Promesses tenues

Disclaimer: JKR les créa. Robin4 leur inventa des aventures. Fénice lut et s'enthousiasma. Alana Chantelune décida de l'aider à traduire. Ainsi naquit la légende.

Chapitre offert par Alana…  chapeau la belle !

Quelques réponses aux reviews

Crys – Ah b'en si c'est ça ton point de vue, tu vas pas être déçu… les misfits sont loin d'être les héros de cette histoire…

Jaelle…. Je te jure qu'on ira à la fin de cette histoire…

Sandrine …. Et si je te disais que Sirius n'aura pas le temps de guérir de ses blessures…

Titou… moi aussi j'adore comment Robin voit Remus – et Vert dit avec raison qu'elle m'a sûrement influencé pour mon Remus…

Chapitre vingt-quatre : Le juste plutôt que le facile

"Pourquoi as-tu laissé la baguette ?" demanda soudain  Sirius. Il s'était tenu tranquille jusque là, écoutant à peine Remus et Rogue discuter de l'inévitable jeu  de pouvoirs de Croupton, mais comme la conversation diminuait, il leva la voix.

"Parce que Voldemort en a après toi," répondit simplement Rogue.

"J'en suis conscient, merci," répliqua sèchement Sirius. Des images clignotèrent à travers les yeux de son esprit.

Une pièce. Autrefois salle d'interrogation à Azkaban, désormais salle de torture. Voldemort. "Endoloris!"

Douleur.

"Impero!"

Lutte.

Colère et encore plus de douleur. Des voix qui parlaient—il n'était plus capable de prononcer un mot. Plus de colère. Maintenant la voix était très froide et précise.

"Mandatus Pros—"

Soudain, Sirius réalisa que Rogue avait répondu alors qu'il n'écoutait pas. Il déglutit, secoua la tête. "Désolé, tu pourrais répéter ça?" dit-il doucement à travers ses lèvres sèches. "J'étais… ailleurs."

Les yeux inquiets de Remus étaient de nouveau fixes sur lui. Sirius se força à l'ignorer.

"Comme je disais," répliqua Rogue avec une trace d'irritation, "Je doute que quiconque puisse être davantage conscient que le Seigneur des Ténèbres en a après toi. Toutefois, je ne pensais pas qu'il fut prudent de te laisser sans baguette. Même avec cet imbécile, Quirrell."

"Tu courres toujours le  risque qu'il  comprenne que c'était toi", répliqua Sirius.

Rogue haussa les épaules. "Pur accident."

"Il ne croira pas ça." Pourquoi, bon sang, se préoccupait—il de Rogue? Sirius fronça les sourcils. Peut-être était-ce simplement parce que Rogue l'avait aidé, mais peut—être était-ce parce qu'il pensait que personne ne méritait d'affronter le courroux de Voldemort en face. Ou, au moins, personne de notre bord. Il frissonna.

"J'ai vu pire," répliqua l'espion durement. "Par ailleurs, Black, je peux prendre soin de moi, merci beaucoup."

Sirius se hérissa. A quoi bon essayer d'aider ce salaud. "Je n'ai jamais penser que tu ne le pouvais pas."

"Bien sûr." Rogue leva les yeux au ciel.

Dans leur jeunesse, ils seraient partis dans une dispute, mais désormais, ça ne valait simplement pas la peine d'y dépenser de l'énergie. D'autre part, Remus parla avant que l'un des deux ne le puisse:

"Sais-tu pourquoi il en a tellement après toi, Sirius?"

"Tu briseras et tu mourras," siffla la voix froide. " A la fin, ils le font tous…" Il secoua la tête, essayant d'éclaircir ses pensées.

"Non," murmura doucement Sirius, fixant le sol. "Pas vraiment."

Il y eut un moment de silence, que Rogue brisa finalement. "Autre que le fait que son évasion ait fissuré la légende de sécurité d'Azkaban et prouver que le Seigneur des Ténèbres n'est pas infaillible …" Il laissa passer une respiration sifflante entre ses dents. "Il doit y avoir plus."

