Promesses tenues

Discliamer : Rowlings et….  Robin !

Message. J'ai essayé de travailler sur les pages HTM et de garder les italiques. Comme ça Alana Chantelune sera peut-être contente… Merci toujours à Camille qui relit… et à ceux qui lisent et à ceux qui mettent des reviews…

Chapitre onze: A la recherche de ton vrai moi

Fidem Praestare.

Un Severus Rogue épuisé murmura le mot de passé qui lui permettait d'entrer dans ses appartements. Il regretta une fois de plus de ne pouvoir simplement fermer sa porte à clé et en avoir fini avec les mots de passe stupides. Son sens commun néanmoins revint en force. Comme d'habitude. S'il faisait cela n'importe quel imbécile, muni d'un chaudron et d'un exemplaire de Les plus puissantes potions, pourrait fabriquer des bassines de Polynectar. Il pourrait aussi prendre son apparence et pénétrer dans ses appartements – ce qui était la dernière chose qu'il voulait voir arriver. Rien ne comptait plus pour lui que sa vie privée. A l'inverse de bien des professeurs de Poudlard, il avait beaucoup à cacher.

Les portes s'ouvrirent devant lui et Rogue essaya de ne pas s'effondrer en entrant. Qu'est-ce qui le poussait donc à préserver sa dignité même ici ? Il n'en savait rien. Personne ne pouvait le voir après tout. Mais rien n'est plus fort que les vieilles habitudes et sa fierté ne se laissait pas facilement oubliée. Une vie entière de bêtises lui avait appris ça. Severus ne souhaitait pas oublier les dures leçons que la vie lui avait enseignées. Elles avaient été trop douloureuses. Avec un soupir, il chassa ces pensées morbides de sa tête. Un rapide regard à l'horloge n'améliora pas son humeur. Magnifique, se dit-il, Juste six heures avant ma première classe ! Il allait dormir jusque là, bien sûr. Rien ne semblait moins appétissant qu'un petit-déjeuner à ce moment là. Son expérience personnelle lui avait enseigné qu'essayer de manger avant d'avoir digéré un antidote au sortilège Endoloris signifiait revoir rapidement la nourriture ingérée.

Accompagnée par cette pensée réconfortante, Severus atteignit une étagère et y prit un gobelet d'argent qu'il porta à ses lèvres. Il avala la potion en une gorgée. Etre en retard, pensa-t-il, avait un prix – quoi qu'il ait pu dire à Quirrell plus tôt dans la soirée. Même si Voldemort savait pourquoi il avait du mal à répondre avec précision aux appels du Lord noir, cela ne signifiait pas qu'il accepte facilement ces raisons. Il était déjà énorme qu'il n'ait pas encore tué Rogue pour son impertinence – le vétéran mangemort ne cherchait jamais à s'excuser. Il ne cherchait pas à se faire oublier non plus. Jamais.

Il n'avait jamais su adopter un profil bas. Son manque de sincérité était trop évident. Il n'avait jamais été assez soumis pour le faire bien. Et c'était probablement ce que Voldemort aimait tant en lui. Rogue n'en avait rien à faire. Oh il n'aimait pas souffrir – il détestait ça en fait. Mais il n'y mettait aucune émotion. Il ne mettait d'émotion dans rien. Le sadisme – pratiqué par la majorité des mangemorts – allait bien avec les objectifs du Lord noir. Mais on pouvait compter sur Rogue pour n'éprouver aucune émotion. Il n'avait pas de cœur. Et ça rendait les choses plus simples. Bien plus simple.

