Promesses tenues

Disclaimer : JKR, Robin, Fénice

Relecture Alana et Camille

Messages.

J'en étais sûre… j'étais sûr que vous finiriez pas vous faire prendre comme je me suis laisser prendre…

Chapitre vingt: Epreuve et adoucissement

Il n'était sans doute pas le rendez-vous le plus courant. D'ailleurs, il n'avait pas rendez-vous, mais personne n'aurait pu s'en douter à la façon dont Lily l'accueillit. Elle se leva avec grâce quand Severus approcha et elle sourit.

« Professeur Rogue, comme c'est gentil d'être venu. M. le Ministre va vous recevoir immédiatement »

Severus acquiesça avec raideur et observa ses yeux verts qui brillaient. Lily avait toujours été très forte pour interpréter le langage corporel et il pouvait être sûr qu'elle avait senti combien il était stressé. Mais d'autres les observaient et ils devaient conserver les apparences. Ils se turent tous les deux. Severus la laissa lui tenir la porte – bien que ce fût contre ses principes, mais dans ce monde, elle était la secrétaire et il était le visiteur – et attendit qu'elle referme derrière lui. La tête d'Albus se dressa immédiatement des piles de papier dressées devant lui. Le professeur le vit froncer les sourcils.

« Que ce passe-t-il Severus ? »

« Silencio » susurra-t-il, accompagnant le charme de silence d'un geste impatient de sa baguette magique, avant même de prononcer un autre mot.

Une pointe d'inquiétude perça dans la voix de Dumbledore. « Severus ? »

« Sirius Black est vivant »

« Quoi ? » Albus fut immédiatement debout. Severus avait rarement vu le vieil home être choqué – il ne l'avait jamais vu avoir peur. Une nouvelle lueur apparut dans les yeux bleus qui examinaient les conséquences de ces quatre petits mots.

« Vous en êtes sûr ? »

« Quasiment… Remus l'est en tout cas ».

Albus reprit le contrôle de lui-même aussi vite qu'il l'avait perdu. « Dites moi ce qui s'est passé »

« Un chien s'est écroulé dans la cour » commença Severus, réfléchissant pour la première fois sur les évènements et percevant toute leur étrangeté. Mais il avait tous les jours affaire avec des histoires et des circonstances étranges. Même si les morts revenant à la vie étaient plus rares. Il passa vite sur les circonstances pour arriver aux paroles échangées entre Remus et Sirius, qu'il rapporta verbatim. Cette histoire était incroyable, qu'elle soit ou non vraie ou plausible.

« La seule raison qui prouverait que c'est bien Black, c'est qu'il ait été un Animagus avant sa capture » finit-il par dire. « Et je ne me rappelle pas qu'il compte parmi les huit recensés actuellement. Il serait donc un Animagus non enregistré… ».

Albus resta songeur puis il soupira tout en souriant. « J'aurais du le savoir », déclara-t-il finalement.

« Pardon ? »

« Peter s'est récemment déclaré. James ne l'a pas fait, mais je pense qu'il en est un. Je ne lui ai jamais demandé. » Dumbledore secoua la tête. « Incroyable. Vous êtes sûr que ce soit lui ? »

« Je ne savais pas ». Severus regarda son vieux mentor dans les yeux. « Je le jure devant dieu, Albus, je ne savais pas ».

Le ministre contourna son bureau et vint placer sa main sur l'épaule de Rogue. Ses yeux voyaient parfaitement le chaos qui menaçait l'esprit du jeune homme. « Je n'en ai jamais douté, Severus »

Rogue cilla. Tout autre personne aurait demandé comment lui, un Mangemort de haut rang, pouvait avoir ignoré cela. Mais pas Albus. Il lui avait toujours fait confiance. Il savait aussi que même la célèbre haine viscérale qui avait opposée Black et Rogue n'aurait jamais amené le second à se taire. S'il avait su que Black était toujours en vie, il l'aurait dit depuis longtemps. Même le ressentiment le plus profond n'aurait pas justifié un tel silence.

« Que vous dit votre instinct ? » demanda Dumbledore après un moment.

Severus hésita.

« Quand je suis parti, il a demandé à Remus de ne pas prévenir James » répondit-il doucement. « Ca me fait dire que c'est bien lui. Quelqu'un d'autre ne chercherait pas à protéger Potter, après toutes ces années. Il a aussi demandé à vous voir. Je crois qu'il ne se fait pas confiance ».

