Promesses tenues

Disclaimer.

JKR inspira Robin4, Fénice s'enthousiasma et traduisit, Alana lui porta main-forte

Ainsi commença la légende…

Messages : Vous êtes de plus en plus nombreux à lire alors ça se passe de tout commentaire… merci…

Chapitre vingt-deux : Frères

James Potter n'avait jamais été aussi terrifié de sa vie. S'il s'était agi de combattre la Magie noire, des Mangemorts ou même le Seigneur des Ténèbres lui-même, il n'aurait pas fléchi. Mais la perspective de voir son meilleur ami en vie, après tant d'années, le terrifiait. Ses mains tremblaient ; il le savait. Il était déchiré entre l'excitation et l'appréhension : un sentiment de triomphe lui donnait envie de bondir et de cracher à la face de Voldemort. Mais une sorte de terreur l'empêchait complètement savoir quoi dire. Dix ans plus tôt, il avait envoyé Sirius en enfer. James lui avait demandé d'être leur Gardien du Secret, et avait enclenché la chaîne des évènements. C'était sa faute, et son meilleur ami avait souffert une décennie.

Lui, Peter, Remus, et Lily traversèrent ensemble les couloirs silencieux de Poudlard. L'horloge venait juste de marquer les sept heures du matin, et jusqu'ici, le groupe d'amis s'était arrangé pour éviter tout contact avec les élèves. Leur présence, ajoutée à celle de Dumbledore la nuit précédente, aurait certainement causé quelques murmures, mais James ne s'en souciait guère. D'un côté, il voulait courir aussi vite qu'il le pouvait à l'Infirmerie—et d'un autre, il appréhendait d'arriver si vite. Il ne savait pas quoi faire. Il ne savait pas quoi dire.

Fuir aurait été beaucoup plus facile.

Tandis qu'ils marchaient, Remus leur relatait l'histoire de l'arrivée de Sirius, et James sourit légèrement en apprenant que c'était Harry et ses amis qui avaient trouvé Sirius. En ajoutant Severus, bien sûr— ça avait du faire un choc à Rogue, mais James s'en moquait. Il fallait bien de temps en temps, que quelqu'un ou quelque chose secoue un peu Severus… mais ils approchaient de l'angle de l'infirmerie, et toutes les pensées plaisantes s'évaporèrent de son esprit. Remus dut répéter deux fois son nom avant que James le remarque.

"Va simplement lui parler," dit doucement le directeur. "Il n'est pas en colère contre toi."

"Comment le sais-tu ?"

Le regard vide de Remus prouvait qu'il n'en savait rien ? Mais, ils avaient atteint la porte. James ne manqua pas le regard significatif entre ses deux amis, et celui nerveux de Peter, mais la main de Remus se planta entre ses omoplates et ne donna pas le temps à James de discuter. Sans avertissement, il se retrouva propulsé dans l'infirmerie par une gentille poussée. Il entendit les portes se refermer derrière lui.

Il essaya de prendre une profonde inspiration et de se calmer, mais ce n'était pas une chose aussi simple qu'un raid d'Auror. Regardant aux alentours, il réalisa que Madame Pomfresh était seule ici ; James supposa que la mi-semaine était devenue plus calme avec les années, ou qu'il n'y avait simplement pas eu de match de Quidditch récemment. Pomfresh, pourtant, n'était d'aucune aide. Elle lui adressa simplement un sourire et, fait rare, le laissa avancer jusqu'au premier lit à gauche. Les rideaux étaient fermés tout autour pour éloigner les regards curieux, et James dut donc s'avancer jusqu'à l'ouverture avant de voir son plus vieil ami.

Il frissonna.

Remus avait raison ; Sirius paraissait revenir de l'enfer. Oh, quelqu'un lui avait de toute évidence fait un shampoing et une coupe de cheveux, mais cela ne cachait pas sa pâleur maladive ou les marques sur son visage. James nota aussi, rapidement, l'attelle de son bras droit, sa maigreur ou la rectitude artificielle de sa jambe gauche que les couvertures ne pouvaient espérer cacher. Ses yeux bleus étaient profondément enfoncés dans leurs orbites et il ressemblait plus à un squelette qu'à un homme—mais son regard suivait James comme il l'avait toujours fait.

« Je ne suis pas contagieux, Cornedrue, » murmura une voix venue du passé.

Son univers s'inclina, bascula, et se retrouva à l'endroit pour la première fois depuis dix ans.

"Sirius…" Il fut en mouvement avant qu'il ne le réalise et ses jambes le portèrent en avant pour enlacer son ami. Sans hésitation, un bras gauche osseux s'enroula autour de lui en retour et ils s'agrippèrent l'un à l'autre comme si chacun avait peur que l'autre ne disparaisse. James pleurait, balbutiait, mais il n'y faisait pas attention. "Oh mon Dieu… Sirius… Je suis désolé. Tu es vivant… Je suis tellement désolé, Sirius. Tout est ma faute—"

Soudainement, Sirius eut un haut le corps. Sa main gauche attrapa faiblement le visage de James, et ses yeux bleus flamboyants.

