Promesses tenues

JKR les créa. Robin4 leur inventa des aventures. Fénice lut et s'enthousiasma. Alana Chantelune décida de l'aider à traduire. Alixe leur prêta ses pouvoirs en script html et orthographe.

Ainsi naquit la légende.

Petite note sur l'Univers de Promesses…

Robin est une fanficteuse prolixe qui a écrit tout un ensemble de fic qu'elle a appelé le Promise Univers. Promesses tenues est le point de départ (encore 13 chapitres à traduire !) mais l'Univers se complexifie de semaines en semaines….

Promesses tenues en est le cœur mais si vous l'aimez, vous aimerez les autres…

L'infatigable Alana Chantelune en a traduit d'autres bouts comme :Ceux qui restent derrière ; Promesses forgées ou Grim Dawn

Comme en VO ces fics sont proches de l'événement – forum de discussion, trailer, etc... A quand les t-shirts ? -, il y a même deux autres filles (sous le nom collectif de SARS entity) qui ont créé une alternative sombre et cruelle à souhait à Promesses tenues – à partir que chapitre 10. Comme vous avez énormément de chance, j'aide Alana à la traduire sous le titre de Promesses erronées.

Bref, vous avez de la lecture !! J'avais prévu de mettre les liens mais ça fait sauter tout le texte... faudra qu'Alixe trouve la solution... Putain de FFnet...

Sinon…

Merci, merci à tous ceux qui soutiennent mes efforts de traduction malgré le temps que je prends ! Spéciale dédicace à toutes les nouvelles tête !

Oui Sandrine, pauvre James - et pis c'est pas fini…

Oui Vert, c'est plutôt sombre comme fic… Va pas lire Promesses erronées alors…

Non Phoebe – ce ne sont pas MES idées mais celle de Robin... moi je ne fais que traduire...

Oui Mystick, voilà la suite !

J'ai une affection particulière pour la dernière scène… un peu plus légère que le reste sans doute…

Enjoy !

Chapitre vingt-neuf : Des risques considérables

« Comme vous devez vous en rappelez, la formation d'un Auror est divisée en sept brevets », commença Hestia Jones d'une voix sèche. « Avant la guerre, il fallait trois ans pour obtenir ces brevets, combinés avec un entraînement physique de base et une phase de tutorat. Aujourd'hui, tout le processus a été réduit pour ne durer qu'un an, car nous perdons malheureusement nos Aurors plus vite que nous arrivons à les former. Pour vous, le processus devrait être encore plus court.

La plupart des Aurors qui nous quittent ne reviennent pas. La plupart meurent en fait », continua-t-elle. « Vous êtes donc d'une certaine façon un cas unique, notamment parce que vous êtes parti pendant très longtemps. Je suppose que votre capacité à lancer des sorts a pas mal souffert quand vous étiez prisonnier et que nous allons donc devoir tout reprendre depuis le début ».

Sirius changea légèrement de position sur sa chaise mais garda le silence, s'empêchant de répondre avec impatience. Jones continua comme si elle n'avait rien remarqué.

« Nous allons donc commencer par passer deux semaines sur les sortilèges de base en ajoutant doucement de la magie plus complexe. Ensuite, j'ai prévu une semaine de cours sur les sept différentes matières des brevets, en commençant par le camouflage et le déguisement pour finir avec les sortilèges de combat. Vous serez alors testé pour voir si vous répondez au minimum requis pour les Aurors. En supposant que vous réussissiez » (et rien dans sa voix n'indiqua à Sirius qu'elle était prête à y croire), « vous ferez équipe avec un Auror expérimenté pendant six mois. »

« Bien, reprenez-moi si j'ai pas bien compris », dit lentement Sirius. « Je vais passer presque trois mois de remise à niveau avant d'être en tutorat pendant six autres ? »

Il essaya de cacher son irritation sans être sûr que Hestia l'aurait même remarquée si il l'avait laissé paraître. Elle répondit simplement. « Exactement ».

« Je n'ai pas neuf mois ».

Ce fut seulement alors qu'elle parut réaliser qu'il n'était pas très content de son programme. « Je vous demande pardon ? »

« J'ai dit que je n'avait pas neuf mois à perdre », répondit Sirius avec une précision glaciale. « Et je ne pense pas que la Division les ait ».

