Promesses tenues
Personnages de Rowlings, histoire de Robin, traduction de Fénice…
Et oui, je mets un temps incroyable à traduire, je sais… je m'en excuse…si, si… je reconnais humblement passer plus de temps sur Lune et Etoile…
Comme ça ne pouvait plus durer, j'ai recruté du monde… Grâce à Alana Chantelune, vous aurez bientôt le chapitre suivant pendant que moi je m'occupe de celui d'après… je ne sais pas si on arrivera à rattraper Robin mais bon… on essaie !
Chapitre douze. Au nom des disparus
Ce n'était pas un vestiaire de Quidditch, pourtant, ça lui y faisait penser. Il n'avait joué que pendant sa sixième année - la pression combinée des ASPIC et de sa charge de préfet l'avait empêché de faire partie de l'équipe pendant la septième année. Mais ses souvenirs de cette époque comptaient toujours parmi les plus plaisants et les plus forts. Car il y avait plusieurs sortes de souvenirs : Certains avaient un goût amer, d'autres étaient plus doux. Et, bien des choses avaient changé depuis. Il était loin des rêves qu'il faisait à Poudlard, en faisant son devoir en ces temps sombres ! Un jour, Bill Weasley avait voulu devenir briseur de sortilèges des Gringotts. Maintenant, il était un Auror.
La pièce où il se préparait ne ressemblait pas aux vestiaires de Poudlard. L'atmosphère y était différente. Ses compagnons étaient bien plus sérieux que les membres de l'équipe n'avaient jamais réussi à l'être. Même après avoir cédé la coupe de Quidditch aux Serpentards en sixième année. Aujourd'hui ce n'était pas des points ou le prestige de sa maison qui étaient en jeu. C'étaient leur vie et leur mort. Dans leur profession, le taux de mortalité dépassait les soixante-dix pourcents. Nul ne pouvait se permettre de perdre sa concentration. Il n'y avait pas de tapage quand ils préparaient leur mission. Ils étaient silencieux et solennels. Dans d'autres situations, ils pouvaient être plus chaleureux. Mais, ils étaient avant tout des Aurors professionnels. Ce n'était pas le lieu où se formaient des amitiés étroites. Peu duraient assez pour être plus que des relations circonstancielles ou de travail.
Bill Weasley faisait ce travail depuis sept ans – c'est-à-dire cinq ans de plus que la moyenne des Aurors. Les statistiques montraient que la plupart des Aurors tombaient lors d'une de leurs six premières missions. Un tiers de ceux qui passaient cette première étape ne survivait pas aux six mois obligatoires durant lesquels ils avaient un mentor. Les chances de survie ensuite augmentaient, proportionnellement au nombre de mangemorts qui vous en voulaient. L'expérience était une épée à double tranchant. Bill Weasley n'était pourtant pas encore considéré comme un « vieux de la vieille ». Mais ça ne le dérangeait pas. La plupart des vieux de la vieille étaient morts.
Involontairement, ses yeux se posèrent sur le mur du fond. Ces dix dernières années, cet espace était devenu le mur des Héros. Ils devraient bientôt en faire un nouveau car le mur de bronze était déjà au trois quarts couvert par les noms de ceux tombés en service. Les yeux de Bill glissèrent le long de la liste, énumérant les noms de ceux qui étaient partis avant lui. Beaucoup de ces noms étaient venus s'ajouter alors qu'il était encore à l'école. Mais d'autres le touchaient de plus près. Surtout un parmi ceux égrenés par la cinquième colonne en partant de la gauche : Charlie Weasley.
Ca lui faisait encore mal. Ca le transperçait plutôt. Charlie était son petit frère et son meilleur ami. Même s'ils n'avaient pas le même âge – encore que dans le contexte de la famille Weasley, ils étaient très proches – ils avaient toujours eu des liens particuliers. Malgré cela ou peut-être à cause de cette proximité, Bill avait été horrifié lorsque son frère avait choisi à sa suite de devenir un Auror. Il en avait aussi été très fier. Charlie était sorti dans les premiers de son premier cycle d'entraînement et son mentor n'avait été autre que James Potter lui-même. Charlie avait été un Auror exceptionnel, ses réflexes et son éthique de travail avaient été aussi impressionnants que ses performances d'attrapeurs sur les terrains de Quidditch. Charlie avait tout pour être le meilleur et il l'avait été. Mais ça n'avait duré qu'un instant, ses qualités l'avaient littéralement consumé en à peine trois ans et demi. Charles Weasley avait été tué alors qu'il marchait dans une rue du Londres moldu, descendu par un Mangemort qui n'avait jamais été retrouvé.
