Auteur: Kaory/Johanna
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Origine: Gundam Wings
Genre : AU, yaoi, OOC
Disclamer : Ils ne sont pas à moi… Dommage.
Couples : 1x2 enfin ! lime
Remarque : celui-ci est long c'est pour me faire pardonner du retard. Merci pour vos messages d'encouragement !
Bonne lecture !
LES FEUX DU DESIR6/42
Plus tard, dans l'après-midi, ou bien était-ce en début de soirée ? On lui prépara un bain. Il n'avait aucune idée de l'heure car il n'y avait pas de pendule dans la chambre et sa montre avait due tomber lorsqu'il s'était débattu avec cet idiot de Lowe.
Prudent, il observa les allées et venues d'un trio de domestiques qui transportèrent dans la pièce un tub et le remplirent d'eau chaude parfumée à l'essence de pêche. Personne ne lui avait demandé si il désirait prendre un bain. Il n'en avait aucune envie en tout cas. On ne lui ferait pas enlever ses vêtements dans cette maison inconnue, même si il paraissait ridicule dans cette tenue vue que l'on avait découvert qu'il était en fait un garçon.
Lowe entra, vérifia la température de l'eau, sourit. Assis avec raideur dans un fauteuil, Duo fit de son mieux pour lui opposer une franche indifférence.
Il approcha.
-Vous allez prendre un bain, dit-il avec une autorité que renforçait sa nature.
Il releva lentement la tête, puis la détourna avant de déclarer sur un ton des plus supérieurs :
-Vous auriez mieux fait de me demander mon avis avant de vous donner tout ce mal. Je regrette mais je ne prends pas de bain chez des inconnus.
Odin commençait à en avoir assez de son arrogance.
-Je ne te le demande pas je te l'ordonne. Dit-il en passant au tutoiement. Après tout ils étaient de la même catégorie : des domestiques. Et tu vas obéir, sinon les gardes en faction devant ta porte se feront un plaisir de t'y aider, ce qui, j'en suis sur, ne sera pas à ton goût.
Duo était en rage, il aurait très bien pu neutraliser cet imbécile, même si il n'avait jamais eu recours à ça, mais il avait aperçu ces fameux gardes et il doutait, surtout habillé d'une robe, d'en venir à bout tout seul.
Odin fut soulagé de le voir réagir aussitôt. Ses grands yeux améthyste se rétrécissaient sous l'effet de la colère. C'était de loin un de ses principal atouts. Leurs éclats particuliers lui conféraient un air d'étrange innocence et en même temps de danger.
Odin n'en doutait pas, si ce jeune homme le pouvait, il lui aurait sauté dessus. Etait-ce qui avait plu au prince ? Ce coté rebelle ? Pourtant, il n'aurait pas pu voir tout cela d'aussi loin et en quelques secondes.
Pour la soirée avec le prince, il fallait lui enlever cette vilaine robe noire qui lui allait si mal et vu que la mascarade a été découverte, ne lui était plus nécessaire. Autrement, il avait un joli grain de peau, un teint doux et translucide. Les cheveux lâchés lui donnerai l'air d'être un personnage imaginaire, envoûtant. Enfin, si il voulait bien lâcher ses cheveux et comme il ne se laissera certainement pas faire, mieux valait ne pas y penser. Il ne fallait pas que son corps porte la moindre trace de violence : le prince serait furieux. Tant pis. La lumière tamisée et les draps de satin vert seraient ses seuls ornements. Odin était satisfait, il avait la situation en main. Après le bain parfumé, on monterait au jeune homme le dîner où l'on aurait versé l'aphrodisiaque. Drogué, nu et vulnérable, il ne pourrait rien refuser au prince.
-N'attend pas que le bain refroidisse, reprit Odin avec fermeté. Je t'envoie une personne pour t'aider à retirer cette robe. On va également t'apporter un repas, et cette fois-ci, tu mangeras, dussé-je employer la force ! Nous n'avons pas l'intention de te laisser mourir de faim tant que tu es sous notre toit.
-Combien de temps encore va-t-on me retenir ici ? Fit-il entre ses dents.
-Lorsque le prince te renverra, je te ferai déposer où tu le désireras. Le prince ne passera guère plus de quelques heures avec toi.