« Pardonnez moi mais je ne pense pas que votre contribution puisse être déterminante au point de décider de la vie ou de la mort de toute la Division », remarqua-t-elle avec sarcasme.

Sirius essaya de calmer sa colère. C'était la dernière chose à faire maintenant.

« Je n'ai jamais dit ça », rétorqua-t-il. « Mais ce que je peux dire c'est que, un, Voldemort me veut et qu'il est prêt à tout pour cela. Deux, ma capacité à jeter des sorts n'a pas besoin d'être renforcée. Je me suis battu en duel deux fois les trois derniers jours et je m'en suis sorti seul à chaque fois. Trois, je ne suis ni fou, ni stupide et ma mémoire fonctionne à merveille. J'ai peut-être été prisonnier pendant dix ans mais je sais encore me battre. »

« Avez-vous fini ? »demanda Jones froidement.

« Je devrais ? » répondit Sirius, refusant de rendre un pouce de terrain. Il fut récompensé par la colère de ses yeux.

« Franchement, je me fiche de ce que vous savez ou de ce que vous ne savez pas », aboya Jones. « Mon boulot est de vous remettre à niveau et on va le faire à ma manière ou pas du tout. Si ça ne vous plaît pas, vous pouvez partir tout de suite. »

Sirius se leva et quitta le bureau sans un mot de plus.

OOOO

« Alors qu'est-ce qui se passe, Perkins ? » demanda Arthur avec curiosité dès qu'il transplana sur les lieux.

« Plutôt intéressant » répondit son collègue. « On dirait que, en plus de tous ses gadgets et aux trucs, le vieux Martook ait enchanté un yacht moldu »

« Ah. Mais qu'allons-nous faire de ça ? » demanda Arthur avec inquiétude. « On peut pas le faire voler avec nous jusqu'au Ministère. Où allons-nous le mettre ? »

Arthur et Perkins étaient en train de fouiller la propriété de feu Dennis Martook et ça leur prenait des jours. Depuis sa promotion, Arthur n'était plus du tout obligé de mener des enquêtes de terrain mais la vérité est qu'il trouvait cela fascinant. La propriété de Martook n'échappait en rien à cette opinion et c'était même le cas le plus incroyable dont Arthur ait jamais entendu parlé. Ça avait commencé avec des téléphones qui explosaient et des canaux de télévision qui changeaient. Le duo avait ensuite trouvé des ventilateurs mordeurs et des poubelles éjectant leur contenu les choses sérieuses avaient commencé lorsque Perkins avait buté sur une pelle auto-creuseuse. Arthur s'était ensuite heurté à une porte qui l'avait proprement éjecté de la maison. C'est à ce moment précis que son attention avait été attiré par les cris de Perkins depuis le quai.

Martook avait vécu à Aberdeen jusqu'à sa mort, au bord de la plage. Ce n'était pas un endroit prisé par les magiciens et ceci expliquait sans doute qu'il ait pu remplir sa maison d'objets moldus charmés dans attirer l'attention. Sinon, n'importe quel sorcier aurait pu dire que ce bateau n'était pas vraiment normal.

« Je ne sais pas. On peux peut-être le laisser ici », répondit Perkins avec un haussement d'épaule. Mû par une inspiration subite, Arthur reprit immédiatement :

« Il doit avoir un moteur, tu ne crois pas ? » demanda-t-il dans un souffle.

Perkins rit – il était moldu de naissance et il comprenait mieux ces choses que Arthur ne le pourrait jamais. « Bien sûr qu'il a un moteur. Est-ce qu'un bateau de ce calibre se déplacerait à la voile ? »

Arthur ignora le sarcasme et sauta à bord. Ca allait être intéressant.

OOOO

« James, nous avons un problème. »

Sirius était entré droit dans le bureau de son ami sans se soucier de frapper ou de fermer la porte derrière lui. Il s'assit sur la chaise qui faisait face au bureau de bois plutôt chic – Sirius n'avait pas été dans le bureau de James avant, mais il pensa que celui-ci n'était pas mal. Il plongea ses yeux dans ceux de son vieil ami. De son coté, James le regardait comme s'il venait de lui pousser une seconde tête.

