Auteur : Kaory/Johanna
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Origine : Gundam Wings
Genre : AU, yaoi, OOC
Disclamer : Ils ne m'appartiennent pas encore mais j'ai envoyé une lettre au père noël pour avoir Heero et Duo et comme j'y crois…
Couples : dans ce chapitre ? Personne
Remarque : Merci pour vos encouragements, ça me fais chaud au cœur.
Bonne lecture !
LES FEUX DU DESIR2/42
-Grand-mère, le voil !
Le jeune garçon entra en courant dans la pièce. Sans un regard pour sa grand-mère, il se précipita vers la fenêtre : un défilé d'élégantes voitures remontait rapidement la longue allée. Une minuscule goutte de sang perla sur sa lèvre inférieure qu'il mordait sauvagement. Ses mains s'agrippaient au rebord de la fenêtre et dans ses yeux sombres écarquillés se lisait de la frayeur.
-Par nataku ! Que vais-je faire ? s'écria-t-il. Il va me battre, j'en suis sur.
Keiko Yuy Cudworth, la duchesse douairière d'Albermale, ferma les yeux en soupirant. Elle était trop âgée pour prendre au sérieux ce genre de crise à la limite de l'hystérie. Cela ne rimait à rien. Son petit-fils aurait dû réfléchir aux conséquences de ses actes avant de se couvrir de honte.
-Calme-toi, Wufei, dit-elle, impassible. Si ton frère te bat, ce dont je doute fort, tu n'auras rien de plus que ce que tu mérites. Il faudra bien que tu finisses par l'admettre.
Le prince Wufei se tourna vers la vieille dame, en se tordant convulsivement les mains.
-Mais il me tuera ! Vous ne le connaissez pas. Vous ne l'avez jamais vu en colère. Il ne sait plus ce qu'il fait. Et même s'il n'a pas l'intention de me tuer, je ne survivrai pas au sort qu'il me réserve.
Keiko Hésita. La dernière fois qu'elle avait vu Heero Alexandrov Yuy, quatre ans plus tôt, c'était un jeune homme au regard froid. Il avait alors seize ans et servait déjà dans l'armée russe comme son père jadis. C'était un jeune homme au regard froid. Certes, il était fort, suffisamment pour tuer à mains nues. Mais tuer son frère ? Jamais, quel que fût son méfait.
Keiko secoua la tête avec fermeté.
-Ton frère sera peut-être furieux, rien de plus normal après tout, mais pas au point de perdre la tête.
-Grand-mère, pourquoi refusez-vous de m'écouter ? Vous ne connaissez pas Heero comme moi. Vous ne l'avez guère vu qu'une demi-douzaine de fois et jamais très longtemps. Moi, je vis avec lui. C'est mon tuteur désormais. Je le connais mieux que quiconque.
-Tu vis chez moi depuis un an, lui rappela Keiko, et tu ne lui as pas écrit une seule ligne pendant ce temps.
-Que voulez-vous dire ? Qu'il aurait changé en l'espace d'une seule année ? Non, les hommes comme Heero ne changent pas. Il est russe…
-A demi japonais.
-Il a grandi en Russie.
-Comme toi et puis il voyage énormément. Il ne passe pas plus de six mois par ans en Russie, parfois moins.
-Seulement depuis qu'il a quitté l'armée.
Leurs avis différaient toujours quand il s'agissait de Heero. Son frère le décrivait comme un tyran, à l'instar du Tsar Nicolas. Keiko réfutait cette vision simpliste. Sa fille, Meiran, s'était occupée de l'éducation de ses fils, et son influence avait heureusement contrebalancé celle de son mari, Vladimir Alexandrov. A la pensée de sa fille, morte aujourd'hui, Keiko repensa au parcours qu'elle avait due franchir pour arriver ici, en Angleterre sa nouvelle patrie.
Keiko vivait heureuse avec son mari et sa fille à peine âgée alors de quelques mois, mais le destin vint bouleverser sa vie. Son mari faisait partie d'un clan puissant au japon, trop puissant. Un clan ennemi fit irruption chez eux, tua toutes les personnes se trouvant dans la maison. Son mari réussi à sauver sa famille ainsi que quelques serviteurs mais il mourut en protégeant leur fuite. Keiko et sa fille furent séparées du reste de sa famille et durent se débrouiller seules tout en restant cachées car elles étaient recherchées. Elle put gagner assez d'argent pour prendre deux billets pour l'Angleterre. Mais arrivée dans sa nouvelle patrie elle constata que les asiatiques n'étaient pas très bien vus et dû se contenter de petits boulots ingrats, gagnant juste assez pour les nourrir et les loger. Puis le destin lui fit rencontrer son futur deuxième mari, Andrew Cudworth. Elle venait de trouver un travail comme couturière dans une boutique renommée lorsqu'ils se rencontrèrent. Au début la confiance fut difficile à s'installer. La réputation des nobles avait précédé Andrew. Ceux-ci n'hésitaient pas à séduire de jeunes filles de sa condition, dans le but d'en faire leur maîtresse. Ces dernières devenaient à la longue des courtisanes. Mais Andrew était différent et il n'en fit rien. Au contraire, il lui fit la cour comme il l'aurait fait pour une jeune fille de bonne famille. Keiko tomba sous le charme du noble et quelques mois plus tard ils se marièrent à la plus grande consternation de la haute société. Il adopta aussi Meiran néanmoins Keiko insista pour que sa fille garde le nom de Yuy et sa fille en fit de même avec son mari Vladimir qui commença par refuser cette décision, mais devant la menace d'annulation de Meiran, il capitula étant trop amoureux de sa fiancée.