"Ne redit jamais ça, James Potter," murmura t-il férocement. "J'avais fait mon choix. Ce n'est pas ta faute."

Il le regarda. "Mais—"

Sirius le secoua plus fortement que James n'aurait pensé qu'il en a la force. "Tu m'entends?" demanda t-il. "J'avais fait mon choix." Sa vois diminua un peu plus. "Et je le referais, s'il le fallait."

"Sirius—" l'esprit de James tournoyait, mais il savait que Sirius ne pouvait pas avoir dit ça. Ca n'arriverait jamais plus, pas dans cette vie, ou même dans un milliers de vies. Ca n'aurait pas du arriver la première fois, et il avait sacrément raison de dire que c'était sa faute … Encore une fois, son vieil ami le coupa.

"Exactement comme tu l'aurai fait pour moi. Comme Remus l'aurait fait. Comme chacun d'entre nous l'aurait fait pour les autres, même Peter." La main de Sirius se posa sur son épaule et la pressa. "Je connaissais les risques, et je serais mort pour toi—et Lily et Harry—si j'avais du. Alors ne discute pas. Ca ne marchera pas. Ne pense même pas à te blâmer. Si tu dois blâmer quelqu'un, blâme Voldemort."

Oh, je le ferais, promit un coin glacé de son esprit, mais le reste de James fixa simplement son ami, le regardant dans les yeux. Il ne pouvait voir aucune haine dans le regard de Sirius, aucun reproche. Il y avait seulement l'ancienne flamme, intacte et intense après dix années de la tombe, le mettant au défi de le contredire. Derrière cette intensité, toutefois, il y avait quelque chose de plus profond, quelque chose de plus noir, hanté et douloureux, mais James pouvait voir la force qui avait soutenu Sirius durant une décennie en enfer—et qui lui avait permis de conserver son âme. Quoi qu'il était arrivé, c'était toujours Sirius. Son ami était vivant.

Trouver les mots était presque impossible. "Bienvenu à la maison," murmura t-il finalement. C'était tellement inadéquat. "C'est bon de te revoir."

Ils s'embrassèrent encore, et Sirius répondit, "C'est bon d'être de retour."

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"Salut, Peter."

Sa voix était plus douce maintenant ; adossé à des coussins, Sirius paraissait encore plus mince et pâle que James l'avait d'abord trouvé. Il avait l'air terrible, presque un étranger, malgré la coupe de cheveux familière et le bouc, mais ces quelques moments de conversation avaient prouvé à James qu'il était toujours le même à l'intérieur. Il était terriblement blessé—autant physiquement que mentalement—mais au plus profond de lui, la même âme persistait. Il serait toujours marqué par ses expériences à Azkaban, mais il guérirait avec le temps. Ainsi avait dit Sirius, de toute façon, et James le connaissait trop bien pour douter de lui.

"Salut, Sirius," murmura Peter.

Peter et Remus les avaient rejoints, à présent, les Maraudeurs étaient ensembles pour la première fois en dix ans. La réunion faisait resurgir des souvenirs, tellement de souvenirs, mais tandis que la plupart de ces souvenirs étaient agréables, un abîme continuait à les séparer. Pendant les premiers instants, ils ne furent pas vraiment ensemble. A ce moment, ils étaient simplement quatre hommes. Il y avait encore un moment de vérité à venir qui déterminerait s'ils étaient toujours frères.

Remus et James étaient tous deux silencieux. Cette décision ne leur appartenait pas ; James avait déjà dit à Sirius ce qui était arrivé le soir précédent. Rapidement, James regarda son ami, mais les yeux bleus du directeur étaient aussi inquiets que les siens devaient l'être. Remus avait accepté les explications de Peter, mais il n'était pas resté dix ans aux bons soins de Voldemort.

Les yeux de Sirius étaient sombres et insondables, mais James voyait que la douleur cachée flottait tout près de la surface, maintenant.

"Je ne savais pas que tu étais vivant," murmura finalement Peter dans le silence. "Quoi que j'ai pu être, je n'aurai pas—"

"La ferme, Queudver" La douleur traversa le visage de Sirius. Il laissa échapper un faible souffle. "Je sais ça. Et je suppose que je te dois des excuses. Ou des remerciements, même."

"Quoi ?"

Les trois Maraudeurs regardèrent fixement leur camarade avec confusion. Peut-être qu'Azkaban avait un peu affecté son esprit. Mais Sirius sourit faiblement, bien que l'expression sembla déplacée, accentuant le bleu monstrueux qui couvrait toujours le côté droit de son visage.

