Promesses tenues
Disclaimer.
JKR inspira Robin4, Fénice s'enthousiasma et traduisit, Alana lui porta main-forte et Camille offrit de relire…
Ainsi commença la légende…
Messages
C'est encore un chapitre que j'adore, moi Fénice. J'ai dû empêcher Alana de le traduire avant moi – Le suivant est déjà près depuis des semaines… si ça traîne, c'est de ma faute, ma très grande faute…
Plus de Peter ? Plus de Bill ? Plus de Kleenex ?
C'est parti !
Chapitre vingt-et-un : Amitiés VraiesLa lune brillait toujours au-dessus de Godric's Hollow quand Peter transplana devant le chemin qui y menait, juste à l'extérieur des champs de protection. Il aurait su les lever, bien sûr, mais en fait il n'avait pas prévu d'arriver si près. Il dut de nouveau se forcer à respirer profondément avant de se diriger vers la porte des Potter. Il était temps.
Il fit apparaître un disque argenté devant lui et le sortilège Messager se dépêcha d'annoncer son arrivée. Insensible à toute barrière physique, le disque pénétra la porte verte et continua son chemin invisible. Il se sentait mieux finalement maintenant qu'il avait pris sa décision. Plus d'une décennie de regret pesait sur chacun de ses pas mais c'était devenu acceptable. Ca ne corrigeait pas ses torts, bien sûr, mais c'était un début. Il atteignit la porte et leva sa main droite pour frapper au moment même où James apparaissait dans l'ouverture.
Titubant et louchant de sommeil, son vieil ami le dévisagea avec surprise. « Peter ? » demanda-t-il – comme s'il ne l'avait pas reconnu ! Il repoussa ses lunettes sur son nez. « Qu'est-ce qui peut bien t'amener ici, mon vieux ? »
Peter sentit que ses mains tremblaient. Pas maintenant ! - leur dit-il avec colère. « Je dois te parler, James. »
« A cette heure-ci? »
James Potter, le grand travailleur qui avait tant de mal à savoir s'arrêter, avait clairement été en plein sommeil. Le fait qu'il portait pour tout vêtement une paire de pantoufles écossaises en était une preuve. Ses cheveux noirs étaient dressés sur sa tête – mais ça ce n'était pas très différent des heures normales. Peter n'y prêta aucune attention. Il savait que James se fichait de ce qu'il avait l'air – alors que Lily, qui descendait maintenant les escaliers, avait plus décemment enfilé une robe de chambre. James s'était juste jeté de son lit au bas des escaliers.
« Oui. » Pour la première fois, Peter réalisa qu'il était une heure du matin. « C'est important. »
« Et bien entre, Queudever. » dit James avec un sourire. Le ton inquiet de Peter venait de le réveiller complètement. Il y avait quelques années, James n'aurait jamais remarqué une chose comme celle-là mais le temps les avait tous transformés.
Peter entra dans Godric's Hollow et laissa James le conduire dans le salon. Ca faisait des millions de fois qu'il y venait, pourtant il sentit un frisson inhabituel remonter son épine dorsale. C'était maintenant. C'était soit le début de la vérité ou la fin de tout ce qui avait eu une valeur dans sa vie… mais ça devait être fait. Quel qu'en soit le résultat, ça vaudrait le coup. Il le devait à ses amis. Il le devait aux Maraudeurs – et tout spécialement à celui qui avait souffert dix ans de sa vie et qui avait enfin peut-être une chance d'être sauvé. Dire que j'ai été si prêt et que je ne me suis jamais rendu compte… Il grimaça. James dut le remarquer parce qu'il demanda : « Qu'est-ce qu'il y a, Peter ? »
Celui-ci soupira et prit le siège qu'il lui offrait. « Promets-moi de m'écouter, James, de m'écouter avant de dire quoi que ce soit. »
« Bien sûr que je vais t'écouter… »
« Promets le moi… s'il te plaît. »
Il n'aurait jamais cru que ça allait être si difficile. James fronçait déjà les sourcils et Lily lui lançait un regard inquiet. Pour Sirius, se rappela-t-il. Je dois ça à Sirius… Mon dieu, je le leur dois à eux tous. Je leur dois tant… Dire que j'ai trahi leur confiance
« Promis. » James Potter, toujours si noble et si confiant. Toujours prêt à promettre même quand il ne savait pas pourquoi. Il avait toujours été comme cela et la douzaine d'années passées chez les Aurors ne l'avait pas rendu assez cynique pour changer cela. Peter avait toujours admiré cela mais aujourd'hui ça lui faisait mal.