« Si vous avez raison, Severus » Les intenses yeux bleus d'Albus l'étudièrent un moment avant qu'il ne reprenne. « Sans importance… allons à Poudlard ».

« Harry, regarde ! »

Ron attrapa son bras avec tant de vigueur qu'il lui fit presque mal. Harry se tourna vers lui. Deux personnes venaient d'entrer dans le château par la cheminée de la Grande Salle. Elles se suivaient de près et elles se dirigèrent immédiatement vers la sortie. La première était facilement reconnaissable à son nez busqué et cheveux gras. La seconde était bien plus intéressante, moins détestée, mais toute aussi reconnaissable. Ce n'était pas tous les jours, après tout, que le Ministre de la magie sortait en titubant d'une cheminée de Poudlard.

Un murmure courut la Grande Salle au moment où Rogue et Dumbledore sortirent par la porte la plus proche. Harry sut où ils allaient.

« Ils vont à l'infirmerie » murmura Hermione.

« Où veux-tu qu'ils aillent ! » répondit Ron en la regardant comme si elle était particulièrement stupide. « Tu ne t'en rappelles pas ? L'homme a demandé à voir Dumbledore et il a aussi demandé qu'on ne prévienne pas… et mais attends un peu… Harry, il parlait de ton… »

« Chut !!! » souffla Harry, regardant autour de lui. Par chance, personne n'avait l'air d'avoir entendu leur conversation. Par mesure de sécurité, il entraîna ses deux amis dans un coin sombre. Ron comprit alors et baissa la voix.

« Il a dit de ne pas prévenir James, Harry… tu crois qu'il parlait de ton père »

L'estomac d'Harry se serra et il se mordilla la lèvre avant d'accepter la seule réponse possible. « Je pense que oui »

« Mais pourquoi ? » demanda Hermione. « Et, surtout qui est-ce ? »

« Sirius Black, je pense » répondit doucement Harry. C'est impossible.

« Qui ? » demanda Ron.

« Le quatrième maraudeur, Patmol. Le meilleur ami de mon père » Harry inspira profondément. Ce n'était pas possible. « Mon parrain ».

« Mais tu avais dit qu'il était mort » se souvint Hermione.

« Il était supposé l'être ». Et je ne me souviens pas de lui et Papa ne se le pardonne pas. Harry fixa avec impatience la direction dans laquelle Rogue et Dumbledore avaient disparu. Il aurait aimé pouvoir les suivre. Il aurait aimé savoir. Ca allait être tellement important pour ses parents si c'était vrai.

« Et si c'était un piège de Tu-sais-qui ? » demanda Hermione.

Ron fronça les sourcils. « Le professeur Lupin avait l'air sûr de lui »

« Je pense que c'est pour cela que Dumbledore est là » ajouta Harry. Il essayait d'avoir l'air nonchalant mais il bouillait. Il détestait attendre ! Pourquoi Pomfresh les avait-elle jeté dehors juste parce qu'ils étaient des enfants ? Leur âge ne les rendait pas stupides ! Ils savaient des choses! Pourquoi les adultes le sous-estimaient toujours ?

Il soupira. Ne rien savoir était le pire. Et si c'était bien son parrain ? Harry avait le droit de savoir. Sirius Black avait sauvé sa famille dix ans auparavant. Est-ce qu'il ne lui devait pas la pareille aujourd'hui ?

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Du coin de son oeil droit, Remus remarqua que Poppy se tendait avec irritation quand deux nouveaux sorciers entrèrent dans l'Infirmerie. Severus l'ignora – évidemment. Il conserva son perpétuel air fâché. Mais le sourire charmeur de Dumbledore – malgré son coté un peu tendu et fatigue – leur ouvrit le chemin.

« Vous nous excusez, n'est-ce pas Poppy ? » demanda gentiment le ministre de la Magie. L'interpellée fronça les sourcils et son regard aurait pu rivaliser avec celui de Rogue. Mais cette femme savait aussi quand on ne pouvait pas discuter – surtout quand Remus d'un signe de tête l'encourageait à sortir.

Sirius ouvrit les yeux d'un coup. Il avait réussi à s'endormir il y avait quelques minutes et Remus regretta qu'il n'ait pas pu rester plus longtemps endormi. Même si Sirius avait raison et même si lui ne souhaitait pas dormir. Pomfresh sortit au moment où son regard rencontra celui de Dumbledore. Le directeur fit un petit signe de tête. Il avait compris la question silencieuse et savait la réponse. Oui, je suis sûr que c'est Sirius, dirent ses yeux. Je sais que c'est fou. Je sais que c'est impossible. Mais c'est Sirius. Le vieil home sourit légèrement en réponse. Il poussa une chaise près du lit et s'assit.