Severus laissa sa tête tomber en arrière et ses yeux se fermer, jouissant des premiers effets apaisants de la potion. Ca n'avait pas été si terrible, ce soir. Voldemort n'était pas quelqu'un de compréhensif mais il avait le mérite d'être pratique. Les retenus existaient. Le Lord noir le savait. Même si Severus doutait que Tom Riddle n'en ait jamais eu l'expérience par lui-même. Il s'étrangla en essayant de ne pas rire à l'image qui s'était imposée dans sa tête. Un instant, il s'autorisa à imaginer un Tom Riddle contrit, mis en retenue par un jeune Albus Dumbledore au regard critique. Peu probable ! Il rie pourtant. Dumbledore était la seule personne que Voldmort craignait. Tout le monde pensait que c'était une question de pouvoir. Mais c'était peut-être à cause de trop nombreuses retenues dans la classe de transfiguration. Même si cette vision était peu réaliste, elle était très drôle. Secouant la tête, Rogue se dirigea vers sa chambre. Je dois vraiment être fatigué, pensa-t-il en ouvrant la porte. Sa main étouffa un bâillement au même moment. Penser que quoi que ce soit concernant Voldemort puisse être amusant !

Ses yeux fatigués décelèrent alors une silhouette assise tranquillement sur son lit.

Jurant, il recula précipitamment, la baguette à la main, prêt à se battre avec l'intrus. Il fronça des sourcils dans l'homme leva les mains en l'air, signifiant ainsi sa reddition. Il demanda alors avec colère : « Que diable fais-tu ici, Lupin ? »

« Mauvaise soirée, Severus ? », demanda doucement le directeur en se levant.

-« Qu'est-ce qui te fait dire ça ? » grogna le sous-directeur irrité.

« Les années m'ont appris que je suis « Lupin » quand tu es en colère, « Remus » quand tu ne l'es pas et « M. le directeur » en public. Réprimant un sourire, le loup-garou haussa les épaules et s'excusa : « Je sais bien d'où tu viens et dans quel état ça te met généralement. »

-« Ah », répondit Severus. Que pouvait-il dire d'autre? Il rangea sa baguette et regarda son supérieur – qui était aussi, il fallait le dire, son ami. Une chose qu'il n'aurait jamais cru possible – avec attention. Les années lui avaient appris à déceler quand Remus Lupin était inquiet. Il l'était visiblement. « Pourquoi es-tu ici ? »

Toutes traces de sourires disparurent. Les yeux bleus se durcirent. « Je suis venu te prévenir, Severus. »

« Me prévenir ? »

« Ce soir, quand Quirrell et toi vous êtes partis, vous vous êtes disputés, n'est-ce pas ». Ces paroles n'étaient pas une question et Severus dévisagea Remus. Il était sûr que le directeur dormait à ce moment là…Oh non.

« Qui nous a vu ? » demanda-t-il, ses pensées se bousculant dans sa tête.

« Trois élèves »

« Merde »

« Tu peux le dire » acquiesça le Directeur. Pour une fois, son regard ne reprocha pas à Severus d'utiliser des mots qu'un enfant ne devait pas entendre.

« Laisse moi deviner » grogna le Mangemort, « c'était la Dream Team, n'est-ce pas ? »

« Si tu penses aux jumeaux Weasley et à Lee Jordan, c'est non », répondit Remus reprenant le masque du directeur pour sanctionner l'usage par Severus du surnom ironique qu'il leur avait peu gentiment attribué leur première année. Mais Severus l'ignora, il l'avait déjà trop vu.

« Alors qui ? » Remus continua un moment à le dévisager sévèrement avant de répondre.

« Hermione Granger, Ronald Weasley et Harry Potter. »

« Génial » Le cerveau de Severus retourna la question plusieurs fois. Les choses auraient pu être pires. Les parents de Granger étaient des moldus. Si elle leur écrivait ce qu'elle avait vu, il ne se passerait rien. Potter ? James et Lily en savaient suffisamment sur ses activités. On pouvait compter sur eux pour faire taire leur insupportable fils et laisser tomber. Le problème était Weasley. Son père travaillait au ministère et il en réfèrerait probablement à Arabella Figg. Ce qui règlerait le problème – à moins qu'il ne s'adresse à James, mais c'était pareil. Néanmoins Arthur Weasley et sa femme sauraient dès lors plus de choses que Severus ne le souhaitait. Mais Remus continuait.