Il n'arrivait même pas à imaginer des mots pour le dire. Alors, après un moment d'hésitation, il releva simplement sa manche et montra la marque noire.
La respiration difficile de James et Lily fut bientôt le seul son audible de la pièce. Il crut entendre leur amitié mourir à cet instant et à cet endroit. Il prit lentement la parole. « Je suis devenu un Mangemort en juin 1980. » expliqua calmement Peter. Incapable de les regarder, il finit par fixer son regard sur le sol. « Ca avait l'air d'une bonne idée à ce moment-là… J'étais sûr que le Seigneur des Ténèbres allait gagner. J'ai pensé que d'une certaine manière… » Dieu, que ça avait l'air stupide maintenant. Si stupide. « Que, d'une certaine manière, je pourrais vous protéger, vous mes amis… que quand la fin viendrait, je pourrais sauver vos vies. Je n'ai pas cru cela longtemps mais je ne pouvais plus faire machine arrière. Je ne savais pas quoi faire. Si je le disais aux partisans de la magie blanche, j'allais finir à Azkaban… ou pire. J'ai essentiellement été un espion... je donnais mes informations à Vous-sav… à Voldemort… Comme tout le monde me pensait stupide, on ne m'a jamais demandé beaucoup… J'ai joué l'idiot et le peureux et je ne leur ai donné que le minimum d'information pour rester dans leur cercle. La plupart des Mangemorts ignorent qui je suis parce que j'étais un espion. Il n'y a que Malefoy et les Lestrange qui me connaissent. »
Il se força à avaler sa salive. James resta silencieux. Il ferma les yeux. Les hommes adultes ne pleurent pas.
« Je n'ai jamais voulu être un Mangemort. » murmura Peter. « Mais, quand Malefoy me l'a proposé, il a insisté que je pourrais tous vous sauver…» Il se força à se taire en frémissant. Il n'était pas là pour se justifier. Il avait dépassé ce stade. Il mériterait tout ce qui pourrait lui arriver. « Mais ça n'a pas d'importance… enfin plus aujourd'hui. »
« Et qu'est-ce qui en a ? » demanda James d'une voix triste et peinée qui semblait venir d'outre-tombe.
« Sirius. » dit Peter en relevant la tête. Il se força à soutenir le regard de James.
« Quoi ! »
« J'ai été appelé à une réunion ce soir et Tu-sais… Voldemort a dit qu'il avait été détenu à Azkaban et qu'il venait de s'enfuir. Il est vivant, James et dehors, quelque part… Tous les Mangemorts le cherchent maintenant… il veut Sirius à tout prix… Mais il est vivant. »
Les mots sonnèrent étrangement à ses propres oreilles même s'il les connaissait déjà. « Vivant. »
« Vivant ? » Le teint de James avait viré au blanc fantôme à mesure que Peter parlait. Ses mots sortirent dans un murmure étranglé. « Sirius ? »
A ses cotés, Lily prit la main de son mari et la serra. Mais quand elle regarda Peter, sa voix fut glaciale. « Voldemort sait qu'il est un Animagus, n'est-ce pas ? »
Peter secoua la tête. « Je ne lui ai jamais dit. » murmura-t-il. « James… » Il attendit que son ami lève la tête avant de continuer. « Je sais que tu me déteste mais laisse moi te dire ça : Je n'ai jamais voulu trahir mes amis. J'ai été trop peureux pour essayer de redresser mon erreur mais je ne vous ai jamais trahi ni toi, ni Remus, ni même Sirius… même quand j'ai cru qu'il était mort. Je pensais ce que je disais quand je jurais que nos étions frères. Je ne méritais pas votre confiance, mais je ne vous ai jamais trahi. Et je ne le ferai pas, quoi qu'il arrive. »
Il détourna ses yeux quand James se mit à l'observer avec un regard profond et sans expression.
