Promesses tenues
Personnages de Rowlings, Histoire de Robin4, traduction de Fénice, relecture d'Alana et de Camille….
Vous aimez… et bien nous aussi !
Chapitre 17: Signes de ténèbres
Les voix s'imposèrent à sa conscience mais ça lui prit du temps pour se rendre compte qu'elles ne provenaient pas d'un cauchemar. Même quand cela fut clair, cela prit encore plus de temps à Bill pour reconnaître qui parlaient. Quand il y réussit, il sentit un frisson parcourir son échine.
Les voix étaient accompagnées de bruits de pas. Elles venaient vers lui.
« Notre maître » disait Lucius Malefoy avec acidité « se demandait pourquoi vous n'aviez jugé nécessaire de nous informer du fait que vous étiez un animagus »
Il y eut un long silence et finalement Peter Pettigrew répondit « Ca…ne… m'a… jamais… semblé… important… Lucius ».
« Vraiment ? » demanda le plus âgé des Mangemorts.
« Et bien… »
« Endoloris ! » Il y eut un fracas lorsque Pettigrew heurta le mur. Ses cris durèrent au moins trente secondes. Quand ils s'arrêtèrent, Malefoy gronda. « Ce n'est qu'un avant-goût de ce que notre maître va vous faire… idiot… levez-vous ! »
Bill entendit Pettigrew se remettre avec difficulté sur ses pieds et ce fut à ce moment là qu'il comprit ce qu'il avait entendu. Pettigrew ? pensa-t-il soudain. Un mangemort ? Il connaissait Peter Pettigrew… pas vraiment bien mais suffisamment… Pettigrew n'avait jamais fait partie de toutes les personnes que Bill Weasley avait pu soupçonner d'être des mangemorts. Les voix continuaient.
« Avez-vous appris quelque chose d'intéressant pour changer ? » demanda Malefoy.
« Pas… pas vraiment »
Bill entendit le recul dans la voix de Pettigrew.
« Pas vraiment ? » se moqua Malefoy avec colère. « A quoi ça sert alors d'avoir le meilleur ami de Potter comme espion si vous n'apprenez jamais rien d'intéressant ? »
Ils passaient devant sa cellule maintenant et Bill se renfonça dans un coin, essayant d'avoir l'air aussi insignifiant et soumis que possible. A Azkaban et pour les Mangemorts, les prisonniers étaient soit une partie du décor, soit des jouets. Malgré son dégoût, Bill essayait de toutes ses forces de faire partie du décor. Devenir un jouet était beaucoup moins intéressant. Pettigrew marchait avec beaucoup de raideur, jetant des regards inquiets à Malefoy.
« Et bien…. Ce n'est pas comme si James ramenait son travail à la maison… Lucius, non ! »
Il y avait de la panique dans la voix de Pettigrew et Bill comprit que Malefoy avait été sur le point d'utiliser l'Endoloris de nouveau.
« Je vous dis la vérité et vos menaces n'y changeront rien !!! Je ne sais rien !!! »
« Nous verrons cela ». Avec un grand mouvement de robes, Malefoy accéléra et Bill vit Pettigrew lutter pour rester à sa hauteur lorsqu'ils passèrent devant sa cellule. Ils tournèrent pour entrer dans ce qu'il savait être le cœur de la prison. Les deux mangemorts – c'était étrange de penser que Pettigrew, l'inoffensif Pettigrew, était l'un d'entre eux – disparurent. Ils avaient continué à avancer en silence mais après un moment, il put de nouveau entendre leurs voix – même si Bill ne pouvait pas comprendre leurs mots. Bientôt même cette compagnie lui fut refusée.
Leur disparition laissa son monde entièrement vide et un frisson glacé parcourut son épine dorsale. Bill trembla et se replia sur lui-même lorsque la douleur secoua son corps. On avait raison de dire qu'Azkaban était l'enfer. Il ne trouvait pas de meilleur qualificatif. Cinq jours, se rappela-t-il. Alors il pourrait agir. Alors la baguette et le portoloin qui avaient été transfigurés en ongles d'apparence inoffensifs apparaîtraient. Il n'aurait pas à attendre plus. Bientôt il pourrait s'enfuir et aider les vingt-huit autres qui avaient été jetés en enfer avec lui. Encore cinq jours.