Cette perte le déchirait au plus profond de lui. Bill avala sa salive et essaya de forcer son esprit à se concentrer sur la mission qui l'attendait. Le temps du chagrin était passé, il avait du travail et une vengeance à accomplir. C'était peut-être triste mais c'était vrai. La mort de Charlie avait transformé cette guerre en affaire personnelle pour toute la famille Weasley. Chaque victime de Voldemort était un autre Charlie. Bill savait qu'arrêter Voldemort ne ramènerait pas son frère. Mais il espérait pouvoir empêcher que cela arrive à quelqu'un d'autre – surtout à un autre de ses frères. C'était pour ça qu'il le faisait. Même si ça devait lui coûter la vie. Il y avait des choses qui méritaient qu'on meure pour elles.
Tous les autres noms qui couvraient le mur de bronze étaient ceux d'hommes et de femmes qui en avaient été convaincus. Ils étaient légion et leurs noms appartenaient à la légende. A coté de chacun d'eux figurait une date. Edgar Bones – le premier nom de la première colonne à l'extrémité gauche- avait été le premier Auror à tomber devant le Seigneur des ténèbres, le 7 mars 1971. Lire les noms de ceux qui étaient tombés récemment demandait beaucoup de courage : Estella Cardiel avait été une bonne amie – elle avait été diplômée juste un an après Bill. Si le monde avait été différent, Estella aurait été plus qu'une amie. Bill n'avait jamais osé penser à cette possibilité et maintenant il était trop tard. Elle était tombée le 2 décembre 1991, hier.
Bill s'arracha à ce nom en secouant la tête. Mais d'autres lui sautèrent aux yeux. Le légendaire Dennis Montague, 7 juillet 1976, ou son camarade de classe, Warren Stormchaser, tombé le 23 janvier 1985, ou son propre mentor, Alastor Moody, le 15 mai 1988. Il avait déjà vu trop de morts, perdu trop d'amis. Mais, même quand il cherchait à regarder ailleurs, un autre nom s'imposa à lui. Celui-ci était différent des autres. Au début de la quatrième colonne en partant de la droite, luisait l'inscription : Sirius Black (date inconnue, 1981).
Celui-la l'intriguait toujours. Peut-être parce que Bill avait toujours aimé résoudre des mystères. Ce nom n'était pas comme les autres. Il n'avait pas de date. Personne ne savait ce qu'il s'était passé. Même dans le Livre des disparus, la liste officielle où les Aurors comptaient leurs pertes, il n'y avait pas de date. Ni de cause de la mort, car personne ne savait. C'était le seul nom de tout le livre pour lequel on n'avait pas retrouvé de corps ou de parties de corps, ou de témoin de la mort. Pourtant, Sirius avait fini par incarner LA mort qu'un Auror devait espérer. Leur mot d'ordre ?:Mors Ante Infamia. Ca disait bien qui ils étaient. Ou ce qu'ils voulaient être. Sinon, plutôt mourir. Mourir plutôt que de révéler des secrets! La tombe plutôt que de trahir la confiance placer en eux! « La mort plutôt que le déshonneur » [titre d'une autre fic de Robin….note de la traductrice]. C'était un vieil axiome mais une histoire comme celle de Sirius donnait un contenu très concret à ces vieux mots. Bill espérait qu'il en aurait la force.
Il ne souhaitait pas pour autant que la fin soit pour aujourd'hui.
La porte du vestiaire s'ouvrit soudain. Même si sa tête se tourna pour voir qui entrait, son esprit se re-concentrait sur sa tâche. Toute distraction avait disparu. Le Chagrin avait été mis de côté. Ses sentiments n'étaient pas importants. Sans effort conscient, Bill Weasley avait refermé sa moitié la plus humaine comme il avait claqué la porte de son vestiaire. Elle serait là quand il reviendrait.