« J'aurais aimé qu'il ne faille pas quelque chose comme cela pour que je comprenne que je ne peux plus continuer… mais je peux encore espérer aider Sirius avant qu'il ne soit trop tard. Qui qu'il m'arrive… il mérite mieux. »
Un long silence s'installa. Lily finit par murmurer : « Bien des choses s'expliquent à présent. »
C'était dur de retenir ses larmes. Il regarda de nouveau le plancher.
« Peter. » appela James à voix basse. Il déglutit, incapable de répondre. C'était soudain trop dur. Comment s'excuser d'avoir autant trahi leur confiance ? Aucun mot ne pouvait cela. Il sut que c'était fini. Il secoua la tête pour empêcher l'émotion de prendre le dessus.
« Je… »
« Queudever. » Soudain, James était debout et le prenait par les épaules. Peter leva les yeux, incapable de croire ce qu'il entendait dans la voix de l'autre sorcier. « Je te crois. » dit James doucement. « J'ai confiance quand tu me dis que tu en as fini avec Voldemort. »
« Tu peux me croire. » murmura Peter d'une voix tremblante. Oh, il en avait fini. Quoi qu'il arrive. Il en était certain.
« Je sais que tu nous aurais jamais trahi. » murmura James. « Tu es mon ami, Peter, quoi qu'il arrive ? Et je te soutiendrais, mon frère, jusqu'au bout. » Peter le dévisagea mais laissa James le mettre debout et le serrer dans ses bras. Il laissa enfin ses larmes couler. Librement. James n'avait peut-être pas tout compris mais il l'avait pardonné. Il ne le haïssait pas… même si Peter, lui, ne voyait pas comment il pourrait arrêter de se haïr lui-même.
« Je ne sais pas comment te remercier… » - commença-t-il dans un murmure, après un moment, mais James le repoussa.
« Aide moi à trouver Sirius. » dit-il doucement. Il serra gentiment l'épaule de Peter. « Je sais que Remus sera d'accord. Trouvons Sirius. »
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Ténèbres, douleur.
Tout le reste se confondait. Il était difficile de simplement distinguer le reste. Des jours sans doute avaient passé depuis qu'il avait été découvert – peut-être même des semaines. Des mois ? Bill ne le pensait pas, mais ses pensées n'avaient rien de clair en ce moment. Pas souvent en tout cas. Il flottait à la dérive dans la douleur, se figeant quand il sentait les Détraqueurs trop proches, plongeant dans une terreur instinctive quand ils entraient dans sa cellule. Une partie de son cerveau combattait cette peur irraisonnée mais à force il finissait à se demander pourquoi. Quand ils venaient, ils le prenaient pour l'emmener être torturé. Ca faisait combien de fois ? Bill avait perdu le compte. Ca demandait trop d'efforts.
Une partie de son âme continuait de résister au plus profond de lui, là où les Lestrange ne pouvaient pas aller. Il avait été trahi, il le savait. Mais comment ? Bill n'arrivait même pas à l'envisager. Quelque chose s'était déréglée. Jouer aux devinettes ne changerait rien. Voldemort avait su. Il savait où chercher, savait quelle était la mission de Bill et quand elle devait commencer. Mais Bill ne savait pas comment. Ca lui faisait mal à la tête d'y penser alors il arrêta. Il se mit en boule, au fond de sa cellule, souhaitant que ce moment entre l'enfer et plus d'enfer dure indéfiniment. La partie de son cerveau qui se considérait encore comme intelligente se demandait pourquoi il était encore en vie. Il n'en savait pas assez pour être utile. Il le savait même dans son état. Pourquoi le laissaient-ils en vie ? Pourquoi continuaient-ils à le torturer ? Ils voulaient quelque chose. Pendant un instant, il avait pensé qu'ils voulaient l'épuiser, le mouliner par la douleur physique et mentale. Mais il en était venu à douter même de cela. Il n'y avait peut-être aucun but. Il n'était peut-être plus qu'un exutoire à la fureur maniaque des Lestrange.