Ils se tenaient debout tous les deux, sur le grand balcon de Domus Archipater, la résidence de la famille Rogue. Au loin, le soleil se couchait mais l'obscurité ne les avait jamais effrayés ni l'un ni l'autre. Un poète les aurait appelé l'un et l'autre des créatures des ténèbres – il aurait au moins pu dire qu'ils y étaient nés. En vérité, pensait Severus, nul n'aurait pu le contredire. Lui comme sa compagne étaient des enfants des ténèbres.
« Bien » dit Julia plongée dans ses pensées, « je ne m'attendais pas à ça »
« Moi, non plus » grommela Severus.
Elle lui adressa un de ses sourires glacés. « Sans vouloir te faire de la peine Severus, je n'ai nullement l'intention de t'épouser ».
« Ne t'inquiète pas » répondit-il « Le simple fait d'y penser me…dérange »
« Ne m'en parle pas » souffla-t-elle. Le sourire glacé de Julia perdit encore 100 degrés. « Je suis heureuse que ce ne soit pas ton idée ».
« Tu me crois fou ? ».
Un élégant sourcil blond se arqua pour marquer la réflexion de sa propriétaire. Severus reprit rapidement la parole pour l'empêcher de lui répondre.
« Bien… Tu crois que je souhaite mourir ? »
« Ca, Ca je sais que tu ne le souhaites pas » gloussa-t-elle.
Severus grinça : « la semaine prochaine peut-être »
Ils rirent tous les deux. Une partie du cerveau de Severus l'examina sans passion – pas comme la sœur qu'il avait toujours connue. Il pouvait comprendre pourquoi n'importe quel homme normal serait immédiatement flatté si Lucius lui proposait d'épouser sa sœur. Selon tous les critères des sorciers, Julia était une beauté. Elle possédait les cheveux blonds et les yeux gris des Malefoy. Ses traits avaient la finesse des statues romaines antiques. Elle pouvait paraître froide à ceux qui ne la connaissaient pas bien – si jamais elle leur adressait la parole ! Mais ça aussi faisait partie de l'héritage des Malefoy. Elle souriait, sans cette expression glacée et distante qu'il avait si souvent vue sur son visage. Ca faisait du bien de la voir rire. Ca faisait trop longtemps.
« Bon… alors... comment allons-nous régler ça ? » - demanda Julia.
« Honnêtement, j'imagine ». Il haussa la épaule. Ces paroles paraissaient absurdes. Honnêtement ? Pour des Mangemorts ? Severus dut lutter pour ne pas éclater de rire – il finit par ricaner.
« Aussi bizarre que ça puisse paraître, tu as sûrement raison. La vérité dans cette affaire ne peut pas nous faire de mal… à aucun de nous » répondit-elle.
« Dans cette affaire » confirma-t-il.
Elle sourit.
« Tu te rends compte que quand tu m'as demandé de venir dîner avec toi ce soir – et de venir pour cela d'Amérique du Sud ! -, je n'ai jamais envisagé que ce soit pour cela ! »
« J'ai toujours l'intention de te faire manger, si c'est de cela que tu as peur » dit Severus.
« J'ai plutôt faim… Creuser dans les tombes aztèques n'est pas un petit travail »
« Comment ça se passe, au fait ? J'aurais du te le demander plus tôt ». Il savait bien sûr que Julia avait plusieurs rôles auprès de Voldemort. Mais assez récemment, elle s'était mise à chercher pour lui des objets de magie noire tout autour du monde. Son amour pour les runes antiques, l'histoire et l'archéologie lui étaient très utiles dans ce travail. Mais à voyager loin et en permanence – semblant consciemment éviter toutes les réunions officielles des mangemorts – faisait qu'ils ne se voyaient pas souvent. Son amitié lui manquait. Elle comptait parmi les quelques personnes qui l'avaient toujours pris tel qu'il était.
