Promesses tenues

Disclaimer : Robin 4 s'inspira de Rowlings. Fénice se mit à traduire. Alana Chantelune lui prêta main forte.

Chapitre offert par Alana... Applaudissements et chapeau bas...

Chapitre trente-deux : Origines et Réponses

Le premier bon signe fut que la porte ne protesta pas en craquant bruyamment quand Peter l'ouvrit. Le second fut l'absence de la merveilleuse odeur de pourriture qui avait caractérisé le Numéro Douze,

Place Grimmauld la dernière fois qu'il l'avait visité.

"On dirait que ça s'est amélioré ici," remarqua Peter tandis qu'une longue file de paquets pénétrait dans la maison devant eux. Sirius avait récemment reconnu qu'il avait besoin de faire des courses, achetant de tout, des robes neuves aux accessoires ménagers. Sous sa direction, les paquets se déposèrent juste derrière la porte. Il s'en occuperait plus tard.

En réponse à la question de Peter, Sirius grogna : "On verra."

S'avancer dans le hall d'entrée était en effet comme s'engouffrer dans le passé. Le couloir glauque et nauséabond avait été transformé. Les murs autrefois moussus étaient recouverts de nouvelles peintures et papiers peints, et les vieux tapis élimés avait également été remplacés par des copies identiques ou si bien réparés qu'ils semblaient flambant neufs. Les chandeliers d'argent pur étaient vierges de leurs toiles d'araignées et de leur poussière. Les lampes à gaz avaient été nettoyées, supprimant les mauvaises odeurs et les sifflements. Plus important encore, presque tous les anciens portraits avaient disparus. En deux jours, les Elfes de Maison de Poudlard avaient fait des miracles.

Souriant, Sirius lança un regard triomphant là où le vieux portrait de sa mère avait autrefois été accroché derrière des rideaux pourris disparus. Son départ était bien sûr le résultat d'un long travail des Maraudeurs. Le

Sortilège de Glue Perpétuelle avait été presque impossible à défaire, mais Lily, l'extraordinaire Briseuse de Sort, avait finalement réussi. La peinture hargneuse et bigote n'était plus là. C'était un vrai soulagement de ne plus avoir à marcher dans le couloir accompagné par ses cris.

"C'est calme," commenta Peter.

"Reposant," le corrigea Sirius avec un sourire. "Je pourrais presque apprécier cet endroit à présent. Il ne paraît plus aussi sombre."

"Tu m'étonnes."

"Il y a une chose que les Elfes de Maison ont cependant oublié..." fit remarquer Sirius, tendant le bras pour tapoter sa baguette contre le chandelier suspendu. La forme de serpent trembla après un instant, et se transforma en une tête de lion. Il sourit.

"Comme mes parents me détesteraient à présent."

Peter rit. "Devons-nous transformer le reste des serpents maintenant ou veux-tu d'abord examiner le reste de la maison ?"

"Explorons."

Leur inspection du reste du Numéro Douze, Place Grimmauld leur révéla que les transformations touchaient toute la maison. Le travail des Elfes de Maison de Poudlard avait refait de la Maison des Black sombre et en ruine la demeure d'enfance dont Sirius se souvenait dans quelques-uns de ses souvenirs les plus légers. S'il était honnête avec lui-même, aussi, il se rappelait de temps heureux, avant l'ascension de Voldemort, des temps où les différences ne l'avaient pas irrévocablement séparés de ses parents et de son frère. Enfant, se souvenait-il, il avait été heureux ici.

Ils étaient occupés à explorer la chambre principale quand Peter se tourna face à lui.

"Je peux te demander quelque chose, Sirius?"

"Bien sûr." Il examinait avec curiosité le lit, se demandant s'il mordrait, quand il remarqua le silence dans lequel son ami essayait de trouver les mots. Réalisant que cela devait être important, Sirius se tourna face

Peter. Il fallut un long moment avant que le petit homme ne parle.