« Heureusement, ces trois là ont eu la présence d'esprit d'aller voir Dung qui me les a amenés. Ils ont tous les trois promis de ne rien dire. Je leur ai dit de ne pas se fier aux apparences, que ce qu'ils avaient vu n'étaient pas ce qu'ils pensaient »

« Tu mens comme tu respires maintenant, je vois » remarqua Severus, essayant de cacher son soulagement. « Tu es même de plus en plus fort ! »

« Je n'aime toujours pas ça », répondit Remus sérieusement. « Alors rend nous un service, sois plus prudent, Severus. Tous les étudiants n'iront pas voir Dung. Imagine ce qui se passerait si l'un d'eux allait voir Sybil Trelawney, par exemple ? Nous serions déjà devant les Aurors ! »

« Tu as raison » grommela Severus. « Je m'excuse » L'idée qu'une paranoïaque comme la professeur de divination décide de son destin n'avait rien de réjouissant. Il se rembrunit encore plus en repensant à cet incident. « Que faisaient-ils debout, de toute façon ? »

« Dis moi que tu t'es cogné la tête ou je vais devoir croire que tu oublies tes propres retenues ! »

Il aurait rougi s'il n'avait pas oublié comment faire. « Ca n'explique pas pourquoi ils ne sont pas allés se coucher quand je les ai libérés ! »

« Que crois-tu qu'ils faisaient ? »

Remus lui sourit, un sourcil arqué. « Tu veux vraiment savoir ? »

« Non, sinon je devrais encore passer une retenue avec ces sales gamins ! »

« Epargne-moi le numéro du méchant professeur, Severus » répondit doucement son ami. Severus soupira. Ca l'agaçait de voir qu'il avait si peu le contrôle de lui-même ce soir.

« Désolé » dit-il encore « ça a été une longue nuit »

Le visage de Lupin s'adoucit et il acquiesça. « Je suis juste venu t'avertir. J'ai pensé que tu voudrais savoir. C'est fait et il est tard. Va dormir, Severus ».

Il sourit dans le vide quand Remus passa devant lui pour atteindre la porte. « Merci de m'avoir prévenu. Je serai plus prudent à l'avenir et je ferai en sorte que Quirrell le soit aussi ».

« Je le sais ». Avec cette remarque conclusive, Remus partit. Severus continua de regarder la porte bien après qu'il ait disparu. C'était étrange de savoir que Remus l'ait enjoint de faire attention à lui et pas seulement à leur mission commune. Il rie de nouveau mais il sentit lui-même qu'il se forçait. Une partie de lui, supposa Severus, s'habituait à l'amitié.

C'est curieux, pensa Severus en mettant ses vêtements de nuit, comme le temps change les choses.

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« C'est moi qui vais le faire, James », dit calmement Arabella.

Elle vit les yeux noisette de son ancien élève s'élargir de surprise. La lumière du soleil entrait par la fenêtre et ça faisait du bien. Ils travaillaient depuis l'aube et prévoyaient des raids dans la soirée. La lumière rendait James plus jeune qu'il ne l'était, presque comme il était quand elle l'avait vu pour la première fois il y avait plus de treize ans maintenant. Mais la lumière ne pouvait pas cacher qu'il était malheureux. Avant que son self-contrôle d'Auror ne se réimpose, sa bouche s'ouvrit de surprise et James l'avait regardé comme si soudainement elle avait une deuxième tête. Il lui fallut un mois avant qu'il ne puisse parler de nouveau mais elle ne le laissa pas le faire. Elle savait pertinemment ce qu'il allait dire de toutes façons.

« Vous êtes le moins bien placé pour le faire », dit sévèrement la directrice du département d'application des lois magiques. « Vous le savez, James ».

« Et pourquoi pas ?» réussit-il à articuler sans la quitter des yeux.