« Quel problème ? »

« Jones », cracha Sirius.

James inspira profondément avant de le dévisager. « Que s'est-il passé, Sirius ? »

« C'est elle ! » Il dut faire un effort pour dompter son irritation. « C'est Hestia Jones et son programme d'entraînement de neuf mois. »

« Elle… quoi ? Neuf mois ? Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire, par Merlin ? »

« Ouais », répondit-il avec amertume. Il en avait tellement assez que tout le monde pense qu'il était en verre filé. « Il semble que je sois incapable et que je ne tourne pas rond ».

« Je suis sûr que Hestia n'a jamais dit une chose pareille », remarqua son ami.

« Oui, elle n'a pas dit ça comme ça. Mais je peux te dire qu'elle le pensait ».

« Ne serait-il pas envisageable que tu ais mal compris ? »

Sirius soupira. « Écoute, je sais que tu as dit que c'était une bonne Auror et je n'en doute même pas. En fait, je parie même que c'est quelqu'un de gentil » - et aussi qu'un frigide qu'un poisson mais je vais lui laisser le bénéfice du doute – « maiselle veut que je prenne trois mois de cours de base et que j'ai un tuteur pendant six mois. Au nom du ciel, James, j'allais moi-même devenir un tuteur avant de devenir votre Gardien du secret ! »

« Je sais, Sirius, je sais », le rassura James. « Ne m'arrache pas les yeux à cause de ça. »

« Désol ». Il reprit de nouveau le contrôle de lui même. Faire cela était chaque minute plus difficile et Sirius ne savait pas ce qu'il ferait si James se mettait lui aussi à douter de lui.

Son ami refusa ses excuses d'un geste. « Ça va. Qu'est-ce que Hestia a dit exactement ? »

« En gros, je pense qu'elle a cru tout ce que Skeeter a dit. » Sirius secoua la tête et résista à l'envie d'utiliser un langage plus cru. Il ne savait pas trop s'il devait s'en prendre à l'Auror qui l'avait agacée ou à la reporter. D'ailleurs, il s'en fichait. « Elle s'est mise à parler de revenir aux bases et de reprendre tous les points d'un entraînement d'Auror… Rien que des conneries dont je n'ai aucun besoin. J'ai révisé de mon coté et je sais où sont mes faiblesses. Mes réflexes sont trop lents et j'ai du mal à jeter des sortilèges compliqués. Je dois me revoir mes réactions de combat et retrouver mes réflexes devant la pression. Mais je n'ai pas besoin de relire le premier tome du Livre des Sorts et Enchantements de Miranda Fauconnette.

James rit. « Parce que tu l'as lu ? »

« Oui quand j'avais six ans. » Sirius arriva enfin à sourire. Les gens comme Jones le rendait dingue. Il n'arrivait plus à accepter que quiconque mette sa parole en doute. Il ne s'était pas enfui d'Azkaban pour être traité de menteur. Ça commençait vraiment à lui taper sur le système.

Ils sourirent tous les deux, se rappelant de ces jours communs qui constituaient leur passé. Certains avaient été plus stupides que d'autres mais tous étaient mémorables. Mais cette nostalgie partagée ne pouvait pas durer toujours. La guerre était là, maintenant et aucun d'eux n'étaient encore un enfant. Malheureusement, la réalité était têtue. James finit par répondre.

« Je vais lui parler Sirius. Tu as eu raison de me dire qu'elle était si dure avec toi mais Hestia a raison quand elle dit que tu as besoin d'entraînement. » Sirius se rembrunit mais James ne lui laissa pas le temps d'objecter. « Nous avons besoin de cette remise à niveau et de ces tests pour rassurer des gens comme Arabella et leur dire que tu es prêt et que tu n'as rien perdu de tes moyens. »

« Ça fait plaisir de voir que Figg me fait tant confiance », gronda Sirius, incapable de cacher l'amertume de sa voix. Mais James n'était pas prêt à se laisser prendre.