"Je me demandais..." Peter prit une profonde inspiration. "Tu n'as pas à répondre si tu ne le veux pas—mais je me demandais pourquoi tu m'avais pardonné si rapidement. Quand tu as appris que j'étais Mangemort, je veux dire. Tu dois avoir de bonnes raisons de me haïr."

Sirius cilla. Bien que seulement deux semaines avaient passée depuis son arrivée à Poudlard, il lui semblait que cela faisait une éternité. Il y avait deux périodes dans sa vie : avant et après Voldemort, et la seconde semblait l'emporter. En vérité, il n'avait pas réellement réfléchi au choix de Peter depuis ce moment dans l'Infirmerie—ou non, il avait juste décidé entre la haine ou le pardon. Pas depuis lors. Il soupira et s'effondra sur le lit, se sentant soudain très fatigué.

"Je ne l'ai pas vraiment fait," dit doucement Sirius. "Pas tout de suite, en tout cas." Comme Peter le regardait avec confusion, il poursuivit. "Remus m'a dit pourquoi tu avais changé de bord, mais je n'étais toujours pas sûr si je devais le croire... mais en te voyant là, avec James et Remus—" il prit une profonde inspiration "Je ne pouvait simplement pas ne pas te pardonner. Je savais que tu avais été sincère, et, Seigneur, Peter, avec tes raisons... tous autant que nous sommes nous aurions été assez stupides pour le faire pour cela. Les uns pour les autres. Et en te voyant là, nous voyant tous ensemble pour la première fois depuis dix ans... qui étais-je pour briser ça ? »

"Et j'en ai besoin, aussi," conclut Sirius doucement, "de notre amitié.

Après tout, trois Maraudeurs ne valent pas grand-chose sans le quatrième."

"Merci," dit Peter très doucement.

Sirius haussa les épaules et essaya de sourire. "Bon sang, Queudever, tu mérites une chance. Tout le monde fait de mauvais choix."

"Certains sont pires que d'autres, Sirius," répondit sérieusement son ami.

"Ouais, mais tu oublies que je sais combien Voldemort peut être persuasif."

"Mais tu n'as pas cédé," objecta Peter.

"Je suis trop stupide pour céder," répliqua légèrement Sirius. "Bien trop têtu pour mon propre bien."

"Tu n'es pas stupide."

"Stupide, courageux, quelle différence dans un cas comme ça." Il haussa de nouveau les épaules. Mais Peter ne rit pas. A la place, il s'assit lourdement sur le lit près de Sirius. "Je souhaiterais pouvoir faire ce que tu as fait," admit-il doucement. "Je souhaiterais avoir le courage de dire non, de résister juste parce que c'est la bonne chose à faire."

"Peter, tu crois que j'ai résisté si longtemps par principe?" demanda

Sirius, fixant son ami, qui rencontra timidement ses yeux. Il tendit le bras et serra l'épaule de Peter. "Je n'aurais pas pu. Je l'ai fait pour mes amis, parce que c'est ce que nous sommes. Nous sommes frères et loyaux quoi qu'il arrive. Je l'ai fait pour des amis qui je savais qu'ils feraient de même pour moi. Juste comme tu l'as fait—tu as fait le mauvais choix, c'est vrai, mais tu l'as fait pour de bonnes raisons. Je n'ai pas à te haïr pour ça."

"Mais..."

"Mais quoi? Tu peux dire que tu n'as pas de courage. Pas après ce que tu as fait l'autre jour, le défier publiquement."

"Je l'ai fait parce que j'avais peur de rester Mangemort," dit Peter d'une petite voix.

Sirius renifla. "Et alors? Et je me suis évadé d'Azkaban parce que je ne voulais pas mourir. Les gens continuent à dire que c'était un truc courageux à faire, mais je ne le pense pas vraiment."

"Ca l'est," objecta son ami.

"Il n'y a pas de courage s'il n'y a pas de peur," dit-il doucement. "Un

Moldu a dit ça, une fois, et c'est sacrément vrai."