« Pour ma part quelques minutes me suffiront pour le castrer ce libertin », songea-t-il, furieux. Après, il pourra partir, satisfait. Un sourire diabolique apparu sur ses lèvres et demanda d'un ton doucereux :
-Quand vient-il ?
Odin ne fut pas dupe. Ses derniers remords disparurent en voyant le sourire que Duo arborait en ce moment. Heureusement qu'il avait pensé à utiliser l'aphrodisiaque car, bien que le prince sache se défendre, il était sur que ce jeune homme lui aurait mené la vie dure et que la fureur de celui-ci serait retombée sur eux durant le voyage.
- Dans la soirée, quand il sera prêt.
Duo baissa les yeux, les joues empourprées de colère et de honte. Il avait plus entendu parler d'amour physique en un seul jour qu'en vingt ans de sa vie, et avec un naturel, un sans-gêne déconcertant. Son père et son frère Solo, n'étaient pas des anges, mais il n'en avait jamais parlé à Solo et certainement pas de relations sexuelles entre hommes. Le personnel de cet Alexandrov Yuy n'était manifestement arrêté par aucun scrupule dans ce domaine. Ils ne voyaient pas le moindre inconvénient à enlever de jeunes personnes innocentes, garçons ou filles, en pleine rue pour l'offrir à la concupiscence de leur maître. Sans doute était-ce monnaie courante chez eux.
-Vous vous rendez compte, n'est-ce pas, que votre conduite est criminelle ? Dit-il.
-N'exagérons rien. Le délit est mineur et tu seras largement dédommagé.
Un tel aplomb le laissa sans voix.
Odin en profita pour s'éclipser.
Ces barbares s'imaginaient donc être au dessus de la loi ?
Non, c'était plutôt qu'ils le prenaient pour un homme du peuple. En Russie, l'aristocratie avait tous les droits. Par conséquent, à leurs yeux, il n'y avait rien de criminel à lui faire violence. Que pourrait un domestique contre un prince ?
Mais il ne leur avait pas encore révélé sa véritable identité. Enlever le fils d'un comte n'était pas une bagatelle en Angleterre. Il regrettait de ne pas avoir commencé par là, mais il était embarrassant d'avoir à avouer qu'il s'était déguisé en servante. D'ailleurs, à quoi bon se lancer dans ces justifications ? Lorsque Alexandrov Yuy verrait qu'il n'était pas décidé à se prêter à ses caprices, il lui rendrait sa liberté. Surtout si, à la base, c'était une femme et non un homme qui l'intéressait à ce moment là.
Un jeune domestique vint l'aider à se déshabiller. Duo voulu le renvoyer ensuite. En vain. Le jeune homme ne comprenait manifestement que le russe.
Indifférents aux protestations de Duo, il monologua tout en pliant les vêtements que dernier avait laissé tomber par terre, dans sa hâte d'en finir avec cette épreuve. Duo entra dans l'eau. Finalement le domestique quitta la pièce, emportant vêtements et chaussures.
Décidément, ils pensaient à tout !
Il se retrouvait nu, avec juste les draps du lit pour se couvrir.
C'était le comble !
Il s'était efforcé de garder son calme, de prendre ces odieux affronts pour de simples erreurs, et c'est avec courtoisie qu'il aurait expliqué au prince l'énorme bévue dont son domestique, par trop de zèle, s'était rendu responsable. Mais là, c'en était trop. Il allait voir à qui il avait affaire. L'idée de le castrer n'était pas si mauvaise après tout.
Absorbé par ses plans de vengeance des plus macabres, il se frotta énergiquement jusqu'à ce que sa peau devienne rouge. Sur ces entrefaites, Sally apporta le dîner.
-Je veux mes vêtements ! Cria Duo dès que la porte s'ouvrit.
-Je ne pense pas que tu sois du genre à aimer te travestir, répondit Sally d'un air moqueur. On te donnera des vêtements plus appropriés à ton sexe en temps voulu.
-Je les veux maintenant.
-Je te conseille de ne pas élever la voix, jeune homme. Les gardes ont reçu des ordres…
-Le diable les emporte et vous aussi ! Oh, à quoi bon chercher à vous faire entendre raison ?