"Tu n'as aucune idée, Sirius?" demanda gentiment Remus. "Rien du tout?"

"Je ne… je ne me…souviens pas vraiment." Il passa une main fatiguée à travers ses cheveux, les écartant de ses yeux. Sirius essaya de s'expliquer. "Je veux dire, je me rappelle beaucoup… mais pas assez. Je ne sais pas. C'est juste que je ne me rappelle pas."

"Peut-être est-ce relié à quelque chose que tu as vu…?" questionna Remus.

Sirius haussa les épaules, mais Rogue demanda soudain. "Où étais-tu avant Azkaban?"

"Casa Serpente."

Rogue siffla doucement. "La Demeure de Serpentard."

"Où  ?" demanda Remus avec une légère confusion. Après tout, Sirius savait aussi bien que lui que Casa Serpente était censée être une légende—mais heureusement, Rogue expliqua.

"L'ancestrale propriété de Salazar Serpentard," clarifia t-il. "Rendue incartable en 1473 et cédée aux Marvolo au seizième siècle comme à la dernière lignée des Serpentard. Je ne connais aucun Mangemort qui y ait été."

"Malefoy. Et Nott," dit doucement Sirius. Davantage de souvenirs refaisaient surface, mais il se força à les laisser de côté. Ce n'était pas le moment.

"Est-ce que ça pourrait être ça  ?" questionna Remus. "Localiser Casa Serpente?"

Sirius secoua la tête. "Je ne pourrais vous l'indiquer,  pas plus que je ne pourrais y aller." Il tourna brusquement la tête vers Rogue. Il frissonna de nouveau, et essaya de le cacher derrière des mots calmes. "J'y ai été emmené inconscient, et transporté à Azkaban de la même façon."

"Ah."

"Il y a quelque chose que tu n'as pas dit," remarqua Rogue, faisant dresser la tête de Sirius de façon suspicieuse.

"Que veux-tu dire?" se rembrunit-il.

"Je n'ai jamais vu le Seigneur des Ténèbres si furieux contre un seul individu," répliqua tranquillement l'espion. "Ni Potter, ou même Dumbledore. Toi ou lui avez fait quelque chose qui rend ça important. Ou personnel."

"Génial," murmura sèchement Sirius.

"Tu ne te rappelles pas pourquoi ?" demanda Remus.

"Non."

"Tu ne te rappelles rien ?" pressa Rogue. "Des mots, des images, des incidents…?"

Une voix en colère lança le sort final. "Mandatus Prospico—" Sirius secoua la tête.

"Non."

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Bill se réveilla, un tapement à son oreille droite. Surpris, il se réveilla en sursaut, regrettant immédiatement le mouvement brusque comme sa tête commença à marteler, mais le tapement ne s'arrêta pas. En fait, il semblait réel, contrairement à beaucoup de bruits—de souvenirs—qu'il avait entendu jusque là. Clignant des yeux, Bill fronça les sourcils et essaya de repérer le bruit à sa source.

Il était plongé dans les ténèbres depuis si longtemps maintenant que ses yeux étaient bien accoutumés. La seule lumière qu'il ait jamais vu était celle dans la salle de torture, et il n'avait aucun désir de se la rappeler à moins qu'il ne le doive—Concentre-toi, Weasley, se somma t-il fermement. Mais cela devenait plus difficile au fur et à mesure que les jours passaient, et son corps lui fit mal quand il se mit en mouvement. Autant qu'il pouvait l'entendre, il n'avait aucun os brisé (Bien qu'au moins une de ses côtes soit certainement déplacée), mais il avait mal. Tout lui faisait mal, et ses membres n'était pas exactement désireux de répondre à ses ordres, mais après s'être un peu convaincu qu'il le devait, Bill s'efforça de déplacer son corps le long du mur droit de sa cellule jusqu'à ce que le faible tapement se fit légèrement plus fort. Cherchant précautionneusement avec se doigts, il découvrit finalement un petit trou.

Il était presque impossible à voir, même avec des yeux habitués au manque de lumière. Cependant, il pouvait le sentir—et Bill tomba en arrière avec un glapissement soudain quand son doigt entra en contact non pas avec la pierre ais avec un autre doigt. Blessé et sanglant.