"Mais tu n'as pas peur de lui. V-Voldemort, je veux dire."

"Personne ne me fait plus peur que lui, Peter," admit doucement Sirius, frissonnant et regardant ailleurs. "Plus par ce qu'il a fait que ce par ce qu'il est. Je fais de cauchemars toutes les nuits, aussi."

"Tu n'as jamais l'air d'avoir peur."

"Parce qu'il ne peut pas me faire pire que ce qu'il m'a déjà fait, et j'y ai survécu," répliqua t-il. "Voldemort veut me briser, et je ne sais pas pourquoi. Il est obsédé par ça. Ca veut dire que si je le laisse m'effrayer maintenant, je serai paralysé et incapable d'agir quand il le faudra. Tôt ou tard, je sais que je devrai lui faire face."

"Pourquoi pense-tu cela?" demanda doucement Peter.

"Je ne sais pas. C'est juste une impression que j'ai."

Oo
"Il n'a aucun contrôle."

"Non?" demanda James, sentant ses sourcils—et ses ergots—se dresser. Il força les deux à revenir à la normal, se rappelant qu'il se devait se montrer ici professionnel et non pas simplement défendre son ami.

"Aucun, d'aucune sorte," confirma Hestia Jones avec une grimace. "Je ne nie pas qu'il ait de la puissance, mais il n'a aucun contrôle. Il fait les choses et ne sait pas pourquoi. Il ne vaut pas mieux qu'un élève de première année à ce niveau."

"Il vient juste de sortir de prison, Hestia," souligna l'Auror le plus âgé doucement, en partie surpris par son propre contrôle. "Vous devez vous rappeler que Sirius n'a pas utilisé la magie depuis dix ans. Il est forcé de faire des erreurs."

"Je comprends entièrement cela," répliqua t-elle. "Et c'est pourquoi j'ai recommandé un programme graduel de réorientation, visant à permettre à Black de regagner son contrôle à un rythme naturel..."

"Choix que j'ai déjà refusé," rappela James avant qu'elle puisse le faire.

Hestia haussa les épaules sans joie. "C'est vous le chef."

"Je le suis. Ce n'est pas parce que c'est mon ami." Bien qu'il doutât qu'elle le croit. A sa place, James ne l'aurait probablement pas cru non plus. "Vous pouvez ne pas être d'accord avec moi, mais je connais Sirius

Black. Vous étiez toujours à Poudlard quand il est entré chez les Aurors, n'est-ce pas?"

"Oui."

"Et bien, je jouais au Quidditch pour le Club de Flaquemare à cette époque, mais j'ai quand même vu les vagues qu'il a fait dans la division. Alastor

Moody disait que Sirius était le meilleur à qui il ait jamais enseigné, et si vous aviez connu Moody, vous réaliseriez qu'il ne faisait pas de compliments à la légère." James la regarda dans les yeux. "Au moment où je suis entré chez les Aurors en 1979, il était déjà considéré comme un des meilleurs."

"Avec tout le respect que je vous dois, Monsieur, je ne discutait pas de ses talents d'alors," répliqua t-elle avec raideur. "Je m'inquiète seulement de son contrôle aujourd'hui."

"Un de nos professeurs à Poudlard avait l'habitude de dire que Sirius ne connaissait pas de limites. Etes-vous sûre que ce n'est pas ça que vous voyez? Et ne m'appelez pas Monsieur, Hestia. Nous en avons déjà discut

"Bien. James, il est un danger pour lui et les autres."

"Expliquez-moi ça."

"Il est facilement distrait," répondit immédiatement Hestia. "Pendant la pratique du duel, je l'ai déjà pris par surprise au moins deux fois, et me suis arrangée pour le frapper à la fois avec le Sortilège d'Imperium et le Sortilège Doloris."

"Comment s'en est-il sorti ?" la coupa James.