Elle était assise sur son bureau, d'une manière peu conventionnelle que peu de femmes de son âge auraient osé adopter. Arabella était initialement venue pour parler de la version finale du plan de James pour Azkaban, dont le nom de code était « brise-glace ». Elle n'avait pas été surprise qu'il se porte volontaire pour le réaliser. Si elle connaissait suffisamment le chef des Auros, elle mesurait, encore mieux que lui, les risques d'une telle opération. C'était peut-être le seul avantage de l'âge. Elle sourit légèrement. Tu es comme un fils pour moi, James Potter, mais parfois tu es l'homme le plus stupide que je n'ai jamais rencontré.

« Et bien, à part le fait que Lily me tuerait si je vous laissais y aller, il y a votre personnalité ».

Il ouvrit la bouche pour rétorquer mais elle l'interrompit facilement et gentiment :

« Les gens ont besoin de héros, James. Acceptez que vous êtes celui de la communauté magique actuelle. Nous ne pouvons pas nous permettre de vous perdre maintenant. Je suis plus facile à remplacer que vous, tout en étant tout aussi crédible. Voldemort sait que j'appartiens au cercle restreint de l'Ordre. Il aimerait avoir les informations que je connais ».

« Mais, vous êtes… »

« Si vous osez seulement dire que je suis vieille, James, je vous promets de vous montrer à quel point vous vous trompez », répondit-elle d'un ton provoquant. Pour Arabella, avoir soixante-trois ans n'était pas vieux. Regardez ce que faisait encore Dumbledore à son âge !

« Je voulais dire que vous diriger le département d'application des lois magiques », répondit calmement son subordonné.

C'était une bonne chose qu'elle soit trop vieille pour se sentir obligée d'être mbarrassée. Tant que tu as la bouche ouverte, mange donc ! pensa Arabella avec un léger amusement. Elle répondit rapidement pour faire oublier sa propre bêtise. « Dites moi, quelle partie de mon travail vous ne savez pas faire ! »

« Attendez ! On a besoin de moi sur le terrain ! »

« En quoi seriez vous utile au ministère enfermé à Azkaban? », répliqua Arabella, réprimant un sourire devant la confusion de James. Qui pensait-il qu'elle choisirait pour la remplacer ? Fudge ? Même y penser la rendait malade!

« Beaucoup de choses » rétorqua-t-il

Elle le regarda droit dans les yeux : « Autant que moi ! »

« Bella »

« Et on n'a pas besoin de vous sur le terrain », l'interrompit-elle de nouveau. "De fait, vous devez quitter le terrain et arrêter de prendre des risques stupides. Après Dumbledore, vous êtes le symbole le plus puissant dont nous disposons. Si nous vous perdons, James, beaucoup de ce que nous nous sommes efforcés de reconstruire ces quatre dernières années sera détruit. »

Il la dévisagea mais Arabella savait qu'il ne la voyait pas. Bénis soient les cœurs innocents ! Ce garçon ne sait toujours pas à quel point il est important ! C'est ce qui faisait, elle le savait, que James Potter était un homme bon. Il n'avait pas cet ego extravagant qu'affichaient tant de hauts officiels du ministère. Il avait confiance, certains disaient qu'il était arrogant, mais elle savait que c'était faux. Il savait simplement qu'il faisait bien son travail et ne prenait pas sa réputation au sérieux. Il reprit finalement la parole.

« Je ne suis pas si important ».

« Ne discutez pas James » La dureté de ses paroles fut en partie adoucie par son sourire. « Nous avons besoin de vous. Un point c'est tout ».

« Et pourquoi vous, alors ? » demanda-t-il avec exaspération.

« Qui d'autre », répliqua Arabella. « Je n'aurais confiance qu'en une autre personne… ce serait Rogue… mais ce n'est pas une option. Dung ne le ferait pas. Remus est simplement trop gentil, il se ferait dévorer tout cru à Azkaban. Même après tout ce qu'il a enduré, Remus n'est pas assez amer pour résister à cet endroit ».