« Plutôt bien » - répondit Julia. Ses yeux brillants rappelèrent à Severus combien elle aimait son travail. Quelle chance pour elle, pensa-t-il. Elle n'a pas encore découvert combien on peut perdre ses illusions en travaillant pour Voldemort. « Les Aztèques avaient des sorcières extrêmement puissantes… En fait que des sorcières – que penses-tu de cela ? Je n'ai trouvé aucun indice permettant de parler d'un seul utilisateur mâle de la magie. Ils protégeaient bien leurs secrets. Je suis toujours en train de chercher LA bonne tombe mais c'est compliqué. La piste la plus prometteuse s'est trouvée être une impasse ce matin même ».
« J'en suis désolé » dit-il avec sincérité. « C'est quoi cette histoire d'Aztèques sans sorciers ? » Julia grimaça un sourire. « Tu n'es qu'un sale chauviniste, Severus Rogue »
« Mes étudiants te donneraient raison » - rie-t-il. "Rentrons, veux-tu ? » Il lui tint la porte ouverte.
« Je suis loin d'être une sorte de lady à laquelle il faut tenir la porte, tu sais » dit-elle, pénétrant néanmoins avant lui dans la maison sans autre protestation. Après tant d'années, elle n'essayait même plus.
Un de ses sourcils s'arqua. « Vraiment ? Je ne m'en étais jamais rendu compte ! "
« Qu'est-ce qui m'a démasqué ? La terre sous mes ongles ? Ou ces cinq années où j'ai joué au Quidditch à Poudlard ?»
« Je pensais plutôt à cette fois où tu m'a assommé avec mon propre chaudron, mes les autres exemples ne sont pas mauvais non plus » répondit sèchement Severus. Ils éclatèrent de rire tous les deux. Il savait bien que Julia pouvait se comporter comme un grande dame si elle le souhaitait. Mais sa seule défense contre l'oppression que lui faisait subir son frère avait été de devenir aussi anguleuse que possible.
Ils marchèrent un moment dans un silence amical. Julia demanda soudain : « Alors, comment ça va à Poudlard ? Toujours pareil ? »
« A part la récente attaque des géants, oui » répondit-il avec honnêteté.
« On m'a dit que le Seigneur des Ténèbres n'avait pas beaucoup apprécié ton rôle dans cette affaire » dit-elle doucement.
Il haussa les épaules.
« Je ne pouvais pas faire grand-chose d'autre sans me trahir ».
« C'est vrai » concéda Julia. « Je voudrais seulement que tu fasses plus attention à toi… D'après ce que Julius m'a dit, ça n'a rien eu de joli à voir »
« La colère de notre maître l'est rarement » répondit sèchement Severus – essayant de ne pas trembler au seul souvenir de ce moment. « Pas joli à voir » était un doux euphémisme pour parler de ce qu'il avait dû endurer. Même si Voldemort savait qu'il n'aurait rien pu faire d'autres. Elle avait quand même dû voir l'expression de son visage car elle changea de sujet.
« Et tu détestes toujours tous les Gryffondors que tu croises ? » demanda-t-elle moqueuse.
« J'attends toujours d'en rencontrer un qui mériterait que je l'aime… si c'est le fond de ta pensée » grommela-t-il « Des idiots et des chercheurs de gloire, tous autant qu'ils sont ! »
« Vraiment ? » Elle haussa un sourcil alors qu'ils entraient dans la salle à manger. "J'ai toujours pensé qu'ils n'étaient pas tous si insupportables"
Severus sentit la colère l'étreindre – même s'il savait qu'il n'aurait pas du réagir ainsi après tout ce temps. Mais c'était si injuste de voir votre pire ennemi avec votre meilleure amie.
« Je me rappelle » répondit-il calmement. « Sirius Black. Tu était sa cavalière pour le Yull Ball en septième année »
« C'était ma sixième année ». Elle soutint son regard sans une once de gêne. Comme toujours.
« Je sais » - grogna-t-il. Il s'arrêta un instant et fit un effort remarquable pour contenir sa voix. « Tu étais amoureuse de lui ».
Quelque chose de sombre et d'ancien flotta dans les yeux de Julia.
« Il est mort maintenant... ça n'a plus d'importance ».
« C'est vrai ». Severus haussa les épaules et essaya d'avoir l'air nonchalant. "Mais tu l'étais, n'est-ce pas ? J'ai jamais pu comprendre pourquoi"
« Parce que tu ne l'as jamais compris lui » répondit Julia avec un sourire sans joie. « Mais je vas t'accorder une chose, Severus. Il te détestait autant que toi tu le haïssais. Aucun de vous ne comprenait l'autre un instant ». Une nouvelle fois, un éclat brilla dans ses yeux. Sa voix se durcit. « Parlons d'autre chose ».
