Promesses tenues
Dédicace spéciale à Titou Tur Lupin et Lunenoire… heu, Titou quand tu veux tu me mets autant de reviews sur Lune et Etoile… J'admire vraiment ceux qui arrivent à donner autant de feedback !
Non, ce n'est pas tout de suite qu'on saura CE qui est à Azkaban… mais certains sont sur de bonnes pistes – et je les félicite parce que moi j'ai été complètement bluffée par Robin4…
Un chapitre pour ceux qui veulent voir Harry, Ron et Hermione en action… et les fans de Lupin aussi… pour tout le monde en fait !
Et, c'est toujours une traduction de la fic de Robin4, basée sur des personnages gentiment prêtés par une dame anglaise… Merci à Camille et Alana qui veulent bien relire !
Chapitre seize. Stratégies et Sacrifices
C'était le destin. Harry, Ron et Hermione furent les premiers à se trouver en danger. Le deuxième semestre venait de commencer et le trio était pour l'instant resté calme. L'école ruminait encore son chagrin d'avoir eu à pleurer la disparition d'Olivier Dubois – tout le monde, sauf les Serpentards, l'aimait beaucoup. Tous avaient aussi revu le monde extérieur. A Poudlard, c'était facile de se croire isolés du reste et beaucoup d'étudiants finissaient par oublier combien les choses allaient mal au dehors. Ce rappel et la mort d'Olivier leur avaient fait mal. Les Gryffondors étaient tout particulièrement calmes et les Misfits n'étaient pas si différents de leurs camarades. Si bien que les jours passaient sans qu'aucune blague ne soit à signaler.
Ils avaient commencé à en imaginer une mais les grands titre du journal de matin leur avaient enlevé l'envie.
BILL WESLEY CAPTURE PAR LES MANGEMORTS. UN AUTRE AUROR A AZKABAN
Ceci avait arraché le cœur même des Misfits. D'une certaine façon, ça avait rassemblé tous les Gryffondors, quelque soit leur année, pour soutenir leurs amis. Mais tant de soutien pouvait devenir insupportable. Ron avait besoin d'y échapper. Harry et Hermione étaient sortis avec lui. Ils avaient marché ensemble dans le parc, dans la fraîcheur de ce mercredi soir, en silence. Ils avaient juste besoin de la présence des autres. Il y avait des moments comme cela où on a juste besoin d'amis. Harry y réfléchit silencieusement, shootant dans une paille sur le chemin en marchant. Il faisait presque trop chaud pour une fin de mois de janvier. Il y avait peu de neige sur le sol. Cet hiver promettait d'être plus court et plus chaud que celui de l'année précédente. Il se demanda si cela avait un sens plus profond. Non, sans doute. Harry jeta un regard à Ron. Le rouquin traînait derrière eux, ses mains plongées au plus profond de ses poches et sa tête baissée, les yeux dans le vide comme s'ils contemplaient le sol encore gelé. Son ami avait été on ne peut plus calme depuis le matin où le professeur Fletcher avait retenu les quatre Weasley en chemin pour leur petit-déjeuner dans la grande salle. Quelques instants plus tard, lorsque Hermione avait reçu son exemplaire de la Gazette du sorcier, Harry avait compris pourquoi. Il était resté au coté de son ami depuis, supportant la tempête des colères inhabituelles de Ron sur le thème de l'injustice. Il avait attendu avec Hermione quand Ron avait voulu rester seul. Il l'avait aussi traîné en cours – convaincu que la solitude n'était pas une solution.
M. et Mme Weasley lui avaient rendu visite ce matin. Harry le savait. Mais ils ne pouvaient pas rester en permanence. Comme Lee et les autres troisièmes années de Gryffondors qui s'efforçaient de consoler Fred et George, comme les cinquièmes années s'y essayaient avec Percy, Harry et Hermione restaient aux côtés de Ron. C'était bien le minimum. Il était leur ami.
