Promesses tenues
Disclaimer. JKR inspira Robin4, Fénice s'enthousiasma et traduisit, Alana lui porta main-forte – cette semaine elle est en vacance – alors Alixe a bien voulu la remplacer
Ainsi continue la légende…
Lexyann... Qui est Julia? C'est le bon chapitre pour demander ça ! (Ca vaut aussi pour Ana)
Tsukiyo... Merci... Oui je finirais cette traduction... Juré.
Et pour ceux qui hurlaient la suite, la voilà, la voilà... Est-ce que vous vous rendez compte que j'ai updaté mes TROIS fics cette semaine ? Vous habituez pas trop….
Chapitre vingt-huit: Ombres et poussières
Onze ans plus tôt, si quiconque lui avait dit où elle serait aujourd'hui, Julia l'aurait traité de fou. Neuf ans plus tôt, si quelqu'un s'était aventuré à prédire ce qu'elle était en train de faire maintenant, elle se serait moquée de lui. Jamais, aurait-elle dit, jamais elle ne serait assez stupide pour espionner le Seigneur des Ténèbres.
Et pourtant elle en était là. Elle avait saisi l'opportunité ouverte par l'un de ses plus vieux et plus chers amis. Elle avait été incapable de l'ignorer. Sous la pression de Severus Rogue, elle avait déjà rencontré en secret Albus Dumbledore. Julia Malefoy était maintenant une vraie espionne au service de l'Ordre du Phénix. Deux jours plus tôt, elle avait pris pied sur cette route mortelle que quelques-uns uns avaient déjà empruntée. Les risques de mort, elle le savait bien, étaient plus qu'élevés. Pourtant elle l'avait choisi, non par un retour de conscience mais à cause d'un homme.
Julia ferma les yeux et essaya de calmer son coeur emballé. Mais ces efforts restèrent vains. Elle ne pouvait sortir son visage de sa tête.
Rencontrer Sirius Black avait été la meilleure chose qui ne lui soit jamais arrivée. Sa mort avait sans doute été la pire. Elle l'avait bien sûr connu bien longtemps avant de le rencontrer. Quel Serpentard pouvait ignorer l'existence du quatuor de fauteurs de trouble de Gryffondor ? Elle avait joué au Quidditch contre lui sans pour autant lui parler jusqu'au jour où elle avait failli lui exploser la tête avec un Cognard. Elle ne s'était pas excusée bien sûr (elle était bien une Serpentard et les batteurs connaissaient les risques) mais elle avait eu la surprise de voir Black s'arrêter pour la complimenter sur son tir, le jour suivant. Ceci avait sidéré Julia, non pas parce qu'il était un Gryffondor, mais parce qu'il était un Black. Elle était tellement habituée aux préjugés des vieilles familles contre les femmes jouant au Quidditch qu'elle s'était attendue à ce qu'il l'ignore purement et simplement.
Leurs rencontres fortuites commencèrent à ce moment-là – même si elle n'avait jamais pu savoir si seule la chance présidait à leurs rencontres. Une chose en entraînant une autre, ils avaient fini par sortir ensemble. Julia avait eu d'autres relations avant mais dès le début, elle avait su qu'avec Sirius ce serait différent. Seul lui pouvait la faire rire comme cela. Lui seul savait se moquer d'elle d'un sourire et sans pour autant froisser l'honneur des Malefoy. Il s'occupait d'elle comme personne avant lui et était toujours prêt à lui accorder le bénéfice du doute. Sirius ne reprochait jamais à Julia ses amis – en retour, Julia ne critiquait jamais ses amis : un Potter, un sang-pur plus que pauvre et le plus grand peureux de toute l'école. Ce qui comptait plus que tout était qu'avec Sirius elle était elle-même. Avec lui, Julia pouvait laisser tomber la froideur Malefoy, oublier l'importance de la pureté et du sang, de l'argent et du pouvoir. Tout ce qu'on lui avait appris à considérer comme les piliers de l'univers perdaient leur importance, parce qu'elle pouvait rire. Elle pouvait faire des bêtises. Elle pouvait juste être elle-même.
Personne à Poudlard ne s'était vraiment étonné de leur union. Le fait qu'il soit un Gryffondor et elle une Serpentard ne comptait pas vraiment. Il était un Black, elle était une Malefoy. Ceci était plus qu'acceptable et ses parents s'étaient réjouis.