Il acquiesça. Mais quelque chose dans son expression fit réfléchir Severus. Je me demande… Il n'avait recruté toutes ces années que peu de Mangemorts pour l'Ordre. Mais il y avait quelque chose chez Julia qui lui faisait penser que tout n'était pas aussi clair qu'il paraissait. Il savait pourquoi elle était devenue une mangemort onze ans plus tôt. La perte de Black avait brisé net tous les liens qui la retenaient encore du coté de la magie blanche. Il n'y avait plus eu aucune possibilité pour une Malefoy. Mais jusqu'à aujourd'hui il n'avait jamais douté qu'elle en fut satisfaite. Il commençait à en douter. Il devait être prudent. Finalement l'idée de Lucius allait peut-être avoir quelque mérite, même si ce n'était celui que le chef mangemort avait en tête.
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Remus frappa avec vigueur à la porte de la cabane d'Hagrid. Il pensait que le garde-chasse devait dormir mais il devait le réveiller. Après un moment, il vit un trait de lumière apparaître et la porte s'ouvrit devant Hagrid, en pyjama mais son parapluie à la main.
« M. le directeur ! » s'exclama le demi géant. « Je ne pensais pas vous voir aussi tard ! » Il s'empressa de ranger son parapluie et Remus eut un petit sourire. Il n'était pas sensé savoir ce que cachait ce parapluie mais ça faisait des années que Dumbledore l'avait prévenu qu'il contenait les restes de la baguette brisée d'Hagrid. Le garde-chasse s'empressa de se mettre de coté : « Entrez, M. Le directeur… il y a un problème ? »
Remus entra. "Non, rien de grave, Hagrid" le rassura-t-il. "Je suis désolé de vous réveiller à une heure aussi tardive, mais j'ai un message pour vous de Albus Dumbledore".
« De Dumbledore ? » Hagrid ferma la porte derrière le directeur et lui lança un regard curieux. Remus se contenta d'acquiescer. « Est-ce que je peux vous offrir quelque chose à boire, M. le directeur ? »
« Non, merci Hagrid. Ceci ne va pas prendre longtemps ». Sortant sa baguette, Remus jeta un rapide sort de silence sur la cabane, s'attirant ainsi un autre regard en biais d'Hagrid. Il inspira et commença à parler.
"Il y a trois mois, Dumbledore vous a demandé d'aller parler aux géants de sa part. Malheureusement, vos premiers essais ont été infructueux et vous êtes revenus à Poudlard. Quelques temps après, Voldemort a lancé une attaque de géants contre nous… »
« Attendez là » interrompit Hagrid. Remus vit ses yeux courir rapidement vers le coin de la cabane où était rangé le parapluie. « Comment vous savez ça ? »
Remus sourit légèrement. "De Dumbledore, bien sûr ». Il redevint sérieux. "Vous n'êtes pas le seul membre de cette équipe à appartenir à l'Ordre du Phénix".
La compréhension se fit dans les yeux du garde-chasse. « Qu'est-ce que le professeur Dumbledore attend de moi ? »
« Comme avant » répondit le directeur. « Nous devons prendre contact avec les géants. Maintenant, encore plus qu'hier… Une autre attaque comme celle-ci déstabiliserait toute la communauté magique… surtout si elle réussissait »
« Hum… Je suis désolé de vous dire ça, professeur… mais ils n'avaient pas vraiment envie de me parler… je ne crois pas que j'aurais plus de chance une seconde fois" dit Hagrid avec honnêteté.
Remus acquiesça. « Normalement, je serais plutôt d'accord avec vous… mais, certaines sources nous ont appris que la communauté des géants n'est pas très contente de la façon dont Voldemort a négligé leurs vies, en particulier pendant l'attaque manquée de Poudlard ». Il s'arrêta pour laisser Hagrid réfléchir un instant. A l'inverse de ce que beaucoup croient, la plupart des géants se sont tournés vers Voldemort parce qu'ils souhaitaient plus de liberté et d'égalité et non par haine ou par mépris. Mais Voldemort, en les envoyant au suicide, a poussé certains à réfléchir. Il reprit « Si nous agissons rapidement, on a peut-être une chance de les amener à nous soutenir ».