C'était donc par amitié que le trio arriva aux limites de la Forêt interdite, cheminant dans un silence confortable. Harry avait une fois demandé à son père de lui expliquer sa relation avec les Maraudeurs. James Potter avait répondu qu'il ne pouvait pas répondre. Leur amitié était au-delà de toute définition. Mais Harry comprenait aujourd'hui.
Il y eut un craquement sec, le bruit d'une brindille brisée, mais plus fort et plus important. Le trio s'arrêta.
« Qu'est-ce que c'était ? » demanda Hermione. Un frisson glacé courut le long de la colonne vertébrale d'Harry. « Je ne sais pas… »
Une rafale de vent leur apporte un murmure, des voix indistinctes. Ce n'était pas normal. Il le savait. La tête de Ron se releva.
« Il se passe quelque chose de bizarre ici » Il frissonna. « Je peux le sentir »
« Moi aussi » reconnut Harry. Le vent continuait de souffler et avec un peu d'imagination, ils arrivaient à entendre des grognements et des rires.
« Ce n'est que le vent » dit Hermione. Mais elle n'avait pas l'air convaincu elle-même. « Vous ne croyez pas ? »
Les voix enflèrent et devinrent presque compréhensibles. Les yeux de Ron s'élargirent.
« Ce n'est pas le vent »
Ils entendirent un grand fracas, puis un autre. Puis, soudain, un grand croassement les fit tous sursauter. Au loin, ils entendirent un arbre s'écraser sur le sol de la forêt. Harry dut crier pour que les autres l'entendent malgré le vent qui forcissait.
« Et c'est quoi alors ? »
« Aucune idée » lui répondit Ron en criant lui aussi.
Un autre fracas et un autre arbre à terre. Celui-ci était assez proche pour que le trio voie la forêt trembler.
« Quelque chose arrive ! » cria Hermione.
« Oui mais quoi ? » demanda Ron.
Le cœur d'Harry s'emballa au rythme croissant des grands fracas. Des arbres tombaient chaque seconde. Le vent devenait fou, enroulant leurs robes autour de leur corps. Une soudaine rafale fit s'envoler l'écharpe d'Harry et il dut s'y accrocher pour ne pas la perdre. Hermione avait des problèmes similaires avec ses cheveux qui semblaient vouloir s'échapper comme une sorte d'animal sauvage.
« Regardez ! » hurla-t-elle. « Là ! »
Des formes noires traversaient la Forêt interdite. Des silhouettes gigantesques abattaient des arbres pour se frayer un chemin sans aucun effort apparent, avec de grandes foulées. Devant les yeux effarés des trois Gryffondors, les formes accélérèrent encore. Droit sur eux.
« Oh, non… » - murmura Ron au moment où la même peur saisissait Harry. Il jeta un coup d'œil à son ami et sut qu'il pensait comme lui. Ron avait blêmi.
« Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda Hermione. Sur le moment ni Harry ni Ron ne purent faire autre chose que de se dévisager mutuellement. Une telle chose ne peut pas arriver, objectait l'esprit rationnel d'Harry. Pas à Poudlard !
« Des géants » - finit par articuler Harry du fond de sa gorge. « Ce sont des géants ! »
Hermione resta bouche bée et Harry sut ce qu'elle avait envie de dire. Elle voulait crier ce que lui-même pensait – Pas à Poudlard. C'était impossible. Mais l'impossible venait droit sur eux. Les géants n'avaient jamais été aussi près et eux restaient figés.
« Venez ! » Harry se força à bouger et à tirer ses amis. « Nous devons les prévenir ! »
Priant pour qu'il ne soit pas trop tard, ils s'élancèrent tous les trois vers le château. Leurs pieds frappaient le sol gelé. C'était difficile de ne pas jeter des regards derrière eux mais Harry s'y efforçait. Et il avait plusieurs raisons. D'abord, il était convaincu que regarder derrière lui ne ferait que le ralentir. Plus encore, il avait peur de ce qu'il aurait vu !