"Tu m'as aidé à sortir d'Azkaban, après tout."

La tête de James se tourna vivement pour regarder Peter, mais son ami ne faisait que regarder fixement. "Mais je n'ai pas…"

"Je t'ai entendu parler à Malefoy," expliqua doucement Sirius. "T'entendre m'a rappelé qu'il y avait un monde au-delà d'Azkaban. J'ai cessé de me noyer dans la douleur et commencé à guetter les opportunités…" Il hésita, et James vit quelque chose de hanté remplir ses yeux jusqu'à ce que Sirius le rejette. "Et quand j'en ai trouvé une, je l'ai saisie. Donc je suppose, d'une certaine manière, que tu m'a aidé à sortir. Même si tu n'en as pas eut conscience."

"Je suis désolé," murmura Peter. James savait que c'était destiné à eux les trois, mais ce fut Sirius qui le va sa main gauche. C'était la bonne réponse.

"Nous savons, Queudver." Peter saisit la main offerte. "Ce qui importe c'est que tu ais finalement fait le bon choix."

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Le petit déjeuner commença comme d'habitude, mais ne finit pas ainsi. Les yeux bouffis et chancelant (lui et Ron s'étaient arrangés pour se réveiller plus tard que d'habitude), Harry prit sa place habituelle à la table des Gryffondor dans la grande Salle sans faire attention à ce que l'entourait. C'était, après tout, juste le début normal d'un jour normal à Poudlard. On était vendredi, ce qui signifiait que leur premier cours était Métamorphose, et les choses auraient pu être bien, bien pires. Au moins ils n'étaient pas des troisièmes années et ne commençaient pas avec Potions. Arg.

Au milieu de tout ça, Harry n'avait même pas eut une chance de commencer à se poser des questions sur le mystérieux Animagus qu'ils avaient trouvé le soir précédent avant que les choses ne deviennent bizarres.

"Harry, c'est pas ta mère qui est assise près du Professeur Rogue?"

La question de Ron fit lever les yeux d'Harry de son repas avec surprise. "Quoi ?"

"Juste là. A la grande table—"

"Ne montre pas du doigt, Ron !" siffla Hermione au rouquin de l'autre côté. Ron leva les yeux au ciel, mais Harry le remarqua à peine. Au lieu de cela, il sortit sa baguette et murmura un sort de nettoyage pour ses lunettes, qui étaient encore maculées de la peinture rose de leur dernière farce. Mais il n'avait pas d'hallucinations.

"Ouais," répondit-il avec confusion. "Je me demande ce qu'elle fait là." Et ce n'est pas Maman d'oublier de me dire qu'elle vient à Poudlard, ajouta t-il mentalement.

"Et je me demande pourquoi elle est assise près de Rogue," renchérit Ron, faisant soupirer Harry.

"Ils sont amis," expliqua t-il sans joie.

"Quoi ?" s'exclama Ron, juste comme Hermione sursautait.

"Tu plaisantes."

"J'aimerais," répondit sèchement Harry. "Je ne sais pas pourquoi, franchement. Papa et Rogue se détestent, mais Maman et lui étaient amis à l'école."

Ron fronça des sourcils. "Mais je pensais que ta mère était à Gryffondor, Harry."

"Elle l'était."

"Je suppose que les choses étaient différentes, dans le temps," Hermione haussa les épaules, mais sa réponse assombrit seulement Ron davantage.

"Franchement, Hermione! C'est un Serpentard!"

Elle secoua la tête et soupira d'exaspération. "Ron, faut-il vraiment quelqu'un n'ayant pas grandi dans le Monde magique pour imaginer que ça puisse avoir été différent ?"

"Peut-être que si tu sortais ta tête des bouquins un peu plus souvent pour regarder autour de toi, tu réaliserais que le monde est comme ça," rétorqua Ron. Harry grogna.

"Peut-être que si tu ouvrais un livre un peu plus souvent, tu n'aurais pas autant de problèmes !"

"Problèmes ? Tu as eut presque autant de retenues que moi—"

"Est-ce que vous pourriez vous tenir tranquille ?" demanda soudain Percy Weasley, levant la tête dans leur direction plus loin dans la table. "Certains essayent d'étudier ici!"

"Etudier ? Frimer tu veux dire !" ricana George tandis qu'il s'asseyait parmi eux, sautant immédiatement à la rescousse de ses camarades Misfits. "Comme si cinq minutes de plus allaient faire une différence à tes examens, Ô Parfait Préfet Percy."

Percy lui jeta un regard, mais Fred l'empêcha promptement de répondre en lui marchant "accidentellement" sur le pied. "Oh! Désolé! C'étaient tes chaussures?"