« C'est l'heure, Mesdames et messieurs », dit James Potter calmement, se postant devant le tableau noir où figuraient tous les détails de leur objectif et toutes les étapes de leur plan d'assaut. L'équipe avait déjà été briefée deux fois en détails. Mais l'habitude était de le refaire avant le départ. Personne ne s'en vexait. L'expérience leur avait enseigné que ça sauvait des vies. Mais leur chef leur adressa un sourire rapide et commença à donner ses ordres sans hésiter. « Bien. Cette mission est assez simple. Mais elle peut facilement se compliquer quand on s'y attend le moins. Un Moldu assez malin, il s'appelait Murphy, a dit une fois : 'tout ce qui peut aller mal ira mal'. Et je partage son opinion dans la situation qui nous occupe. »
« Nous envisageons un raid dans le sens classique du terme. Nous y allons en deux équipes de huit parce que nos espions nous ont appris qu'il y aurait une rencontre de Mangemorts sous la direction des Lestrange. Deux des plus dangereux supporters de Voldemort. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils sont fous. Ils ont été libérés quand Azkaban est tombé, il y a cinq ans. Ils ont été responsables de certaines des pires atrocités commises pendant cette guerre. Je ne pense pas avoir besoin de souligner les effets positifs qu'auraient leur capture, ou même leur mort, pour notre cause. »
« Mais nous ne voulons pas pour autant voir quiconque prendre des risques stupides. Nos espions nous ont dit qu'il y aurait au moins une douzaine de Mangemorts à cette réunion. Même si nous étions plus nombreux, nous n'aurons pas droit à l'erreur. Contentez-vous de tenir vos rôles et tout ira bien. » Les yeux noisette de Potter brillèrent derrière ses lunettes usagées, s'arrêtant sur chacun des Aurors avec une intensité qui fit frissonner Bill. Certaines personnes ont une présence particulière, une qualité spéciale qu'on peut ressentir plutôt que voir. James Potter était l'un d'entre eux
« Je conduirai l'équipe Alpha par la porte de devant » reprit-il après un instant. « A cause de changements de dernière minute, ce ne sera pas Ernie Jordan qui dirigera l'équipe Bravo. Il est malheureusement nécessaire à un autre endroit et ne peut se joindre à nous aujourd'hui. C'est pour cela que le ministre Figg nous rejoint pendant la durée de cette mission. C'est elle qui dirigera l'équipe Bravo qui entrera par l'arrière du bâtiment. Des questions ? »
Un murmure de surprise traversa la pièce Bill sentait l'excitation autour de lui. Mais personne ne discuta cette décision. Il n'y avait par un Auror dans cette unité qui aurait osé mettre en doute les capacités de la vieille dame aux yeux perçants. Ils savaient maintenant pourquoi elle était venue à la dernière réunion. Mais leur confiance était entière. Toute chef du département de mise en œuvre des lois magiques qu'elle était, elle était l'un d'entre eux. Pour le meilleur ou pour le pire, elle était un Auror. Elle appartenait à ce cercle restreint de sorciers et de sorcières qu'on désignait comme « les vieux de la vieille ». Arabella avait été parmi eux, elle l'avait fait et elle avait tout vu. Aujourd'hui elle le faisait juste une fois de plus.
Il y eut les questions habituelles: le cadre, les informations techniques, les angles d'attaque – toutes ces choses que demandent les Aurors sans arrières pensées. Quand les derniers préparatifs furent faits – un dernier coup d'œil à sa baguette et à son partenaire – Bill ne put s'empêcher de remarquer les quelques nouveaux qui participeraient à l'opération. Les pauvres gamins, pensa-t-il. Deux seraient dans la mission du jour. L'un venait tout juste de finir son premier cycle et l'autre de terminer son tutorat. Il ne savait plus leurs noms mais il vit Virginia Wilson soutenir le plus jeune avec son regard attentif de vieux mentor. Elle aussi faisait partie des « vieux de la vieille ». Son talent était immense et son expérience du terrain presque trop importante. Bill espéra qu'elle avait été capable d'en transmettre un peu à son élève.
« Transplanez en point 5 », ordonna Potter. Il n'était plus temps de s'inquiéter. A l'appel, Bill leva sa baguette et transplana avec les autres.
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"Il y a eu une autre attaque, Hagrid" dit Dumbledore d'une voix calme. Le demi-géant fronça les sourcils.