Soudain une ombre se dressa devant eux. Harry eut à peine le temps d'entendre Hermione crier avant que le sol ne tremble et que ce soit le chaos. Son instinct prit le dessus, utilisant les réflexes gagnés au Quidditch. Harry sentit que Ron avait fait comme lui. Tout en roulant, Harry tendit son bras gauche pour s'arrêter et saisit sa baguette de l'autre main. Il essaya ensuite d'ignorer les battements de son cœur dans ses tympans et leva la tête pour voir Hermione dans l'énorme main du géant.
C'est peut-être parce que Hermione était une fille que le géant s'en était pris à elle. Elle paraissait peut-être plus faible que les deux autres. C'est peut-être parce que ses réflexes étaient moins rapides – elle n'avait pas été capable de s'enfuir au bon moment. Le géant avait décidé qu'elle serait une proie plus facile. Ou simplement, parce qu'elle avait été la plus près et la plus facile à atteindre… Quelle qu'en fut la raison, le géant avait eu tort. Hermione était peut-être plus lente que les garçons mais elle n'était pas plus bête.
Dès qu'elle eut fini de crier, l'amie d'Harry pointa très calmement sa baguette entre les deux yeux du géant et cria : « Stupéfix ! »
Malheureusement, les géants sont d'énormes créatures. Il vacilla mais ne tomba pas. Il cilla, fixa Hermione et secoua sa tête pour repousser l'effet du sortilège. Dans l'intervalle cependant, Ron et Harry avaient sorti leur baguette et jeté à leur tour, ensemble, le sortilège – profitant que l'attention du géant était encore toute entière sur Hermione. Celle-ci avait crié quand le géant avait resserré son emprise. Une fois de plus, il vacilla et faillit même cette fois tomber. Trois sortilèges plus tard, le monstre restait cependant sur ces pieds. Harry essaya de se concentrer plus et réessaya – s'ils continuaient à attendre, Hermione allait finir par être écrasée pour de bon ! « Stupéfix ! »
Mais le géant ne tombait toujours pas – il paraissait juste désorienté. Ron vint à coté d'Harry – qui ne l'avait jamais vu aussi en colère.
« Qu'il aille en enfer ! » cria son ami. « Stupéfix ! Stupéfix ! ». Le géant tituba et Harry s'en mêla : « Stupéfix »
Enfin, le géant s'écroula sur le sol, faisant trembler la terre.
Hermione se libéra et roula loin du géant. Harry et Ron se précipitèrent vers elle et l'aidèrent à se relever. Harry la regarda avec inquiétude : « Ca va ? » Hermione sourit « Merci à tous les deux ». « Tiens » dit Ron en lui tendant sa baguette. Elle s'en empara avec un sourire de remerciement. « Merci. Oh, non ! »
« Quoi ? » demandèrent d'une même voix Ron et Harry. « Ne me dîtes pas que cette stupide créature est déjà réveillée ! »
Mais la réponse d'Harry ne vint pas. En se tournant avec Ron pour jeter un coup d'œil sur la Forêt magique, ses yeux s'agrandirent une nouvelle fois. Plusieurs silhouettes sombrent sortaient de la forêt au moment même où le soleil commençait à se lever et se dirigeaient droit sur eux. Droit sur Poudlard.
Cette fois Hermione fut la plus rapide.
« Allons-y ».
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Le premier professeur qu'ils rencontrèrent devait être le professeur Rogue. Ca avait déjà été une journée difficile mais il semblait que ça ne pouvait que s'aggraver. Rogue ne détestait-il pas les Gryffondors ?
A peine Harry, Ron et Hermione avaient-ils passé les portes du château qu'ils faillirent renverser le sous-directeur. Rogue lâcha un juron de surprise, sauta hors de leur chemin manquant de perdre l'équilibre. Des yeux noirs furibonds se fixèrent ensuite sur eux avec une telle intensité que Harry dut lutter pour ne pas reculer. Mais ce fut moins difficile que d'habitude. Ils n'avaient pas de temps à perdre. Harry et ses amis avaient couru de toutes leurs forces mais il ne faudrait que quelques secondes pour que les géants arrivent à leur tour au château. Il allait prendre la parole mais Rogue l'interrompit brusquement.