Quelqu'un d'autre.

Son cœur cogna fort à ses oreilles, et Bill dut se forcer à respirer normalement. Il y eut un silence absolu pendant un moment, un parfait silence… c'était dur de croire qu'il n'imaginait pas des choses, mais quand il fouilla avec précaution le trou une nouvelle fois, il trouva que c'était  toujours là. Peut-être que j'ai juste eut une hallucination, pensa t-il, mais mes hallucinations ne sont pas de ce genre, d'habitude. Bill frissonna, mais seulement à cause des souvenirs. Le long temps passé à Azkaban (bien qu'il n'ait aucune idée du temps qu'il y avait passé, à présent), il devint plus habitué aux Détraqueurs, et il savait que qu'il n'y en avait pas à proximité pour l'instant. Après tout, Voldemort avait besoin de prisonniers sains pour ses informations, donc il empêchait les Détraqueurs de faire autre chose de plus sévère que les torturer.

Comme si c'était pas assez. Il déglutit, et se re-concentra sur la situation présente. Avait-il vraiment sentit quelqu'un d'autre, ou avait-il seulement rêvé? Peut-être était-il en train de devenir fou, mais il n'y avait qu'une façon de le savoir. Bill retira son doigt du trou et approcha sa tête de l'ouverture.

"Salut ?" murmura t-il avec précaution.

"Salut …?" fit écho une autre voix, mais celle ci était plus profonde et plus rêche que celle de Bill. L'espace d'un instant, il lui fut impossible de respirer

"Qui êtes vous ?" parvint-il finalement à demander.

"Qui êtes vous ?"

Bill hésita, sachant que cela pouvait être un appât. Mais à quoi cela aurait-il servi ? Il n'était sûrement pas assez important pour qu'on fasse  tant  d'efforts pour  le  tromper et, d'autre part, il ne pouvait rien dire aux Mangemorts qu'il n'ait déjà dit… il laissa échapper un soupir tremblant. Le bon sens lui disait de ne pas répondre à la question, mais la promesse d'une compagnie humaine—  de ne plus être seul—était trop tentante. Même pour les forts, Azkaban était terrifiant, et la semaine qu'il y avait passée avait paru si longue.

"Bill," répondit-il.

Il y eut une pause, et il commença à penser qu'il avait et une hallucination et qu'il n'y avait personne. Un vide horrible s'engouffra en lui, et Bill ferma les yeux, essayant de bloquer la solitude et le désespoir au loin. A Azkaban, ça pouvait même le tuer—mais finalement, il y eut une réponse, et la voix rêche murmura:

"Frank."

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"Vous comprenez bien que c'est une trop putain de coïncidence pour y croire, James."

James s'affala dans le confortable fauteuil en cuir en face du bureau de sa supérieure. "Ouais," il haussa les épaules. "Probablement."

"Probablement, mes fesses!" cracha Arabella. "D'abord, nous avons Sirius Black revenu de la mort—miraculeusement évadé d'Azkaban dans des circonstances qu'il ne peut même pas expliquer totalement. Deuxièmement, nous avons Peter Pettigrew qui se découvre soudain et simultanément, redresse le dos et sa conscience, et décide qu'il ne veux plus être un Mangemort. Vous ne pensez pas que cette série d'évènements est autre chose qu'étrange?"

"Non," dit doucement James. "Mais je sais que c'est vrai."

"Ecoutez, je sais que ce sont vos amis, mais vous devez regarder ça avec objectivité." La voix d'Arabella était devenue douce et gentille, et James la haïssait quand elle faisait ça. Ca lui rappelait sa mère.

"Avec objectivit ?" répéta t-il. "Laissez-moi essayer d'être objectif : est-ce que beaucoup de gens savent que je suis Animagus?"

Elle fronça les sourcils, incapable de voir le lien. "Une poignée. Pourquoi ?"

"Huit, pour être exact. Vous, moi, Dumbledore, Lily, Harry, Remus, Peter, et Sirius," répondit James. "Bon sang, vous ne savez même pas quand je le suis devenu, n'est-ce pas?"