"Oui, c'étaient mes chaussures, pauvre simulacre de frère," grogna Percy. "Si vous six—" Lee les avaient rejoint avec les jumeaux "—ne vous tenez pas tranquilles, je vais aller dire un mot au Professeur Fletcher."

Fred roula des yeux et s'assit. "Grandis un peu, Perce."

"Grandis un peu ?" fit Percy en écho. "Qui es-tu pour—"

"Hé !" s'exclama Lee. "Ce serait pas ton père, Harry ?"

Les têtes pivotèrent et la dispute fut oubliée. Après tout, bien que pour Harry, James Potter soit juste son père, pour tous les autres à la table, c'était un héros. Même si les Weasley et Hermione l'avaient déjà rencontré, ils continuaient à le considérer comme quelqu'un de célèbre, et le plus ancien Auror du Ministère ne venait pas si souvent en visite à Poudlard. Et, c'était bien  James Potter qui venait en effet d'entrer dans la Grande Salle, rendant la journée d'Harry encore plus étrange. Il était précédé de Remus Lupin et suivi par une autre figure familière.

"Qui c'est ?" demanda Ron.

"Peter Pettigrew," répondit Harry, se demandant quand exactement Peter était revenu eau pays. D'après ce qu'il savait, Peter était en Norvège… mais encore une fois, si le mystérieux sorcier était bien Sirius Black, Harry pouvait comprendre sa présence.

"Le Maraudeur ?" demanda aussitôt George. Harry hocha la tête.

"Waw." Les sourcils de Fred s'écarquillèrent, et les jumeaux échangèrent des regards tandis que les trois Maraudeurs prenaient place à la grande table.

Mais Harry n'écoutait pas vraiment. A la place, il regardait vers ses parents et leurs vieux amis, remarquant les mots couverts échangés par Peter et Rogue. Les deux hommes étaient étrangement cordiaux à propos de ce dont ils parlaient, et ceci posait question à Harry. Remus et son père étaient aussi en train de discuter, et il vit également le Professeur Fletcher échanger un hochement de tête avec son père. Sa mère, d'un autre côté, semblait parfaitement à l'aise parmi eux tous, assise entre Peter et Rogue avec une drôle d'expression toute douce. Elle souriait légèrement tandis que tous deux semblaient se mettre d'accord sur quelque chose. Mais c'était son père qui intéressait le plus Harry ; James Potter semblait exténué, avec de sombres poches sous les yeux et des cheveux ébouriffés qui ne pouvaient venir que d'un important manque de sommeil. Pourtant, ses yeux noisettes étaient brillants et son sourire sincère tandis qu'il parlait au directeur de Poudlard. Lors d'une pause dans la conversation, il rencontra le regard d'Harry et lui envoya un clin d'œil heureux.

Ce fut ce qui le décida. Harry regarda l'heure et comprit qu'il pouvait le faire— de justesse mais quand même. Il marmonna des excuses à ses amis, prétendant avoir oublié son exemplaire de Forces Obscures : Comment s'en protéger, il sortit de table et se rua à la tour de Gryffondor. Une fois là-bas, il retourna sa malle pour trouver la vieille cape d'invisibilité de son père.

S'ils ne voulaient pas lui parler, il trouverait tout seul.

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L'univers tourna autour de lui, et avec un suprême effort, il le fit cesser. Les douze dernières heures avaient été, c'était le moins qu'on puisse dire, éclaircissants. Un pressentiment au fond de lui dit que tout avait changé. Plus rien n'était pareil. Ou, peut-être…? Peut-être que rien n'avait changé, et que tout était pareil. Visions de ténèbres—et de lumières—de passé, présent, et futur—le hantaient à présent. Tout était différent. Tout avait changé.

Albus Dumbledore cligna des yeux, et comme ça ne marchait pas, secoua la tête dans une vaine tentative pour clarifier tout ça. Cela l'aidait en partie, mais comme il l'avait appris depuis des années, la seule façon de vraiment échapper à ces visions était de les laisser passer—mais il n'avait pas le temps pour ça. Pas maintenant. Trop de choses avaient changées. C'était toujours la même chose. Des promesses qui avaient été tenues et ainsi avaient pu modifier le destin. Il cligna encore des yeux, et témoignant comme rarement de sa grande frustration, se leva et arpenta son bureau.

Il haïssait les visions.

Il n'était pas un voyant. Tout mais pas ça. Il n'avait ni le talent ni l'inclination pour la Divination. Cependant, il était différent. D'une façon que nul ne pouvait imaginer, et encore moins comprendre. Et il ne voyait pas le futur—ou plutôt, quelque fois il le faisait, mais il le comprenait rarement. Il voyait seulement des images, des pièces, et les assemblaient du mieux qu'il pouvait. Il s'accrochait aux morceaux, et espérait, priait, pour avoir juste. Il avait eu tort trop souvent, et raison tout autant. Mais dans les cas où il espérait le plus, il s'était avant tout trompé. Et Dumbledore ne savait pas si le monde s'en portait mieux ou moins bien.