« Mais où donc vous croyez-vous ?! » demanda le maître de potions. « Cinquante points seront retirés à Gryffondor pour votre comportement imprudent ! Cinquante points chacun ! »
Harry le dévisagea. Ils essayaient de sauver Poudlard et Rogue leur retirait des points ?
« Mais professeur, il y a des géants dehors » essaya Hermione.
« Il n'y a aucun géant près de Poudlard, petite idiote » aboya Rogue. « Allez dans votre salle commune avant que je ne vous prenne encore des points… »
Boum.
Le visage de Rogue passa en une seconde de l'incrédulité à la concentration froide. « Derrière moi ! »
Ils n'eurent pas le temps de parler plus. Les grandes portes de bois s'ouvrirent d'un seul coup et la silhouette d'un géant s'y découpa. Derrière lui, le soleil se levait rapidement. Harry vit avec une fascination étrange le professeur qu'il aimait le moins s'avancer pour se placer entre le géant et le trio. La main droite de Rogue plongea dans ses robes avec une surprenante rapidité à la recherche de sa baguette. Ses yeux se rétrécirent. Un instant, Harry eut peur que le professeur aux cheveux gras essaye de parler au géant. Il comprit très vite que ses craintes n'étaient pas fondées.
« Everbero! » La voix de Rogue s'éleva comme le tonnerre. Ce fut comme si une main géante projetait le géant en arrière. Harry entendit au loin un hurlement de colère. Rogue ne s'arrêta pas là. D'un battement de baguette, il claqua les portes et, dans le même mouvement, il jeta un sortilège pour les fermer. Il prononça alors un mot que Harry n'avait jamais entendu auparavant. Son instinct lui dit que c'était un mot de puissance. Les lumières du château clignotèrent une fois, deux fois, trois fois avant de se re-stabiliser. Harry sut au fond de lui que les protections magiques de Poudlard venaient d'être activées. Il regarda longuement Rogue – son instinct jusqu'à présent l'avait conduit à s'en méfier mais il comprenait qu'ils allaient devoir lui faire confiance.
Des bruits de courses. On venait vers eux. Remus Lupin dérapa dans le dernier virage, ses robes grises volèrent autour de lui. Ses yeux bleus étaient en alerte et avaient pris cette curieuse froideur que Harry n'avait vue qu'une seule fois auparavant. Le regard de Remus fut pour Rogue.
« Que se passe-t-il ? » - demanda-t-il.
« Des Géants » répondit l'autre brièvement rentrant sa baguette dans ses robes. « Plus d'un, je pense »
Hermione compléta immédiatement, sans même lever la main : « Au moins onze » dit-elle très vite. « Harry et Ron en ont assommé un quand nous rentrions…ils venaient de la Forêt magiques… Nous n'avons pas cherché à savoir s'il y en avait plus… »
« Bravo » dit doucement le directeur aux deux garçons. A la grande surprise d'Harry, Rogue confirma d'un signe brusque de la tête. Mais Remus continuait : « C'est très difficile d'assommer un géant. Je suis surpris que vous y soyez arrivés Il n'y a pas beaucoup de sortilèges qui marchent sur eux ».
Harry eut un petit sourire timide. « Ouais… on s'en est rendu compte sur le terrain »
Lupin et Rogue échangèrent un regard lourd de sous-entendus. Le sous-directeur finit par hausser les épaules. Remus lui demanda « Où est Dung ? »
« Ici ». Le directeur des Gryffondors sortit du même corridor que le directeur quelques minutes plus tôt. Il était accompagné par plusieurs autres membres de l'équipe.