Au comble de la fureur, il sortir du tub, s'enveloppa la taille d'une serviette et alla vers le lit au cas où ils auraient eu dans l'idée d'enlever la literie. Jugeant le couvre pied trop lourd, il l'écarta, tira le drap et le jeta sur ses épaules comme une cape. Le tissu absorba rapidement l'humidité de sa peau.
Sally le contemplait, médusée. Si petit et si farouche et diablement séduisant…
Les yeux étincelaient de colère, les joues étaient empourprées et le corps… Parfait, sans tout ce maquillage, il était beau. Le prince serait content.
-Maintenant, il faut manger. Et peut être as-tu le temps de faire un petit somme avant…
-Taisez-vous ! Interrompit Duo. Laissez-moi. Je ne parlerai qu'à votre maître.
Sally eut la sagesse de sortir, se sentant soudainement en danger devant le regard de Duo. Il n'y avait plus qu'à attendre et à espérer que les vantardises de J aient quelques fondements.
La perspective d'être contraint par les gardes grossiers à manger de force poussa Duo à s'installer à table. Il avait faim et il fallait reconnaître que la nourriture était délicieuse : du poulet nappé d'une sauce à la crème, des pommes de terre et des petits gâteaux au miel. La boisson était aussi délicieuse sans qu'il pu en reconnaître le goût.
Une servante vint avec un plateau où étaient posés une carafe d'eau, un flacon de cognac et deux verres, et plaça le tout au chevet du lit.
Ainsi le prince n'allait pas tarder à faire son apparition ? Eh bien, qu'il vienne, c'était le moment, sa rage était à son comble ! Mais il ne parut pas. Le temps continua à se traîner comme tout l'après-midi.
Son repas terminé, Duo se mit à arpenter la pièce. Après avoir fait le tour de la chambre une douzaine de fois, s'attendant à tout instant à ce que la porte s'ouvre sur ce prince invisible, il sentit sa peau le picoter là où le drap de satin l'effleurait.
Ses nerfs lâchaient.
Ils s'arrêta à côté du plateau et se versa un verre de cognac qu'il avala d'un trait. Ce n'était pas prudent mais il avait besoin de se calmer et de retrouver son sang-froid habituel, pour affronter le prince. Il fallait absolument qu'il se détende. Il se sentait si énervé, qu'il était capable de faire des bêtises. Il s'assit, cherchant à maîtriser son impatience. En vain. Il se sentait au bord de la crise de nerfs.
Il bondit sur ses pieds et se versa un autre cognac qu'il prit, cette fois, le temps d'apprécier. Allons, ce n'était pas le moment de s'enivrer. Il se remit à marcher en long et en large. A présent, le contact du drap de satin, ce maudit satin, lui irritait les jambes. Chaque mouvement devenait pénible, mais que faire ? Il fallait bien couvrir sa nudité.
Il s'arrêta au milieu de la pièce, s'efforçant d'observer une immobilité parfaite. Mais chaque muscle de son corps, tendu à l'extrême, le poussait à marcher, à s'agiter. Impossible de rester immobile.
Il s'étira et se remit à marcher. Il avait l'impression de sentir le sang pulser dans ses veines. Une sensation étrange et plaisante le gagnait peu à peu.
La porte s'ouvrit. Ce n'était que la jeune domestique qui venait reprendre le plateau du dîner. Inutile de chercher à lui parler puisqu'elle ne comprenait que le russe. Mince, il lui fallait un autre cognac. Au moment où il allait se resservir, la domestique sortie, il s'arrêta, effrayé soudain. L'alcool commençait à lui monter à la tête et il fallait garder son sang-froid.
Il s'assit sur le lit. Un léger gémissement lui échappa.
Que lui arrivait-il ?
Le drap devenait insupportable. Il fallait l'enlever, ne serait-ce que quelques instants.
Il l'écarta et frissonna tandis que le satin glissait le long de son torse, le dénudant jusqu'à la taille. Il effleura les bouts de ses seins et ce simple mouvement lui procura une sensation de plaisir étrange, qu'il n'avait encore jamais éprouvé.
Il baissa les yeux et regarda son corps : sa peau était rouge, la pointe de ses seins tendues et le plus gênant était que son sexe était dressé et palpitant.
Que ce passait-il ?
Il se frotta les bras, puis gémit de nouveau. Décidément, il y avait quelque chose d'anormal. Ce qu'il ressentait n'était pas une véritable douleur, plutôt des ondes de chaleur qui parcouraient tout son corps pour aboutir au niveau de son entrejambe.