"Assez bien," répondit-elle à contre coeur. "Mais lorsqu'il s'agit de travailler les sortilèges de base, il a tendance à faire des choses inattendues. Il adopte des solutions compliqués pour des problèmes simples..."

James essaya de ne pas rire, mais un petit ricanement échappa à son contrôle.

"Quoi?" demanda Hestia.

"C'est tout Sirius," répliqua t-il, luttant pour retenir le besoin de rire ouvertement. Le problème, réalisa rapidement James, était plus un conflit de personnalité qu'autre chose. « Il faisait déjà ça quand on était mômes. Ca veut dire qu'il s'ennuie."

"Qu'il s'ennuie ou pas, il n'a pas la patience pour être Auror," répliqua

t-elle sombrement. "La moitié de ce que nous faisons est de la routine et sans complications"

"Mais il a la puissance et il a le don," souligna James en conclusion. "Deux sur trois ce n'est pas si mal, surtout quand ce sont ces deux-là." Il se leva. "Continuez à travailler avec lui, cependant, et voyez à quoi il arrive. Je sais que vous deux vous ne vous entendez pas bien, mais vous pourriez bien finir par apprendre quelque chose de lui."

"J'en doute," répondit-elle avec aigreur.

James sourit avec sérénité. "Nous verrons."

OOo
Ce soir-là, Sirius et Julia se promenèrent sur le Chemin de traverse côté à côté. La beauté de leur situation était totalement ironique : peu savaient que Julia était Mangemort, et ceux qui le savaient pensaient qu'elle menait simplement Sirius dans un piège. Il était ainsi devenu non seulement sûr, mais aussi essentiel, pour eux, d'être vus ensemble. C'était un arrangement étrange, mais également nécessaire.

Alors que les heures passaient, ils devenaient de plus en plus à l'aise ensemble ; très souvent, les années séparées semblaient fondre subitement.

Il y avait des moments délicats, évidement, car ils avaient tous deux mûri et changé, mais ceux-là étaient peu nombreux, et le jeu en valait la chandelle.

"Tu devrais vraiment venir en Amérique du Sud avec moi quelques temps," disait Julia avec un sourire. "Quand ce sera fini, je veux dire. Tu trouveras les tempes Aztèques fascinants, je crois."

"Pourquoi ça?"

"Des endroits à explorer et où trouver des ennuis," répondit-elle, faisant pouffer Sirius.

"Tu as probablement raison, alors. Mais seulement si tu joues à cache-cache."

"J'aurai un avantage, tu sais," rit elle. Sa queue de cheval blonde tournoya tandis qu'elle secouait la tête.

"Je m'en moque," répliqua Sirius avec un sourire. "Je te trouverai de toute façon."

"Tu crois ça, vraiment?"

Il continua simplement à sourire. "Ouaip."

"Et pourquoi ça?" demanda Julia avec légèreté.

"Parce que je te connais. Tu t'ennuieras à rester cachée et viendras me trouver."

Elle commença à protester et puis s'arrêta avec un regard étrange sur le visage. "Tu sais," dit doucement Julia, "tu as probablement raison."

Sirius la regarda étrangement. "C'est la première fois que je te vois te rendre si vite sans une querelle," commenta t-il.

"C'est juste que je ne veux pas te perdre encore." Ses yeux rencontrèrent les siens, et ils étaient sereins, mais Sirius vit la douleur derrière le contrôle. Il passa un bras autour d'elle tandis qu'ils marchaient.

"Tu ne me perdras pas," dit-il doucement. "Je le promets."

Julia rit sans humour. "Pour une fois, je voudrai être une de ces idiotes qui croient tous les mots que tu dis," répondit-elle. "Mais toi et moi savons qu'il ne peut y avoir de promesses dans cette guerre."

"Je sais," admit-il. "Mais je ne vais pas mourir."

"Sirius..."