« Quirrell ? » demanda ensuite Remus. Harry se demanda ce que le meilleur ami de son père espérait de l'inepte professeur de défense contre les forces du mal. Quirrell risquait plutôt de s'évanouir à la vue d'un géant qu'autre chose ! Mais il eut vite sa réponse :
« Iciii…Mmmmonssieueur le Dididdirecccteur » bafouilla le professeur enturbanné.
« Emmenez tous les élèves dans la Grande Salle… gardez les là-bas tant que Severus ou moi ne vous diront pas le contraire ». Le directeur attendit que l'autre ait acquiescé pour continuer. « Allez avec lui, Chourave… Protégez les bien ».
« Bien ». La directrice des Poufsouffles opina et se tourna immédiatement vers le trio. Sa main eut un geste impatient. « Vous n'avez pas entendu M. le directeur ? Suivez-nous ! »
Bien qu'il sache qu'il n'avait aucune chance, Harry ne put s'empêcher de lancer une prière muette en direction de Remus. Il ne supportait plus d'être protégé. Est-ce que Ron, Hermione et lui ne venaient pas de vaincre un géant par leurs propres moyens ? On allait pourtant les enfermer dans la Grande salle au moment même où se jouait le destin de Poudlard. Même si Harry savait – quand il était honnête avec lui-même – que la chance avait joué un grand rôle dans la victoire du trio sur le géant, il ne pouvait pas s'empêcher de se sentir mis de côté. Pourquoi les adultes le sous-estimaient-ils toujours ? C'était exactement comme avec Rogue et Quirrell en novembre dernier. Mais il était certain que les adultes ne l'entendraient pas. Et bien sûr, Remus secoua la tête. Harry n'eut pas d'autre choix que de rejoindre ses amis et de suivre Quirrell et Chourave dans la Grande Salle. Pensez donc ! Une minute avant, ils avaient sauvé Poudlard des géants, et une minute plus tard, on leur donnait des baby-sitters !
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Des heures plus tard, Remus se sentait plus qu'assis dans son fauteuil près du feu. Il avait mal partout. La douleur n'était pas aussi forte que lorsqu'il se transformait mais il se sentait encore plus épuisé – chose qu'il aurait cru impossible ! Mais ça faisait maintenant des années que Remus survivait à ces douleurs et cette extrême fatigue mensuelles et il savait les dépasser. Etre fonctionnel, avait-il appris, n'avait rien à voir avec le fait de se sentir bien.
« Quel carnage » souffla Mundungus Fletcher.
« Votre capacité à la sous-estimation n'a pas de limite ! » répondit sèchement Severus.
« Pas aussi étonnante que votre capacité au sarcasme » rétorqua Dung.
« Vraiment ? » Le maître de potions haussa l'un de ses sourcils noirs. « Je m'étonne que vous l'ayez même remarqué ».
Dung s'étouffa un ricanement et Remus fut pris d'un fou rire, malgré son extrême fatigue. Dung et Severus avaient des personnalités vraiment très différentes et le fait qu'ils demeurent amis ne cessait d'intriguer le directeur de Poudlard. Mais il y avait des choses plus importantes que la diversité des caractères, des choses qui les liaient l'un à l'autre. Remus eut un sourire triste. Cette journée avait été une de ces choses. Il s'éclaircit la gorge et parla avant que Fletcher et Rogue aient pu se lancer dans une autre de leur soi-disant dispute. « Excusez moi de vous interrompre » dit Remus doucement, « mais je voudrais en finir ». Ces compagnons approuvèrent de la tête.
« Sans blague » souffla Dung.
« Sans doute » grommela Severus.