Et ils étaient en colère, furieux à cause de quelque chose qui n'avait rien à voire avec lui. A peine quelques heures après la curieuse découverte par Voldemort de son Portoloin et de sa baguette, Bill avait entendu des hurlements de rage.
Le froid entra en lui et il trembla sans pouvoir se contrôler. Il tint ses yeux fermés pour repousser ses souvenirs. Mais les Détraqueurs ne s'approchèrent pas plus de lui. Après de longues minutes, il essaya d'inspirer profondément et de se calmer. Mais il n'y arrivait plus. Seule la voix de son cerveau témoignait encore de sa santé mentale.
Voldemort avait su.
Bill essaya de réfléchir, de comprendre mais son esprit se dérobait à lui. Tout se mélangeait, sauf des moments qu'il aurait aimé oublier.
Il oubliait quelque chose.
Comment ?
Il avait été trahi. D'une manière ou d'une autre. Par quelqu'un mais qui ? Même dans l'état où il se trouvait, Bill savait encore que peu nombreux avaient ceux qui avaient connu le plan Azkaban dans ses moindres détails. James bien sûr et Dumbledore… Mais qui pouvait croire que les deux principales cibles de Voldemort l'auraient trahi ? C'était la même chose pour Figg. Si ça n'était pas l'un de ces trois là, alors qui ? Le Premier Cercle de l'Ordre du Phénix avait sans doute été au courant. Mais ces membres n'auraient jamais pu…
Le froid… Les Détraqueurs revenaient. Cette fois, il n'y avait pas de doute, ils venaient pour lui. Bill se rétracta et essaya de se concentrer mais ses pensées s'enfuirent, emmenant sa santé mentale avec lui, ne lui laissant que la douleur.
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La potion pour un sommeil sans rêve de Poppy marchait vraiment bien, pensa Remus qui regardait le visage de Sirius qui dormait. Il avait l'air si calme maintenant. Si on faisait abstraction de sa maigreur et du bleu violacé de sa joue gauche, c'était le même vieux Sirius. Remus n'avait aucun mal à se rappeler de son sourire engageant ou de l'innocence qu'il mettait dans sa voix quand il essayait de faire croire que ce n'était pas sa faute. Mais c'était différent. On était si facilement tenté de se rappeler du passé. Pourtant, aujourd'hui, le présent semblait plus clair pour la première fois depuis des années.
« Vous devriez être en train de dormir » dit doucement Poppy derrière lui.
Remus haussa les épaules.
« Plus tard »
« J'avais oublié combien vous pouviez causer de problèmes, tous les quatre. » répondit l'infirmière. La douceur de sa voix lui fit tourner la tête. Poppy sourit légèrement. « Je n'arrivais jamais à les faire partir lorsque vous étiez ici. »
« C'est à ça que servent les amis. » murmura Remus. Frères. Comment dormir en un tel moment. Il le savait. Les idées se bousculaient trop actuellement dans sa tête, son cœur devenait fou – il avait encore du mal à se convaincre que c'était Sirius et que Sirius était vivant. Comme d'habitude le loup en lui aggravait encore les choses. Il voulait crier, hurler, danser de joie. Les maraudeurs avaient toujours été ses frères de meute et la meute était reformée. Pour la première fois depuis dix ans, personne ne manquait. Patmol était revenu. La main de Poppy se posa sur son épaule et la serra doucement, le directeur sourit. Une partie de lui, il le savait, serait toujours ce garçon de onze ans apeuré, qui avait un loup-garou coincé en lui et mourrait d'envie qu'on le cajole et qu'on le comprenne. L'infirmière avait été là pour ça. De toute l'équipe, c'était sans doute à elle qu'il parlait le moins aujourd'hui mais dont il se sentait le plus proche.