"Non." Arabella le regarda avec suspicion. "Venez-en au fait."

"En cinquième année à Poudlard. Moi, Peter, et Sirius sommes devenus Animagi pour être avec Remus lors de ses transformations. Peter s'est fait enregistré, mais le nombre de gens qui savait pour Sirius est même moindre, et vous ne pouvez pas imiter un grand chien noir qui a l'apparence d'un Sinistros."

"Nous avons bien établi que c'est lui. Ca n'est pas le problème."

James soupira et essaya de ne pas avoir l'air trahi. Ses soucis étaient justifiés, quoi qu'il les haïsse. "Vous pensez que Voldemort l'a brisé."

"Qu'est-ce que je peux penser d'autre ? Vous et moi savons tous deux ce que cet endroit fait aux gens et aucun ne s'est jamais évadé d'Azkaban—personne en deux cents ans! Et après une décennie dans les mains de Voldemort, dont probablement cinq à Azkaban, aucun sorcier ou sorcière ne pourrait faire autre chose que craquer. Regardez ce que deux semaines ont fait à Dung, James."

"Sirius n'a pas craqué," répliqua t-il avec entêtement.

"Comment le savez-vous ?" le défia t-elle. "Comment pouvez-vous en être sûr? Je ne peux simplement pas croire qu'il est pu s'enfuir de cet endroit sain d'esprit et libre. Pourquoi maintenant? Et pourquoi lui?"

"Je ne peux pas répondre à ça mais je le connais, 'Bella," dit James, essaya de contenir ses nerfs. "Je connais Sirius comme je me connais moi-même. Je sais qu'il a dit la vérité."

Elle fronça les sourcils. "C'est votre ami. Je comprends pourquoi vous voulez le croire, mais—"

"Mais quoi ?" fit-il en écho. "Si vous aviez regardé une seule fois dans ses yeux, vous sauriez qu'il n'est pas sorti d'Azkaban indemne. Je n'ai jamais vu quelqu'un si hanté ou si blessé par ce qu'ils lui ont fait. Vous ne pouvez pas manquer la souffrance dans ses yeux, ou la détermination qui l'a mené à Poudlard—il n'en parlera même pas, mais je suis sûr que ça a dû être un enfer. Il en est presque mort, 'Bella, et Voldemort ne lui aurait certainement pas fait ce qu'il a fait s'il voulait qu'il soit capable de bouger."

James prit une profonde respiration avant de continuer. "Ajoutez à ça que Voldemort veut le capturer plus que tout—ce que nous avons appris par Peter et Rogue—et l'évidence devient insurmontable. Dumbledore le croit, lui aussi

"Très bien, alors," soupira son ancien Mentor. Elle n'était pas contente, mais encore une fois, James savait qu'Arabella n'avait pas survécu près de quinze ans au Département d'Application de la Loi Magique en étant confiante et sans prudence. Ses instincts étaient généralement justes dans des situations comme celle-ci —mais pour une fois, James était heureux de savoir qu'elle avait tort. "Albus est en train de parler à Pettigrew en ce moment, n'est-ce pas?"

"Oui."

Elle se rassit, insatisfaite. "Alors je suppose que nous n'avons qu'à attendre."

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"Que puis-je faire?" demanda Peter.

Dumbledore arqua un sourcil argenté, mais Peter trouva difficile de rencontrer ses yeux. De nouveau, il n'avait pas été capable de faire cela depuis qu'il était entré dans le bureau du ministre plus d'une heure avant. Ce regard  intelligent était déconcertant. "Que voulez-vous dire, Peter ?"

Il laissa échapper un soupir timide. "Je sais que je ne suis pas le plus puissant ou le plus courageux des sorciers au monde," dit doucement Peter. "Mais je veux aider. J'ai fait tellement de mal… Je veux juste faire ce qui est bien. Je veux aider." Il hésita. "Si vous m'y autorisez."

"Si je vous y autorise ?" répéta doucement le vieil homme.

Peter put seulement hausser les épaules.