« Elle a toutes les raisons de douter, tu peux le comprendre. Bella ne te connaît pas comme moi je te connais et tout ceci ressemble à un miracle. Alors passe les tests aussi vite que tu le peux et alors on pourra se mettre à travailler sur Azkaban. »

C'était la première fois que l'un d'eux évoquait la prison dans un tel contexte et Sirius vit les yeux de James se poser sur lui avec inquiétude. C'était clair que son ami n'avait pas voulu en parler avant mais Sirius acquiesça vigoureusement.

« Sans aucun doute ».

Le soulagement de son ami vint éclairer son visage – avec quand même un nuage de doute. « Je ne veux pas t'obliger », dit doucement James.

« Tu as peur que je refuse tout ce qui pourrait me rappeler cet endroit, n'est-ce pas ? Que je veuille en rester éloigné à tout prix ? » demanda Sirius.

« On l'a déjà vu », remarqua l'Auror.

« Je ne suis pas Dung Fletcher, James », répondit-il, tout en prenant une légère inspiration pour se rassurer, en espérant que son ami ne s'en était pas aperçu. « Je comprends ses choix mais je pense qu'il se trompe. Je ne guérirais jamais en me cachant. Et je ne pourrais pas rester toujours caché. »

Pas avec Voldemort me cherchant comme il me cherche. Il ne le dit pas à haute voix mais l'idée restait la même. Peut-être que James l'avait vu s'arrêter et inspirer pour ne pas perdre son assurance. Ce n'était pas là l'important. Les amis, Sirius le savait depuis longtemps, ne détournent pas les yeux dans ces moments-là. Quand des choix devaient être pris, ils étaient là et vous aidaient – même si le choix paraissait ténébreux et difficile. Il sourit légèrement. A sa grande surprise, il n'avait pas eu besoin de se forcer.

« Je devais juste m'en assurer », dit James.

« Je comprends »

OOOOO

Arabella Figg entra dans le ministère de la Magie comme un ouragan. La soudaineté de son arrivée fit sursauter jusqu'à Lily et Fumseck piailla avec irritation lorsqu'elle pénétra dans le sanctuaire privé de Dumbledore – claquant violemment la porte derrière elle. Si ça avait été possible, de la fumée serait certainement sortie de ses oreilles.

« Il est parti », grinça-t-elle. La colère rendait ses mots courts et durs, réussissant à attirer toute l'attention de Dumbledore. L'estimé sorcier l'examina attentivement par dessus les verres de ses lunettes.

« Asseyez-vous, Arabella », dit-il avec calme. « Qui est parti ? »

Elle resta debout, refusant d'un signe de tête et résista à l'envie de briser quelque chose. « Croupton Junior » cracha-t-elle. « Mon équipe l'avait mis en détention aujourd'hui et il est parti. Disparu. Envolé. D'une des cellules de haute sécurité. »

« Mon dieu ! »

« C'est tout ce que vous trouvez à dire ? » demanda-elle- en dévisageant son supérieur. « Un Mangemort s'est échappé et vous dites 'mon dieu !' ».

Le regard bleu d'Albus se fit soudain plus vif. « Asseyez-vous Arabella », répéta-t-il calmement mais sa voix était plus dure et ne laissait aucune place à la contradiction. Elle obéit sous le regard du vieux sorcier. « J'ai bien plus que cela à dire, mon amie, et vous le savez bien », répondit-il. « Je préfère néanmoins éviter de tirer trop vite des conclusions. Racontez-moi ce qui se passe. ».

Elle inspira profondément en essayant de mettre de l'ordre dans ses pensées. Plus que tout autre, Arabella Figg savait que si elle perdait le contrôle d'elle-même, elle ne serait plus bonne à rien. Mais cette certitude ne changeait rien au fait que c'est parfois difficile de se contrôler. Enfant, elle était connue pour son tempérament explosif, surtout pendant cette période où ses parents avaient cru qu'elle était une cracmol. Par chance, une accident l'avait révélée à elle même et toutes ces années passer à combattre des mages noirs lui avaient appris à ne pas perdre le contrôle de sa colère. Mais à des moments comme celui là, elle aurait adoré pouvoir laisser sa colère exploser sans entrave.