« Bien, commençons par ce que nous ne pouvions pas dire plus tôt » continua Remus. Il se faisait tard et ils avaient déjà tenu une réunion avec tout le personnel de Poudlard pour expliquer ce qui s'était passé pendant l'attaque de Poudlard. Malheureusement pour eux, Remus, Severus et Dung avaient subi l'essentiel de la bataille. Mais ils étaient les seuls à en être capables. Les autres professeurs n'avaient jamais connu de telles batailles. Quand il avait décidé de son plan – une affaire rondement menée – Remus avait improvisé en tenant compte de cela. Il n'avait aucun doute sur sa propre capacité ou sur celle de Dung ou de Severus à tuer. Ils seraient donc l'offensive. Les sortilèges de défense seraient laissés à leurs collègues moins entraînés. En fin de compte, leur épuisement venait de leur succès. Le plan avait marché même s'il avait demandé beaucoup aux trois professeurs. Quatre heures après avoir vu le premier géant, tous leurs assaillants étaient morts. Remus ne prenait aucun plaisir à tuer mais il ne ressentait aucune pitié pour ceux qui cherchaient à blesser ses enfants. Après un moment, il continua.
« D'abord » dit Remus « est-ce que nous avons le moindre doute sur qui était derrière tout ça ? » Il avait déjà posé la question et tous s'étaient accords à jeter le blâme sur Voldemort. Mais Severus était resté silencieux, les sourcils froncés. Dung et Remus savaient qu'il pouvait en savoir plus. De plus, pour des sorciers aussi habitués à affronter le Seigneur des ténèbres qu'eux, certains éléments juraient. Ils avaient à faire à quelque chose de bizarre.
Severus resta un long moment silencieux. « Oui et non » répondit-il finalement. « Oui, je suis sûr que le Seigneur des Ténèbres était derrière cela. Non, je ne comprends pas pourquoi. C'est son intention qui me tracasse ».
« Moi aussi » acquiesça Dung. « Il n'a pas pu penser que ça allait marcher. Une douzaine de géants ? Il en faudrait dix fois plus pour prendre Poudlard. Voldemort le sait. Pourquoi attaquer quand on est sûr de perdre ? »
« Faire peur » répondit calmement Remus. Les têtes des autres se tournèrent vers lui. « Poudlard n'a pas été attaqué depuis 1984. Dumbledore avait battu Voldemort alors mais tous les deux avaient été blessés. Poudlard avait beaucoup souffert mais les défenses avaient résisté. Il cherche à montrer que c'est possible ».
« Parce que tu n'es pas Voldemort » confirma Severus tout en lui jetant un regard d'excuse. « Ne le prend pas mal ! »
« Je sais ce que tu veux dire ». Remus lui fit un demi-sourire. Mais Dung était moins enthousiaste. « Est-ce qu'il a réussi ? » demanda l'ancien Auror. « Il vous a testé Remus. Mais qu'a-t-il appris ? Quel était le but ? »
« Il a appris que Remus ne s'écraserait pas et qu'il ne se laisserait pas tuer facilement » répondit Severus pour lui. « Vous avez raison, Dung, Voldemort testait notre directeur. Il s'est toujours beaucoup intéressé à Remus à cause de ses qualités non reconnues. Il sait maintenant qu'il n'est pas le passif que l'on décrit partout ».
« Le but était d'échouer tout en montrant que Poudlard pouvait être attaqué » compléta Remus.
« Pourquoi perdre autant de forces dans une attaque que vous savez perdue d'avance ? » répondit Dung. « Voldemort est tout sauf stupide. Il doit y avoir autre chose ».
Severus haussa les épaules. « Peut-être, peut-être pas. Vous oubliez parfois, Dung, que Voldemort ne tient pas la vie en aussi haute estime que nous. Les autres – les géants en particulier- lui importent peu. Ils ne sont pas sorciers, ils ne sont pas humains, ce sont des outils. Ce sont des ressources à dépenser, pas à protéger. Il s'en fiche, Dung. Il n'en a rien à faire. »
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Molly eut presque peur d'ouvrir la porte. Pourtant elle finit par le faire. Arthur était au travail. Ginny était en bas, en train de lire un livre –bien que Molly doutait que sa benjamine n'accorde à cette histoire plus d'attention qu'elle n'en avait accordé à son tricot quelques minutes plus tôt. Le Terrier était curieusement calme. Presque reposant, si elle n'avait pas ressenti un tel vide dans son cœur. Trois mots disaient toute sa peine. Bill était disparu. Elle en avait de nouveau perdu un.