Mais il n'était pas un voyant. Son pouvoir était bien plus ancien, et beaucoup moins bienvenu. Pour ne pas dire plus puissant—mais il essayait de ne pas y penser. Dumbledore n'était pas un homme qui insistait sur la puissance, excepté comme moyen d'arriver à ses fins.

Tandis qu'il faisait les cents pas, il pensait, et son esprit se clarifiait lentement. Une fin ? Inconsciemment, il trouva sa main gauche en essayant de jouer avec l'extrémité de sa longue barbe, et se demanda pourquoi il la gardait si longue. Etait-ce parce que de longs et flottant cheveux d'argent était ce que les gens attendaient d'un vénérable et vieux sorcier? Il avait passé tellement de temps dans sa vie à se conformer aux attentes… Et puis encore, ils avaient besoin de lui pour être ancien et sage. Mais une fin ? Etait-ce seulement possible après si longtemps? Les possibilités traversaient son esprit. Dumbledore pensa loin dans le futur —puis il songea au passé, et à la prophétie qu'ils avaient tous pensé brisée. Le présent s'imposa enfin, ramenant ses pensées vers Poudlard.

Et vers un homme qu'il avait pensé qu'il les briseraient auparavant.

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Malheureusement pour Harry, un visage très familier l'arrêta sur le chemin de l'infirmerie. Anxieusement, il cessa ses pas, essayant de s'arrêter à mi-chemin et de ne plus faire le moindre bruit, mais son froncement de sourcils l'informa qu'il avait été repéré. Comment savait-elle ? - voulut demander Harry, mais il ne savait jamais. Peut-être avait-il tort. Peut-être…?

"Retire cette cape, Harry," dit fermement sa mère.

Comment avait-elle su ? En soupirant, il fit ce qu'elle avait dit, mais Lily devait avoir vu le regard déprimé sur son visage. Elle eut un léger sourire.

"Tes chaussures, chéri," expliqua sa mère. "Tu a besoin d'être plus prudent en revêtant cette cape." Harry fronça les sourcils. "De plus, je t'ai vu quitter la Grande Salle."

Harry fit une boule de la cape dans sa main avec colère. On ne pouvait pas dire qu'elle lui avait porté chance cette fois. "Pourquoi est-ce que personne ne veut rien me dire?" demanda t-il. "Je veux juste savoir ce qui se passe."

Inexplicablement, sa mère sourit gentiment. Harry n'était pas habitué à une telle attitude, spécialement de la part de ses parents, qui, bien qu'ils l'aimaient, ne voulaient pas faire de lui un enfant gâté. En fait, l'exact opposé était habituellement vrai. "Tout ce que tu as à faire est de demander."

"Quoi ?"

"Harry, nous jugeons parfois qu'il vaut mieux ne rien te dire, mais ton père et moi ne te garderont jamais éloigné de Sirius. C'est ton parrain."

"Oh." Il déglutit, comme si elle l'avait grondé. Il semblait qu'il avait passé trop de temps à briser les règles pour se souvenir que quelques fois il suffisait de demander pour obtenir ce qu'on voulait.

Mais sa mère sourit simplement de nouveau, serrant son épaule. "Viens, Harry. Allons rencontrer ton parrain."

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Harry avait toujours connu l'infirmerie comme un endroit tranquille—c'était, après tout, le royaume de Madame Pomfresh, et elle y régnait d'une main de fer, repoussant tous ceux qui en troublait la paix et la tranquillité. A ce moment, pourtant, l'endroit était tout sauf calme ; le père d'Harry était assis près d'un lit, les traits plissés de rire et les yeux brillants.

"Tu te souviens," demandait-il, "la fois où on a ensorcelé les chaises de la table des Serpentards pour…"

"…projeter quiconque s'asseyait dessus en l'air," termina Peter pou lui avec un sourire. "Et quand ils ont essayé de les faire revenir—oh, c'était parfait!"

"Les cheveux à la couleur arc-en-ciel étaient un détail de goût, je l'admets" ajouta sèchement Remus. Puis un rire méchant échappa au directeur. "Surtout sur Rogue…"

"Oh, mais tu oublies la tentative de vengeance d'Avery," le coupa Peter. "Je n'avais jamais vu une farce aussi mal faite…"

"Sans compter ta tentative d'ensorceler Rodolphus Lestrange lors de notre première année," le coupa une voix calme, attirant l'attention d'Harry sur l'homme dans le lit. Il cligna brièvement des yeux. Si son parrain (il était toujours étrange de penser que son parrain longtemps perdu était vivant) était toujours pale, loqueteux et affreusement sous-alimenté, il paraissait différent. Il y avait quelque chose de vivant dans ses yeux bleus et une tentative de sourire, bien que cela semble douloureux, éclaira son visage en un homme différent. Pour la première fois, Harry reconnu le Sirius Black que ses parents aveint connus.