« Croupton a été amené très tôt ce matin par une équipe d'Auros très expérimentés, sous la direction de Alice Longdubat. Il a été incarcéré peu de temps après la conférence de presse de Black » - Arabella n'eut pas à préciser ce qu'elle pensait de ce dernier – « et il a été placé dans notre plus sérieuse cellule de haute sécurité. Peu après midi, son père est venu et a demandé à voir les preuves contre lui. »

Le visage de Dumbledore s'assombrit. « Que s'est-il alors passé?»

« On l'a laissé regarder les preuves que je vous ai montré hier » répondit-elle immédiatement. « Comme vous le savez les faits parlent d'eux même. Croupton père n'a pas été très content mais il n'a rien trouvé à redire. Malheureusement il a alors demandé à voir son fils et les Aurors de garde ont accept ». Elle eut une grimace. « Il est parti peu de temps après. »

« Et le fils s'est échappé», finit le Ministre avec gravité.

Oui. Deux heures exactement après que son père soit parti. » Elle mordit sa lèvre pour retenir le sarcasme que lui inspirait la coïncidence. « C'est à dire il y a un quart d'heure. »

« Je vois. »

« Ouais. Moi aussi, je vois », commenta sombrement Bella. « Je ne crois pas aux coïncidences, Albus. »

Dumbledore fronça les sourcils et elle sut ce qu'il allait dire. Barty Croupton était le Vice-Ministre de la Magie et un sorcier puissant. Son pouvoir n'était pas seulement magique mais s'appuyait aussi sur l'autorité politique et l'influence qu'il exerçait. Ça n'apporterait rien de bon pour Dumbledore d'accuser à tort son adjoint. Ça donnerait à Croupton l'occasion dont il rêvait de prendre sa place. Tous deux savaient combien ceci serait un désastre pour le monde magique. Mais on ne pouvait pas non plus se croiser les bras. Dumbledore finit par soupirer.

« Faites un enquête discrète, Bella », dit-il. « Utilisez les moyens de l'Ordre autant que possible. J'aimerais autant éviter le scandale ».

« C'est comme si c'était fait. »

Dumbledore acquiesça. Il eut soudainement l'air plus âgé que bien souvent. Sa voix prit un ton calme et grave. « Merci ».

OOOOOO

Tard cet après-midi-là, Sirius Black – épuisé – se dirigea vers les cheminées de sortie du Ministère. Il s'était exercé toute la journée dans les bien nommées Chambres d'examen de la division des Aurors. Il avait repoussé les limites de sa mémoire et de ses réflexes. Il trouvait ces chambres très bien conçues. Chacune contenait un ensemble de sortilèges très précis qui pouvait être activé à différents niveaux de difficulté. Elle permettait à tout Auror ou aspirant de renforcer ses capacités à jeter des sorts, ses réflexes de duel et sa technique de combat. En l'absence de Hestia Jones, qu'il soupçonnait d'être très en colère contre lui, il avait travaillé dur. Trop dur sans doute.

Il se sentait pourtant étrangement bien. Même si quatre-vingt-dix pour cent de sa concentration était passée à s'empêcher de boiter, il était content de lui. La douleur, il le savait, finirait par partir et la sueur de l'entraînement épargnerait son sang le jour du combat. Dès lors, plus il suerait, mieux ça serait.

Il sourit légèrement en se souvenant de toutes les fois où Alastor Maugrey avait répété ces mots pour les faire entrer dans son crâne. De fait, le crâne de Sirius était plus épais que beaucoup d'autres mais Moody avait fini par trouver le moyen. Il lui avait imposé des exercices, encore et encore, l'encourageant et le forçant jusqu'à ce que l'importance de l'entraînement devienne quelque chose que son élève comprenait même dans son sommeil. Et cet enseignement ne s'était pas perdu. Sirius s'obligeait toujours à aller jusqu'au bout de lui-même, convaincu qu'il devait découvrir ses limites maintenant car les sentir pendant un combat serait courir au désastre. L'influence d'Alastor Fol-Œil Maugrey lui survivait.

Il était trop pris par ses souvenirs pour remarquer qu'on s'approchait de lui.

« Doris Mcintosh, Sorcière Hebdo », se présenta-t-elle en s'avançant vers lui. Il reconnut ses cheveux blonds et ses yeux bleus, entrevus pendant la conférence de presse, ce matin-là. Mais il ne voyait pas ce qui pouvait la pousser à revenir vers lui maintenant. Mcintosh lui tendit immédiatement la main, prenant Sirius par surprise.