"Pourquoi ne le ferais-je pas?" répondit gentiment Dumbledore. "Je pense que vous n'arrivez pas à reconnaître le bien que vous avez déjà fait, Peter. Bien que vous ne le réalisiez peut-être pas, vous avez montré un courage exceptionnel en trompant Lord Voldemort. Durant ces douze dernières années, vous l'avez peut-être suivi avec votre esprit, mais pas votre âme. En restant de bonne foi avec vos amis, vous êtes aussi restez loyal envers l'Ordre, et ne lui avez rien dit qu'il ne pouvait apprendre par d'autres sources.

"Donc bien sûr que j'accepte votre aide," continua le Ministre. "Mais je dois vous demander si vous avez conscience des risques que vous aller prendre."

Peter déglutit. "J'en ai conscience."

Et pour une fois dans sa vie, il le savait. Des heures et des heures à y penser l'avaient mené à cette conclusion—des années, vraiment, s'il on le considérait de cette façon. Ce choix serait également le sien, et cela le maudirait sûrement, mais au moins c'était le bon. Finalement, après avoir suivi les mauvais chemins pendant plus de douze ans, il avait trouvé le seul qu'il voulait vraiment suivre. En regardant en arrière, sa décision semblait si stupide, si naïve—mais il ne pouvait changer ça, à présent. Il pouvait seulement marcher en avant avec la tête haute, et ne plus jamais regarder en arrière.

"Alors dites-moi ce que vous aimeriez faire," répliqua Dumbledore.

"Ce que vous aurez besoin de me demander." Il lui fallut un effort, mais Peter le regarda dans les yeux. Voyant une légère surprise sur le visage du vieil homme, il essaya de clarifier: "J'ai tellement à faire pour—"

"Ne parlons pas de ça."

Peter fronça les sourcils. "Pourquoi pas   ? C'est vrai, et je le sais. Je ne comprend même pas pourquoi mes amis m'ont pardonné…" Il déglutit. "Mais je veux mériter leur confiance. Votre confiance. Je sais que ça prendra du temps, mais je suis prêt à faire ce qui est nécessaire."

"Et vous prétendez ne pas avoir de courage, Peter ?" pouffa gentiment Dumbledore. "Comment appelez-vous ça, alors?"

"Du regret."

Le Ministre soupira. "Très bien. Le choix, toutefois, ne tiens qu'à vous. D'un côté, vous pouvez continuer comme d'autres avant vous, comme espion du cercle de Voldemort, réunissant des informations et les ramenant à l'Ordre. Ou d'un autre côté, vous pouvez choisir une voix plus dangereuse."

"Plus dangereuse ?" Le cœur de Peter battait fort. Quelque part dans sa tête, il ne pouvait imaginer quelque chose de plus dangereux que d'être un espion, mais quelque chose dans la voix de Dumbledore lui dit qu'elle existait certainement.

"Vous pouvez renoncer au Seigneur des Ténèbres."

Quelque chose explosa en Peter. Soudain, il sentit la respiration lui manquer. "C'est possible ?"

"Avec une grande dose de courage, je le crois." Dumbledore posa une main affectueuse sur son bras. "Je ne crois pas avoir besoin de vous dire les risques que cela implique, Peter—et souvenez-vous, c'est à vous de faire le choix. Je peux choisir pour vous. Personne ne le peut."

La libert. Le mot s'envola dans l'esprit de Peter sur les ailes d'une prière. Pendant un moment, il se permit de se vautrer dans ce fantasme—la libert. Que ressentait-on à être libéré du contrôle de Voldemort ? Pouvait-on vraiment être de nouveau maître de son destin ? Il pouvait difficilement rêver de ne plus jamais répondre à la brûlure de la Marque des Ténèbres—toutefois la pensée de la marque le ramena immédiatement sur terre. Elle pouvait ne jamais cesser de le brûler, il le savait, jusqu'à ce que Voldemort soit vaincu. Et avec la trahison, il suspectait que la brûlure serait encore pire. La trahison, il le savait, signifiait très certainement sa mort—mais cela ne voulait-il pas dire aussi la liberté ? Et ne valait-il pas mieux mourir libre que de vivre en esclave ?