"Chut." Il tourna la tête pour l'embrasser sur le front ; aussi petite qu'était Julia, elle était à la parfaite hauteur pour ça. "Je ne vais pas mourir, alors ne discute pas avec moi."

"Comment peux-tu être sûr?" murmura t-elle.

"Parce que j'y suis passé tout près, et je ne vais pas y retourner," répondit sombrement Sirius.

"Pas avant que je sois vieux, édenté et prêt pour ça." Il sourit, joueur, la regardant dans les yeux. "Et puis alors, je serai tellement laid que tu ne voudras plus entendre parler de moi."

"Ca m'étonnerait." Elle sourit en retour.

"Quoi, que je devienne vieux et laid, ou que ne veuilles plus me voir?"

Ses yeux pétillèrent. "Les deux."

OOOo

Il transplana presque sur Julia juste comme elle était prête à se coucher dans sa chambre au Chaudron Baveur. Elle bondit, saisie, puis s'écroula sur le lit. Avec colère, elle claqua, "Et bien, salut!"

"Je suis heureux de voir que tu es seule," gronda Severus Rogue.

"Et qu'est-ce que c'est supposé signifier?" demanda Julia.

"Ca signifie que le monde entier sait que tu traînes avec Sirius

Black!" répliqua son meilleur ami. Il la regarda avec colère. "Mais bon sang, à quoi tu penses?"

"Tu parles du fait d'être assise sur un lit ou de Sirius ?" Julia rencontra ses yeux avec un regard tout aussi furieux. Plus que out autre, Severus aurait dû savoir qu'il ne pouvait pas ne pas frapper avant d'entrer. Généralement, il savait mieux que cela éviter de la braquer.

"Bien sûr que je te parle de Black!"

"Oh, ça," répondit-elle doucereusement, se réjouissant de voir son visage devenir rouge de frustration. "Est-ce tellement compliqué pour toi de comprendre je suis de nouveau avec l'homme que j'aime après dix ans de séparation? Je sais que c'est un sujet difficile pour toi, Severus, mais même toi aurais dû le voir venir."

"Je ne parle pas de ça," aboya-t-il.

"Alors de quoi tu parles?" Julia se dressa, souhaitant être plus grande pour pouvoir le regarder dans les yeux sans avoir à tendre le cou en l'air.

"Je me demande simplement si tu n'es pas devenue folle," gronda Severus.

"Et pourquoi ça?"

Il tendit la main et saisit son bras avec si peu de ménagement que cela fit mal, et il ne la laissa pas reculer quand elle essaya. "Est-ce que tu crois que le Seigneur des ténèbres permettra que tu lui flanque une gifle publiquement de cette façon? Est-ce que tu crois qu'il permettra que tu te promènes à ta guise au côté d'un homme qui est devenu un symbole de la résistance? Par la barbe de Merlin, Julia, tu n'aurais pu faire pire si tu avais choisi Dumbledore ou Potter pour tomber amoureuse!"

Julia le regarda un instant, stupéfaite par son éclat—c'était si peu Severus de hurler—et puis elle commença à rire.

"Quoi ?" demanda t-il avec emportement. "Pourrais-tu s'il te plait me dire ce qu'il y a de si sacrément drôle à propos de tout ça?"

"Severus..." Elle posa sa main libre sur son épaule et reprit le contrôle de son rire de soulagement. "Je suis touchée par ta sollicitude, mais crois-tu que je sois stupide?"

Ses yeux sombres fouillèrent son visage avec suspicion. "En ce moment, stupide ou folle, oui."

"Je déteste devoir te désappointer, mais je suis en pleine possession de mes moyens en ce moment," répondit sèchement Julia. "Et en fait, le Seigneur des ténèbres m'a en effet donné la permission de faire exactement comme il me plait."

"A quoi tu joues, Julia?" demanda Severus avec inquiétude.

"A rien du tout," répondit-elle sincèrement. "Je suis une Serpentard, tu te rappelles ? Pas de risques inutiles. Mais en fait, on m'a ordonné de renouer ma relation avec Sirius." Elle grimaça finalement, ne voulant pas mentionner la partie désagréable.