Jusqu'au jour au Sirius avait été diplômé et qu'il était devenu un Auror.
Et son choix lui en avait imposé un autre à elle. Quand Julia reçut son diplôme, un an plus tard, ses parents étaient morts et Lucius était devenu le chef de la famille. Lucius qui prenait chaque jour plus de pouvoir auprès du Seigneur des Ténèbres grâce à des manoeuvres brutales et des intrigues brillantes. Face à lui, Sirius apparaissait comme l'un des Aurors les plus prometteurs de sa génération et figurait déjà très haut sur la liste des hommes à surveiller chez les Mangemorts. En quittant Poudlard, elle avait dû choisir un camp.
Elle avait choisi Sirius.
Ca n'avait pas été facile pour elle de ne pas suivre Lucius. Mais elle s'était appuyée sur le fait que ce n'était pas son choix. Julia n'avait jamais révéré le pouvoir. Elle avait toujours voulu être un archéologue magique. Les ténèbres ne l'avaient jamais fascinées comme les découvertes archéologiques le faisaient. Elle avait étudié dur simplement parce qu'elle le voulait – et non parce que ses parents avaient estimé que c'était une bonne occupation pour une jeune sorcière. Elle avait joué au Quidditch parce que ce sport lui permettait d'être elle-même et que c'était un autre moyen de prouver qu'elle pouvait décider de sa vie. Julia avait toujours été farouchement indépendante, Malefoy ou pas et suffisamment Serpentard pour ne pas sacrifier ses propres désirs à ceux de sa famille. Lucius avait décidé de la tolérer tant qu'elle resterait neutre. Julia s'en était fichue.
Mais tout avait changé avec la capture de Sirius. Elle ne pourrait jamais oublier le jour où Remus Lupin s'était présenté à sa porte, pâle et désolé. Il n'avait même pas eu à lui dire, elle avait tout de suite compris. Et pendant les dix années suivantes elle avait cru que Sirius était mort.
A un moment, elle ne savait plus quand, elle était devenue Mangemort. Comment n'avait plus vraiment d'importance. Elle avait cessé de s'intéresser à qui gagnerait cette guerre le jour où Sirius était mort. Julia avait dû de nouveau choisir un camp. Cette fois, elle avait choisi sa famille, parce qu'il n'y avait simplement pas d'autre issue pour une Malefoy. Jusqu'à aujourd'hui. Cette fois, la colère l'avait guidée. La colère contre le Seigneur des Ténèbres qui avait jeté dix années Sirius en enfer, la colère contre son frère qui avait su mais lui avait menti, la colère contre elle-même qui n'avait jamais compris. Tout cela avait compté. Ce n'était pas une affaire de conscience. Julia n'avait rien du Mangemort classique. Elle ne participait que de loin au culte du Seigneur des Ténèbres. Il lui pardonnait parce qu'elle était utile ailleurs, à creuser les ruines et à vivre la vie d'une respectable archéologue. Voldemort s'était toujours intéressé aux objets de magie noire des civilisations anciennes. Et Julia lui en avait apporté beaucoup. Quand elle devait tuer, elle le faisait vite et essayait vite d'oublier. Le bien, le mal, avait-elle depuis longtemps décidé, n'y jouait aucun rôle.
Une partie d'elle-même était bien consciente qu'elle perdait à chaque fois, un peu plus d'elle-même. Mais cette décision-là était bien la sienne et elle était prête à en assumer toutes les conséquences sans faiblir. Et c'était une bonne chose à faire. Même si l'ancienne flamme s'était peut-être éteinte. Même si Sirius ne voudrait sans doute plus jamais la voir. Au moins devrait-elle le remercier de lui d'avoir rendu cela possible. J'ai choisi, pensa-t-elle avec calme alors qu'elle ajustait son masque. Je ne pourrais m'en prendre qu'à moi-même. Ca faisait des années qu'elle n'avait pas pu penser cela sans se mentir à elle-même. Severus avait raison. Ca faisait du bien de choisir, même si ça pouvait être mortel.