Pourtant, bien qu'intoxiqué par l'idée de liberté en lui, Peter savait que cela n'aiderait pas la cause de l'Ordre. Oui, cela le libérerait de ses choix insensés (probablement pour en faire de plus insensés, mais au moins ce seraient des décisions honnêtes, à présent), mais sa propre liberté avait peu d'importance quand il comparait ça au reste du Monde Magique. Il était venu ici pour donner de l'aide, pas pour en recevoir pour lui-même.

Soudain, une idée lui vint. Sa liberté ne servirait à rien, à moins que…

"Et si je le faisais en public?" demanda Peter sur une impulsion.

Dumbledore, il le vit, eut la grâce de paraître surpris. Ou peut-être le vieil homme était-il vraiment surpris. Avec lui, c'était difficile à dire. "Que voulez-vous dire?"

"Je peux renoncer en public à Vous- Sav—Voldemort," expliqua Peter. Une seconde idée, ça ne semblait pas être une bonne idée—mais au moins c'était une bonne idée. Son cœur battait comme les vagues de l'océan à ses oreilles. "Je pourrais prouver que c'est possible. Peut-être, combiné avec l'évasion de Sirius, les gens réaliseront qu'il n'est pas invincible… Ca pourrait aider, pas vrai?

"En effet, ça pourrait." Les yeux bleus de Dumbledore pétillaient. "Mais êtes-vous sûr de vouloir le faire?"

Depuis les profondeurs de son âme oubliée, Peter répondit sans hésitation. "Oui. Je le suis."

Le journal tomba sur le plateau qui contenait son repas, manquant de peu son pudding. Sirius leva les yeux avec curiosité du lit d'hôpital qu'il occupait de nouveau (Pomfresh avait menacé de l'attacher après avoir entendu ce qui s'était passé au petit déjeuner), remarquant immédiatement que le visage de Remus était plutôt sombre.

"C'est sorti," dit le directeur avec amertume, poussant finalement  Sirius à jeter un oeil à l'exemplaire de La Gazette du Sorcier devant lui.

SIRIUS BLACK S'EVADE D'AZKABAN

par Eric Dummingston, Envoyé Special

Le 12 Novembre1981, Sirius Black, Auror bien connu, fut capturé par les agents de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. A cette époque, il servait de Gardien du Secret à James et Lily Potter, et à leur fils de dix-huit mois, Harry, grâce à l'immensément compliqué  Sortilège de Fidelitas. Comme beaucoup d'autres capturés par les Mangemorts, il a été présumé mort. Dix ans plus tard, il s'est évadé de la Forteresse d'Azkaban.

Autrefois prison de haute sécurité du Ministère de la Magie, d'où il était impossible de s'évader, Azkaban est devenu le repaire de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom  il y a cinq ans. Depuis lors, beaucoup de mages et de sorcière du côté de la lumière ont été emprisonnés en ces murs, mais aucun n'avait pu s'échapper—jusqu'à maintenant.

Peut-être, Black est-il devenu un nouveau mot pour espoir.

Bien que cette prouesse semble impossible, des sources indiquent que Black est parvenu à trouver un chemin jusqu'à l'Ecole de Sorcellerie de Poudlard après son évasion. Les rapports  sont fragmentaires pour l'instant, mais il a apparemment déjà reçu de prestigieux visiteurs, allant de James et Lily Potter au Ministre de la Magie lui-même. Les rumeurs le disent dans une condition presque critique pour le moment, mais tous les signes suggèrent qu'il n'est pas sous le contrôle ou le conditionnement du seigneur des Ténèbres.

Bien que ce la semble peu probable pour beaucoup, les faits doivent d'abord être confirmés.  Avant sa capture, Sirius Black était peu-être l'étoile montante de la Division des du Ministère, formé par le légendaire Maugrey Fol-Œil  et réputé pour être le meilleur de sa génération, qui comprend même l'actuel directeur de la Division des Aurors, James Potter. Même s'il reste à  voir comment une décennie dans les mains des Mangemorts a affecté Black, il a apparemment conservé  assez de pouvoir et de prévoyance pour s'évader de la forteresse que le Seigneur des Ténèbres voulait que le monde pense imprenable.