La compréhension se peignit sur le visage de son vieil ami. "Il veut que tu livres Black."

"Oui. Ce que je ne ferai pas, bien sûr, mais je m'en arrangerai le moment venu."

"Il le sait?" demanda soudain Severus, relâchant finalement son bras de la poigne mortelle qu'il avait dessus.

"Sirius? Oui." Julia sourit légèrement : "il est plus courageux que toi,

Severus, il me fait confiance. Il comprend les risques."

Rogue roula des yeux. "Stupide Gryffondor. Il fait suffisamment une cible comme ça, sans t'ajouter sur la liste."

"Tu n'as jamais été amoureux,", répondit-elle doucement.

"Et j'espère ne jamais l'être, à en juger par l'effet que cela te fait," rétorqua-t-il.

"Bien sûr que tu aimerais," dit Julia avec tolérance. "Tu peux tromper tes élèves, mais je sais que tu n'es qu'un vieux coeur tendre."

Severus renifla.

OOOOo

Remus s'assit tranquillement sous saule du lac, laissant son esprit errer.

Il faisait nuit à présent, et la lune était presque disparue, mais pas tout à fait—il avait trois semaines avant la prochaine transformation. Depuis tant d'années qu'il avait reçu la morsure, Remus avait été mal à l'aise sous n'importe quelle lune, mais maintenant il en venait à apprécier sa beauté et la paix qu'il pouvait trouver seul dans les ténèbres. Peu se seraient attendus à trouver le directeur de Poudlard seul dehors si tard dans la soirée, les yeux levés sur la lune, mais il avait une raison pour cela. Dans l'effervescence du château, il était difficile même pour Remus de trouver la solitude, et c'était pour le moment ce dont il avait le plus besoin. Ses pieds étaient nus et de temps en temps, il agitait ses orteils, appréciant la sensation des brins d'herbes entre eux. Il était assis le dos contre le tronc d'un vieux saule ne se souciant pas de savoir s'il salissait sa robe ou pas. C'était fini les jours où il comptait chaque penny et conservait son argent avec précaution. Quand il venait juste d'être diplômé de Poudlard, Remus n'avait jamais été sûr de combien le temps entre deux boulots durerait. Mais à présent, après avoir enseigner pendant huit ans, il était en sécurité à ce sujet—à la fois financièrement et matériellement. Il n'avait jamais été un homme riche, mais Poudlard payait assez bien. Il était à l'aise.

Par habitude, ses yeux dérivèrent vers le château, examinant attentivement chaque ligne et courbe, cherchant un problème ou un danger. Il ne s'attendait pas à en trouver parce que les enchantements autour de son école étaient trop forts pour ça, mais il regardait toujours, sachant que les enfants à l'intérieur étaient sous sa protection. Même s'ils ne le savaient pas, ils dépendaient de ses forces pour être protéger du monstre qui rodaient aux portes. Tôt ou tard, Voldemort viendrait.

Il avait compris cela trois jours auparavant parlant avec Dumbledore. Et c »tait cela plus que le besoin de solitude qui avait mené Remus dehors ce soir. Il en était toujours à s'ajuster à ses nouveaux pouvoirs, mais il avait vraiment appris à voir le château sous une lumière différente. Désormais, il ne jugeait pas seulement Poudlard par ses yeux physiques ; il voyait plus profond, ressentait le vieil et antique pouvoir qui gardait les murs solides et le château entier. Il pouvait voir les forces et les faiblesses sans même se concentrer, et il pouvait indiquer au château lui-même comment réparer ses blessures. Il n'y en avait aucune, bien sûr. Dumbledore avait trop bien prit soin de Poudlard pour que cela arrive.