Il se laissa tomber sur le lit, en proie à un trouble grandissant. Il était malade. Ce qu'il avait mangé peut-être… Oui, on avait dû mettre quelque chose dans la nourriture.
« Mince, que m'ont-ils fait ? »
Cette hypothèse était pourtant absurde. Ils n'avaient aucun motif pour l'empoisonner. C'était probablement une mauvaise réaction à une drogue quelconque qu'ils lui avaient fait avaler sans qu'il ne s'en rend compte, car ils n'avaient certainement pas voulu le consumer ainsi de fièvre.
La panique le submergea et il se pelotonna sur le lit. Le drap était frais sur sa peau brûlante ; il parvint à se détendre quelque instant. Une agréable lassitude l'envahit et il commença à espérer que la crise était passée. Mais ce répit fut de courte durée. A nouveau, une sensation de chaleur l'envahissait, accompagnée d'élancements au creux de ses reins.
Il roula sur le dos, les bras en croix. Le sang bouillonnait à ses tempes, sa respiration se faisait de plus en plus haletante. Secoué de convulsion, il avait cessé de s'appartenir. La notion du temps lui échappait. Sa nudité et l'étrangeté de la situation, tout cela était emporté par le feu qui le dévorait.
Vingt minutes plus tard, lorsque le prince Heero entra dans la pièce, Duo avait perdu toute conscience. Emporté par son délire, il le laissa s'approcher jusqu'au lit et le prince le contempla en silence, fasciné par le spectacle qui s'offrait à lui.
Heero avait été assez contrarié de s'être trompé, lorsque Odin lui avait appris que la jeune servante qui devait passer la nuit avec lui était en fait un homme déguisé. Il avait même envisagé de le congédier immédiatement n'étant pas d'humeur à faire l'amour avec un travesti. Enfin tout cela était avant qu'il ne découvre ce jeune homme allongé sur le lit, avec ce corps parfait s'offrant à lui.
La chambre était plongée dans l'obscurité mais le feu, dans la cheminée, projetait ses lueurs sur le splendide corps masculin, entièrement nu, qui ondulait voluptueusement et se cambrait avec impudeur devant Heero. Les spasmes, il les reconnaissait pour les avoir provoqués chez ses amants les plus ardents, mais c'était la première fois qu'il lui était donné d'en être simple spectateur.
La scène eut un effet immédiat sur lui. Il sentit la poussée du désir sous l'ample peignoir dont il était vêtu. A quels fantasmes avait-il bien pu s'abandonner pour se mettre dans un tel état d'excitation ? Cet homme était vraiment étonnant.
Toute la soirée, il avait regretté d'avoir envoyé Odin requérir sa compagnie, se disant qu'il pouvait bien attendre d'arriver en Russie pour assouvir ses besoins. A présent, il commençait à comprendre que son intuition première ne l'avait pas trompé, enfin à part l'identité du sexe de cette personne.
Lorsque Duo s'aperçut enfin de sa présence, Heero se tenait appuyé avec désinvolture conte le baldaquin. Cette vision, Adonis en chair et en os, devait être le fruit de son imagination. N'était-il pas la proie du délire le plus total ?
Duo ne prit pas conscience de regarder Heero comme un affamé.
-Aidez-moi… Il me faut… Il…
Sa gorge était tellement sèche qu'il avait du mal à parler. Il passa lentement le bout de sa langue sur ses lèvres pour les humecter.
-Un docteur…
Le sourire de Heero s'effaça. Il avait reçu un choc lorsque, enfin, il était parvenu à capturer son regard. Cette couleur stupéfiante, améthyste ? Cette passion… Il était persuadé que c'était lui dont il avait besoin, qu'il appelait. Et voilà qu'il demandait un docteur !
-Etes-vous malade ?
-Oui… La fièvre… J'ai si chaud…
Il se renfrogna. Malade ! Il ne manquait plus que cela. Maintenant qu'il avait mis le feu à ses sens. La colère le gagnait. Odin allait devoir s'expliquer.
Il se dirigeait vers la porte quand la voix de Duo l'arrêta.