Julia s'avança rapidement, passant les portes de chêne qui menait à la salle du trône de Voldemort. Au bout d'une longue allée se tenait le mage noir le plus craint de toute l'histoire du monde magique. Il était seul, ce qui était en soi surprenant. Ces derniers temps, Lucius s'était tenu presque constamment à ses côtés. Une onde de crainte descendit la colonne vertébrale de Julia mais elle la repoussa. Elle savait qu'elle n'avait pas pu être trahie. Si ce moment devait être celui de son exécution, les autres Mangemorts auraient été là, elle le savait. En marchant, Julia releva son masque. Elle savait que Voldemort aimait voir le visage de ses partisans, sans doute pour mieux pouvoir utiliser ses capacités de Légimencie. Julia s'interdit de respirer trop profondément. Si un moment était risqué, ça serait bien celui-là. Etre seule avec le Seigneur des Ténèbres allait lui imposer de réveiller ses vieux restes d'occlumencie. Pour la première fois de sa vie, elle était sincèrement heureuse que Severus l'ait convaincue d'étudier cet art avec lui quand elle était en cinquième année – au moment où tous semblaient la prendre pour une jolie oie blanche et sans cervelle. Elle ne s'était jamais vantée d'en être capable et ça aussi, elle ne pouvait que s'en féliciter aujourd'hui.
« Mon Seigneur » dit-elle doucement en s'agenouillant devant lui.
« Julia » siffla la voix glacée. « Levez-vous ».
Elle obéit et attendit patiemment qu'il lui dise pourquoi il l'avait appel ? Elle ne s'était pas attendue à cet appel Julia était prête à partir une fois de plus pour l'Amérique latine et, bien qu'elle cherchait des raisons de repousser son départ, elle n'avait pas compté sur Voldemort pour lui en fournir une.
« Je suis sûr que vous avez appris l'évasion d'une de vos anciennes relations » dit brusquement le Seigneur des Ténèbres, prenant Julia par surprise.
Elle dompta la colère qui menaçait de l'emporter. La colère de sa voix la surprenait.
« Oui, Mon Seigneur »
« Bien » siffla Voldemort plus doucement. Dans le silence qui suivit, Julia fut tentée de demander pourquoi mais elle se retint. Il finit par reprendre. « J'ai une mission pour vous ».
« Comment pourrais-je être utile, Maître ? » Son coeur battait dans sa poitrine. S'il attendait d'elle qu'elle...
« Vous allez trouver Sirius Black », ordonna le Seigneur des Ténèbres. « Vous allez reprendre vos relations, prétendre que vous avez changé d'avis en le sachant vivant. Par lui, vous collecterez des informations pour moi. Quand le temps sera venu, je vous demanderai de me livrer Black. Avez-vous compris ? »
L'estomac de Julia eut un spasme si violent qu'elle crut qu'elle allait vomir. Il lui offrait la meilleure des couvertures que puisse rêver un espion mais il lui demandait aussi de trahir Sirius. La tête lui tourna et elle dut lutter pour la vider et garder un visage impassible. Croit-il vraiment que je puisse trahir quelqu'un que j'aime ? - se demanda-t-elle éberluée. Est-ce plus compliqué que cela ? Est-ce un piège ? Non, se répondit-elle. Il croit que je vais trahir Sirius tout simplement parce qu'il ne sait pas ce qu'est l'amour. S'il y a bien une chose qu'il ne comprend pas, c'est le coeur humain.
« Oui, mon Seigneur » répondit-elle avec douceur. « Je comprends très bien. »
« Et il n'y aura pas de conflits d'intérêt ? » insista Voldemort.
« Bien sûr que non, Maître » répondit immédiatement Julia. « Mon coeur est tout entier à votre cause. »
Le Seigneur des Ténèbres sourit et la congédia. En sortant de la salle du trône, Julia dut lutter contre l'envie de sourire. Severus, décida-t-elle, allait être fier du sarcasme contenu dans sa dernière réplique.