« Bonjour Sirius », dit-il gentiment.

« Bonjour » murmura faiblement Sirius. Ce manque de verve en apprit plus à Remus que tout le reste. On aurait attendu de lui quelque chose de piquant comme « je parie que vous ne m'attendiez pas » ou autre chose du même ordre. Mais rien de tout cela. Ceci disait que Sirius souffrait horriblement, qu'il était plus que faible et que cette décennie à Azkaban avait laissé de profondes traces. Certaines de ces cicatrices étaient plus profondes que ce qu'on pouvait en voir.

« Severus m'a dit que vous vouliez me voir ».

Et l'assistant de Remus était là, derrière Dumbledore. Son expression s'était considérablement adoucie en observant Sirius. Avec surprise, Remus ne pouvait sentir aucune haine – même s'il était sûr qu'elle reviendrait plus tard. Comme s'il avait senti son regard, Severus tourna ses yeux vers le directeur et Remus vit les lèvres de son ami articuler en silence :

Je ne savais pas.

L'expression douloureuse de Severus ne disait pas autre chose.

Remus sourit tout aussi imperceptiblement.

Je sais.

Le soulagement traversa visiblement les traits tirés de Severus. Remus en fut heureux. Ils s'étaient détestés enfants mais ils avaient appris à se faire confiance en grandissant. Rogue. Il le connaissait assez pour rejeter l'idée qu'il puisse par simple ressentiment laisser Sirius entre les mains de Voldemort. Même Rogue n'était pas assez vindicatif pour une chose comme celle-là. Même dans ses plus mauvais jours.

Mais son attention revint à Sirius, qui répondait calmement aux questions de Dumbledore.

« Voldemort a essayé de me soumettre à l'Imperium… de nombreuses fois ».

Et pour Remus, ces derniers mots sonnaient la plus faible expression possible de la réalité.

« J'ai résisté mais je ne sais pas si j'ai réussi ». Sirius se figea. « J'ai besoin de savoir » murmura-t-il. "Je ne serai pas un danger pour mes amis".

Dumbledore fronça ses sourcils.

« Vous pensez qu'il a réussi ? »

« Je ne sais pas » murmura Sirius. « Dix années à Azkaban m'ont appris à croire à certaines choses et à douter d'autres ». Il hésita et Remus observa ses yeux bleus hantés alors qu'il dévisageait Dumbledore. « Pouvez-vous me dire si je suis soumis à ce sortilège ? »

« Le fait que vous posiez la question tend à faire penser le contraire » répondit le ministre après un instant. Remus ne manqua pourtant pas la tension des rides autour de ses yeux. Il n'avait jamais vu aussi tendu et il eut le sentiment que cette nervosité n'était pas sans relation avec Voldemort.

« Mais ça ne suffit pas » ajouta Sirius comme pour finir la phrase laissée incomplète.

« Vous savez que le test est compliqué, même dans les meilleures conditions… » Et douloureux, pensa Remus. Mais personne n'avait besoin de dire cela. Sirius le savait.

« Ca n'a pas d'importance ».

La dureté de la voix de Sirius réussit presque à cacher la douleur qui perçait derrière ses paroles. Vu de l'extérieur, il paraissait changé par tant d'année de souffrance et de mauvais traitements. Mais ses yeux disaient que sa détermination restait intacte. Malgré le désarroi intérieur que Remus ne pouvait que comprendre, il réussissait à soutenir le regard de Dumbledore d'égal à égal, avec même un éclat de défi qu'on aurait pu croire oublié. Il était et restait loyal. Jusqu'au bout. Remus le lisait sur son visage. Sirius Black avait failli mourir pour sauver ses amis. Il ne les mettrait pas en danger en continuant à vivre.

« Très bien » dit Albus avec calme. Il leva sa baguette. « Reperimperium ».