Nous avons grandement besoin de sorciers de ce genre dans le Monde Magique ces dernières années, et il y en a certainement beaucoup qui regarderons Black comme un héros, et avec ce  qui semble de bonnes raisons. Son exemple est peut-être enfin la preuve de ce qu'avance le  Ministère depuis quelques temps; Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom n'est pas  tout puissant. Dans cette sombre époque, il est bon de se rappeler que la lumière existe de temps en temps, et cette évasion miraculeuse semble en avoir donner assez pour beaucoup.

Sirius Black est le dernier membre survivant de l'une des fameuses Quatorze Familles, les plus anciennes et les plus puissantes du Monde Magique. Son jeune frère, Regulus Black est mort dans des circonstances douteuses en1981. Ni Poudlard, ni le Ministère n'ont souhaité faire de commentaires.

Les gros titres attirèrent également l'attention d'autres personnes.

Elle les regardait avec des yeux gris insondables, et Severus eut le bon sens de la laisser le lire plusieurs fois avant de même essayer de parler. Julia ne voudrait pas l'entendre avant, de toute façon, et il était prêt à attendre. Elle était son amie, après tout, et il savait combien cela devait lui faire mal. Même son animosité pour Black ne l'aveuglait pas pour ça tandis qu'elle se tenait frissonnante et muette devant lui. Finalement, pourtant, il jugea que ça faisait assez de temps.

"Le temps est venu," dit doucement Severus, "où chaque Mangemort doit faire un choix."

"Un choix  ?" répéta tranquillement Julia. Elle était toujours assise à la table de la cuisine de Domus Archipater avec La Gazette du Sorcier étalée devant elle, mais au moins elle regardait dans sa direction.

"Un choix," confirma t-il, s'appuyant légèrement sur le dossier de sa chaise. "A propos du sombre chemin que nous avons parcouru. Nous devons examiner les décisions que nous avons prises, et choisir soit de rester parmi eux—soit de rayer cela pour un nouveau chemin."

Encore plus lentement, Julia étendit le bras pour repousser une mèche de cheveux blonds emmêlés de ses yeux, qui se plongèrent dans les siens. Elle n'était stupide, Severus le savait. Julia comprenait exactement ce qu'il disait. Pourquoi, par contre, elle ne pouvait pas le savoir.

"Et qu'as-tu fait?" demanda t-elle avec précaution.

"J'ai choisi."

Ses sourcils se soulevèrent avec l'air d'attendre ; ses traits étaient froids, mais douleur et trahison dansaient dans ses yeux. "Choisi?"

"Oui," répliqua Severus. Je peux lui faire confiance, se dit-il. Si je ne peux pas, je suis un homme mort. Il se força à laisser souffler sa respiration qu'il n'avait pas remarqué avoir retenue. "Tu te rappelles ce que Dumbledore a dit le jour de mes diplômes, sur choisir entre ce qui était bien et ce qui était facile ? J'ai réalisé qu'il avait raison, et j'ai fait mon choix."

"Mais tu…?" La confusion se peignit sur ses traits. Il savait que ce n'était pas ce à quoi Julia s'était attendue. En fait, ce n'était pas ce qu'il avait prévu. Il n'avait jamais dit la vérité à aucun Mangemort auparavant, n'avait jamais été si stupide. Et Severus connaissait parfaitement les conséquences si Julia n'était pas digne de confiance, connaissait la souffrance et la mort lente à laquelle il devrait faire face—mais il pouvait avoir confiance en elle. Rogue prit une profonde inspiration et la sentit trembler dans sa poitrine. Il le devait.

"Je suis un Mangemort, oui. Et j'espionne Voldemort depuis treize ans."

Elle bondit sur ses pieds tandis que ses articulations blanches agrippaient le dossier de sa chaise qui formait maintenant un mur infranchissable entre eux. Toute prétention de froideur avait disparue, aussi, et Julia le regardait avec des yeux qui était écarquillés sous le choc et—oui, admet-le, Severus—par la trahison.