-Je vous en prie… De l'eau…
Il avait l'ai si pitoyable qu'il fut saisi de compassion. D'ordinaire, il aurait sonné la femme de chambre, mais il était là, à ses côtés, il pouvait bien lui apporter à boire. Cela ne prenait que quelques instants. Après tout, ce n'était pas se faute si il était malade. Odin aurait dû le prévenir. Il avait réellement besoin d'un médecin.
Il versa de l'eau dans un verre et passa délicatement sa main sous la nuque du malheureux pour le faire boire. Il absorba quelques gorgées, puis frotta sa joue contre le poignet de Heero pour trouver un peu de fraîcheur. Heero s'écarta. Duo gémit de nouveau.
-Non, restez… J'ai si chaud…
Il frissonnait. Il posa la main sur son front : pas de température. Et pourtant, tout portait à croire qu'il avait la fièvre. De quelle sorte de mal souffrait-il donc ?
La colère le reprit et il sortit en claquant la porte. Odin arriva sur-le-champ.
-Vous m'avez appel ?
Heero n'avait jamais frappé un domestique. C'eût été à ses yeux une lâcheté impardonnable : ses serviteurs lui appartenaient : ils n'auraient pu ni se venger, ni le quitter, ni même se défendre. Mais son exaspération était telle qu'il faillit oublier ses principes.
-Espèce d'imbécile ! Ce jeune homme est malade. Tu aurais dû t'en apercevoir.
Odin avait prévu la réaction de son maître. Il savait qu'il ne pouvait éviter les explications. Il avait attendu le plus tard possible pour avouer son échec mais, maintenant, il était au pied du mur.
-Il n'est pas malade, s'empressa-t-il de répondre. J'ai fait mettre de la poudre de cantharide dans son repas.
Heero se figea, stupéfait. Comment n'avait-il pas lui-même diagnostiqué le mal dont souffrait cet homme ? Pourtant, quand il était en garnison dans le Caucase, il avait eu l'occasion d'observer l'action de ce puissant aphrodisiaque sur une femme. Une demi-douzaine de soldats n'avait pas suffit à la satisfaire. Elle en demandait toujours davantage et l'effet s'était prolongé pendant plus de quatre heures. Par contre il n'avait jamais vu l'effet que cela avait sur un homme. Jusqu'à aujourd'hui.
Heero était écoeuré. Il savait parfaitement que seul, il ne pourrait jamais parvenir à satisfaire Duo, qu'il devrait probablement faire appel à ses gardes afin de soulager le désir insatiable de ce malheureux. Il n'avait aucun penchant pour ce genre d'orgies.
Cependant, malgré son dégoût, il sentit le désir monter en lui. Il n'était donc pas malade. Il serait simplement plus difficile de le satisfaire. Il le prendrait et Duo en demanderait encore. Une situation imprévue qui déjà enflammait ses sens.
-Mais pourquoi, Odin ? Je voulais passer une soirée agréable, pas faire un marathon sexuel.
La crise était passée. Odin constatait que le prince se faisait à cette idée en dépit de ses protestations, même si ce n'était pas ce qu'il avait souhaité au départ.
-Il était difficile à convaincre, monseigneur. Il ne voulait pas d'argent, ni coucher avec un inconnu.
Heero n'avait pas envisagé cette hypothèse, ni que ce jeune homme pouvait être Hétérosexuel. Il sourit, incrédule.
-Dois-je comprendre qu'il ne voulait pas de moi ? Ne lui as-tu pas dit qui j'étais ?
-Bien sûr que si. Mais ces paysans anglais son fiers. Je crois qu'il aurait aimé que vous lui fassiez la cour. Je lui ai expliqué que vous n'aviez pas le temps. Pardonnez-moi, mais je n'ai pas trouvé d'autre solution.
-Quelle dose lui as-tu administrée ?
-Je n'étais pas sûr de l'efficacité du produit…
-Cela peut donc durer des heures, voire toute la nuit ?
-Aussi longtemps que Son Altesse voudra en profiter.
En maugréant, Heero congédia Odin. De retour dans la chambre, il fut surpris de constater combien Duo le troublait. Il se tordait toujours sur le lit, en proie à des spasmes de plus en plus violents, et gémissait sans trêves. Duo s'interrompit un instant, tandis que le prince s'asseyait près de lui, mais sans parvenir à maîtriser totalement les mouvements convulsifs qui agitaient ses jambes et son bassin. Son envie de caresser son membre toujours dur le faisait transpirer à grosse goutte mais il résistait encore, quoique sa résistance fléchissait au fil des minutes.