Son instinct aiguisé par Azkaban lui conseilla de fuir mais il résista à cette envie. Dans le monde réel, il ne pouvait pas fuir les journalistes – même s'il aurait préféré mille fois avoir affaire à un Mangemort. Ceux-là, au moins, il savait ce qu'ils voulaient.

"Melle Macintosh," répondit-il avec inquiétude. Il retira sa main de la sienne dès que la durée minimum de politesse fut passée. Sirius aurait aimé ne pas être aussi mal à l'aise face aux étrangers. Il continuait à fuir les contacts physiques.

« Je suis si heureuse de vous voir, M. Black », gloussa-t-elle avec un sourire étincelant. Ses dents lui parurent presque trop blanches. Elles brillaient. « J'ai parlé à mes éditeurs après la conférence de presse de ce matin et nous sommes heureux de vous gratifier du prix du Plus Charmant Sourire de la Semaine, décerné par Sorcière Hebdo.

« Je vous demande pardon ? » Sirius la dévisagea certain d'avoir mal compris.

Macintosh lui montra alors une photo prise le matin même. Il y avait un petit sourire en coin alors qu'il répondait à sa question à savoir s'il avait une quelconque relation amoureuse. « Le prix du Plus Charmant Sourire », répondit-elle. « Je suis sûre que vous en avez déjà entendu parl ».

« Je suis parti pendant dix ans », lui rappela-t-il sèchement. « Et avant cela, j'étais loin de passer mon temps à lire les magazines pour sorcières ».

« Je suis désol… »

« Ce n'est pas grave ». Sirius refusa ses excuses d'un geste. Il ne pouvait plus supporter les excuses. Elle lui sourit avec reconnaissance, sans savoir qu'une autre de ses minauderies le ferait exploser.

« Bien, quoi qu'il en soit, je voulais juste vous le dire. Vous ferez la une du numéro de demain », reprit-elle avec fierté.

Est-ce que je peux refuser ? se demanda Sirius. Malgré son irritation, il répondit avec toute la politesse dont il était capable : « Merci »

Il ne trouva pas que sa réponse était très gentille mais elle ne sembla pas s'en formaliser. Avec un autre sourire brillant – propre à faire rendre à Sirius son récent déjeuner – Doris Mcintosh partit rapidement, sans plus s'inquiéter des opinions du reste du monde et avec un manifeste contentement pour elle-même. Sirius la regarda partir, sidéré. Puis il haussa les épaules et reprit son chemin. Dans quelques minutes, il serait de retour à Poudlard et il pourrait faire comme si ça n'avait été qu'un autre mauvais rêve.

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« Est-ce que tu penses toujours au monde dehors ? » demanda Frank doucement.

Bill cilla la demande était étrange. « Oui. Pourquoi ? »

« Je me demandais juste… » répondit son compagnon. « C'est une façon de savoir si t'es pas encore devenu fou… les fous ne pensent plus à dehors… »

Des images de sa famille s'imposèrent dans son esprit. L'une après l'autre. Bill vit les visages de ses parents, de Percy, des jumeaux, puis de Ron et de Ginny et enfin de Charlie. Charlie. La tristesse l'emplit tout entier mais Bill la repoussa fermement. Souvent, les Détraqueurs lui faisaient revivre cet horrible jour où Arabella Figg était venue apprendre aux Weasley que leur fils avait été tué… Il s'était parfois demandé pourquoi James n'était pas venu lui-même. Mais maintenant Bill comprenait. Maintenant qu'il connaissait le chef des Aurors, après toutes ses journées passées ensemble à préparer l'Opération Brise-Glace. Il avait appris ce qui ce cachait derrière son image publique. Il savait qu'il avait été le mentor de Charlie et que James avait eu le cœur brisé en le voyant tomber.

Parfois il se demandait si Charlie pouvait le voir là où il était maintenant. Bill espérait qu'il était fier de lui.

« Oublier ? Ça doit être infernal », souffla-t-il finalement.

« Plus tu restes ici, plus c'est dur de te rappeler », remarqua Frank. Sa voix éraillée s'était faite amère.

« Toi, tu penses à quoi ? » demanda brusquement Bill.