Rubeus Hagrid aurait complètement écrasé cette chaise appartenant à son bureau de Ministre, s'il ne l'avait pas renforcée en conséquence. Dumbledore aurait trouvé" gênant qu'un vieil ami comme lui détruise ou abîme une chaise antique – sans le vouloir. L'opinion intime d'Albus était que cette chaise était vraiment laide et qu'il se serait bien passé d'elle. Mais ceci aurait peiné Hagrid. Quelque soient ses propres sentiments à propos de cette chaise – qui devait être là depuis qu'il existait un ministre – Dumbledore l'avait renforcée d'un sortilège lorsque Lily l'avait prévenu qu'Hagrid arrivait. Elle jouait bien à l'assistante, pensa-t-il en souriant. Peu se rendaient compte de son intelligence et de ses pouvoirs.
De la même façon, Hagrid était plus qu'il n'en avait l'air. La majorité le pensait stupide – ce qui était faux – et les autres le considéraient comme inutile. Il n'était que le garde-chasse de Poudlard, bien sûr. Quelle importance s'il était stupide ou anormalement grand ? Dumbledore s'autorisa un petit sourire. Oui, vraiment, quelle importance! Mais il supprima ce sourire quand il vit son ancien élève froncer encore un peu plus les sourcils en essayant de deviner pourquoi quelqu'un comme lui avait été appelé par le Ministre.
« J'en suis désolé, Professeur… je veux dire M. le ministre », répondit l'énorme homme. Une crainte soudaine lui donna des couleurs. « Ils ne pensent pas que j'y suis pour quelque chose, n'est-ce pas ? »
« Oh, non » répondit calmement Albus. « Je vous ai demandé de venir pour une toute autre raison. Je voudrais vous demander une faveur ».
« Une faveur ? Mais bien sûr, Profess… M. Le ministre » La face ronde du garde-chasse s'alluma et Albus sourit de l'enthousiasme innocent qui le caractérisait.
« Vous pouvez continuer à m'appeler Professeur si vous le souhaitez, Hagrid » dit-il gentiment. « Ca n'a pas d'importance pour moi »
« Je ne voudrais pas avoir l'air irrespectueux, monsieur », lui fut-il répondu.
Albus rie doucement. « Il n'y a rien d'irrespectueux ! J'aime qu'on me rappelle mon passé… surtout des jours comme aujourd'hui. Mes années à Poudlard comptent parmi les meilleures de ma vie et je serai honoré d'être toujours le « professeur » Dumbledore pour vous. »
« Mais vous avez été le meilleur directeur que Poudlard n'ait jamais eu » s'exclama le demi-géant avant de rougir. « Je veux dire… sans manquer de respect au Professeur Lupin, c'est quelqu'un de bien… mais… vous nous manquez Professeur Dumbledore ».
« Merci, Hagrid". A son âge, peu de personnes réussissaient encore à l'embarrasser – mais Rubeus Hagrid pouvait le faire. Son cœur, malgré toutes les horreurs qu'il avait contemplées, pouvait encore être touché. C'était bien de s'en souvenir.
Le demi-géant rougit encore plus, obligeant Albus à se contenir pour ne pas exploser de rire – il savait qu'Hagrid ne comprendrait pas. Il bougonna : « je ne fais que dire la vérité ».
« Nous disons tous la vérité… à notre façon, mon ami » répondit-il doucement. « Parfois nous devons faire plus que cela. Je dois vous poser une question Hagrid : est-ce que je peux compter sur vous ? »
« Mais bien sûr, Professeur ! » Hagrid eut presque l'air offensé de la question. Albus le rassura.
« Je sais que je peux vous confier ma vie », répondit-il. « Mais les secrets que je dois partager avec vous aujourd'hui ne m'appartiennent pas. Si vous révéliez ce que je vais vous dire, bien des vies seraient menacées. »
« Oh ». L'autre baissa les yeux. « Vos secrets seront en sécurité avec moi, Professeur. Ceux des autres aussi ».
Albus acquiesça. « Hagrid, avez-vous déjà entendu parler de l'Ordre du Phénix ?»
« Non, monsieur, jamais »
« Bien ». Il sourit doucement. « En bref, l'Ordre regroupe des sorciers et des sorcières qui veulent abattre Voldemort. La plupart du temps, l'Ordre travaille en dehors des circuits officiels du Ministère. Certains membres jouent un rôle important à la fois dans l'Ordre et au Ministère de la magie ».
« Des gens comme vous ». Qui donc avait dit que Hagrid était stupide ?