Pourtant, Voldemort viendrait. A la fin, il en viendrait à tester de nouveau Remus, parce que l'attaque des géants (qui semblaient avoir eut lieu des lustres auparavant) avait été très mineure dans le grand panorama de la guerre. Le Seigneur des ténèbres avait besoin de savoir si Remus pouvait tenir face lui de la même manière que Dumbledore l'avait fait, s'il pouvait refuser l'entrée de l'école à toute intrusion et combattre.

Un frisson traça son chemin su la colonne vertébrale de Remus. Il n'avait aucune envie de faire face à Lord Voldemort, mais il le ferait s'il avait à le faire. Il avait une responsabilité envers ses élèves et ses professeurs... Il devait les protéger, quoi qu'il en coûte. En une certaine manière, un tel devoir ne lui paraissait pas juste. Remus s'était toujours considéré comme légèrement supérieur à la moyenne des sorciers. Il n'avait certainement jamais possédé la puissance tranquille ou l'indéniable talent de James ou de Sirius. L'intelligence, oui, il l'avait, et il avait bien appris ses leçons de la vie, mais il n'était pas Dumbledore, non plus. Il n'avait jamais eu ce genre de puissance capable de faire trembler la terre. Mais il avait su les risques quand il avait accepté le poste. Bien que cela ait semblé impensable que Voldemort s'en prenne alors à Poudlard, Remus avait toujours su que la possibilité existait. Maintenant, toutefois, c'était plus qu'une probabilité.

« Un beau merdier, où tu t'es fourré, Lunard », murmura-il à lui-même, souriant doucement.

Il n'avait pas peur. Pas pour lui-même, en fait. Il ne craignait que l'échec. Il craignait l'échec, et ce qu'il représentait. Le visage de chaque élève qu'il avait croisé dans les couloirs lui rappelait combien le prix pouvait être élevé.

Il n'échouerait pas pour eux.

Il ne pouvait pas.

L'horloge sur le mur à sa droite disait, "Va au lit," et c'était probablement la bonne idée.

Au lieu de cela, Sirius soupira et ouvrit un autre livre. Une horloge Moldue lui aurait simplement dit qu'il était deux heures du matin passé, mais il ne s'en souciait guère. Il s'était réveillé d'un cauchemar qui avait été beaucoup trop clair à son goût, le laissant tremblant, avec le besoin de sortir. A sa propre surprise, ses pas l'avaient mené directement au Ministère, alors qu'il n'avait jamais décidé d'y aller.

Mais Sirius n'était pas de ceux qui discutent les coïncidences, et son cauchemar lui avait donné une autre piste dans le mystère qu'il tentait d'élucider. C'est pour cela qu'il s'était dirigé vers la bibliothèque de la division et avait commencé à sortir des livres qu'il n'avait jamais trouvés à Poudlard.

Il passa une main sur ses yeux fatigués et continua de consulter l'index de Magie Noire des Temps Anciens. Aussi fatigué qu'il l'était, les doigts de Sirius volaient à travers les pages, cherchant la seule incantation qui pourrait répondre à toutes ses questions. Presque une douzaine de volumes différents avaient déjà échoué à lui apporter la réponse, mais il était sûr qu'elle devait exister quelque part. Il n'avait pas d'hallucinations, et il n'était pas fou. Cette foutue chose devait être quelque part. Avec exaspération, il dépassa la page des E, mais la retourna rapidement comme quelque chose attirait son regard. Peut-être, pensa t-il, regardant avec soin l'intitulé de la page 269.

Rapidement, Sirius ouvrit la bonne page. A mi parcours de la colonne de droite, il lut :

Enchantement de Vision à Distance. Incantation: Mandatus

Prospicio Subigum. Sortilège très compliqué qui crée pour le lanceur la capacité de voir à travers les yeux d'un autre. Antique Magie Noire, utilisée pour la première fois dans la province romaine d'Hispanie en 117 avant J-C. [Construction initiale : "Mandatum," pour commander; "Prospicio," pour voir à distance; "Subigo," pour soumettre ou exiger.] Contre-Sort : Aucun.