Un long silence suivit cette question et pendant un moment il en vint à regretter l'avoir posée. Il savait que Frank était à Azkaban depuis bien plus longtemps que lui il parlait peut-être de sa propre expérience et avait déjà du mal à se rappeler de temps heureux, hors de sa cellule. Peut-être que Frank se taisait parce qu'il avait peur de devenir fou…

« Je pense à ma famille », répondit doucement l'autre. « Je me demande comment mon fils s'en sort ».

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Minuit dans le monde de la magie avait toujours été considéré comme un moment peu propice. Depuis le début de la guerre, les plus sombres heures de la nuit étaient associées avec le mal et les sorciers et sorcières attachées au bien les craignaient. La plupart restaient donc chez eux à ces heures sinistres et si possible dormaient. Les mauvaises choses arrivaient à minuit et peu voulait y prendre part. Minuit, disait-on, c'était l'heure des Mangemorts.

Minuit n'était certainement pas un moment idéal pour un ménage de printemps.

« KREACHER! »

La patience de Remus avait finalement fait long feu et il avait sorti sa baguette et menaçait sans ciller l'elfe de maison dégénéré. « Si tu espères seulement laisser sortir ce Boggart, je jure par tout ce qui est saint de te jeter des sorts qui dureront jusqu'au siècle prochain ! »

A sa gauche, luttant contre un porte-parapluies, Sirius explosa de rire. « Il est incroyable, hein ? »

« Moi qui croyais que tu blaguais » gronda Remus, sans cesser de menacer Kreacher qui bougonna avec colère. « Le loup-garou ordonne à Kreacher, comme si Kreacher allait écouter un animal… »

« Kreacher, dis encore quelque chose comme cela et je te donne des vêtements » interrompit Sirius, menaçant. Les grands yeux larmoyants se tournèrent vers lui mais Sirius ne se laissa pas attendrir. Marchant jusqu'au vieux serviteur de la famille Black, laissant le porte-parapluies se débrouiller tout seul, il ajouta : « Essaie un peu ».

« Le Maître fait ce que le Maître veut. » Kreacher s'aplatit dans une misérable révérence mais recommença à bougonner. « Oh, la pauvre maîtresse de Kreacher n'aurait pas aimé cela. Des traîtres, des cinglés, des monstres qui paradent dans sa maison… »

« Oh, j'en ai assez » cracha Remus d'un seul coup. Jamais Sirius ne l'avait vu aussi impatient. « Je reviens tout de suite. »

Crack. Remus transplana, laissant Sirius les yeux écarquillés et Kreacher bougon. Sirius finit par se tourner vers l'elfe de maison. « Ça on peut dire que tu sais t'y prendre avec les gens, n'est-ce pas ? »

Kreacher le dévisagea avec un silence morose.

« Où est parti Remus ? » demanda James qui entrait avec Peter. Tous les deux étaient couverts de poussière et de saleté, après quatre heures de bataille contre le 12 Place Grimmault – avec aussi peu de résultat que Sirius et Remus dans le cabinet de dessin.

« Bonne question », répondit Sirius alors que Kreacher se glissait par la porte par laquelle ses amis venaient d'entrer. « Ce petit monstre a réussi à le fâcher. Il a dit qu'il revenait tout de suite. »

« Remus en colère ? » rit Peter de bon cœur. « Dommage que j'ai raté ça. »

« Je pense que Kreacher offense son sens de l'ordre », répondit James avec un sourire. « Que Merlin me soit témoin, je ne pourrais jamais supporter un elfe de maison pareil. »

« Quand je vous disais que ma mère était un peu dérangée ! »

« C'est ce qu'on imagine en voyant cet horrible portrait dans le hall », commenta Peter. « Lily est toujours en guerre contre lui. »

« Lily contre ma mère ? » sourit Sirius. « Je plains presque cette vieille chauve-souris. Presque. »

« Pas moi », répondit sombrement James. « J'aurais déjà réduit ce satané portrait en cendres mais Lily n'a pas voulu. Si tu avais entendu de quels noms elle l'a pourtant traitée… » Un air sidéré traversa le visage de James. « Mais Lily se moquait d'elle. Ne le prends pas mal Sirius mais ta mère était une folle. »

Mais Sirius ne fit que rire. « Je vous avais prévenu. C'est votre idée, je vous rappelle ».