-Le docteur est-il l ?
-Non. J'ai bien peur qu'un médecin ne puisse rien pour toi.
-Je vais mourir ?
Il lui sourit gentiment. Duo ne comprenait visiblement rien à ce qui lui arrivait, et ne semblait pas savoir qu'il y avait un moyen bien simple pour le soulager. Il se ferait un plaisir de le lui montrer.
Il se pencha et posa délicatement ses lèvres sur les siennes. Un étrange sentiment de surprise mêlé de réprobation apparut dans les yeux améthyste du jeune homme. Il ne put réprimer un sourire. Tant d'innocence se cachait sous une sensualité aussi provocante ? Il était vraiment beau.
-Tu n'aimes pas ça ?
-Non, je… Oh, mais que se passe-t-il ?
-Mon majordome a pris l'initiative de vaincre ta timidité par un aphrodisiaque. Sais-tu ce que c'est ?
-Non. Tout ce que je sais, c'est que ça me rend malade.
-Pas malade. Cela produit exactement l'effet escompt : porter le désir sexuel à son paroxysme.
Il fallut plusieurs secondes à Duo pour se convaincre qu'il ne s'était pas mépris sur le sens de ces paroles.
-Non, ce n'est pas possible ! s'écria-t-il.
-Calme-toi, murmura Heero en lui caressant la joue. Je n'ai donné aucun ordre de ce genre mais maintenant que le mal est fait, je peux t'aider, si tu le permets.
-Et comment ?
Duo était sur ses gardes. Heero pouvait lire de l'animosité dans son regard. Odin avait raison. Duo n'éprouvait aucune attirance pour lui. Sans drogue, il se serait heurté à un refus catégorique. Etrange… Il avait l'impression que même en usant de charme, il ne serait pas parvenu à le séduire, et Dieu seul savait que lorsque Heero voulait une personne homme ou femme, il l'obtenait toujours. Ce défi aurait été intéressant à relever. Si seulement il avait disposé d'un peu plus de temps…
Mais le poudre de cantharide anéantissait une résistance contre, laquelle, probablement, ses efforts se seraient brisés. Il avait toute latitude pour le posséder. Sa vanité était suffisamment piquée pour qu'il n'ait aucun scrupule à profiter de la situation.
Heero ne répondit pas à la question. Il continua de lui caresser la joue qui, comme le reste de son corps, avait pris un ton rouge.
-Comment t'appelles-tu ?
-Duo.
-Un prénom original, dit-il en souriant. Original et unique, cela te va bien. Et ton nom ?
Duo détourna la tête. Il eut un petit rire.
-C'est un secret ? Tu m'amuses beaucoup. Peu importent les noms, après tout. Nous allons bientôt être trop intimes pour cela.
Pendant qu'il disait ces mots, sa main libre s'était posée sur le torse de Duo et lui titillait la pointe du sein gauche. Il poussa un cri.
-T u es sensible, mon démon ? Tu as besoin d'apaisement, n'est-ce pas ?
Il fit glisser sa main vers le bas ventre de Duo, prit le membre brûlant et palpitant, et commença à le caresser.
-Non… je t'en prie… Tu n'as pas le droit.
Mais il avait beau protester, son corps entier s'offrait aux caresses du prince.
-C'est le seul moyen, Duo.
Il frémissait tandis que le rythme s'accélérait. En dépit de son esprit qui s'insurgeait, il n'avait pas la force de résister. Il lui fallait la fraîcheur de ces mains sur son corps. Il lui fallait plus encore…
-Aaahh god ! s'écria-t-il, en répandant sa semence, chavirant dans un océan de plaisir qui déferlait par vagues en lui et submergeait ses sens.
Il flottait sur une mer de volupté, dans un paisible engourdissement, enfin assouvi.
La voix de Heero rompit la douce sérénité du moment.
-Tu vois, Duo, tu n'avais pas le choix.
Ses paupières alourdies se soulevèrent. Duo avait complètement oublié la présence du prince. C'était pourtant bien lui qui venait de le délivrer de ce feu qui le dévorait. Qu'est ce qui lui avait pris de le laisser faire ? Il était assis tranquillement sur le lit, et lui, nu devant lui.