« Quand dois-je partir ? » demanda immédiatement Hagrid.
« Mercredi prochain, si possible »
« Et ma charge de garde-chasse ? »
Remus sourit.
« Je trouverai quelqu'un ».
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" Ca ne peut pas aller plus mal" lui répondit Lily, levant les yeux de la pile de travail qui l'entourait.
Le vieil homme rie doucement tout en regardant par-dessus ses lunettes en demi-lune. « Ca ne peut pas aller aussi mal, Lily »
« Vous voulez prendre un pari ? » Ses sourcils marquèrent son questionnement mais Dumbledore se contenta de sourire, secouant doucement la tête et signalement par un geste sa défaite. Après un instant, elle lui rendit son sourire, en plus fatigué, et soupira. « Le projet Gardien n'est peut-être pas encore foutu… mais je dis cela uniquement pour ne pas être négative ».
« Comment est-ce possible ? »
Aucune expression ne marquait son visage, à peine un léger intérêt. Mais Lily ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'elle le décevait. Albus Dumbledore était un homme si gentil, toujours si patient et si attentionné. Elle savait pourtant combien son travail à elle était important et elle n'assumait pas d'échouer. Trop de gens attendaient les résultats du groupe Licorne.
« Et bien, pour commencer, disons que nous n'avons presque pas avancé depuis trois mois, c'est-à-dire lorsque nous avons eu l'idée même de ce projet. De plus, plus nous cherchons, plus le projet semble se compliquer. Et des quatre personnes qui en ont eu l'idée, celui dont nous aurions le plus besoin aujourd'hui est mort ».
« Sirius Black »
Lily soupira. Evoquer son nom restait difficile. « Oui » répondit-elle doucement. « Malheureusement, c'est lui qui avait trouvé le moyen de rendre la carte des maraudeurs capable de reconnaître les gens. Ni James, ni Remus, ni Peter ne sont capables aujourd'hui de se rappeler les sortilèges qu'il a utilisés.. Molly et moi, nous avons trouvé comment élargir le champ surveillé par la carte et détecter l'utilisation de magie noire. Mais nous ne pouvons toujours pas dire qui l'utilise. Et dans ce cas, le projet Gardien ne nous sert à rien. Peter a apporté beaucoup en trouvant comment trier l'information reçue. James et Remus nous ont aidé lorsqu'ils en avaient le temps. Mais nous sommes bloqués maintenant, j'en ai peur. Personne ne sait comment identifier les personnes localisées par la carte ».
« Je trouve que nous nous en sortons bien quand on y réfléchit. Cartographier tout Londres et localiser l'usage de magie noire sur une ville entière ne sont pas de minces affaires, Lily » fit remarquer Dumbledore.
Elle haussa les épaules.
« Seulement si ça fonctionne »
« Vous parlez de plus en plus comme James » dit le vieil homme en souriant.
« Nous sommes mariés, vous savez ».
« C'est vrai. Et vous vivez tous les deux pour votre travail. Mais vous devez rentrer maintenant, Lily!". Le ministre de la magie se pencha sur son bureau – son vrai bureau, caché dans le tréfonds des caves du ministère, pas celui où elle faisait semblant de jouer les secrétaires – et la regarda droit dans les yeux. « Il est près de minuit et vous en avez fait assez. Allez vous en ! »
Lily jeta avec étonnement un regard sur la pendule sur le mur du fond. Trop Tard ! disait la pendule avec des lettres jaunes brillantes. Elle s'était tellement enfermée dans ses recherches qu'elle n'avait pas vu le temps passé. Un moment, elle fut tentée de répliquer – après tout, son travail était important et elle n'était pas la seule à rester si tard. Mais les paroles de Dumbledore entrèrent en elle. Il avait raison, comprit-elle. J'accuse toujours James d'être intoxiqué par son travail et me voilà, à près de onze heure cinquante-sept, plongée dans mes grimoires. Elle grommela. Il n'a pas fini de me le reprocher. "Vous avez raison, Albus", soupira-t-elle. "Je devrais rentrer. James est sans doute inquiet" S'il est rentré.