« Des gens comme moi », approuva le Ministre de la magie. « Je vous en parle uniquement parce que je dois vous demander une faveur qui n'a rien à voir avec la politique du Ministère. Si vous acceptez la mission que je vous propose, vous ne travaillerez pas pour le Ministère. Vous servirez l'Ordre du Phénix ».
« Une mission, Professeur Dumbledore ? » Hagrid le dévisagea un moment avec beaucoup de sérieux et de calme. « Je le ferai… pour vous ».
Dumbledore sourit. « Sans même me demandez ce que c'est, Hagrid ? »
« Ce n'est pas important, Professeur, je vous fais confiance ».
Pendant un court instant, le cœur d'Albus Dumbledore parût sur le point d'exploser. Son âge ne le mettait pas l'abri de surprise comme celle là. Des moments pareils faisaient qu'il pouvait sincèrement et vraiment croire que la guerre pouvait être gagnée. « Merci », répondit-il doucement. « Vous pourrez toujours refuser quand vous connaîtrez la nature de cette mission, Hagrid ».
« Je ne le ferai pas. Qu'est-ce que c'est ? » Hagrid sourit et Albus sut alors qu'il réussirait. Un Coeur aussi grand ne pouvait pas faillir. Il inspira profondément et répondit:
« Je veux que vous alliez voir les géants, Hagrid ».
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L'équipe Alpha se matérialisa dans une rue comme les autres au pied d'un bâtiment tout à fait comme les autres. C'était un restaurant baptisé La Queue du Dragon « Steaks de premiers choix et dîners enchantés ». Il appartenait à Francis Travers. Dans les faits, ce restaurant servait de lieu de rendez-vous aux Mangemorts – bien que le Ministère n'ait jamais réussi à le prouver. Mais cette fois, tout pouvait changer. Un indicateur leur avait appris qu'un groupe allait bientôt s'y rencontrer. La rumeur précisait que les Lestrange seraient présents – les deux spécialistes en torture de Voldemort- mais aussi Travers et Mulciber, deux cibles importantes pour le Ministère. Le cœur battant, Bill regarda autour de lui. La rue était calme. Anormalement calme en fait pour une fin d'après-midi.
Des signaux d'alarmes s'allumèrent dans sa tête.
Quelque chose clochait. Quelque chose clochait tellement qu'instinctivement il se tourna vers James Potter. Les yeux noisette le considérèrent un instant mais quand Bill allait ouvrir la bouche, ils lui firent silencieusement signe de se taire. Ses yeux s'ouvrirent de surprise et fixèrent son chef sans comprendre. Potter ne dit rien d'autre que « Allons-y ».
Le chef des Auror avança doucement vers le restaurant avec une grâce que Bill ne pouvait qu'envier. « Faites attention » dit Potter sans se retourner. « Ils savent peut-être que nous sommes là ».
Une demi-douzaine de pas plus tard, ils faisaient face à la porte d'entrée. Potter, comme chef d'équipe, allait devant, sa main gauche sur la poignée de la porte, sa baguette dans la droite. Bill était derrière lui. Inspire, Expire. Cette petite pause était ce qu'ils appelaient le moment de vérité. Mentalement, il vérifia que son bouclier personnel était bien en place, qu'aucun sort ne pourrait le prendre par surprise. Bill jeta ensuite un regard autour de lui. A sa gauche et à sa droite, il pouvait voir les deux autres équipes avancer vers les deux grandes fenêtres du restaurant. Leurs mouvements étaient rapides et entraînés. Ils avaient tous faits tant de raids similaires. En entraînement ou dans la réalité. Ils connaissaient leur place et auraient pu les retrouver les yeux fermés. Le plan était simple afin d'éviter toutes erreurs. Au signal, ils enfoncèrent la porte.
Potter partit à droite, Bill à gauche. Sa baguette prête. Il vit son chef éviter un sort bien placé. Les Mangemorts les attendaient de pieds fermes, prêts à l'affrontement. Ils attaquaient. Il entendit à sa gauche Virginia Wilson jurer. Il n'avait pas le temps de savoir pourquoi. Son bouclier renvoya un maléfice d'entrave lancé à la va-vite par Mulciber. Bill évita un sort Incinerator venant de Travers. Il l'entendit grésiller contre le mur derrière lui alors qu'il jetait un contre-sort au Reductor de Bellatrix Lestrange.