"Ce n'était pas vraiment une blague, tu sais," Peter tentait de se défendre tandis que les autres riaient ; après un moment, il laissa finalement tomber et pouffa aussi "Et si ça n'avait pas été pour toi—" Il s'interrompit comme les yeux de Sirius tombaient sur Harry et sa mère.

"Salut, Lily."

"Sirius…" Harry resta en arrière tandis que sa mère approchait du lit, s'asseyait sur le bord et prenait la main gauche que Sirius lui offrait. Sa voix était très douce. "Nous te devons tellement…"

"Arrête," la coupa tranquillement son parrain. "J'ai déjà eut cette discussion avec James un peu plus tôt, et je ne vais pas recommencer. J'ai fait mon choix, Lily, et je le referai."

"Mais—"

"Non." La voix était peut-être faible, mais sans concessions. Lily dut l'entendre, parce qu'elle soupira.

"Très bien," répondit la mère de Harry après un moment. "Laisse moi au moins te dire merci, alors."

Au début, il sembla que Sirius voulait argumenter, mais après un moment de silence, il sourit légèrement. "De rien, alors."

Harry regarda sa mère sourire et se baisser pour embrasser Sirius sur la joue ; son père, toutefois, semblait moins réjoui. "Comment se fait-il," demanda James Potter, "que je peux me tuer à essayer de lui faire entendre raison et que Lily avec quinze mots se fait entendre ?"

Peter renifla. "Bienvenue dans la vie de couple, Cornedrue."

"J'aurai pensé que tu y serais habitué à présent," ajouta Remus avec philosophie.

Lily sourit simplement de façon innocente à son époux et se redressa. Harry pouffa dans son coin, mais son père n'était pas disposé au laisser-aller. Il regarda Sirius. "Alors ?"

"Elle a demandé plus gentiment." Quelque chose scintilla dans les yeux de Sirius pour un moment, mais avant que Harry puisse deviner ce que c'était, sa mère l'avait poussé en avant. Ses mains posées sur ses épaules, l'empêchant d'aller se cacher quelque part, comme il en sentait soudain le besoin.

"Sirius," dit-elle, "je voudrais te présenter Harry."

Les yeux bleus rencontrèrent les siens, et Harry essaya de ne pas se tortiller d'inconfort. Le meilleur ami de son père le regardait comme s'il n'avait jamais vu un enfant de onze ans auparavant, silencieux et… pas choqué, mais quelque chose comme ça. De son côté, Harry n'avait aucune idée de quoi faire—Qu'est-ce que tu dis à un parrain qui était supposé être mort pendant presque toute ta vie ? Dans le long moment de silence, il sentit tous les yeux de la pièce posés sur lui, et Harry savait qu'il devait faire ou dire quelque chose. Mais sa vie en aurait-elle dépendue, il n'aurait pas trouvé quoi. Finalement, pourtant, Sirius brisa le silence.

"Tu as grandi," tenta t-il.

Qu'est-ce qu'il pouvait bien répondre à ça? Finalement, il choisit un "C'est bon de te rencontrer" peu compromettant.

"Tu ne te rappelle pas de moi, n'est-ce pas?" demanda tranquillement Sirius.

"Pas vraiment," admit Harry.

"C'est pas grave. J'avais l'habitude de te garder quand tu étais petit…" il sourit légèrement. "Tu as trempé toute ma robe, une fois, juste avant que j'aille travailler… ça a rendu ma journée très intéressante." Les adultes pouffèrent.

"Qu'est-ce que tu faisais ?" demanda Harry avec intérêt. Il se souvenait de Sirius dans quelques flashes de souvenirs, mais il ne se remémorait aucune occupation à associer avec son parrain.

Les yeux de l'homme pâle clignotèrent pour rencontrer brièvement ceux de James. "J'étais Auror, comme ton père."

"Oh."

"Alors tu joue au Quidditch, on m'a dit," dit ensuite Sirius, faisant presque oublier à Harry son inconfort. Il sourit.

"Ouais. Je suis l'Attrapeur de Gryffondor, même si je ne suis qu'en première année. Le Professeur Fletcher m'ai laissé faire parce qu'il dit que je suis doué."

"Ca ne me surprend pas, connaissant le talent de ton père," répondit Sirius avec un sourire. "Et j'ai aussi entendu que toi et quelques amis à toi êtes parvenus à provoquer de considérables… troubles ici à Poudlard ?"

Harry dut se rappeler que Remus était le directeur avant de répondre comme il le voulait. "Nous…euh…continuons quelques traditions, oui."

"Oh, bon sang, Sirius—ne les encourage pas," coupa Remus.