Keiko revint au présent.
-Je te conseille de te calmer, dit-elle. A mon avis, il n'appréciera pas plus que moi ta petite comédie.
Wufei jeta un coup d'œil par la fenêtre. La première voiture venait de s'immobiliser devant l'entrée de l'énorme manoir campagnard. Pris de panique, il se jeta aux pieds de sa grand-mère.
-Je vous en prie, grand-mère ! Vous devez lui parler. Il faut lui parler en ma faveur. Il se moque pas mal de ce que j'ai pu faire. Ce n'est pas un hypocrite. Mais il a dû changer ses plans pour venir me chercher. Il a toujours des projets, vous comprenez, il organise son emploi du temps à l'avance. Il peut vous dire où il sera, au jour près, l'année prochaine. Mais si l'on se met en travers de son chemin, il entre dans une rage folle. Vous lui avez demandé de venir et tout ce qu'il avait prévu est tombé à l'eau. Il faut m'aider.
Keiko comprit enfin à quoi rimait toute cette comédie.
« Il attend le dernier moment pour me mettre au pied du mur. »
C'était ingénieux. Naturellement Wufei Alexandrov Yuy était intelligent et rusé.
Il lui fallait donc apaiser la colère de l'ogre ? Et comment ? En passant sous silence ses écarts de conduites du jeune homme qui lui avait désobéi, ne voulant en faire qu'à sa tête, au mépris de toute convention. Wufei avait même refusé de rentrer en Russie, après que le dernier scandale en date eut éclaté. C'était d'ailleurs pour cette raison-là que Keiko avait écrit à Heero.
Elle regardait le ravissant visage si plein d'anxiété de son petit-fils. Sa fille Meiran était adorable et les Alexandrov très beaux. Elle n'était allée en Russie qu'une fois, à la mort de son gendre, Vladimir Alexandrov, pour aider sa fille. Elle avait alors fait la connaissance des trois enfants issus du premier mariage de Vladimir et de ses nombreux enfants illégitimes, tous d'une grande beauté. Bien sûr, c'étaient Wufei et Heero, ses uniques petits-enfants, qu'elle entourait de tendresse.
Keiko soupira. Décidément, Wufei le menait par le bout du nez. Il fallait qu'il quitte l'Angleterre en attendant que ses frasques les plus récentes fussent oubliées (ce dont elle doutait fortement). Ensuite, il pourrait revenir. Keiko aimait la compagnie du jeune homme ressemblant le plus à sa fille. La vie avec lui était parfois trop animée, mais du moins cela préservait de l'ennui !
-Va dans ta chambre, mon enfant, je lui parlerai. Mais attention, je ne te promets rien.
Wufei se releva d'un bond heureux et surtout soulagé.
-Merci grand-mère ! Et pardon pour tout le mal que je vous ai donne…
-Si ton frère est aussi difficile à vivre que tu le prétends, il vaut mieux sans doute que ce soit à moi que tu donnes du mal ! Laisse-moi maintenant, il va arriver d'un instant à l'autre.
Le prince sortit vivement. Il était temps. Une minute plus tard, le maître d'hôtel ouvrait la porte du salon, suivi de près par le prince Heero Alexandrov Yuy qui, se souciant peu de protocole, entra au moment où le domestique l'annonçait.
Son allure laissa Keiko interdite. Il était encore plus beau que dans son souvenir. Elle reconnut les cheveux bruns en bataille, les yeux d'un bleu sombre, cobalt, frangés de longs cils sombres. Mais si à seize ans il y avait encore quelque chose de juvénile en lui c'était maintenant, c'était un homme accompli. Sa beauté surpassait celle de son père qui avait été le plus bel homme qu'elle eût jamais vu.
Il traversa le salon d'une longue foulée, pour venir s'incliner devant sa grand-mère. Ses manières avaient gagné en courtoisie. Mais quel air impérieux ! Etait-ce bien là son petit-fils ?
Avec un large sourire, il saisit par les épaules et la souleva littéralement de son siège pour appliquer deux baisers sonores sur ses joues.
-Lâche-moi, baka, dit la duchesse en grimaçant. Un peu de respect pour mon âge, s'il te plaît !
Elle était offusquée. Quelle force ! Wufei n'avait pas tort de craindre son frère. S'il décidait de lui donner une correction, ce qu'il méritait…
-J'en suis au regret, répondit-il en russe.
-Epargne-moi ces sottises. Tu parles fort bien l'anglais et le japonais, je te prierai donc de t'exprimer dans ces langues tant que tu es sous mon toit.