Elle laissa son regard lentement errer dans la chambre. La chambre de Bill. Il l'avait longtemps partagée avec Charlie, mais Charlie était mort… Ils lui avaient gardé sa chambre au Terrier même quand il eut pris son propre appartement. En ces temps troublés, tout le monde avait besoin de pouvoir revenir chez lui. Arthur et Molly avaient promis à tous leurs enfants que le Terrier serait toujours leur maison. Quoi qu'il arrive. Ils seraient toujours une famille. Une famille… Oh, Bill… Les larmes menaçaient, Molly secoua la tête avec colère. Elle s'était jurée qu'elle ne le pleurerait pas tant qu'elle ne serait pas sûre de sa mort. Pas encore, pas encore.
Les murs jaunes avaient gardé leur couleur – pourquoi il tenait tant à cette vilaine teinte, elle ne le saurait jamais. Le couvre-lit était défait comme Bill l'avait laissé. Les deux oreillers étaient cependant bien rangés sur le lit qui était fait au carré, avec cette précision que Bill mettait en toute chose. Toujours pareil. Tout le temps. Bill était tellement prévisible – était-ce pour cela que les Mangemorts l'avaient pris ? Molly secoua la tête de nouveau. Elle ne devait pas penser à cela. Pas à son premier enfant, son bébé, son petit garçon qui lui tirait les cheveux et dont le premier mot avait été « mama ». Presque ça. Son petit garçon. Sur le mur, il y avait ce poster de dragon que Charlie et lui aimaient tant. C'était Charlie qui était fasciné par les dragons. Bill lui s'intéressait à toutes les créatures. Avant qu'il ne s'engage chez les Aurors, Bill portait une boucle d'oreille avec une dent de dragon… horrible… Elle l'avait souvent asticoté à ce sujet. Molly se tassa sur elle-même. Elle ne saurait jamais pourquoi il avait fini par arrêter de la porter. Bill avait dit que les Aurors n'aimaient pas ce genre de choses mais sa mère n'en était pas sûre… Elle ne pouvait qu'espérer qu'il lui aurait dit la vérité. Avec un soupir, elle entra dans la chambre – pour la première fois depuis qu'elle avait appris la capture de son fils. Le temps n'arrangeait rien.
Il y avait un livre sur la table de nuit, à l'envers et ouvert. Les lieux historiques de la sorcellerie, lut-elle avec un sourire doux-amer. Certaines choses ne changeaient jamais. Même devenu Auror – pour changer les choses – Bill n'avait jamais cessé de s'intéresser aux mystères historiques. Mais cette pensée en ramena d'autres moins heureuses.
Molly avait perdu deux fils, deux Aurors. D'abord Charlie, mort pour une raison inconnue, et maintenant Bill. Bill était à Azkaban. Ca ne finirait donc jamais ? Ils méritaient mieux que ça. Elle dut une fois de plus lutter contrer ses larmes. Pas de larmes, se gronda-t-elle. Je ne pleurerai pas tant qu'il sera en vie. Tant qu'il y a encore une chance…
Molly essaya de sourire mais elle sentit sa lèvre inférieure trembler. Oui elle continuerait d'espérer même si le sens commun lui disait le contraire. Elle espérerait même quand elle n'aurait plus aucune raison de le faire. Parce que Bill avait été son petit garçon et qu'elle n'était pas prête à le perdre. Pas maintenant.
Mais qu'elle soit damnée si elle laissait un autre de ses enfants devenir un Auror. Les Weasley en avaient fait assez.
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La suite ? Des [mauvaises] nouvelles d'Azkaban, des trahisons… de quoi pleurer dans les chaumières, c'est moi qui vous le dit !