« Et vous, vous l'êtes » soupira James. Sa voix était presque vindicative. Presque. Elle sut à ce moment qu'il comprenait. Même s'il ne voulait pas. Ils n'avaient pas d'autres options et il le savait. Ca devait être quelqu'un que Voldemort voulait. Quelqu'un du premier cercle de l'Ordre du Phénix. Elle le regarda ruminer la question, cachant son sourire lorsque les doigts de James tambourinèrent sur son bureau. Il cherchait d'autres solutions, mais elle savait qu'il arriverait aux mêmes conclusions qu'elle.

« Damnation ! »

« Ne vous inquiétez pas, James », dit Arabella doucement. « Ne me disiez vous pas il y a quelques minutes que ce plan devait marcher ? »

Son regard se fit acide. « Je pensais que ce serait moi » gronda-t-il. « Je préfère risquer ma vie que la votre ».

Une grande tristesse l'étreignit alors, sans qu'elle sache vraiment pourquoi. C'était dur de répondre

« Je sais ».

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Remus fit une pause sur le bas de la porte. Personne n'aurait remarqué cette interruption de ses pas, s'il ne le connaissait pas très bien. Moins d'un quart d'heure plus tôt, il avait reçu un appel de Lily Potter – qui agissait officiellement comme assistante de Dumbledore mais qui était bien plus. Elle lui demanda de venir voir le ministre le plus vite possible. Son air inquiet avait mis Remus en garde. Ca n'allait pas être une partie de plaisir. Elle ne lui avait pas dit de quoi il en retournait mais il savait que certaines choses ne pouvaient simplement pas être dites. Il savait à son air qu'il devait s'attendre à des problèmes dès qu'il entrerait dans le ministère. En entrant dans le bureau de Dumbledore, il fut quand même un peu surpris.

Sa légère hésitation était due à la présence d'un deuxième sorcier dans le bureau du vieil homme. Le visage aigri et les yeux globuleux, le vice-ministre de la magie, Bartemius Crouptonse tenait derrière Dumbledore. Malgré le regard hostile que celui-ci lui lança, Remus entra sans crainte dans la pièce. Sa confiance en lui était un peu feinte mais il ne devait rien à Croupton qu'il n'aimait pas du tout. Même s'il ne niait pas que Croupton ait dédié sa vie à abattre Voldemort, ses méthodes souvent le dégoutaient. Tout le monde savait que les deux hommes ne s'appréciaient pas. Beaucoup de personnes avaient du affronter la personnalité abrasive de Croupton, mais Remus savait que le vice-ministre s'était toujours opposé à sa présence à Poudlard. Ce n'était pas une question de personnalités ! Son ressentiment venait plutôt de l'attaque qui pouvait encore et toujours s'abattre sur lui, quelques soient le nombre d'années qu'il la combattait.

Mais certaines batailles sont comme ça. On ne peut pas les gagner. Remus savait aussi s'arrêter. Des hommes comme Croupton n'en valaient pas la peine. Il pouvait se permettre d'ignorer les gens qui étaient assez étroits d'esprit pour aller plus loin de ce qu'ils croyaient voir. Il avait déjà vu le monde magique vraiment évolué pendant sa vie et il n'avait jamais espéré atteindre les responsabilités qu'il exerçait maintenant.

« Remus ! » Dumbledore le salua avec enthousiasme, le protégeant en même temps de toute opposition directe. Il savait combien Croupton et Remus se détestaient. Le directeur prit la main tendue avec un  sourire reconnaissant.

« M. le ministre » Les yeux de Dumbledore s'allumèrent reconnaissant le formalisme de cette salutation. Il n'aurait jamais laissé un je sais tout comme Croupton comprendre les rouages de l'ordre du Phénix et l'amitié qu'ils se portaient.

« S'il vous plaît, asseyez vous » Il désigna à Remus une chaise capitonnée verte qui faisait face à son bureau à coté de Croupton. Pendant que le directeur s'installait, Dumbledore repassa derrière son bureau. Ses yeux bleus se firent moins pétillants quand il reprit la parole : « j'ai peur de devoir jeter un charme de silence sur cette pièce. Ce qui va être dit ici peut en effet causer des dommages irréparables, si des oreilles indiscrètes l'entendaient. A moins que l'un de vous ne s'y oppose ? ».