Il sourit. « Je tiens d'une source d'information fiable que James va quitter la division des Aurors dans dix minutes ». Les yeux bleus de Dumbledore pétillèrent de malice. « Si vous vous dépêchez, vous pouvez toujours être avant lui à Godric's Hollow ». « Vous êtes le meilleur, Albus ».
Avec un sourire, Lily se mit debout et planta un baiser sur la joue du Ministre. Ca pouvait paraître insignifiant mais même après tant d'années de mariage, elle aimait être à la maison quand son mari rentrait du travail. C'était un de ces rares moments où James et elle se sentaient eux-mêmes. Et elle ferait tout pour préserver de tels moments. Dans un éclair, elle fut partie.
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Quatre jours plus tard, des cris de colère le réveillèrent de son cauchemar. Ou de son inconscience, qui pouvait dire ? Bill n'aurait pas su. Tout se mêlait dans sa tête et il devait se battre pour savoir combien de temps avait passé. Sombrer dans l'oubli commençait à paraître comme une possibilité tentante. Il devait sans cesse se battre contre le désir de laisser tomber. Il exhala une respiration haletante. Combien de temps avait-il été à Azkaban ? Six jours? Comment croire que des hommes et des femmes avaient pu endurer plus ? Il ne lui restait plus qu'un jour. Un jour, n'arrêtait-il pas de se répéter. Un jour et je peux tout arrêter.
Il frissonna, par habitude. A son avis, il n'y avait pas de Détraqueurs près de lui – ils déambulaient d'émotions en émotions et des cris de colère les attiraient comme les bruits d'une fête. Quelqu'un – ou quelque chose, avait mis les Lestrange en colère. Bill avait été à Azkaban assez longtemps pour reconnaître leurs voix sans difficulté. Une partie de lui se recroquevilla en pensant aux deux bourreaux de Voldemort. Bill repoussa cette pensée. Les interrogatoires avaient fini par se ressembler au point qu'il les mélangeait. Ca ne servait à rien de penser à cela. Il frissonna de nouveau. Sa cellule avait une petite fenêtre et laissait passer un vent glacé.
Bill se recroquevilla et essaya de retrouver son sommeil. Son corps lui faisait mal et il était difficile de garder les yeux ouverts lors des rares moments de paix dont il bénéficiait. C'était impossible de dormir quand les détraqueurs étaient là. Et les Lestrange semblaient chercher à le priver continuellement de sommeil. Il avait besoin de se reposer avant demain. Il ferma les yeux.
Et se réveilla en entendant des rires.
Un rire aigu et diabolique comme il n'en avait jamais entendu auparavant. Avec difficulté, Bill ouvrit ses yeux pour comprendre qu'il était de retour dans la salle d'interrogatoire. Ils doivent avoir profiter de mon sommeil pour m'assommer ! pensa-t-il avec désespoir. Il testa ses chaînes par réflexe mais il n'y avait aucun jeu. Lorsqu'il réalisa devant qui il se trouva, Bill sentit son corps se tendre comme sous l'effet d'une piqûre. Il ne put pas s'en empêcher. Il n'avait jamais vu Voldemort avant.
Le Lord noir riait et ça ne pouvait pas être un bon signe. Avec confusion, l'Auror regarda autour de lui et vit le sourire triomphant de Bellatrix Lestrange. Il ne comprenait pas pourquoi ils avaient l'air si content jusqu'au moment où il vit ce que Voldemort tenait dans sa main gauche.
Sa baguette.
Bill sentit que ses yeux s'élargissaient même s'il avait voulu les en empêcher il n'y serait pas arriver. Puis il comprit. Il vit ce que le Seigneur des Ténèbres tenait dans son autre main.
Le portoloin.
Oh, non.
Mais Bill n'eut pas le temps de penser à toutes les implications de cela ou à comment ils avaient pu comprendre qu'il avait une baguette et un portoloin transfigurés. Avait-il été trahi ? La peur s'immisça dans son ventre. Les transformations ne devaient pas avoir lieu avant une autre journée… à moins qu'il ait perdu la notion du temps. S'était-il trompé dans ses calculs ? Les avait-il tous perdus par sa propre stupidité ?
« Endoloris ! »