« Tu étais d'accord, Patmol ».

« J'ai émis des doutes ».

« Au diable les doutes » ricana Peter. « Ca va être une chouette maison, une fois qu'elle sera un peu plus propre »

« Un peu ? » ironisa James.

Sirius leva les yeux au ciel et répondit à Peter. Sa voix était sinistre. « Tu n'as pas grandi ici, Queudever. C'était différent alors."

Tout était différent alors. Sirius se rappelait encore de sa fuite quand il avait eu seize ans et de son serment de ne jamais y retourner. Il avait détesté cet endroit, toute magnifique, ancienne et splendide que cette maison ait été alors. Pour Sirius, 12 Place Grimmault représentait la partie de l'histoire de sa famille qu'il avait toute sa vie combattue : une histoire de préjugés, d'arrogance et de ténèbres. Il n'avait jamais réellement souhaité y revenir, même quand on lui avait appris la mort de sa mère et qu'il avait hérité de la maison. Seule l'insistance de James et Remus avait pu réussir à le faire revenir. Et, quand ils étaient entrés tous les cinq pour la première fois dans la maison ce soir, Sirius avait failli renoncer. Cette maison n'était pas seulement une ruine, mais elle faisait remonter tous les souvenirs qu'il préférait oublier.

Il prit une profonde inspiration et jeta un regard sur la tapisserie qui ornait le mur le plus éloigné. La Noble et Très Ancienne Maison des Black. Il ne pouvait pas nier que certains avaient été des gens fréquentables, tout comme de bons souvenirs se mêlaient aux mauvais. Mais les uns comme les autres semblaient avoir été balayés par les ténèbres et le mal. Sirius soupira. Il devrait peut-être laisser cette tapisserie là où elle était. Comme un rappel de ce qui avait fait ce passé qu'il rejetait, de cette histoire qui avait fait de lui ce qu'il était. Parmi toutes les forces qui l'avaient façonné au long de sa vie, toute n'étaient pas des forces positives. L'histoire de sa famille était sans doute une bonne leçon à retenir.

Il n'y avait rien par contre à sauver des traditions familiales.

Pop. Remus réapparut soudain devant eux; les champs anti-transplanation de la maison étaient si anciens que Sirius avait décidé de carrément les supprimer. Il en mettrait d'autres quand il emménagerait pour de bon. Il se félicitait pourtant que la maison soit incartable, surtout avec Voldemort à ses trousses. Et il appréciait l'ironie qui le faisait maître de la demeure historique des Blacks, lui à qui sa mère avait juré qu'il n'hériterait de rien.

« Bienvenu de nouveau parmi nous », dit Sirius avec amusement. « Où étais tu parti ? »

« Embaucher ».

Pop.

Les trios autres jetèrent à Remus un regard étrange.

Pop.

Sirius fronça les sourcils, essayant de comprendre ce qui se passait. Au loin, il entendit sa mère vitupérer contre Lily qui semblait toujours avoir le dessus.

Pop, pop, pop, pop..

Une véritable armée d'elfes de maison était apparue tout autour de leur ami qui riait comme un petit fou. « J'ai eu une révélation », expliqua gravement Remus. « J'ai compris combien nous dépensions inutilement notre énergie. »

« Tu es allé à Poudlard. » La compréhension éclaira soudain le visage de James.

« Exactement », sourit Remus. « D'ici à mercredi, cette maison sera redevenue apte à accueillir des humains. »

« Remus, tu es tout simplement génial », déclara Sirius avec l'air de le penser.

Le directeur de Poudlard rit doucement : « N'est-ce pas ? »

« Oh, magnifique ! Maintenant il va tirer toute la couverture à lui », grommela Peter. Mais il souriait lui aussi. N'importe quel plan qui leur épargnait des semaines de travail méritait quelques compliments.

« Bon ». Sirius fit craquer ses articulations. « Et si on s'attaquait à ma mère, maintenant? Je ne pense pas que son portrait puisse résister aux Maraudeurs. »

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Ensuite, ensuite ? Hum… Remus… Julia…. Dumbledore….