"Pourquoi pas, Lunard ?" demanda innocemment son parrain. "D'autre part, je ne me rappelle pas que toi, tu ais eut besoin de beaucoup d'encouragements—"

"Je suis le directeur, maintenant, s'il faut te le rappeler !"

Les yeux de Sirius pétillèrent. "Oups."

Ils éclatèrent tous de rire, et Harry réalisa soudain combien son parrain pouvait être chouette. Sirius Black ne détenait pas le record de retenues pour rien, supposait-il et puis… De toute évidence, Remus le réalisa aussi, parce que tandis que les autres pouffaient, il grogna. Finalement, pourtant, Lily parla plus sérieusement.

"Vous réalisez que tout autant que nous apprécions cette réunion, nous ne devrions probablement pas être ici. Nos présences à Poudlard vont indubitablement indiquer la localisation de Sirius à Voldemort—"

"Il sait déjà que tu es là."

La voix neutre appartenait à Rogue, dont la silhouette se tenait à la porte, sa robe noire et son air résolu et sombre rendant son visage encore plus menaçant et démoniaque que d'habitude. Alors qu'Harry le regardait, sentant sa colère s'enflammer, Rogue continua, "Pardonnez-moi d'interrompre cette charmante réunion de famille, mais il le sait déjà."

"Comment ?" demanda Peter avec angoisse.

"Parce que je lui ai dit." Le vice-directeur entra dans la pièce, adressant un léger signe de tête à l'assemblée. Personne ne sembla disposé à dire quoi que ce soit tandis qu'un silence désagréable régnait. Harry parla avant que quiconque ne puisse l'arrêter, rempli d'indignation et de colère.

"Quoi ?" demanda t-il. "Vous lui avez dit ? Ca veut dire que vous êtes—"

"Bien sûr que je suis un Mangemort," le coupa Rogue d'un ton doucereux, levant les yeux au ciel, et se tournant vers Lily pour lui parler. Mais Harry lui retourna la politesse, et le coupa à son tour. A ce moment là, la tête lui tournait. Il se demandait pourquoi personne ne faisait rien ? N'avaient-ils pas entendu ? La fureur forma ses paroles, et il ne fit pas attention qu'il parlait à un professeur.

"Espèce de trai—"

Rogue gronda. "Restez tranquille, petit idiot," grinça t-il. "Ne parlez pas de ce que vous ne comprenez pas !"

"Severus !" claqua la mère d'Harry en retour.

Le vice-directeur s'arrêta. "Mes excuses, Lily, James." Mais ses yeux étaient toujours sombres. "Peut-être pourrions-nous continuer cette discussion sans enfants dans la pièce?"

"Tu as déjà gaspillé cette opportunité, Severus," répondit le père d'Harry avec d'un air fatigué. Il semblait soudain très las. "Il vaut mieux qu'il sache dès à présent toute la vérité, et pas seulement une partie."

"Ah, mais puis-je être sûr qu'il ne la partagera pas avec ses insupportables petits amis?" Les yeux noirs de Rogues étaient concentrés sur Harry, à présent, et il se força pour ne pas flancher ou exploser de colère – les deux sentiments qu'il sentait l'assaillir. Cependant, la légère pression de son père sur son épaule lui disait que ce serait une mauvaise idée. Qu'est-ce qu'il y avait avec Rogue ? Pourquoi le haïssait-il tellement ?

"Je sais garder un secret," rétorqua t-il.

"Assez." Remus devança toutes leurs répliques d'une voix dure, et en effet, les parents d'Harry avaient ouvert la bouche pour parler, de même que Rogue— Harry ne le sut jamais qui Lily et James étaient sur le point de réprimander, lui ou le Maître des Potions. Il fronça les sourcils. C'est un Mangemort. Il est l'un d'entre eux. Il est l'un de ceux qui ont tué mes grands-parents avant que je puisse même les connaître. Il l'un de ceux qui essaient de tuer mon père presque tous les jours. Mais ce fut Sirius Black qui parla ensuite d'une voix faible et fatiguée.

"Je suppose que ça signifie que tu est venu me tuer."

Il semblait étrangement peu angoissé par cette perspective.

Rogue secoua la tête. "Non. Pas moi. Mais quelqu'un va essayer, très certainement."

"Comme c'est facile," répondit sèchement Sirius, mais Harry vit l'inquiétude se peindre sur le visage de son père.

"Je peux poster quelques Aurors ici—"

"Non," dit doucement Sirius. "Pourquoi découvrir Rogue quand nous n'avons pas à le faire? Poudlard est en sécurité, et je ne suis pas incompétent, James—juste blessé."

"Assez blessé pour que je ne veuille pas que tu le sois davantage," rétorqua le père de Harry.