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Les médias étaient frénétiques. L'article sur Pettigrew avait paru le matin même en exclusivité pour la Gazette des Sorciers et signé du célèbre Eric Dummington. On annonçait maintenant une conférence de presse avec le célèbre évadé d'Azkaban, Sirius Black. La conférence devait avoir lieu dans une pièce spéciale du Ministère de la Magie et avait été organisée, disait-on, par le non moins célèbre Albus Dumbledore lui-même. Des reporters de tous les grands journaux étrangers se pressaient pour avoir une place et la salle plus que grande se révélait trop petite. Mais personne ne se plaignait. Depuis son évasion, Sirius Black avait, à chaque fois, refusé toute interview, toute photographie et même que ses propos soient cités. Mais il semblait aujourd'hui que quelque chose avait changé.
Dans une pièce adjacente, deux personnes discutaient. La première marchait de long en large avec nervosité alors que l'autre restait assise sans bouger sur une vieille chaise de bois décrépie.
« Je continue à penser que c'est une mauvaise idée » se plaignait James, s'arrêtant de marcher juste pour dévisager Sirius.
«Qu'est ce que tu n'aimes pas ? » demanda Sirius.
« Toute cette idée à toi et à Remus » cracha James. « Qu'a-t-elle d'intéressant ? » En voyant son ami hausser les épaules pour toute réponse, James sentit ses nerfs se tendre. « C'est exactement l'endroit pour une embuscade de Mangemorts ».
«Au Ministère ? Allez, James, ça va ! » Sirius leva les yeux au ciel. «Personne ne va réussir à s'introduire, surtout avec le Projet Gardien qui marche et la douzaine d'Aurors que tu as mis dans les lieux. »
James grogna. «Je continue de ne pas aimer».
«On ne peut pas dire que j'adore, moi non plus» reconnut son ami sans apparemment perdre son calme.
« Pourquoi alors te prêter à un truc pareil ? » explosa James.
Sirius leva les yeux vers lui et lui répondit d'une voix dure.
« Et bien, pour commencer, James, je suis plutôt en colère contre cette chauve-souris menteuse »
James n'eut pas besoin de demander qui était la chauve-souris menteuse. Rita Skeeter s'était clairement attaquée au mauvais sorcier.
« Deuxièmement, je ne vais pas passer le reste de ma vie à voir chaque personne que je suis appelé à rencontrer se demander si je suis fou ou non. Ou se demander si j'ai réussi à surmonter ce qui c'est passé à Azkaban. »
« Tu n'es pas prêt pour un truc pareil, Sirius », plaida James doucement, détestant ce qu'il disait mais sachant qu'il avait pourtant raison.
« Je sais » répondit Sirius. «Mais, parfois, la guerre est comme ça, n'est-ce pas ? On doit faire des choses pour lesquelles on n'est pas prêt. Voldemort ne va pas attendre que je sois prêt. Je dois riposter et je commence aujourd'hui. »
James se laissa brusquement aller contre le mur le plus proche.
« Je sais ».
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«Mesdames et Messieurs, bienvenus au ministère de la Magie» dit avec chaleur Clifford Meadows, le secrétaire de l'information du Ministère. Grâce à un puissant sortilège Sonorus, la voix avait explosé dans la pièce ronde, forte et claire. « Le Ministère voudrait vous remercier d'être aussi nombreux à être venus aussi rapidement. Sans attendre davantage je vais vous présenter Sirius Black ».
Quelqu'un aurait alors pu jeter une enclume sur le sol, il aurait été ignoré malgré le silence qui était tombé sur la salle. Tous les yeux étaient rivés sur le jeune sorcier aux cheveux noirs qui entra sur l'estrade. Tous le jaugeaient sur la foi de l'article de Skeeter. Il boitait bien un peu, soulageant sa jambe droite et il restait clairement maigre. Mais nul ne pouvait douter de la confiance qui émanait de sa démarche et des yeux brillants qui illuminaient un visage à peine tiré. Ses cheveux noirs mi-longs étaient propres et tombaient avec une sorte d'élégance nonchalante, son bouc était nettement coupé. Seules quelques rides autour des yeux et quelques kilos en moins le séparaient de l'image que beaucoup avait encore du Sirius Black connu une décennie plus tôt.
«Merci d'être venu». Sa voix calme portait sans effort, amplifiée bien que personne ne l'ait vu lever sa baguette. « C'est ma première conférence de presse et j'espère que vous excuserez mon coté abrupt. Je suis prêt à répondre à quelques questions mais je voudrais d'abord vous demander d'écouter une petite déclaration que j'ai préparée. » Son menton se leva et ses yeux parcoururent l'assemblée de sorciers et de sorcières devant lui.