Remus secoua la tête légèrement pour dire qu'il ne s'y opposait pas. Il continuait de se demander ce qui se passait mais il avait confiance dans le jugement de Dumbledore. Après tant d'années à travailler pour lui, comment aurait-il pu en être autrement. Il remarqua que le regard du ministre restait fixé sur le vice-ministre. Croupton hésita, se rembrunit mais finit par soupirer :

« Bien sûr que non ». Son expression ne confirmait pas ses paroles pourtant. Dumbledore ne sembla pas le remarquer - Ca avait toujours étonné Remus combien le Ministre réussissait à volontairement ignorer des choses – et jeta le sort d'un mouvement de baguette.

« Bien ». Dumbledore mit sa baguette de côté. « Barty, voulez-vous commencer ? »

Le regard suffisant qui anima d'un seul coup le visage de Croupton déplut profondément à Remus. Il savait que sa première impression était confirmée. Ca n'allait pas être une partie de plaisir. Le vice-ministre opina d'une manière qui se voulait peut-être aimable : « Merci, Albus »

Il se tourna légèrement pour faire face à Remus, avec un début de sourire suffisant qui ne le rendait pas plus sympathique. Croupton n'essaya même pas de cacher la satisfaction dans sa voix. « J'ai peur d'avoir de mauvaises nouvelles pour vous ».

« Oh ? » Remus était résolu à contrôler sa voix et de ne pas répondre à l'appât offert à sa colère par toute cette arrogance.

« En effet », les yeux noirs de Croupton brillèrent. « Il semblerait, M. Le directeur, qu'un espion rode autour de vous, en fait dans votre équipe à Poudlard ».

Oh zut. Son cœur se mit à battre contre ses tympans. Il réfléchit aux différentes possibilités. Remus avait des années d'expérience dans le contrôle de soi, il demanda calmement « Auriez vous l'obligeance de me dire qui, M. le ministre, ou dois-je rester dans l'obscurité ? »

« J'aurais pensé que quelqu'un dans votre situation prendrait une question pareille plus au sérieux » répondit Croupton agressivement. Ses yeux lançaient des éclairs.

« Qu'entendez vous par là, M. Le ministre ? Ma situation professionnelle ou mon état de loup-garou ? », Demanda Remus luttant pour chasser toute colère de sa voix. Il avait du lutter contre les préjugés toute sa vie mais il n'avait pas l'habitude de voir sa loyauté attaquée si directement. Un goût amer remplit sa bouche. " A moins que ce ne soit les deux ?"

Le regard de Dumbledore avertit alors Remus qu'il était allé trop loin. Il s'obligea à prendre une profonde inspiration et à compter silencieusement jusqu'à cinq avant de reprendre la parole : « Je suis techniquement considéré comme une créature du mal, M. Croupton, mais je suis aussi humain que vous. Et je peux parfois faire des erreurs » répondit-il contrôlant encore  une fois le niveau de sa voix. « Mais je ne suis pas une créature de Voldemort. Nous en avons déjà discuté et je suis fatigué de devoir le répéter. Pouvez-vous aller droit au but, M. le ministre et me dire qui a infiltré mon équipe ? »

Le petit sourire furtif qui anima le  visage parcheminé de Dumbledore lui confirma qu'il avait su parfaitement contrer la colère de Croupton, méritant à la confiance que le Ministre avait en lui. Remus regarda calmement l'autre homme, il vit ses yeux se rétrécirent de colère comme de soupçon. Mais ceci n'irait pas plus loin. Des années auparavant, Dumbledore avait fait comprendre à Croupton que s'il le faisait, il perdrait son poste. La personnalité de Croupton ne figurait pas parmi les raisons qui conduisaient Dumbledore a conservé l'agressif sorcier comme vice-ministre. Le regard sévère qu'il adressait alors à son subordonné se passait de commentaire. Son mécontentement se lisait dans ses yeux bleus glacés.