Un frisson le parcourut, et Sirius dut laisser échapper la respiration qu'il ne s'était pas rendu compte qu'il retenait. Sa première pensée fut un soulagement — Je n'ai rien imaginé. La seconde fut néanmoins la peur. Et si ça avait marché? Immédiatement, il fouilla son esprit à la recherche de réponses, cherchant activement dans ses souvenirs pour la première fois, mais il ne trouva rien. Aussi loin que Sirius se rappelait, Voldemort n'avait jamais réussi. Il se souvenait s'être évanoui plus d'une fois sous la douleur, mais ne se souvenait pas avoir cédé.

Il ferma les yeux, réfléchissant, se rappelant.

Les Détraqueurs le tenaient.

Douleur.

Les mots qu'il avait entendus trop souvent, qu'il connaissait trop bien—

"Mandatus Prospicio Subigum!"

Agonie.

Ils essayaient de miner sa résistance, tentant par tous les moyens qu'ils connaissaient de le briser. Sirius luttait contre les horreurs envahissant son esprit, essayant désespérément de différencier celles du passé et celles du présent, combattant la magie froide qui coulait à travers son corps. Il hurlait et son esprit était un fouillis de souvenirs et de souffrances, incapable de dire ce qui avait été et de ce qui était maintenant.

Mais il devait se battre. C'était la seule constante qu'il connaissait et comprenait. Se battre, ou trahir ses amis. Sirius ne savait pas comment il savait que c'était vrai ; c'est juste qu'il le savait.

Douleur.

Quelqu'un lança le Sortilège de Torture, essayant toujours de le réduire.

Il hurlait si fort que ça gorge brûlait. Sirius renonçait à sa conscience. Il luttait simplement pour le contrôle de son cœur et de son esprit. C'était tout ce qui importait. Le corps était secondaire, à présent. C'était une guerre pour son âme.

Douleur.

Froid.

Ténèbres.

Sirius snapped out of the memory with a start. Respirant laborieusement, il se força à cligner rapidement des yeux et à rendre sa netteté à la pièce où il se trouvait. Pas Azkaban, se dit-il fermement. Pas Casa Serpente. Après un long moment, il fut capable de ramener son cœur affolé sous contrôle et de réfléchir. Il devait analyser ce dont il se souvenait, devait comprendre ce que ça signifiait. Avait-il cédé? Voldemort pouvait-il l'utiliser?

Non. Et ce n'était pas de l'entêtement ou des paroles de déni. Sirius savait que c'était vrai. S'il avait craqué, Voldemort ne l'aurait jamais fait chercher de cette façon... donc il n'avait pas craqué. Mais alors pourquoi Voldemort le voulait-il ainsi?

Son instinct disait à Sirius que la réponse résidait dans ce sort qui avait échoué. Il regarda encore le livre, mais il n'y avait rien d'autre. Pas de Contre-Sort. Pas de conséquences. Pas d'autre information. Il fronça les sourcils. Peut-être son instinct avait-il tort, mais Sirius avait apprit à l'écouter il y avait longtemps de cela. Chez les Aurors, son instinct l'avait gardé en vie plus d'une fois, et il l'avait aussi aidé à s'évader d'Azkaban. Mais si la raison de tout cela avait quelque chose à voir avec le sort, qu'est-ce que c'était? Est-ce que Voldemort avait besoin de lui parce que le sort avait échoué?

Il bailla et jeta de nouveau un œil à l'horloge. Elle émettait maintenant un faible ronflement, et il lut, "Beaucoup Trop Tard Pour Regarder l'Horloge."

Sirius grogna. C'était probablement juste.

Armé de quelques réponses (et avec encore plus de questions), Sirius se leva et rentra chez lui.

OOOOOOo

B'en avec ça si vous êtes pas curieux de la suite ! Mise en ligne grâce à Titou Moony la semaine prochaine - Ouais, je recrute....