« Récemment, certains individus ont cru bon de reproduire des mensonges à mon sujet et d'en attribuer d'autres à mes amis. Je suis ici aujourd'hui pour mettre fin à cette histoire. » Black s'arrêta et bien des reporters laissèrent leur regard dériver vers Rita Skeeter pour voir comment elle réagissait. Comme d'habitude, elle se contenta de sourire et tapota sa plume de l'un de ses ongles verts manucurés.
«Mesdames et messieurs, vous connaissez mon histoire. J'ai été prisonnier pendant dix ans dont cinq ans à Azkaban. J'ai dû supporter des choses que vous n'êtes sans doute pas prêts à croire, même si je vous les racontais moi-même. J'ai pourtant survécu. Je ne suis pas fou. Un fou n'aurait pas pu s'enfuir d'Azkaban.
Je ne suis pas celui qu'on vous a décrit. Je reconnais que je souffre de cauchemars – comme toute personne étant restée un certain temps près de Détraqueurs. Je reconnais que cette expérience m'a sans doute changé. Mais je ne suis pas fou et je ne suis pas prêt à m'écrouler sous la pression. Depuis que j'ai dix-sept ans je suis engagé dans cette guerre d'une manière ou d'une autre ». Ses yeux bleus lancèrent des éclairs. « Et ne vous y trompez pas, je ne suis pas prêt à m'arrêter. Quoiqu'il arrive, je me battrais contre Voldemort. »
Le silence était total. L'assemblée des reporters ne pouvait pas croire que Sirius Black, prisonnier pendant dix ans de Celui-dont-on-doit-pas-dire-le-nom, osait ainsi dire son nom à voix haute. Tant avaient peur de le faire, mais l'homme qui avait dû supporter cette horreur pendant dix ans, le faisait.
Il était peut-être fou, à moins qu'il n'ait un type de courage qu'ils n'étaient pas habitués à voir.
Black les laissa pendant un long moment dans ce silence, laissant ses paroles se graver dans leur esprit. Il reprit alors d'une voix plus calme. « Pour terminer ma déclaration, je vais maintenant prendre vos questions. »
Un autre silence dura le temps d'un battement de coeur. La pièce explosa presque ensuite. Les reporters essayèrent d'attirer son attention en hurlant, agitant leurs bras certains osèrent même lancer des étincelles avec leur baguette. Les quelques excités qui avaient essayé cela furent vite calmés par la douzaine d'Aurors qui contrôlaient la salle. Toute autre tentative fut vite découragée par la promesse d'une expulsion immédiate au prochain qui utiliserait la magie. Il ne s'agissait pas seulement de faire respecter l'ordre. Les Aurors étaient clairement là pour protéger Sirius Black et étaient dirigés par nul autre que James Potter lui-même – qui se tenait calmement dans le fond de la salle. De tous les Aurors, il était le plus prêt de Black et beaucoup de journalistes se souvinrent qu'ils étaient des amis proches.
Black finit par désigner une sorcière qui ressemblait à un saule pleureur elle le remercia d'un sourire éblouissant avant de parler. « Belinda Caldrum, Le Prophète du Dimanche » se présenta-t-elle. « Maintenant que vous êtes libre, qu'allez-vous faire, M. Black ? »
« Comme la plupart d'entre vous le savent, j'étais un Auror » répondit-il. « J'ai discuté ce projet avec le Chef de la division et je pense réintégrer cette fonction. »
« Mais ne pensez-vous pas avoir déjà fait plus que votre part ? » demanda Caldrum.
« Ce n'est pas une guerre où l'on peut simplement 'faire sa part' », répondit Black. « Et je ne suis pas du genre à me contenter de regarder ».
« Que pensez-vous de cette rumeur qui veut que le Ministère ne vous croit pas ? » cria un sorcier.
« Si de telles rumeurs sont fondées, personne n'a encore osé me le dire en face. » Il sourit froidement. Une lueur presque dangereuse passa rapidement dans ses yeux mais elle ne dura pas assez pour que les sorciers et sorcières assemblées puissent en être sûrs. Il désigna une autre sorcière.