Le sortilège de repérage de l'Imperium n'avait rien de nouveau – enfin rien de précisément nouveau. Il existait en tant que tel depuis des siècles et avait été créé peu de temps après l'Imperium. Mais ça ne voulait pas dire que le sortilège fonctionnait bien. En fait, c'était plutôt le contraire – ou la manière pour le faire avait été perdue depuis longtemps. Heureusement, les recherches de Lily Potter et du groupe Licorne avaient révélé les raisons de ce mystère. Même s'ils n'avaient pas réussi à éliminer tous les problèmes – par exemple, le sortilège continuait de prendre un temps et une énergie variables à chaque fois tant de celui qui le jetait que de celui qui le recevait. Dans des conditions bonnes ou idéales…

Sirius n'était clairement pas dans les meilleures conditions pour recevoir ce sort mais on ne pouvait rien y faire. Remus connaissait le regard buté qui animait les yeux de son ami et il savait que rien ne le ferait changer d'avis. De plus, Sirius n'était pas stupide. Il avait demandé à voir Dumbledore pour une bonne raison.

Parce qu'il était le seul à pouvoir éventuellement supprimer l'imperium, reconnaissait le directeur. Il sentit son ami se tendre alors que le sort se mettait à produire ses effets. Remus aurait été heureux de donner son énergie pour Sirius mais il n'était pas complètement sûr qu'il aurait été capable de contrôler une magie aussi ancienne et aussi puissante. A sa connaissance, Dumbledore, Lily et James étaient les seuls qui aient jamais réussi à le faire fonctionner. Même Arabella avait échoué malgré tous ses efforts. Il ne voyait pas comment il aurait réussi. Il se concentra néanmoins comme s'il devait le faire afin de faire passer et aussi pour empêcher son esprit de trop s'alarmer à chaque tiraillement qui déformait le visage de Sirius alors que le sort explorait sa psyché. Avoir un sort qui circulait dans votre esprit n'avait rien de drôle, ni d'agréable.

Quand Dumbledore eut fini, il se rassit. Sirius s'effondra –de fatigue ou de soulagement, Remus n'aurait pas su dire. Le ministre inspira profondément avant de parler. « Aussi difficile à croire que ça puisse paraître, Sirius » dit-il doucement « vous êtes complètement clair. Je ne trouve rien d'autres que les traces de sortilèges ayant échoué en vous ».

Sirius cilla. « J'avais espéré… » Sa voix s'étrangla.

« Je ne comprends pas comment » continua Dumbledore avec bonhomie « personne ne peut s'opposer ainsi aussi longtemps à ce sortilège, surtout à Azkaban ».

« Je ne sais pas comment j'ai fait » murmura Sirius. "Je ne… Je pense que je n'avais qu'une seule chose à laquelle je pouvais me raccrocher… mes amis… et je ne pouvais pas les trahir ». Il hésita et Remus vit ses yeux vagabonder dans la pièce alors qu'il cherchait ses mots. « Peut-être que si ça avait été quelque chose d'autre, j'aurais cédé… mais Voldemort voulait quelque chose que je ne pouvais pas lui donner… des années après, il a abandonné l'idée de me faire donner le secret… c'était ça qu'il voulait… mais je serais plutôt mort… »

Remus prit sa main et la serra. Le silence s'installa. Aucun mot ne pouvait rivaliser avec ce que Sirius avant fait, avec où il avait été, avec ce qu'il avait vécu et surtout pourquoi… Un long moment passa. Remus ne pouvait détacher son regard de son vieil ami. Il entendit le fantôme d'une voix traverser son esprit. "Et quoiqu'il puisse se passer entre maintenant et alors, je resterai toujours reconnaissant d'avoir de tels amis ». Ils y étaient. Les Maraudeurs étaient de nouveau reformés. Derrière Dumbledore, Rogue laissa brusquement échapper un juron et saisit son avant-bras gauche.

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La marque brûlait. Peter se tendit parce qu'il savait ce que ça voulait dire. Il savait que ça avait été son choix. Il y avait maintenant des années. Mais ça ne l'aidait pas. Il savait ce qu'il avait à faire. La vie, parfois, n'avait rien de rose, mais c'était la vie. Il avait été stupide pendant la plus grande partie de la sienne – sauf peut-être pendant sept années – et il en payait aujourd'hui le prix. Avec une grande inspiration Peter Pettigrew transplana et se retrouva à Azkaban moins d'une seconde plus tard.