Il se redressa à moitié, cherchant de quoi se couvrir. Il tendit la main pour essayer d'attraper le drap posé au pied du lit. Heero devina son intention et, d'un geste, l'en empêcha.
-Tu dépenses tes forces inutilement. Tu n'as que quelques minutes de répit. Ce n'est pas terminé.
-Tu ments, fit-il, terrifié. C'est impossible que ça recommence. Laisse moi partir. Tu n'as pas le droit de me retenir ici.
-Tu es libre de t'en aller, dit-il, magnanime, sachant que Duo ne pourrait pas se lever. Personne ne t'en empêche.
-Si, justement. Ce barbare de Odin m'a enlevé et m'a enfermé dans cette chambre toute la journée.
En colère aussi, il était beau. Le désir irrésistible de l'embrasser s'empara soudain de Heero. Il brûlait de le posséder maintenant qu'il l'avait vu s'abandonner au plaisir.
Mais il devait se montrer patient. Pourquoi prendre de force ce que de toute façon Duo n'allait pas tarder à lui offrir ?
-Je suis désolé Duo. Pour me plaire, mes gens outrepassent parfois leurs devoirs. Que puis-je faire pour réparer mes torts ?
-Tu pourrais… Oh, non, non… Pas encore…
La fièvre le reprenait. De nouveau, il sentit le sang bouillonner dans ses veines. Au supplice, il le regarda un instant, puis pudiquement, détourna la tête. Le feu était revenu si vite. Il n'avait pas menti. Et à présent, Duo savait ce qu'il lui fallait, ce que son corps, de toutes ses forces, réclamait. La morale, la pudeur, l'honneur, tout cela fondait comme neige au soleil.
-S'il te plaît, implora-t-il en cherchant le regard colbat du prince. Aide moi.
-Mais comment Duo ?
-Comme tout à l'heure, fit-il dans un souffle.
-Je ne peux pas.
-Mais pourquoi ? Gémit Duo.
Heero saisit son visage entre ses mains pour que Duo lui fît face.
-Ecoute moi. Tu sais maintenant ce qui doit arriver.
-Je ne comprends pas. Tu as promis de m'aider. Pourquoi refuses-tu maintenant ?
Comment pouvait-il être aussi naïf ?
-Je veux te satisfaire, mais moi aussi, j'ai besoin de l'être. Regarde.
Il ouvrit son peignoir. Dessus, il était nu et Duo retint sa respiration en voyant l'ardeur de sa virilité. Il comprit alors de quoi il parlait et ses joues s'empourprèrent violemment.
-Non, tu n'as pas le droit, je ne peux pas, chuchota-il d'une voix entrecoupée.
-Il le faut. C'est ce dont tu as vraiment besoin, Duo, que je te prenne.
Heero n'avait jamais fait preuve d'une telle humilité avec un homme. Il ne se souvenait pas d'avoir jamais eu, à ce point, envie d'un homme. Enfin, il était inutile de chercher à le convaincre. Duo ne lui résisterait pas longtemps. La drogue ferait son office jusqu'au bout.
Heero le regarda donc en silence lutter contre le besoin que faisait naître en lui l'aphrodisiaque. Le regarder se tordre en s'interdisant le moindre geste était aussi douloureux pour lui. Il lui suffisait de demander et il mettrait un terme à son supplice. Pourtant, Duo résistait à la drogue et à la cure. Par fiert ? Etait-il aussi insens ?
Il était sur le point de passer à l'acte, qu'il aille au diable avec ses protestations, quand Duo se tourna vers lui pour l'implorer du regard. Dieu qu'il était beau et sensuel avec ses lèvres entrouvertes, ses cheveux, qui étaient étonnements longs pour un homme, ondulait autour de Duo, ses yeux brillaient de désirs rendant encore plus l'éclat de ses yeux uniques et exceptionnels.
-Je n'en peut plus Yuy, fais ce que tu veux, s'il te plait, maintenant.
Heero sourit, stupéfait. Duo avait réussi à transformer se requête en ordre. Un ordre auquel il était trop heureux d'obéir.