Certaines choses n'avaient pas besoin d'être dites. Elle le savait. Après un dernier sourire attentionné, elle laissa Remus seul avec son ami. Elle savait qu'il l'appellerait s'ils avaient besoin d'elle. Le silence qui suivit son départ n'eut rien de désagréable.
Remus regarda sa montre et fut surpris de voir qu'il était presque quatre heures. Il appellerait James et Peter dans la matinée, si bien sûr Sirius ne s'y opposait pas. Dumbledore était parti depuis une heure. Il avait eu l'air convaincu qu'il n'y avait pas d'Imperium sur Sirius. Personne n'avait donc de raison de douter et tout allait pouvoir se passer comme il convenait. Il en attendait peut-être trop. Remus se sentit très jeune tout d'un coup. Ces années de douleur lui parurent plus légères à porter. Sirius était de retour. Ca faisait des années qu'ils se battaient aux cotés de ses deux autres amis mais il n'avait jamais oublié le troisième. Ca faisait plaisir de s'être trompé… pour une fois.
Il n'avait plus qu'à attendre que Sirius se réveille pour aller partager la nouvelle avec les autres.
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Jusqu'à l'aube, ils avaient essayé de repérer tous les chemins qui partaient d'Azkaban et d'imaginer où Sirius pouvait être. Mais les possibilités étaient sans nombre. De temps en temps, James s'était surpris à s'étonner que Lily et lui soient capables de travailler aux côtés d'un traître repenti. Ce qui l'étonnait le plus c'est que ça lui soit égal. Il était peut-être trop occupé par l'idée que Sirius était vivant. Mais ça tenait aussi au fait que c'était Peter. Queudever était un Maraudeur comme lui. Il avait entendu la vérité dans sa confession mais aussi la douleur. Il aurait du deviner plus tôt – et en fait, il avait vu des signes quand il y pensait maintenant – mais il comprenait ses raisons. Il n'aurait jamais pu faire le choix qu'avait fait Peter… Mais dans ces jours de ténèbres, avant que Dumbledore ne reprenne le Ministère, James pouvait comprendre que la peur ait amené un homme aux pieds de Voldemort.
Il regrettait seulement que Queudever ait mis autant de temps à comprendre qu'il y avait des solutions et que ses amis seraient toujours là pour lui. Mais maintenant il l'avait fait et c'était là l'important. James se le répéta. Penchés sur les cartes, les deux amis avaient discuté et s'étaient compris. Ils s'étaient souvenus.
Une distance s'était créée entre les Maraudeurs quand ils étaient devenus adultes. Quitter Poudlard avait changé les choses. Ils restaient proches par leur âme mais ils n'étaient pas toujours disponibles les uns pour les autres – James était toujours au ministère, Remus à Poudlard et tous les deux avaient fini par oublier combien Peter pouvait avoir besoin d'eux. D'une certaine façon, avait dit James à son ami, c'était de leur faute autant que celle de Peter. Il admirait le courage qu'il lui avait fallu pour renverser tout cela, tant de temps après.
A six heures du matin, leur travail fut interrompu par un appel par le feu. Lily prit l'appel car ni James ni Peter avait envie de quitter la table de la cuisine qu'ils avaient couvert de cartes et de pages et de pages de notes. Mais sa voix quand elle appela James avait changé.
« James ! Viens vite ! »
« Je reviens tout de suite Queudever. » dit James, frappant Peter sur l'épaule en quittant la pièce. Parfois il ne servait à rien de discuter avec Lily et son ton indiquait que c'était un de ces moments-là.