« Doris Macintosh, Sorcière Hebdo, » dit-elle immédiatement d'une petite voix flûtée. « Je suis sûre que beaucoup de sorcières se demandent si vous avez en ce moment une quelconque relation amoureuse. Y a-t-il quelqu'un de particulier dans votre vie, M. Black ? »
Black eut un petit sourire en coin qu'aucun photographe ne laissa passer. « Non... pas pour l'instant ».
« Eric Dummingston, La Gazette du sorcier,» se présenta un autre reporter. « En tant qu'observateur indépendant, comment qualifierez-vous les chances du Ministère dans cette guerre ? ».
« Je pense qu'ils vont gagner ».
Cette déclaration audacieuse n'impressionna pas Dummington. Il n'était pas le reporter le plus connu du monde magique pour rien. « Pourquoi ? »
« Parce que nous devons le faire, » dit Black sans s'émouvoir. « Et, bien que je sois loin d'être un observateur indépendant, parce qu'il n'estt jamais trop tard. Ne suis-je pas la preuve vivante que Voldemort peut être vaincu ? »
« M. Black, comment pouvez-vous prononcer aussi calmement le nom de Vous-savez-qui après tant d'années passées entre ses mains ? » demanda Albert Addams du Courrier du Sorcier. « Vous n'avez donc pas peur ? »
Le visage de Black se ferma. « La peur est ce qui vous tue à Azkaban. »
« Parlez-nous donc de votre séjour à Azkaban ? »
Tous les yeux se tournèrent vers celle qui venait de parler. Elle sourit plus largement. « Rita Skeeter de la Gazette du Sorcier, » se présenta-t-elle bien que tous l'aient reconnue. Un silence tendu s'installa. Elle ajouta alors : « Comment avez-vous fait pour vous évader ? »
Black avait pâli même si personne ne pouvait dire si cette pâleur traduisait de la peur ou de l'émotion. Il finit par répondre, les dents serrées, ayant visiblement de grandes difficultés à garder son calme.
« J'ai peur » dit-il abruptement, « de ne pas pouvoir répondre à aucune de ces questions. D'abord parce que c'est mon affaire, à moi et à moi seul. Et, bien que ça puisse être intéressant, c'est aussi un secret que je voudrais protéger encore un peu ».
Bien que sa réponse fût polie, le regard acide qu'il lança à Skeeter suffit à la faire frissonner. Incapable de soutenir son regard, la journaliste détourna les yeux, essayant sans succès de conserver son sourire. Au même moment, Black recula sur l'estrade.
« Bonne journée, mesdames et messieurs. Je vous remercie de votre attention. »
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«Bien joué, Patmol,» dit James quand ils furent de nouveau seuls. Ils étaient maintenant dans le quartier général de la Division des Aurors, traversant le grand hall au milieu des regards curieux. « Dommage que Remus ait dû rester à Poudlard ce matin. Il aurait apprécié. »
« Dommage aussi que Peter n'ait pas pu y assister par peur de détourner l'attention sur lui, » ajouta Sirius. La tête lui tournait encore des efforts qu'il avait dû faire pour apparaître calme et posé devant tant d'étrangers. Mais ça avait été plus facile qu'il n'avait pensé. La conférence était nécessaire – sinon il ne s'y serait jamais prêté. Seul le soutien inconditionnel de ses amis l'avait rendu capable d'y faire face.
« Ca va ? »
« Oui, je crois » dit-il. « Ca aurait pu être pire. »
« Oui » reconnut James. « J'ai cru que Skeeter t'avait eu. »
«Je m'attendais à sa question» répondit Sirius avec aigreur. « Cette fois, j'étais prêt ».
C'était bizarre d'être de nouveau dans la Division. Dans le temps, il y passait près de dix-huit heures dans ces lieux, travaillant avec acharnement pour bloquer l'ascension de Voldemort. Il avait parfois travaillé en solo, parfois en duo avec son vieux mentor, Alastor Maugrey. Il avait ensuite fait équipe avec James – et ils avaient provoqué de sacrés remue-ménage ensemble ! Ces souvenirs, même si certains étaient peu agréables, étaient de bons souvenirs. Aujourd'hui c'était des inconnus qui occupaient les bureaux dont il se souvenait. Sirius se sentit bizarrement étranger.