« Très bien » répondit Croupton un peu gêné. Il prit le temps de se ressaisir et un petit rictus traversa son visage. « Finalement, nous avons la preuve de ce que nous suspectons depuis longtemps. Un de nos espions nous a confirmé que Severus Snape est un Mangemort ».

« Je vois ». Remus se laissa aller contre le dossier de sa chaise doucement. Ses yeux demandèrent à Dumbledore : « Comment répondre à ça ? » Il aurait pu dire bien des choses sans changer le fait que Croupton ne le croyait pas. Une fois que le vice-ministre tenait quelque chose, en particulier un mangemort, c'était quasiment impossible de le faire lâcher prise. En réponse à son regard, Dumbledore ne haussa qu'un sourcil. Le directeur de Poudlard hocha la tête – il souhaitait qu'une chose, c'est que le ministre réponde. Ce vieil homme était après tout le chef de l'Ordre.

« J'ai bien peur, Barty, que vous ne disposiez que de la moitié de l'information disponible » dit calmement Dumbledore. « Je sais que Severus Rogue est un Mangemort depuis un moment déjà »

« Quoi ? », hoqueta Croupton.

Le Ministre continua comme s'il n'avait pas entendu l'objection. « Je n'arrive pas à comprendre pourquoi vous ou votre source vous n'avez pas presenté cette information à Arabella. »

« Ce que je n'arrive pas à comprendre » contra Croupton exaspéré, « c'est pourquoi vous ne me l'avez pas encore dit ! »

« Vous n'aviez pas besoin de le savoir »

« Je n'avais pas besoin de le savoir ? » Sa question s'accompagna d'un geste de colère en direction de Remus. « Je suppose que lui le sait ! »

« Je suis le directeur de Poudlard, école de sorcellerie et d'enchantements », répondit Remus.

« C'est ce que je veux dire », grogna Croupton. « Pourquoi diable laissez vous un mangemort enseigner à Poudlard? »

Remus sourit légèrement. Il n'aimait pas le reconnaître, mais il s'amusait bien. Il n'avait jamais aimé Croupton. « Je pense sincèrement que Severus Rogue est le meilleur pour ce poste »

« Etes vous cinglé ? » bafouilla l'autre. Le directeur se dit que c'était un vrai plaisir de voir Croupton pris pas surprise. Mais le vice-ministre se tourna vers Dumbledore. « Albus, je sais que vous avez un peu de sens commun. Vous ne pouvez pas laisser un des espions de Voldemort… mais attendez ! C'est vous qui l'avez embauché, n'est-ce pas ? »

« Tout à fait », répondit calmement l'ancien directeur. « Et en sachant qu'il appartenait au premier cercle du Lord Noir ».

Croupton était enfin incapable de parler. Sa bouche s'ouvrit, ses bras se levèrent comme pour affirmer quelque chose, mais aucun mot ne sortit. Il aurait pu s'en remettre si Dumbledore n'avait pas continué :

« Severus Rogue est un Mangemort, Barty. Mais il espionne pour moi depuis plus de dix ans. Je lui fais confiance. Remus lui fait confiance. Vous n'avez pas été mis au courant pour le protéger. Je dois vous rappeler que si cela était public, il mourrait. »

Croupton se rembrunit. « Comment pouvez-vous être sûr qu'il travaille pour nous ? »

« Oh, j'en suis convaincu », répondit Dumbledore.

« Je ne lui fais pas confiance ».

Remus revint alors dans la conversation. « Pour être franc, M. Croupton, vous ne connaissez pas Severus Rogue. Il n'est pas celui que vous croyez ».

« Qu'est-il donc ? Un Mangemort repenti ? La réponse s'accompagnait d'un petit rire méprisant. Mais ce fut Dumbledore qui répondit avec un petit sourire.

« Vous pouvez dire ça ».