Il fut néanmoins surpris de voir la tête de Remus danser sur les flammes. « Lunard ? »
« Assied-toi James. » Les yeux bleus de l'autre Maraudeur étaient assombris par la fatigue mais ils brûlaient quand même avec un feu qu'il ne pouvait s'expliquer. James s'assit, se demandant ce qui pouvait le motiver. Son esprit marchait au ralenti car il était resté debout presque toute la nuit. Remus reprit : « Tu ne vas pas me croire, mon vieux, mais Sirius est vivant. »
Rogue a du lui dire. « Je sais. » répondit-il calmement. Ca ne sert jamais à rien de cacher des nouvelles. « Peter me l'a dit. »
« Quoi ? » Quelque chose de sombre s'alluma dans les yeux de Remus. « Peter est ici? »
« Oui. Il… »
« C'est un Mangemort. » La voix de Lunard était dure, mortelle même.
« Je sais. » dit très doucement James. Il fronça les sourcils quand son esprit tiqua. « Comment le sais-tu ? »
« Sirius est ici, James. »
« Quoi ? » Il sentit son cœur s'échapper dans sa poitrine pour se mettre à sautiller autour de lui sur le sol. Il s'en fichait. Sirius était à Poudlard – en sécurité ! Comment avait-il pu arriver à faire tout le chemin entre Azkaban et l'école ? James n'arrivait pas à l'imaginer mais ça importait peu. Sirius est à Poudlard. Il fut pris d'un léger vertige qui ne l'empêcha pas d'entendre le petit cri de Lily ou le soupir de quelqu'un sur le seuil de la pièce. James se tourna et vit Peter s'appuyer contre le cadre de porte avec soulagement.
« Il sait, n'est-ce pas ? » demanda Peter calmement.
Remus le regarda avec inquiétude mais acquiesça.
« Peter est avec nous, Remus. » expliqua doucement James. « Il est venu ici de sa propre initiative me dire qu'il ne savait pas. Et que Voldemort vient de mettre tous les Mangemorts aux trousses de Sirius. »
« Rien d'étonnant. » Le directeur de Poudlard se contenta de répondre à la dernière partie de l'explication. Son regard continua de dévisager Peter qui flancha un peu mais soutint la pression. Finalement, Remus hocha la tête. « OK. »
« Comment est-il ? » demanda Lily pour eux tous.
« Mal en point. » dit Remus. « Il a l'air de sortir de l'enfer… mais Poppy dit qu'il s'en tirera. Dumbledore est déjà venu. On sait comme ça qu'il est clair ».
La partie la plus cynique du cerveau de James se demanda comment quiconque pouvait sortir des mains de Voldemort sans être sous le coup d'un ou dix sortilèges Impardonnables. Mais le reste de son esprit n'avait pas envie de se poser ce type de questions. Il savait depuis longtemps qu'avec Sirius tout était possible. Il savait aussi qu'il pouvait y avoir d'autres problèmes en dehors des blessures et des envoûtements. Il demanda : « Mais, comment est-il vraiment ? »
« Hanté. » Remus hésita. « Il veut le cacher. Mais sinon, je ne sais pas. Il n'est pas là depuis longtemps et nous avons essayé de le faire se reposer. Je vous aurais appelé plus tôt mais Sirius ne voulait pas… »
« Quoi ? »
Le regard de Remus se fit amer. « Il avait peur d'être sous Imperium. Je ne pense pas qu'il aurait accepté de me parler mais je suis apparu avant qu'il n'ait eu le temps de refuser. »
« Oh. » Il avait tant de questions. James hésitait cependant, timide comme rarement dans sa vie. Et maintenant ? Ses lèvres se tordirent alors qu'il cherchait comment exprimer ce qu'il voulait dire.
« Cornedrue, est-ce que tu viens à Poudlard ou tu vas me parler comme ça toute la journée ? » demanda soudain Lunard. Ses yeux se posèrent ensuite sur Peter. « Tu ferais mieux de venir aussi, Queudever. Je ne sais pas ce qu'il te dira mais ce serait mieux que tu sois là. »
« D'accord. » répondit simplement Peter. James sauta sur ses pieds et attrapa la main de Lily. Elle n'était pas un Maraudeur mais ce moment lui appartenait à elle aussi.
« Nous arrivons tout de suite. »
