se passait à Poudlard.

" J'ai peur de devoir vous demander tous les trois de me promettre de ne rien dire ", continua le directeur de la même voix gentille. " Je vous fais confiance mais je veux votre parole. "

Ron et Hermione obéirent immédiatement et promirent de ne rien dire de ce qu'ils avaient vu. Harry lui hésita. Quelque chose clochait, vraiment...

" Harry ? "

Le ton de la voix était posé, comme tout le comportement de Lupin, mais il y avait quelque chose de dur et de froid dans les yeux de Lupin, quelque chose qu'Harry n'avait jamais vu auparavant. Son esprit se rebella. A qui appartenaient ces yeux ? Pas à l'homme qui l'avait si souvent gardé quand il était petit. Ni à celui qui lui avait raconté en riant les secrets de la carte des maraudeurs ou les expériences les plus embarrassantes de ses parents à Poudlard. Remus Lupin avait toujours été son baby-sitter préféré. Celui qui donnait toujours des bonbons. Qui acceptait toujours de le laisser veiller un peu plus tard. Mais ces yeux là n'avaient rien de bienveillant. Ces yeux appartenaient à une facette de Lupin qu'Harry n'avait jamais eu l'occasion de voir auparavant. Un homme qui n'avait jamais considéré la retraite comme une option. Harry savait qu'il allait perdre.

" Je promets ", dit-il doucement.

Lupin lui sourit et toute dureté disparut de son regard. C'était comme si elle n'avait jamais existée.

" Merci, Harry ! "

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