Heero éclata d'un rire chaleureux et profond tout en serrant sa grand-mère dans ses bras.
-Je disais que j'étais désolé, babushka[1], mais vous ne m'avez pas laissé poursuivre, dit-il en laissant la duchesse se rasseoir. Vous êtes toujours aussi querelleuse. Vous m'avez manqué. Vous devriez venir vivre en Russie.
-Mes pauvres os ne supporteraient pas un seul de vos hivers, tu le sais bien.
-Dans ce cas, il faudra que je vienne plus souvent. Cela fait trop longtemps que nous ne nous sommes vus, Babushka.
-Assieds-toi, Heero. J'ai mal à la nuque à force de lever la tête pour te regarder. Tu es en retard.
Quelque peu piquée, elle ne pouvait résister au plaisir de l'attaquer à son tour.
-Votre lettre a dû attendre le dégel de la Neva[2] avant que je la reçoive, répondit-il en approchant un siège pour prendre place à côté de la duchesse.
-Je sais. Je sais également que ton bateau est resté à quai pendant trois jours à Londres. Nous t'attendions hier.
-Après des semaines en mer, j'avais besoin d'un jour pour récupérer.
-Mon Dieu ! Je n'ai jamais entendu d'expression plus aimable pour expliquer qu'on a envie de prendre du bon temps. Etait-il ou elle joli ?
-Elle. Infiniment.
Si elle avait espéré le désarmer par sa franchise, elle faisait long feu. Ni rougeur, ni excuses, mais un simple sourire nonchalant. Elle aurait dû s'y attendre, Heero ne cachait pas sa bisexualité, ni Wufei d'ailleurs. Selon sa tante Une qui correspondait régulièrement avec Keiko, Heero n'était jamais à court de conquêtes tous sexes confondus, des femmes mariées pour la plupart et de jeunes hommes tous subjugués par son charisme et son charme. Wufei avait raison. Le sermonner pour son inconduite aurait été pure hypocrisie de la part de son frère, ses frasques à lui se comptaient par centaines.
-Qu'as-tu l'intention de faire au sujet de ton frère ? S'enquit Keiko, profitant de sa bonne humeur.
-Où est-il ?
-Dans sa chambre. Il n'était pas trop content de te savoir ici. Il semble craindre que tu ne lui en veuilles particulièrement d'avoir été obligé de venir le chercher.
Il haussa les épaules.
-J'avoue que votre lettre m'a contrarié. Ce n'était pas le moment de quitter la Russie. J'avais beaucoup à faire.
-Je suis navrée, Heero. Je ne t'aurais pas appelé à mon secours si cette femme n'avait pas fait une scène épouvantable en trouvant Wufei au lit avec son mari. Il y avait une centaine d'invités à cette réception et la moitié s'est précipitée au secours de la malheureuse en l'entendant pousser des hurlements hystériques. Ce baka de Wufei n'a pas eu le réflexe de se cacher sous les draps pour que l'on ne le reconnaisse pas. Au contraire, il a fait face à l'épouse outragée et nu en plus.
-Je déplore en effet que Wufei n'ait pas été plus discret surtout avec un homme marié, voyez-vous Babushka, les Alexandrov Yuy n'ont pas l'habitude de tenir compte de l'opinion publique. Mais mon frère a eu tort de vous désobéir.
-C'est un enfant têtu et fier. Il a simplement assumé ce qu'il avait fait, un autre trait que vous, les Alexandrov Yuy, avez en commun.
-Vous le défendez trop.
-Rassure-moi : tu n'as pas l'intention de le battre, j'espère ?
Heero parut stupéfait, puis éclata de rire.
-Qu'a-t-il donc raconté à mon sujet ?
Les joues de Keiko s'empourprèrent.
-Manifestement, des sottises, fit-elle d'un ton désagréable.
Il continuait de rire.
-Wufei n'a plus l'âge des fessées, même si j'ai envisagé un instant cette éventualité et dois-je vous rappelez grand-mère que nous pratiquons les arts martiaux depuis l'enfance, Wufei sait très bien se défendre. Non, je vais simplement le ramener à la maison et lui trouver une femme. Il lui faut quelqu'un qui le surveille de près, ce que je ne peux pas faire.
-Je ne pense pas que ce projet lui fasse plaisir, mon garçon. Il prétend ne pas être fait pour le mariage et que c'est toi, d'ailleurs, qui l'en a convaincu.
-Eh bien, peut-être changera-t-il d'avis en apprenant que j'ai l'intention de me marier d'ici à la fin de l'année.
-Es-tu sérieux, Heero ? Demanda Keiko, surprise.
-Parfaitement. Ce voyage en Angleterre m'a contraint à interrompre la cour que je fais à ma fiancée.
A suivre
[1] grand-mère en russe
[2] c'est un fleuve en Russie (74 km), émissaire du lac Ladoga qui arrose Leningrad et se jette dans le Golf de Finlande par un vaste delta. Chemin naval qui avait un gros inconvénient c'était d'attendre le dégel afin de le pratiquer.