« Bon alors, quand veux-tu commencer ? » demanda soudain James.
« Pardon ? »
« Ton entraînement de remise à niveau » clarifia son ami. « A moins que tu n'aies changé d'avis depuis ce matin. »
« Non. Je n'ai pas changé d'avis, » répondit vivement Sirius. Il haussa les épaules pour s'excuser. « J'avais la tête ailleurs ».
« J'ai vu ».
« Donc dès que vous serez prêts à m'accueillir » répondit-il. Quelque chose en lui regretta alors presque d'avoir décliné l'offre de Remus mais cette idée fut vite repoussée. Il devait se battre, il avait besoin d'en être. Il avait été trop longtemps loin de la bataille.
« Allons par-l ».
James le conduisit dans un bureau de taille moyenne, où une sorcière aux cheveux noirs lisait une pile de rapports. Elle avait les joues roses mais pourtant ses traits montraient une concentration presque sévère. Il fallut que James s'éclaircisse la voix pour qu'elle lève la tête. Elle se mit immédiatement debout.
« Je te présente Hestia Jones. C'est elle qui va s'occuper de ton entraînement de remise à niveau ».
James dit. « Hestia, je vous présente Sirius Black. »
Sirius lui tendit la main. « Enchant ».
« Moi aussi ». Sa poigne était ferme mais ses yeux étaient pleins de doute. Sirius soupira intérieurement. Il supposa qu'il n'était pas près d'en voir la fin. Pourtant ça l'agaçait profondément. Elle pensait clairement qu'il allait falloir beaucoup de travail pour le réintégrer. Il eut un petit sourire. Il allait lui montrer qu'elle se trompait.
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Un coup sur la porte. Arabella Figg leva les yeux de la gigantesque pile de papiers qui couvraient son bureau. Toute distraction était bienvenue.
«Entrez!»
Elle fut surprise de voir entrer Alice Longdubat, une Auror expérimentée. C'était une vieille amie d'Arabella même si leurs plannings respectifs chargés les amenaient à se voir peu.
« Désolée de te déranger, Bella »
« Tu ne me déranges pas » lui affirma Figg. « J'espérais justement une distraction. Assieds-toi ».
Alice s'assit et lui tendit en même temps un épais dossier. « James pense que tu dois jeter un coup d'oeil là-dessus immédiatement. »
Arabella prit le dossier immédiatement et jeta un coup d'oeil au nom écrit sur la tranche. Elle s'étonna de lire «Barthélemy Croupton Junior ». La directrice de la Division de mise en oeuvre de la loi magique lança un regard surpris. « Que se passe-t-il ? »
« Il y a quelques semaines, une lettre anonyme nous a dénoncé le jeune Croupton. D'abord, nous avons cru à une blague mais James a quand même mis un jeune Auror à sa surveillance. Et les faits ont commencé à s'accumuler. J'ai alors pris la suite et j'ai mis une équipe entière en filature pendant vingt et un jours. Les preuves sont là, Bella. C'est un Mangemort ».
« Quoi ? » Arabella sentit que sa bouche s'ouvrait malgré elle. «Le fils de Croupton?»
«Moi aussi, ça m'a étonné. J'ai toujours trouvé que c'était un gentil garçon », répondit Alice. « Mais j'ai tout vérifié et un des gars a même réussi à le suivre jusqu'à une réunion de Mangemorts. Il est l'un d'eux. »
Arabella ferma doucement les yeux. Elle parcourut ensuite rapidement le dossier et les faits s'accumulèrent devant ses yeux. « Ca va être un putain de bordel » dit-elle très calmement.
«Le fils du vice-ministre » renchérit son amie. « Si ça peut te consoler, je ne pense pas que le père soit au courant ».
« Génial ». Elle soupira. Il fallait s'attendre à une campagne de presse acharnée contre le Ministère. C'était la dernière chose dont le ministère avait besoin, le fils d'un des piliers du Ministère choisissant Voldemort. Mais elle croyait Alice. Elle avait toujours été parmi les meilleures.
«Je vais lire tout cela, Alice. Juste pour me convaincre ».
« Je comprends ». Alice sourit. «James a dit de te dire qu'il serait là si tu voulais en parler».
« Merci.»