Une théorie commune prétendait qu'il n'était pas seulement impossible de reprendre Azkaban mais qu'il était impossible d'y transplaner. Si la première affirmation semblait malheureusement vraie, la seconde était fausse – enfin partiellement fausse. Il y avait un endroit de l'île où transplaner était possible. Ce n'était pourtant pas le lieu où n'importe quel sorcier sain d'esprit aurait choisi librement d'aller. Le sanctuaire privé du Seigneur des ténèbres était après tout réservé aux malades, aux ambitieux et aux fous. En fait, Peter ne connaissait pas un seul Mangemort qui échappât à l'une de ces trois dangereuses catégories. Ou qui n'en ait fait partie à un moment de sa vie… surtout si on en ajoutait une quatrième : les stupides. C'est ce qui lui aurait correspondu le mieux, pensait-il.

Je ne veux pas être ici, pensa-t-il pour la millionième fois. Mais ça faisait des années qu'il avait appris à ignorer les soupirs de son âme. Il le fallait bien si on voulait survivre au service de Voldemort.

Le cercle se forma progressivement autour de lui alors que toujours plus de Mangemorts transplanaient. Ils étaient tous masques mais Peter en reconnut beaucoup par habitude. Il n'était aussi stupide que la plupart de ses collègues le croyaient. Peu d'entre eux savaient d'ailleurs qui il était – et lui-même n'aurait pu identifier que la moitié de l'assemblée présente. Peter essaya de dominer son anxiété. Il ne s'était pas attendu à cet appel et à en juger par l'expression corporelle des autres, il n'était pas le seul. Voldemort aimait rappeler leur engagement à ses partisans en les convoquant aux heures les plus étranges. Il montrait ainsi qu'il était leur seul et unique maître. Mais malgré tout, la plupart étaient programmées. C'était une réunion extraordinaire à plus d'un titre. Les places vides dans le cercle l'inquiétaient. D'habitude, lorsque Voldemort les convoquait, ceux qui étaient en permanence à Azkaban arrivaient les premiers. Mais aujourd'hui, des personnes clé manquaient – notamment Lucius Malefoy qui se tenait toujours à la droite du Seigneur des Ténèbres et les Lestrange qui se tenaient à sa gauche. L'absence de Severus Rogue était moins étonnante – il était toujours en retard. Voilà que Quirrell se matérialisa juste à coté de lui. Il sursauta de surprise mais aussi pour confirmer aux autres qu'il était toujours l'idiot nerveux qu'ils croyaient connaître. Rogue arriva enfin, visiblement en colère et à bout de souffle. Mais cela était habituel. Ils n'attendaient plus que Voldemort, Malefoy et les Lestrange. Peter, derrière son masque, fronça les sourcils. C'est curieux, se dit-il. Malefoy est d'habitude le premier, toujours soucieux de montrer sa dévotion à son maître. A moins que ce soit pour nous surveiller mais ça c'est le rôle de Rogue. Peter le regarda avec peu d'amitié. Etre un Mangemort, ne changeait pas le fait qu'il détestait cet idiot graisseux. Quel que soit le temps passé au service de Voldemort… Cette pensée amena un sourire sans joie sur ses lèvres. Je doute que ce cher Severus croit que je fasse partie de ce groupe, pensa sombrement Peter. Avec ce qu'il a toujours pensé de moi et ce que je suis devenu… Mais cette pensée-là ne venait pas sans douleur et il la repoussa immédiatement. Peter avait été un Mangemort depuis près de douze ans maintenant et il avait regretté son choix pendant au moins onze ans. Au moment où il l'avait fait, ça lui avait paru la chose à faire… et comme d'habitude, il s'était rendu compte qu'il s'était trompé.

Il retint le soupir qui menaçait de transparaître. On aurait pu penser qu'il tirait un certain orgueil à être l'un des plus anciens espions vivants de Voldemort auprès de l'Ordre du Phénix. Mais il ne ressentait que de la honte. La seule chose qui allégeait cette honte était la certitude qu'il n'avait aucun moyen de changer les choses. Il ne pouvait qu'essayer de faire de son mieux dans cette configuration. D'une certaine façon, il servait Voldemort et d'une autre non. Il y avait des années maintenant que Dumbledore lui avait demandé d'entrer dans le premier cercle de l'Ordre du Phénix. Peter avait refusé. Il avait parlé de ses peurs mais la réalité était qu'il n'avait pas voulu donner un accès à Voldemort aux secrets de Dumbledore. Cacher des secrets à Voldemort était une entreprise coûteuse (il l'avait encore vérifié il y a une semaine avec l'incident de son enregistrement comme Animagus). Mais c'était la seule chose qui empêchait sa conscience de sombrer. En quelque sorte.