"Tu quoi?" demanda t-elle.

"J'ai décidé," dit très précisément Severus, "que faire ce qui était bien était plus important pour moi que le pouvoir." Quelque chose en dans ses yeux blesses le poussait à franchir une ligne qu'il avait seulement frôlé auparavant. "J'ai choisi une autre voie, pour—pour la première fois dans ma vie—protéger les autres au lieu de les maltraiter. Ca ne compensera jamais ce que j'ai fait, mais je suis prêt à sacrifier cœur et âme, si nécessaire, pour essayer."

Il y eut un long moment de silence suivant la confession qu'il n'avait fait qu'une seule fois avant, et c'était dans des circonstances différentes. Sa vie était entre ses mains, et ils le savaient tous deux. Finalement, Julia parla d'une voix respectueuse et intimidée. "TU as espionné le Seigneur des Ténèbres pendant treize ans ?"

"Presque, oui." Il la regarda dans les yeux. C'était le moins qu'il puisse faire.

"Mais pourquoi…?"

"Je ne suis pas fou au point de prétendre que ça me plaisait," répliqua honnêtement Severus. "Je suis devenu fatigué de mentir, même à moi-même. Je ne pouvais me délecter de la mort et la souffrance plus longtemps. Je devais agir, ou devenir fou."

Elle le regarda, le lut, le jugea—et pour une fois, Severus se demanda ce que vit Julia jusqu'à ce qu'elle regarde ailleurs. Elle avait toujours été l'une des quelques personnes qui avait connu le véritable Severus Rogue, mais désormais elle voyait une partie de lui qu'elle n'avait jamais réalisée. C'était l'âme qu'il prétendait ne plus avoir depuis longtemps, et c'était étrange de le comprendre. La voix de Julia était très faible quand elle parla, mais ses mots n'étaient pas ceux qu'il avait prévu après une si longue hésitation.

"Tu devais être très seul," dit-elle.

Il cilla, puis haussa les épaules. "Quelqu'un devait le faire."

"Mais tu vas probablement mourir." Ses yeux fouillaient son visage, le suppliant de lui prouver qu'elle se trompait. Cependant, il n'y parvint pas.

"Ca en vaut la peine."

Julia se rassit, regardant de nouveau les gros titres de La Gazette du Sorcier. "Vraiment  ?"

"Oui," il hocha la tête.

"Tu me le dis parce que tu veux que je fasse la même chose," déclara platement Julia. "Pourquoi  ? Qu'est-ce qui te fait penser que je voudrais le faire ?"

"Je ne suis pas aveugle, Julia." Très gentiment, Severus posa ses mains sur ses épaules et fut très heureux quand elle ne le repoussa pas. "Tu crois que je n'ai pas remarqué les larmes dans tes yeux quand tu as appris qu'il était vivant? Tu penses que je n'ai jamais su que tu l'aimais ? Et tu n'as pas rejoint Voldemort pour les mêmes raisons que moi. Tu n'as jamais recherché le pouvoir. Tu voulais simplement te venger du monde pour te l'avoir arracher."

Elle laissa échapper un très petit soupir qui sonnait étrangement comme un léger sanglot, mais Severus n'aurait jamais osé faire la comparaison. Julia se força à rire. "Tu le détestes."

"Et alors  ? Ca ne change pas ce que tu es, et tu es toujours mon amie." Même quand tant d'autres ont prouvé le contraire.

"Que vais-je faire ?"

Il s'approcha pour s'agenouiller à son côté, gardant sa main droite sur son épaule gauche. "Que veux-tu faire ?"

Il y eut hésitation, le moment inavouable de peur et de doute. Julia se mordit brièvement la lèvre, l'attrapant entre ses dents de devant comme si elle retenait ses émotions, mais quand elle leva les yeux sur lui, ses yeux gris étaient clairs. Ils rencontrèrent ceux de Severus sans flancher, et devinrent froids.

"Je veux me venger," dit-elle simplement.