Otant son peignoir, il s'allongea à côté de Duo et le serra. Duo laissa échapper un soupir d'aise au contact de sa peau fraîche, un soupir cependant qui ne tarda pas à se muer en un gémissement violent. Duo avait trop attendu. Sa peau était trop sensible de nouveau. S'il voulait caresser à loisir ce corps ravissant avant de le posséder, il devrait patienter.
-La prochaine fois, Duo, n'attend pas aussi longtemps, dit-il, une nuance d'exaspération dans la voix.
-La prochaine fois ?
-L'effet de la drogue va durer plusieurs heures encore. Il est inutile de le subir comme tu le fais. Tu comprends ? Ne me repousse plus.
-Non, je… Mais s'il te plait Yuy, vite…
Heero sourit. Personne, du moins au lit, ne l'avait encore appelé Yuy.
-Heero, corrigea-t-il en riant. Maintenant calme toi. Détend toi.
Lui-même ne pouvait plus se contenir. Duo le heurtait violemment de ses hanches, excitant son désir au plus haut degré. Il s'étendit sur Duo et se pencha pour goûter enfin la douceur de ses lèvres entrouvertes. Les mouvements désordonnés de son corps lui rappelèrent qu'il devait agir. Il prit le flacon d'huile d'amande douce qui se trouvait sur la table de chevet et s'enduisit les doigts afin de préparer Duo pour sa venue.
Duo ne sentit une intrusion en lui qu'au troisième doigt tellement le feu en lui le dévorait. Il gémit puis inconsciemment s'empala de lui-même sur ces doigts. Voyant que Duo était prêt à le recevoir, Heero retira ses doigts, provoquant le mécontentement de Duo, puis saisit son visage entre ses mains car il voulait contempler son regard au moment où Duo se perdrait dans le plaisir. Heero le pénétra doucement pour éviter de lui faire mal mais Duo ne supportant pas cette lenteur, s'agrippa aux fesses du prince et l'attira en lui d'un coup, provoquant des gémissements des deux côtés.
-Doucement, mon démon aux yeux améthyste, j'aurai pu te faire mal.
-Mmmm.
Heero éclata de rire. Duo ne l'écoutait plus mais cédait au plaisir de le sentir en lui, ondulant sous lui avec une sensualité provocante, l'entraînant plus loin encore. Heero gémit et serra les dents, désireux de se soumettre à tant d'ardeur, de prolonger la sienne, mais il était difficile de résister davantage. Quand Duo atteignit sa jouissance, il le rejoignit jusqu'à ce que son démon crie de plaisir.
Son cœur battant à grands coups dans sa poitrine, Heero se redressa et se versa un verre de thé glacé. Il en offrit un à Duo : il fit « non » de la tête sans le regarder. Il se rallongea. Duo continuait de l'ignorer. Il effleura le bout de son sein du verre froid et rit du regard courroucé que Duo lui adressa.
-Il faudra me satisfaire, Duo. J'aime jouer avec mes amants.
-Je ne suis pas un de tes amants.
La rancœur qui sous-tendait ces paroles le délecta.
-Tu l'es, ce soir.
Il se pencha et joua du bout de sa langue avec le bout de son autre sein qui se dressa. Duo sursauta, puis gémit quand il le prit dans sa bouche. Il voulut le repousser mais Heero referma doucement les dents sur le téton pour venir à bout de sa résistance. Duo finit par lui céder.
Le prince alla chercher un linge de toilette pour le laver. Il le plongea dans l'eau froide avant de le lui appliquer sur le corps, puis versa dessus l'eau glacée de la carafe avant de l'appliquer sur son ventre puis sur son membre qui se dressait. Le froid atténuait les vagues de chaleur qui le parcouraient tout en stimulant son désir, lui procurant une satisfaction immédiate.
Cela dura ainsi toute la nuit. Et il tint sa promesse. Duo ne souffrit plus car il était là pour l'apaiser, le soulager et lui procurer chaque fois une plus grande extase. Tout ce qu'il lui demandait en retour, c'était d'accepter ses caresses. Il avait désormais une connaissance intime du corps de Duo, mais celui-ci n'en éprouvait plus de honte. Cette nuit n'était pas réelle. Les évènements dont Duo était victime n'avaient aucune réalité. Le matin venu, tout s'effacerait, comme s'effacerait l'effet de la drogue, jusqu'à l'oubli.
A suivre…