Harry vit leurs yeux se rencontrer. Son père et son parrain se regardèrent pendant un long moment. Chacun demandait à l'autre de céder mais aucun des deux n'y semblait près. Les yeux bleus plongèrent dans les bruns, et finalement, il sentit que Sirius avait gagné, malgré la douleur et l'épuisement dans son regard.

"J'ai survécu jusque-là," dit doucement Sirius. "Je ne vais pas mourir à cause de un ou deux malheureux Mangemorts." Il lança un regard à Rogue qui était tout sauf amical. "Sans vouloir t'offenser."

"Sans offense," répliqua sèchement le Mangemort. "J'ai toujours voulu au moins trois malheureux Mangemorts, moi-même."

Quelques-uns des adultes laissèrent échapper un rire, mais Harry sentit sa mâchoire tomber. Rogue venait de faire une blague ? Impossible. Mais ils n'étaient pas en colère contre lui, et ils n'étaient pas surpris, ce qui signifiait—

"Vous êtes un espion ?" Harry laissa échapper.

"Admirable déduction, Mr. Potter," répondit sarcastiquement le vice-directeur.

Il ouvrit la bouche pour répondre, mais son père le coupa avec une autre pression d'avertissement sur ses épaules. Puis James se retourna vers Rogue. "Merci, Severus."

"Ne fais rien de stupide, Black," dit Rogue à Sirius en réponse. "Je détesterai aller à tes funérailles de nouveau."

Sirius roula des yeux. "Je doute sincèrement que tu sois venues aux premières."

"Tu as raison. Je n'y suis pas allé." Sur cela, le vice-directeur s'en fut aussi vite qu'il était venu, laissant, cependant, la pièce avec une température un peu plus fraîche. Après un moment, Lily parla enfin.

"Bien, je dois aller travailler—"

"Moi aussi," dit doucement Peter. "On va au Ministère ensemble?"

"Très bien,"répondit Lily. "James…?"

"Je m'en charge," répondit le père d'Harry, et il sut confusément que ça voulait dire lui. Quelques fois il se sentait comme une balle de ping-pong moldue rebondissant entre ses parents. "Je te reverrai plus tard, Sirius, d'accord ?"

"J'y compte bien." Ils se serrèrent la main, et Harry suivit ses parents et Peter hors de la pièce après avoir lui aussi dit au revoir à son parrain. Rapidement, sa mère et Peter disparurent dans le couloir, se dirigeant, sans aucun doute, vers le plus proche foyer connecté au réseau de Cheminette. Harry, de son côté, suivit simplement son père dans la direction opposée, jusqu'à ce qu'ils se retrouvent dans une petite salle de classe peu usitée dans laquelle Harry n'avait encore jamais mis les pieds. Son père posa un charme de silence dans la pièce et se tourna vers lui.

"Tu sais pourquoi nous devons parler, n'est-ce pas?"

Harry soupira. "Le Professeur Rogue," répondit-il d'un ton morne, attendant l'approbation de son père. "Je suis désolé d'avoir été si impoli, Papa, c'était juste si fou…"

Mais son père le surprit en riant. "Harry, le monde ne va pas s'écrouler parce que tu as eu quelques mots durs avec Rogue. En fait, si un Potter et un Rogue ne se sentaient pas radicalement différent l'un de l'autre, je pense que quelque chose n'irait pas—mais en tant que père, je dois te rappeler le respect dû à tes professeurs."

"Oui, Papa." Au moins son père comprenait. Papa était plus facile que Maman pour des choses comme ça, et Harry savait qu'il était en train d'essayer de cacher un sourire.

"Toutefois, ce n'est pas vraiment ce dont je voulais te parler," continua son père. "Ce dont j'ai vraiment besoin, Harry, c'est ta promesse que tu ne diras à personne, même pas Ron et Hermione, que le Professeur Rogue est un espion. Ca pourrait lui coûter la vie."

Harry fronça les sourcils. "Mais c'est un Mangemort."

"Bien sur qu'il en est un. Mais il est de notre côté, et cela depuis longtemps."

Toutes les choses bizarres prenaient un sens, spécialement la petite escapade nocturne de Rogue avant Noël… "Alors, ça veut dire que Quirrell en est un, aussi?"

"Tu sais que je ne peux pas te dire ça," dit son père après un instant d'hésitation. Le sourire, remarqua t-il, avait à présent disparu.

"C'est un truc de l'Ordre du Phénix, pas vrai?" soupira Harry.

"Tu n'est pas censé savoir tout ça, Harry."

"J'ai des oreilles, Papa. Et des yeux," répondit-il. "J'ai onze ans, tu sais."

James pouffa et lui ébouriffa les cheveux, faisant grogner Harry. "Je le sais. Tu me promet que tu garderas le secret?"

"Je te le promet, Papa."

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Le prochain ? Un autre petit-déjeuner très agité à Poudlard….très, très agité…