Les quatre derniers arrivèrent ensemble. Leur caractère colérique perçait sans fard sur le visage des trios Mangemorts. Mais Peter ne prêta d'attention à la colère de Malefoy et des Lestrange qu'un bref instant. La profonde furie de Voldemort ne laissait aucune place à la comparaison. Peter dut lutter contre son envie instinctive de reculer. Il remarqua que Quirrell ne put s'en empêcher. Le Mangemort enturbanné trébucha en essayant de cacher son erreur – aucun membre du cercle ne s'y trompa mais Voldemort ne sembla pas le remarquer. Un instant plus tard, il apparut clairement à tout le monde que c'était parce que le Seigneur des ténèbres avait des soucis plus importants.

« Mes fidèles Mangemorts… » La voix aigue de Voldemort parut encore plus coupante que d'habitude et ses yeux rouges semblaient brûler comme du feu. « J'ai la plus urgente des missions pour vous tous. »

Les murmures habituels s'élevèrent tout autour du cercle et Peter s'y joignit. Il murmura, comme il le fallait, qu'il était à son service, prêt à suivre ses ordres… les mêmes vieilles antiennes. Il le faisait depuis des années maintenant.

« Un prisonnier s'est échappé d'Azkaban » siffla le Seigneur des Ténèbres.

Une onde de choc courut parmi les Mangemorts assembles. Cette fois, un vrai murmure s'éleva. Ils étaient choqués et Peter eut un accès de crainte – qui cela pouvait-il être ? Qui pouvait être capable d'une telle chose ?

« Je veux que vous le trouviez »

La voix de Voldemort s'était faite dure et grave. Ses yeux écorchaient tous ceux qui étaient assez fou pour oser croiser son regard.

« Je veux que vous le rameniez. Vivant si possible, mort sinon. Tout de suite et à tout prix. Ne me décevez pas ».

Le silence dura longtemps après que la fureur de leur maître ait fini de se déchaîner sur eux. Peter frissonna de ce vide palpable. Qui allait oser rompre ce silence et risquer d'attirer sur lui la colère du Seigneur des Ténèbres. Ce fut finalement Rogue qui se risqua à poser la question. Peter n'aurait jamais pu croire que la réponse allait remettre tout son univers en cause.

« Pardonnez-moi, Maître, mais qui devons nous chercher ? » demanda le deuxième plus important Mangemort dans sa voix glaciale mais onctueuse.

« Sirius Black »

L'âme de Peter sursauta. Dix ans de chagrin et de regrets s'abîmèrent brutalement dans la réalité. Soudain, tout ce qui avait été important ne l'était plus. Il ne s'était jamais senti aussi perdu et incrédule. Mais il est mort ! - gémit son cerveau. Vous l'avez tué! Mais son Coeur répondit par des battements sauvages que Peter ne songea même pas à calmer. Sirius est vivant. Sirius est vivant et dehors. Quelque part. Il s'était enfui d'Azkaban d'une manière ou d'une autre… Dieu merci, Voldemort ne savait pas que Sirius était un Animagus. Ca lui donnait une chance supplémentaire – sans doute –, parce que inattendue et d'inimaginable… La réunion se termina. Sa tête tournait trop pour que Peter ait envie de transplaner. Mais il savait qu'il devait partir et vite, avant que Voldemort ne songe qu'il puisse être utile de l'interroger. Sans y penser, il se retrouva en train de masser sa marque encore brûlante sur son avant-bras en regardant Rogue partir seul avec le Seigneur des ténèbres.

Il savait qu'il ne pourrait jamais effacer cette marque. C'était trop tard pour lui mais pas pour d'autres. Pas pour Sirius ou pour James ou pour Remus. Il s'était engluer dans une situation horrible de la manière la plus incroyable, en voulant protéger ses amis, ceux qui depuis si longtemps l'avaient aidé. On lui avait promis, le jour où il avait accepté la marque que ses amis vivraient et ne souffriraient pas. Cette promesse s'était évanouie moins d'un an plus tard quand Voldemort avait cherché à tuer Lily et James et qu'il s'en était pris à Sirius. 

Peter inspira et calma son esprit survolté. Il devait partir. Quelle que soit la destinée qui l'attendait, il savait ce qu'il devait faire. Il savait où il devait aller. Avec un réel effort, il écarta sa main droite de la marque et transplana.

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Et oui Robin est une sacrée maligne non seulement elle nous rend Sirius – et quel Sirius ! – mais elle sauve aussi l'honneur de Peter…. Pfff… trop fort, non ? (Kleenex de Fénice)