Deux pas de plus l'amenèrent au centre des combats. Il stupéfixa rapidement un mangemort qui faisait face à l'équipe Bravo qui venait d'entrer par la porte de derrière. Il entendit soudain, venant du plus profond de la salle, le début du sort et il sentit un frisson courir dans son dos.
« Ava… »
Mais l'ennemi en question tomba, incapable de finir. James Potter l'avait fait taire tout en évitant les efforts de Rodolphus Lestrange pour le stupéfixer. L'idée jaillit dans l'esprit de Bill : Ils le veulent vivant. Les mangemorts n'hésitaient jamais à jeter des sortilèges impardonnables. Il était donc clair qu'ils ne voulaient pas tuer James Potter. Les secondes suivantes lui auraient confirmé cette hypothèse s'il ne s'était pas intéressé à tout autre chose.
Le chef de l'équipe Bravo venait de tomber.
Le monde se figea. L'esprit de Bill s'échauffa. Arabella Figg était le chef de la mise en oeuvre des lois magiques. Elle était une héroïne pour le monde magique. Son courage et sa détermination avaient été décisifs dans cette guerre. Même si elle n'avait pas été dans le service actif depuis des années, elle restait une légende. Elle était importante. Elle était aimée. Et le stock en héros devenait avec une effroyable régularité de plus en plus restreint. La mort récente d'un homme de bonne volonté comme Frank Longdubat ne faisait que le confirmer. Ils ne pouvaient se permettre de la perdre.
Sans plus réfléchir, Bill s'avança et assomma un Mangemort qui essayait de faire léviter le corps inconscient du secrétaire d'Etat. Figg retomba sur le sol avec un bruit mat, inconsciente et sans mouvement. L'Auror le plus proche d'elle réagit rapidement. Mais alors qu'il se penchait sur elle pour la réanimer, il s'effondra victime de Mulciber et d'un sortilège Doloris. Personne n'étant plus près que lui et conscient que le temps jouait contre eux, Bill fit trois pas dans la salle à manger, évitant de justesse un sortilège de Suffocation. Il était tellement concentré qu'il faillit rater l'ordre de Potter.
« Repli ! Plan Zoulou! » - lança le chef des Aurors.
Le plan Zoulou sonnait la retraite. C'était le pire scénario. Tout le monde devait sortir et transplaner individuellement. Un lieu de rassemblement ultérieur était donné à chaque opération. Le plan Zoulou voulait dire que la loi de Murphy avait été vérifiée. Pour réduire les pertes, il fallait partir. Bill regarda autour de lui avec surprise. D'habitude il sentait bien l'évolution de la situation et pour l'instant il n'avait pas pensé que les choses allaient si mal. Bizarrement, ses yeux lui confirmèrent ce sentiment. C'était de plus en plus confus mais ça restait gérable. Le seul gros pépin pour l'instant était le secrétaire d'Etat à terre… quelques autres avaient été touchés mais personne n'était mort. Tout le monde pouvait se déplacer seul, sauf Figg.
Mais Potter était le chef.
Bill savait qu'il avait peu de temps. Dans quelques secondes, ils seraient tous partis. Un autre Auror s'approcha de Figg mais fut repoussé par Travers. Les mangemorts étaient prêts à tout pour l'avoir. Elle serait la personne la plus importante jamais capturée par Voldemort. Ils ne pouvaient pas permettre ça ! Il connaissait assez Arabella Figg pour penser qu'elle aurait préféré mourir plutôt que d'être capturée. Bill toucha un Mangemort avec un charme Réfrigérant et plongea contre elle. Ni mort, ni capture, n'aurait lieu sans qu'il intervienne. Il ressentit une onde de puissance et fut rassuré de voir son bouclier avaler un sortilège de Stupéfixion. Malheureusement, ce fut un sort de trop et son bouclier cessa de fonctionner. Il était sans défense et ce n'était pas une sensation agréable.
Il n'avait pas le temps de trouver quelque chose de malin ou de compliqué. Seule la puissance pouvait encore le sauver. Comme son mentor le lui avait appris il y avait bien des années, Bill canalisa en lui toute son énergie et sa colère pour les mettre au service de la magie. Il attrapa le bras inerte de Figg. Transplaner quelqu'un était toujours quelque chose de risqué, mais comme elle était inconsciente ça devait être plus facile. Une chose de moins à s'occuper en quelque sorte. A sa droite, Bellatrix Lestrange leva sa baguette, le sortilège de la mort sur les lèvres.
Mais ils étaient déjà partis.
